Formation et professionnalisation
des animateurs-nature et des éducateurs à l’environnement 1970-1990 Séance de travail du 15 octobre 2020, 14h-16h30
organisée en visioconférence avec l’appui de l’IUT de Tours
Sont invités :
Jean-Paul Salasse : « La question de la formation dans les mouvements pour l’EE »
Pionnier de l’animation nature après le BTS protection de la nature de Neuvic en 1971 (1
èrepromotion), co-fondateur d’Espace et Recherche, 1
erprésident du Réseau École et Nature et directeur des Écologistes de l’Euzière. Actuel président du GRAINE Occitanie
Dominique Cottereau : « Les sources multiples de la professionnalisation » : Coordinatrice du REEB réseau d’éducation à l’environnement en Bretagne et maitre de conférences associée dans la Licence professionnelle « médiation scientifique et éducation à l’environnement de Tours
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Note de problématique : D. Bachelart
Formation et professionnalisation : qu’en est-il dans les années 70-90 et quels sont les grands jalons depuis cette période ?
La question de la formation et de la professionnalisation du secteur de l’éducation à l’environnement peut être approchée de multiples façons. Elle peut l’être d’abord dans son sens le plus large, incluant tous les processus de transmission-apprentissages informels et non-formel tout au long de la vie, ou, de manière plus focalisée, sur le parcours scolaire et de formation professionnelle. La formation que l’on reçoit et celle à laquelle on contribue (dans les Écoles normales d’instituteurs et d’institutrices par exemple) et celle qu’on organise en BAFA ou BEATEP : on se forme en formant et la formation constitue une ressource économique pour les organismes et un moyen d’évolution professionnelle pour les animateurs.
Le processus de professionnalisation renvoie à une dynamique d’autonomisation, de reconnaissance sociale et statutaire par un groupe socio-professionnel qui s’organise pour chercher à se protéger par une formation spécifique, un ordre professionnel propre, la caractérisation de compétences, et d’un champ d’activité identifié. Une autre conception de la professionnalisation est la recherche d’une meilleure efficacité au travail. Elle se réfère aux différents processus pour accompagner l’adaptation au travail, la modification continue des compétences en lien avec l’évolution des situations de travail.
Quels sont les pratiques et les effets de l’échange d’expérience entre pairs, ceux-là de la
transmission intergénérationnelle ? Quels sont les dispositifs qui ont été mis en place
pour apporter une réponse formative centrée sur l’accompagnement et la réflexivité des
éducateurs ? Le groupe professionnel est-il constitué et reconnu grâce aux formations et
aux diplômes ?
C’est en soi un vaste chantier dont quelques axes sont identifiés ci-dessous. Il a déjà été alimenté lors des précédentes journées d’études, plusieurs éléments sont disponibles sur le site
http://animnat.hypotheses.org/- Parcours d’acteur : analyse biographique des itinéraires des animateurs pour examiner la diversité des positions selon les expériences de socialisation précoce des individus, leur formation initiale, leur formation universitaire générale ou professionnelle, leurs formations complémentaires, leur participation à des réseaux et des organismes, en quête de distinction et de légitimation, de reconnaissance professionnelle et d’affirmation identitaire militantes, expertes, spécialistes…
En termes de socialisation en dehors du milieu scolaire :
* Quelles sont les passions/connaissances précoces transmises par la famille ou en auto- apprentissage ?
* Quel rôle ont joué les mouvements de jeunesse et d’éducation populaire ? En particulier « Jeunes et nature » (branche jeunesse des associations de protection de la nature, proche du Muséum National d’Histoire Naturelle), association des Jeunes Amis des Animaux JAA devenus Jeunes pour la nature JPN, les clubs CPN Connaître et Protéger la Nature soutenus et formés par la revue la Hulotte ?
* Quel sont les impacts formatifs des chantiers « environnement » proposés aux jeunes (hommes) ?
- Repérage des multiples de lieux d’auto/co-formation à travers des voyages d’étude, des rencontres professionnelles, colloques, sorties terrain, groupe de travail autour de la construction d’outils, les publications internes des réseaux… Présence ou absence de système de capitalisation de l’expérience et de partage des savoirs.
