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Mesure du rapport des sections efficaces d’activation du
manganèse et de fission de l’uranium en neutrons
thermiques. Redétermination de la densité neutronique
étalon de Chatillon
R. Barloutaud, A. Lévèque
To cite this version:
MESURE DU RAPPORT DES SECTIONS EFFICACES D’ACTIVATION DU
MANGANÈSE
ET DE FISSION DEL’URANIUM
EN NEUTRONSTHERMIQUES.
REDÉTERMINATION
DE LADENSITÉ NEUTRONIQUE ÉTALON
DE CHATILLONPar MM. R. BARLOUTAUD et A.
LÉVÈQUE,
Service de Physique nucléaire, Commissariat à
l’Énergie
atomique, Laboratoire du Fort de Châtillon, Fontenay-aux-Roses.Sommaire. - La
valeur, connue avec précision, de la section efficace de fission de l’uranium naturel par neutrons thermiques, a permis :
a. de déterminer à 2,5 pour I00 près, la section efficace d’activation du manganèse, élément
utilisé pour la mesure des densités de neutrons thermiques;
b. de redéterminer, à 2 pour I00 près, la densité neutronique étalon de Châtillon.
JOURNAL PHYSIQUE
13,
JUILLET-AOUT-SEPTEMBRE4959,
1. Mesure du
rapport
aMn. -
Lemanganèse
7u
étant couramment utilisé pour la mesure des flux
et densités
neutroniques,
nous avons cherché àpréciser
la valeur de sa section efficaced’activa-tion amn par les neutrons
thermiques.
Les mesuresde cette section efficace par la méthode
d’activa-Fig. I.
tion,
parvenues à notre connaissance[ 1 ],
présentent
une
grande
dispersion
et leurprécision
n’estpats
toujours indiquée.
Nous l’avons donc
comparée
à la sectioneffi-cace, au, de fission de l’uranium par neutrons
thermiques
connue avecprécision.
La méthodesuivante a été utilisée : une couche mince d’uranium naturel et une couche mince de
manganèse,
placées
dans une chambred’ionisation,
sont irradiéessimul-tanément par un flux constant de
neutrons
sortantd’un canal radial de la
pile
à eau lourde deChâ-tillon. Le
dispositif
expérimental
est schématisésur la
figure
1.Les
fragments
de fission émis dans la chambred’ionisation sont
comptés
pendant
l’irradiation,
puis
l’activitéabsolue
dumanganèse
est mesurée.La masse d’uranium est déduite de son activité a
et
celle dumanganèses
est connue paranalyse
chimique.
Dans ces
conditions,
on trouve facilement queAa
est le nombre departicules
ex émises par secondedans
l’angle
solide 2 x par la couched’uranium;
F est le nombre de fissions par seconde
provoquées
par les neutrons au cours de
l’irradiation;
An
est l’activité à saturation dumanganèse
dueaux neutrons du flux
utilisé;
m est la. masse du
manganèse
enmilligrammes;
MMn .
etMu
sont les massesatomiques
dumanga-nèse et de l’uranium
naturel;
k est le nombre de
particules
a émises parmilli-gramme d’uranium et par seconde dans
l’angle
solide 27r
[2]..
La numération des
particules
« et desfragments
de fission a été effectuée en tenantcompte
de la formule de rétro diffusion de Crawford[3]
ainsi que del’auto-absorption
dans la couche dontl’épaisseur
effective a été déterminée à l’aide de la
méthode
décrite par ailleurs
[4].
Enparticulier
lesimpul-sions dues aux fissions étaient
dirigées
d’unepart
vers un
discriminateur
et d’autrepart
vers unsélecteur
d’impulsions
(fig.
I).
Cecipermettait
d’étudier simultanément la distribution enénergie
des
fragments
de fission ralentis et decompter
pendant
toute l’irradiation ceux dontl’énergie
estau-dessus d’un seuil
fixe.
La mesure absolue del’activité P
dumanganèse
est effectuée suivant la méthodeexposée
par ailleurs[5],
au moyen d’uncompteur
àangle
solide total. Ona en
particulier
tenu
compte
del’absorption
desrayons g
dans la couche demanganèse
elle-même et dans sonsupport.
