ALLOMÉTRIE DE CROISSANCE CHEZ LE LAPIN
II. — THYMUS
R. BARON, A. VÉZINHET J. CANTIER
Suzanne PAOLANTONACCI Odette MOULIERAC Laboratoire de Recherches de la Chaire de Zootechnie,
École nationale supérieure agronomique,
Centre de Recherches de Montpellier,
Institut national de la Recherche agronomique
RÉSURIÉ
Nous avons étudié la croissance du thymus de la naissance à i82 jours chez le Lapin commun,
à partir des données fournies par 87mâles et 83femelles.
Les valeurs logarithmiques du poids du thymus (y) et du poids du corps (x) sont ajustables
à un polynôme du 4edegré de forme :
Log y = ao + alLog,x + a4. (Log x)’, 4,
le rapport de Huxley étant alors de la forme :
ai + 4 a4- (Log X)l-
Cependant jusqu’à l’âge de 85 jours, correspondant à la puberté, les couples de données
logarithmiques peuvent être ajustés avec précision à une droite de pente voisine de i, tandis
qu’ils n’admettent aucun ajustement significatif au-delà.
Au point de vue histologique aucun signe d’involution n’a été observé avant l’âge de 8 mois-
i an.
INTRODUCTION
Ce travail se situe dans le cadre d’une étude de la croissance relative des
princi-
paux organes et tissus chez le
Lapin (GANTIER
etal., 19 6 0 ).
Plusieurs remarques nous
paraissent
conférer un intérêtparticulier
à la carac-térisation du
développement
relatif duthymus
dansl’espèce considérée ;
ellesportent
sur :
- le rôle attribué à cette
glande
dans laphysiologie
dudéveloppement général
de
l’organisme
et dudéveloppement
relatif de certainesglandes
endocrines chez laplupart
desespèces (L UCI E N et al.,
Ig27 ;O D i N ËT,
Ig34 ;CO M SA,
1959; SzENT- GYORGYI E
t
C lt., I gE) 2 ;
MLTCAI,F,19 64 ;
HAND etR t., 1967) ;
- les interactions du
thymus
ou de certains extraitsthymiques
d’unepart
et desglandes
endocrines ou de leurshormones,
notamment laSTH,
d’autrepart,
misesen évidence par de nombreux travaux,
dont, parmi
lesplus récents,
ceux de COMSA(1958
a etb,
1959,1965)
sur leCobaye
et leRat,
LUNDIN( 195 8)
sur le Rat, TAKE-M oT
O et al.
( 19 6 2 )
sur le Rat et laSouris,
DouGH!RTy et al.(rg6 3 ),
TRAirrm et al.(rg66),
P1ERPAOLIet SoRKiN( 19 6 7 , 19 6 9 )
sur laSouris,
VÉZINHET( 19 6 9 ) surl’Agneau;
d’où la tendance actuelle à reconnaître à cet organe des fonctions
endocriniennes ;
- les controverses dont a fait
l’objet
l’évolutionpost-natale
duthymus
dansde nombreuses
espèces, particulièrement
chez l’Homme(WO R MS
etKr,oTZ,
1935 ;C
O
MSA, ig59) !
§-
l’absence,
totale à notreconnaissance,
de références récentes sur la croissance duthymus
chez leI,apin.
I. -
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Les animaux utilisés sont issus de la population de lapins communs de notre laboratoire
(P RUD
’HON, 1967).
Les courbes de croissance pondérale globale individuelle sont établies à partir des résultats des pesées hebdomadaires (CnNTtRR et al., I969).
Les animaux ont été retenus selon des critères d’échantillonnage précédemment définis (CaNTIER et al., 1969) ; mais nous avons en outre prélevé le thymus d’un groupe supplémentaire d’animaux, de sorte que nous disposons finalement de 170 individus (87 mâles et 83 femelles),
sacrifiés à des âges s’échelonnant de I à 182jours.
