A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
H. A NDOYER
Sur quelques inégalités de la longitude de la lune
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 1resérie, tome 6, no3 (1892), p. J1-J33
<http://www.numdam.org/item?id=AFST_1892_1_6_3_J1_0>
© Université Paul Sabatier, 1892, tous droits réservés.
L’accès aux archives de la revue « Annales de la faculté des sciences de Toulouse » (http://picard.ups-tlse.fr/~annales/) implique l’accord avec les conditions générales d’utilisa- tion (http://www.numdam.org/conditions). Toute utilisation commerciale ou impression sys- tématique est constitutive d’une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fi- chier doit contenir la présente mention de copyright.
Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques
http://www.numdam.org/
J.I SUR
QUELQUES
INÉGALITÉS DE LA LONGITUDE DE LA LUNE,
PAR M. H.
ANDOYER,
Maître de Conférences à la Faculté des Sciences de Toulouse.
i. Amené par des considérations
théoriques
à étudier les sériesqui représentent
les coefficients desprincipales inégalités
de lalongitude
de laLune, j e
n’ai pas tardé à reconnaître que les résultatsque je
trouvais ces-saient de concorder avec ceux donnés par
Delaunay,
àpartir
du huitièmeordre inclusivement. Les coefficients sur
lesquels porte
le désaccord résul-tent donc
uniquement,
dans l’oeuvre deDelaunay,
duChapitre
X de saThéorie du mouvement de la
Lune,
intitulé : Recherchessupplémentaires
sur la
longitude
de laLune;
c’est dans ceChapitre seul,
eneffet,
que sont calculés les termes dont l’ordre estsupérieur
auseptième.
En
conséquence, je
me proposesimplement,
dans ceMémoire,
de pu- blier les résultatsque j’ai
obtenus encalculant,
avec la mêmeapproximation
que
Delaunay,
les coefficients desinégalités
de lalongitude
de la Lunequi
ne
dépendent
que durapport
des moyens mouvements du Soleil et de laLune,
ainsi que de lapremière puissance
de l’excentricité de laLune; je
donne
aussi,
dans les mêmesconditions,
lapartie
du mouvement dupé- rigée
lunairequi
nedépend
que durapport
des moyens mouvements du Soleil et de la Lune.Ces résultats ont été obtenus concordants par
l’emploi
de deux méthodes absolumentdistinctes,
cequi
donne toute lagarantie
désirable pour leur, exactitude.
J ’exposerai
successivement cesdeux méthodes,
dont lapremière
m’est propre, et dont la seconde est
empruntée,
avec des modifications de nulleimportance,
au beau Mémoire : : Researches in the lunartheory,
publié
par M. G.-W.Hill,
au tome I de l’American Journalof Mathematics.
Je
dois, d’ailleurs,
adresser ici mes vifs remerciements à Saint-Blancat,
de l’Observatoire deToulouse, qui
a bien voulu m’aider à déter- miner exactement l’un des nombres lesplus pénibles
à obtenir.2. Le
problème que j c
nie propose de résoudrepeut
être énoncé ainsi :Étudier
le mouvement de la Lune sous l’action de la Terre et da Soleilseuls,
ensupposant
en outre : t° que l’onnéglige
les dimensions cLc ces trois corps; 2° que la masse M de la Lune est absolumentnéblr;- geable,
ct que celle de laTerre, M0,
estnégligeable
encomparaison
decelle du
Soleil, M’;
3° que le Soleil d’un mouvem,entuniforme,
une
circonférence
autour de la4°
que le mouvement de la Lunes’effectue
dans leplan
de cettecirconférence;
5°enfin,
que lerapport
des dimensions des orbites de la Lune et du Soleil.Dans ces
conditions,
soit choisi commeplan
du mouvement leplan
des xy, les axes de coordonnées
ayant
des directions fixes etl’oribine
0étant la Terre. Soient 1 et v le rayon vecteur et la
longitude
de laLune ;
a’ le rayon vecteur constant du Soleil et N’ = l2’t +
v~
salongitude,
n’ etv~
étant des constantes, treprésentant
letemps;
soit enfinf
le coefficient d’attraction. La fonction des forces dontdépend
le mouvement étudié estalors,
enposant
H ~ v -N’,
Or
f ~~Z’----
Ja’2 a’~ en vertu deshypothèses faites; j’appelle
~a le moyenmouvement de la
Lune, et je
détermine a par la conditionl’expression
de la fonction des forcesdeviendra,
en ne conservant que lestermes
qui
contiennent les coordonnées de la Lune etqui
sontindépendants
du
rapport ’-,,
Les
équations
du mouvement sontdonc,
enemployant
la forme de La-grangc, et
représentant
les dérivées à l’aided’accents,
Je vais éliminer r entre ces deux
équations,
etj’obtiendrai
ainsil’équa-
tion différentielle
qui
détermine la seulelongitude.
