HAL Id: jpa-00208589
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Étude de la phase nématique d’un poly (téréphtalamide de paraphénylène)
Monique Arpin, C. Strazielle, A. Skoulios
To cite this version:
Monique Arpin, C. Strazielle, A. Skoulios. Étude de la phase nématique d’un poly (téréphtalamide de paraphénylène). Journal de Physique, 1977, 38 (3), pp.307-313. �10.1051/jphys:01977003803030700�.
�jpa-00208589�
ÉTUDE DE LA PHASE NÉMATIQUE
D’UN POLY (TÉRÉPHTALAMIDE DE PARAPHÉNYLÈNE)
M.
ARPIN,
C. STRAZIELLE et A. SKOULIOSC.N.R.S.,
Centre de Recherches sur lesMacromolécules, 6,
rueBoussingault,
67083Strasbourg Cedex,
France(Reçu
le 29septembre 1976,
révisé le 10 novembre1976, accepti
le 17 novembre1976)
Résumé. 2014 On a étudié au moyen de la microscopie optique et de la diffraction des rayons X les solutions concentrées anisotropes d’un poly(téréphtalamide de paraphénylène) dans l’acide sulfurique
pur. On a mis en évidence la texture à fils caractéristiques des cristaux liquides nématiques et on a
discuté ses traits principaux. On a ensuite déterminé l’évolution de la distance d’approche des macro-
molécules en fonction de la dilution ; on peut en conclure que celles-ci ont une conformation très étirée, proche de la conformation à l’état cristallin.
Abstract. 2014 The anisotropic, concentrated solutions in pure sulfuric acid of a poly(paraphenylene terephthalamide) have been studied
by
optical microscopy and X-ray diffraction. The threaded texture which characterizes nematic liquid crystals has been observed, and its main features discussed.The evolution of the lateral distance of the macromolecules has then been determined as a function of dilution ; the conformation of the macromolecules seems to be nearly as extended as in the crystal.
Classification
Physics Abstracts
7.130
1. Introduction. - De nouvelles fibres
synth6tiques,
connues sous le nom de
fibres
à hautmodule,
ont 6t6fabriqu6es recemment ;
ellespossedent
une resistancea la traction
exceptionnellement
élevée[1].
Les brevetsqui revendiquent
leur invention(Du
Pont deNemours) indiquent qu’elles
sont obtenues parfilage
de solutionsanisotropes
depolyamides aromatiques
comme lepoly(téréphtalamide
deparaphénylèneJ-. :
ou le
poly(parabenzamide) :
Ces brevets décrivent avec
precision
lesproc6d6s
de
synthese
despolymeres,
le mode depreparation
des
phases anisotropes,
lestechniques
defilage
et lesmethodes
d’analyse
desproprietes physiques
desfibres obtenues. Ils fournissent
6galement
de nom-breuses donnees
experimentales
permettant de définir le domaine de stabilite de laphase anisotrope
enfonction de la concentration du
polymere
dans sasolution,
sa masse moleculaire, la nature du solvantet la
temperature.
Ils nedonnent,
enrevanche,
que peud’arguments
permettant de conclure sansambiguite
a la
rigidite
des chaines et al’organisation n6matique
des
phases anisotropes.
Dans une etude
physico-chimique
r6cente que nousavons
entreprise
de cessystemes grace
a1’emploi syst6matique
de la diffusion de lalumiere,
de la visco- sim6trie, de lachromatographie
surgel permeable
et de la
birefringence
d’6coulement[2, 3],
nous avonscaract6ris6 toute une gamme d’6chantillons de
poly- (t6r6phtalamide
deparaphenylene)
et depoly(para- benzamide),
de masses mol6culairescomprises
entre3 000 et 65 000. Nous avons 6tudi6 ensuite la confor- mation et la
rigidite
de leurs chaines en solution dans 1’acidesulfurique
concentr6. Nous avons montre que larigidite
des chaines n’est pas aussi 6lev6equ’on
le
pensait,
leurlongueur
depersistance
6tant de 175A
pour le
premier
type depolymere
et de 500A
pour le second.Dans le
present article,
nous decrirons les resultats que nous avons obtenus dans 1’etude des solutions concentr6es dans 1’acidesulfurique
d’un seul de cespolymeres,
a savoir unpoly(terephtalamide
de para-phénylène)
de masse moleculaire moyenne enpoids egale
a 18 000, d’indice depolydispersit6
voisin de 2et de
longueur
moleculaire d’environ 1000A.