Au cours de la dissection, menée selon le processus décrit par CANTIER et VEZINHET (1968),
le thymus de chaque lapin est prélevé au niveau du médiastin antérieur (BENSLEY’s, 1960 ;
W H I TEHOUSE
,
1962), pesé et fixé dans le liquide de Bouin-Hollande.Trente et un de ces thymus, provenant de 17 mâles et Iq femelles répartis de 9à 182jours
selon 9 stades (CnNTIER et al., I969), sont soumis à une étude histologique : chaque pièce est coupée à 7 [JL; toutes les 150 coupes, une coupe est prélevée et colorée au trichrome de Gabe ; sur chacune de ces coupes sont effectués, à divers grossissements, l’évaluation subjective de la surface relative des formations conjonctivo-adipeuses et du parenchyme thymique, et l’examen de l’aspect
de la corticale, de la médullaire et des corpuscules de Hassal.
A chacun des 9 stades de la croissance, la surface relative des formations conjonctivo-adi-
peuses et du parenchyme est déterminée par planimétrie sur écran dépoli pour 3 coupes prove- nant d’un seul et même thymus (coupe médiane et coupes situées à une distance de chacune des deux extrémités de la pièce, égale au dixième de la longueur totale de celle-ci).
Il est à remarquer que le Lapin, contrairement à de nombreux autres mammifères, ne possède
pas de thymus cervical ; l’organe que nous lui avions assimilé dans le travail précédemment cité,
s’est avéré être un gros ganglion lymphatique réuni au thymus médiastinal par un filet connectif.
II. -
R!SUI,TATS
Une
analyse graphique
des données obtenues montre que chez leLapin
mâle etfemelle l’évolution du
poids
duthymus
en fonction del’âge présente jusqu’à
i82jours
une allure
sigmoïdale (fig. i) ;
cette évolution a étéajustée
au modèle deGompertz :
dont les
paramètres prennent
ici les valeurs rassemblées dans le tableau i.Or
l’analyse
des donnéesprécédemment
recueillies(C ANTIER et al., 19 6 9 )
montreque, dans cette
espèce,
lepoids
vif vide évolueégalement
au cours de la croissanceselon le modèle de
Gompertz,
ainsi que LAIRD( 19 65)
et LAIRD et al.( 19 65)
l’avaientdéjà signalé
pour d’autresespèces.
Le tableau 2 donne lesparamètres
del’ajustement correspondant :
Nous constatons que les
rapports
des valeurs à l’inflexion et àl’asymptote
sonttrès différents pour le
poids
duthymus
et lepoids corporel,
cequi
traduit un fortdécalage
dans letemps
des courbes deGompertz.
Par différenciation
logarithmique,
on tire de( 2 ) l’expression
de la vitesse de crois-sance
spécifique
dupoids
vif vide :Afin de tester
l’évolution,
pour lethymus,
du coefficient d’allométrie au sens deHuxley
nous avons
ajusté
les valeurslogarithmiques
de Y etX,
à unpolynôme du 4 e degré : Log
Y = ao +a,(Log X) + a,(Log X) 2
-I-a!(Log X) 3
-I-a, (Log X)’
et avons constaté par
régression progressive multiple (ToMnssorr!, 19 6 7 )
que lapré-
cision maximum était donnée par la formulation suivante :
hog Y = ao +a,-LogX+a,- (Log X) 4 . (5)
Le tableau 3 donne les
paramètres
et l’estimation de laprécision
de cetajuste-
ment :
Le
rapport
deHuxley, représenté
par la dérivée(Log Y)’ Log
X est, dans cesconditions,
de la forme :a, + 4 a, -
(Log X) 3 . (6)
Le
thymus
duLapin peut
ainsi êtrerapproché
des organes étudiés par BARTON et LAIRD(ig6g)
dans d’autresespèces,
dont le coefficient d’allométrie varie progres- sivement tout aulong
de lacroissance,
par suite del’important décalage
dans letemps
des courbes deGompertz représentatives
de l’évolution dupoids
del’organe
et du
poids corporel pris
comme variable de référence. Pour lethymus
duLapin,
onne
peut donc,
en touterigueur,
définir une droite(ou
une succession dedroites)
d’allométrie au sens de
Huxley ;
lafigure
2 donne la courbereprésentative
del’ajus-
tement
polynomial ( 5 )
pour l’ensemble descouples
de données(Log Y, Log X)
de lanaissance à 182
jours,
et lafigure
3 donne l’évolution en fonction dupoids
vif videet
pendant
la mêmepériode,
durapport
deHuxley
estimé par(6).
Cependant
on constate que, dans les deux sexes, la variabilité dupoids
duthymus
reste sensiblement constante
depuis
la naissancejusqu’à
unpoids
d’environ 2 ioo g, alorsqu’à partir
de ce stade elle s’accroîtbrusquement
et considérablement pour devenir environ trois foissupérieure.
