• Aucun résultat trouvé

Syndrome fonctionnel des genoux de la femme jeune

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Syndrome fonctionnel des genoux de la femme jeune"

Copied!
9
0
0

Texte intégral

(1)

Ann. Kin ésithér., 1988, t. 15, nO 5, pp. 209-217

© Masson, Paris, 1988

MÉMOIRE

Syndrome fonctionnel des genoux de la femme jeune

G. PÉNINOU (1), L. COQUISART (2), P. TERNON (2), G. BARETTE (3), M.L. SIÉRADSKY (3), M. SPACZEK (3).

(J) M.C.M.K. Enseignant à l'E.F.o.M, 118bis, rue de Javel, F75015 Paris. (2) MC.MK. Enseignant à l'école de Rouen.

(3) Stagiaire école de cadre de Bois Larris.

Les auteurs ont apprécié les rotations du genou chez les populations jeunes masculine

et féminine afin d'appréhender l'existence d'une modification de la rotation. Celle-ci a été corrélée avec la palpation douloureuse rencontrée dans la population féminine.

400 sujets ont fait l'objet de ces mesures. Les résultats ont montré que la jeune fille a une mauvaise connaissance de son schéma rota- toire interne et une utilisation préférentielle du secteur rotatoire externe.

Les auteurs ont tenté d'en dégager une incidence thérapeutique et envisagé un traite- ment kinésithérapique chez les jeunes per- sonnes présentant une plainte nécessitant un

traitement fonctionnel.

Les consultants pour les pathologies orthopé- diques du genou, et en particulier de la rotule, sont en majorité féminins. Nous avons observé que chez les populations jeunes non consul- tantes, un grand nombre de jeunes filles souffrent d'un ou des deux genoux, épisodiquement ou régulièrement. Ce phénomène semble débuter avec la puberté et s'estomper entre 25 et 30 ans.

Par ailleurs la palpation des muscles de la cuisse, nous a montré que les muscles polyarticulaires rotateurs présentaient souvent des douleurs caractéristiques des hypertonies de contractures.

Notre étude qui s'est déroulée en plusieurs temps

Tirésàpart: G. PÉNINOU, à l'adresse ci-dessus.

a cherché à comprendre s'il y avait des liaisons entre ces différents phénomènes ét les libertés actives de l'articulation.

Quelle est l'amplitude rotatoire moyenne du sujet jeune?

Nous avons répondu par une première publi- cation (3) qui nous donnait des chiffres actifs d'environ 30 à 350 tant pour la rotation interne que pour la rotation externe. Ces chiffres ont étonné certains ce qui nous a amenés àdemander une deuxième étude complémentaire de vérifica- tion (4). Les nouveaux chiffres ont confirmé que la rotation externe était correcte mais ils ont diminué ceux de la rotation interne de plus de 50. Pour éviter toute polémique nous avons demandé à une troisième équipe (Rouen) de reprendre l'étude en conservant les mêmes caractéristiques de protocole (mesure à l'aide d'une botte plâtrée). Pour améliorer le maintien de la jambe, cette équipe a confectionné plu- sieurs bottes en fonction de la taille du pied des sujets. Cette dernière équipe confirme la rotation externe mais minore encore un peu la rotation interne.

Une première conclusion s'imposait : le protocole à l'aide de la botte plâtrée était fiable pour la mesure de la rotation externe, mais offrait quelques imperfections pour celle de la rotation interne. Le mouvement de bascule supinatrice du pied qui accompagne la rotation interne du genou ne peut pas valablement être contenue avec ce système de fixation.

A l'aide d'une quatrième étude de population nous avons voulu vérifier en changeant le

(2)

210 Ann. Kinésithér., 1988, t. 15, n° 5

protocole: nous avons procédé par une méthode de visée avec un contrôle manuel de l'immobilité du pied. Parallèlement nous avons corrélé les rotations actives des genoux avec celles des hanches, puis avec l'ouverture des pieds au sol, lorsque le sujet est en position assise et debout.

Nous avons également examiné la réaction douloureuse à la palpation par friction transver- sale des muscles sartorius, gracilis, semi-tendi- nosus, (couturier, droit interne, demi-tendineux) qui sont les rotateurs internes du genou, et des muscles biceps femoris, tensor facia latae, qui sont les rotateurs externes.

