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Contribution à l’étude des contacts solides. - Sulfure de plomb et sulfure d’argent
René Audubert
To cite this version:
René Audubert. Contribution à l’étude des contacts solides. - Sulfure de plomb et sulfure d’argent.
J. Phys. Theor. Appl., 1917, 7 (1), pp.209-223. �10.1051/jphystap:019170070020900�. �jpa-00241995�
209
CONTRIBUTION A L’ÉTUDE DES CONTACTS SOLIDES (1).
-SULFURE DE PLOMB
ET SULFURE D’ARGENT;
Par M. RENÉ AUDUBERT.
Je me suis proposé d’étudier les phénomènes de rectification pour des mélanges de corps qui présentent à l’état pur des caractères bien différents : le sulfure d’argent, et le sulfure de plomb. Ce der-
nier corps se rapproche des métaux, sa résistance est grande et augmente avec la température (‘-’).
Le sulfure d’argent a une résistance beaucoup plus grande encore
et un coefficient négatif. Sa résistance décroît lorsque la température
croît. L’étude de pareils mélanges devait présenter un intérêt pra-
tique, car les détecteurs les plus employés actuellement en télégraphie
sans fil et les plus sensibles sont des galènes plus ou moins argenti-
fères.
Friedrich (3) a étudié les températures de fusion de tels mélanges
et n’a trouvé qu’un seul eutectique pour une concentration de 76 0/0
de sulfure d’argent environ.
J’ai employé comme matières premières du sulfure de plomb et du
sulfure d’argent purs précipités ; ces deux corps ont été fondus soit purs, soit mélangés en proportions déterminées ; le précipité était toujours additionné d’un peu de soufre pour produire une atmos- phère sulfurante et éviter tant l’oxydation que la dissociation. Dès que la fusion était complète, ce qui ne prenait que quelques minutes
dans le four Perrot, le liquide était versé dans un moule en fer froid
pour obtenir une solidification rapide et une masse aussi homogène
que possible. Après avoir exécuté des mesures avec les échantillons
obtenus, ceux pour lesquels les résultats ont été le plus nets ont été analysés.
Le tracé des courbes i = f’ (e) comporte la connaissance de i et de e ; j’ai effectué les mesures d’intensité et de force électromotrice
au moyen du dispositif suivant.
Le détecteur est traversé par un courant dérivé provenant d’une (1) Voir Journal de Physique, Mai-Juin 1917.
(2) GuiNCHANT, C. R., t. CXXXIV, p. 1224; 1902.
(3) FRIEDRICH, Bande, 4 Heft, 14 ; 1907.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:019170070020900
batterie d’accumulateurs ; un potentiomètre permet de régler la ten-
sion qui lui est appliquée ; une résistance auxiliaire est placée dans
le circuit des accumulateurs pour servir lorsque la résistance de c ontact est faible. Sur le circuit dérivé est intercalé un galvanomètre
shunté et un inverseur qui permet de changer le sens du courant qui traverse le détecteur.
La mesure des intensités a été faite au moyen d’un micro-ampère-
mètre Chauvin et Arnoux G, d’une résistance de 92~~,G et dont la
graduation allait de 0 à 100-10-6 ampères. J’ai employé deux shunts : l’un de 10
ml’autre de 1
wqui m’ont permis de mesurer des cou-
rants allant de 10 x 10-6 ampères à 9.000 X 10-6 ampères.
La mesure des différences de potentiel a été faite par la méthode
électr ométrique ; toute autre méthode comportant un voltmètre aurait nécessité des corrections qui ne pouvaient être négligées.
Une planchette paraffinée munie de godets à mercure permettait,
soit d’avoir la déviation 6’ de l’électromètre produite par un élément Weston de force électromotrice e (’), soit la déviation 0 due à la dif-
férence de potentiel x appliquée au contact. De ces lectures on
tirait x par la relation :
La déviation 0’ était de 32mm,5, ce qui donnait omm,32 pour une di-
f ’ d
.1 d 1 d"
, ...l 5
férence de potentiel de 100 d’où une précision atteignant e 1000 d de volt.
Afin d’étudier l’influence de la force pressante sur l’allure de la
caractéristique, j’ai employé un dispositif qui permettait d’exer-
cer sur la pointe métallique du détecteur des forces pressantes va- riables.
Au fléau d’une balance est fixée à angle droit avec le fléau une t i ge verticale à l’extrémité de laquelle se trouve la pointe mé- t alli que du détecteur; la pression exercée par la- pointe est propor- ti onnelle au poids déposé dans le plateau placé du même côté que la tige.
