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Étude de la texture de la phase nématique lyotrope de polymères à chaînes « rigides »

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Academic year: 2021

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HAL Id: jpa-00208851

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Submitted on 1 Jan 1978

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Étude de la texture de la phase nématique lyotrope de polymères à chaînes “ rigides ”

B. Millaud, A. Thierry, A. Skoulios

To cite this version:

B. Millaud, A. Thierry, A. Skoulios. Étude de la texture de la phase nématique lyotrope de polymères à chaînes “ rigides ”. Journal de Physique, 1978, 39 (10), pp.1109-1115.

�10.1051/jphys:0197800390100110900�. �jpa-00208851�

(2)

ÉTUDE DE LA TEXTURE DE LA PHASE NÉMATIQUE LYOTROPE

DE POLYMERES A CHAÎNES « RIGIDES »

B. MILLAUD, A. THIERRY et A.

SKOULIOS

C.N.R.S., Centre de Recherches sur les Macromolécules, 6, rue Boussingault, 67083 Strasbourg, France

(Reçu le 6 avril 1978, révisé le 31 mai 1978, accepté le 15 juin 1978)

Résumé.

2014

Au moyen de la microscopie optique en lumière polarisée, on a étudié la texture à fils

des phases nématiques lyotropes de plusieurs polymères à chaînes rigides. On a montré que le rang de la plupart des lignes de disinclinaison observées est entier. On a proposé un modèle de divergence

pure radiale pour rendre compte de l’arrangement moléculaire. On a alors analysé le rôle de la masse

moléculaire, de la viscosité macroscopique, de la concentration et de la longueur de persistance des

molécules dans la formation des fils.

Abstract.

2014

The threadlike texture of the lyotropic nematic mesophases of a series of rigid poly-

mers has been studied by polarized

2014

light microscopy. The polymers considered are :

in solution in pure sulfuric and chlorosulfonic acids. A thin preparation of the solution between glass plates is submitted to a mechanical disturbance. After a matter of minutes, the gradual re-arrangement of the molecules produces a pattern of disclination lines most of which are in closed loops ; sub- sequently further re-arrangement leads to the disappearance of all but a few of the threads. The

strength of most of the disclination lines observed has been proved to be an integer, and more speci- fically equal to + 1. Different molecular arrangements around these lines have been considered and because of the rigidity and length of the polymer chains, a pure radial splay model has been proposed.

The formation of the threads has then been analysed as a function of the molecular weight, of the macroscopic viscosity, of the concentration and of the persistance length of the molecules.

Classification

Physics Abstracts

61.30

-

61.40

1. Introduction.

-

Dans un récent article [1], on a

abordé le problème des solutions biréfringentes dans l’acide sulfurique pur d’un poly (téréphtalamide de paraphénylène) de masse moléculaire 18 000. Ce travail avait été suscité par l’importance croissante que

ne cessaient de prendre les polyamides aromatiques

dans la fabrication de fibres synthétiques à haut

module de traction [2]. Les brevets correspondants

décrivaient les solutions utilisées pour le filage comme

étant nématiques ; tel s’est avéré être effectivement le cas, les phases anisotropes en question présentant

la texture classique à fils.

Satisfaisant en soi, puisqu’il corroborait ce que l’on

pouvait prédire du comportement en solution de

macromolécules réputées rigides, et puisqu’il révélait

la possibilité d’obtenir la texture à fils avec des

molécules de grandes dimensions, ce résultat ne manquait pas cependant de soulever de nombreuses

questions d’ordre fondamental, méritant plus ample

réflexion.

La première concerne la longueur même, très grande, des molécules. Comment celle-ci intervient-elle dans l’arrangement spatial, notamment au niveau des fils, et comment affecte-t-elle les divers modes de distorsion locale du milieu anisotrope ?

La deuxième question concerne la notion de rigidité.

Faut-il la comprendre dans sa seule acception statique, purement conformationnelle, telle qu’elle découle des

Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:0197800390100110900

(3)

1110

théories thermodynamiques de Flory [3], et telle qu’elle peut être estimée par la mesure de la longueur de per- sistance des chaînes statistiques [4] ? Ou faut-il au

contraire la comprendre également dans son acception dynamique, telle qu’elle pourrait se définir pour des molécules allongées par un module de flexion méca-

nique ?