Populations

Toutes les populations de ces différentes études étaient formées d'étudiants, essentiellement en kinésithérapie, de l'E.F.a.M. de Paris, de l'école de Nancy, et de l'école de Rouen.

Pour l'essentiel les populations avaient entre 18 et 25 ans.

Population 1

=

50 filles et 50 garçons (E.F.a.M. Paris 1983) .

Population 2

=

62 filles (Nancy 1984/1985) Population 3

=

100 filles (Rouen 1985)

Population 4

=

137 filles et 102 garçons (E.F.a.M. Paris 1985).

Aucun des sujets ne présentait de pathologie du genou ou de la hanche cliniquement décelable.

Matériel et méthode

Pour les trois premières études le protocole est du même type: une botte plâtrée bivalvée a été confectionnée, avec une tige suivant l'axe du pied et une tige sous la botte dans le prolongement de l'axe de la jambe. Un plateau qui présente un orifice de réception pour l'axe sous la botte, est étalonné en degré autour de cet axe. La tige dans l'axe du pied balaie la graduation àchaque rotation ce qui permet une lecture directe. Le sujet est installé assis à 90° hanche, genou et pied. Les cuisses sont maintenues parallèles dans le plan sagittal. Pour remédier aux différences de taille entre chaque pied, il était procédé à un rembourrage en coton pour chaque sujet, avant de refermer le bivalve. La deuxième étude a un peu amélioré la botte en confectionnant une double emboîture, et la troisième étude a confectionné trois bottes différentes une pour chacune des pointures les plus fréquentes chez les filles.

La quatrième étude a utilisé une technique en visée, le pied reposant sur un tabouret tournant la jambe dans

le prolongement de l'axe de rotation. Le contrôle du mouvement du pied était assuré grâceàune tige en forme de « T » inversé, dont la barre horizontale est appliquée le long du bord interne du pied et la barre verticale le long du segment jambier. Ce «T » a permis le contrôle de la compensation d'adduction et de supination du pied.

Pour cette dernière étude les mesures de la rotation de hanche se sont faites suivant la technique assise jambe pendante comme cela avait été proposé précédemment (2).

La position de l'angle des pieds au sol, par rapport au plan sagittal, est obtenue en faisant la moyenne de trois essais de placement en position assise puis debout. Nous demandions au sujet de marcher sur place en regardant devant lui et il s'arrêtait, au bout de quelques pas, au

« top» annoncé par l'examinateur. La mesure est réalisée par un goniomètre placéau sol. Une branche est parallèle au bord interne du pied et l'autre est dans le plan sagittal.

Les palpations des muscles ont été faites par le même opérateur pour garder une constantê palpatoire. Le critère de douleur n'a pas été quantifié, et la simple affirmation du sujet, ou la perception par l'opérateur, de dureté douloureuse àla pression, était considérée comme positif.

La seule réponse enregistrée est oui ou non.

Le muscle sartorius est palpé à l'aide d'une friction transversale au niveau du corps musculaire. La localisa- tion retenue est située au niveau du 1/3 moyen de la cuisse juste en dedans du muscle vastus medialis, en cas de doute la palpation est confirmée au 1/3 supérieur de la cuisse en dessous de l'attache sur l'E.I.A.S. Le muscle non douloureux se laisse pénétrer sans réponse et le muscle douloureux présente une corde charnue qui roule sous le doigt.

Le muscle gracilis est palpé au niveau du 1/3 supérieur de la cuisse distalement à l'attache pubienne. En cas de doute avec la palpation du muscle adductor magnus le repère de ce dernier est précisé en recommençant la palpation le genou fléchi, ce qui détend le gracilis. La perception palpatoire est celle d'une corde plutôt conjonc- tive dont la tension apparente est en rapport avec la sensation douloureuse.

Le semi-tendinosus est palpé au 1/3 inférieur de la cuisse, son trajet étant facilement repérable en arrière de la loge des adducteurs. Il n'a pas été fait de dissociation avec le muscle semi-membranosus qui reste en profondeur sur tout son trajet. La perception palpatoire est du même type que celle décrite précédemment, avec un muscle plus charnu.

Le muscle biceps femoris est palpé au 1/3 inférieur de la cuisse à la jonction des deux chefs du muscle sans distinction entre les deux. La perception palpatoire est du même type que précédemment.

