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Pour une émancipation de l’Œdipe, ou pour une psychanalyse décentrée

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Analyse

de

livre

Pourunee´mancipationdel’Œdipe,oupourunepsychanalyse de´centre´e

Sexeetgenresurledivan:The´oriesdusexueldanslediscours delacliniquepsyenFrancecontemporaine,T.Besnard-Santini, L’Harmattan,Paris(2017).

Unplaidoyercontrelepsychanalysme

Auregarddesre´centesimplicationsme´diatiquesetpolitiques decertainsanalystesdanslesde´batssurlePACS,leMariagepour touset les nouvellesformesdeparentalite´, le dernierouvragede TiphaineBesnard-Santiniseproposede«mettreenquestionleroˆle etlaplacedesthe´oriespsychanalytiquesdanslagestiondescorps etdusexuel»(p.33)enFrance,aujourd’hui.Levocable«divan», quiapparaıˆtdansletitreetqui,commeRene´Roussillon(2005)l’a illustre´,neconstituepasunesimpleallusionaumode`leide´aldela cure-typeoua` uneme´tonymiedume´tierdepsychanalyste,mais renvoieparailleursa` unsupportdote´ d’unechargefantasmatique agissant«enlatence»,aussibiendanslecadredesthe´rapiesen face-a`-face que dans les conceptualisations psychanalytiques, laissepenserquelamiseenexamendeladiscursivite´ me´tapsy-chologiqueferaappela` lagrilleanalytique.Bienqu’ils’ave`reaufil despagesquecen’estpaslecas,cetouvragefournitleterreaupour unetellede´marche,notammentlorsqu’ils’agirad’appre´henderles me´canismesinconscientsquisous-tendentla«cloˆturearrogante» (Mijolla-Mellor, 2017) d’un certain savoir me´tapsychologique, re´fractaireauxapportsdesautresdisciplines,agrippe´ aux«dogmes paternels » (Tort, 2005) et aveugle´ de « burqa ide´ologiques » (Martens,2018).

A` ladiffe´renceduLivrenoirdelapsychanalyse(Meyer,2005)ou dubruˆ lot re´dige´ parMichel Onfray (2010), quicontestaient la scientificite´ desthe´oriespsychanalytiquesetde´nonc¸aient l’impos-ture du personnage historique de Freud, la critique de cette chercheusea` doublecasquette—sexothe´rapeuteetdocteureen sociologie — se centre sur le pouvoir performatif des e´nonce´s me´tapsychologiques a` meˆme de produire des subjectivite´s souffrantes,lorsqu’ils virenta` lanormativite´ etaudogmatisme. Sisesde´veloppementssontanime´sparunsoucie´piste´mologique inde´niable,l’objectifprincipaletterminaldel’auteuresecalquesur l’espaceclinique,ainsiqu’ellelere´sumeencloˆturedesontravailet enquatrie`medecouverture:«Monouvragevisea` prolongerles effetsdecellesetceuxquicherchentconstammenta` ame´liorer l’e´couteet l’accompagnementdes professionnel(le)sdelasante´ mentale»(p.243).

Revisiter la psychanalyse de l’exte´rieur en l’invitant a` une re´flexivite´ a` l’e´garddesesfondementseta` unde´centragedeses axesimmuables:voicilefilconducteurdel’œuvre de Besnard-Santini,quifrappeparl’ampleuretl’he´te´roge´ne´ite´ desessources, savamment utilise´es dans le corps du texte et richement commente´espar ailleurs dans lesnombreuses notes debas de

page.Cettedocumentationfoisonnanteestd’autantplus impres-sionnantepourle/lalecteur/tricefrancophoneenestsouventmal informe´/e, du fait dela pe´nurie de traductions en franc¸ais des diverscourantspsychologiquesayantprisessornotammentdans l’espace outre-Atlantique.En contrepartie, on remarquera deux re´fe´rencesbibliographiquesa` Lacan(p.263),ende´pitdelacritique virulentedesapense´e,essentiellementfonde´esurlesexe´ge`sesde son œuvre,ainsique l’absence notable dansla bibliographie— e´tale´e sur onze pages et ambitieusement divise´e en plusieurs partiesetsous-parties—d’unFerenczioud’unWinnicott,malgre´ leurmentionsuccincteintratextuelleetindirecte.

