HAL Id: jpa-00207002
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Submitted on 1 Jan 1970
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Modules élastiques des métaux de transition
F. Ducastelle
To cite this version:
F. Ducastelle. Modules élastiques des métaux de transition. Journal de Physique, 1970, 31 (11-12),
pp.1055-1062. �10.1051/jphys:019700031011-120105500�. �jpa-00207002�
MODULES ÉLASTIQUES DES MÉTAUX DE TRANSITION (*)
par F. DUCASTELLE
Office National d’Etudes et de Recherches
Aérospatiales, 29,
avenue de la DivisionLeclerc, 92,
Chatillon(Reçu
le 19juin 1970,
révisé le 19 août1970)
Résumé. 2014 Les modules
élastiques
des métaux de transition sont étudiés dans un modèle oùl’énergie
totale du cristal est écrite comme somme d’une contribution due à la bande d traitée dansl’approximation
des liaisons fortes et d’une contributionrépulsive
de type Born-Mayer.Ce modèle permet de rendre compte de la variation du volume
atomique
et des modulesélastiques
au
long
d’une série de transition. Il permetégalement d’interpréter
les écarts aux relations de Cau- chy et les valeurs relatives des différents modulesélastiques
pour les métaux de structure CFC et HC. Les métauxcubiques
centrés sont, par contre, nettement en marge de cettedescription,
leur comportement étant sans doute relié à des détails de la bande d que nousnégligeons
ici.Abstract. 2014 The elastic moduli of transition metals are studied in a model which assumes that the total energy of the
crystal
isgiven by
the sum of a contribution of the d band calculated within thetight binding approximation
and of a Born-Mayerrepulsive
term. This model accounts for the variation of the atomic volume and elastic modulialong
a transition series. Itgives
also thedeviations from the Cauchy relations and the relative values of the elastic moduli for the FCC and HCP structures. BCC metals however do not fit with this
description ; they
show a behaviour which isprobably
related to details of the d band which areneglected
here.Introduction. - Les modules
élastiques
des métaux de transition ont des valeursbeaucoup plus impor-
tantes que celles des métaux normaux, et
présentent
une variation d’allure
parabolique
avec leremplis-
sage de la bande
d,
comme d’autresgrandeurs
reliéesà la cohésion de ces métaux :
énergie
decohésion,
tension
superficielle,
...[1].
Il est donc naturel de penser que l’existence d’une banded, partiellement remplie,
est àl’origine
de cecomportement.
Defait,
onpeut interpréter
l’ordre degrandeur
et lesvariations de
l’énergie
de cohésion avec leremplis-
sage de la bande dans
l’approximation
des liaisonsfortes
[2], [3].
Dans cemodèle,
leparamètre
cristal-lin est
pris
comme une donnéeexpérimentale.
Le cal-cul a
priori
de ceparamètre
ainsi que celui des modulesélastiques
faisant intervenir lespremières
dérivées del’énergie
relatives auxdéplacements petits
des atomesnécessite donc une connaissance
précise
des diversesinteractions assurant la cohésion du solide. Inverse- ment, les mesures de modules
élastiques peuvent
fournir desrenseignements
sur la nature de ces interac-tions.
Fréquemment,
les modulesélastiques
et lesspectres
dephonons
d’un cristal sontanalysés
defaçon
assez (*) Ce travail fait partie d’une thèse de Doctorat ès sciencesphysiques
qui sera présentée à la Faculté des Sciences d’Orsay.empirique
par un modèle de Born Von Karman faisant intervenir commeparamètres
les constantesde force entre
paires
d’atomes. Ce modèle devienttrès
simple
si l’on suppose les forcescentrales ;
maisil ne
peut
sejustifier
que par un calcul apriori
des variationsd’énergie
dans une dilatation ou un cisail- lement du cristal[4] [5]. Fuchs,
lepremier,
s’estattaqué
à ceproblème [6] ;
il a notamment introduitun terme dans
l’énergie qui
nedépend
que duvolume,
non
descriptible
parconséquent
avec des constantesde force. Lôwdin
[7]
aégalement
montrél’impor-
tance de termes décrivant des interactions à
plusieurs
atomes dans les cristaux
ioniques,
cequi explique
lesdéviations par
rapport
aux relations deCauchy.
