HAL Id: jpa-00208110
https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00208110
Submitted on 1 Jan 1973
HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.
Propriétés magnétiques des nitrures mixtes de vanadium et de chrome VxCr1-x N
P. Lacour-Gayet, F. Ducastelle, P. Costa
To cite this version:
P. Lacour-Gayet, F. Ducastelle, P. Costa. Propriétés magnétiques des nitrures mixtes de vanadium et de chrome VxCr1-x N. Journal de Physique, 1973, 34 (11-12), pp.1001-1010.
�10.1051/jphys:019730034011-120100100�. �jpa-00208110�
1001
PROPRIÉTÉS MAGNÉTIQUES DES NITRURES MIXTES
DE VANADIUM ET DE CHROME VxCr1-x N
P. LACOUR-GAYET
(*),
F. DUCASTELLE et P. COSTAOffice National d’Etudes et de Recherches
Aérospatiales,
92320Châtillon,
France(Reçu
le 9 mai1973)
Résumé. 2014 Pour les nitrures CFC de la
première
série de transition, une discontinuitéapparaît
entre le nitrure de vanadium,
qui
est un métalparamagnétique
et le nitrure de chrome,qui
est anti-ferromagnétique
et sans doute isolant à l’état pur.L’étude du
magnétisme
des nitrures mixtes VN-CrN montre, d’une part pour lesalliages
richesen chrome une
phase magnétique identique
à cellequi apparaît
en dessous de latempérature
ambiantepour CrN, d’autre part pour les
alliages
riches en vanadium(30
à50 %
dechrome)
une autrephase qui pourrait
être un verremagnétique,
danslequel
les atomes de chrome nes’organisent
pas àgrande
distance.
Des
phénomènes complexes apparaissent
entre ces deux domaines auvoisinage
de lacomposition V0,75Cr0,25N qui pourraient s’interpréter
àpartir
d’un ordre des atomesmétalliques.
Abstract. 2014 For the FCC nitrides of the first transition series, a
discontinuity
exists between vanadium nitride which is aparamagnetic
metal, and chromium nitride which is anantiferromagnet,
and most
probably
an insulator when pure.The
study
of themagnetic properties
of mixed VN-CrNalloys
reveals on oneside,
for chromium richalloys,
amagnetic phase
which is identical to themagnetic phase
forCrN,
on the otherside,
for vanadium rich
alloys (between
30 and 50% chromium)
anotherphase
whichmight
be amagnetic glass,
in which chromium atoms do not showlong
rangemagnetic ordering.
Complex phenomena
show up in between, around theV0,25Cr0,75N composition,
which could beinterpreted
in terms of anordering
of metallic atoms.LE JOURNAL DE PHYSIQUE TOME 34, NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1973, 1
Classification
Physics Abstracts
85.40
1. Introduction. - 1 . 1 GÉNÉRALITÉS SUR LES NITRURES DE LA PREMIÈRE SÉRIE DE TRANSITION. - A la différence des
oxydes,
les nitrures de lapremière
sériede transition ne conservent pas la même structure
cristallographique
tout aulong
de lasérie ;
le mêmephénomène
sereproduit
d’ailleurs dans les deux autres séries de transition. Il est néanmoinspossible
de suivre sur
plusieurs
éléments deux structures :- la structure
cubique
à faces centrées detype
NaCl et de formuleMN, présente
du scandium auchrome,
- la structure
hexagonale compacte
de formuleM,N présente
du vanadium aufer,
avec unrapport c/a
très voisin de la valeur idéale.Ces
composés
sont detype
interstitiel(les
atomesd’azote sont de
petite
taille et les distances entreatomes de transition sont très voisines de celles que l’on observe dans le
métal)
avec souvent des écartsnégatifs
à la stoechiométrie considérables. Dans cesconditions,
ilparaît
d’ailleursplus
normal deparler d’alliage
désordonné azote-lacune que decomposé
défini. Il arrive d’autre
part,
que pour certaines concentrations cetalliage s’ordonne,
comme c’estsouvent le cas pour les sous-nitrures
M2N [1].
Le tableau 1 donne les
paramètres
cristallins et la concentration maximale en lacunes d’azote pour lescomposés
MN etM,N (cette
concentration estcalculée par
rapport
au nombre total de sites cristal-lographiques occupés
pour lecomposé
stoechio-métrique) [2].