Le sulfure de plomb pur étudié dans ces conditions a donné une
caractéristique sensiblement symétrique dans le premier et le troi-
(1) La force électromotrice d’un élément Weston est donnée par :
e =
1.0183 [1
-0,0000 406 (t
-26) + 0,00000095 (t
-20)2].
211
sième quadrant. D’après ce qui
aété dit antérieurement, le cristal
employé sans force électromotrice auxiliaire ne peut constituer qu’un
très mauvais détecteur. Le sulfure d’argent dans les mêmes conditions
a fourni au contraire une caractéristique dont la dissymétrie est
notable et de même allure que celle obtenue avec un cristal bon dé- tecteur. Cependant, utilisé comme détecteur, le sulfure d’argent a
donné de très mauvais résultats; il faut attribuer cette apparente anomalie à des phénomènes de cohération qui se produisent dans
le sulfure d’argent pur avec une grande intensité.
J’ai étudié ensuite lès caractéristiques de mélang es de sulfure d’argent et de sulfure de plomb dont la concentration était variable;
le résultat de ces recherches est contenu dans les caractéristiques du
tableau f). On peut les résumer ainsi :
1° En partant de mélanges dont la teneur en sulfure d’argent est
très faible, l’inclinaison de la tangente à l’origine sur l’axe des abs-
cisses diminue jusqu’à la caractéristique n° 7 qui est celle obtenue pour la concentration de 76,07, c’est-à-dire très voisine de la concen-
tration eutectique (fig. 2), puis croît pour des concentrations supé- rieures, ainsi que l’indique l’allure des courbes n°S 7, 8, 9, 10;
~° Le rayon de courbure au voisinage du sommet croît jusqu’à un
maximum pour une concentration qui est voisine du point eutec- tique ;
3° Le sommet, point oû le rayon de courbure est minimum, se rap-
proche d’abord de l’axe des abscisses puis s’en éloigne ;
4° Le sommet s’éloigne de l’origine jusqu’à la caractéristique du point eutectique. On observe, en outre, une marche très nette des phénomènes parasites de cohération mentionnés plus haut et dont le
détail sera donné plus loin.
Il faut cependant signaler une anomalie : la caractéristique
obtenue avec du sulfure de plomb pur, devrait log iquement se trou-
ver au-dessus de la caractéristique n° 1 1), obtenue avec
un mélange de ~Q, 19 0/0 d’argent, ce qui n’a pas lieu.
Voyons maintenant comment du tracé des courbes i .
=/ (e) on
peut tirer le coefficient de sensibilité du cohéreur :
.On a :
213 A la force électromotrice
-e, correspond donc le aourant :
d’où par addition de (1) et (2) :
Divisant les deux membres de cette égalité par e 2 il vient :
Si donc l’on construit la courbe :
pour :
La sensibilité du détecteur est donc représentée par l’ordonnée à
l’origine de la courbe (3).
A titre d’exemple, et pour mettre en évidence leur ordre de gran-
deur, je me bornerai à reproduire ici l’un des tableaux de mesures
qui m’ont servi pour la construction des courbes caractéristiques.
Si on se reporte aux tableaux, on peut approximativement obtenir
par voie graphique la sensibilité de chaque détecteur.
215 Les résultats obtenus sont les suivants :
Pour l’échantillon qui contient 20gr,19 0/0 il faut suppo-
ser que la sensibilité est supérieure à ~1,G X f 06.
En effet, pour toutes les autres variations de Z~ e- ~ Z’ en fonction
de e j’ai obtenu des courbes, dont l’allure était la même, le rap- port Z~ e~ ~, 2~ passe par un minimum pour une valeur de e voisine du
sommet de la courbe.
TABLEAU N° 1.
On voit par ce tableau que la sensibilité passe par un minimum pour une concentration voisine de celle du point eutectique.
Etant donné l’allure de la caractéristique pour des concentrations v oisines de celles du point eutectique, et la grande dissymétrie que
présentent de tels échantillons, il faut admettre qu’employés avec
une force électromotrice auxiliaire ils constitueront d’excellents dé- tecteurs. On a vu plus haut que la sensibilité d’un détecteur augmen- tait à mesure que le sommet de la caractéristique se rapprochait de
.
l’origine, la valeur de la force électromotrice auxiliaire devra donc
se rapprocher de la valeur de l’abscisse correspondant au sommet de
la caractéristique, puisque l’introduction d’une force électromotrice auxiliaire est équivalente à un transport des axes au point de la ca- ractéristique qui a pour abscisse une différence de potentiel corres- pondant à la force électromotrice auxiliaire.