Le muscle tensor facia latae est palpé au niveau de son corps charnu distalement à son attache sur l'E.I.A.S.

toujours à l'aide d'une friction transversale. En cas de doute nous palpions la bandelette ilio-tibiale au dessus du genou. Le muscle douloureux présente une induration rénitente plus ou moins marquée de son corps charnu, accompagnée de la tension douloureuse de la bandelette de Maissiat.

(3)

r

Ann. Kin ésith ér., 1988, t. 15, n° 5 211

70

60

Résultats

La différence entre les deux populations, féminine et masculine, calculée à l'aide du test de Student est significative : P

<

0,05

garçons 60 % garçons 26 %

filles 24 % garçons 14% Réponse: (fig. 3a et 3b)

aucune douleur : filles 47 %

1 genou filles 29 %

douloureux : 2 genoux douloureux :

La comparaison des chiffres moyens des quatre populations est présentée sur la figure 1.

- Les rotations de hanches mesurées par les études de Nancy et E.F.O.M. 85 sont compara- bles à celles déjà décrites par une publication précédente qui portait sur le même type de population (2).

- La comparaison entre l'actif et le passif montre habituellement que l'actif réalise entre 80 et 90 % de l'amplitude du passif, mais chez les filles ces chiffres sont différents.

Cette comparaison pour les rotations du genou (population d'étude Rouen) (fig.2a et 2b) montre que les externes ont près de 80 % d'amplitude active par rapport au passif, par contre les internes ont seulemen.t 70 % d'ampli- tude active.

Pour les rotations de hanche. L'espace actif, comme pour le genou, est en % plus faible en rotation interne qu'en rotation externe.

- A la question: avez-vous mal actuellement ou épisodiquement aux genoux?

écart type 8 6,5 moyenne

33,5 30,7

Nous présentons l'ensemble des résultats des 4 études qui par certains points se recoupent, et se complètent sur d'autres points.

- Les rotations actives du genou (population E.F.O.M. 85) sont :

• rotation interne moyenne écart type

filles 24,3 5,8

garçons 22,5 6,8

La différence entre les deux populations calculée à l'aide du test de Student est significa- tive : P

<

0,25

• rotation externe filles

garçons

La comparaison entre le côté droit et le côté gauche tant chez les filles que chez les garçons ne montre' aucune différence statistiquement significative.

10 20 40 50

- Les douleurs à la palpation des muscles rotateurs, n'ont aucun rapport avec les réponses aux douleurs affirmées précédemment, à savoir que l'on retrouve la même proportion de muscles douloureux dans les trois groupes ci-dessus; par contre les sujets semblent s'organiser en trois autres grands groupes (fig. 4a et 4b)

- 1° les sujets qui n'ont aucune douleur à la palpation :

filles 12,3 % garçons 34,5 % - 2° les sujets avec des douleurs désordon- nées:

filles 27,6 % garçons 21,5 % - 3° les sujets présentant une douleur organi- sée, croisée :

filles 60 % garçons 44 %

Les douleurs désordonnées correspondent à des résultats palpatoires positifs sans qu'aucune

P.ris85

Nanoy Routn

populotions

r rot. int.

i lm rot. ext.

1i

j illJ rot. totale

!

Paris 83

FIG. 1. - Moyenne des rotations actives du genou: Filles.

o 30

(4)

212 Ann. Kin ésithér., 1988, t. 15, n° 5 90 R.ext. AfP

23%·

[;-A/P e ----

Cornpl

FIG. 2. - Population: Filles Rouen. Proportion de l'amplitude active par rapport à l'amplitude totale.

26%

60%

90 R.

i•..•

t AIP

FIG. 2 b. - Population: Filles Rouen. Proportion de l'amplitude active par rapport à l'amplitude totale.

47%

• III

IJB····~.•...,..·..

SS1g&O.doUleu~doul. 1 2 gen. doul. 1

S5 douleur 1gefl. doul.

2 gen. doul.

FIG. 3 a. - Réponse aux questions sur les douleurs du genou:

Garçons.

FIG. 3 b. - Réponse aux questions sur les douleurs du genou:

Filles.

(5)

Ann. Kinésithér., 1988, t. 15, 5 213

GARCONS

FillES

SSdouleurs doul. crolsée

dool. désord.

doul.crols~e

doul. désord.

FIG. 4a. - Palpations: répartition des populations.

moyenne

~: !