Dans le cas des métaux normaux,
l’énergie peut
s’écrire comme somme d’une contribution de volume et d’interactions depaires
d’atomes. Pour les défor-mations à volume
constant, l’analyse empirique
décrite
précédemment
est ainsijustifiée théorique-
ment
[8].
La situation des métaux de transition est
plus complexe, l’énergie
nepouvant
pas s’écrire aussisimplement
que pour les métaux normaux. C’est ainsi que Barisic et al.[9, 10]
ont montré l’influence dessingularités
de la densité d’états de la bande dsur le
comportement
des modulesélastiques.
Fischeret al.
[11]
ontétudié,
d’autrepart,
les corrélationsArticle published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:019700031011-120105500
1056
entre les valeurs des modules
élastiques
et des pro-priétés électroniques
comme lasusceptibilité magné- tique.
Une étude détaillée des modulesélastiques
doit donc passer par une étude de la structure de bandes et de sa déformation sous contrainte.
Mais,
dans
l’ensemble,
la contributionimportante
auxmodules
élastiques
semble nedépendre
que du rem-plissage
de la bande dindépendamment
des détailsde celle-ci. C’est cette contribution que nous étudions ici.
Dans le
chapitre I,
nous calculonsl’énergie
totaledu cristal. En
plus
du termeélectronique
relié à la banded,
nous introduisons un termerépulsif empi- rique
dont lesparamètres
sont fixés dans leschapi-
tres II et III où nous étudions l’effet des variations de volume. Les déformations par cisaillement sont abordées ensuite dans les
chapitres
IV et V. Dans cedernier,
nous discutons les valeurs des différents modulesélastiques, l’anisotropie
de la résistance aucisaillement et les écarts aux relations de
Cauchy.
I.
Energie
totale du cristal. - Dans cequi suit,
nous traitons la bande d dans
l’approximation
desliaisons fortes en
négligeant
les effetsd’hybridation
.avec la bande s, et nous nous
plaçons
àtempérature
nulle.
Dans des articles
précédents [2] [3],
nous avons vuque
l’énergie
de cohésionFc
d’un métal de transitionpouvait
s’écrire :où
Es désigne
la somme desénergies
des états occu-pés
de la banded, rapportée
àl’origine Eo, énergie
du niveau d de l’atome
libre ; n(E)
est la densitéd’états et
EF
le niveau de Fermi.Prenant pour
n(E)
unegaussienne ajustée
à sonsecond
moment, EB
s’écritsimplement [2] [3] [12] :
où :
-
et
,ddu, ddx,
ddô sont lesintégrales
de recouvrement à deux centres définies par Slater et Koster[13] ;
ni est le nombre de voisins d’ordre i d’un atome donné.Il est
important
de remarquer queEB ne peut
pas a’écrire comme une somme de contributions depaires
d’atomes bien que M2 s’obtienne de cette
façon,
,ceci parce queEB
estproportionnel à -,/p2 et
non à,,u2. En
effets,
dans le modèle des liaisonsfortes,
la banded,
sa structure et salargeur
sont reliéesglobale-
ment à la formation d’un réseau cristallin. Se limiter à des interactions à
2, 3,
..., n atomes reviendrait àisoler du reste du réseau des
agrégats
de2, 3,
..., n atomes. Cette situation est àl’opposé
de celle desélectrons presque libres
où,
enpremière approxima- tion,
la densité d’états estindépendante
del’arrange-
ment des atomes, et où un
développement
enpertur-
bations introduit des interactions à nombre limité d’atomes.L’emploi
d’unegaussienne
pourn(E) équi-
vaut à supposer une certaine forme pour les interac- tions à n atomes, fixée par le moment d’ordre n de cette
gaussienne.
On voit donc que la formule(2) incorpore, quoique
defaçon imparfaite,
des effets àn atomes.
