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Entretien avec Michel Hottelier, Professeur à la Faculté de droit de l’université de Genève

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Entretien avec Michel Hottelier, Professeur à la Faculté de droit de l'université de Genève

PERAYA, Daniel, HOTTELIER, Michel

Abstract

Durant cet entretien le Professeur Hottelier relate sa première expérience de concepteur de Mooc (2013).

PERAYA, Daniel, HOTTELIER, Michel. Entretien avec Michel Hottelier, Professeur à la Faculté de droit de l'université de Genève. Distances et médiations des savoirs , 2017, no. 20

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:101272

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et médiations des savoirs

Distance and Mediation of Knowledge 20 | 2017

Varia

Entretien avec Michel Hottelier, Professeur à la faculté de droit de l’université de Genève

Édition électronique

URL : http://journals.openedition.org/dms/2011 ISSN : 2264-7228

Éditeur

CNED-Centre national d'enseignement à distance

Ce document vous est offert par Université de Genève / Graduate Institute / Bibliothèque de Genève

Référence électronique

« Entretien avec Michel Hottelier, Professeur à la faculté de droit de l’université de Genève », Distances et médiations des savoirs [En ligne], 20 | 2017, mis en ligne le 17 décembre 2017, consulté le 26 décembre 2017. URL : http://journals.openedition.org/dms/2011

Ce document a été généré automatiquement le 26 décembre 2017.

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Entretien avec Michel Hottelier, Professeur à la faculté de droit de l’université de Genève

Daniel Peraya : Michel Hottelier, vous êtes le coauteur avec votre collègue, la professeure Maya Hertig Randall, du MOOC « Introduction aux droits de l’homme ». Voulez-vous, en premier lieu, présenter ce projet dans le contexte de l’université de Genève ?

Michel Hottelier : Volontiers, les premiers MOOC ont fait leur apparition dans le contexte genevois dès 2012. Notre université a rapidement rejoint la plateforme internationale Coursera. L’un des objectifs affichés consistait à expérimenter une nouvelle forme de transmission des connaissances et, à travers la dématérialisation des cours que les MOOC rendent possible, à élargir au grand public l’offre des enseignements académiques1. Lors de son élection au mois de décembre 2014, le professeur Yves Flückiger, nouveau recteur de l’université de Genève, a placé le développement des MOOC au centre de son programme2. Cette approche proactive a permis d’ouvrir une perspective privilégiée de réflexion et d’expérimentation pédagogiques en vue d’un repositionnement, d’un renouvellement et d’une diversification des modes de transmission des connaissances et d’intéressement d’un vaste public aux enseignements universitaires. Le débat a transcendé le cadre des enseignants intéressés à la réalisation d’un MOOC pour faire porter la réflexion sur la nature et la forme de l’enseignement au sein du paysage académique contemporain.

DP : Pourquoi réaliser ce MOOC ?

MH : Au début de l’année 2013, le recteur Jean-Dominique Vassalli nous a invités, ma collègue Maya Hertig Randall et moi-même, à réaliser un MOOC « vitrine » présentant les droits de l’homme en droit international. Pour le Rectorat, il s’agissait de promouvoir les enseignements et les recherches qui permettaient de positionner l’université de Genève et de lui procurer une visibilité internationale. Il est vrai que pour de nombreuses universités, les premiers MOOC ont constitué une vitrine promotionnelle, un produit d’appel. Mais le MOOC peut aussi être considéré à l’aune de l’ouverture et de l’accessibilité qui le caractérisent. Considéré sous cet angle, le MOOC s’affiche comme une forme renouvelée et un démultiplicateur privilégié de diffusion

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des connaissances à l’intention d’un public beaucoup plus large, plus hétérogène aussi, que les étudiants inscrits dans les filières universitaires traditionnelles.

Cependant, nous avons pensé que nous pourrions aussi utiliser ce MOOC dans le cadre de nos propres enseignements au sein de la faculté. L’intention a donc été d’élargir la disponibilité de la plateforme et des modalités d’enseignement à d’autres participants.

Une autre motivation était la volonté d’innover : nous avons été intéressés, ma collègue et moi-même, à donner ce cours de façon différente. Dans cette perspective, je croyais au départ qu’il s’agissait « juste » d’un cours enregistré, mais nous avons bien vite réalisé qu’il s’agissait de tout autre chose. Cette première expérience a constitué pour moi un point de départ. J’ai en effet en chantier la réalisation d’un MOOC destiné à mes étudiant(e)s de première année, qui sont pour la première fois plus de six cents. Les modalités proposées par le MOOC permettent de mieux répondre à la demande des étudiants qui sont de gros consommateurs d’Internet et qui travaillent énormément avec ce type de ressources. Enfin, l’élargissement de l’auditoire à un auditoire virtuel va probablement devenir, à terme, une obligation, étant donné que l’auditoire ne peut accueillir l’entièreté de la promotion.