Si une vision « extra muros » est susceptible de mettre en exergueles pointsaveuglesde lapsychanalyse, puisque « c’est toujoursladisciplinevoisine[...]quipeutattirerl’attentionsurce qu’il fautsacrifier comme inte´reˆtpoureˆtreefficace sur le plan heuristique et le´gitime sur le plan e´piste´mologique » (Besnier, Klein,&Wismann,2010),on signalerane´anmoinsleslimitesde cetteperception.Comptetenudesconceptualisationscomplexes delascienceinvente´eparFreud,consubstantiellesauxe´mergences de l’inconscient dans l’espace de la cure, il serait vraisembla-blementdifficiledesaisirextraterritorialementlasingularite´ dela psychosexualite´ quis’originedanslesexuelinfantile,ce« plus-de-plaisirirre´ductiblea` lasatisfactiond’unefonctionvitale»(Ayouch, 2017a,p. 13).C’estla raisonsans doutepourlaquelle Besnard-Santini recourtsouventaux sourcessecondaires poure´tayer sa critique a` l’e´gard du discours psychanalytique sur les pulsions libidinales, au de´triment de l’interrogation directe des textes fondateursdela psychanalyse,lorsqu’elle neproce`depasa` des simplificationsnotionnelles.Onpeutsedemanderparexemplece quirestedelalibidofreudiennelorsquel’auteureentendlesexuel ausensdu«sexual»propose´eparJeanLaplanche,«pourqualifierla sexualite´ nonreproductriceetperversepolymorphe,quis’origine dans l’e´rotisme infantile », tout en la de´couplant de « ses implications inconscientes » (p. 19). Les « signifiants e´nigmatiques» (Laplanche,1987)du savoirme´tapsychologique seraient-ilsherme´tiquespourlesnon-initie´sa` lacureanalytique? Nonobstant, il ne faut pas ne´gliger la mise en garde de Laplanche(1987)vis-a`-visd’unimpe´rialismeclinique,prompta` phagocyterlestrois autreslieuxdel’expe´rienceanalytique,qui sont, selon lui, le ve´cuinterne dela the´orie,l’inscription dans l’histoireetl’exportationdelame´tapsychologiea` laculture.

Lacliniquen’est pas letoutdel’expe´rience psychanalytique meˆmesil’onveutbien,comme onledoit,luidonnerlesens strict de clinique de la cure [...]. L’inflation du concept de cliniqueva depairavecson caracte`revagueet irre´fle´chi, et surtoutaveclavaleurd’alibiqu’ilsedonnedenosjours,alibi contrelapense´eetarmedeguerrecontretoutere´flexion[...]. Souslenomderetoura` laclinique,cequitentedes’imposer, c’estunterrorismedeconceptsimplicites,leplussouventtire´sdu senscommunoubanalise´sparlui(Laplanche,1987,p.12;nous soulignons).

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www.sciencedirect.com

https://doi.org/10.1016/j.inan.2018.02.003

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L’undesme´ritesdeBesnard-Santini,quicommentelepassage quenousvenonsdeciter(p.42)estd’illustrerl’usagede´fensifdela cliniqueparcertain/e/sthe´rapeutes,lesquel/le/sontdisqualifie´ sa position«horslesmurs»etontimplicitementplaide´ enfaveur d’une imperme´abilite´ de la me´tapsychologie aux « transferts disciplinaires»(Assounetal.,1995).Lesurenche`resurunepurete´ analytique,re´fractairea` toutme´lange,nerenvoie-t-ellepasa` une endogamieauto-fe´licitanteet,demanie`reencoreplusarchaı¨que,a` un«Moi-plaisirpurifie´ »(Freud,1915),quilutteraitpourgardera` l’exte´rieur tout ce qui risquerait de perturber sa quie´tude narcissiqueoriginaire?Rappelonsque,pour Freud,cette phase primairecoı¨ncideaveclahainedel’objetetque,transpose´eau niveau collectif, elle pourrait servir d’analyseur de l’ide´ologie raciste, ainsi que de toute crispation communautariste ou disciplinaire.

Pournotrepart, nousinterrogeronslade´marchedel’auteure qui consiste a` « mettre sur le divan » les e´nonce´s me´tapsy-chologiquesautourdusexeetdugenre,a` partirdenotre«pointde vue»(standpoint)declinicienquime`nedesthe´rapiesoriente´espar letransfertanalytique,etdethe´oricieninforme´ parlessciences sociales.Tout enreconnaissantlesrisquesd’une« confusionde langues»e´piste´mologiques,nousnoussituonsdansunede´marche re´flexive, voire critique vis-a`-vis de la psychanalyse ou plutoˆt « d’une certaine psychanalyse replie´e sur son axe narcissique, sourdea` l’histoire, a` la clinique et auxautrese´piste´mologies » (Ayouch, 2017a, p. 10). C’est pre´cise´ment contre ce «psychanalysme»(Castel,1973)quel’ouvragedeBesnard-Santini s’e´le`ve,e´taye´ par uneargumentation quenousallonsexaminer incessamment.

Unee´couteinclusivedesminorite´s

Troisexerguessurplombentlapageinauguraledulivre(p.7), annonc¸antetcondensantdemanie`reparadigmatiquela proble´-matiquedel’auteure.« Cepouvoirqu’ala scienceoula the´orie d’agirmate´riellement surnospersonnes n’ariend’abstrait sile discoursqu’ellesproduisentl’est.Ilestuneformededomination». L’extraitdeLaPense´estraightdeMoniqueWittingsouligneainsiles effetspolitiquesdelaproductiondusavoir,avantdepasserlerelais a` une citation de Georges Devereux, qui de´fend la pluralite´ interpre´tative : « Si un phe´nome`ne admet une explication, il admettraaussiuncertainnombred’autresexplications,toutaussi capablesquelapremie`red’e´luciderlanatureduphe´nome`neen question ». En dernier lieu, l’interrogation de Muriel Dimen rappellelapre´valenceinde´niabledusexuelauseindeladiscipline freudienne : « Qui peut penser a` la sexualite´ sans penser a` la psychanalyse?»Lemessageve´hicule´ parlestroisexerguessemble eˆtrelesuivant:l’empiredesthe´oriesme´tapsychologiquesautour du fait sexuel supplante toute polyphonie discursive en pro-duisant,deparla«politiqueduperformatif»(Butler,1997),des modesdesubjectivationunivoquesetuniformes.

