S´ EANCE DU 24 OCTOBRE
6. Groupe de Weyl et classification des syst`emes de racines (suite) Dans le paragraphe 5.3 (s´eances des 17 et 23 octobre), on a donn´e la liste des diagrammes de Dynkin, anticipant la fin de la classification des syst`emes de racines. Pour terminer cette classification, il reste `a voir les points suivants.
(1) Soit R un syst`eme de racines. Le diagramme de Dynkin D(R) (ainsi que le graphe de CoxeterC(R)) ne d´epend pas de la base de R choisie. Pour cela, on introduit le groupe de Weyl de R et l’on montre que toutes les bases de R sont conjugu´ees par W. Ceci est l’objet de cette section, dans laquelle on montre ´egalement que R est d´etermin´e, `a isomorphisme pr`es, par son diagramme de Dynkin.
(2) D’autre part, d’apr`es la classification des graphes admissibles obtenue en 5.2, les seuls diagrammes de Dynkin possibles sont ceux list´es en 5.3. Il reste donc `a montrer que chacun de ces diagrammes est effectivement le diagramme d’un syst`eme de racines R (n´ecessairement unique, d’apr`es (1) ci-dessus).
Plutˆot que de construire abstraitement les syst`emes de racines, on construira dans la section suivante les C-alg`ebres de Lie simples«classiques», dont les syst`emes de racines sont An, Bn, Cn, Dn, et l’on ´enoncera l’existence des cinq alg`ebres exceptionnelles de type E6,E7,E8, F4 et G2.
Pour plus de d´etails sur les syst`emes de racines, on renvoie au livre de Serre [Se, Ch. V, § §10–11 & 16] ou celui de Humphreys [Hu,§ §10–12], voir aussi [BL4-6, Planches I–IX].
6.1. Groupe de Weyl et conjugaison des bases. — Soit A(R) le groupe des automorphismes de R, c.-`a-d.,
A(R) ={g∈GL(V)|gR = R}.
(0)version du 27/10/06
Comme R engendre V, alors A(R) s’identifie `a un sous-groupe du groupe des permutations de R ; c’est donc un groupe fini. D’apr`es l’axiome (R2), on a sα∈A(R) pour toutα∈R.
Définition 6.1. — On appelle groupe de Weyl de R et on note W(R) ou simplement W, le sous-groupe de A(R) engendr´e par les r´eflexions sα, pour α∈R.
On fixe une base ∆ de R ; on note R+l’ensemble des racines qui sont somme d’´el´ements de ∆, et R− = −R+. Les ´el´ements de ∆ sont appel´es les racines simples, ceux de R+et R−les racinespositivesetn´egatives. Siαest une racine, on ´ecriraα >0 pour dire queα ∈R+, et de mˆemeα <0 pour dire queα∈R−. On pose
ρ= 1 2
X
β∈R+
β.
Lemme 6.2. — Soitα ∈∆. Alors :1)sα laisse stable R+\ {α}.
2)On a sα(ρ) =ρ−α, et donc (ρ, α∨) = 1.
D´emonstration. — 1) Soit γ ∈ R+ \ {α}. On a γ = P
β∈∆ mββ, avec les mβ ∈N, et commeγ 6=α, il existeβ 6=α tel quemβ >1. Comme
sα(γ) =γ−(γ, α∨),
le coefficient de β dans sα(γ) est inchang´e, donc ´egal `a mβ >1. Donc sα(γ) est une racine positive, distincte deα. Ceci prouve le point 1), et le point 2) en r´esulte.
On pose
C ={y∈Vr´eg |(y, α)>0, ∀α∈∆}.
On l’appelle lachambre de Weylassoci´ee `a ∆. Pour touty∈C, on a ∆(y) = ∆ (notation de 4.8). On rappelle que toute base de R est de la forme ∆(y), avec y∈Vr´eg.
Théorème 6.3(Les bases deRsont conjugées). — (1) Pour tout t ∈ Vr´eg, il existe w ∈ W tel que w(t) ∈ C. Donc W agit transitivement sur l’ensemble des bases de R.
(2) Pour tout α∈R, il existe w∈W tel quew(α)∈∆.
(3) W est engendr´e par les r´eflexions sα, α∈∆.
D´emonstration. — Soit W0 le sous-groupe de W engendr´e par les sα,α ∈∆.
Nous allons d’abord d´emontrer (1)–(2) pour W0, puis en d´eduire que W0 = W.