Lestechniques experimentales
que nous avonsemployees
sont la
microscopie optique
en lumierepolarisee
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01977003803030700
308
et la diffraction des rayons X. Le but que nous recher- chions etait de
preciser
la nature exacte desphases anisotropes
etd’apporter
des informations sur leurorganisation.
11 est
juste
designaler
avant depoursuivre
uneserie de
communications, qui
vient deparaitre (Du
Pont de Nemours
[4]),
etqui
contribue6galement
àelucider le
probleme.
2.
Microscopie
en lumièrepolaris6e.
- 2 .1 TECHNI- QUEEXPERIMENTALE.
-D’apres
les brevets Du Pont de Nemours[1].
1’acidesulfurique
utilise commesolvant doit, pour donner naissance a des
phases anisotropes,
avoir un titresup6rieur
a 98% ;
nousavons donc
pris
soin de nous servir dans lepresent
travail d’un acide
sulfurique
pur dont nousajustions
, minutieusement le titre a 100 + 0,1
%.
Les
melanges
etaientprepares
par dissolution directe dupolymere
dans le solvant. Afin d’atteindre unehomogeneite satisfaisante,
nousop6rions
dans unballon rond en verre, muni d’un manchon etanche .
en teflon et d’un robuste
agitateur m6canique
en acierinoxydable.
Nousagitions
lentement.pendant plu-
sieurs heures et a
temperature
suffisamment 6lev6e pour que lesmelanges
restent fluides. Lespreparations
etaient, ensuite. 6tal6es entre lame et lamelle de verre
(non
traiteespr6alablement)
en une couche mince dequelque 10-100 J.l d’6paisseur.
Toutes cesoperations
etaient effectuées a 1’abri de I’humidit6. mais l’obser- vation au
microscope polarisant
était faite al’air atmospherique ;
c’est la raison pourlaquelle,
au boutd’une heure d’observation environ, le
champ
étaitenvahi a
partir
de lap6riph6rie
d’une masse finementmicrocristalline. due a la
précipitation
dupolym6re
par I’humidit6 ambiante.
2.2 EXAMEN SOMMAIRE DU SYSTEME. - Avant d’étudier la
phase anisotrope
etd’essayer
de la carac-t6riser par les textures
m6somorphes qu’elle pr6sente,
nous avons cherche de la localiser dans le
diagramme
de
phases
dusysteme polymere/solvant.
En celad’ailleurs nous n’avons fait que confirmer les obser- vations du laboratoire Du Pont de Nemours
[1, 5].
Observees au
microscope,
les solutions diluees sontparfaitement isotropes.
Ce n’estqu’au-dela
d’une concentration d’environ 8
%
enpoids
depoly-
m6re que l’on commence a
apercevoir
atemperature
ordinaire
quelques
ilotsbirefringents, disperses
dansle
liquide,
dont 1’etendue augmente avec la concen- tration. Aux environs de 12%,
ces ilots serejoignent completement
pour former une masse apparemmenthomogene.
11 en est de meme despreparations port6es
a
temperature plus
6lev6e, et notamment a 80°Cou,
au-dela d’une concentration de 12-13%, apparait
la
phase m6somorphe.
Dans une etude de 1’evolution du
systeme
avec latemperature,
nous avons considereplus particu-
li6rement les
compositions
lesplus
riches enpolymere ;
toutefois nous n’avons pu examiner les
melanges
contenant
plus
de22 %
enpolymere,
car il nous a eteimpossible
de lespr6parer
sous forme suffisammenthomogene.
Atemperature ordinaire,
cescomposi-
tions,qui
sontrigides
etdures, apparaissent
commeform6es d’une multitude de cristallites accoles. A
partir
d’une certainetemperature,
ces cristallites sedisjoignent,
se mettent en mouvement ; leur taille augmente et leurbirefringence
s’accroit fortement.Cette
temperature
estrespectivement
de 45,60,
65 et70 °C environ pour des concentrations de
15 ; 17 ;
18,5 et 20%
enpolymere.
