HAL Id: jpa-00208819
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Submitted on 1 Jan 1978
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Calcul des probabilités des transferts d’énergie entre ions de terres rares. I. une méthode de calcul unifiée
utilisant des méthodes tensorielles standard
J.F. Pouradier, F.E. Auzel
To cite this version:
J.F. Pouradier, F.E. Auzel. Calcul des probabilités des transferts d’énergie entre ions de terres rares.
I. une méthode de calcul unifiée utilisant des méthodes tensorielles standard. Journal de Physique,
1978, 39 (8), pp.825-831. �10.1051/jphys:01978003908082500�. �jpa-00208819�
CALCUL DES PROBABILITÉS DES TRANSFERTS D’ÉNERGIE ENTRE IONS DE TERRES RARES. I. UNE MÉTHODE DE CALCUL UNIFIÉE
UTILISANT DES MÉTHODES TENSORIELLES STANDARD
J. F. POURADIER et F. E. AUZEL Centre National d’Etudes des
Télécommunications,
196, rue de
Paris,
92220Bagneux,
France(Reçu
le 28 décembre1977, accepté
le 28avril 1978 )
Résumé. 2014 Nous considérons les transferts d’énergie résonnants, ayant lieu entre deux ions de terres rares et conservant le spin de chacun des ions. Nous montrons que le calcul de leurs probabilités
par unité de temps peut, dans le cadre de la théorie de Dexter, être ramené à celui d’un petit nombre
d’éléments de matrice et de coefficients. Les coefficients caractérisent l’interaction responsable du
transfert (électrostatique, magnétostatique ou échange) et sont indépendants des niveaux d’énergie.
Les éléments de matrice, par contre, introduisent les niveaux d’énergie impliqués dans les transferts mais sont
indépendants
des interactions.Abstract. 2014 We consider resonant energy transfers between rare-earth ions which leave the
spins
unchanged. We show that 2014 within Dexter’s theory 2014, the calculation of the rate can be reduced to that of a few coefficients and matrix elements. The coefficients are characteristic of the couplingmechanism (electro-static, magneto-static, exchange) and are independent of energy levels. In contrast, the matrix elements depend on the levels involved in the transfers but are
independent
of the coupling.
Classification Physics Abstracts
78.55
1. Introduction. - Les transferts
d’énergie
nonradiatifs entre ions de terres rares ont fait
l’objet
de nombreuses études
expérimentales,
et dans denombreux cas - par
exemple [1, 2, 3]
- leursproba-
bilités par unité de temps varient comme des
puis-
sances entières des concentrations en ions accepteurs
d’énergie.
Dans une étude
théorique reposant
sur lespremiers principes
de lastatistique quantique,
Grant[4]
aretrouvé ces résultats
(sous l’hypothèse
d’unemigra-
tion
rapide
del’énergie parmi
les ionsdonneurs)
et montré que
l’exposant
de la concentration dans la loi deprobabilité
estégal
au nombre d’ions accep-teurs
qui
separtagent l’énergie
d’un donneur. Ainsi dans le cas leplus simple (un
transfert entre un donneuret un
accepteur),
la loi deprobabilité
est-elle unefonction linéaire de la concentration
NA
en accep- teurs( WT
=UNA).
Le calcul du facteur de
proportionnalité
U nécessiteun modèle
microscopique
des transfertsd’énergie,
tel celui de Dexter
[5],
où doit êtreprécisée
la naturede l’interaction entre ions
responsable
des transferts : interactionélectrostatique, magnétostatique, échange,
etc... Cette interaction
qui
n’est pas connue apriori
peut être déterminée par la mesure de l’écart à
l’expo-
nentielle de la courbe de déclin de la fluorescence des ions
donneurs,
que l’oninterprète
dans le cadrede la théorie de Inokuti et
Hirayama [6].
Il nousparaît qu’il
estpossible
de réaliser uneapproche complémentaire
en calculant le facteur v deplusieurs
transferts pour diverses
hypothèses
decouplage
eten comparant les résultats d’abord entre eux
puis
avec les valeurs
expérimentales.