Soit t∈Vr´eg, et soit w∈W tel que (w(t), ρ) soit maximum (c’est possible puisque W est fini). Alors, pour tout α∈∆ on a
(w(t), ρ)>(sαw(t), ρ) = (w(t), sαρ) = (w(t), ρ)−(w(t), α).
On en d´eduit que (w(t), α) est> 0, et en fait >0 puisque w(t) est r´egulier.
Donc w(t)∈C. Alors, ∆(w(t)) = ∆, et l’on en d´eduit que
∆(t) =w−1∆ ={w−1(α)|α ∈∆}.
Ceci prouve (1).
Prouvons (2). Soitβ ∈R+, alorsβ =P
α∈∆nαα, avec lesnα ∈N. Montrons par r´ecurrence sur
X
α
nα, appel´e la hauteurde β,
qu’il existe w ∈ W0 tel que w0(β) ∈ ∆. D’abord, il existe α0 ∈ ∆ tel que (β, α∨0)>0, car sinon on aurait (β, β)60, impossible. Siβ =α0, c’est gagn´e ; sinon
sα0(β) =β−(β, α∨0)α0
est une racine positive de hauteur < `a celle de β, et donc par hypoth`ese de r´ecurrence il existe w0 ∈W0 tel quew0sα0(β)∈∆. L’assertion (2) en d´ecoule.
(3) Montrons que W0 = W. Par d´efinition, W est engendr´e par lessβ, pour β ∈R. Comme sβ =s−β, on peut se limiter `a β ∈R+. D’apr`es (2), il existe w ∈ W0 tel que w(β) = α ∈ ∆. Or, pour tout σ ∈ A(R), on voit facilement que
σsβσ−1=sσ(β).
Par cons´equent, sβ ´egale w−1sαw donc appartient `a W0. Il en r´esulte que W = W0. Le th´eor`eme est d´emontr´e.
Corollaire 6.4. — Le graphe de CoxeterC(R)et le diagramme de DynkinD(R) ne d´ependent que deR.
D´emonstration. — Soit ∆0 une autre base de R. D’apr`es le th´eor`eme pr´ec´e- dent, il existe w ∈ W tel que ∆0 = w(∆). Comme w pr´eserve le produit scalaire, on a
w(α∨) =w(α)∨ et (w(β), w(α)∨) = (β, α∨), ∀α, β∈∆.
Il en r´esulte que ∆ et ∆0d´efinissent les mˆemes graphe de Coxeter et diagramme de Dynkin.
6.2. Isomorphismes de syst`emes de racines. — Dans ce paragraphe, on va montrer qu’un syst`eme de racines R est enti`eremement d´etermin´e par son diagramme de Dynkin. Plus pr´ecis´ement, on a le th´eor`eme suivant.
Théorème 6.5. — Soit R0 un syst`eme de racines dans un espace euclidien V0, soit ∆0 une base de R0, et supposons donn´ee une bijection φ : ∆ → ∆0 telle que
(φ(α), φ(β)∨) = (α, β∨) ∀α, β ∈∆;
(c.-`a-d., φ est un isomorphisme entre les diagrammes de Dynkin).
Comme ∆, resp.∆0 est une base de V, resp.V0, alorsφ se prolonge en un isomorphisme lin´eaire V−→∼ V0, encore not´e φ. Alors
φ(R) = R0 et donc R et R0 sont isomorphes.
D´emonstration. — Soient α, β∈∆. Alors
(sφ(α)◦φ)(β) =sφ(α)(φ(β)) =φ(β)−(φ(β), φ(α)∨)φ(α), et
(φ◦sα)(β) =φ(β−(β, α∨)α) =φ(β)−(β, α∨)φ(α).
Comme (φ(β), φ(α)∨) = (β, α∨), ces deux expressions sont ´egales, et comme
∆ engendre V on en d´eduit que
sφ(α)=φ◦sα◦φ−1, ∀α∈∆.
Comme, d’apr`es 6.3, W (resp. W0) est engendr´e par lessα (resp.sφ(α)), pour α∈∆, il en r´esulte que l’application
w7→φ◦w◦φ−1
induit un isomorphisme W −→∼ W0. Enfin, comme R = W∆ et R0 = W0∆0, d’apr`es 6.3 `a nouveau, on en tire queφ(R) = R0. Ceci prouve le th´eor`eme.