* Quels sont les différents rôles joués par les associations et les réseaux dans l’accompagnement de l’élaboration de l’expérience en activité professionnelle ?
- Étude des dispositifs de formations institués : formations générales et professionnelles qualifiantes des différents ministères Agriculture, Jeunesse et Sport, Éducation nationale, et formations universitaires biologie, écologie, aménagement… BTS Brevet de technicien supérieur « Gestion protection de la nature » de Neuvic, formation d’éco-interprètes, BAFA environnement/sciences, BEATEP, mentions…
* cf. « Formations à l’écologie à l’université » (1978) : Article du journaliste Roger CANS (1945- 2018), qui a été chargé des pages « Environnement » au Monde cf. http://animnat.hypotheses.org/.
* BTS PN « protection de la nature » créé en 1971 à Neuvic d’Ussel (voir la présentation dans
« dictionnaire » - http://animnat.hypotheses.org/. La formation du BTS PN de Neuvic d’Ussel va s’affirmer comme un lieu majeur pour la formation des animateurs nature. S’y constitue d’un noyau de pionniers qui vont contribuer à créer des organismes d’éducation à l’environnement et à structurer le secteur.
Les biographies de pionniers de la formation sont à produire : François Lapoix, Germaine Ricou, Maurice Charles, Claude Benois, Hubert Guérin…
* BAFA Brevet d’aptitude à la fonction d’animateur – formation J&S, liée à des équipements qui organisent classe de mer, classes verte, classes de neige, camps de jeunesse, colonies de vacances.
En assurant des formations BAFA, Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur, les organismes d’éducation à l’environnement s’assurent une ressource économique tout en consolidant leur réflexion pédagogique
* Premier DEFA Nature Environnement (Diplôme d’État aux Fonctions d’Animateur) 1984 : UF DEFA « Techniques d’animation « environnement » en Midi Pyrénées et UF « Approfondissement environnement ». Le DEFA ouvert aux professionnels après 3 ans d’exercice est un diplôme difficile à obtenir. Il est remplacé par le DEJEPS Diplôme d’état de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport
* BEATEP Brevet d’État d’animateur technicien de l’éducation populaire décret de création en 1986 11 semaines de formation suivies d’un stage de 2 mois. Quelques régions réussissent à obtenir l’organisation de BEATEP en s’inscrivant dans la spécialité » Activités scientifiques et techniques » option « environnement. Par exemple l’UBAPAR sur le BEATEP « guide-animateur nature » estime avoir formé et diplômé environ 500 animateurs en Bretagne, toutes spécialités confondues dont 160 « animateurs-nature », sur la période 1989-2007 (source : rapport d’activités UBAPAR- Environnement, 2007). Les CEMEA organisent en 1992 Formation BEATEP Tourisme, Patrimoine, Environnement à Lyon…
Le BEATEP est remplacé en 2001 par BPJEPS brevet professionnel de la Jeunesse, de l'Éducation populaire et du Sport, spécialités éducation à l'environnement vers le développement durable ou loisirs tous publics. En 2016, la formation BPJEPS s’est réformée, afin de renforcer la lisibilité des filières professionnelles. Deux spécialités bien distinctes, celle d’« animateur » et celle d’« éducateur sportif », remplacent ainsi les 28 spécialités d’origine. Ces dernières deviennent des mentions (activités équestres, nautiques, animation culturelle, loisirs pour tous, etc.).Aujourd’hui 11 BPJEPS Education à l’environnement vers un développement durable sont dispensé au sein du Réseau Ecole et nature (2 CPIE : Clermont-Dômes et Bresse du Jura ; CEMEA : Bretagne et Pays de Loire ; 4 GRAINE : 2 en Lorraine, Basse Normandie, Midi-Pyrénées ; 3 associations d’éducation : Éducation environnement 64, Le merlet, Ardam
* Formation d’éco-interprètes 1989 : témoignage d’Emmanuel Coudel : Intervention lors de la journée d’étude du PAJEP, Archives nationales, Pierrefitte le 16 novembre 2016 https://animnat.hypotheses.org/category/temoignage/cpie
* Des licences professionnelles ont été créées dans les années 2000, Médiation scientifique et Éducation à l’Environnement (Tours), Licence professionnelle Coordonnateur de projet en éducation à
l’environnement vers un développement durable (Florac)….