Dans ces conditions le sous-ensemble descouples
de données
logarithmiques correspondant
à la gamme depoids
vifs vides inférieursà 2 100g
peut
êtreajusté
à une droite :avec une
précision supérieure
à celle del’ajustement polynomial ( 5 ) appliqué
àl’ensemble des
couples
de données. Le tableau 4 donne lesparamètres
del’ajuste-
ment
(7).
Par contre, pour le sous-ensemble des
couples
de donnéescorrespondant
à lagamme de
poids
vifs videssupérieurs
à 2 100g,l’ajustement
à une droite neprésente
aucune
signification ;
le tableau 5 donne lesparamètres
del’ajustement
rectilinéaire leplus précis :
Il découle de ces constatations que chez le
Lapin
mâle etfemelle,
lepoids
duthymus
seraitquasi-isométrique
aupoids
vifvide,
de la naissance àl’âge
de8 5 jours correspondant
aupoids
vif de 2400g. De cetâge
à celui de 182jours,
où la croissancepeut
être considérée comme achevée(C ANTIER et al, ig6g),
lepoids
duthymus
n’ad-mettrait aucun coefficient d’allométrie par
rapport
aupoids
vif vide etprésenterait
une variabilité considérable.
On
peut
observerqu’il
en était autrement pour les organes et tissusprécédem-
ment étudiés
(CnNTrER
etal., ig6g),
dont ledéveloppement
différentielpouvait
êtreajusté
avec uneprécision
élevée à une droite ou à une succession de droites derégres- sion,
les variabilités restant sensiblement constantes tout aulong
de la croissance.Quant
à l’étudehistologique,
elle ne nous apermis
de déceler aucune modifi-cation dans la structure
thymique depuis
la naissancejusqu’à
182iours :
le paren-chyme
conserve la mêmerépartition
en lobulescompacts, volumineux, arrondis,
aucontour
régulier ;
lacapsule conjonctive
restemince, pratiquement dépourvue
d’in-filtrations
adipeuses,
notamment au niveau des cloisons interlobulairesqui
demeurentpeu
nombreuses; l’importance
relative de la corticale et de la médullaire resteinchangée,
ainsi que leur
aspect respectif,
sombre par suite de lagrande
densité desthymocytes
pour la
première,
clair pour laseconde ;
iln’apparaît
enoutre, quel
que soitl’âge,
aucune différence dans le
nombre,
levolume,
la structure descorpuscules
de Hassal.L’analyse
des résultats de mesureplanimétrique
confirme cesappréciations.
subjectives ;
eneffet,
lerapport
Surface des formations
conjonctivo-adipeuses
iooSurface du
parenchyme
X Iooau niveau ’d’une coupe,
présente
aux divers stades de la croissance les valeurs moyennes,faibles
et nonsignificativement différentes,
suivantes :En outre la variabilité de ce
rapport est, quoique importante, toujours
inférieureinter-stades
(coefficient
de variation =6 3
p. 100pour la coupe médiane et 100p. 100 pour les deux coupesextrêmes), qu’intra-thymus (coefficient
de variation moyen pour les 9 stades = ioi p.100 ).
III. DISCUSSION
Il est intéressant de noter que les rares travaux
traitant,
chez d’autresespèces
que le
lapin,
de l’évolution différentielle duthymus
au cours de lacroissance,
y décèlentégalement
deuxphases.