Le terme -
Es représentant
bienl’énergie
de cohé-sion,
les autrestermes - ER qui
interviennent danscette
énergie
doivent êtrenégligeables
devantE,
en valeur absolue
Dans toute la
suite,
nous calculerons desénergies
par atome,
Eo
étantpris
commeorigine
desénergies ; l’énergie
totale est alorségale
à -Ec.
ER
est pour l’essentiel un termerépulsif qui
assurel’équilibre
duréseau, EB 1
étant une fonction mono-tone décroissante du volume
atomique. L’origine physique
deER
estprobablement multiple.
Unepart provient
de la bande s, une autrepart
des interactionsentre électrons d
qui
devrait enprincipe
être incluse dans un calcul self consistent de la structure de ban-des ; enfin,
il reste larépulsion
à courte distance des ions habillés de leurs couches internes et de leurs couches dincomplètes.
Nous supposerons que le termeER
s’écritglobalement
comme une somme depotentiels
depaires,
detype Born-Mayer,
soit :où N est le nombre d’atomes
et
Ri
etRj repèrent
les atomes du cristal.Aij
> 0 etP ij
sont desparamètres
à fixer ultérieure- ment.Ce
faisant,
nousnégligeons
les contributionsqui
ne
dépendent
que du volumeatomique
comme celledue aux électrons s par
exemple.
II. Volume
atomique.
- Etudions tout d’abordl’effet d’une dilatation
isotrope,
et supposons dans unpremier temps
que nous nous limitions à l’influence despremiers
voisins dans(3)
et(5). Supposons,
en outre, que lesintégrales
de recouvrement aient toutes la mêmedépendance
avec la distanceinteratomique,
ce
qui
est raisonnable enpremière approximation [3].
Alors
EB, qui
nedépend plus
que deR,
distance entrepremiers
voisins s’écrit :où
et B est une constante
positive qui
nedépend plus
que de lagéométrie
du réseau.Il est facile de voir que
XF
nedépend
pas de Rquand
on maintient constant le nombre d’électrons d.
Les variations de
B(R)
ont été calculées dans unmodèle
simple (voir [3]).
Elles sontcompatibles
avecle modèle
simplifié
suivant(1) :
L’énergie
totale par atome s’écrit donc :La condition
d’équilibre
du réseau donne : soit :Le calcul
précédent
estanalogue
à celui effectué par Barisic et al.[10]
àquelques
détailsprès.
Onobtient une variation
parabolique
duparamètre
cristallin avec le
remplissage
de la banded,
la valeurminimum
correspondant
à une bande à moitiépleine.
Ceci est en accord avec les résultats
expérimentaux,
à ceci
près
que le minimum est en fait décalé vers la droite du tableaupériodique
deséléments,
et que leparamètre
cristallin estbeaucoup plus grand
pour unebande vide que pour une bande
pleine (voir Fig. 1).
FIG. 1. - Volume atomique des métaux de transition, d’après
Gschneidner [1 ].
(1) Cette approximation est introduite pour la commodité des calculs ; à condition d’utiliser pour 6(R) une fonction dont les dérivées premières et secondes ont des valeurs comparables
autour de la position d’équilibre du réseau, tous les résultats de cet article restent qualitativement valables ; en particulier
une variation de fl(R) en R-5 comme celle proposée par Heine [21 ] conduirait aux mêmes conclusions.
Ceci
indique
que le termerépulsif
doitdépendre
dunombre d’électrons d. Il est
logique
de penser que laportée
de ce terme décroîtquand
le nombre d’élec- trons, donc lacharge nucléaire,
croît. Sidonc p est
une fonction croissante du
remplissage
de labande,
on voit
qu’on
obtiendra l’effet observé. L’étude du module decompressibilité
nouspermettra
depréciser
l’ordre de
grandeur
de p.Remarquons,
dès àprésent,
que les
équations (4)
et(9) impliquent
que p > q.III. Module de
compressibilité.