Enrealite,
la fusion ne seproduit
pasinstantan6ment,
mais elle se deroule dans un intervalle detemperature
dequelques degrés.
Ce n’est
qu’ensuite
seulementqu’apparait
laphase anisotrope.
Pour eviter ladegradation
dupolymere,
nous nous sommes abstenus dans ce travail de
depas-
ser la
temperature
de 90 °C.2. 3 TEXTURE A FILS DE LA PHASE ANISOTROPE. -
Parmi toutes les textures
qui
caract6risent les cristauxliquides n6matiques [6],
nous n’avons observe que celle àfils.
Encore nous a-t-ilfallu,
pour la r6v6ler defaqon
convaincante,proc6der
d’une manierepre-
cise. Si nous
n’y prenions garde,
nous n’obtenions que des 6chantillonsspontanement birefringents,
mais denues de toute
caract6ristique geometrique particuliere.
Dans la
pratique,
nousop6rions
de la manieresuivante. Nous
portions
lapreparation
a unetemp6-
rature constante, situee a l’intérieur du domaine d’existence de la
phase anisotrope,
nousimprimions
a la lamelle
couvre-objet
unelegere pression,
et nousobservions 1’evolution du
systeme
au cours du temps.Les remarques que nous avons pu
faire,
etqui
vontetre discut6es a la fin de cet
article,
se resument comme suit(Fig. 1).
Pendant
quelques
dizaines de secondes, on nevoit
qu’un
fourmillement depetits
domaines sombreset
diffus,
se detachant sur un fondplus
clair et tendanta s’accoler pour former des bandes sinueuses mal definies et floues. La
preparation
se relaxe ensuite ens’emplissant
d’une multitude delongs
filsnoirs, fins,
tortueux et entrelaces.
Au cours du
temps, I’aspect general
de lapreparation
se
simplifie
considerablement.D’abord,
le fond de lapreparation prend 1’apparence
delarges
zones bire-fringentes.
Plusieurs fils fermes enboucles,
se r6trac-tent,
ensuite,
pour se r6sorber en laissant a leurplace
une tache
diffuse, fugace.
D’autresfils, enfin,
semblent resister au temps; il convient de notercependant
que, par suite du caracterehygroscopique
despreparations
et du role determinant de I’humidit6 sur la stabilite de la
phase m6somorphe,
nous n’avonsjamais
puprolonger
l’observation despreparations
au-delad’une dur6e d’environ une heure.
En ce
qui
concerne les fils a proprementparler,
ils sont tous, autant
qu’on
enpuisse juger,
d’unegrande finesse ;
certains d’entre eux sont fermes enboucles, d’autres se terminent apparemment
brusque-
FIG. 1. - Evolution a 80 °C d’une solution contenant 20 % en poids
de polymere dans 1’acide sulfurique (grossissement : 300 fois).
1 : 3 min ; 2: 12 min ; 3 : 22 min ; 4 : 35 min.
ment en des
points singuliers,
vraisemblablement situ6s a la surface de lapreparation.
Une autre remar-que
s’impose enfin,
c’est lapresence
lelong
des filsd’un nombre non
négligeable
depoints anguleux
oude rebroussement.
Par refroidissement a une vitesse de 60
K . h-1,
la
phase n6matique
se conserve en surfusion bien au-dessous de la
temperature
detransition;
cette sur- fusion,qui
est d’environ 30°C, est confirm6e paranalyse thermique
diff6rentielle. Si 1’onr6chauffe,
ensuite, lem6lange
on voitr6apparaitre spontan6ment,
a la
temperature
normale de formation de laphase n6matique,
des filsidentiques
a ceux identifier avant le refroidissement.3. Diffraction des rayons X. - 3.1 TECHNIQUE
ET APPAREILLAGE. - Nous avons utilise une chambre de diffraction a collimation
ponctuelle (CuK,,,);
les6chantillons etaient contenus entre deux feuilles minces de mica, dans des cellules 6tanches en laiton dore. Les
melanges polymere/solvant,
dont la concen-tration en
poids
allaitjusqu’a
22%
depolymere,
etaient
prepares
de la maniere d6criteplus haut,
dans le
paragraphe
concernant lamicroscopie.