On observe dans ce tableau deux anomalies notables
sur les
paramètres
cristallins : la décroissance mono- tone duparamètre lorsque
l’onparcourt
une série degauche
à droite estinterrompue
entre VN et CrNpour les
nitrures, Cr2N
etMn2N
pour les sous- nitrures. Cetteanomalie, positive
sur levolume,
(*) Adresse actuelle : Laboratoire de Physique des Solides,Université Paris-Sud, Centre d’Orsay, 91405 Orsay.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:019730034011-120100100
TABLE 1
Paramètres cristallins et concentration maximale en lacunes d’azote pour les
composés
MN etM2N
1
sépare
comme nous allons le voir des corps para-magnétiques métalliques (ScN, TiN, VN)
d’un corpsmagnétique
isolant(CrN), la même disparité
sereproduisant, semble-t-il,
depart
et d’autre de la frontière pour les sous-nitrures. Il nous a paru naturel de chercher àapprofondir
la nature de la transitionde
type
métal-isolantqui
seproduit alors,
en nous intéressant auxalliages
VN-CrN(les
deux consti-tuants,
isomorphes
et deparamètres
trèsproches,
sont
apparemment miscibles)
réservant pour un travail ultérieur l’étude dudiagramme Cr2N-Mn2N.
Avant d’entamer
l’exposé
despropriétés magné- tiques
desalliages
VN-CrNauxquels
nous noussommes
intéressés,
il convient de faire unrapide rappel
de la situationexpérimentale
pour chacun de ces constituants.1.2 PROPRIÉTÉS DE VN. - VN est un
composé
queses
propriétés rapprochent
fortement des métaux de transition : la densité d’état au niveau deFermi, n(EF),
mesurée aussi bien ensusceptibilité qu’en
chaleurspécifique,
est très élevée :soit
n(E,)
=4,5 états/atome/eV (si
on assimile cettesusceptibilité
à unparamagnétisme
dePauli;
xd;a est un terme correctif faible introduit pour tenircompte
dudiamagnétisme
des couchesinternes) ;
y =
8,6 mJ/K’/mole,
soitn(E.)
= 4états/atome/eV [4].
Si la structure de bandes n’est pas correctement connue pour
VN,
des calculs ont été faits pour ScN[5]
et TiN
[6].
On trouve pour cescomposés
dans l’ordre desénergies croissantes,
une bande 2s dérivant des états du métalloïde(2
états par mailleélémentaire),
une bande
2p (avec
un caractèrehybride 3d eg
et6 états par maille
élémentaire),
une bande 3dt,,, (6
états par mailleélémentaire).
D’autrepart,
la bande 4s du métal estbeaucoup plus
haute enénergie.
Des valeurs
expérimentales
pourVN,
on nepeut
au mieux déduire
qu’un
ordre degrandeur
de lalargeur
de bande pour la bande 3dt,g (2
à 3eV,
valeur sensiblementplus
faible que cellequi
estadmise pour les métaux de transition
(5
à 8eV)).
La résistivité est forte et se compare
également
àcelle des métaux de transition
(80 gn environ,
dont50 subsistent à 4 K et sont sans doute
explicables
pour les écarts à la
stoechiométrie).
Notons enfin que VN estsupraconducteur
avec unetempérature critique
élevée(8,5
Kenviron).
1.3 PROPRIÉTÉS PHYSIQUES DE CrN. - Le nitrure de chrome CrN s’ordonne
antiferromagnétiquement
à basse
température.
Latempérature
de Néel estde 288 K. La transition
paramagnétique-antiferro- magnétique
est dupremier
ordre. Elles’accompagne
d’une distorsion
orthorhombique
et d’une diminutionde volume de
0,59 % [7], [8], [9].
L’ordremagnétique,
de
quatrième espèce,
est unempilement antiparallèle
de
paires
deplans (110) ferromagnétiques
etparallèles [7], [8].
La
susceptibilité magnétique
est de400 x
10- 6 uem/mole
dans la
phase
ordonnée et de 600 x10-6 uem/mole
dans la
phase paramagnétique;
il ne semble pas totalement établi en outre que cettegrandeur
suiveune loi de Curie-Weiss dans le domaine
paramagné- tique [10].
La résistivité de CrN est élevée et semble s’accroître
lorsque
l’on améliore lapureté
duproduit (composés
pauvres en
oxygène
etproches
de lastoechiométrie).
Les valeurs les
plus
élevées que l’on aitrapportées
dans la littérature sont de 20 000
J.1Q/cm
dans ledomaine
antiferromagnétique,
30 000 dans le domaineparamagnétique [9].
Cet accroissement de la résistivité à la transition est sans doute associé à un désordre despins.