- Gardant lesmêmes
hypothèses
queprécédemment,
nous calcu-lons le module de
compressibilité
K :D’après (8) :
et :
L’équation (13) indique
que K doit varier defaçon
similaire àFc
avec leremplissage
de la bande. On saitque
qRo
est une fonction croissante de ceremplis-
sage
[3] ; p également
comme on l’a vu. Leparamètre Ro
variant relativement peu de soncôté,
on s’attendencore à voir le maximum de K décalé vers la
droite,
ce
qu’on
observe effectivement. Lesfigures
2 et 3illustrent le
comportement
deEe
et Krespectivement.
FIG. 2. - Energie de cohésion des métaux de transition, d’après
Gschneidner [1].
En nous
appuyant
sur les valeursexpérimentales
de
Ro
etK,
nous pouvons en déduire lesparamètres
1058
FIG. 3. - Module de compressibilité des métaux de transi-
tion ; les points noircis correspondent à des valeurs estimées
(voir
Gschneidner[1]).
du
potentiel répulsif
A et p. Commel’indiquent
lesfigures
2 et3,
on a :Par ailleurs :
qRo -
3(voir [3])
d’où :La valeur de A a moins
d’intérêt ;
elle se déduiraitde
l’équation (9).
L’égalité (14)
et leséquations (9)
et(12) indiquent
que la
partie répulsive ER
diminuel’énergie
de cohé-sion d’environ 30
% (2),
et fournit la contribution essentielle de K comme on le voit en écrivant(13)
sous la forme :
où
KR
est la contributionrépulsive
On retrouve
bien,
enparticulier,
que la contribu- tion de la bande d au module decompressibilité
estnégative [9, 10].
Remarquons
que nous pouvons aussiestimer,
par un raisonnement
simple,
la variation duparamè-
tre cristallin. A l’aide de
(10),
la variation relative deRo, quand
on passe d’une bande peuremplie (Ti, Zr, Hf)
à une bande à moitiépleine (Cr, Mo, W),
s’écrit :(2) Ceci est cohérent avec nos résultats antérieurs [3] qui
donnaient de trop fortes valeurs pour l’énergie de cohésion.
Dans ce cas
Par ailleurs :
d’où :
(;:00 ~ 10-1 ordre de grandeur raisonnable, Ro
comme on le voit sur la
figure
1.Bien
entendu,
la formule(10)
ne doit pas êtreappliquée
aux cas d’une bande vide oupleine,
car alorsnotre modèle de liaisons fortes n’est
plus
valable et leparamètre
cristallin est fixé par d’autres contributions attractives que nous avonsnégligées. Enfin,
commenous l’avons
déjà remarqué,
il faut supposer que paugmente
en fin de série de transition pourexpliquer
la valeur relativement faible du volume
atomique
pour les métauxcorrespondants.
Pour cesmétaux,
il fau- draitégalement
tenircompte
des effetsd’hybrida-
tion s - d.
IV. Modules de cisaillement. - L’étude des défor- mations à volume constant conduit à introduire les modules d’élasticité
(ou
constantes derigidité) Cij,
le nombre de constantes
indépendantes
étant fonc-tion de la
symétrie
du réseau.Il est utile
également
de définir un module moyen decisaillement y correspondant
à peuprès
au modulequ’on
mesure sur despolycristaux.
Celapermet
de caractériserexpérimentalement
la résistance au cisail- lementindépendamment
de la structure cristalline.Nous utiliserons la méthode de
Voigt
pour effectuer cette moyenne[14].
avec :
Etudions,
àprésent,
les trois structures cristallines courantesparmi
les métaux de transition : structurecubique
à faces centrées(CFC), cubique
centrée(CC)
et
hexagonale compacte (HC).
1. CRISTAUX CUBIQUES. - Pour une
symétrie
cubi-que, il
n’y
a que trois modulesindépendants, C11,
C12
etC44.
Il est souventplus
commode d’introduire les constantesK,
C et C’ ainsi définies[15] :
module de
compression
modules de cisaillement
C décrit une distorsion
rhomboédrique
de la maillecubique
et C’ une distorsionorthorhombique.
a)
Structure CFC. - Dans la structureCFC,
onpeut
se limiter à l’influence despremiers
voisinsquand
on évalue
EB
ouEF.