DP : Vous dites avoir réalisé assez rapidement qu’un MOOC est bien différent d’un cours présentiel enregistré. Quelles différences avez-vous perçues ? Par rapport à votre pratique pédagogique habituelle, quels sont les changements majeurs qui vous ont marqué ? MH :On pourrait croire a priori que la réalisation d’un MOOC n’est rien d’autre qu’un enseignement filmé, à l’image des enregistrements de cours présentiels qui se pratiquent de longue date à l’université de Genève. Rien n’est plus faux. Le MOOC se distingue fondamentalement de l’enregistrement de sessions de cours tenues devant un auditoire. L’enregistrement d’un cours dispensé en présentiel permet en particulier de tenir compte de la disponibilité des étudiants en offrant à ceux qui, par hypothèse, ne sont pas en mesure de venir assister à un cours d’y accéder ultérieurement par le biais d’un support audio ou vidéo. Le MOOC se présente pour sa part comme un enseignement conçu, scénarisé, monté et réalisé indépendamment de la présence d’étudiants, accompagné d’illustrations, de témoignages et de questionnaires, eux- mêmes suivis d’échanges sur un forum spécialement aménagé à l’attention des participants.

Cette différence est majeure. Alors que le cours enregistré n’est, au fond, rien d’autre que le reflet didactique d’un enseignement en présentiel, le MOOC se présente comme un film à part entière. La scénarisation implique de trouver des formes d’expression plaisantes : il faut par exemple trouver un décor pour le tournage, des lieux qui soient emblématiques. On doit aussi rechercher des experts que l’on interviewe, dont on intègre alors les séquences dans les vidéos, ce que nous avons fait pour le MOOC d’introduction aux droits de l’homme. Ce travail est intéressant, car il s’agit d’un élargissement de l’accès au savoir qui revalorise l’enseignement. Du côté de l’enseignant, la posture, le style et même le contenu pédagogiques diffèrent notablement. L’enseignement en auditoire renvoie en effet immédiatement une dimension pour ainsi dire physique et tangible de l’accueil, de la perception et de la compréhension que réservent les étudiants au message transmis. Chacun sait que les premières minutes d’un cours déterminent l’intérêt des étudiants et permettent à l’enseignant de visionner et d’évaluer la qualité de diffusion et de perception des connaissances transmises. Il est en d’autres termes possible d’adapter le rythme, de reprendre, de répéter, de séquencer et d’approfondir la matière traitée en fonction de

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la réaction du public. L’interaction est l’une des clés de la réussite de ce type d’enseignement.

Le MOOC place quant à lui l’enseignant face à une ou deux caméras. C’est tout. Il n’y a pas de retour direct et immédiat de la part des apprenants. L’adaptation du rythme, la modulation du contenu ne sont guère possibles. Tout cela doit avoir été pensé et géré avant, sous peine de voir l’enseignant contraint de tourner à nouveau la séquence. La première différence réside donc dans la modification fondamentale de la relation pédagogique : parler sans public, « dans le vide », a été pour moi la plus grande difficulté.

DP : Certaines recherches anciennes menées notamment à la Télé-université du Québec ont tenté de voir si enregistrer son cours face à un public fictif composé de quelques personnes permettait de compenser les effets de cette situation.

MH : Oui, bien sûr. C’est tellement vrai que c’est ce que nous avons fini par faire, intuitivement. Lors de la réalisation du MOOC consacré aux droits de l’homme, nous avons collaboré avec deux assistants qui nous ont beaucoup aidés, notamment pour tout le travail préalable (recherche de la documentation, etc.). Mais ils étaient aussi présents lors de l’enregistrement, de manière à nous donner un retour en temps réel sur son déroulement et cela nous a grandement aidés. Dans le MOOC destiné aux étudiants de première année, je procède de la même façon ; l’assistant devant qui j’enregistre me donne un retour sur le fond et sur la forme, sur la fluidité et la rapidité de la parole, par exemple.