Ces couches ont une masse
superficielle
de l’ordrede
o,5
mg/cm2.
Dans ce domained’épaisseur
lacorrection
d’absorption
est deo,37
± 0,1 pour o0par
milligramme
par centimètre carré[5].
Letemps
413
mort
imposé
àl’appareillage électronique
mesuré parune décroissance d’iode de
période
25 m, est dei,05
±0,03.I0-3 s.
Pour éliminer l’influence des neutrons
épicadmiques
noues avons mesuré les
rapports
de cadmium(1)
pourle
manganèse
et l’uranium. Le facteur de correction introduit surAMn
estégal
ào,995
±o,oo5
(2).
F
Nous avons
également
tenucompte’
descorrec-tions suivantes :
a. Variation de l’intensité du
flux
de neutrons au cours de l’irradiation. - Pour connaître cette varia-tion en valeur relative nous avonstoujours
utilisé une chambre d’ionisationdouble;
undépôt.
d’ura-nium de
grande
surface,
placé
dans la seconde moitié de cette chambre servait de moniteur deflux
(fig.
I).
La correction d’activation introduitepar cette variation a
toujours
éténégligeable.
b.Inhomogénéité
duflux.
- Troisdépôts
d’ura-nium ont été
utilisés,
deux de 2 cm de diamètre(égal
à celui des détecteurs demanganèse) (3),
l’autre de 5 cm de diamètre. Pour se rendrecompte
de l’effetd’inhomogénéité
duflux,
l’un desdépôts
de 2 cm et celui de 5 cm ont été.
placés
concentri-quement
dans chacune des moitiés de la chambre(fig. 2).
Lerapport
des valeurs du flux mesuréesavec la
grande
et lapetite
source est de 1,018 + 1,1 Ipour I00. Cette correction a été
apportée
dans lesirradiations où le
plus grand
dépôt
d’uranium était utilisé.c.
Absorption
des neutronsthermiques
par lesupport
deplatine
de la couched’uranium,
le détec-teur demanganèse
étantplacé
derrière(fige 1
a).
-Cetteabsorption
est voisine deo,3
pour Ioo dansles cas les
plus
défavorables.Cinq
irradiations ont étéfaites,
dont les résultatssont résumés dans le tableau 1.
TABLEAU 1.
Les masses de
manganèse
ont été obtenues paranalyse chimique (4)
au cours delaquelle
leman-ganèse
est transformé enpériodate;
il suffit del’in-troduction d’une faible
quantité
de substancesorganiques
au cours de cette transformation pourdiminuer le résultat de
l’analyse
d’unefaçon
appré-ciable ;
aucontraire,
une erreursystématique
dansl’autre ’
sens estbeaucoup
moinsprobable.
Nousverrons
plus
loin que les mesures dedensité
neutro-nique
étalon,
qui
ne font pas intervenir lesdosages
chimiques,
montrent la cohérence des mesuresphysiques
entre les irradiations1,
2 et 3.Or,
la valeur dev:Bln,
tirée de lapremière expérience
cru .
(1) Le, rapport de Cd, pour un détecteur de neutrons, est
le rapport des activités de ce détecteur sans et avec Cd. Le facteur de correction à introduire est donc I
Rca
Cd
(2) L’erreur indiquée dans ce travail est « la précision »
égale à
Ù2
erreur quadratique moyenne.(3) Les dépôts ont été obtenus par évaporation ther-mique [6]. Ceux de manganèse, dont les masses superficielles
sont de l’ordre de o,6 Mg/CM2, sont effectués sur feuille d’alu-minium de 2,7 mg/cm2. Ceux d’uranium (masses superfi-cielles de l’ordre de 1 j 1 oe de milligramme par centimètre
carré) sont effectués sur platine d’épaisseur 5 et 5o u.
(4) Nous remercions vivement M. Gaude, qui a bien voulu effectuer ces analyses.
s’écarte très nettement des
autres
valeurs pareXcès. Nous avons donc
pensé qu’il
y avaiteffec-tivement une erreur
systématique
par défaut dansle
premier
dosage
et nous n’avons pas tenucompte
du résultat de la
première expérience
dans la déter-mination,de
la section efficace.La moyenne
pondérée
des résultats donne alorsIl
s’agit
là de la valeur durapport
.des sections efficaces moyennes dans un certain flux de neutronsdans la
région
thermique,
elle n’a pas apriori
designification intrinsèque.