Il semble donc raisonnable d’admettre que CrN pur et
stoechiométrique
est un isolant à toutes tem-pératures. Remarquons
d’ailleurs que ce caractère isolant n’est pasinterprétable
dans le cadre de lathéorie des bandes dans le domaine
paramagnétique
de haute
température, puisque
CrNdispose
d’unnombre
impair
d’électrons par zone deBrillouin,
tant que la structure demeure
cubique
à faces centréeset
magnétiquement
désordonnée.(A
bassetempé-
rature, on aurait pu
invoquer
un modèle detype
Adler-Brooks lié àl’augmentation
par un facteur 2 du volume de la maille cristallinelorsque
seproduit
la distorsion
orthorhombique,
ou encore un modèle detype
Slater lié àl’apparition
de l’ordre antiferro-magnétique) [11].
1003
2.
Préparation
des échantillons etdispositifs expéri-
mentaux. - 2. 1 DESCRIPTION DE LA PRÉPARATION DES
ÉCHANTILLONS. - Nous avons utilisé pour
préparer
nos échantillons la méthode de réaction d’azote gazeux à haute
température,
et àpression atmosphé- rique,
sur desalliages
enpoudre
finement divisée.Les
alliages
sont d’abord fondus dans un four àarc en
partant
de métaux contenant moins de0,01 % d’impuretés.
On commence à mettre enpoudre l’alliage
dans unbroyeur
à billesqui permet
de des- cendrejusqu’à
100 ’.L A cestade,
il convient dedistinguer
les échantillons très riches en chrome(plus
de 70%)
et les autres. Pour cesderniers,
il existeen effet un
hydrure
mixte(V, Cr) H,
extrêmementfragile
et dont la réduction enpoudre
de30 g
estaisée. Pour ces
composés
nous avons donc d’abordhydruré
nosalliages
par une succession decyclages thermiques
soushydrogène
entre 100 et 800 °C.La mise en
poudre
se fait alors parbroyage
au mortierd’agathe.
Pour les
composés
lesplus
riches enchrome, qui
ne
s’hydrurent
pas, nous avons effectué une successionde
cycles nitruration-broyage
au mortierd’agathe, profitant
de la relativefragilité
du nitrure.La nitruration se fait alors dans un four étanche
en
procédant
de la manière suivante : l’échantillon est enfourné avec des copeaux de zirconium-titane trèsoxydables, qui jouent
le rôle depiège
àoxygène.
L’ensemble est
longuement dégazé jusqu’à
une pres- sion d’environ10-6
torr. L’azote est alors introduitet on
règle
latempérature
à la valeur choisie.Les
températures
de traitement varient entre 900 °C pour CrN et 1200 °C pourVN,
à lapression atmosphé- rique.
Au-dessus de cestempératures,
c’est le sous-nitrure
M,N qui
se reforme[12].
Lestemps
de trai- tement, pour despoudres
de 30 u, varient dequelques
heures pour VN à un mois pour CrN. Pour les compo- sés les
plus
riches enchrome,
lestemps
de traitementsont donc extrêmement
longs.
Nous avonspourtant
réalisé avec unepoudre
de 1 J.l trouvée dans le com- merce, un nitrure dechrome,
mais les autres échan- tillons très riches en chrome(plus
de 85%)
ont étéfabriqués
par MM. Roubin et Pâris de l’Université deLyon.
Ceux-ci ontdéveloppé
unetechnique
depréparation
depoudres métalliques
trèsfines,
parcoprécipitation
de selscomplexes [13].
La nitrurationse fait alors par des
techniques analogues
à cellesque nous avons
employées.
2.2 CONTRÔLE DES ÉCHANTILLONS. - Les deux
paramètres
lesplus importants
à contrôler sont lateneur en
oxygène
et la stoechiométrie. Leur contrôlea été effectué par des
analyses chimiques classiques (dosage
de gaz dans lesmétaux).
Le
rapport atomique
del’oxygène
au métal nedépasse
pas0,01
et la stoechiométrie esttoujours
meilleure que
0,97
pour les échantillonsqui
ont étéanalysés.
Les rayons X ont été utilisés pour vérifier l’homo-
généité
de nos échantillons. On sait que la limite inférieure de la sensibilité de détection d’unephase étrangère
est d’environ5 %.