Ainsi BERTALANFFY et PrxozyVSKi
( 1952 )
trouvent, chez le Ratalbinos,
unephase
desubisométrie,
de coefficient 0,954, àlaquelle
succède àpartir
de 100 g depoids corporel
unephase
d’allométrie très minorante de coefficient o,022. Il convientcependant
de remarquer que lescouples
de donnéesrapportés graphiquement
parces auteurs
peuvent
êtrerépartis d’après
leur distribution en deuxsous-ensembles,
lespoints représentatifs
en étant manifestementplus dispersés après, qu’avant
lepoids corporel
de 100 g. De sorte que ledéveloppement pondéral
différentielpost-
natal duthymus
se déroulerait chez le Rat d’unefaçon
sensiblementanalogue
à celleque nous avons constatée chez le
Lapin :
unepériode
où la croissance del’organe paraît
obéir assezrigoureusement
à une loi entraînant saquasi-isométrie
parrapport
à la croissance
corporelle, précéderait
unephase
delarge indépendance
de l’évolution duthymus
parrapport
à celle du corps, conférant uneample
indétermination à tout modèle tendant à la caractériser.Cependant,
la durée de lapremière période serait,
relativement à la durée totale de la
croissance, plus longue
chez leLapin
que chezle Rat : nos résultats montrent en effet
qu’elle prend
fin chez lepremier
vers unpoids corporel représentant
57 p. 100 dupoids
adulte chez le mâle et 51 p. 100 chez lafemelle ;
chez le second ellecesserait, d’après
les donnéesauxquelles
nous faisonsréférence,
dès que lepoids corporel
atteint 25 p. ioo de sa valeur adulte.Chez
l’Homme,
BRODY( 1945 ) décompose également
ledéveloppement pondéral
différentiel du
thymus
en deuxphases.
Au cours de lapremière, qui prend
fin aupoids corporel
de 40kg représentant
57 p. ioo dupoids adulte,
la vitesse de crois-sance
spécifique
relative de laglande
est nettement inférieure à celle que nous obser-vons
pendant
la mêmepériode
chez leLapin,
le coefficient d’allométrie yprenant
les valeursapproximatives
successives de + 0,5ojusqu’au poids
de 12kg,
-! 0,3o de1
2
kg
à 20kg
et -! 0,04de 20kg
à 40kg.
Au cours de laseconde,
le coefficient d’allo- métrie dont la valeurpeut
être estimée à ― 0,50, traduit unerégression
duthymus,
qui
commencerait donc aupoids corporel
de 40kg.
En
définitive,
si les troisespèces
manifestent uneanalogie quant
à l’allurebipha- sique
dudéveloppement
relatif duthymus,
ilapparaît
entreelles,
dès lapremière phase,
des différencesimportantes
tenant à laprécocité
moyenne de cet organe, nettement moindre chez leLapin
que chez le Rat et surtout chez l’Homme. Chez leLapin,
lepoids
duthymus représente
à la naissance0 , 25 8
p. 100 dupoids vif,
et0
, 2
6o
p. 100lorsque
le corps atteint 57 p. 100 de sonpoids
adulte chez le mâle et 51 p. 100 chez la femelle. Chez le
Rat,
lepoids
duthymus représenterait
à la nais-sance 0,370 p. 100du
poids vif,
et 0,350 p. 100lorsque
le corps atteint 25 p. 100deson
poids
adulte. Chez l’Hommeenfin,
lepoids
duthymus représenterait approxi-
mativement à la naissance o,43 p. 100du
poids corporel, puis 0 , 2 8
p. 100, o,z5 p. 100 et 0,075p. 100,lorsque
le corps atteintrespectivement
17p. zoo, 2g p. 100 et58
p. 100 de sonpoids
adulte.On
peut
incidemment observer que, dans notrepopulation,
n’est pas confirméela
proposition
de LUCIEN el al.(zg2 7 ),
suivantlaquelle
chez leLapin
lepoids
relatifdu
thymus serait,
comme chezl’Homme,
maximum à la naissance.Quant
à l’étudecomparative
entre les troisespèces,
de la secondephase
du déve-loppement
différentiel de laglande,
elle pose à nouveau laquestion
souvent débattuetouchant ce
qu’HAmmAR
nommait dès 1921 « la vieille théorie de l’involutiond’âge
du
thymus
o. PEPPER(ig6i), rappelle
en effet qued’après
de nombreux auteurs, lepoids
de cetteglande régresserait
àpartir
de lapuberté, parfois
mêmeplus précoce-
ment, dans
plusieurs espèces domestiques
ou de laboratoire.Chez la
Souris,
PEPPER( 19 6 1 )
trouve elle-même que lethymus présenterait
undéveloppement pondéral
maximum àl’âge
de 35jours, après lequel
ilrégresserait,
d’abord brutalement
puis
deplus
enplus
lentement.Chez le Rat
albinos, l’interprétation
que BERTALANFFY et Prxozyrrsxy( 195 2)
donnent de leurs
résultats,
les amène à admettre unelégère régression pondérale
duthymus
àpartir
de lapuberté qu’ils placent
aupoids corporel
de 100g.Chez l’Homme
enfin, après
de nombreuses etlongues controverses,
au coursdesquelles l’âge
où lethymus
atteint sondéveloppement
maximum fut successive- ment situé vers lanaissance,
la deuxième annéepuis
laquatrième année,
LUCIENet al.