3.2 FORMES CRISTALLINES. - Les
diagrammes
dediffraction
qui
comportent des anneaux fins sont de deux typesdifférents,
chacuncaract6ristique
d’uneorganisation
cristallineprecise (’).
A titre d’information, nous avons
porte
dans letableau I
1’espacement
deBragg
et l’intensit6 corres-pondante
de leursprincipales
raies dediffraction;
TABLEAU I
Espacement (d)
et intensité(I)
des raies dediffraction
des
formes
cristallinesC1
etC2,
et dupolymère
P(TF,
F. m et fsignifient
trèsforte, forte,
moyenneet faible).
(1) Bien qu’aucune reponse circonstancee ne puisse encore etre donnee aux questions qui concement la structure precise de ces
formes, reponse qui ne peut decouler que d’une etude approfondie
de ces systemes, notamment d’une etude par rayons X d’6chantillons orientes, il parait deja fort probable que les formes C1 et C2, qui sont
différentes de la structure du polymere pur, correspondent a des
structures de polymere solvate.
310
nous y avons
ajoute 1’espacement
et l’intensite des raies lesplus
fortes observees avec lepolymere
pur, 6tir6 en fibres[7].
La forme cristalline
C1 apparait
a destemperatures
inferieures a celles
qui correspondent
a l’existence de laphase m6somorphe.
La r6v6ler par refroidis-sement de cette derniere necessite un traitement
thermique approprie.
Par suite duphenomene
desurfusion dont nous avons
parle plus haut,
la formeC1
ne fait son
apparition
quelorsqu’on
apris
lapr6-
caution de refroidir le
melange
a unetemperature
del’ordre de - 30 °C durant
quelques
heures. Detoute evidence, ce traitement a pour effet de favoriser la
germination
et rendrepossible
enconsequence
lacristallisation
rapide
dusysteme
atemperature
ordi-naire. On voit alors tres bien, par diffraction des rayons X, que la creation de
C 1
se fait auxdepens
de laphase nematique.
La forme
C2,
elle,apparait
atemperature plus
elevee,
generalement accompagnee
de laphase
nema-tique.
Nous n’avons pas fait une etude detaillee des conditions de sonexistence;
mais nous avons remar-que
que sonimportance
diminuerapidement
a mesureque la
temperature
s’eleve et la dilution augmente.Son domaine de stabilite semble recouvrir la zone
de fusion
progressive,
mise en 6vidence par micro-scopie optique.
Les anneaux de diffractionqui
lacaracterisent
presentent
des renforcements, indice de l’orientation des cristallites. Nous pensons que cette orientation est en relation avec la texture de laphase n6matique
alaquelle
la formeC2
est associ6e,texture
qui
est assez uniforme a 1’echelle du volumede 1’echantillon irradie
(ro.I
0,2 mm).3.3 PHASE
NEMATIQUE.
- L’6tude de la structure de laphase n6matique
est difficile. Lesdiagrammes
dediffraction
qui
la caracterisent ne comportent, en effet,qu’un simple
anneau diffus dont la mesure de1’espacement
est tres delicate.Apres quelques
essais,nous avons estim6
qu’en
relevant le maximum de la distribution radiale de l’intensit6diffusée,
nous pou- vionsrepérer
de maniere suffisammentprecise ( ±
0,2A)
lesignal
dans1’espace r6ciproque.
D’autre part. les cliches ressemblentbeaucoup
a ceux de laphase isotrope,
voire meme de 1’acidesulfurique
pur,qui presentent egalement
un anneau flou dans laregion
deBragg explor6e (d -
10A).
11 ne faut pasnegliger,
enfin, une difficultesupplementaire
- dontil est
impossible
de verifierl’importance
par la voieexp6rimentale,
par suite de l’infusibilit6 dupoly-
mere - liee a la
presence possible
dans le clich6 d’une bande due a larepetition p6riodique ( N
13A)
desunites monomeres le
long
de la chaine macromo-16culaire. Cette bande viendrait se superposer ou se
juxtaposer
a celle due al’organisation nematique.