11 1

20

10

o

FIG. 4 b. - Palpations: répartition des populations.

ReCid"'R ReGd"'R ReGg"'R ReGg+R Pal Pal Pal 0 Pal 0

iGg D 1Gg G IGd D ;Gd G Dés D Dés G D G

sous grcupes pa1pato'res

Rot. int. Garcons

il

Rot. ext. Garcons

ReGd"'R ReGd+R ReGÇJ+R ReGg+R ;)al Pal lGg D iGg G iGa D iGd G Dés D Deé. G

sous groupes palpatoires

,---

1_ Pot 1nt

F1I1es

1

fil

R~~:Xt. Filles

Pal 0 Pal 0

D G

FIG. 5. - Moyenne des rotations actives du genou des différents groupes.

FIG. 6. - Moyenne des rotations actives du genou des différents groupes.

(6)

214 Ann. Kinésithér., 1988, t. 15, nO5

FIG. 7. - Corrélation entre la rotation du genou et l'angle des pieds au sol : assis.

Il ressort de la vue d'ensemble de ces graphiques que les garçons sont constants quel que soit le sous-groupe, alors que les filles présentent des variables statistiquement signifi- catives pour plusieurs sous-groupes.

- L'étude des corrélations entre les ampli- tudes de la rotation interne du côté droit comparativement à celle du côté gauche, montre des chiffres faibles pour la population fémi- nine

=

0,28

<

r

<

0,6 suivant les sous-groupes.

Cette corrélation est bien meilleure entre les rotations externes droites et gauches : 0,51

<

r

<

0,81 suivant les sous-groupes. La comparai- son avec la population masculine montre les différences : les garçons sont plus homogènes et symétriques entre les rotations internes : 0,62

<

r

<

0,85 suivant les· sous-groupes, ils sont un peu moins symétriques en rotation externe : 0,50 < r < 0,68.

- Le calcul des corrélations entre la position des pieds au sol et les amplitudes rotatoires du genou et de la hanche : (fig. 7).

r- -- ..'-'."---- -,

,- FILLE~:; 1

I~ ..

:' -- Ir. r J- 1

I eJ I,JARC\...)kl~ ;

l_,",.,,:.' .'~:~J

organisation ou lien fonctionnel apparent n'ait pu être objectivé.

Les douleurs organisées sont celles qui corres- pondent à une dissymétrie croisée entre les muscles rotateurs internes d'un membre et les muscles rotateurs externes de l'autre. Le sujet ressent la douleur sur un ou plusieurs muscles de la « patte d'oie» d'un côté, et/ou sur un ou les deux rotateurs externes du côté opposé;

la palpation des autres muscles n'entraînant aucune réaction.

Le tensor facia latae étant rotateur interne de hanche et le sartorius étant rotateur externe de hanche, les hypertonies perçues à la palpation pouvaient être révélatrices d'un équilibre entre les rotations de la hanche et du genou. Les calculs de corrélations ont montré qu'il n'en était rien, aucune corrélation entre la hanche et le genou ne dépasse : r

=

0,19.

- La comparaison des rotations actives entre le côté droit et le côté gauche : (graphiques 5 et 6).

Nous avons montré sur les schémas (popu- lation E.F.O.M. 85) l'ensemble de la popula- tion présentée en sous-groupes correspondant aux palpations. Le sous-groupe des palpations r=

organisées a été divisé en deux, celui dit

REGD

+

RIGG (palpation douloureuse sui- 0,5 ~\

vant les schémas des rotateurs externes du genou droit, associés aux rotateurs internes du genou 0,4

gauche), et celui REGG

+

RIGD (palpation

douloureuse suivant le schéma des rotateurs

l

externes du genou gauche, associés aux rotateurs 0,3 1 internes du genou droit).

Le 1er sous-groupe correspond aux sujets °2

présentant des douleurs palpatoires sur l'un ou ' plusieurs des muscles rotateurs externes du genou droit et rotateurs internes du genou 0,1

gauche (RE GD

+

RIGG).

Le 2e sous-groupe correspond aux sujets 00

présentant des douleurs palpatoires sur l'un ou ' plusieurs des muscles rotateurs externes du genou gauche et rotateurs internes du genou droit (REGG

+

RIGD).