D’autrepart,
la faible variation duparamètre
cristallin entre VN et CrN(0,009 À)
et lalargeur
des raies de diffraction pour certainscomposés (probablement
due auxphéno-
mènes de démixtion décrits au
paragraphe 3.3),
nenous ont pas
permis
de tracer des courbes du para- mètre en fonction de la concentration.Néanmoins,
nous avons vérifié que le
paramètre
de noscomposés
variait bien de
4,14
à4,15 A quand
la teneur enchrome
croît,
de VN à CrN.2. 3
TECHNIQUES
EXPÉRIMENTALES. - L’essentiel des résultatsexpérimentaux
que nous avons obtenusporte
sur des mesures desusceptibilité magnétique
et de chaleur
spécifique
à bassetempérature.
Lesappareillages
utilisés dans ces deux cas ont été décrits par ailleurs[14], [10].
Si la mesure desusceptibilité magnétique
ne pose aucunproblème,
il n’en est pas de même pour la chaleurspécifique
car nous nedisposions
que depoudres
et non pas d’échantillons massifs.Pour effectuer la mesure de chaleur
spécifique,
nous avons
fabriqué
despressés
sauf dans le casd’un échantillon de CrN pour
lequel
un fritté a pu être réalisé. Pourfabriquer
un bloc depoudre compacte,
onmélange
tout d’abord lapoudre
avecun lubrifiant volatil
(naphtalène), puis
on la presse dans une matrice de forme convenable à 10 kbar.Le bloc
ainsi obtenu,
de formecylindrique
estplacé
dans une
étuve
à 60 °C sous vide où le lubrifiant estsublimé.
Après
avoir vérifié parpesée
que celui-ci estcomplètement parti,
onplace
le bloc dans un réci-pient cylindrique
de même diamètre. Recouvert parune
pastille
du mêmecuivre,
l’échantillon est alorsprêt
pour la mesure.Le fritté de CrN que nous avons
fabriqué,
l’a étéde la manière suivante. En utilisant le
procédé
quenous venons de
décrire,
onprépare
unpressé
depoudre
de chrome àgrain
très fin de l’ordre du micron.On nitrure l’échantillon suivant la
technique
décriteplus
haut dans le cas despoudres,
mais avec untemps
de traitementbeaucoup plus long (un
moisenviron).
Même dans ces
conditions,
lesdiagrammes
de rayons X montrent que des concentrations de l’ordre de 5%
de
Cr,N
subsistent.Si la mesure de chaleur
spécifique
sur des frittéss’effectue sans
problème,
il n’en est pas de même pour despoudres
dont la conductivitéthermique
moyenne est très faible. Cela rend les
temps
de retour àl’équilibre
extrêmementlongs,
surtout à bassetempérature
où la conductivité devientintrinsèque-
ment faible.
3. Résultats
expérimentaux.
- L’étude des nitrures mixtes de chrome et de vanadium apermis
de diviserle
diagramme
dephases
en troisrégions
suivant laconcentration. Nous avons d’une
part,
les nitruresriches en vanadium
(de
40 à 100%)
danslesquels
nous avons observé
l’apparition
dumagnétisme
dûau
chrome,
d’autrepart
unerégion
riche en chrome(85
à 100%) qui
ressemblebeaucoup
à CrN et enfinla
région
intermédiairequi
semble extrêmementcompliquée.
3.1 RÉGION RICHE EN VANADIUM (40 A
100 %
DEVANADIUM).
- Nous avonsdistingué
dans cetterégion
deux zones suivant le
type
demagnétisme
que l’on observe. D’unepart,
les nitrures très riches en vana-dium
(de
75 à100 %
devanadium)
où le chromeparaît
secomporter
comme uneimpureté magnétique isolée,
d’autrepart
les nitrures entre 50 et 75%
de vanadium pour
lesquels
il existe une transitionmagnétique
à bassetempérature.
3.1.1 1 Zone 75-100
% de
vanadium. - Nous avonsmesuré la
susceptibilité
desept
échantillons dans lazone
75-100 %
de vanadium(Fig. 1) (’).
La
susceptibilité
de VN estindépendante
de latempérature
au-dessus de 10 K et vautFIG. 1. - Susceptibilité magnétique des nitrures VI _xCrxN riches
en vanadium.
Nous avons vu que cela
conduit,
dansl’hypothèse
où nous avons un
paramagnétisme
dePauli,
à lamême densité d’état que celle que l’on
peut
tirer desmesures de chaleur
spécifique.
La
susceptibilité
desalliages
à faible concentration de chromepeut
êtreanalysée
comme étant celle d’une matrice nonmagnétique
avec desimpuretés magnétiques.
Eneffet,
lasusceptibilité magnétique, qui diverge
à bassetempérature,
tend vers celle de VN à hautetempérature.