Conside´ronse´galementlechoixdestroisauteur/e/s:Monique Witting,dote´ed’unedouble culture,franc¸aiseet ame´ricaine,se revendiquait comme fe´ministe et lesbienne radicale ; Georges Devereux, d’origine franco-ame´ricano-hongroise, e´tait a` la fois helle´niste,psychanalyste,ethnologueet anthropologue; l’Ame´-ricaine Muriel Dimen posse´dait, quant a` elle, une formation pluridisciplinaire en anthropologie, enpsychanalyse, en Gender andQueerStudies.Voici,a` notresens,l’e´nonciationimplicitequeles trois citations tissent intertextuellement : le me´tissage de sexualite´s,degenres,d’ethniesetd’e´piste´mologiesconstituerait un reme`de au monopole du discours psychanalytique sur les pulsionslibidinales,cette«pense´estraight»universaliste,prompte a` e´craserladiversite´ etlapolychromieidentitaires.

Ladensepre´face,quisuitjusteapre`s,introduit,souslaplume charismatique deThamy Ayouch, le concept original de«

psy-chanalyse mineure », de´fini sur le mode`le de la « litte´rature mineure»deGillesDeleuzeetFe´lixGuattari1.Auxantipodesd’une cliniqueorthope´diqueete´ducative,quiromptaveclapolymorphie delasubjectivite´ a` laquelleinvitelaconceptiondel’inconscient,se situeraitselonAyouch(2017a,p.16)unepratiqueanalytiqueapte a` «reconnaıˆtrelesvoixminoritaires,leverleurinvisibilisationou leurre´ductionensilencesanstoutefoisessentialiserleuridentite´ ». L’objectifdece nouveauprogrammeclinique,quisedessineen creuxdansl’ouvragedeBesnard-Santini,consisteraitpre´cise´ment enunede´territorialisationparrapportauxdiscoursmajoritaires: «Leoulapraticien/ned’unepsychanalysemineuren’appartient pas ne´cessairementa` uneminorite´ (de classe,d’ethnicite´ ou de genre) mais assume une position de minorite´ eu e´gard aux relationsinstitue´esdesavoiretdepouvoir»etvisea` de´construire « le point de vue particulier [de l’]homme, blanc, occidental, bourgeois,he´te´rocentre´ etcis-centre´ »(Ayouch,2017a,p.16).

Unee´piste´mologie«situe´e»

La de´marche me´thodologique de Besnard-Santini se veut polyvalente.Fortedesaformationthe´oriqueensexologie2etde sesrecherchesdoctoralesensociologie3,l’auteureambitionnede passer aucrible lalitte´rature psychanalytiquequitraite dufait sexueldanssa«diversite´ d’e´coles,d’influencesetdecourants» (p.23).Elleproposedoncunere´partitiondesessourcesencinq cate´gories:lestextesfondateursdelapsychanalyse:Freud,Jung, Abraham,Ferenczi,Lacan,Reich;lese´le`vesdespremiers(Me´lanie Klein,AnnaFreud,He´le`neDeutch)ettout/eauteur/edirectement influence´/e par leur pense´e (Joe¨l Dior, Bela Gruneberger, Jean Berger, Bruno Bettelheim), appele´s « postfreudien/ne/s », « orthodoxes »,« traditionnel/e/s » et « conservateurs/trices» ; auteur/e/s de vulgarisation de la psychanalyse, ainsi que des professionnel/l/es non-psychanalystes qui utilisent certaines notionsvulgarise´esdufreudismeoudulacanisme (pe´dopsychia-tres,sexologues,conseillersconjugaux);despersonnesquiparlent aunomdelapsychanalyseafindede´fendreleurside´espolitiques, ide´ologiques ou morales (Franc¸oise Dolto, Jacqueline Schaeffer, JacquesAndre´,AldoNaouri);enfin,despsychanalystesqualifie´/e/s de«progressistes»ou«transgressifs/ves»,tel/le/sKarenHorney, JeanAllouch,LaurieLaufer,ThamyAyouch,SabineProkhoris4.Sont retenuese´galementdanscettecate´gorieJudithButleretTeresade Lauretis, quine sontpas pour autant analystes, meˆmesi leurs travauxpuisentamplementdanslesavoirme´tapsychologique.