6.3. Fin de la classification des syst`emes de racines. — Soit R un syst`eme de racines. On a vu que le diagramme de Dynkin D(R) est bien d´efini (c.-`a-d., ind´ependant du choix d’une base) et d´etermine R. D’autre part, on a la proposition suivante.
Proposition 6.6. — SoientRetR0 des syst`emes de racines dansVetV0. Alors RtR0 (r´eunion disjointe) est un syst`eme de racine dans la somme directe orthogonale
VL⊥ V0,
et son diagramme de Dynkin est la r´eunion disjointe de D(R) et D(R0).
D´emonstration. — On v´erifie facilement que RtR0 est un syst`eme de racines et que, si ∆, resp. ∆0 est une base de R, resp. R0, alors
∆t∆0 est une base de RtR0.
Comme (α, β) = 0 pour tout α ∈∆, β ∈ ∆0, il en r´esulte que le diagramme de Dynkin de RtR0 est la r´eunion disjointe de D(R) et D(R0).
Notation 6.7. — On dit que RtR0 est la somme directe de R et R0. Pour plus de d´etails, voir [BL4-6, VI.1.2 ] ou [Hu, 10.4 & 11.3].
Par cons´equent, pour terminer la classification des syst`emes de racines, il suffit de montrer que chacun des diagrammes connexes ´enum´er´es en 5.3 est effectivement le diagramme de Dynkin d’un syst`eme de racines.
Pour An, Bn, Cn, Dn, on va voir cela dans la section suivante. D’autre part, on a d´ej`a vu (s´eances du 17 et 23 octobre, 4.2) le syst`eme de racines G2 de rang 2. Avec les notations de 4.2, les racines suivantes
α= 1, β =√
3 exp(i5π/6) = −3 2 +i
√3 2 forment une base de G2. On a
(β, α∨) = 2(β, α) =−3,
et donc le diagramme de Dynkin associ´e est bien celui de type G2.
Enfin, pour les syst`emes de racines de type E6,E7,E8 et F4, on renvoie `a [BL4-6, Planches I–IX].
7. Classification des C-alg`ebres de Lie semi-simples
7.1. Le syst`eme de racines de g. — Soit g une C-alg`ebre de Lie semi- simple, et soit hune sous-alg`ebre de Cartan de g. On a vu (s´eances du 16 et 17 octobre, §3.6) que les poids non nuls de h dans g forment un syst`eme de racines R(g,h) dansh∗.
A isomorphisme pr`es, ce syst`eme de racines ne d´epend pas du choix de` h, d’apr`es la proposition suivante. Soit G le groupe des automorphismes d’alg`ebre de Lie de g; c’est un sous-groupe ferm´e de GL(g). On rappelle que toutes les sous-alg`ebres de Cartan degsont conjugu´ees par G (Thm. 2.26, s´eances du 9 et 10 octobre).
Proposition 7.1. — R(g,h) ne d´epend pas, `a isomorphisme pr`es, du choix de h. On dira que c’est le syst`eme de racines deg.
D´emonstration. — Soit h0 une autre sous-alg`ebre de Cartan de g. D’apr`es le th´eor`eme 2.26 (s´eances du 9 et 10 octobre), il existe un automorphisme g de g tel queg(h) =h0.
Soit α∈R(g,h) et soit x∈gα non nul. Alors, pour touth0 =g(h)∈h0 on a :
[h0, g(x)] =g([h, x]) =α(h)g(x) = (α◦tg−1)(h0)g(x).
Ceci montre que α◦tg−1 est un poids, non nul, deh0 dans g. On montre de mˆeme que, pour toutα0 ∈R(g,h0),α0◦tg est un poids non nul dehdansg. Il en r´esulte que l’isomorphisme lin´eaire
tg−1 :h∗−→∼ h0∗
applique bijectivement R := R(g,h) sur R0 := R(g,h0). Ceci montre que les syst`emes de racines R et R0 sont isomorphes (cf. 4.3).
7.2. Th´eor`eme d’existence et d’unicit´e. — Soient g une C-alg`ebre de Lie semi-simple, h une sous-alg`ebre de Cartan, R = R(g,h) le syst`eme de racines deg. Soit
∆ ={α1, . . . , αn}
une base de R. Pour i= 1, . . . , n, soitei 6= 0 dans gαi, et soit hi l’´el´ement de hcorrespondant `aα∨i, c.-`a-d., l’unique ´el´ementhi ∈htel que
αj(hi) = (αj, α∨i), ∀j= 1, . . . , n.