Les calculs sont sans difficultéset donnent :
avec :
Rappelons
quel’équation (15)
donnait :De
façon équivalente,
onpeut
écrire :Dans les
équations précédentes, x
mesurel’impor-
tance de la contribution due à la bande d.
Le module de cisaillement moyen y est, par
ailleurs, égal
à :b)
Structure CC. - Dans le cas d’une structureCC,
il faut tenir
compte
de l’influence des seconds voisinsqui
sont à des distances assezproches
de celles despremiers
voisins. Les calculs deviennent alorscompli- qués
avec l’introduction de nouveauxparamètres p’
etq’ relatifs
aux seconds voisins. Si l’on suppose quep’ Rl - pRo et q’ R’o ~ qRo,
les résultats sesimpli-
fient
partiellement ;
enparticulier, l’expression
dumodule de
compression
donnée auChapitre
III etdans
l’égalité (18’)
restevalable,
et les modules decisaillement s’écrivent :
où a est le
rapport
des contributionsrépulsives
et b celui des
intégrales
de recouvrement.On en
déduit u :
c’est-à-dire une
expression identique
à(20).
2. STRUCTURE HC. - Dans le cas d’une structure HC avec un
rapport c,la idéal, égal
à1,63,
lescinq
modules d’élasticité
indépendants
ensymétrie
hexa-gonale
sont reliés à ceux de la structureCFC,
à condition bien entendu de ne tenircompte
que despremiers (ou
même desseconds)
voisinsqui,
à volumeconstant, sont situés à la même distance
[16].
Ceciimplique
deux relations entre lescinq
modules de lastructure HC dont la vérification
expérimentale
mesurera le
degré
de validité de notre modèle(voir Chap. V. 2).
Ces deux relations s’écrivent par
exemple :
Les modules K
et y
sont alors donnés par(18’)
et(20).
3. VARIATION DU MODULE DE CISAILLEMENT MOYEN u.
- La variation
expérimentale
dumodule y
avec leremplissage
de la bande d estqualitativement
analo-gue à celle de K ainsi
qu’on peut
le voir sur lafigure
4.FIG. 4. - Module de cisaillement des métaux de transition ; les points noircis correspondent à des valeurs estimées
(voir
Gschneidner
[1]).
En
particulier,
on observe le mêmedécalage
du maxi-mum par
rapport
à une bande à moitiépleine.
Ceciest en accord avec la formule
(20) qui
s’est révéléevalable pour les trois structures cristallines
étudiées ;
il suffit de
répéter l’argument
duChapitre
IIIappliqué
alors au module de
compressibilité.
1060
Notons que la contribution du terme de bande n’est pas
négligeable
ici devant celle du termerépul- sif ;
avec x= 1/3
ellereprésente
67%
en valeur absolue du termerépulsif.
Assurons-nous de la cohérence de notre
descrip-
tion en
comparant
les valeursthéoriques
etexpéri-
mentales du coefficient de
Poisson,
directement relié àl’importance
relative de Ket Il
3K-21l
(J = 2(3 K + Il) . (23) (23)
A l’aide de
(18’)
et(20),
nous obtenons :U=-
2 6-7x
soit pour x =
3 u
=0,36.
Cette valeur est un peuélevée, a
oscillant autour de0,30
pour les métaux de transition[1].
Cette dernière valeur est atteinte pour x N
t.
La limite x -+
0, qui correspond
à une situation oùl’énergie
nedépend
de laposition
des atomes que par l’intermédiaire d’interactions depaires,
donneor
V. Discussion. - Dans les
chapitres précédents,
nous avons montré que nous
pouvions
rendrecompte simplement
de la variation avec le nombre d’électrons d degrandeurs isotropes
comme le module de compres- sion ou le module de cisaillement J1. Il reste à étudier les différents modulesCij
et lespropriétés qui
leursont reliées.
Dans le tableau
I,
nous avonscompilé
les résultatsexpérimentaux disponibles
pour les métaux de tran- sition et les métaux nobles. Pour une même structurecristalline,
les différents modulesprésentent toujours,
comme
prévu,
le mêmetype parabolique
de variationavec le nombre d’électrons d.