Mais on sait que dans la
région
thermique
aMnsuit une loi
en -
[yj
et il est par ailleurs courammentadmis que au suit la même loi. De
plus :
10 le
rapport
de cadmium de l’uranium mesuréa été trouvé
égal
à69,3
+ 5 pour 100, il estcompa-tible avec celui trouvé par d’autres auteurs à la sortie d’un canal de la
pile
à eau lourded’Ar-gonne
[8].
2° Les
rapports
de Cd obtenus avec une couched’uranium et un
compteur
proportionnel
àBF3,
débouché,
ont été trouvéségaux
à environ o pourIoo
près.
Si l’on admet effectivement que les deux sections efficaces suivent la loi
en 1/v
dans larégion thermique,
on
peut
alors écrire .En
prenant
pourOn en déduit
Cette valeur est en bon accord avec celles déduites
des
expériences
d’absorption
dans lespiles
[10];
ellejustifie l’emploi
dumanganèse
pour des mesuresprécises
de flux et densités de neutronsthermiques.
2. Mesure de la densité
neutronique
étalon de Châtillon(octobre
1951).
- Cette densité étalon PIOqui
existe dans unegrande
cuve d’eauà 10 cm d’une source de 620 mC de Ra-Be
placée
, au centre, avait étéprécédemment
définie et trouvéeégale
ào,o492
±0,00I4
(6)
en maiI949
[5].
Le
dispositif
expérimental
décritprécédemment
a été utilisé pour redéterminer sa valeur. La mesure s’est effectuée comme suit :
Dans les irradiations
1,
2 et 3(tableau I)
desdétecteurs dont la masse
superficielle
est de l’ordrede 3
mg /cm2
ont été irradiés en mêmetemps
queles autres. Ils avaient été
préalablement
irradiés dans la densité p,,.L’emploi
de détecteursplus
épais
que ceux utilisés pour la mesure de CJMn étaitimposé
par la faiblesse des activitésaprès
irradia-tion dans la densité étalon. Pour la même raison leur mesure était effectuée dans uncompteur
àgrand angle
solide;
ces mesures étant relatives nenécessitaient pas de correction
d’auto-absorption
p.
On montre aisément que.
Ap
est l’activité à saturationaprès
irradiation à lapile
du détecteurépais
demanganèse;
A10
est son activité à saturationaprès
irradiation à 1 o cm de la source;vo est la vitesse
thermique,
soit 2.2.I05cm Is.
N est le nombred’Avogadro.
Les autres
symboles
ayant
les mêmessignifica-tions que
précédemment.
Nous avons tenu
compte
de l’activité due auxneutrons de résonance du
manganèse;
sacontri-bution à l’activité totale est
égale
à 1,2 ±o,3
pour 100
[5].
Les trois irradiations ont donné les résultats
portés
sur le tableau II.(On
y a aussireproduit
les valeurs de F et
Ax
relatives â cesirradiations).
TABLEAU Il.
’
Nous. voyons que ces trois mesures sont
pariai-tement
compatibles;
leur moyennepondérée
conduit(compte
tenu de l’erreur surou) à
La
mesure a été effectuée à unetempérature
voisine de
9°
C (7).
(s) Moyenne des valeurs publiées [9] par Facchini, Gatti
(d’après une communication personnelle des auteurs la valeur publiée de 3,97 barns doit être abaissée de o,8 pour Ioo)
et par Autorités de
l’Énergie
atomique du Canada, du Royaume Uni et des États-Unis.(e) Cette première mesure, effectuée en mars 1949 à
une température d’environ I3° C, reposait sur la valeur de am. que l’auteur avait conventionnellement prise égale à 13,2 barns; dans la mesure actuelle, la densité étalon ne
Ce travail a été effectué au Fort de
Châtillon,
sous la direction de M. Berthelot. Nous ’tenons à remercier M. Cohen pour les conseils constantsqu’il
a bien voulu nous donner au cours de cetravail
ainsi’ que
M.Prugne
et M.Léger
pour lapréparation
des couches minces demanganèse
etd’uranium utilisées.
dépend plus que de 7u, le manganèse ne jouant plus que
le rôle d’intermédiaire.