L’intensit6 de ce
signal
devraitcependant
etre faible,car l’unit6 monomere
comprend
en realite deux sous-unit6s
pratiquement identiques.
Dans le cas des
phases m6somorphes
despolymeres
a chaine
rigide.
comme lespolypeptides
ou 1’acidedesoxyribonucleique,
on a pu mettre en evidence, il y aquelques
ann6es[8], 1’organisation spontan6e
du
systeme
en des edificesperiodiques.
Ces moleculessont non seulement
paralleles
entre elles, mais aussiassembl6es suivant un reseau bidimensionnel hexa-
gonal.
L’examen de 1’evolution des raies de diffraction des rayons Xcaracteristiques
de ce reseau en fonctionde la teneur du
systeme
en solvant apermis,
d’une part. de montrer que ce dernier s’insere entre les macromolecules, pour les maintenir a des distances mutuelles d’autantplus grandes
que la dilution dusysteme
estimportante,
et. d’autre part. de calculer la masse moleculaire par unite delongueur
des chaines macromoleculaires. Dans laplupart
des casconsid6r6s,
les raies de diffraction des rayons X etaient fines etindiquaient
parconsequent
uneorganisation perio- dique
biendéveloppée.
Dans d’autres cas,cependant,
notamment dans le cas des
phases gonflees
depoly- peptides
de structurecholesterique,
les cliches derdyons
Xcomportaient
des raies floues.Dans le cas de la
phase nematique qui
faitl’objet
du
present
travail, nous avonsprecede
d’une maniereanalogue.
Bien que les chaines macromoleculaires despolyamides aromatiques
soientplus
flexibles que lesmolecules de
polypeptide
ou d’acided6soxyribonu- cl6ique,
nous avons admisqu’elles
ont tendance às’assembler lateralement suivant un reseau bidi- mensionnel
hexagonal
du moins a 1’echelle locale.La
presence
d’une raieunique
etlarge
dans le dia-gramme de diffraction ne permet pas de d6montrer
avec certitude la veracite d’un tel
modele ;
c’estpourquoi
nous avons cherche a1’etayer
enanalysant
ses
consequences
en cequi
concerne 1’evolution deFIG. 2. - Evolution de 1’espacement avec la dilution. 0 : solutions isotropes-solutions anisotropcs
1’espacement
deBragg correspondant
en fonction de la dilution. 11 est. en effet difficile a 1’aide des seulsrenseignements
que nousposs6dons
de choisir avecsurete le mode de distribution des molecules dans
1’espace.
On peut aussi bien etre enpresence
d’unassemblage
tresp6riodique
de moleculescompl6te-
ment etirees, suivant un reseau bidimensionnel de faible extension,
qu’en presence
d’unassemblage
detype
liquide,
sanssym6trie
localeparticuliere.
Quoi qu’il
en soit, laposition
du maximum d’inten- site dans 1’anneau de diffraction doit etre li6e a unedistance linéaire dans
l’assemblage
des molecules.Pour
simplifier l’interpr6tation,
nous avons admis que cette distance estegale
a la hauteur de la maille bidi- mensionnellehexagonale;
autrement dit, nous avons admis que la raiecorrespondante
est lepremier
ordrede diffraction de 1’edifice cristallin
(2).
11 est alorspossible
de calculer la relationqui
existe entre lediametre des anneaux de diffraction et la teneur du
systeme
en acidesulfurique.
Sans entrer dans lesdetails de ce calcul,
qui
estidentique
a celui effectu6pr6c6demment
dans le cas despolypeptides [8],
6crivons
simplement :
Dans cette relation. d
represente 1’espacement
observepour 1’anneau de diffraction, D la distance de deux chaines macromoléculaires
voisines,
C la masse du solvantpresent
dans lesysteme rapporté
a l’unit6 demasse du
polymere,
M la masse mol6culaire de cedernier par
unite
delongueur,
N le nombre d’Avo-gadro,
etYS Vp
les volumesspécifiques respectifs
dusolvant et du
polymere.