Enfin, soit fi l’unique ´el´ement de g−αi tel que [ei, fi] = hi (cf. 3.10). Alors, (h1, . . . , hn) est une base de h, et l’on a les relations suivantes, pour touti, j : (1) [hi, hj] = 0, [hi, ej] = (αj, α∨i)ej, [hi, fj] =−(αj, α∨i)fj,
(2) [ei, fj] =δi,jhi,
(3) (adei)−(αj,α∨i)+1(ej) = 0 = (adfi)−(αj,α∨i)+1(fj).
Théorème 7.2. — 1) g est isomorphe `a la C-alg`ebre de Lie d´efinie par 3n g´e- n´erateurs (hi, ei, fi)i=1,...,n soumis aux relations (1)–(3) ci-dessus. Par cons´e- quent, g est d´etermin´ee, `a isomorphisme pr`es, par son syst`eme de racines R.
2)R´eciproquement, soientRun syst`eme de racines arbitraire et∆une base de R. Alors la C-alg`ebre de Lie g d´efinie par 3n g´en´erateurs (hi, ei, fi)i=1,...,n soumis aux relations (1)–(3) est semi-simple ; les hi forment une base d’une sous-alg`ebre de Cartanh, et l’on aR(g,h) = R.
3)De plus, les id´eaux simples de gcorrespondent aux composantes connexes de D(R). Par cons´equent, lesC-alg`ebres de Lie simples sont en bijection avec les diagrammes de Dynkin connexes, `a savoir :
An, Bn, Cn, Dn, E6, E7, E8, F4, G2.
D´emonstration. — Pour la d´emonstration, on renvoie `a [Se, Chap. VI] ou [Hu,§18].
On va d´ecrire plus bas les C-alg`ebres de Lie simples «classiques», corres- pondant aux diagrammes de type A–D.
7.3. Type An−1 =sln(C). — Les matrices
Ei,j pouri6=j et Hi = Ei,i−Ei+1,i+1, pour i= 1, . . . , n−1 forment une base de g = sln; les secondes forment une base de h, la sous- alg`ebre des matrices diagonales desln. Introduisons aussibh, l’alg`ebre des ma- trices diagonales dansgln. Alors (E1,1, . . . ,En,n) est une base debh; soit
(bε1, . . . ,εbn)
la base duale, c.-`a-d., chaqueεbiest la forme lin´eaire qui associe `a toute matrice diagonale son i-`eme coefficient diagonal. Pour toutbh∈bhet tout i6=j, on a
[bh,Ei,j] = (bεi−bεj)(bh) Ei,j.
Notonsεi la restriction deεbi `ah. Alors, de la d´ecomposition
(1) g=hL M
i6=j
CEi,j
on d´eduit quehest une sous-alg`ebre de Cartan et que les racines sont les εi−εj, pour 16i6=j 6n.
On munit bh∗ du produit scalaire pour lequel (bε1, . . . ,εbn) est une base ortho- normale. Alors, pour touti6=j, la r´eflexion orthogonalesi,j associ´ee `a εbi−bεj
´echange εbi et εbj, et v´erifie si,j(εk) = εk pour k 6= i, j, et le groupe engendr´e est le groupe sym´etrique W = Sn, agissant par permutation desεbi.
Alors,h∗ s’identifie `a l’orthogonal deεb1+· · ·+εbn(qui est stable par W) et R ={εi−εj |i6=j}
est un syst`eme de racines dansh∗. Posons
αi =εi−εi+1 pour i= 1, . . . , n−1.
Alors ∆ ={α1, . . . , αn−1}est une base de R, pour laquelle les racines positives sont lesεi−εj, aveci < j. En effet, c’est une base deh∗, et pouri < j l’on a :
εi−εj = Xj−1
k=i
αk. Chaque β∈R est de norme √
2 , donc ´egale `a β∨, et pour i < j l’on a (αi, α∨j) = (αi, αj) =
(
−1 sij=i+ 1;
0 sinon.
Ceci montre que le diagramme de Dynkin associ´e est de type An−1.