La troisième question concerne la manière d’aborder

ce type de problème. Est-il possible d’appréhender l’élastostatique du milieu et d’atteindre la rigidité des

chaînes par une étude sommaire et qualitative des propriétés géométriques révélées par la texture macro-

scopique ?

Tenter de répondre à ces questions est le but du

présent travail.

2. Partie expérimentale.

-

2.1 POLYMÈRES ÉTU-

DIÉS.

-

Afin d’étendre la portée des expériences précédentes [1], et d’en élargir la signification physique,

nous avons considéré un certain nombre de polymères

de nature chimique et de masses moléculaires diffé- rentes. Nous avons choisi, en particulier, trois poly (téréphtalamides de paraphénylène), indiqués ci-après

par les sigles PPDT-10, PPDT-18, PPDT-40 :

deux poly (téréphtalamides de 2-chloropara- phénylène), indiqués par les sigles Cl-PPDT-10,

CI-PPDT-30 :

et un poly (téréphtal, paraphénylènediimine), indiqué

par le sigle PNPM :

Les caractéristiques physicochimiques de ces poly-

mères figurent dans le tableau 1.

TABLEAU 1

Caractéristiques physicochimiques

des polymères étudiés

[Chemical characteristics of the polymers]

2. 2 PRÉPARATION ET OBSERVATION DES PHASES NÉMA- TIQUES.

-

Les polymères que nous avons considérés donnent naissance à des phases nématiques quand

ils sont mis en présence de solvants très polaires,

comme l’acide sulfurique pur, l’acide chlorosul-

fonique, ou le mélange du diméthylacétamide avec 4 %

de chlorure de lithium ; dans le présent travail, nous

n’avons utilisé que les deux premiers.

Les mélanges étaient préparés de la manière décrite

précédemment [1]. Leurs concentrations variaient suivant le cas entre 8 et 20 % en poids de polymère.

Les observations au microscope (en lumière naturelle

ou polarisée) étaient réalisées à 80 °C pour PPDT et Cl-PPDT et à 120 °C pour PNPM, sur des pré- parations étalées en couches minces (10-100 p) entre

lame et lamelle de verre, propres mais n’ayant pas subi de traitement de surface particulier. Pour tous les échantillons, les observations sont qualitativement identiques à celles réalisées précédemment [1] avec

le PPDT-18 (Figs. 2 et 3). L’analyse détaillée de ces

observations et des facteurs qui interviennent dans la formation des textures est l’objet de la suite de cet article.

3. Rang et nature des lignes de disinclinaison. - Dans la texture à fils observée, les fils sont d’une grande

finesse (de l’ordre d’une fraction de micron) et pour la plupart fermés en boucles. Il s’agit de lignes de

disinclinaison [7], c’est-à-dire de défauts dans la distribution spatiale du directeur des molécules.

Dans les conditions expérimentales nous avons opéré, nous étions limités dans la durée de nos obser-

vations ; variable suivant la préparation considérée, celle-ci ne pouvait excéder en général quelques heures.

La raison en est que l’humidité ambiante diffuse dans la préparation à partir de la périphérie, modifie

le titre du solvant et provoque la précipitation du polymère. Néanmoins, nous avons pu constater que la majorité des lignes de disinclinaison fermées en

boucles voient leur dimension se réduire considé- rablement (en raison de leur tension élastique linéaire),

atteindre une taille minimale de l’ordre du micron

(en raison vraisemblablement de leur tension de courbure croissante) et disparaître du champ par atténuation progressive de leur contraste optique (cf. chapitre 6).

Il est bon de noter cependant, que quelques rares

boucles se stabilisent quand elles ont atteint leur taille minimale et que quelques autres, encore plus rares, continuent au contraire à se rétrécir jusqu’à dis- paraître par annulation complète de leur dimension.