Différentiant la seconde
équation,
il vientEntre ces trois
équations, ’’élimine
nr’,
r" en considérant n2a3 comme uneconstante; on obtient aisément
Je
prends
les dérivéeslogarithmiques, et je
remarque que, en vertu de la seconde deséquations
du mouvement, on a _1 se trouve alors
complètement éliminé,
et l’on obtient finalementl’équa-
tion suivante ne contenant
plus
que lalongitude
et ses dérivées3. Conformément à la méthode
générale
quej’ai exposée
dans monmoire Sur les
formules générales
de laMécanique céleste, publié
aut. IV des Annales de la Faculté des Sciences de
Toulouse, je
vaisintégrer
cette
équation
par la méthode des coefficients indéterminés de lafaçon
sui-vante.
Soit N = nt + vo étant une constante
arbitraire,
Il le moyen mouve-ment de la Lune
qui joue
aussi le rôle de constante arbitraired’intégration ;
je
fais K =N - N’,
et soit G un argument, déterminé par la suite desopérations mêmes,
de la formegt
+ U1, U1 étant une constantearbitraire,
~ un coefficient convenablement déterminé. On pourra alors poser
~ === N +
À, À
étant une série de la forme suivanteoù j e supposerai
que pet q
peuventprendre
toutes les valeurs entières pos- sibles(les
valeursde p
étant d’ailleurs nécessairementpaires, puisque
lesmultiples pairs
de Hfigurent
seuls dansl’équation),
et où l’on aura, enoutre, pour la
symétrie
et la commodité descalculs,
Ces coefficients
Àp,q
seront fournis parl’application
de la méthode descoefficients
indéterminés,
ainsique je
vais le faire voir. Ilsdépendront
d’ailleurs d’une constante arbitraire nouvelle
(correspondant
à l’excentri-cité ),
etque je prendrai égale
au coefficient desin G ; appelant E
cetteconstante, on aura donc = E. Alors chacun des autres coefficients
est de la forme
les
’~~;;q
étant eux-mêmes des séries ordonnées suivant lespuissances
durapport
m des moyens mouvements du Soleil et de la Lune.De
même,
laquantité g
est de la formeles ~i étant des séries
analogues
aux~ p’q.
J’ajoute
d’ailleursqu’en
disant que les formulesqui
sont ainsi fournies vérifient leséquations
dumouvement, j’entends simplement
que le calculpeut
êtrepoussé
assez loin pour que,après
substitution de ces formules dans leséquations,
les résidus soient d’un ordre aussi élevéqu’on
voudrapar
rapport
auxquantités’
m et E,considérées
commepetites
dupremier
ordre. ’
Comme je
l’ai ditplus haut, je
me proposesimplement
ici de calculeravec la même
approximation
queDelaunay
go, les’~~,~
et les4.
L’équation
dontdépend ~
est aisée à former.Remplaçant
v par N + À et, parsuite,
H par K + À dansl’équation qui
donne v, ilviendra,
en dé-veloppant
le tout parrapport
auxpuissances
de 03BB et de sesdérivées,
,
5. Je
remplace maintenant
dans cetteéquation, À
par savaleur,
queje supposerai écrite,
pourplus
desimplicité,
sous la forme"LÀp sinVp; puis je développe
le résultat de la substitution suivant les sinus des argumentsLe coefficient de
sinVp (V p
étant un argumentquelconque)
doit êtreégalé
àzéro,
cequi
donnel’équation générale
écriteci-dessous,
propre à déterminer parapproximations
successives chacun des coefficientsÀp.
Dans cette
équation,
on adésigné
parkpn
le coefficient dutemps
dansl’argument Vp,
defaçon
que lerapport ’2
r
= ni des moyens mouvements du Soleil et de la Lune
figure
seul à laplace
de n et En outre, lepremier
membre se compose deplusieurs parties
dont les unes ne corres-pondent qu’à
certaines valeursindiquées
deV~,
et dont les autres sont lessommes des termes
correspondant
à toutes lespermutations
distinctes pos- siblesd’arguments V P1’
... vérifiant des conditionsindiquées.
L’équation
s’écrit alors sous la formesuivante,
claire d’elle-même en vertu desexplications qui précédent,
6. Un coup
d’0153il jeté
sur cetteéquation
montre tout de suite que03BB(0)p,0
estpar rapport à Ill, et que
~p,~
estd’ordre p
parrapport
à nisi p
est
positif
rsi p
estnégatif.