D’autrepart,
la différence entre lasusceptibilité
d’unalliage
et celle de VN est gros-(’)
Dans beaucoup de cas les susceptibilités mesurées présententune faible dépendance en champ attribuable à des impuretés ferro- magnétiques. Cette contribution est éliminée par la méthode de Honda-Owen (extrapolation à champ infini).
sièrement
proportionnelle
à la concentration enchrome de
l’alliage.
Ces courbes ne
peuvent
pas êtreanalysées
parune loi de Curie-Weiss sur tout l’intervalle de
tempé-
rature 4-300 K. Une
analyse
dans la zone 4-50 Kdonne toutefois des moments par atome de chrome de l’ordre de
0,9
pt, croissantlégèrement
avec lateneur en chrome. Notons que cette valeur diffère notablement de celle de l’ion
Cr+ + +.
D’autrepart,
si la mêmeanalyse
est maintenant conduite pour unintervalle de
température
50-100K,
on trouve unmoment inférieur au
précédent.
3.1.2 Zone 50-75
% de
vanadium. - Nous avonsmesuré la
susceptibilité
de trois échantillons dans cette zone. Ces mesures sontreportées
sur lafigure
2.On voit que pour des
températures supérieures
à30
K,
lesalliages
ont un comportementanalogue
à celui des
alliages
de la zoneprécédente
de concen-tration
supérieure
en vanadium. Lessusceptibilités présentent
un maximum pour unetempérature qui
croît avec la teneur en chrome. D’autre
part,
la valeur de lasusceptibilité
à T = 0 estapproximative-
ment
égale
aux deux tiers de la valeur du maximum.Cet ensemble de faits conduirait naturellement dans un autre cas à penser que la
température
dumaximum est une
température
de Néel etqu’on
adonc en dessous de cette
température
unephase
ordonnée
antiferromagnétique.
Mais dans ce cas,puisque
les moments sont sans douteportés
par lechrome et que l’on a un
alliage désordonné,
il sembledifficile de supposer que l’on a un ordre antiferro-
magnétique.
Néanmoins cetype
de variationpeut
êtreexpliqué
parl’apparition
d’unephase
du typeverre
magnétique,
c’est-à-dire unephase
où lesmoments sont
gelés,
mais sans ordre àgrande
dis-tance. Cela conduit en effet à une
susceptibilité qui
a
approximativement
le mêmecomportement
que celle d’un corpsantiferromagnétique [15].
Des mesures de diffraction de neutrons, effectuées à Grenoble par M. Nasr-Eddine sur un de nos échan-
FIG. 2. - Susceptibilité magnétique des nitrures V l-xCrxN,
x = 0,3 ; 0,4 et 0,5.
1005
tillons,
viennent àl’appui
de cette thèse dans la mesureoù il n’a pas été trouvé de raies
magnétiques [16].
Nous supposons donc que l’on a ici un
changement
de
phase
verremagnétique-paramagnétique.
Notonsque dans la
phase paramagnétique,
on nepeut
pasanalyser
lasusceptibilité
par une loi deÇurie-Weiss
sur tout l’intervalle de
température.
Uneanalyse
dansla zone 20-80 K donne des moments
magnétiques
par atome de chrome de l’ordre de 1 g, croissant
légèrement
avec la teneur en chrome et décroissantavec la
température.
3.1. 3 Chaleur
spécifique.
- Pourpréciser quelque
peu les
propriétés
des différentesphases
que nousavons mises en évidence par la mesure de
susceptibilité magnétique,
nous avons mesuré les chaleursspéci- fiques
d’un certain nombre d’échantillons.Rappelons
tout d’abord le résultat de la mesurede chaleur
spécifique
de VN effectuée par N. Pessall[4].
Quand
onanalyse classiquement
la chaleurspécifique
en
C,
=yT
+aT 3
au-dessus de latempérature
desupraconduction (?’
=8,5 K),
on trouveCela
correspond
à une densité d’états au niveau de Fermi de 4états/eV/atome
et à unetempérature
deDebye
de 395K, qui
semble anormalement basse si on la compare à celle de TiN(636 K, [4])
ou cellede CrN
(620 K,
cf.§ 3.2.2.1).
Nous avons effectué deux mesures de chaleur
spécifique,
du côté riche envanadium,
une dans lazone où les moments sur l’atome de chrome existent mais ne sont pas
ordonnés,
l’autre dans celle où les moments sont ordonnés. Lapremière
mesure a étéréalisée sur un échantillon à 85
%
de vanadium.Une mesure de
susceptibilité jusqu’à 2,5
K ne nousa montré aucun indice d’ordre
magnétique
et d’autrepart,
si onextrapole
la courbe destempératures
detransition
(Fig. 3)
on trouve que la transition àtempérature
nulle a lieu pour une concentration de vanadium inférieure à 80%.