Lorsque
l’on examine laposition
de 1’anneau dediffraction,
on constatequ’elle
est insensible 4 la variation de latemperature.
C’est la raison pourlaquelle
dansl’analyse
de nosobservations,
nous n’avons pas tenu compte de cefacteur.
Dans lafigure
2, nous avonsporte (2 Nd2/J3 Mvs)
en fonc-tion de C,
indépendamment
de latemperature precise
du
systeme (Tableau II).
Nous avons choisi pour lamasse mol6culaire par unite de
longueur
la valeurde 20 daltons.
Å - 1;
cette valeurcorrespond
à unelongueur
de 12A
pour l’unit6 monomere(le
cote cde la maille cristalline du
polymere
sec est de 12,9A [7]).
(2) Dans l’analyse des cliches de rayons X des cristaux liquides n6matiques [9], on attribue 1’anneau de diffraction observe aux
interferences produites essentiellement par les molecules imm6- diatement voisines, prises deux a deux. paralleles et maintenues à
une distance d’approche D ; celles-ci peuvent prendre toutes les
orientations possibles, d’un point a 1’autre de l’echantillon. Dans
ces conditions, 1’espacement d observe est lie a D par la relation D = 1.17 d. Calculee de cette maniere, la distance D ne différerait donc de celle, D =
(2/,/3-)
d, calculee avec 1’hypothese d’une maillehexagonale parfaite que d’environ 3 %, ecart qui est de l’ordre de grandeur des erreurs experimentales. Si nous n’avons pas retenu
ce modele liquide dans l’interpr6tation de nos resultats, c’est qu’il
ne permet pas de prevoir de maniere coherente et simple 1’evolution de d avec la concentration.
TABLEAU 11
Paramètres des
phases nématique
etisotrope
On constate que, dans le domaine d’existence de la
phase nématique
d6fini parmicroscopie optique,
a savoir 3,5 C 6, les
points exp6rimentaux
seplacent
bien sur une droite de penteunitaire,
confor-m6ment au modele
th6orique choisi;
deplus, l’ordon-
n6e a
l’origine
de cette droite(1,4), qui
est6gale
auvolume
sp6cifique
relatif dupolymere
par rapport ausolvant,
est en accordacceptable
avec celle(1,3)
que l’on peut calculer a
partir
des valeurs de volumesp6cifique
de 1’acidesulfurique
puret du
polymere
cristallin(Vp"
= 0,69cm3 . g-1 [27]).
11 semble donc que le mode
d’assemblage
des macro-molecules dans la
phase n6matique puisse
etre decrit defagon
satisfaisante par un reseau de type hexa-gonal ;
deplus,
la valeur de M choisie pourinterpreter
les resultats
indique
pour les chaines un etirement voisin de celuiqui
existe dans le cristal(3).
Pour des dilutions
sup6rieures (C
> 7),1’espace-
ment d semble se
stabiliser
autour d’une valeur cons- tante(2 Nd2l,13- MT - 7,6);
bien que voisine de la valeur relative a 1’acidesulfurique
pur, celle-ci s’en differencie a notre avis de manieresignificative.
Cetteconstante,
jointe
a l’observation aumicroscope pola-
risant de la
presence
d’ilotsbir6fringents disperses
dans un
liquide isotrope
sembleindiquer
la d6mixtion entre laphase nematique
et la solutionisotrope.
4. Discussion et conclusion. - A 1’aide des seules donn6es
experimentales
que nous venons de rapporter, il est bien difficile d’aller tres loin dansl’interpr6tation
de nos observations et
l’analyse
desproprietes
de la (3) Nous avons essaye egalement un modele d’assemblage desmolecules suivant un reseau carr6. Dans cette hypothese. les donnees de 1’exp6rience doivent vérifier la relation :
En portant Nd2/MVs en fonction de C, nous avons obtenu une
ordonnee a l’origine (0,7) qui est incompatible avec la densite relative du solvant par rapport au polymere (1,3).
312
phase anisotrope
consideree. 11 est,toutefois, possible
de faire un certain nombre de remarques et de commen-
taires
qui,
pour etrefragmentaires,
ne laissent pas moins entrevoir l’int6r8tqu’il
y aura apoursuivre
lepresent
travail de maniereplus approfondie.