(7) Pour connaître l’influence de la température sur la densité neutronique Pio, des mesures ont été faites, à des
températures de 5 2 et 2°; le rapport des densités ainsi mesurées est
Manuscrit reçu le 21 I mars 1952.
BIBLIOGRAPHIE.
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Sc., I95I,
232, 2089.
[11] FERMI E. - Neutron
Physics, MDDC 320, I946.
QUELQUES
REMARQUES
SUR LAPRÉVISION
DES NOYAUX03B2-STABLES
A NOMBRE DE
MASSE
PAIRPar RAYMOND MOCH.
Laboratoire de Physique atomique et moléculaire, Collège de France, Paris.
Sommaire. - Si les formules
semi-empiriques qui relient la masse exacte d’un atome à Z et A
étaient satisfaisantes, il serait possible de reconstituer sans omission ni erreur la liste des noyaux
03B2-stables réellement observés.
On a d’abord dressé la liste obtenue à partir de la formule classique indiquée par Bethe. Sa confron-tation avec la liste expérimentale des
noyaux
stables (pour A et Z pairs) met en évidence un grandnombre de prévisions fausses. On a tenu compte ensuite de corrections empiriques suggérées par d’autres
auteurs, mais la concordance ne devient jamais parfaite.
L’impossibilité d’avoir recours à ces formules semi-empiriques pour prévoir la stabilité relative des noyaux isobares se trouve ainsi confirmée.
Cette étude critique a été faite en utilisant les conditions théoriques de stabilité d’un noyau, et plus
encore certains critères simples, de signification à peu près équivalente, qui améliorent les prévisions.
On montre qu’il est intéressant de prendre pour variable la différence Zm2014P entre le Z fraction-naire de l’isobare fictif le plus lourd et le plus grand entier pair qu’il contient.
LE JOURNAL DE PHYSIQUE ET LE RADIUM. TOME
13,
JUILLET-AOUT-SEPTEMBRE1952,
A
l’occasion
d’une recherchesystématique
des corpsqui
pourraient
donner lieu à un éventuerphénomène
de radioactivitép double,
nous avonsété conduits à nous demander s’il était
possible
de déceler a
priori, parmi
les corpsprésumés
stables,
ceuxqui
auraient en réalité uneradioactivité
à vie très
longue.
Bien que cettequestion
n’ait purecevoir une
réponse,
d’ailleursfragmentaire,
quepar des méthodes très
différentes,
il nous sembleintéressant de
signaler quelques
remarquesgéné-rales que nous avons faites sur la validité de certaines formules
empiriques
ousemi-empiriques
en cequi
concerne la
prévision
des noyaux stables. Du faitmême de leur
origine,
ces considérations ne visentque la stabilité vis-à-vis de la seule
radioactivité p
des noyaux dont le nombre de masse est
pair.
Les critèressimples
auxquels
nous avons eu recours mettent finalement en évidencel’impossi-bilité de
prévoir
parfaitement
les noyaux stables àpartir
des formules que nous avons utilisées. Il seraitencore
plus
vain decompter
sur elles pour établirlequel
deplusieurs
isobares stablespossède
la masseexacte la
plus
faible.1. Forrnule
semi-empirique
de Bethe-Fermi. - Lapremière
idéequi
vient àl’esprit
est d’utiliserl’une des nombreuses
formules
serni-einpiriques,
dérivées de la formule
originale
de vonWeizsâcker,
qui
relient la masse exacte M d’un atome à son’ nombre de masse A et à son numéro
atomique Z [1J.
L’une desplus
connues est cellequi
a été donnéepar
Bethè etBâcher
etqui
estadoptée
sous uneforme presque
identique
par Fermi dans son Cours dePhysique
nucléaire. De telles formulessont,
engénéral,
valables
seulement dans un domaine limitéqui
dépend
surtout des donnéesexpérimen-tales
qui
ont servi à en fixer lescoefficients,
maisaussi de la forme
mathématique
adoptée. ’
Cependant,
laprévision
descorps
stablesexige
-sans doute moins de