Il est généralement admis (cf. p. 58, réf. [7] et

p. 141, réf. [8]) que les lignes de disinclinaison de rang demi-entier sont topologiquement stables, alors que les lignes de rang entier sont au contraire susceptibles

de disparaître par un processus de déformation continue du milieu. La majorité des boucles que nous

avons observées seraient donc de rang entier. Quant

aux quelques boucles qui persistent après avoir atteint

(4)

leur taille minimale, si elles ne sont pas stabilisées par des contraintes, provenant par exemple des conditions

aux limites des préparations que nous ne contrôlons pas, elles correspondraient à des lignes de disincli- naison de rang demi-entier.

Sachant que l’énergie emmagasinée est une fonction

croissante du rang de la disinclinaison, on peut penser que la grande majorité des boucles de rang entier observées sont en réalité des lignes de rang unitaire (1).

Dans la recherche des modes de distorsion locale qui

interviennent dans ces milieux, et dans la recherche des modèles qui décrivent la configuration des macro-

molécules autour des lignes de disinclinaison, on est obligé de prendre en considération un certain nombre de traits qui sont particuliers au type de mésophases

considérées. La longueur, d’abord, des macro-

molécules n’est pas négligeable à l’échelle des dis- torsions observées ; leur rigidité, ensuite, qu’on a tout

lieu de penser importante, doit se répercuter sur la

constante élastique locale de flexion du milieu ani- sotrope. Lorsque la masse moléculaire de la macro-

molécule est suffisamment grande il est évident que la constante élastique locale de flexion du milieu doit traduire directement la constante mécanique de flexion

des chaînes.

Parmi les répartitions moléculaires données pour illustrer les disinclinaisons de rang ± 1, dièdres ou torses, deux seules ne font pas intervenir la flexion : la répartition de pure divergence radiale (dièdre) et

la répartition radiale de divergence torse (Fig. 1) (2).

C’est la raison pour laquelle nous les avons retenues

dans la discussion de nos observations. Nous don-

nerons cependant notre préférence au premier modèle

de répartition qui doit correspondre à une énergie plus

basse.

4. Rôle de la masse moléculaire.

-

Comme cela

a été indiqué dans l’article précédent [1] la texture à fils apparaît après application d’une légère et brève pression mécanique sur la préparation. A la suite d’une

évolution assez tumultueuse, mais reproductible, de

la texture, qui correspond à « un fourmillement de

petits domaines sombres et diffus, se détachant sur

un fond plus clair et tendant à s’accroître pour former des bandes sinueuses mal définies et floues, la pré- paration se relaxe en s’emplissant d’une multitude de

longs fils noirs, fins, tortueux et entrelacés ». Bien que

(1) Il aurait certes été intéressant de caractériser directement par

microscopie optique le rang des lignes observées. Malheureusement,

nous n’avons pas réussi à mettre en évidence des lignes dirigées perpendiculairement aux lamelles ; les essais classiques d’orien-

tation (traitements de surface, application de champ magnétique, ... )

que nous avons tentés sont restés, d’autre part, infructueux.

(2) La répartition radiale de divergence torse n’est pas compatible

seulement avec des lignes de disinclinaison de rang ± 1, mais également avec des lignes de rang non unitaire, entier ou demi-entier.

Si l’on considère à présent les défauts ponctuels, on s’aperçoit que l’interdiction de la flexion des macromolécules entraîne que la seule disinclinaison autorisée corresponde à la répartition moléculaire de pure divergence radiale.

FIG. 1.

-

Schéma de la répartition moléculaire autour d’une ligne

de disinclinaison de divergence radiale de rang + 1. a) disincli- naison dièdre ; b) disinclinaison hélicoïdale.

[Schematic geometrical arrangement of the molecules around a pure radial disclination line of strength + 1. a) wedge disclination ;

b) twist disclination.]

progressive, l’apparition des fils se produit après

un temps de relaxation suffisamment bien défini, pour être caractéristique de chaque préparation. Ce temps dépend de nombreux paramètres. Nous allons à présent considérer le rôle de la masse moléculaire du

polymère.