Comme on peut s’en rendre compte, la sensibilité croît avec la
force pressante. Il est probable qu’elle doit passer par un maximum,
puisque la caractéristique tend à devenir une droite pour des valeurs
élevées de la force pressante.
Si on se reporte aux caractéristiques étudiées par M. Tissot (’)
pour les contacts suivants : carborundum, laiton ; pointe de cuivre
sur plan de molybdénite, zincite, chalcopyrite, on remarque que la sensibilité de ces détecteurs est de beaucoup inférieure à celle des détecteurs à sulfure que j’ai étudiés. Or ces derniers constituent des détecteurs d’une sensibilité peu supérieure au son à celle des con- tacts étudiés par le capitaine Tissot et cités plus haut ; ce résultat
n’a rien de surprenant, en effet, la sensibilité des détecteurs à sulfure
d’argent et de plomb est diminuée par l’existence de phénomènes parasites, en particulier la cohération, dont la durée, surtout pour le sulfure d’argent, est grande. D’ailleurs la définition adoptée pour la sensibilité n’est exacte que si l’on considère uniquement le phéno-
mène de redressement du courant alternatif en courant cont.inu, car
elle ne tient pas compte des autres effets parasites, en particulier de
la cohération .
Influence de la force pressante.
-Toutes les modifications pro- duites sur le contact se traduisent par une transformation de la ca-
ractéristique. Les résultats de mes expériences et les effets de la force pressante, en accord avec ceux déjà obtenus par Tissot (2), sont
résumés dans les courbes (fig. 2 et 3).
Toute augmentation de la force pressante se traduit sur la carac-
téristique :
1° Par une augmentation de l’inclinaison de la tangente à l’origine
sur l’axe des abscisses;
2~ Par une augmentation du rayon de courbure au sommet ; 3° Par une diminution de la dissymétrie ;
4~ Par un rapprochement du sommet de l’origine.
Pour des valeurs suffisamment grandes de la force pressante, la
caractéristique tend à devenir une droite.
Si nous convenons d’appeler résistance au contact le rapport e, 2
(1) J. cle 4e série, t. Y, p. 88’7.
(9) TIssoT, J. de Phys., 4e série, t. ~’ ; novembre 1910.
217
l’augmentation de pression se traduit par une diminution de la résis- tance, ce résultat a déjà été trouvé par Blanc (’), dans les études
qu’il a faites sur les contacts imparfaits.
L’augmentation de la force pressante se traduit par une diminu- tion de la résistance; toute diminution de la force pressante se tra- duit au contraire par une augmentation de résistance. Si on diminue la force pressante, après l’avoir fait croître, la résistance ne repasse pas par les mêmes valeurs. Les valeurs nouvelles sont inférieures à celles que l’on avait obtenues pour des forces pressantes croissantes.
Avec un même échantillon de Ag2S PbS j’ai obtenu les caractéris-
tiques 1, 2, 3 3).
J’ai d’abord soumis le contact à une force pressante « de 13~r,~0, j’ai obtenu la courbe 1 ; puis, pour une force pressante de 46gr,75, j’ai obtenu la courbe 2 ; enfin, pour une force pressante de 13~,05, j’ai obtenu la courbe 3.
La courbe 3, comme on peut s’en rendre compte, ne coïncide pas
avec la courbe 1 pour les mêmes valeurs de 7t, les points de la
courbe 3 ont des abscisses inférieures aux points de la courbe 1 pour des ordonnées égales.
Il y a donc, ainsi que 1B1. Blanc l’avait déjà dit, une partie du phénomène qui est irréversible.
Ces résultats semblent donc bien confirmer la théorie de Schaw (2~
qui suppose que la force pressante augmente notablement l’adhé-
rence.
On
adonc tout lieu de croire que la modification apportée réside
dans les couches de passage et de
«supposer qu’elle consiste en une
«
soudure de ces couches par diffusion, de telle sorte que, dans
«
leur épaisseur, les propriétés du métal tendent à devenir les
«
mêmes que dans les couclies profondes » .
M. Blanc, qui a mesuré directement la valeur du rapport e et sa
variation en fonction de la force pressante, a trouvé que la résistance était inversement proportionnelle à la force pressante exercée.