Voir la conférence de Jean Lagoute aux Archives nationales en oct. 2019 dans le cadre du cycle Education populaire - https://www.dailymotion.com/video/x7qvk1o?playlist=x6lhzx
- l’offre de stage de formation dans la double composante écologique et/ou pédagogique à l’initiative des secteurs de la protection de la nature, des associations d’éducation populaires, des acteurs eux-mêmes… avec l’impulsion ou le soutien d’un ou plusieurs ministères.
* cf. Le fonds CEMEA et la journée d’étude « Éducation populaire et éducation à l’environnement : convergence et spécificités » du 28 mars 2019 : nombreux stages « Étude de milieu »
* Quelles sont les convergences en termes de formation entre le secteur de l’animation
« environnement » et de l’éducation populaire scientifique : familles d’intervention différentes, alliances et divergences progressives ?
A la fédération nationale des clubs Scientifique FNCS, l‘environnement est l’une des thématiques à côté de la robotique, de l’astronomie, des énergies et de l’espace... « Groupe « E » composé d'une vingtaine d'animateurs (trices) issus entre autres du BTS du lycée agricole de Neuvic et très intéressés par les classes vertes et la pédagogie que l’on pouvait y développer. L’ANSTJ Association nationale sciences et techniques jeunesse née en 1977 (depuis 2002 Planète sciences) organise des stages sur l’environnement et fait découvrir aux animateurs la méthode expérimentale, offre des apports scientifiques. (Sur les liens entre Espace et Recherche et ANSTJ voir intervention Thierry Dalbavie Journée d’étude novembre 2018). Les réseaux se dissocie (quand ?). Est-ce que des espaces de formation communs perdurent ?
- Recensement de textes constitutifs des fondements idéologico-pédagogique du
secteur qui se traduisent dans la conception des formations : la transformation du rapport au monde, la transformation du rapport à l’être humain et la transformation du rapport au savoir (rapport au savoir scientifique, critique de la relation pédagogique traditionnelle, participation à l’histoire culturelle et politique générationnelle, discours anti-intellectuel…)
- Examen des conditions d’exercice professionnel : fragmentation professionnelle : bénévoles, salariés, mis-à-disposition, objecteur de conscience, vacataires, prestataires, stagiaires… ; la diversité des employeurs, des fonctions et des espaces d’activité, la fragilité des statuts, la précarité des conditions, flou des titres professionnels et des référentiels de compétences et des bi-qualifications pédagogique et écologique, organisation apprenante et qualifiante ou non, processus d’auto-légitimation et leurs limites.
* Voir archives CO.L.I.NAT. (Comité de Liaison Inter-association) pour la promotion de la nature créé en 1970 – Conçu à l’occasion du colloque « Animation, Animateurs et Nature » organisé à l’I.N.E.P. de Marly-le-Roy lors de « l’Année européenne de la protection de la nature » 1970 : discussions sur le statut des animateurs (1981)
* Si les liens de convivialité forts dans les réseaux constituent une forme d’appartenance à un « groupe professionnel », cela se traduit-il par des instances représentatives des employeurs et des salariés, une syndicalisation, l’identification des compétences requises pour chaque niveau de diplôme, des titres professionnels… ?
- Identification des logiques en tension et des jeux d’acteurs dans la négociation de filières de qualification et des diplômes, dans la construction des identités professionnelles aux sein des organismes et des réseaux au regard d’autres champs professionnels : enseignement, médiation scientifique, animation socioculturelle, animation territoriale d’une part, et ceux de la protection de la nature et de l’environnement, valorisation du patrimoine, du tourisme, du sport d’autre part…
* Quelles ont été les tentatives pour créer des diplômes spécifiques ? Quels ont été les obstacles au sein du CNAJEP, dans d’autres instances ?
* Les constructions de référentiels sont tardives (quand ?) ont-elles fait l’objet de négociations employeurs/salariés au sein de la diversité des conventions collectives du secteur ?