De´pouillercevastecorpusne´cessiteuntravaildebe´ne´dictinet onnepeutqu’admirerl’effortconside´rablede´ploye´ par Besnard-Santinipourexplorercesauteur/e/s.Lereversdelame´dailledeson projetambitieuxre´sidedanslalectureine´vitablementpartielleet ine´luctablementpartialedecese´critscomplexesetpluristrate´s. Contentons-nouspourl’instantd’e´mettreunere´servevis-a`-visde lade´nomination«psy»,termeparapluieethyper-inclusifchoisi par l’auteure pour qualifier tou/te/s les clinicien/ne/s et/ou les

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Ayouch (2017b)de´veloppe plusamplementceconceptde« psychanalyse

mineure » en ayant recours aux analyses foucaldiennes, dans une re´cente contributiond’unouvragecollectifconsacre´ augenreetauxparentalite´setsigne´ depsychanalystesissusdediversese´colespsychanalytiques.

2Aumomentdelare´dactiondesonouvrage,Besnard-Santinin’avaitpasencore

commence´ a` exercerentantqueclinicienne-sexothe´rapeute.

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L’ouvragedeBesnard-Santini(2017)constitueuneversionremanie´edesathe`se dedoctoratintitule´eUsagesetMe´susagesdusexueldanslediscoursetlaclinique «Psy»enFrancecontemporaine,soutenuea` l’Universite´ ParisVIIIen2015.

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Nous pourrions rajouter dans cette cate´gorie les travaux re´cents des the´rapeutesanalytiquesVincentBourseul,FabriceBourlezetBeatrizSantos,qui se situent au carrefour de la psychanalyse, des Gender Studies et desQueer Studies.Citonse´galementSergeHefez,PatriciaPorchet,ClaireNahon,E´ricBidaud, Vincent Estellon, Lionel Le Corre, Susann Heenen-Wolff, ainsi que la plus «classique»CatherineChabert,quioffrentdesre´flexionsstimulantes,e´loigne´es delanormativite´,autourdessexesetdesgenres.

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the´oricien/ne/s, inde´pendamment de leur formation et de leur moded’interventionthe´rapeutique.L’auteureprendsoin d’expli-quercepartiprisdansunenotedebasdepagequenousaurions pre´fe´re´ voir inte´gre´e dans le corps du texte, compte tenu des enjeuxmajeursdesoninitiative:

J’aifaitlechoixd’employerletermege´ne´rique«psy»pourdeux raisons:18Ende´pitdemeseffortsconsistanta` distinguerles diffe´rentesspe´cialite´sthe´rapeutiques(sexologie,psychanalyse, Gestalt-the´rapie,psychocorporel,psychiatrie,psychologie),les usages professionnels tendent a` diminuer les de´limitations the´oriquesetpratiquesquiexistentdanslalitte´rature;28Parce que je conside`re que malgre´ des diffe´rences the´oriques, pratiques et ide´ologiques entre ces diffe´rentes disciplines, certainsconceptsbasiquesissusdelame´tapsychologiefreudienne, unobjectifcommun(l’ame´lioration,voirelere´tablissementdela sante´ mentale et sexuelle) et une formation pour partie commune m’autorisent a` employer ce terme ge´ne´rique. (p.19,n.1;noussoulignons).

Nous entendons bien la perplexite´ de l’auteure devant l’ampleurdela documentation qu’ellea retenueet la difficulte´ duclassementdelalitte´raturedite«psy»quenousretrouverons danslapartiebibliographiqueou` Besnard-Santinisubdivisepar exemple la litte´rature analytique en « Diffe´rence des sexes », «Sexualite´/psychosexualite´ »et«Maternite´/parentalite´ »—comme sila«diffe´rencesdessexes»oula«Maternite´/parentalite´ »e´taient se´parablesdelapsychosexualite´ —,enyincluantparailleursdes auteur/e/s non analytiques tel/le/s Patricia Mercader, Claude Cre´pault ou Catherine et Patrice Cudicio. Ce qui suscite pre´-cise´mentnotreobjection,c’est leplacementau meˆmerangdes psychanalystes,lesquelsbe´ne´ficientpourleurlargemajorite´ d’une longueetrigoureuseformationauseindessocie´te´s psychanaly-tiques5 ensusde leurcursus universitaire,des sexologues,des gestalt-the´rapeutesetdepraticien/ne/sdivers/e/setvarie´/e/sau bagage et au parcours fondamentalement diffe´rents et qui interviennent dans l’espace clinique de fac¸on radicalement diffe´rente.Enpoussantunpeuplusloin,onpourraitincluredans cettelisteindiffe´rencie´elesassistant/e/ssociaux/ales,lescoaches, lese´ducateurs/trices, les acupuncteurs/trices, les magne´tiseurs/ eusesetdivers/esgue´risseur/euse/s,puisqueelles/euxaussisont anime´/e/spar«l’objectifcommun»d’ame´liorerlasante´ deleurs patient/e/souleursclient/e/setsansdoutesusceptiblesd’utiliser certains«conceptsbasiques»delavulgatepsychanalytique.