Dans ce but, nous avons réalisé toutes nos obser- vations à 80 °C sur des solutions dans l’acide sul-

furique pur. Dans une première série d’expériences,

nous avons fixé la concentration en polymère à la

valeur de 20 % en poids, et nous avons examiné

les cinq échantillons de PPDT et de Cl-PPDT que

nous avions à notre disposition (tableau I). Nous avons

constaté que les fils apparaissaient, dans chaque

famille de polymère, d’autant plus rapidement que la masse moléculaire était faible. Ainsi, pour les PPDT-10 et PPDT-18, les fils apparaissaient au bout

de 5 à 10 minutes respectivement ; pour le Cl-PPDT-10,

ils apparaissaient au bout de 3 minutes; quant

aux PPDT-40 et Cl-PPDT-30, les fils n’étaient pas

encore formés au bout d’environ 5 heures.

(5)

1112

Les figures 2a, b, c illustrent quelques-unes de ces

observations. Sur la dernière, on voit bien que la relaxation mécanique du milieu n’a pas encore abouti à la formation de fils. Sur les deux prémières, en revanche, prises toutes deux au bout de 35 minutes de

relaxation, les fils sont très nettement visibles ; de plus,

FIG. 2.

-

Textures observées en fonction de la masse moléculaire pour les PPDT en solution à 20 % dans l’acide sulfurique pur à 80 °C .

a) PPDT-10, temps de relaxation 35 minutes ; b) PPDT-18, temps de relaxation 35 minutes ; c) PPDT-40, temps de relaxation 5 heures.

[Threadlike textures observed as a function of the molecular weight

of the PPDT in 20 % by weight solutions in sulfuric acid at 80 °C.

a) PPDT-10, relaxation time 35 minutes; b) PPDT-18, relaxation time 35 minutes ; c) PPDT-40, relaxation time 5 hours.]

les fils du PPDT-10 ont déjà eu le temps de se résorber plus que ceux du PPDT-18 : c’est pourquoi leur

densité est plus faible.

Craignant que ce comportement ne soit que le reflet banal de la viscosité macroscopique des échantillons, qui est d’autant plus forte que la masse moléculaire est

élevée, nous avons réalisé une deuxième série d’expé- riences, dans laquelle nous avons pris soin d’opérer

à viscosité constante. Pour ce faire, nous avons choisi, dans chaque famille de polymères, des solutions de concentrations adéquates. De même que précédem-

ment, les fils apparaissent d’autant plus facilement

que la masse moléculaire est faible.

Il est bon de noter par ailleurs qu’à masses molé-

culaires et concentrations équivalentes les solutions de PPDT et de Cl-PPDT conduisent à la formation de fils au bout de temps de relaxation comparables.

La viscosité macroscopique des PPDT étant sys-

tématiquement plus élevée que celle des Cl-PPDT,

on est donc amené à conclure que la relation que nous avons mise en évidence entre la vitesse de formation des fils et la masse moléculaire du polymère est tout

à fait significative.

Essayons d’interpréter cette relation en fonction du

modèle de divergence pure radiale (Fig. la) que nous proposons pour la répartition moléculaire autour des disinclinaisons. Rappelons que ce modèle est fondé sur

l’hypothèse d’une flexion difficile des macromolécules.

Il entraîne un certain nombre de conséquences que

nous allons maintenant confronter avec les obser- vations expérimentales.

Lorsque l’on perturbe mécaniquement la pré-,.

paration pour faire apparaître les fils, il est évident que l’on crée, de manière d’ailleurs anarchique et erratique,

une multitude de distorsions, locales de divergence, de

torsion et de flexion. Si la flexion est difficile, par suite de la rigidité et de la longueur des macromolécules,

ce sont principalement les distorsions de ce type qui

tendrons à disparaître rapidement dans le processus de relaxation générateur des lignes de disinclinaison.