Les résultats de cette mesure sont
reportés
sur lafigure
4. Nous n’avons malheureusement pas puFIG. 4. - Chaleur spécifique à basse température de
V o,8sCro,lsN.
mesurer cette chaleur
spécifique
pour destempératures
inférieures à4,5 K,
car la chaleurspécifique
de cetéchantillon est extrêmement
grande
et la conductibilitéthermique
extrêmement faible comme nous l’avonsdéjà dit,
à cause de l’étatmétallurgique
de notreéchantillon. Dans ces
conditions,
eneffet,
lestemps
deretour à
l’équilibre
sont trèsgrands
et la mesureperd
toute
précision.
Si on essaie de tirer de cette courbe unevaleur pour y on trouve environ 25
mJ/K2/mole,
d’autre
part
on voit que la courbes’analyse
assezmal de
façon classique.
Ce renforcement de chaleur
spécifique
avantl’appa-
rition d’une
phase
ordonnéemagnétique
se rencontresouvent. On
peut
notercependant
quel’explication classique qui
en est donnée(présence
de parama-gnons),
nes’applique guère
à notre caspuisque
nousavons un verre
magnétique
et non une vraiephase ordonnée,
deplus
les paramagnonsantiferromagné- tiques, qui
sont lesplus proches
de notre cas, ne donneraient pas de contribution à la chaleurspécifique
à cause de la
symétrie cubique
des nitrures[17].
Nous avons d’autre
part
mesuré la chaleurspéci- fique
de l’échantillon à 60%
de chrome. Nous verrons(§ 3.3)
que celui-ci estdiphasé
dans l’état normal.Il est
cependant possible
de le rendremonophasé
par
trempe.
C’est dans cet état que nous avons fait la mesure. Nous avons choisi cet échantillon carc’est celui
qui
a latempérature
de transition laplus
élevée
(30 K)
et onpeut espérer
dans ces conditionsque les contributions
magnétiques
à la chaleurspéci- fique
seront faiblesquand
on seplace
dans la zone2-10 K. Les résultats de cette mesure sont
reportés
FIG. 3. - Variation de la température de Néel TN avec la concen-
tration en chrome x des nitrures V1 -xCrxN. FIG. 5. - Chaleur spécifique à basse température de
Vo,4Cro,6N.
LE JOURNAL DE PHYSIQUE. - T. 34, N° 11-12, NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1973 66
sur la
figure
5. On voit que la chaleurspécifique s’analyse
bien enC,
=yT
+a T3
avecLa valeur de a est très élevée dans ce cas,
plus
dudouble de celle de
VN ;
elle conduirait à une valeur de latempérature
deDebye
de 295 K. Onpeut
donc penser que le terme enT3
est dû à la contribution normale desphonons
et à une contributionmagnétique importante.
Le résultat leplus
intéressant de cette mesure reste la valeur très élevée de yqui
dénoteun
comportement métallique
bientypé ;
il est toute-fois
possible
que le renforcement de chaleurspécifique
à
l’apparition
de laphase
ordonnée n’ait pas encorecomplètement disparu
pour cet échantillon.Pour cette
partie
dudiagramme
dephases
nousavons donc mis en évidence deux
phénomènes
inté-ressants. Tout d’abord à faible concentration de
chrome,
nous avons unephase métallique
avec desmoments désordonnés
portés
par lechrome, puis
cesmoments s’ordonnent à basse
température quand
laconcentration de chrome augmente et ce
phénomène
est
accompagné
d’un renforcement de chaleurspé- cifique important.
Avant d’étudier la zone
intermédiaire,
nous allonsexposer les résultats que nous avons obtenus pour le côté riche en chrome.
3.2 RÉGION PAUVRE EN VANADIUM
(0-15
3.2.1 1
Susceptibilité magnétique.
- On areporté
surla
figure
6 les résultats des mesures desusceptibilité magnétique
pour trois échantillons de cette zone.La
susceptibilité
de CrN a un saut de 50%
aupoint
deNéel,
sur unelargeur
dequelques degrés.
Cette transition est du
premier
ordre et adéjà
étéétudiée,
comme nous l’avonsindiqué
dans lapartie
1.Quand
la concentration de vanadiumcroît,
ratempérature
de Néel décroîtrapidement
et la transi-tion s’étale en
température.