Cetteindiffe´renciation des «psys »entraıˆne ine´luctablement uneinterrogatione´piste´mologique,maisaussipolitique. Sinous souscrivons a` la de´marche de Besnard-Santini de fustiger les praticien/ne/squiseserventdelapsychanalysepourjustifierleurs ide´ologiesintimes, nous pouvonsnous demander cependant si l’auteure ne tombe pas dans le pie`ge de la reproduction de l’attitudequ’ellede´nonce.Car,mettreindistinctementtou/te/sces professionnel/le/sdesante´ danslepanierfourre-toutdes«psys» et,enmeˆmetemps,tenirlame´tapsychologiefreudiennecomme seuleresponsable des maltraitances cliniques et the´oriques ne constitue-t-il pas une extrapolation abusive faisant peser sur l’auteurelesoupc¸ond’uneide´ologisationd’uncomptepersonnela` re´gler avec la psychanalyse ? Et la disqualification de cette «psychanalyse ge´ne´ralise´e» nepeut-elle de surcroıˆt sere´ve´ler nuisible—maltraitanteducoup—pourlespraticien/ne/squifont unusagetouta` faitbe´ne´fiquedes outilsdeleurdiscipline ?Le

pouvoirdesmotsetlapolitiqueduperformatiffonctionnentaussi danscesens.

Il serait toutefois injuste de ne pas reconnaıˆtre a` Besnard-Santini une re´flexivite´ vis-a`-visde sa posture scientifique. Elle apparaıˆtconscientedesonimplicationhautementsubjectivedans sonobjetderecherche,puisqu’elleexplicitesaposition«entant quepatiented’unepsychothe´rapeute,appartenanta` une commu-naute´ susceptibled’eˆtrestigmatise´eparlesthe´oriesdelasexualite´ (lacommunaute´ LGBTQI)»(p.31)et«entantquepartenaired’un hommetrans»(p.99).Inspire´eparHowardBecker,«quirefuse toute pre´tention a` l’objectivite´ et se fonde sur l’observation participante»(p.31),ainsiqueparleconceptde«savoirsitue´ » (situatedknowledge)deDonnaHaraway,elle placesade´marche sous les auspices de l’e´piste´mologie fe´ministe et queer. Son investissement dans la recherche e´tant indissociable de son engagementpolitique,elle seplaıˆta` proˆnerenoutrel’adoption del’e´critureinclusive,«puisquelelangageadeseffetspolitiques» (p.31).Enconse´quence,lepositionnementdeBesnard-Santini vis-a`-visdes the´oriessurlasexualite´,indissociabledeson apparte-nancea` ungroupeminoritairequiamassivementsubiles«injures diagnostiques»(Ayouch,2015)delapartdes«psys»etlongtemps souffertdemultiplesprivations,discriminationsetconfiscations deparole,peuteˆtrecompriscommelecontre-transfertindividuel, collectifetide´ologique6d’unechercheuse«localise´esurlamarge». Si, a` la diffe´rence deHaraway (1988),nousn’attribuons aucun privile`ge e´piste´mologique aux « points de vue des [groupes] assujetti/e/s»(subjugatedstandpoints),nousreconnaissons toute-fois pleinement la le´gitimite´ d’une perspective partielle, politi-quement,culturellementethistoriquementsitue´e.

Uneenqueˆtedeterrain

Besnard-Santininesecontentepasd’e´tudierlalitte´raturepsy afindere´pertorieretd’analyserlesdiffe´rentesthe´oriessurlefait sexuel. Sa de´marche comporte en outre le traitement de 27entretiensavecdes usager/e`re/sdethe´rapies,mene´sa` partir dequestionsportantsurl’appre´hensiondelasexualite´ ense´anceet seseffetstransfe´rentiels.Lespersonnesqu’elleainterroge´esont e´te´ recrute´es«parlebiaisd’annoncesdiffuse´espare-mailsurdes sites internet de petites annonces ainsi qu’aupre`s de [s]on entourage » (p.26, no 2). Lachercheuse a conscience que « ce dispositifderecrutementnepermetpas,etn’apaspourfonction, deproduireunrecueildedonne´essusceptiblesd’eˆtretraite´esde manie`requantitative,nidefournirdesconnaissancesge´ne´ralessur l’ensembledelapatiente`ledespsysfranc¸ais(e)s»(ibid.).Ils’agit encore une fois de souligner la perspective partielle de son enqueˆte,salocalisationse´lectiveetsubjective(«sonentourage»), ainsi que le flottement toujours proble´matique du terme « the´rapie ». Il est significatif que, si l’on entend parler de traitements d’« inspiration analytique », on est prive´ de toute re´fe´rencepre´ciseaudispositifclassiquedivan/fauteuil,«l’orpur» delapsychanalyse,alorsquel’ouvrageestentie`rementaxe´ surla remise enquestion de cette discipline. Neserait-il parailleurs abusifd’intitulerunsous-chapitre«Lestravailleusesdusexesurle divan»(p.168),quiabritepourautantlesexemplesd’unecure

5Laformationdesanalystesparleurspairsexpe´rimente´/e/sfaitl’objetd’une

critiquedelapartdeBesnard-Santini,qui,appuye´esurdessourcessansdoute date´es,de´noncelesyste`meenvaseclosdel’«analysedidactique»(p.220),alorsque cettedernie`reestsupprime´eauseindel’IPA,auprofitdel’analysepersonnelle,qui nesedistingueplusdelacure-typeclassique.