( 1937 )
serangèrent,
à la suite d’uneanalyse bibliographique
détaillée et de tra-vaux
personnels,
àl’hypothèse
de RorrcoNi( 1910 ),
de SOKOLOFF( 1910 )
et de HAM-,MAR
( 1922 )
le fixant à lapériode
11-15 ans.Après
lapuberté
lepoids
de laglande marquerait
une diminution d’abordrapide puis
deplus
enplus lente, qui
sepoursui-
vrait
pendant
lamajeure partie
de la vie. ODrN!’r( 1934 )
et WORMS et Kr,oTZ(1935)
confirmèrent ces
conclusions, qui paraissent étayées
parl’analyse
différentielle de BR oD
y
( 1945 ) rapportée
ci-dessus. Maisplusieurs
de ces études insistent sur la trèsgrande
variabilitépondérale
affectée par lethymus
humain dès la naissance et toutau
long
de la vie.Or,
chez leLapin, l’analyse
de nos résultats nepermet
pas de fixer le stade de la croissance où lethymus
atteindrait sondéveloppement
moyenmaximum,
la varia-bilité
pondérale
de laglande après 8 5 jours
enlevant toutesignification biologique
au calcul de moyennes de
poids thymiques
à unâge
ou à unpoids corporel
donnés.Seule
paraît
soutenablel’interprétation
selonlaquelle
àl’âge
de8 5 jours ―
ou aupoids corporel
de 2400g -prendrait
fin lapériode
où ledéveloppement
duthymus.
serait sous la
dépendance
de déterminismes suffisamment stricts pourqu’il présente
une allure
quasi isométrique
sensiblementidentique
chez tous les animaux de la.population.
Entre ce stade et la fin de lacroissance,
ledéveloppement pondéral thy- mique
différerait selon lesindividus,
la valeur de sa vitessespécifique
relative pou- vant soit être conservéeplus
ou moinslongtemps,
soit être diminuéeplus
ou moinsprécocement, plus
ou moins brutalement etplus
ou moinsintensément,
et dans cer- tains cas s’annuler ou devenirnégative,
cequi correspond
à unerégression anatomique
de
l’organe.
Il
apparaît
donc que leproblème
de larégression anatomique
duthymus
seraitplus complexe
chez leLapin
que dans certaines autresespèces. Cependant
HAMMETfaisait remarquer dès
192 6
que l’évolution duthymus
en fonction del’âge pourrait
affecter des allures différentes pour diverses
populations
d’une mêmeespèce.
Utilisantpour sa
part
un lot de rats albinos élevés dans des conditionsd’alimentation,
d’envi-ronnement et de
prophylaxie soigneusement appropriés,
il constatait lapersistance
de l’accroissement
pondéral
duthymus jusqu’au
stade « adultejeune » ;
il émettait alorsl’hypothèse
que la faible et transitoiredéplétion thymique qu’il
observait néan- moins chez certains individus aupoids
de 100g, était uneconséquence
despertur-
bationsphysiologiques
de lapuberté,
tandis que seule l’actiondépressive
de facteursexogènes empêcherait
ultérieurement laglande
de recouvrer sespotentialités
decroissance.
Or,
l’extrême sensibilité aveclaquelle
lepoids
duthymus réagit
auxagressions, principalement
d’ordre alimentaire etpathologique
affectantl’organisme,
et sonaptitude
à la restaurationaprès
de telles involutions dites « accidentelles », ont été démontrées par tous les travaux mentionnésjusqu’ici,
dans les diversesespèces
consi-dérées ;
lagrande
variabilitépost-pubertaire
des données de certains auteurss’expli- querait ainsi,
au moins chez le Rat ― mais aussipeut-être
chez d’autresespèces
s’il était
possible d’y
étudier l’évolutionthymique
dans unenvironnement,
notam-ment
pathologique, rigoureusement
standardisé ― parl’hétérogénéité
des conditionsd’élevage
despopulations
utilisées. LeLapin
ne serait donc pas la seuleespèce
où lecaractère hasardeux d’une
interprétation
de l’évolutionanatomique
duthymus
aucours de sa seconde
phase
àpartir
de valeurspondérales
moyennespuisse
être dénoncé. Cette réserve devrait sans doute être étendue à la
première phase
dudéveloppement
de laglande, lorsque
les auteutrs insistent sur l’extrêmedispersion
relevée dans les
poids thymiques quel
que soitl’âge
dessujets
considérés. Chez l’Homme enparticulier,
l’extrême diversité des conditions devie,
des antécédents et des circonstancesprécédant
la mortpeuvent
modifierconsidérablement, parfois
dans le sens d’une
hypertrophie, plus
souvent dans le sens d’uneinvolution,
un organe si sensible à l’action des stress(infections, intoxications,
interventionsthérapeutiques
surmenage,
inanition...), qu’il peut perdre
en4 8
heures 30 à 40 p. 100 de sonpoids (O
D iNET, 1934).
