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A QUOI ET COMMENT DEPENSER SON ARGENT ?
HOMMES ET FEMMES FACE AUX MUTATIONS GLOBALES DE LA CONSOMMATION
EN AFRIQUE, ASIE, AMERIQUE LATINE ET EUROPE COLLOQUE INTERNATIONAL
UMR 201 Développement et Sociétés (Paris I Sorbonne / IRD) 29-30 Mai 2012
Jardin Tropical, Nogent sur Marne
40 ans après la publication de la société de consommation, de Jean Baudrillard, ce colloque a pour ambition de mettre en évidence les ruptures et les continuités qui imprègnent les logiques actuelles de la consommation. Nombre de dichotomies qui permettaient à Jean Baudrillard d’asseoir son raisonnement dans les années 70 ont disparu : sociétés primitives/sociétés industrielles, sociétés communistes, sociétés « Libres », Sud/Nord, etc. Globalisé et financiarisé, le capitalisme s’est en effet étendu à l’ensemble du monde, quel que soit l’état de développement régional, et ses instruments ont façonné une unification économique irrévocable : rapports marchands, monétarisation et microcrédit sont désormais implantés partout et la consommation se présente comme un outil essentiel de croissance, comme le donne à voir en particulier l’exemple chinois.
La consommation tend en outre à être pensée directement comme un mode de lutte contre la pauvreté, la « fortune » se trouvant désormais dans cette hypothèse au « bas de la pyramide » (BOP) et les pauvres étant conçus comme les premiers bénéficiaires de cette nouvelle niche de marché : il suffit de se remémorer la fameuse formule « win win » suggérant que les multinationales comme les pauvres auraient un intérêt commun à joindre leurs forces dans la construction de marché « BOP ». Dans cette configuration globale, la dualité riche/pauvre– potentiellement antagonique surtout dans la période de crises répétitives inaugurée en 2008 – s’est imposée de façon hégémonique en lieu et place des oppositions antérieures, pensées à partir de modèles désormais révoqués. Richesse et pauvreté s’entendent néanmoins avant tout en termes de spectacle consumériste dans les visions que les populations se forgent des rapports sociaux.
Ces visions sont toujours singulières, liées au capital culturel des sociétés et c’est pourquoi ce colloque mise sur la perspective comparative pour montrer la diversité des régimes d’économie politique et symbolique dans lesquels s’inscrivent et auxquels participent les rapports à la consommation. A la fois trou, manque et trop plein, excès, aujourd’hui la consommation offre à l’observation une nouvelle cartographie du monde dans laquelle les hiérarchies se déplacent, se superposent, se renforcent et creusent des failles abyssales de communication au cœur des sociétés et
2 entre sociétés. Le productivisme consumériste a en effet profondément bouleversé les relations sujet/objet, entrainant dans la foulée de nouvelles constructions collectives au sein desquelles l’individu s’efface derrière la monstration de ses objets, produits à la fois en symptôme et en identité.
L’émergence de ces édifications statutaires inédites enjoindrait à suggérer métaphoriquement que l’on serait passé d’une société de consommation à une consommation des sociétés, littéralement absorbées par la promotion systémique d’objets dont le sens est toujours à la fois interne, externe, processuel, à décrypter.
Ce colloque propose de décliner cette problématique dans plusieurs champs sociaux primordiaux, qu’il s’agisse de la finance (licite et illicite), de la santé mais aussi du politique et du religieux, avec l’idée d’explorer la multitude des significations et des injonctions paradoxales qui gouvernent les pratiques consuméristes. Ce colloque s’interroge également sur les différentes échelles de la consommation (individuelle, familiale, domestique, villageoise). Présente dans chaque approche, la sexuation de la consommation est aussi abordée de façon plus spécifique. On ne saurait toutefois laisser croire qu’on ne peut pas échapper à la domination de la consommation : des lignes de fuite se dessinent au cœur même des groupes sociaux les plus exposés à l’engouement consumériste. Ce colloque interroge enfin de manière plus générale les paradigmes à l’œuvre dans la consommation telle qu’elle s’articule au travail, à l’entreprise, à l’économie capitaliste.
Lieu IEDES
Campus du Jardin Tropical 45 bis, avenue de la Belle Gabrielle
94736 Nogent-sur-Marne
RER A – arrêt Nogent Sur Marne, suivre « Jardin tropical » Bâtiment 1, Amphithéâtre (1
erétage)
Programme provisoire
29 mai 20129h-Accueil
9h30. Séance introductive
Monique Selim (UMR 201) et Isabelle Guérin (UMR 201) : Nouveaux paradigmes économiques et logiques statutaires
10h – 13h. Comment les pauvres consomment ? Présidence : Eveline Baumann (UMR 201)
Pascale Phelinas (UMR 201): La consommation limite-t-elle l’offre de travail des pauvres ?
Isabelle Guérin (UMR 201): L'éducation financière, ou comment apprendre aux pauvres à "bien"
consommer
David Picherit (SOAS, Londres) : Consommation des travailleurs pauvres et politique en Inde rurale Pia Rius (Université de Lille 3, UMR 201) : Consommation et modes de vie dans le mouvement des piqueteros en Argentine
3 14h-18h. L’économie politique et symbolique de la consommation
Présidence : Judith Hayem (Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et économiques (CLERSE UMR CNRS/ Faculté des sciences économiques et sociales, Université Lille 1) Bernard Hours (UMR 201): La gouvernance par la consommation
Bernard Castelli (UMR 201): La consommation maudite : modes d'utilisation de l'argent illicite
Laurent Bazin (Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et économiques (CLERSE UMR CNRS/ Faculté des sciences économiques et sociales, Université Lille 1) : La consommation du politique. Réflexion comparative France/Ouzbékistan
Antoine Heemeryck (Université Spiru Haret, Bucarest): Logiques de différentiations et consommation de tradition en Roumanie
Jeudi 30 Mai 2012
10h-13h. Productions et ruptures sexuées de la consommation
Présidence : Ioana Cirstocea (Politique, Religion, Institutions et Sociétés : Mutations européennes (PRISMe, UMR CNRS/ Université de Strasbourg)
Marlène Elias (Université de Laval) et Magalie Saussey (UMR 201) : Imaginaire politique et écologique des consommatrices d'un produit naturel : le commerce équitable du beurre de karité du Burkina Faso
Pascale Absi (UMR 201) : Quand les sujets se jouent de l'objet : production sexuelle et consommation dans les maisons closes boliviennes
Monique Selim (UMR 201) : Le prix d’une autre vie. L’enfant, son école et la nature à Cantonk
14h-18h. Salut et santé dans la consommation Présidence : Mina Kleiche (UMR 201)
Françoise Bourdarias (UMR 7324 CITERES Université François-Rabelais de Tours/UMR 201) : Dieu n'aime pas voir gaspiller l’argent. Gestion des ressources monétaires et voies du salut au Mali
Rabia Bekkar (UMR 201) : Prodigalité et ostentation au Gamou et le Magal
Bruno Boidin (Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et économiques (CLERSE UMR CNRS/ Faculté des sciences économiques et sociales, Université Lille 1) : La consommation de santé en Afrique : un objet mal identifié
Mathieu Caulier (INSERM): De la technologie de l'espoir au marché de la survie: les microbicides et prophylactiques de pré-exposition face à la problématique consumériste à confimer