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Nous faisonsappela` la notione´largieducontre-transfert,quitranscende l’espacedelacureetquis’e´tenda` larelationquelechercheurentretientavecson objetderecherche,ainsiqueGeorgeDevereux(1967)l’ade´veloppe´edansson ouvrageDel’angoissea` lame´thodedanslessciencesducomportement.Cf.aussi

Benslama(1989)quisouligne,danslesillagedeDevereux,ladistinctionentrela

notiond’«implication»,quiconnotelefaitd’uneconfusiondanslessituations humainesentreobservateuretobserve´,etlecontre-transfertdanslarecherche, lequelconsisteenl’analysedelatendanceduchercheura` reportersurl’objet observe´ lestracesdecequ’ilestetdecequ’ilfut,a` savoirsonidentite´ singulie`re,son identite´ collective,sathe´orieetsonide´ologie.

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cognitivo-comportementalisteetd’uneexpe´riencethe´rapeutique avecunespe´cialistedecouple?

L’enqueˆtedeterraindeBesnard-Santiniestcomple´te´epardes entretiensavecdes «psys »franc¸ais/e/s, quidans leurmajorite´ avaient publie´ des ouvrages relatifs au sujet questionne´ par l’auteure. « L’entretien portait avant tout sur l’inte´reˆt du professionnelpourlesquestionslie´esa` lasexualite´,auxnormes etsursonrapportauxthe´oriesdusexuel»(p.27).L’importancede cete´changeverbalre´side,a` notresens,danslehiatusconstate´ par Besnard-Santinientrelaposturecliniquequitransparaıˆtlorsdes entretiensetcelleaffiche´edanslese´critsdes«psys»enquestion. Outreleparame`tredeseffetstransfe´rentielsdelarencontreavecla chercheuse,onsignaleralesclivagesquel’onrepe`reeneffetentre la position officielle de certains psychanalystes en matie`re de sexualite´ etdegenred’unepartetleurside´ologiespersonnelles d’autrepart.Citonsl’exemplee´loquentdeSimoneKorff-Sausse:si ellefaitl’e´logedeladiversite´ dessubjectivite´ssexue´esetgenre´es dansunerevuescientifique(Korff-Sausse,2010),elleassimilepar ailleursl’homosexualite´ auprocessusinquie´tantduclonagedans unarticlesurlePACS(Korff-Sausse,1999).Laquestionvitaleestla suivante:quelseffetsunetellecontradictionproduirait-elledans l’espacedelacure?Interroge´esouscetangledemisea` l’e´preuve de sa recherche des pre´juge´s des the´rapeutes, la de´marche de Besnard-Santininousparaıˆtre´solumentpertinente.

Unestructurebinairepours’affranchirdubinarisme

L’ouvrageSexeetGenresurledivanestdivise´ endeuxgrandes partiesdontlesthe`messechevauchenta` l’occasion.Lapremie`re explorelasexuationetlesidentificationsdegenredansl’espace clinique alors que la seconde se focalise sur les the´orisations analytiquesautourdecesthe`mes.Nousaurionspeut-eˆtrepre´fe´re´ une partie supple´mentaire pour confe´rerun aspect plus dyna-miquea` cettede´monstrationincontestablementfluideet solide-mentcharpente´e.Unestructurede´gage´edusche´madualisteserait parailleurs symboliquement en ade´quation avec l’affranchisse-ment du dimorphisme genre´ si puissamment de´fendu par l’auteure.Or le fait que la the`sede Besnard-Santini (2015), de laquelleesttire´ l’ouvragequenouscommentons,soitstructure´een troispartiesnousincitea` spe´culerquelabipartitionretenuedans cettenouvelleversionestplutoˆtdicte´eparlesnormese´ditoriales oupard’autresfacteursmate´rielsplusoumoinsinde´pendantsde lavolonte´ del’auteure.

Expe´riencespsychothe´rapiquesa` l’e´preuvedusexeetdugenre Unpre´suppose´ contestableouvrelechapitreinauguraldulivre: lespsychanalystesnesontpasaptesa` accueillirlaparolesexuelle despatient/e/s,carlame´tapsychologiefreudienneestfixe´esurles fantasmesauxde´pensduconcretdel’expe´riencesexuelle(p.42– 47).Cetteaffirmationsugge`reuneme´compre´hensiondelapulsion, «conceptlimiteentrelepsychiqueetlesomatique»(Freud,1915), quiavaitmarque´ unerupturee´piste´mologiqueavecladichotomie corps/aˆmedelatraditionoccidentale.Lessourcese´tatsuniennes sur lesquelles se base Besnard-Santini sont plausiblement a` l’origine decet e´garement conceptuel, car dans l’espace outre-Atlantique,lesthe´oriessur larelationd’objetont effectivement supplante´ lesthe´oriesfreudiennesetkleiniennesdespulsions.