Intuitivement, mais aussi par des considérations

simples de géométrie, on comprend que la flexion des

macromolécules, qui est une propriété locale, ne dépend pas de la masse moléculaire lorsque celle-ci dépasse une certaine valeur. Le temps écoulé avant

l’apparition des fils, qui, lui, dépend de la masse moléculaire, doit donc dépendre essentiellement des distorsions de divergence. A ce stade du raisonnement,

on néglige les efi’ets de distorsions de torsion qui de

toute manière ne peuvent être très énergétiques

dans ce type de milieu ; témoin en est la facilité d’obtention [9] de phases cholestériques par addition de substances optiquement actives aux solutions de

polymère.

Quand on analyse du point de vue géométrique

la répartition moléculaire autour d’une ligne de

disinclinaison de divergence pure radiale (Fig. 1 a ;

cf. Annexe), on s’aperçoit immédiatement que celle-ci

suppose une certaine densité d’extrémités de chaînes

(6)

dans le voisinage immédiat du défaut. Dans le cas

d’une phase nématique formée de petites molécules,

cet excès d’extrémités moléculaires n’a pas de consé- quences majeures. Dans le cas, cependant, de macro- molécules, la densité macroscopique d’extrémités peut être très faible, il en est tout autrement : la création du défaut de divergence pure radiale est subordonnée (3) à la diffusion, en nombre suffisant,

d’extrémités à partir du milieu environnant vers

le défaut. Et comme la densité macroscopique en

extrémités est d’autant plus faible que la masse

moléculaire est élevée, on conçoit sans aucune difficulté

que la création des fils en soit en même temps ralentie.

C’est bien ce que nous révèlent les expériences que

nous avons réalisées.

Le modèle de divergence pure radiale que nous

proposons permet donc d’expliquer de manière cohé- rente la dépendance que nous avons constatée de la vitesse d’apparition des fils en fonction de la masse

moléculaire.

5. Rôle de la rigidité des chaînes et de la concen-

tration.

-

Comme nous venons de le voir, l’appa-

rition des fils est consécutive à un processus de relaxation du milieu : les distorsions de flexion, générées par la perturbation mécanique initiale de la préparation, tendent à disparaître en premier et

les distorsions de divergence à s’accumuler en fils.

Dans le chapitre précédent, nous avons supposé que la constante élastique locale de flexion K3 est indé- pendante de la masse moléculaire des macromolécules,

et nous avons interprété nos observations en fonction de la seule constante élastique de divergence K 1.

A présent, nous allons examiner le rôle de la constante de flexion, en opérant dans des conditions expéri-

mentales où le rôle des distorsions de divergence n’est

pas déterminant.

A cet effet, nous avons réalisé deux types d’expé-

riences. Dans une première partie, nous avons examiné

à 80 OC les solutions dans l’acide sulfurique pur d’un seul polymère, de masse moléculaire donnée, le

PPDT-18 (Tableau I), et nous avons analysé le rôle de

la concentration (Fig. 3). Nous avons constaté que les fils apparaissent d’autant plus vite que la concen-

tration est élevée, les temps enregistrés étant de 30, 20

et 10 minutes pour des concentrations en poids de

(3) La constante élastique locale de divergence Kl mesure bien

évidemment la difficulté de créer une distorsion de divergence en

un point donné du milieu. Pour des polymères à chaînes rigides,

cette constante dépend de la densité en extrémités de chaînes : elle est d’autant plus forte qu’il y a moins d’extrémités. Lorsque, par un processus de diffusion, la densité en extrémités s’accroît, la cons-

tante K, diminue.

Dans une telle optique, lors de la création d’une ligne de disincli- naison de divergence pure radiale, on conçoit que le coeur du défaut

puisse s’affiner avec le temps. La contribution énergétique de la

distorsion de divergence diminue par rapport à celle de flexion, la fuite directeur dans la direction de la disinclinaison (cf. p. 141, réf. [8]) en devient par conséquent de moins en moins probable.

FIG. 3.

-

Textures observées en fonction de la concentration pour le PPDT-18 en solution dans l’acide sulfurique pur à 80 °C après

35 minutes de relaxation. a) 14 % en poids de polymère ; b) 17 % en poids de polymère ; c) 20 % en poids de polymère.