L’étude graphique des courbes 2) m’a permis de conclure que ce résultat était confirmé pour des points voisins du sommet de la carac- té ristique .
( 1 ) BLANC, J. cle 4, série, t. IN7, p. 141.
Philosophicalltlagazine, t. I, p. 265 ; 1931.
Influence du pcissage du courant.
-Quand on soumet un détec-
teur à contact solide au passage d’un courant d’un certain sens, on constate que l’intensité croit d’abord rapidement puis plus lentement
pour tendre enfin vers une certaine limite à laquelle elle semble se
fixer définitivement.
Fm. 2.
Si l’on inverse le sens du courant on observe le même phéno-
mène. Mais la limite vers laquelle tend l’intensité prend une valeur
différente de celle obtenue dans le premier cas, plus grande ou plus petite suivant que la pointe métallique est reliée au pôle négatif ou
au pôle positif.
Si on soumet le contact à des différences de potentiel croissantes,
l’intensité tend toujours vers des limites qui croissent avec les diffé-
rences de potentiel. En repassant par valeurs décroissantes par ces mêmes différences de potentiels on obtient les mêmes valeurs cor-
respondantes de l’intensité. Le phénomène est donc réversible.
Appelons cohércction la diminution du rapport Le passage du courant à travers le contact produit donc une cohération.
Dans bien des cas cependant j’ai observé que si l’on établit à tra-
vers le contact un courant d’intensité donnée, la cohération se pro- duisait d’abord normalement, puis brusquement le rapport -: attei-
gnait une valeur extrêmement petite; dans d’autres cas où la cohération était normale, une augmentation extrêmement petite de
la différence de potentiel produisait cette brusque cohération,
219
Ce fait semble s’expliquer de la façon suivante :
Une couche de résistance imparfaite est soumise à une tension
donnée, si cette tension augmente elle est dans bien des cas suffi-
sante pour rendre conductrice la couclie de diélectrique et le courant
n’éprouve plus aucune difficulté à passer. Cette tension qu’on peut
appeler Tens£on li1nite de cohération varie avec la concentration des échanti llons .
FIG. 4.
-Influence de la force pressante
surla déformation de la caractéristique.
N.-B. - Il semble que le phénomène irréversible de l’influence de la force pressante
surla valeur du rapport - semble disparaître pour des courants intenses. A partir du point:M la courbe
n°3
seconfond
avecla courbe
n°1.
Pour une concentration de faible teneur en sulfure d’argent, elle
est plus faible que pour le sulfure d’argent pur; si onétudie sa valeur pour des mélanges de sulfure de plomb et de sulfure d’argent à
.concentrations variables, on constate que la tension limite de cohé-
221 ration passe par un maximum pour des concentrations voisines de la concentration correspondant au point eutectique.
Il faut en outre signaler une cohération très faible et très lente
qui semble provenir de l’élévation de température du contact sous
l’influence du courant. Cette cohération lente a été observée par Tissot qui, en soumettant le contact à différentes températures, a re- marqué qu’une élévation de température produit le même effet qu’une augmentation de la force pressante. La caractéristique se
déforme et tend à devenir une droite.
En définitive, la force pressante, la température et le courant pro- duisent les mêmes effets, c’est-à-dire une cohération.
On est frappé de l’étroite analogie que ces phénomènes présentent
avec ceux que M. Blanc(’) a remarqués en étudiant l’influence du passage du courant à travers les contacts imparfaits et qu’on peut résumer ainsi :
«
Quand on établit brusquement à travers le contact un courant
«
d’intensité déterminée, la résistance tombe à une valeur beaucoup
«
plus faible et continue à diminuer peu à peu, d’abord rapidement
«
puis plus lentement en paraissant tendre vers une limite...
«
Quand la résistance est devenue à peu près fixe, après un temps
«
suffisant si l’on revient à une intensité plus faible le contact impar-
«
fait prend une résistance différente mais parfaitement fixe. Letemps
«
n’a, plus aucune influence et de plus la nouvelle résistance est
beaucoup plus stable que la première.
«
Si on augmente au contraire l’intensité une fois que la résistance
«
est devenue constante, une nouvelle diminution progressive se pro-
«
duit faisant tendre la résistance vers une nouvelle limite inférieure
«
à la première.
«
Si on modifie l’intensité avant que la résistance ait fini de dimi-
«
nuer, sa vitesse de chute augmente si l’intensité augmente, et
«