Dans cet article
(I)
nous retenons l’idée deKushida
[7]
d’utiliser ladécomposition
de l’inter-action
électrostatique
enopérateurs
tensorielssphé- riques
et nous l’étendons aux interactionsmagnéto- statique
etd’échange.
Nous montrons alors que l’introduction de ce formalisme dans le modèle de Dexter rend extrêmementsimples
le calcul du facteur U et lacomparaison (du point
de vue transfertd’énergie)
des interactions
envisagées.
Dans un second article(II),
nous
appliquerons
nos résultats aux transferts entreions
Ho3+
situés dansHoxY1-xF3,
dont nous avonsexpérimentalement
déterminé lesprobabilités
par unité de temps et la nature ducouplage
entre lesions
[8].
Nous montrerons que l’on rend bien compte des résultatsexpérimentaux.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01978003908082500
826
2. Calcul du facteur U d’un transfert résonnant. - La
probabilité
par unité detemps
du transfert réson- nantD’ + Ao ---> DO + A+,
au coursduquel
ledonneur passe à l’état D+ à DO en cédant
l’énergie Eo
tandis
qu’un
accepteur situé à la distance R du donneur passe de A° àA+,
a été calculée par Dexter[5] :
Dans cette
expression
gD+ et gAo sont lesdégéné-
rescences
respectives
des niveaux D+ etA°
Jè(R)
est l’Hamiltonien d’interactionresponsable
du transfert et S
l’intégrale
de recouvrement des raies d’émissionyD(E)
du donneur(transmission
’ D+ -
D°)
etd’absorption r A(E)
del’accepteur (transition
A’ ->A+) : YD(E)
etr A(E)
ne sont nonnuls
qu’au voisinage
del’énergie Eo
transférée du donneur versl’accepteur
Cette
intégrale joue
le rôle de la densité d’états dans larègle
d’or de Fermi.FiG. - Coordonnées utilisées pour la description d’un système
de 2 ions de centres D et A.
[Coordinates used for a system of 2 ions with centres D and A.]
En sommant la
probabilité T(R)
sur tous les accepteurs,supposés
uniformémentrépartis
avecune densité de
NA
ions par unité devolume,
on obtientla
probabilité qu’un
donneur soitdépeuplé
par transfert(au profit
d’un accepteurquelconque) :
où
Il est alors intéressant de noter que si l’on ne
considère que des transitions conservant le
spin,
les Hamiltoniens de toutes les interactions considérées ici peuvent s’écrire - comme nous le montrerons
plus
loin(§ 3)
- sous une formeunique :
Dans cette
expression (J(l)
est unopérateur
tenso-riel d’ordre 1
agissant
sur le donneur oul’accepteur, C(-’)(Q)
est le tenseursphérique
d’ordre A ayant pour argument les coordonnéesangulaires (prise
dans un
repère
orthonormald’origine D)
du vecteur Rjoignant
les centres de D etA ;
cesopérateurs
sontcommuns aux trois interactions
envisagées
en1,
seuls les coefficients(Xh12A(R) qui dépendent
de ladistance entre les 2 ions varient d’une interaction à l’autre. Cette écriture de l’Hamiltonien nous per- mettra d’obtenir une formule
unique
pour les pro- babilités des transferts dus aux interactions électro-statique, magnétostatique
etd’échange.
Enséparant
les
opérateurs
suivant les variables surlesquelles
ils
agissent,
ellepermet
un calcul aisé des éléments de matrice de X avec des fonctions d’onde misessous forme de
produits
de fonctions de D et A. Elle faitégalement apparaître
les variationsspatiales
de l’interaction par la
dépendance
en R et Sl de(Xll12A(R)
et
C(A)(Q).
Introduisantl’expression (2.5)
deJe(R)
dans les éléments de matrice
figurant
en(2.4),
nousobtenons
(cf. annexe) :
où
La
comparaison
de deux interactions écrites sousla forme
(2. 5)
se ramène donc à celle des coefficientscxlt12A(R) puis CltI2(R)
et en raison de la sommationsur tous les accepteurs, aux seuls coefficients
CI 112
définis par :
où
Ro
est unelongueur
introduite ici pour queCl¡12 ait,
commeC’1’2(R),
la dimension d’uneénergie.