Appliquant
alorsl’équation précédente
et utilisant la remarquequi pré-
cède,
on obtient immédiatement les formulesqui
sont écrites ci-dessous pour déterminer lesquantités que j’ai
en vue avecl’approximation que j’ai déjà indiquée
etqui
est celle deDelaunay.
Dans ces
formules,
les termes utiles sont seulsécrits ; j’indique
en mêmetemps jusqu’à quel
ordre inclusivement ellespermettent
de calculer les inconnues sansqu’il
soit nécessaire de lescompléter; d’ailleurs,
dans lesrésultats, je
n’ai pastoujours
atteint cetordre, puisque je
m’en tiens àl’approximation
deDelaunay.
On a
ainsi,
enposant [-L
= i - ni poursimplifier l’écriture,
neuvième ordre :
’~~°ô jusqu’au
onzième ordre :neuvième ordre :
g0 jusqu’au
dixième ordre(en
faisantVp =
G etremarquant
que03BB(0)0,1
=o) :
~2~’ ~ jusqu’au
huitième ordre :huitième ordre :
~‘,°’ ~ j usqu’au septième
ordre :?,~;"’~ jusqu’au
sixième ordre :~s~±, jusqu’au
huitième ordre( deux
formules sont ainsi réunies en uneseule) :
7. La résolution de ces
équations
par la méthode desapproximations
successives fournit aisément les valeurs des inconnues
développées
suivantles
puissances
de rra. On trouveraplus
loin ces valeursqu’il
est inutile detranscrire ici : elles sont, en
effet, identiques
à celles que fournit la deuxième méthodeque j’ai employée
et queje
vais exposer maintenant. Commeje
l’ai
déjà dit, d’ailleurs,
cette méthoden’est ’que
ledéveloppement
de celledonnée par M. Hill dans son Mémoire : Researches in the lunar
theory (American
Journalo f Mathematics,
t.I). Toutefois,
pourplus
declarté, je
vais enreprendre l’exposition
dès le début et sous une forme unpeu
différente, qui
mepermettra d’appliquer
aisément lesprocédés
de réso-lution
qui
m’ontdéjà
servi.Le
problème
à résoudre est le même queprécédemment.
Jeprends
leséquations
du mouvement sous leur forme habituelle(voir
monMémoire,
déjà cité )
où,
comme on l’adéjà
vu, et engardant
toutes les notationsdéjà employées,
J’élimine , f entre
ces deuxéquations;
ilvient,
enreprésentant
les dérivées à l’aided’accents,
Comme les coordonnées du Soleil ne
figurent
dans R que parN~
à causede H = ~ -
N’
on aD’ailleurs,
on atoujours l’équation employée
antérieurementde sorte que celle
déjà
obtenuepeut
s’écrire finalement sous la formeCe sont ces deux dernières
équations
queje
vais utiliser.Je fais
toujours remplace
r et v parde sorte que les nouvelles inconnues sont les coordonnées
rectangulaires
dela Lune dans son mouvement relatif par
rapport à
des axesmobiles,
étant la
position
moyenne du rayon vecteur de la Lune.Les
équations
deviennent alors8. On
peut développer
xet y
commej’ai développé 03BB
dans laprcnnere méthode ; je
pose doncles
Vp
étant les mêmes arguments queprécédemment ( o exclue
et la sy- métrie des séries étanttoujours supposée
conservée. Le terme constant, a, dans .r est une constante arbitrairequi
s’introduit commeconséquence
dela méthode
employée :
on la déterminerait aisément en revenant auxéqua-
tions
primitives. D’ailleurs,
il y a une autre constante arbitraire véritable(correspondant
àl’exccntricité) que j’appellerai
q et queje prendrai égale
au coefficient de sin G dans
y~ ~
de sorte == vj.Alors les coefficients .xp,~, seront de la forme
,~’~;’,~,
étantanalogues
aux~~,;q.
Demême, g
sera de la formeles g’(i) étant
analogues
aux b~i; ~ ~o~doit, d’ailleurs,
coïncider avec g’o, desorte que
j’écrirai simplement go partout.