[Threadlike textures observed as a function of the concentration for solutions of PPDT-18 in pure sulfuric acid at 80 °C after standing

35 minutes. a) 14 % by weight of polymer ; b) 17 % by weight of polymer ; c) 20 % by weight of polymer.]

polymère respectivement de 14,17 et 20 %. Le compor- tement des solutions de PPDT-10 en fonction de la concentration est tout à fait analogue.

Pour expliquer ces résultats, on ne peut invoquer ni

le rôle de la viscosité, ni celui de la constante élastique

(7)

1114

locale de divergence. En effets, la viscosité macro-

scopique augmente avec la concentration, et de ce fait,

elle ne peut que ralentir les processus moléculaires.

Quant à la constante élastique de divergence, qui dépend de la densité locale en extrémités de chaînes, elle ne peut accuser une variation significative dans

la faible gamme de concentrations explorées.

La seule explication cohérente des effets observés doit donc être recherchée dans la variation de la constante de flexion du milieu. On est amené à conclure que celle-ci augmente sensiblement avec

la concentration, reflétant ainsi l’accroissement de la

rigidité mécanique des chaînes macromoléculaires elles-mêmes.

Dans une deuxième série d’expériences, nous avons

cherché à étudier la relation qui existe entre la rigidité mécanique des chaînes et leur rigidité conforma-

tionnelle. Une assez bonne estimation de cette dernière est donnée par la mesure de la longueur de persistance

des chaînes macromoléculaires [5, 6] (Tableau I) en

solution diluée. Nous avons comparé le compor- tement du PPDT, dont la longueur de persistance est

de 175 Á, à celui du CI-PPDT, dont la longueur de persistance est seulement de 90 Â. Nous avons

opéré à 80 °C, avec des solutions dans l’acide sul-

furique pur à 20 % de concentration. Nous avons

constaté que la vitesse d’apparition des fils est identique

pour le PPDT-10 et le Cl-PPDT-10 (Tableau I), qui

ont la même masse moléculaire. Quant aux PPDT-40

et Cl-PPDT-30, qui ont des masses moléculaires

comparables, ils ne donnent pas de fils pendant les quelques heures que durent nos observations. A masse

moléculaire et à concentrations équivalentes, le PPDT

et le Cl-PPDT ont des comportements identiques en dépit de leurs différences du point de vue de leur rigidité conformationnelle. Il apparaît ainsi que la

rigidité mécanique des macromolécules, telle qu’elle

est reflétée dans la constante élastique de flexion de la

mésophase, n’est pas déterminée par la seule rigidité conformationnelle, mais qu’elle dépend pour l’essentiel de la concentration. Cette dépendance doit vrai- semblablement découler des interactions de sol- vatation et des interactions latérales entre chaînes ;

le rôle de la solvatation dans la rigidification des

chaînes a déjà été invoqué par ailleurs [10].

6. Discussion.

-

Pour les mésophases nématiques

formées de petites molécules, les lignes de disincli

naison de rang + 1 ne restent jamais très fines. Par

un processus d’étalement du coeur, elles s’élargissent

pour envahir l’échantillon (p. 57, 58, 62, réf. [5]).

Au cours d’un tel processus, le directeur des molécules

s’aligne progressivement dans une direction parallèle

à la ligne de disinclinaison, et cette dernière finit par

disparaître, remplacée par un certain nombre de noyaux. Pour les mésophases nématiques étudiées

dans le présent travail, les lignes de disinclinaison de rang + 1 sont d’une très grande finesse. A notre

avis, c’est parce que la flexion, donc la fuite du direc- teur, est difficile à réaliser.

Ce rôle de la flexion transparaît également dans

le processus de formation des boucles. On peut,

en effet, imaginer que les petits domaines noirs et diffus, qui apparaissent dès que l’on perturbe méca- niquement le milieu et qui, en s’accolant, donnent naissance aux bandes sinueuses, puis par affinement

aux fils fins, sont en réalité des noyaux. Dans cette

hypothèse, la formation des fils relèverait d’un processus inverse à celui d’étalement du coeur décrit par Kléman. Sachant que la constante élastique de divergence, forte au début, diminue par diffusion des extrémités des chaînes, on peut concevoir sans difficulté qu’au stade initial de la formation des fils, la flexion ne soit pas beaucoup plus onéreuse que la divergence (le coeur des lignes est alors étalé), alors qu’à un stade ultérieur elle cesse d’être compétitive (le coeur des lignes s’affine).