Notons que ces échan- tillons nous ont été fournis par MM. Roubin et Pâris.Il semble que la
technique qu’ils emploient
conduiseà des échantillons relativement
plus hétérogènes
enFIG. 6. - Susceptibilité magnétique des nitrures V_,Cr, _xN riches
en chrome.
concentration que les nôtres.
Cependant
nous avonspu vérifier sur CrN que nos échantillons et les leurs étaient
identiques.
Dans la zone 0-15%
devanadium,
on trouve
toujours
le même ordremagnétique
quepour CrN
[16].
Il semble
probable
que le vanadium se comportecomme une
impureté
nonmagnétique
dans unematrice
magnétique.
Nous avons vu que CrN est isolant à toute
tempé-
rature. Dans ces
conditions,
il était tentant de mesurerla chaleur
spécifique
de CrN et desalliages
avec peude vanadium pour voir ce que devenait le
comporte-
ment isolant.
3.2.2 Mesures de chaleur
spécifique.
- 3 . 2. 2.1 1 CrN.- Pour le nitrure de chrome nous avons fait deux
mesures sur des échantillons différents. Une
première
sur un fritté et une seconde sur une
poudre.
Nouspouvons donc comparer ici les deux
techniques.
Cesrésultats sont
reportés
sur lafigure
7 et dans letableau II.
FIG. 7. - Chaleur spécifique à basse température de CrN
0 échantillon en poudre.
0 échantillon fritté.
TABLEAU II
Chaleur
spécifique
à bassetempérature
de CrN :valeur des
paramètres
y et aOn voit que les résultats sont très
proches.
Notonsque l’erreur vient essentiellement du fait que nous
connaissons mal les coefficients du cuivre de notre
porte-échantillon.
Ces résultats semblent en contradiction avec le fait que CrN est isolant. En
fait,
lapréparation
denos échantillons est assez délicate dans cette zone et il subsiste
toujours
uneproportion
d’environ 5%
de sous-nitrure
Cr2N (limite
de résolution auxrayons
X).
Nous avons mesuré la chaleurspécifique
1007
FIG. 8. - Chaleur spécifique à basse température du sous-nitrure
Cr2N.
de
Cr2N (Fig. 8).
On trouveet
On voit donc que 5
%
seulement deCr2N
dans unéchantillon de CrN donnerait une contribution à y de l’ordre de
0,5 mJ/K2/mole.
Les valeurs de y pour CrN sont donc en faitbeaucoup plus
faibles que ce que donnel’expérience. (La présence
de sous-nitrureest
beaucoup
moinsgênante
dans le cas des mesuresde
susceptibilité,
car lasusceptibilité
deCr2N
estinférieure à celle de CrN comme nous l’avons
vérifié ; x(CrN) =
300 x10-6 uem/mole
de Cr. Voiréga-
lement les références
[9]
et[18].)
La valeur de a(0,86
x10-2 mJ/K4/mole)
conduit à unetempé-
rature de
Debye
de 620 K nettementsupérieure
àcelle de VN comme on l’a dit
plus
haut.3.2.2.2 Echantillons à
6,25
et12,5 %
de vana-dium. - Les deux échantillons dont nous avons
mesuré la chaleur
spécifique
à bassetempérature
ont été
fabriqués
par MM. Roubin et Pâris. On trouvera sur lafigure
9 les résultats de cette mesurequi
donne :pour
6,25 %
de vanadium :FIG. 9. - Chaleur spécifique à basse température des nitrure
VxCrl _xN riches en chrome.
pour
12,5 %
de vanadium :On ne
peut ici,
comme pourCrN,
en conclure que le coefficient y du nitrureexempt
de sous-nitrure estnul,
car il faudrait pour celaqu’il
y ait environ 15%
de sous-nitrure dans nos échantillons. Ceci est
impos-
sible car une telle concentration se verrait aisément
sur des
diagrammes
de rayonsX,
cequi
n’est pas le cas. Enconséquence,
ces deuxexpériences
condui-sent à un coefficient y non nul et même
appréciable
dès
qu’une
faible concentration de vanadium existe dans CrN.Les résultats de ces différentes
expériences
laissentdonc à penser que le vanadium se
comporte
dans CrN comme uneimpureté
nonmagnétique
dansune matrice
magnétique.
Dans cesconditions,
onpeut
penserqu’une
continuitépeut
exister entre lapartie
riche en vanadium et lapartie
pauvre, laphase
verre
magnétique s’organisant progressivement
àgrande
distancejusqu’à
devenir unephase
antiferro-magnétique
dutype
de CrN. Il n’en est malheureuse- ment rien comme nous allons le voir dans lapartie
suivante consacrée à la zone intermédiaire.