Le 3e sous-groupe correspond aux sujets présentant des douleurs palpatoires désordon- nées.

Le 4e sous-groupe correspond aux sujets ne présentant aucune douleur à la palpation.

R 1NT G D

POPIL-'TiOi1 TO'.ALE

::: 1NT G G R EXT G 0 population

K EXT (jCi

(7)

Les chiffres montrent que contrairement à une habitude prise par certains dans l'examen clinique nous n'avons pas pu retrouver, chez le sujet assis, de corrélations nettes entre l'ouver- ture spontanée des pieds au sol et l'amplitude de rotation du genou.

Chez les filles cette corrélation est pratique- ment nulle si l'on compare la rotation interne avec l'ouverture des pieds au sol. Elle est présente mais faible si l'on compare la rotation externe avec l'ouverture des pieds au sol.

Chez les garçons c'est l'inverse la corrélation entre la rotation interne et l'ouverture des pieds au sol est présente mais faible, alors qu'elle est nulle entre rotation externe et l'ouverture des pieds au sol.

- La corrélation entre l'ouverture des pieds au sol du sujet debout et les amplitudes rotatoires des hanches est nulle quel que soit le côté, le sous-groupe, ou le sexe des sujets.

- Lorsque l'on compare la rotation interne des genoux des filles entre celles qui ont des douleurs à la palpation toutes catégories confon- dues, et celles qui ne présentent aucune douleur, l'amplitude de ces dernières est plus faible, le test de Student confirme une différence significa- tive : 0,05 < P < 0,01. Par contre cette différence n'existe pas statistiquement chez les garçons.

Discussion

Il ressort de cette étude que les chiffres moyens ne montrent pas de très grandes différences entre les groupes de filles, celles-ci ont plus d'amplitude rotatoire en externe comme en interne que les garçons. Cette simple compa- raison des moyennes entre les sexes qui est assez habituelle ne reflète pas les réalités individuelles.

Les garçons sont dans l'ensemble assez homo- gènes et prévisibles; les côtés droit et gauche ont même amplitude, ils se répartissent autour de la moyenne de façon habituelle, et avec une certaine régularité dans les corrélations quel que soit le sous-groupe. Les filles par contre sont peu prévisibles; les mesures d'un côté ne sont pas révélatrices des mesures du côté opposé, cette instabilité dans les mesures rotatoires est ac-

Ann. Kinésithér., 1988, t. 15, 5 215

compagnée de petites hypertonies perçues à la palpation. Celles-ci sont pour la majorité organi- sées avec des tensions sur un ou plusieurs rotateurs internes d'un côté accompagnées d'un ou plusieurs rotateurs externes du côté opposé.

Le rapport rotatoire interne actif/passif chez les filles, en principe révélateur de l'utilisation fonctionnelle, montre une minoration de l'utili- sation des possibilités de cette amplitude. Par contre ce phénomène ne semble pas présent en rotation externe.

Chez les filles la comparaison des rotations actives du genou avec la position d'ouverture des pieds au sol montre une relation nulle si l'on considère la rotation interne, elle est cependant présente avec la rotation externe. Le phénomène étant inverse chez les garçons.

n

est habituelle- ment admis que le secteur de repos d'une articulation correspond à peu près à la partie intermédiaire de l'espace actif, et la position rotatoire spontanée doit correspondre à cette situation de repos. Cette constatation semble indiquer que les filles ont une meilleure connais- sance de leur secteur rotatoire externe qu'elles utilisent comme secteur de repos. Les garçons eux utilisent plus spontanément leur secteur interne qu'ils perçoivent mieux.

INCIDENCE THÉRAPEUTIQUE

Il ressort de l'analyse de l'ensemble des résultats que les secteurs de l'amplitude rotatoire du genou est à dominante du côté externe chez les jeunes femmes, alors qu'il est plus interne chez les jeunes gens. Cette dominante rotatoire externe exagère l'obliquité du tendon rotulien vers le dehors, ce qui augmente la pression de la face postérieure de la rotule sur la joue externe de la trochlée fémorale.