Onrepe`reundeuxie`mepostulatdiscutable:lanarrationdes pratiquessexuellesencabinetestexceptionnellementaffranchie de la re`gle fondamentale de l’association libre a` cause de l’agressivite´ et du conservatisme des the´rapeutes — pre´tendument—analytiques(p.67–81).L’auteureprendtoutde meˆmesoindeparlerde«co-constructiondetabou»(p.72),le manqued’ouverture des praticien/e/s rejoignant lesinhibitions

pre´-transfe´rentielles des patient/e/s. Elle est consciente par ailleursquesacritique:

reposeengrandepartiesurunerepre´sentationide´aledutravail the´rapeutique,alorsqu’ilfautreconnaıˆtrequetouterencontre humaine est ne´cessairement traverse´e par des e´le´ments qui nuisent force´ment a` l’harmonie relationnelle et quin’ont pas force´menta` voiraveclesquestions degenreetdesexualite´ (p.99;noussoulignons).

Cetteautore´flexivite´ nousparaıˆtessentiellecar ellede´criten termesextra-analytiques lephe´nome`ne quidiffe´rencie pre´cise´-ment les the´rapies oriente´es par la psychanalyse et les autres traitements, a` savoir le transfert ne´gatif qui requiert une perlaborationcouˆ teusea` lalimiteparfoisdelasurviepsychique, puisque,Freudl’abiende´crit,cettene´gativite´ neconstituequ’un de´rive´ delapulsiondemort.Faudra-t-ilparailleursrappelerque l’ide´alisation (a` laquelle Besnard-Santinise re´fe`redansl’extrait cite´ ci-dessus)estlecorollairedecettemeˆmepulsion,ainsique MelanieKlein(1957)l’amontre´,desortequel’attaquevirulentede la psychanalyse dans cetouvrage peut eˆtreinterpre´te´ecomme l’effetd’unesurestimationdesonpouvoir?

Cela dit, nousne mettons gue`re en question le fait que les divers/e/sprofessionnel/le/sre´uni/e/ssouslachapellede«psys» puissentfaireunme´susagedesconceptsanalytiquesetmenerdes curestraverse´esparlacensure,lejugementoul’angoissepropres au/a` lathe´rapeute.C’estpre´cise´mentla` quere´sidel’apportmajeur del’ouvragedeBesnard-Santini.Aufildesextraitsretranscritsde sesentretiensaveclesusager/e`re/sdesthe´rapies,onde´couvreun de´file´ de « psys » visce´ralement attache´/e/s a` l’autorite´ deleur savoir;agrippe´/e/sa` desthe´oriesdate´eseta` desde´terminismes obsole`tes;parasite´/e´/spardespre´conceptionsde´ficitairesdela souffrancepsychique;de´fensivementmutiques,indiffe´rent/e/sou me´prisant/e/s vis-a`-visdesdires deleurs patient/e/s; disquali-fiant/e/s a` l’e´gard des identifications de genre atypiques et moralisateur/trice/s lorsqu’ils/elles se trouvent confronte´/e/s a` des subjectivations ou a` des pratiques sexuelles divergentes (homosexualite´s,transidentite´s,intersexuations,asexualite´s, pro-stitutions,sadomasochismes)parrapportaumode`leuniversaliste d’unehe´te´rosexualite´ et d’unecis-identite´ monogames, compa-rablea` laperspectivesolipsistedel’Occidental/eblanc/he(White Solipsism).

Dansuntelcontexte,lepre´-transfertne´gatifdelacommunaute´ LGBTQIvis-a`-visdespsychothe´rapeutes,amalgame´/e/sa` tortavec «La»psychanalyse,apparaıˆtjustifie´.Pareillement,l’existencede l’AssociationPsyGayoudelistesdespraticien/ne/snon discrimi-nant/e/s dit/e/s safe, si elles peuventcre´er le soupc¸on le´gitime d’une recherche de meˆmete´ a-conflictuelle et d’une cloˆture narcissique ou d’une ghettoı¨sation et d’une normativite´ queer, pourront ne´anmoins s’ave´rer utiles dans le cas d’individus minorise´s et alte´rise´s, qui ont fait l’expe´rience d’une the´rapie coercitive, he´te´ro- et cis-norme´e, susceptible de coloniser leur esprit et d’entraverleur corps, selon un me´canisme proche du biopouvoir de´fini par Michel Foucault, ou qui en redoutent la perspective.Besnard-Santini,quiabordeicisousunangleoriginal bien d’autresthe`mesinte´ressants, tellela mise dela neutralite´ the´rapeutiquea` l’e´preuved’unehe´te´rosexualite´ «naturellement» affiche´e, remet en question nos acquis fondamentaux et nous rappelle les risques de me´tapsychologisation des phe´nome`nes intrapsychiques dialectise´saveclesocial, enrejoignant implici-tement Lacan(1967)7,quiapostule´ que« l’inconscient,c’est la politique».