La
plupart
des auteursayant
traité de l’involutionthymique
ont d’ailleursassocié à ces manifestations
anatomiques,
intéressant lepoids
et le volume de laglande,
des modifications de structurehistologique ;
elles résident essentiellementen,la prolifération
et l’infiltrationadipeuse
de lacapsule
et de lacharpente conjonc- tive,
la rétraction des lobules deparenchyme
en îlotsséparés,
le rétrécissement et l’éclaircissement de la corticale par suite de la destructiondes thymocytes,
l’assombris- sement de,la médullaire par suite del’augmentation
des formationslymphoïdes, l’augmentation
en nombre et en volume et l’altération descorpuscules
de Hassal.Or,
chez leLapin,
l’examen dethymus provenant
d’individus sacrifiés auxdivers stades de la croissance ne nous a pas
permis
de déceler designe
caractéris-tique
d’involution concernant notamment la surface relative des différents consti- tuants(cortex, médullaire,
tissuconjonctivo-adipeux interstitiel), quels
que soient d’autrepart
le sexe de l’animal et lepoids
del’organe.
Cependant,
PEPPER(ig6i)
affirmant que chez la Sourisâgée
l’involutionthy- mique
nes’accompagne
pas d’infiltrationgraisseuse,
nous avons examinéquelques thymus provenant
delapins ayant largement dépassé l’âge
de 182jours auquel prend
fin la
période
de croissance que nousenvisageons :
nous avons constatéqu’entre
8 mois et i an, et
quel
que soit l’étatanatomique
del’organe,
se manifestent dans notrepopulation
tous lessignes classiques
d’involutionhistologique
duthymus,
ycompris
ladégénérescence graisseuse.
Chez le
Lapin donc,
les modifications de la structurehistologique
duthymus n’apparaîtraient qu’au
cours de lapériode
8 mois-i an, n’interférant en rienjusque-là
avec son évolution
anatomique.
Les commentaires faitsplus
haut sur celle-ciparais-
sent donc
applicables
à l’évolution duparenchyme thymique lui-même,
ladispersion
des résultats
pondéraux
au cours de la secondephase
nepouvant
êtreimputée
à lavariabilité de la teneur en tissus de
prolifération
et d’infiltration desthymus
desdifférents individus.
Deux remarques
s’imposent enfin,
dans le cadre de l’étudesynthétique
de l’allo-métrie de croissance chez le
Lapin (C ANT mR et al., ig6g) :
- Le stade où la seconde
phase
dudéveloppement thymique
succède à la pre- mière se situe dans lapériode
de remaniementgénéral,
au cours delaquelle
ont lieules modifications du taux relatif de
développement
de laplupart
desprincipaux
tissuset organes
précédemment
étudiés.-
L’analogie
dedéveloppement déjà
constatée entre les sexes s’affirme pour lethymus :
les ensembles decouples
de données(Log. poids
duthymus, Log. poids
du corps vif
vide)
sontparfaitement superposables,
lesparamètres qui
les caracté- risant ne sont passignificativement différents,
lespoids corporels correspondant
aupassage de la
première
à la deuxièmephase
sontidentiques,
chez le mâle et la femelle.CONCLUSION
Dans une étude
précédente (C ANTWR et al., ig6g),
noussignalions
un fort accrois- sement du coefficient d’allométrie des organes sexuelsprimaires
de laLapine
auxpoids
vifs vides de 2z8o-2 2 5 o
gcorrespondant
auxâges
de8 7 - 91 jours ;
pour lemâle,
nous observions unphénomène analogue
bien que moinsaccusé,
auxpoids
dei 6oo-r 755 g
correspondant
auxâges
de6 0 - 70 jours,
mais nous ne décelions lapré-
sence de
spermatozoïdes
dans les canaux déférentsqu’à partir
de la douzièmesemaine soit
8 4 jours
de viepost-natale.