Les assistants jouent d’ailleurs ce rôle de régulation avant l’enregistrement : si ma collègue et moi créons le scénario (structure de la séquence, phases, rythme, ressources, etc.), ils relisent et commentent le script avant d’arriver à la version définitive. Ce script, affiché sur le prompteur, sert de guide durant l’enregistrement. Au départ, l’équipe de réalisation ne faisait pas usage du prompteur et comme pour nous l’expérience était nouvelle, nos assistants nous donnaient des indications présentées sur des panneaux. C’était évidemment du bricolage et finalement nous avons obtenu de travailler avec un prompteur. Le rôle du script écrit et du prompteur est important pour moi. Le script ne contient pas le texte complet du cours qu’il me suffirait de lire : il s’agit simplement de notes, d’une trame et de brèves indications à partir desquelles j’improvise largement. S’il m’est difficile d’improviser totalement, je suppose que cette façon de faire apporte aussi un peu de spontanéité dans l’élocution.

DP : On comprend bien le rôle de la scénarisation des vidéos dans ce contexte. Mais qu’en est-il pour le MOOC ?

MH : Dès sa conception, nous avons prévu deux modalités différentes d’utilisation du MOOC : la première pour sa diffusion classique sur la plateforme et la seconde pour son usage comme ressource complémentaire dans le cadre de nos cours présentiels à la faculté. Nous avions comme perspective de faire un MOOC entier, grand public, d’introduction aux droits de l’homme et en même temps de le proposer à nos étudiants comme base de certains de nos cours. Par exemple, lorsque nous abordons l’histoire des droits de l’homme, ils ont suivi ce chapitre à travers le MOOC et durant le cours, nous pouvons passer directement à des lectures, à des approfondissements et à des moments de réelles interactions. Les étudiants apprécient beaucoup cela ! Les premières évaluations que nous avons réalisées montrent que les étudiants qui ont suivi le cours sous cette nouvelle formule obtiennent de meilleures notes aux examens et que le cours est mieux évalué. Les étudiants se prennent littéralement au jeu de cette classe inversée

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et ils y trouvent beaucoup d’intérêt, même si le risque principal est la surcharge de travail que peut amener la vision préalable du MOOC et les lectures complémentaires qui leur sont demandées. L’essentiel est de trouver un équilibre entre les tâches que je leur demande, d’une part en présentiel et, d’autre part, à distance en suivant le MOOC à leur rythme. Dans mon second projet, le projet pilote que je développe en première année, je perçois les difficultés que rencontrent les étudiants confrontés à cette innovation, comme si le projet venait trop tôt dans leur parcours : en effet, au sortir de l’enseignement secondaire, l’entrée dans la vie universitaire paraît déjà les déstabiliser.

Il me semble que cette observation a déjà été faite à propos des classes inversées, dont l’efficacité dépend donc aussi du niveau des étudiants.

DP : Après avoir évoqué brièvement les avantages comme les effets du MOOC sur vos étudiants, je souhaiterais savoir en quoi ces expériences innovantes ont changé vos pratiques quotidiennes, votre rapport à l’enseignement, autrement dit votre métier d’enseignant.

MH : Tout d’abord, cela a revalorisé mon travail d’enseignant, un travail que j’essaie certes de ne pas concevoir de façon trop routinière. Mais je dois souligner que venir devant un auditoire comme je le fais depuis plus de 20 ans et passer devant la caméra, cela change pas mal de choses. D’un côté, faire un MOOC représente un travail important. J’ai évalué très empiriquement la charge de travail : c’est à peu près huit fois plus que pour un cours classique. Malgré cela, je le fais volontiers, car cela m’apporte une autre façon de faire mon métier et surtout parce que j’ai constaté une grande évolution dans les habitudes d’apprentissage des étudiants qui, aujourd’hui, sont tous convertis à Internet : ils vont certes encore parfois en bibliothèque, mais cette génération qui est celle de mes enfants utilise majoritairement le téléphone portable, les ressources en ligne, les dispositifs de visioconférence, etc. Dans ce contexte, il me semble que les MOOC offrent une très belle opportunité de redéployer et de diversifier l’enseignement académique.

NOTES

1. Voir sur le sujet les déclarations du recteur Jean-Dominique Vassalli, Journal de l’Unige n° 73 (du 14 mars au 11 avril 2013), p. 2 (https://www.unige.ch/lejournal/numeros/73/article1/).

2. Yves Flückiger, Exposé des intentions, octobre 2014, en particulier p. 2 (https://www.unige.ch/

presse/static/2014/documents-AU/programme-flueckiger.pdf).

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