Analysons
ces résultatspour
chaque
structure.TABLEAU 1
Valeurs des modules
élastiques
à latempérature
ambiante *(en 1012 dynes/cm2)
Pour une structure cubique, Ci = C33, C12 = C13, C44 = C66.
* Toutes les valeurs indiquées dans ce tableau sont tirées des références compilées dans l’article de Fischer et al. [11].
1. CRISTAUX CUBIQUES. - Les
grandeurs
lesplus significatives
ensymétrie cubique
sont, d’unepart,
lerapport C/C’
qui
caractérisel’anisotropie
de la résistance au cisail- lement(C/C’
= 1 pour un corpsisotrope),
d’autrepart,
lerapport C44/C12 qui
mesure l’écart à la rela- tion deCauchy C44
=C12·
a)
Structure CFC. -D’après
leségalités (18)
et(19),
v C12
s’écrivent :
Les valeurs
expérimentales
pourC/C’, portées
dans le tableauI,
varient entre1,5
et3 ;
celles pourC44IC12
entre
0,3
et0,9
à la seuleexception
de la valeur pour l’iridium :1,1.
Dans notre modèle la valeur de
C/C’
est un facteurqui
nedépend
que de lasymétrie
du réseau et du nom-bre de voisins
pris
encompte.
Les valeursexpérimen-
tales sont raisonnablement centrées sur la valeur
théorique,
si l’onexcepte
les métaux nobles pourlesquels
notre modèle n’estplus
valable.De
même,
les écarts à la relation deCauchy
sontcohérents avec notre calcul utilisant les estimations
précédentes de x ;
enparticulier,
ils sont presquetoujours
dans le sensprévu
par(25).
Remarquons, enfin,
que lecomportement
dupalla-
dium et du
platine
estsingulier
àplusieurs
titres. Toutd’abord,
lesrapports Klii
sont fort élevés(voir Fig.
3 et4),
cequi
se traduit par de fortes valeurs du coefficient dePoisson, J
N0,38.
Deplus,
les varia-tions de C et C’ avec la
température
sont inhabituel- les[17].
Ces faits sontpeut-être
enrapport
avec lecomportement magnétique particulier
de cesmétaux
[11].
b)
Structure CC. -L’anisotropie C/C’
vadépen-
dre ici du choix des
paramètres a
et bqui
mesurentl’importance
relative des contributions despremiers
et seconds voisins dans les
égalités (21).
Supposons
a =b2 = 1/2 (cette
valeurpour b2
étantcelle estimée dans
[3]).
Alors
C/C‘ ~ 1,8.
De la même
façon,
onpeut
calculerC44/C12 :
pour
Les valeurs
expérimentales
deC/C’
sont tout à faitdifférentes de la valeur calculée. En
effet, C/C’
estpresque
toujours
inférieur à l’unité. Cela est diffi- cile àcomprendre
dans notremodèle,
car celasignifie
que le cisaillement
qui
fait varier les distances des seconds voisins estplus
difficile que celuiqui
faitvarier les distances des
premiers
voisins. Il semble doncqu’un
modèleplus
raffiné soit iciindispensable, qui
rendraitégalement compte
descaractéristiques
très
particulières
des relations dedispersion
despho-
nons de ces métaux
[18].
Quant
aurapport C44/C12,
il sembledépendre
dunombre d’électrons d : faible pour le
vanadium,
leniobium et le tantale
(0,2 C44/C12 0,5)
il estplus
élevé pour le
chrome,
lemolybdène
et letungstène :
Remarquons
d’ailleurs que les métaux de chacune de ces deux famillesisoélectroniques
de métaux ontdes
comportements
assez voisins comme on le voit bien sur lafigure
4. Cescomportements
sont donc sûrement reliés à des caractères de la bande d que notre modèletrop simplifié
ne décrit pas. Le niobiumreprésente
un casparticulièrement exceptionnel
avecune valeur très faible pour le cisaillement
C44.