Il est intéressant de considérer dans ce contexte la disparition des boucles dès lors qu’elles atteignent

un diamètre minimum de l’ordre du micron (cf.

chapitre 3). Rappelons que cette disparition se fait à

diamètre constant par atténuation du contraste

optique. On peut, en effet, se demander si ce phé-

nomène ne correspond pas cette fois-ci au phénomène

d’étalement du coeur décrit par Kléman. Cela est à

présent possible, car la courbure élevée de la boucle

amplifie, pour des raisons géométriques, la contri- bution énergétique des distorsions de divergence;

la flexion devient alors un mode de distorsion possible.

En résumé, nous avons montré dans ce travail que la texture à fils peut caractériser de manière assez

générale les mésophases nématiques lyotropes obte-

nues avec des polymères dont les chaînes ont une

certaine rigidité. L’analyse de l’évolution géométrique

des fils nous a permis d’autre part de déterminer le rang unitaire de la grande majorité des lignes de

disinclinaison observées. Ces lignes restent fines malgré leur rang entier; l’explication que nous en

avons donnée réside dans la flexion difficile des macro-

molécules. En proposant un modèle de répartition

moléculaire de divergence pure radiale autour des

lignes de disinclinaison, nous avons pu interpréter de

manière cohérente l’ensemble de nos observations et notamment le rôle de la masse moléculaire et de la concentration en polymère des mésophases. Nous

avons enfin montré que la rigidité conformationnelle des chaînes macromoléculaires n’est pas en rapport direct avec la rigidité mécanique, laquelle s’accroît

avec la concentration dans le domaine d’existence de la mésophase.

Remerciements.

-

Nous tenons à remercier Mon- sieur J. Friedel pour l’intérêt qu’il a manifesté pour

ce travail. Nous tenons à remercier également Mon-

sieur D. Guillon pour ses conseils et les discussions

très fructueuses que nous avons eues avec lui.

(8)

Nous exprimons enfin notre gratitude à la Société

Rhône-Poulenc pour l’aide financière et technique quelle nous a accordée.

Annexe.

-

Rôle des extrémités des molécules dans le modèle de divergence pure radiale autour d’une ligne de

disinclinaison.

-

Considérons des molécules linéaires, parfaitement rigides de dimension latérale a et de

longueur L (L > a). Dans le modèle de divergence

pure radiale autour d’une ligne de disinclinaison de rang + 1, les molécules se répartissent dans l’espace

de la manière indiquée dans la figure 4. Au niveau de

la surface cylindrique de rayon ro qui entoure la singularité 0 l’assemblage latéral des molécules est le plus compact possible ; dans le plan de la figure,

on peut y dénombrer 2 nro/a molécules. Dans ce

modèle, les molécules s’insèrent les unes entre les autres pour rayonner autour de la singularité, l’assem- blage compact se répète à la surface de cylindres

successifs de rayon ro 2’ qui représentent les lieux

se localisent les extrémités des molécules insérées

(Fig. 4).

On peut calculer que le nombre d’extrémités moléculaires par unité de volume à la distance r de la

singularité est proportionnel à 1/ a2 r. Or, à l’échelle

FIG. 4.

-

Disposition schématique des molécules autour de la disinclinaison.

[Schematic arrangement of the molecules around the disclination.]

macroscopique, et compte tenu des dimensions molé-

culaires, la densité d’extrémités est 1/a2 L. Près de

la ligne de disinclinaison il y a au départ un nombre

insuffisant d’extrémités de molécules (l/a2 L 1/a2 r).

La création de la singularité implique donc la migration

d’un certain nombre d’extrémités vers le centre de celle-ci. Plus le nombre disponible d’extrémités est

grand, autrement dit plus la longueur L est courte,

et plus rapide sera le processus de diffusion nécessaire.

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Références

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