Dans les deux sexes, on
pourrait donc,
chez leLapin
comme chez lesespèces
mentionnées
plus haut,
fixerapproximativement
à lapuberté l’âge
du passage de lapremière
à la secondephase
dudéveloppement thymique.
Cependant
il serait aussi sommaire de faire de ce stade le début d’une involutionobligatoire
de laglande,
que de considérer l’involution duthymus
duLapin
commetoujours légère
et très tardive dans la vieadulte,
ainsi que l’ont fait Br,UMRW Cx etJACOB
Y ( 1 8 9 6),
SOD!RI,UND et BACKMAN(igog),
et COMSA(rg5 9 ).
Onpeut
seulementaffirmer
qu’à partir
de lapuberté
l’évolutionpondérale
duthymus
devient trèsvariable,
alorsqu’elle
s’effectuaitjusque-là
selon unrythme
de croissance un peusupérieur
à celui du corps et sensiblementidentique
pour tous les individus.Plusieurs
hypothèses peuvent
alors être avancées :- ou bien la
puberté
entraîne une modification des facteurs ―probablement endocriniens, parmi lesquels
un travail de VÉZINHET(ig6g)
chezl’Agneau permet
desupposer l’intervention de la STH ―
qui
contrôlaient la croissancethymique depuis
la
naissance ;
- ou bien elle provoque
l’échappement
de la croissancethymique
à cecontrôle ;
- ou
bien,
comme lepensait
HAMMET( 192 6)
pour leRat,
elle accroît la sensi- bilité de laglande
à l’actiondéprimante
des facteursexogènes.
Dans les trois cas, la
grande
variabilitépost-pubertaire
de l’évolution duthymus s’expliquerait
par des différences demilieu,
notammentpathologique,
entre individus.Dans les meilleures
conditions,
lethymus
continuerait à sedévelopper
au mêmerythme
que le corpsjusqu’à l’âge
adulte où ilpourrait
rester encorelongtemps
floride.Quant
auxsignes
d’involutionhistologique
ilsn’apparaîtraient
dans tous les casqu’après l’âge
de 8 mois-i an.Seule une étude menée sur des
lapins gnotoxéniques
sinonaxéniques permettrait
de déterminer la valeur éventuellerespective
de ceshypothèses,
dont la confirmationimpliquerait
que l’on nepeut,
en matière d’évolutionthymique, extrapoler
les conclu- sions d’unepopulation
ou d’un individu àd’autres,
même à l’intérieur d’une mêmeespèce.
Reçu pour publication en juillet 1970.
REMERCIEMENTS
Nous remercions MM. CABANIE et ROUVIER d’avoir effectué la lecture critique de notre
manuscrit.
SUMMARY
GROWTH AI,I,OMETRY IN THE RABBIT. II. - THYMUS
Thymus growth from birth to r82 days of age was investigated from 87 male and 83 female
rabbits. ’
Thymus
weight variation according to age is of sigmoidal pattern adjustable to the Gompertz model, ‘and so is bodyweight.
.
The logarithmic values of thymus weight (y) and body weight (x) were adjusted to a poly-
nomial of the fourth degree Log y = ao + alLog x + a4 (Log x)4.
The Huxley ratio is :
Up to 85 days of age, which corresponds to puberty, couples of logarithmic data can be accurately adjusted to a curve with a slope near to I, whereas after 85days, there is no significant
rectilinear adjustment.
From the histological viewpoint, no involution of thymus was noticed prior to 8-12 months
of age.
In view of these facts, it seems that, in the rabbit, as in other species, thymus gtowth follows
two successive patterns with a change-over at puberty. Before puberty, rabbit thymus growth
seems to parallel body growth ; after puberty. it seems much dependent upon individual varia- tions.
These facts can be tentatively accounted for by various hypotheses, among which is HAM- MET
’s contention (1926) that puberty increased thymus sensitivity to the depressing effect of
exogenous factors.
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