Cet appui crée un déséquilibre fonctionnel sur le genou qui augmente petit à petit. En effet dans l'activité gestuelle quotidienne le genou n'est jamais vérouillé en extension, et dès les premiers

degrés de flexion la stabilité rotatoire active du genou est nécessaire pour placer correctement l'alignement fémoro-tibial. Cet alignement uti- lise le secteur spontanément libre et s'il s'agit du secteur rotatoire externe le sujet se place en attitude statique et dynamique avec un rotatum

(8)

216 Ann. Kinésithér., 1988, t. 15, n° 5

externe accompagnant éventuellement un ad- ductum fémoral ce qui donne l'impression fausse d'un genu-valgum.

Sans parler des grosses pathologies évidentes avec modification structurale et destruction des cartilages, les sujets qui présentent les désordres cités plus haut peuvent souffrir épisodiquement d'un ou des deux genoux. La défense de ces sujets est d'organiser la tension permanente des muscles rotateurs du genou qui sont alors douloureux à la palpation. Cette organisatiori de la défense rotatoire se fait en majorité avec une tension sur un ou plusieurs rotateurs internes, freinateurs de la rotation externe. Celle-ci peut souvent s'accompagner d'une défense croisée du membre opposé avec une tension sur les rotateurs externes.

L'interrogatoire est assez classique : le sujet jeune se plaint après un effort important sans localiser la douleur avec précision. Lorsque la jeune femme est fatiguée, ses défenses actives

sont un peu amoindries, et elle désaxe un peu plus la stabilité rotatoire, il en ressort des douleurs diffuse~ qui passent avec le simple repos. La descente des escaliers est parfois douloureuse (signe caractéristique des genoux).

Ces symptômes peuvent être suffisamment pré- sents pour entraîner une gêne fonctionnelle réelle avec claudication épisodique qui amène la personne à sa première consultation.

L'examen clinique qui doit guider le praticien est l'appréciation du déficit rotatoire interne actif (fait comparativement avec le côté opposé), sans que celui-ci ne soit au début accompagné d'un déficit de l'amplitude passive. Ensuite il doit chercher la mobilité en glissement des différents tissus mous : la peau qui est sensible à la palpation et au pincé, autour du genou, et notamment en regard de la patte d'oie, les muscles rotateurs dont la palpation transversale indique une souffrance, et enfin, les éléments ligamentaires, ligaments latéraux mais aussi les ailerons rotuliens, qui souffrent lorsque l'évolu- tion est déjà ancienne.

INCIDENCE RÉÉDUCA TIVE

Chez ces sujets les techniques de kinésithéra- pie manuelle sont les seules capables de rétablir

une normalité fonctionnelle. Au premier chef le massage des différents tissus mous, peau, mus- cles, ligaments, permet de libérer les tensions qui peuvent gêner le mouvement. Ensuite ce sont les techniques de mobilisation passive, surtout rotatoires internes, qui vont permettre de repro- grammer la perception de ce secteur d'ampli- tude, il s'agit donc d'un véritable rodage en va et vient. Enfin la rotation active centrée sur le secteur interne doit permettre de reprogrammer le genou tout d'abord en décharge puis en charge.

Lorsque le sujet présente une chondromalacie, les mobilisations rotatoires passives et actives doivent utiliser un secteur de petite flexion. Il est nécessaire d'y adjoindre des exercices ciblés sur les différents chefs mono articulaires du quadriceps en course d'extension du genou sans contraintes fémoro-patellaire.

Les résultats positifs de cette kinésithérapie sont parfois importants en 10 à 20 séances, avec cessation des douleurs, reprise de la mobilité spontanée notamment du secteur rotatoire in- terne, et reprise d'une activité physique qui avait pu être interrompue. Un suivi kinésithérapique reste nécessaire chez certaines personnes qui ont de la difficulté à reprogrammer leur genou et pour lesquelles le seuvrage thérapeutique doit être progressif.

Conclusion

L'ensemble de ces études montre que les filles sont moins symétriques que les garçons, qu'elles ont une mauvaise connaissance de leur rotation interne du genou, et qu'elles utilisent préféren- tiellement leur rotation externe. Cette utilisation fonctionnelle, rotatoire externe, augmente l'obli- quité externe du tendon rotulien, la pression de la rotule sur la trochlée externe s'en trouve majorée dans les actes quotidiens. Il est probable que ce constat est en relation avec la fréquence des consultations des jeunes filles pour des genoux douloureux.

(9)

Références

1. PÉNINOU G., COQUISART L., TERNON P., BARETTE G., SIRADSKY M.-L., SPACZEK M. - Absence de coordination rotatoire des genoux de la jeune fille. Biophy. Bioméca., 1986, 10, 75-76.