Enfin, `a titre de v´erification, il y an(n−1)/2 racines positives, et (1) redonne bien la dimension connue :
dimg=n−1 + 2n(n−1)
2 = (n−1)(n+ 1) =n2−1,
7.4. TypesBetD: groupes orthogonaux. — Soitφune forme bilin´eaire sym´etriquenon d´eg´en´er´ee surCNet soit J sa matrice dans la base standard (e1, . . . , eN). Alors, pour
X = XN
i=1
xiei, Y = XN
i=1
xiei, on a, en notation matricielle,
φ(X,Y) =tXJY et φ(AX,AY) =tX (tAJA) Y
pour tout A ∈ GLN(C). Alors le groupe orthogonal de φ, form´e des A ∈ GLN(C) qui pr´eserventφ, est ´egal `a :
(∗) O(φ) ={A∈GLN(C)|tAJA = J}.
Comme dans la s´eance du 2 octobre, th´eor`eme 7.39 (qui ´etait le cas particulier o`u J = id), on montre que l’alg`ebre de Lie de O(φ) est
(∗∗) so(φ) =so(J) ={A∈Mn(C)|tAJ + JA = 0}.
Comme J est sym´etrique, ceci ´equivaut `a dire que la matrice JA est antisy- m´etrique, et comme J est inversible on obtient que so(φ) = J−1ASN(C), o`u ASN(C) d´esigne le sous-espace des matrices antisym´etriques. Donc
(∗∗∗). dimso(φ) = N(N−1)
2 .
De plus, les ´egalit´es A =−J−1(tA)J et Tr(tA) = Tr(A) entraˆınent que
∀A∈so(φ), Tr(A) = 0, et donc so(φ)⊆slN(C),
ce qui justifie la notation so(φ). Enfin, comme C est alg´ebriquement clos, toutes les formes bilin´eaires sym´etriques non d´eg´en´er´ees sont ´equivalentes. Les alg`ebres de Lie so(φ) obtenues sont donc toutes isomorphes, et par abus de notation l’on d´esignera par
soN=soN(C)
l’une quelconque d’entre elles, correspondant `a un J arbitrairement choisi.
On pourrait prendre
J = id, qui correspond `a φ(X,Y) = XN
i=1
XiYi,
c.-`a-d., `a la forme quadratique Q(X) = φ(X,X) = PN
i=1X2i. Mais il est plus commode de prendre pour J la matrice ayant des 1 sur la 2`eme diagonale et des 0 partout ailleurs, c.-`a-d.,
J :=
0· · · 0 1 0· · · 1 0 ... ... 1 0 · · ·0
.
Alors J−1= J et pour tout A∈GL(2n,C), l’on a :
(†) JtA J est la«sym´etrique de A par rapport `a la 2`eme diagonale».
Ecrivons N = 2n´ ou 2n+1, selon la parit´e de N. (Explicitement,nest le plus petit entier > (N−1)/2.) Il est commode d’introduire la notation suivante.
On pose, pour tout entier i6n:
i= N + 1−i.
Avec cette notation, la base standard deCN est not´ee : (e1, . . . , en, en, . . . , e1) si N = 2n;
(e1, . . . , en, en+1, en, . . . , e1) si N = 2n+ 1.
Posons g = soN et soit h la sous-alg`ebre des matrices diagonales dans g. On d´eduit de (†) que les matrices :
(1) Hi= Ei,i−Ei, i, i= 1, . . . , n;
forment une base deh. Notons
(ε1, . . . , εn) la base duale deh∗, c.-`a-d.,
(?) ∀h=
Xn
i=1
xiHi ∈h, εi(h) =xi.
De plus, on d´eduit de (†) que, avec les Hi, les matrices suivantes forment une base deg :
(2)
½ Xεi−εj := Ei,j−Ej, i,
Y−(εi−εj):= Ej,i−Ei, j, 16i < j 6n;
(3)
½ Xεi+εj := Ei, j−Ej, i,
Y−(εi+εj):= Ej, i−Ei, j, 16i < j 6n;
(4) et, si N = 2n+ 1,
½ Xεi := Ei,n+1−En+1, i,
Y−εi := En+1,i−Ei, n+1, i= 1, . . . , n.
On v´erifie que chaque Xα, resp. Y−α, est de poidsα, resp.−α, par exemple : [h,Ei,j−Ej, i] = (xi−xj)Ei,j+ (xj −xi)Ej, i= (xi−xj)
³
Ei,j−Ej, i
´ . D´esignant parn+, resp.n−, le sous-espace des matrices A∈g qui sont trian- gulaires sup´erieures (resp. inf´erieures) avec des 0 sur la diagonale, on obtient que les Xα, resp. les Y−α, forment une base de n+, resp.n−, et que cette d´e- composition
R = R+tR− correspond au choix de la base de R suivante.