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Lecorpusme´tapsychologiquea` l’e´preuvedelade´construction La deuxie`me partie de l’ouvrage interroge les concepts fondamentauxdelapsychanalyse(lalibido,l’Œdipe,ladiffe´rence dessexes,labisexualite´ psychique,lase´ductiontraumatique,le masochisme)dansune perspective d’historicisation,de de´cons-truction et de resignification. L’auteure met ainsi en exergue l’irrigationducorpus et dulexiqueme´tapsychologiques parles infiltrations d’un discoursme´dico-psychiatrique stigmatisant et pathologisant,deparadigmesbiologiquesessentialistes,de mode`-lese´ducatifs,desymboliquesreligieuses,ainsiquedespre´juge´s socioculturels les plus communs en matie`re de sexuation et d’identificationsdegenre.Sicertainesapprochespeuvent appa-raıˆtre peu rigoureuses, tel/le/s la simplification du premier dualisme freudien en une injonction de reproduction (p. 193), l’assimilationdu«Nom-du-Pe`re»lacaniena` unehe´te´rosexualite´ apte a` contrer la psychose (p. 182) ou l’appre´hension de la dimension inconsciente de la culpabilite´ et de la jouissance (p.209),leplaidoyercontrelapsychanalyseapparaıˆtplusnuance´ : ilne s’agitpas dediaboliser « La» me´tapsychologie mais d’en de´noncer les de´rives, tout en reconnaissant son fondement re´volutionnaireainsiquesonpotentiele´mancipateur.

Parmi les nombreuses ide´es riches d’enseignement que Besnard-Santininousproposeici,nousretiendronsson interroga-tionautourdelamobilisationdesthe´oriessexuellesinfantilesdu/ dela clinicien/nedans l’e´laborationdes concepts psychanalyti-ques.Ellesere´fe`reexplicitementa` Freud,quiae´rige´ lecomplexe d’Œdipeenope´rateurme´tapsychologiquecentrala` partirdeses sentimentsvis-a`-visdesesparents,qu’ilade´couvertsdanslecadre desonautoanalyse(p.187,n.2).Meˆmesiellen’approfonditpas cettepistecruciale,l’auteurerele`veaufildesespageslese´nonce´s re´solumentnormatifs de plusieurs the´oricien/ne/s, quilaissent transparaıˆtrederrie`releurse´critsuneagressivite´ none´labore´eet s’interrogesurlasourcedecettedernie`re8.Nouspouvonsparleren l’espe`ce d’un contre-transfert the´orique violent, prolongement d’uncontre-transfertcliniqueinsuffisamment—oupasdutout— analyse´ etquire´ve`le,ainsiqueleformuleFerenczi(1928,p.61)a` propos de certains de ses pairs caracte´rise´s par un fanatisme d’interpre´tation,les«maladiesd’enfancedel’analyste».

Conclure?

En guise de conclusion, on se re´fe´rera au ce´le`bre syntagme «darkcontinent»queBesnard-Santiniempruntea` Freud,quil’avait lui-meˆmede´niche´ danslese´critsdel’explorateurHenryMorton Stanley,auteurd’unbest-sellerconsacre´ a` unemissioncolonialeau Congoa` lafinduXIXesie`cle.Commel’auteurel’expliquedansle chapitreaucoursduquelellerevisitelaconceptiondesfemmesen psychanalyse, « a` travers ce slogan qui fera fortune, [Stanley] exprimaitautantlapeur del’hommeblancfacea` uncontinent re´invente´ par le discours colonial que l’angoisse e´prouve´e par l’Homme (au sens ge´ne´rique) devant les de´bordements de la sexualite´ fe´minine » (p. 177, no 1). En conse´quence, la phrase « continent noir », intertextuellement e´claire´e, autrement dit replace´edanssoncontextelinguistique, historiqueet politique, te´moignede l’inextricabilite´ entreles cate´goriesidentitaires de «race»etde«genre»,constructionsdiscursivessusceptiblesd’eˆtre de´construiteset reconstruitesau gre´ desjeuxet desenjeuxde pouvoir.A` vraidire,l’ouvragedeBesnard-Santini,quis’efforcede contextualiseretderepolitiserlediscourspsychanalytiqueauprix parfoisdequelquesraccourcis,ouvredes perspectivespourune approche intersectionnelle du malaise contemporain dans la sexualite´ etpourunehybridation e´piste´mologiquea` l’imagede lapopulationquide´filedanssespages:lesme´tissesdegenres,de

sexes,dede´sirs,delanguesetdecultures.Auplanclinique,celivre nousinviteessentiellementa` nousde´centrerdenos«symptoˆmes» ide´ologiques,ethniques,raciaux,disciplinaires,nosographiquesou autres,ainsiqu’a` e´largirnotree´couteparlapriseenconside´ration de la violence des normes qui participent non seulement au malaise de nos patient/e/smais a` lasubjectivation de tout un chacun.Unetellede´marchenousaideraita` mieuxaccueillirdes proble´matiques nouvelles surgissant d’un contexte socie´tal en pleinemutation.

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