Fisheret Dever
[19]
discutent defaçon
détaillée le moduleC’ pour ces métaux et concluent
également
à l’im-portance
duremplissage
de la bande d.2. STRUCTURE HC. - De
prime abord,
il est inté-ressant de voir si les relations
(22)
et(22’)
sont véri-fiées.
Rappelons
que ces relations traduisent le fait que les modules d’élasticité de laphase hexagonale
doivent
correspondre
à des modules d’élasticité de laphase cubique
à facescentrées,
sil’empilement
esttel que
cla
=cla (idéal)
=1,63.
Lapremière
de cesrelations
provient
des deuxégalités
suivantes :Si l’on utilise les valeurs
expérimentales,
ons’aper- çoit
que les relations(22)
sont assez malvérifiées ;
de
plus,
les valeurs deC44cFc
déduites des modulesCHC66
etC44
sontsystématiquement
lesplus
faibles.Or,
ces modules décrivent des cisaillements dans leplan
de base et dans lesplans prismatiques
de la maillehexagonale ;
il estlogique
de penserqu’ils
sontplus
sensibles à la valeur exacte du
rapport cla
que les modulesC13
etC33 qui
sont reliés à des déformationsavec variation de volume. En
particulier,
sicla c/a (idéal),
cequi
est le cas des métaux de transition hexa- gonaux, le cisaillement décrit parC66
estplus
aiséque celui décrit par
C44,
d’où une diminution deC66/C44
et de 2C66 - C44 (cet argument
est détaillépar Fisher et al.
[20]).
Defait, l’expérience indique
que
C66/C44 -
1 alors que le calcul pour uncla
idéal donne
C66/C44
=5/4.
1062
La seconde relation à vérifier a une
signification physique
moinsclaire,
mais la discussionprécédente indique
que les trois modulesCil, C13
etC33
dela
phase HC, qui
doivent peudépendre
de la valeur decla,
sont ceuxqui
sont leplus
directement reliésaux modules de la
phase CFC,
comme onpeut
le vérifier dans le cas du cobaltqui présente
les deuxstructures cristallines
[16].
Dans ces
conditions,
ces trois modules s’écrivent :Ces formules sont assez bien vérifiées pour
t
x3.
Les relations de
Cauchy,
pour unesymétrie hexago- nale,
s’écrivent :Nous trouvons :
pour
Ces ordres de
grandeur
sont dans l’ensemblecorrects comme on
peut
s’en rendrecompte d’après
le tableau I.
VI. Conclusion. - Pour décrire les constantes élas-
tiques
des métaux detransition,
nous avons utiliséun modèle dans
lequel l’énergie électronique
estcalculée en fonction des
intégrales
de recouvrement à deux centres, et oùl’énergie répulsive
estprise
sui-vant la forme de Born et
Mayer,
lesparamètres
de ceterme étant déterminés de
façon
à retrouver les valeursexpérimentales
du volumeatomique
et du modulede
compression.
Ce modèle nous apermis d’expli-
quer le
comportement
des modulesélastiques
isotro-pes K et p
et dans une certaine mesure des modulesC,j.
Enparticulier,
lesigne
et l’ordre degrandeur
desdéviations par
rapport
aux relations deCauchy
sontcorrectement
prédits,
et defaçon générale
les valeurs relatives des différents modules. Les métauxcubiques
centrés
cependant
sont tout à fait en marge de cettedescription, spécialement
les métauxisoélectroniques V, Nb,
Ta.L’interprétation
de leurcomportement
nécessiterait une étudeplus
détaillée de la contribu- tion due à la banded, qui
semblejouer
ungrand
rôle dans d’autres
propriétés
liées aucouplage
élec-tron-phonon (supraconductivité,
anomalies dans les courbes dedispersion
dephonons).
Les métaux nobles sortent
également
du cadre denotre discussion car nous avons
négligé
les contri- butions des électrons de conduction(terme
devolume)
et les effets
d’hybridation s -
d.Remerciements. - Je remercie vivement Mme F.
Cyrot-Lackmann
pour sesencouragements
et conseils ainsi que M. P. Costa et M. le Professeur J. Friedelavec
qui j’ai
eu de fructueuses discussions.Bibliographie [1]
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