7.4.1. Cas de so2n(C). — Dans ce cas, on pose
αi =εi−εi+1 pour i= 1, . . . , n−1;
αn=εn−1+εn.
Alors, ∆ = {α1, . . . , αn} est une base de R ; les racines positives correspon- dantes sont les :
εi−εj =Pj−1
k=iαk, pour 16i < j6n;
εi+εn=αn+Pn−2
k=i αk, pour 16i6n−1;
εi+εj =αn+αn−1+ 2Pn−2
k=j αk+Pj−1
k=iαk, pour 16i < j6n−1.
Comme en type A, chaqueβ ∈R est de norme√
2 , donc ´egale `aβ∨, et pour i < j l’on a
(αi, α∨j) = (αi, αj) = (
−1 sij=i+ 1 ou sij=n eti=n−2;
0 sinon.
Ceci montre que le diagramme de Dynkin associ´e est de type Dn.
Enfin, `a titre de v´erification, il y a n(n−1) racines positives, et la base donn´ee par (1)–(3) redonne bien la dimension d´ej`a calcul´ee :
dimg=n+ 2n(n−1) =n(2n−1) = 2n(2n−1)
2 .
7.4.2. Cas de so2n+1(C). — Dans ce cas, on pose
αi =εi−εi+1 pour i= 1, . . . , n−1;
αn=εn.
Alors, ∆ = {α1, . . . , αn} est une base de R ; les racines positives correspon- dantes sont les :
εi−εj =Pj−1
k=iαk, pour 16i < j 6n;
εi =Pn
k=iαk, pour 16i6n;
εi+εj =Pj−1
k=iαk+ 2Pn
k=jαk, pour 16i < j 6n.
Cette fois, chaque racine β =εi±εj est de norme√
2 , donc ´egale `a β∨; par contre, pour α=εi on a α∨ = 2α. Il en r´esulte que l’on a, pouri < j :
(αi, α∨j) =
−2 sij =neti=j−1;
−1 sij < n eti=j−1;
0 sinon.
Ceci montre que le diagramme de Dynkin associ´e est de type Bn.
Enfin, `a titre de v´erification, il y a n(n−1) +n=n2 racines positives, et la base donn´ee par (1)–(4) redonne bien la dimension d´ej`a calcul´ee :
dimg=n+ 2n2 =n(2n+ 1) = (2n+ 1)2n
2 .
7.5. Type C : groupes symplectiques. — Soit φ une forme bilin´eaire antisym´etrique non d´eg´en´er´ee sur CN. Alors, n´ecessairement, N = 2n et, comme toutes les formes symplectiques sont ´equivalentes, on peut supposer que la matrice de φdans la base (e1, . . . , e2n) est
J =
µ0−S S 0
¶ ,
o`u S ∈ GLn(C) est la matrice ayant des 1 sur la 2`eme diagonale et des 0 partout ailleurs. C.-`a-d., pour i= 1, . . . , n, posanti= 2n+ 1−i, on a :
φ(ei, ei) = 1 =−φ(ei, ei)
etφ(ei, ej) = 0 sij6=i. Alors le groupe symplectique, form´e des A∈GL2n(C) qui pr´eservent φ, est ´egal `a :
(∗) SP(2n) ={A∈GL2n(C)|tAJA = J}.
Comme pour les groupes orthogonaux, on montre que son alg`ebre de Lie est (∗∗) sp2n={a∈M2n(C)|taJ + Ja= 0}.
Comme J est antisym´etrique, ceci ´equivaut `a dire que la matrice Ja est sy- m´etrique, et comme J est inversible on obtient que sp2n = J−1Sym2n(C), o`u Sym2n(C) d´esigne le sous-espace des matrices sym´etriques. Donc
(∗∗∗) dimsp2n=n(2n+ 1).
De plus, les ´egalit´esa=−J−1(ta)J et Tr(ta) = Tr(a) entraˆınent que
∀a∈sp2n, Tr(a) = 0, et donc sp2n⊆sl2n, ce qui justifie la notationsp2n.
Ecrivant´ a = µA B
C D
¶
, o`u A,B,C,D ∈ Mn(C), on voit que la condition
taJ + Ja= 0 est ´equivalente aux conditions suivantes :
(‡) D =−StAS, B = StBS, C = StCS.