2. SAMUEL J., PÉNINOU G., SCIBERRAS J.-L., OLRY J. - Objectivation des amplitudes rotatoires du fémur, Hanche

Ann. Kinésith ér., 1988, t. 15, nO 5 217

en chaîne ouverte. Ann. kinésither., 1985, 12, 145-152.

3. SAMUEL J., PÉNINOU G., VANEUVILLE E., POREAU M.-F. - Objectivation des amplitudes rotatoires du tibia sur le fémur.

Ann. kinesith ér., 1983, 10, 355-359.

4. SPACZEK M. - Corrélation chez les filles des amplitudes rotatoires de hanche et de genou. Mémoire présenté en vue de l'obtention du certificat national de moniteur-cadre en masso-kinésithérapie. Ministère de la santé, Région de Picardie, École de cadre de kinésithérapie de Bois-Larris, 1985.

TECHNIQUE DE L.:APPAREIL PLATRE EN TRAUMATOLOGI

Patrick. Cronier

Cet ouvrage est un manuel de technique pure intéressant tous ceux, qui, à des niveaux divers, sont soucieux d'améliorer la qualité de leurs appareils plâtrés. Une première partie traite des conditions de réalisation d'un plâtre en général, du matériel, des matériaux (y compris des matériaux synthétiques nouveaux), de la surveillance d'un plâtre, de la dépose, des gypsotomies, etc. Sont ensuite étudiés un à un tous les appareils plâtrés réalisables en

traumatologie (y compris ceux de la méthode de Sarmiento), en décrivant 1 MASS<.'JN m

minutieusement chacun des gestes nécessaires, particulièrement pour le modelage, élément essentiel et souvent méconnu.

Une inconographie abondante concrétise chaque élément du texte avec des dessins beaucoup plus explicites explicites que des photographies.

Chaque particularité d'un appareil et chaque geste technique trouvent leur Justification avec la sanction prévisible en cas de défaut technique ..

Ouvrage en vente, en librairie ou à la Maison du Livre Spécialisé

MASSON m

._----~---~---.

compléter etàretourner àla Maison du Livre Spécialisé - B.P. 36 - 41353 VINEUIL CEDEX)

G

5\t

Je désire commander et de remise

... ex de: TeChnique de l'appareil plâtré en traumatologie par P CRONIERà200 F* POUr ,:SOrt gratuit

(ISBN 2-225-81015-X) Médeci abonnés d

.• Pnx public TTC unitaire aiJ 1.1.~8 lOin IlePrQ1i iL e

+participation aux frais de port 1.11F Dour l vol, 15 F pour 2 vol., 21 F ;Jour 3 ou 4 vol, 32 F pour 5à10 vol.) b dre la der ~ e

CI-JOintmon chèque de .. F libelléàl'ordre de M.LS ande d'en"nl.ère

NOM Prénom \101.

Adresse

Code Postal Ville Pays 872516

Références

Documents relatifs

« Un des points de départ du projet, c’est ma visite de la Wellcome Collection à Londres, où était présentée une histoire des jeux pédagogiques dans l’esprit

C'est le très joli titre d'une vilaine histoire, toujours en cours, que nous raconte Jonathan Baeveghems, aux Éditions Azimuts, pour mieux faire connaître cette maladie

Le traitement de ces déviations sur MOC reste très difficile car elles sont souvent associées à un déficit statural, des douleurs articulaires, des fractures, une hyperlaxité,

Suite à la création de Symphonie pour une plume, Florence Lavaud crée en 2017 (en collaboration avec François Weber) Echo à une symphonie une installation

Vous acceptez d'aider la famille 30 heures par semaine (garde d'enfants ,surtout Vous parlez anglais avec les enfants ).. Vous êtes ouverte, flexible, patiente et tolérante

Lors de déplacements hors de sa région habituelle, le Service Bancaire National attaché à la carte de paiement permet de consulter le solde de son compte sur l’ensemble

Lors de déplacements hors de sa région habituelle, le Service Bancaire National attaché à la carte de paiement permet de consulter le solde de son compte sur l’ensemble

Et si quelqu'un trouve que j'ai péché en pleurant ma mère durant quelques minutes, cette mère qui était morte pour un temps à mes yeux, mais qui avait