3.3 ZONE
15-40 %
DE VANADIUM. - Nous avonsétudié en détail cette zone
qui présente
desphéno-
mènes de démixtion entre
phases
de concentrationsdifférentes,
d’unepart
pour la zone dont la concen-tration en vanadium est
comprise
entre 25 et 40%
et d’autre
part
pour la zonecomprise
entre 15 et 25%.
3.3.1 Zone
0,25
x ,0,40.
- Des mesures desusceptibilité
ont été effectuées sur trois échantillons dans cette zone(Fig. 10).
FIG. 10. - Susceptibilité magnétique des nitrures VxCr l-xN,
x = 0,30 ; 0,35 et 0,40.
Ces courbes
présentent
deuxmaxima,
lepremier
vers 25
K,
le second vers 70 K. Lepremier pic
est d’autant
plus important
que la concentration envanadium est
plus importante,
le secondlui,
estplus marqué quand
la concentration en chrome croît.Comme d’une
part
il est difficiled’imaginer
unetransition
apparaissant
brutalement au milieu dudiagramme
dephases
et d’autrepart,
comme lestempératures
de ces deuxpics
restentapproximative-
ment constantes sur l’intervalle de concentration
étudié,
on est conduit à penser à l’existence d’undiphasage
entre uncomposé
à 25%
de vanadiumet un
composé
à 45%
de vanadium. Dans notre cas, lestechniques classiques
pour vérifier notrehypothèse
ne sont pas utilisables. En effet comme nous l’avons vu, l’utilisation des rayons X n’est pas
possible
àcause de la faible différence de
paramètre
cristallinentre VN et
CrN,
d’autrepart
lamétallographie
estinutilisable
puisque
nous nedisposons
que depoudres
et enfin la résonance
magnétique
nucléaired’absorp-
tion ne donne pas de
résultats,
car lalargeur
de raieest
toujours
très forte(>
100G),
et d’autrepart
la concentration en noyauxactifs,
c’est-à-dire en vana-dium est relativement faible.
Nous avons pu
cependant
montrer l’existence dece
diphasage
entrempant
nos échantillons. Pour cela onplace
le nitrure dans un four à tube de silicedont
l’élément chauffantpeut
êtrerapidement
enlevé.L’échantillon est recuit à 900°C sous une
pression atmosphérique
d’azotependant quelques jours.
Lefour est alors
rapidement
retiré et on arrose le tubed’eau froide. La
trempe
de 900 OC à latempérature
ambiante s’effectue à des vitesses de l’ordre de 150°C par
seconde,
au moins au début.Nous avons
reporté
les mesures effectuées sur unmême
échantillon,
dans l’étattrempé
et dans l’étatnon
trempé
sur lesfigures
11 1 et 12 pour lescomposés
à 40 et 30
%
de vanadium.FIG. Il. - Susceptibilité magnétique de
Vo,4Cro,6N,
avant et après trempe.On voit sur la
figure
11 1 que pour l’échantillon à 40%
devanadium,
le secondpic,
vers 60K,
acomplè-
tement
disparu
alors que lepremier
estaugmenté.
Pour cet échantillon la
trempe
est donccomplète
eton obtient ainsi un corps
monophasé.
L’échantillon à 30%
de vanadium voit sonpremier pic augmenté
et son second
pic
diminué. Dans ce cas la trempe n’est pascomplète
mais laproportion
de chacunedes
phases
est modifiée.Nous pensons donc que les nitrures de cette zone sont instables et
qu’il
y a démixtion. Latempérature
de démixtion est inférieure à 900 °C pour le
composé
FIG. 12. - Susceptibilité magnétique de
VO,3Cro,7N,
avant et après trempe.à 40
%
de vanadium etlégèrement supérieure
à 900 Cpour le
composé
à 30%.
D’autrepart
unetrempe
effectuée sur un échantillon à 25%
ne modifie passa
susceptibilité.
Lediphasage,
entre unephase
deconcentration voisine de 25
%
et une autre de concen-tration voisine de 40
%,
surviendrait doncunique-
ment au cours du refroidissement pour les valeurs les
plus
élevées de la concentration nominale(x = 0,4)
et existerait au moins
partiellement
à latempérature
de traitement pour les concentrations nominales les
plus
faibles.3.3.2 Zone
0,15 ,
x x0,25.
- On voit sur lafigure
13 que lasusceptibilité magnétique
des échan-tillons de cette zone
comporte
deuxpics
successifsà des
températures approximativement
constantesFIG. 13. - Susceptibilité magnétique des nitrures