Donc A est arbitraire et, d’apr`es (†) vu dans le cas orthogonal, B et C sont sym´etriques par rapport `a la 2`eme diagonale et−D est le sym´etrique de A par rapport `a la 2`eme diagonale.
Soit h la sous-alg`ebre des matrices diagonales dans sp2n. On d´eduit de (‡) que les matrices :
(1) Hi= Ei,i−Ei, i, i= 1, . . . , n;
forment une base deh. Notons
(ε1, . . . , εn) la base duale deh∗, c.-`a-d.,
(?) ∀h=
Xn
i=1
xiHi ∈h, εi(h) =xi.
De plus, on d´eduit de (‡) que, avec les Hi, les matrices suivantes forment une base deg :
(2)
½ Xεi−εj := Ei,j−Ej, i,
Y−(εi−εj):= Ej,i−Ei, j, 16i < j 6n;
(3)
½ Xεi+εj := Ei, j+ Ej, i,
Y−(εi+εj):= Ej, i+ Ei, j, 16i < j 6n;
(4)
½ X2εi := Ei, i,
Y−2εi := Ei, i, i= 1, . . . , n.
On v´erifie que chaque Xα, resp. Y−α, est de poids α, resp.−α. D´esignant par n+, resp.n−, le sous-espace des matrices A ∈sp2n qui sont triangulaires sup´erieures (resp. inf´erieures) avec des 0 sur la diagonale, on obtient que les Xα, resp. les Y−α, forment une base den+, resp.n−, et que cette d´ecomposition
R = R+tR−
correspond au choix de la base de R suivante. Posons αi =εi−εi+1 pour i= 1, . . . , n−1;
αn= 2εn.
Alors, ∆ = {α1, . . . , αn} est une base de R ; les racines positives correspon- dantes sont les :
εi−εj =Pj−1
k=iαk, pour 16i < j 6n;
2εi =αn+ 2Pn−1
k=i αk, pour 16i6n;
εi+εj =αn+ 2Pn−1
k=j αk+Pj−1
k=iαk, pour 16i < j 6n.
Chaque racine β=εi±εj est de norme√
2 , donc ´egale `a la coracineβ∨; par contre, pour α= 2εi on a α∨ =α/2. Il en r´esulte que l’on a, pour i < j :
(αj, α∨i ) =
−2 sij=neti=j−1;
−1 sij < n eti=j−1;
0 sinon.
Ceci montre que le diagramme de Dynkin associ´e est de type Cn.
Enfin, `a titre de v´erification, il y a n(n−1) +n=n2 racines positives, et la base donn´ee par (1)–(4) redonne bien la dimension d´ej`a calcul´ee :
dimsp2n=n+ 2n2 =n(2n+ 1).
S´eance du 18/9 . . . 1
1. Groupes topologiques . . . 1
2. Interlude sur les repr´esentations de groupes finis . . . 3
3. Mesure de Haar sur un groupe compact . . . 5
3.1. Repr´esentations r´eguli`eres gauche et droite . . . 5
3.2. Int´egration invariante . . . 6
3.3. Th´eor`eme du point fixe de Kakutani . . . 6
S´eance du 19/9 . . . 9
3. Mesure de Haar sur un groupe compact (suite) . . . 9
3.4. Mesures de Radon . . . 11
3.5. Mesure de Haar sur un groupe compact . . . 12
4. Repr´esentations unitaires et th´eor`eme de Peter-Weyl . . . 16
4.1. Repr´esentations continues . . . 16
4.2. Repr´esentations unitaires . . . 17
4.3. Op´erateurs compacts . . . 18
4.4. Op´erateurs `a noyaux . . . 19
S´eance du 25/9 . . . 21
5. L’alg`ebre des «fonctions repr´esentatives» . . . 21
5.1. Coefficients matriciels . . . 21
5.2. Fonctions repr´esentatives . . . 23
5.3. Cas des groupes compacts . . . 24
5.4. Schur, Burnside et produits tensoriels . . . 25
5.5. R´esultats sur les modules semi-simples . . . 26
5.6. Appendice : preuve du th´eor`eme de Burnside . . . 28
4. Th´eor`eme de Peter-Weyl (suite) . . . 29
4.4. Op´erateurs `a noyaux . . . 29
S´eance du 26/9 . . . 35
4.5. Une cons´equence du th´eor`eme de Peter-Weyl . . . 35
6. Sous-groupes ferm´es de GLn(R) . . . 36
6.1. Alg`ebres de Lie . . . 36
6.2. Propri´et´es de l’exponentielle . . . 36