Cette
longueur, qui
sert de borne inférieure à l’inté-gration,
seraprise égale
à la distance minimale entre 2 ions de terres rares, la bornesupérieure
étant àl’infini. Les coefficients
Cl¡12
sontindépendants
desniveaux
D+, D°,
A° et A+ misen jeu
par le transfert et caractérisent l’interaction(du point
de vue transfertd’énergie),
les niveauxd’énergie figurant
par contre dans des éléments de matrice réduitscommuns à toutes les interactions
qui
s’écriventsous la forme
(2. 5).
Nous obtenons donc
l’expression
suivante du facteur U :dont nous allons
préciser
les coefficientsCll2
pour lesinteractions
électrostatique, magnétostatique
etd’échange ;
nous les noterons successivementEZ¡12’
Mlt12
etXZ¡12’
A cette fin nous montrons que lesHamiltoniens de ces 3 interactions peuvent s’écrire
sous la forme
(2.5)
et nousprécisons
lesopérateurs (J(l)
utilisés. Nous notons que cesopérateurs
étant purement orbitauximposent
lesrègles
de sélection suivantes :3.
Comparaison
des interactionsélectrostatique, magnétostatique
etd’échange.
- 3.1INTERACTION ÉLECTROSTATIQUE.
- L’interactionélectrostatique HES de
deuxsystèmes
decharges
D et A a été déve-loppée
par Rose[9]
en termesmultipolaires
etpeut
s’écrire(voir figure) :
où
Q (k)
est le momentélectrique
d’ordre k dont laq-ième
composante est donnée par :et où l’on a :
C(k)(CO)
= tenseursphérique
d’ordre k(q-ième composànte).
Comme
l’expression (3 . 1)
deHES
est du type(2. 5),
avec A =k
1 +k2,
nous tirons de(2. 9)
la valeur devES,
soit :Dans cette
expression
lesindices ki
varient de 1à oo.
Pour ki
= 1 nous savons de la théorie de Judd[ 10]
et Ofelt
[11]
que la force deraie 1 D + Il Q(l) I D° > 12
peut s’écrire :
828
où les
opérateurs
tensoriels UP.) sont définis par les relations suivantes :et
Pour les valeurs
de ki supérieures
à 1 nous faisonsl’hypothèse
que les fonctions d’ondesappartiennent
à la
configuration (4f)".
En utilisant le théorème deWigner-Eckart
de sorte que
UEs
peuts’exprimer
en fonction des seulséléments de matrice de U(k) où k varie maintenant sur 2, 4 et 6 en raison des
coefficients ( f Il
C(k)Il f).
Ainsi :
Avec
On reconnaît dans
E,,,,
les contributions des termescaractérisés par :
-
k1
=k2
=1, À1
=11, Â2
=12 :
termed’origine dipolaire-dipolaire.
- k1 = 1, À1 = 11, k2 = l2
: termed’origine dipolaire-quadripolaire
oudipolaire-octopolaire,
etc.-
ki
=11, k2
= 1,A2
=12
: termed’origine quadripolaire-dipolaire, octopolaire-dipolaire,
etc.-
k1
=ll, k2
=12 :
termed’origine quadripolaire- quadripolaire, quadripolaire-octopolaire,
etc.En utilisant les valeurs
typiques
soit
et
On voit que pour
chaque
indiceli
la contributiondipolaire (ksi
= 1,Ài
=li)
est :-
négligeable
devant leterme ki
=li
sili
=2,
- du même ordre de
grandeur
que le termeki = Ii si Ii = 4,
-
prédominante
sili
= 6.Les valeurs de
Eltl2
s’échelonnent alors de3. 2 INTERACTION
MAGNÉTOSTATIQUE.
- L’interac- tionmagnétostatique
de deuxsystèmes
decharges
Det A peut être écrite sous une forme
analogue
à cellede l’interaction
électrostatique [8, 12] :
avec pour moments
magnétiques M(’)(1) (q-ième composante) :
où L (1) est
l’opérateur
momentcinétique.