11 est d’abord
parfaitement
clair que laphase m6somorphe
que nous avons 6tudi6e est bien nema-tique.
Tant la texturea fils
observ6e aumicroscope,
que 1’evolution du
diagramme
de diffraction des rayons X avec la dilution -qui
estidentique
a cellerelevee dans le cas des
polypeptides [8]
-, ou l’obten-tion
[4]
dephases cholesteriques
par addition de substancesoptiquement actives,
constituent des argu- ments convaincantsqui appuien,t
et confirment cette conclusion.L’existence d’une
phase n6matique,
danslaquelle
les molecules ont tendance a s’orienter les unes
paral-
lelement aux autres, laisse supposer pour celles-ci une
rigidite
assezgrande.
Des considerationsth6oriques
sur
l’équilibre
desphases pr6voient
en tout cas que les solutions de molecules en batonnetsrigides
s’ordon-nent
spontan6ment
enphases anisotropes
de typen6matique
des que lalongueur
des molecules et la concentration du milieu deviennent suffisamment 6lev6es[10].
Des considerationscompl6mentaires
sur des molecules en chaines
statistiques [11]
montrentqu’il
est de memepossible
d’obtenirl’organisation n6matique spontanee
des solutionsconcentr6es,
si larigidite
desmolecules, prise
ici dans sonacception statique,
purementconformationnelle, d6passe
unecertaine valeur.
11 faut se
garder. cependant.
de considerer le pro- bleme en ces termes seuls, extremementsimples;
de nombreuses
questions
restent. en effet,pos6es, qui
m6ritent r6flexion. La
premiere
concerne la confor- mation des chaines dans laphase nematique. D’apres
les
diagrammes
de diffraction que nous avons enre-gistr6s.
notammentd’apres
leur evolution avec ladilution,
onpeut
penser que les macromolecules sont 6tir6es etrectilignes
a une echellequi
doitdepasser quelques
distances intercat6naires(50-100 A).
Cettelin6arit6 suppose une
regularite
considerable dans 1’enchainement des unites monomeres, et fait penserau modele de macromolecule cite
parfois
enexemple, qui
consiste a considerer celle-ci comme unelongue tige élastique.
fléchiestatistiquement
sous I’action de1’agitation thermique [12].
La deuxieme
question
concerne le role du solvant dans cesm6sophases lyotropes [13].
Ens’interposant
entre les chaines
macromoléculaires,
le solvant rompt,tout d’abord. les liaisons intermol6culaires
(ici,
desliaisons
hydrogene
tres fortes)qui
assurent la stabilitedu
cristal;
suivant saqualite
dissolvante. ilpeut
rendrepossible
1’existence de solutionsplus
ou moinsconcentr6es,
doncplus
ou moins aptes dupoint
de vueentropique [10, 11]
a former desphases n6matiques.
Mais il peut intervenir
6galement
de manierebeaucoup plus
directe. En se liant fortement aupolymere,
ilpeut contribuer par
exemple
a etirer la conformationdes chaines et a renforcer leur
rigidite mecanique ;
il peut meme
participer a
1’etablissement d’interactions entre chaines voisines, favorables al’organisation nematique.
Une autre
question qui
se pose est de savoir si larigidite
des chaines n’intervient pas seulement dansson
acception statique (chaines plus
ou moins6tir6es)
maisegalement
dans sonacception dynamique.
Despolymeres
dont les molecules ont un module de flexion élevé ne sont-ils pasplus
aptes que les autres a former desphases n6matiques lorsqu’ils
sont en solution ?La
comparaison
despropri6t6s nematogenes
denombreux
polymeres
de naturechimique
differenteserait tres instructive dans une tentative de
repondre
a ces
questions.
Citons, parexemple,
le cas int6ressant despolyalkylisocyanates, (-NR-CO-), qui,
touten ayant en solution une
longueur
depersistance (500 A) [14] comparable.
sinonsuperieure,
a celledu
polymere
que nous avons 6tudi6 dans lepresent
travail, ne sont pourtant pas connus pour donner desphases n6matiques.