Je substitue maintenant ces valeurs dans les deux
équations;
le résultatse
développe,
pour lapremière,
suivant les sinus des argumentsVp
et, pourla
deuxième,
suivant les cosinus des mêmesangles. J’égale
alors à zéro lescoefficients de
sinVp
etcos V p
dans ces deux résultats de substitution(la
valeur o de
Vp
étantexclue), et j’obtiens
les deuxéquations suivantes,
que l’oncomprendra
comme cellequi donne Àp
.Dans ces
équations, V Pt
etV P2 peuvent prendre
la valeur o : il estclair,
d’ailleurs
que, siV PI
= o, on doit faire = i, yp, = o.Dans la
première ligne
de chacune de ceséquations, je
mets en évidenceles termes
qui proviennent
de lacombinaison = y, ; puis, entre les
équations
ainsiécrites, j’élimine
x P inis enévidence : j’obtiens l’équation
snivante propre à déterminer y~,
Quant
aje reprendrai,
pour ledéterminer,
lapremière
des deuxéquations
obtenuesplus
hau.t en l’écrivant sous la formeTelles sont les deux
équations
fondamentales queje
vaisappliquer;
onvoit, d’ailleurs,
avecquelle
facilité le calcul relatif à x p pourra être achevéquand
on aura fait celuiqui
donne yp, les mémesquantités
sereproduisant
dans les deux
équations.
9. Si maintenant on remarque que
on obtient aisément la relation suivante pour déterminer
À
Cette relation déterminera en
particulier
la relationqui
existe cntre E et y; ; si l’onfait -
== sera de la forme10. Les coefficients que
je
me propose de déterminer sont, commepré-
cédemment t ceux de la forme x(0) p,0, y (0) p,0, x(0) p,±1,
y°’
et en outre g0; on ferad’ailleurs,
sur l’ordre de cescoefficients,
les mêmes remarques que celles faites sur l’ordre deÀ;,)o, ’~p,’ ~;
les conclusions seront lesmêmes.
On
peut
alors écrire leséquations suivantes,
danslesquelles
les termesutiles
figurent
seuls :j’indique
en mêmetemps jusqu’à quel
ordre ellespermettent
de calculer les inconnues sansqu’il
soit nécessaire de les com-pléter.
~z~~°ô, ~~°ô jusqu’au
neuvième ordre :onzième ordre :
./~o? ~6’o? ~’0 Jusqu’au
neuvième ordre :~~;~o
jusqu’au
dixième ordre :septième
ordre :o. jusqu’au septième
ordre :y(0) 2,-1,
x(0) 2,-1, 03BB(0) 2,-1 jusqu’au
huitième ordre :y(0) 4,-1, ri§] , , 03BB(0) 4,-1 j usqu’au septième
ordre :y(0) 4,1 x(0) 4,1, 03BB(0) 4,1
ijusqu’au
sixième ordre :y~,? ~=,? ~6~ jusqu’au
huitième ordre :1 !. Ces
équations,
résolues par la méthode desapproximations
succes-sives,
donnent les valeurs écrites ci-dessous des inconnuesdéveloppées
sui-vau t les
puissances
de na ;comme j e
l’aidit, d’ailleurs,
les valeurs desÀ p
etde obtenues ainsi sont
identiques
à celles que fournitl’application
de lapremière
méthode. Enfinje
fais remarquer encore une fois que les calculsont été menés de
façon
aobtenir,
dans les valeurs desÀp
et de ~~;~~, la mêmeapproximation
queDclaunay.
B oici les résultats : :
~Z. Dans ces
formules,
les nombresmarqués
d’unastérisque
sont ceuxqui
diffèrent des coefficientscorrespondants
donnés parDelaunay
dans saThéorie de la Lune
(Mémoires
de l’Académie des t. XXVIIIJ.33
et
XXIX,
sauf pour la valeur de go que l’on trouve auxComptes
rendusde l’Académie dcs
Sciences,
t.Comme je
l’ai annoncé audébut,
ce sont tous les coefficients
qui correspondent (en
tenantcompte
de l’excen-tricité)
aux termes d’un ordresupérieur
auseptième,
etqui,
parsuite,
ré-sultent du
Chap.
X de l’0153uvre deDelaunay,
intitulé : Recherchesplémentaires
sur lalongitude
de la Lune.Je ferai remarquer, en outre, que le coefficient de m8 dans
~2;ô
se trouvedonné exactement dans la Théorie de la Lune de de
Pontécoulant,
etqu’en
transformant convenablement les résultats donnés par M. Hill dans lc moire que
j’ai déjà cité,
on retrouve les mêmes valeurs que ci-dessus pour lesquantités ~i,ô, ~~°ô, ’~Û°~.
Je m e propose de continuer très
prochainement
ces recherches en consi-dérant,
d’unepart,
d’autresinégalités
de lalongitude
de la Lune non moinsimportantes,
et, d’autrcpart,
enétudiant,
aupoint
de vue du calcul numé-rique,
les formules etdéveloppements
en série que l’on rencontre dans ceMémoire.