J
OURNAL DE
T
HÉORIE DES
N
OMBRES DE
B
ORDEAUX
G
ILLES
D
IDIER
Échanges de trois d’intervalles et suites sturmiennes
Journal de Théorie des Nombres de Bordeaux, tome
9, n
o2 (1997),
p. 463-478
<http://www.numdam.org/item?id=JTNB_1997__9_2_463_0>
© Université Bordeaux 1, 1997, tous droits réservés.
L’accès aux archives de la revue « Journal de Théorie des Nombres de Bordeaux » (http://jtnb.cedram.org/) implique l’accord avec les condi-tions générales d’utilisation (http://www.numdam.org/conditions). Toute uti-lisation commerciale ou impression systématique est constitutive d’une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fichier doit conte-nir la présente mention de copyright.
Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques
Échanges
de trois d’intervalles et suites sturmiennespar GILLES DIDIER
RÉSUMÉ. On appelle échange d’intervalles l’application qui consiste à réor-donner les intervalles d’une partition de
[0,1[
suivant une permutationdonnée. Dans le cas des partitions en trois intervalles, nous donnons une
caractérisation combinatoire des suites codant, d’après la partition définis-sant l’échange, l’orbite d’un point de [0,1[ sous l’action de cette
transfor-mation.
ABSTRACT. An interval exchange is an application which rearrange,
accord-ing to a given permutation, a set of intervals partitioning
[0,1[ .
In the caseof partitions into three intervals, we give a combinatorial caracterisation of
sequences coding, according to the partition defining an intervals exchange,
the orbit under this transformation, of a point in
[0,1
[ .INTRODUCTION
Soient s un entier
supérieur
ouégal
àdeux, o,
unepermutation
de{1, ... ,
s}
et A =~~1, ... , As)
un élément de à coordonnées stricte-sment
positives
et telles queE
Ài
= 1 . Posons alors80 = 0
et pour tout1 - 1
i=l
. r, "’"
L’échange
d’intervalles associé à(a, À) ,
notéE ,
est l’isométrie par morceauxqui
consiste àpermuter, suivant u ,
les intervallesh , ... , ,18 .
Plus
formellement,
E est labijection
de[0, 1[ [
vers[0, 1[
[
qui associe,
à toutpoint x
EIk
avec k e{ 1, ... ,
s} ,
lepoint
E(x)
= x+ ak ,
où :On
peut
également
considérer deséchanges
portant
sur un intervalles
[0, q[
avec q#
1 que l’on définit de la mêmefaçon
(on
a¿
Àj
= Î au lieu dei= i
s
£ À;
=1 ) .
Nousparlerons
alorsd’échanges
d’intervalles non-normalisés.1=1
On
peut,
sansperdre
degénéralité,
limiter l’étude auxéchanges
d’inter-valles associés aux
permutations
sur{ 1, ... , s}
ne laissant invariant aucunensemble
{1~... t}
avec t squi
sont dites irréductibles.En
effet,
si lapermutation
associée à unéchange
d’intervalles n’est pasirréductible,
celui-cipeut
alors êtredécomposé,
quitte
à effectuerquelques
renormalisations,
enéchanges
d’intervalles irréductibles.Avec les notations
précédentes,
unéchange
d’ intervalle est ditrégulier
si
l’égalité :
implique k
= 0 et i= j .
Les
propriétés ergodiques
dessystèmes dynamiques
associés auxéchanges
d’intervalles
(i.e.
de la forme([0,1[,~))
ont été étudiées par M. S. Keaneet G.
Rauzy
dans[KEAN,KEAN-RAU,RAU] .
Étant
donné unsystème dynamique
de cetype,
ilpeut
être utile deconsidérer les suites
symboliques
(i.e.
à valeur sur unalphabet
fini)
con-struites àpartir
d’unepartition
finie dusystème.
En associant une lettre ak àchaque
classeCk
de lapartition,
lecodage
de l’orbite d’unpoint x
dusystème dynamique
est alors la suite u définie pour tout entier naturel npar un = ak si
En (x)
ECk .
Dans le cas des
échanges d’intervalles,
lecodage
leplus
naturel consisteà associer une lettre différente à
chaque
intervalle del’échange.
Onap-pellera
codage d’échange
d’intervalles toute suite u sur unalphabet
,~4 =
~c~l, ... ,
définiepour tout entier naturel n par un = al si E
Il
où x E[0,1[ [ et
E est unéchange
de s intervallesIl, 12, -, Is .
Pour étudier une suite
symbolique
u , on considère souvent l’ensembledes mots finis admettant au moins une occurrence dans cette
suite,
appelés
facteurs de u .
En
particulier
l’alphabet
d’une suite est l’ensemble des lettres yap-paraissant
(i.e.
dire que u est une suite sur unalphabet
.~4. sous-entendimplicitement
que toute lettre de A est un facteur de~c) .
qui,
à tout entier naturel n nonnul,
faitcorrespondre
le nombre de facteursdifférents de
longueur n
de u .Une suite u est dite uniformément récurrente si tout facteur de u y
apparaît
une infinité de fois à lacunes bornées.Dans
[SAN],
M. L. Santini étudie un certain nombre depropriétés
descodages
d’échange
de trois intervalles. Enparticulier
elle montre que, siE est un
échange
régulier
de troisintervalles,
la fonction decomplexité
ducodage
del’orbite,
sous l’action deE ,
de toutpoint
de[0,1 [ est
égale
à 2n + 1 pour tout entier naturel non nul n . Toutefois cettepropriété
ne suffit pas à caractériser cetype
decodages :
il existe des suites decomplexité
2n + 1
qui
ne sont pas descodages d’échanges
de trois d’intervalles(voir
par
exemple
[ARN-RAU]).