11 est temps de discuter maintenant brievement la texture d
fils
observes et sesimplications
sur lespropri6t6s
du milieu. Sans rentrer dans les detailsqui
sont decrits ailleurs
[6], rappelons
queles fils
sont deslignes
de disinclinaison etcorrespondent
a dessingu-
larit6s et des d6fauts dans la distribution
spatiale
dudirecteur des molecules. Ils supposent la distorsion locale du milieu et sont de ce fait
6nerg6tiquement
couteux. On
comprend
doncpourquoi
ils ont ten-dance a se
raccourcir, jusqu’a
se resorberparfois completement.
Dans le cas des cristaux
liquides nematiques
habi-tuels,
dont les molecules sont de taille relativementpetite.
on peutanalyser 1’6nergie
de distorsion dans le cadre d’une theorie de milieu continu[6].
Troismodes de distorsion suffisent alors pour d6crire le
phenomene,
a savoir des distorsions dedivergence
dudirecteur
(splay).
de torsion(twist)
et de flexion(bend).
Les constantesélastiques correspondantes (K1. K2. K3)
sontgeneralement
toutes du meme ordrede
grandeur,
celle de torsion locale(K2)
6tant toutefoisplus petite
que les autres. Dans le cas des cristauxliquides macromoleculaires,
lalongueur
des molecules estgrande (ici
- 1 000A)
et une th6orie de milieu continu ne doit paspouvoir s’appliquer
aisement,car les distorsions
risquent
de neplus
etren6gligeables
a 1’echelle des molecules. Vraisemblablement - mais cela m6rite
plus ample
réflexion - larigidite
méca-nique intrinseque
des molecules doit affecter sensi- blement la constante de flexion(K3). qui
doit etreplus
forte
qu’a l’ordinaire ;
les constantes dedivergence (K1)
et de flexion
(K3)
doivent, d’autre part. etrecouplees
d’une certaine maniere.
Quand
on essayed’analyser
dans ce contexte lesph6nom6nes
observes, on estfrappe
par la facilit6 aveclaquelle
lespolypeptides [8], qui
sont pourtant citesen
exemple
derigidite moleculaire
et lespolyamides
aromatiques [4].
dont larigidite
n’est pasn6gligeable,
sont
capables
de foumir desphases cholest6riques.
Apparemment.
la constante de torsion du milieu,qui d6jd
pour lesphases n6matiques
habituelles est rela- tivement faible. n’est pasprofond6ment
affectee par lalongueur
des molecules et leurrigidite.
11 en estautrement des autres constantes de
divergence
et deflexion. 11 est. en
effet,
int6ressant de noter a ce propos que, dans le cas despolypeptides.
il n’ajamais
ete faitmention
jusqu’ici
de textures afils
ou a noyaux ; les solutions concentr6es de cespolymeres
ont pourtant ete tres abondamment etudiees[8].
11 semble que,lorsque
larigidite
des macromoleculesn6matog6nes d6passe
une certaine limite. elle contribue efficacement a augmenter la valeur desconstantes elastiques
locales
(Kl , K3)
du milieu et a rendre peu stables les textures a d6fauts. II est6galement
int6ressant de noter . lagrande
finesse desfils
observes dans ce travail,qui pourrait
etreinterpretee
comme un indice de laflexion
possible,
mais relativement couteuse. des macromolecules. Certaines disinclinaisons sont, eneffet, capables
de se stabiliser et de donner desfils
diffus
quand
leur cwurs’etale ;
mais un tel processuscorrespond
a la fuite du directeur des molecules dans la direction de laligne
et faitappel
a la flexion lente du milieu[6].
11 estenfin,
int6ressant derappeler
lapresence
depoints anguleux
dans lesfils
que nousavons
observes ;
cettepresence
est sans doute li6e à lagrande
differenceprobable
dans la valeur des cons-tantes
élastiques
locales de laphase nématique (voir
remarque J. Friedel, page 140, De Gennes
[6]).
Ce travail a pu etre realise
grace
a1’appui
financierde la
Delegation
G6n6rale a la RechercheScientifique
et
Technique (conv. 73 . 7 .1602)
et 1’aide tant financi6reque materielle et
technique
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