Cette
expression
deHMS
est bien du type(2.5),
et nous obtenonsl’expression
deUMS
pour des fonctions(4f)n
pures :avec
ou encore
après
avoirdéveloppé
l’élément de matrice réduit :On voit aisément sur cette
expression
que seuls les termesM,,,, avec li
=1, 3,
5 sont non nuls. Avec les mêmesapproximations
que pourElt12’
nous évaluonsM 11 ’" 1 cm - 1 et M 55 ’" 2 x 10- 7 cm - 1 .
3.3 INTERACTION D’ÉCHANGE. -
Lévy
a calculél’Hamiltonien
d’échange
coulombien[13];
pour des électrons 4f il peut s’écrire :où les u(l) sont définis par
(3. 7)
et oùS(1)
estl’opérateur
de
spin. r’1hA
est uncoefficient, explicité
parLévy, qui dépend
desparties
radiales des fonctions d’onde et de la distance des 2 ions.Dans le cas
particulier
où il y a conservation desspins
de chacun des ionsparticipant
autransfert,
les éléments de matrices despin
sont touségaux
à,l etl’expression
deHech
devient :Nous pouvons donc
appliquer
les résultats du para-graphe
2 et écrire :avec
Pour des ions de terres rares, les valeurs de
1,
se limi-tent à 1
li
6 etLévy
a montré que si les ions donneurs etaccepteurs
sontidentiques
lesFltI2A’
et donc les
Xlt12’
s’annulaient pourh
+12 impair.
Les coefficients
Flt12A
sont de l’ordre de10-1
à 1cm-l [14].
4. Résumé et conclusion. - En
reprenant
le modèle deDexter,
nous avons montré que pour des ions de terres rares, les facteurs U desprobabilités
par unité detemps
des transfertsd’énergie
résonnants conser- vant lesspins pouvaient
s’écrire sous la forme sui- vante :qu’ils
soient dus aux interactionsélectrostatique, magnétostatique
oud’échange.
Ce résultat nous
paraît
intéressant à trois titres :1)
Le calcul du facteur U ne nécessite que le calcul d’unpetit
nombre d’éléments de matrice communsà toutes les interactions conservant le
spin
de chacundes ions.
830
2)
Lacomparaison
de 2 interactions peut se fairesur les coefficients
Cl,,, qui
sontindépendants
desniveaux
d’énergie participant
aux transferts.3)
Les transitionsdipolaires électriques forcées,
bien
représentées
par la théorie deJudd-Ofelt,
peuvent être facilementintégrées
dans notre résultat.Si donc nous dressons les tableaux des coefficients
El1 l2, MI, , et XI, ,,
relatifs à uncouple
d’ions deterres rares, la
comparaison
de ces tableaux nouspermet de déterminer l’interaction
responsable
destransferts entre les 2 ions et d’en calculer les facteurs U.
Ceci fixe le schéma de l’article II où nous
appliquons
nos résultats aux transferts entre ions
H03 +
ayant lieu dans le fluorure mixteHoxYl -,,F3.
Annexe. - Nous supposons que l’interaction H peut s’écrire sous la forme suivante :
où
C(li)(Q)
est le tenseursphérique
d’ordre A et(R, Q)
les coordonnéessphériques
deRDA (voir figure).
Nous calculons :
où les M sont les
projections
sur un axe Z des momentscinétiques
J des ions et où la notation D +(respectivement DI, A°
etA +)
recouvre l’ensemble des nombresquantiques,
autres queMD, (MDo ...)
nécessaires à la caracté- risation de l’état D +(D° ...).
Elle contient notamment le nombrequantique JD + (Joo ...).
En introduisant
l’expression
de H dans l’élément dematrice,
on obtient :et en raison du théorème de
Wigner-Eckart
En élevant au carré et sommant successivement sur
MD+
etMDo, MA,,
etMA+,
ql, q2 etQ
onpeut
utiliser les relationsd’orthogonalité
des 3J,
cequi
conduit à :où
soit
où l’on a
posé
Ceci constitue le résultat
(2.6).
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