6.3. L’alg`ebre de Lie d’un sous-groupe ferm´e de GLn(R) . . . 39
6.4. Composante connexe d’un groupe topologique . . . 40
7. Groupes de Lie . . . 42
7.1. Vari´et´es diff´erentiables . . . 42
S´eance du 2 octobre . . . 45
7. Groupes de Lie (suite) . . . 45
7.1. Vari´et´es diff´erentiables (suite) . . . 45
7.2. «Rappels»de calcul diff´erentiel . . . 47
7.3. Espace tangent en un point `a une sous-vari´et´e deRN . . . 50
7.4. Sous-vari´et´es d´efinies par des ´equations de rang constant . . . 52
S´eance du 3 octobre . . . 55
7. Groupes de Lie (suite) . . . 55
7.5. D´erivations et champs de vecteurs . . . 55
7.6. Alg`ebre de Lie d’un groupe de Lie . . . 63
7.7. Retour aux sous-groupes ferm´es de GLn(R) . . . 65
7.8. Morphismes de groupes et d’alg`ebres de Lie . . . 69
7.9. Repr´esentations . . . 73
Partie II : Alg`ebres de Lie S´eances du 9 et 10 octobre . . . 75
1. Alg`ebres de Lie : d´efinitions et premi`eres propri´et´es . . . 75
1.1. Alg`ebres de Lie, id´eaux, modules . . . 75
1.2. Alg`ebres de Lie r´esolubles ou nilpotentes . . . 80
1.3. Formes invariantes et forme de Killing . . . 82
1.4. Th´eor`eme d’Engel et applications . . . 85
2. Th´eor`eme de Lie et crit`ere de Cartan . . . 87
2.1. Th´eor`eme de Lie et cons´equences . . . 87
2.2. Poids des alg`ebres de Lie nilpotentes . . . 90
2.3. Sous-alg`ebres de Cartan . . . 93
2.4. Crit`ere de Cartan . . . 97
Partie II : Alg`ebres de Lie S´eances du 16 et 17 octobre . . . 99
3. Racines d’uneC-alg`ebre de Lie semi-simple . . . 99
3.1. Racines dehdansg . . . 99
3.2. Alg`ebre enveloppante d’unek-alg`ebre de Lie . . . 102
3.3. Repr´esentations de sl2(C) . . . 104
3.4. Retour `a la preuve du th´eor`eme d’int´egralit´e . . . 105
3.5. Passage `a unR-espace euclidien . . . 106
3.6. Le syst`eme de racines R⊂h∗R . . . 107
Partie II : Alg`ebres de Lie S´eances du 17 et 23 octobre . . . 109
3. Racines d’uneC-alg`ebre de Lie semi-simple (suite) . . . 109
3.7. Le cas desl2(C) . . . 109
4. Syst`emes de racines . . . 109
4.1. D´efinitions . . . 109
4.2. Syst`emes de racines de rang 2 . . . 110
4.3. Bases d’un syst`eme de racines . . . 113
4.4. Matrices de Cartan, graphes de Coxeter, diagrammes de Dynkin 115 5. Classification des graphes admissibles . . . 116
5.1. Premi`eres r´eductions . . . 116
5.2. Fin de la classification des graphes admissibles . . . 118
5.3. Classification des diagrammes de Dynkin connexes . . . 121
6. Groupe de Weyl et classification des syst`emes de racines . . . 122
Partie II : Alg`ebres de Lie S´eance du 24 octobre . . . 125
6. Groupe de Weyl et classification des syst`emes de racines (suite) . . . 125
6.1. Groupe de Weyl et conjugaison des bases . . . 125
6.2. Isomorphismes de syst`emes de racines . . . 128
6.3. Fin de la classification des syst`emes de racines . . . 128
7. Classification des C-alg`ebres de Lie semi-simples . . . 129
7.1. Le syst`eme de racines deg . . . 129
7.2. Th´eor`eme d’existence et d’unicit´e . . . 130
7.3. Type An−1 =sln(C) . . . 131
7.4. Types B et D : groupes orthogonaux . . . 132
7.5. Type C : groupes symplectiques . . . 135
Bibliographie . . . i
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