Nous donnons à la fin de ce travail une caractérisation combinatoire
des
codages
nonpériodiques
d’échanges
de trois intervalles. Nous utilisons pour ce faire les résultats sur lescodages
de rotations que nous avons établisdans
[DID].
Nous
rappelons
dans la section 1quelques propriétés
de cescodages
encommençant
par lesplus remarquables
d’entre eux : les suites sturmiennes.Nous
présentons
ensuite les caractérisations descodages
de rotation quenous avons obtenus dans
[DID].
Nous terminons cette section en montrantle lien entre les
codages
de rotation et ceuxd’échanges
d’intervalles associésà une
permutation
circulaire.La section 2 est consacrée à l’étude des
codages d’échanges
de troisinter-valles. Nous y
distinguons
tout d’abord le cas où lapermutation
associée àl’échange
est circulaire. Nous montrons ensuite comment se ramener à cedernier cas si la
permutation
n’est pas circulaire. Enfin nousénonçons
lacaractérisation.
1 PRÉLIMINAIRES - CODAGES DE ROTATIONS
Les rotations
(modulo 1)
sont une autre classe - mieux connue - detransformations de
[0,1 [ .
Pour tout réel a E[0,1 [ ,
onappelle
rotationd’angle
a et on noteRa
l’application
qui
associe à toutpoint x
E[0,1
[
le
point x
+ a mod 1 . Enparticulier,
unéchange
de deux intervalles(~, (Ai, ~2))
avec a irréductible est une rotation(modulo 1) d’angle
À2
(i.e.
égal
à lalongueur
du secondintervalle).
Lescodages
que l’onpeut
obtenirsont bien connus. Si
À2
estrationnel,
lecodage
de toutpoint
de[0,1
[
est
périodique,
sinon,
on obtient des suites dont la fonction decomplexité
estégale
à n + 1 pour tout entier naturel non nul n etqui
sontappelées
suites sturmiennes.
1.1 Suites sturmiennes.
THÉORÈME
1.1(HEDLUND
& MORSE~HED-MOR 1&2]).
Une suite u sur{0,1}
est sturmiennes si et seulement si il existe un nombre irrationnel a E[0, 1[ (
et un nombre réel x E[0,1
(
tels que pour tout entier naturel n ,on ait :
-où I est l’intervalle
[0, a[
ou]0, a] .
Le
langage
d’une suite sturmienne nedépend
que del’angle
de larota-tion
qui
lui est associée(voir
parexemple
[ARN-RAU]).
Deux suitesstur-miennes ont le même
langage
si et seulement si elles codent une rotationde même
angle.
L’angle
a associé à une suite sturmienne uapparaît
sous diverses formesdans u . En
particulier,
uneconséquence
del’équirépartition
de l’ensemble~na
mod1 1 n
e~1}
est que lafréquence
de la lettre 1 dans cette suite existe et estégale
à a(voir
[BER] ) .
1.2 Caractérisation des
codages
de rotations.Nous avons étudié
plus généralement
dans[DID]
lescodages
de l’orbited’un
point
de[o,1
sous l’action d’une rotationd’angle
irrationnel associés à unepartition
en un nombre fini d’intervalles.DÉFINITION
1.l~DID~ .
Une suite sur unalphabet
.A. =a2, ... , est un
codage
de rotation s’il existe deux nombres réels a E[0, 1[
et x E[0,1[
[
et unepartitions
de[0, 1[ [
en#A
intervalles delangueurs
strictementpositives
I2, ... ,
I~,~} ,
tels que, pour tout entier naturelJ~ ,
on ait :Nous avons donné une caractérisation combinatoire de ces suites que nous allons
préciser.
Sonexpression
nécessite l’introduction dequelques
définitions.
Elle fait tout d’abord intervenir deux automates cellulaires
particuliers
que nous notons
fo
etf, ,
etqui,
à tout mot u de10, 1 l’ ,
associentrespectivement
les motsfo (u)
et tels que pour tout entier naturelk ,
on ait :où
fo et f 1
sont les fonctions de{0,1}2
dans{0,1}
définies par :Ces deux automates nous ont
permis
de caractériser unelarge
classe decodages
de rotations associés à unepartition
en deux intervalles.THÉORÈME
1.2[DID~.
Une suite u surl’alphabet
{0,1}
est uncodage
de rotations
d’angle
a irrationnel associé à unepartition
en deux intervalles contenant tous deux un intervalle semi-ouvert delongueurs
a si et seulementsi les suites
fo(u)
etfl(u)
sont sturmiennes.Les suites sturmiennes
fo(u)
etfl(u)
apparaissant
dans le théorèmeprécédent
sont alors toutes deux associées à a ,l’angle
de rotation ducodage
initial u-Pour tout entier naturel i strictement inférieur à
#,A ,
nousnotons Oi
l’application
qui
à toute suite u surl’alphabet
A associe la suite surl’alphabet
{0,1 }
définie,
pour tout entier naturelk ,
par :Enfin nous définissons la
propriété
(j-)
sur les suites.DÉFINITION 1.2
(DID~ .
Une suite u sur unalphabet A
=la,,
a2, ... ,
a#A}
possède
lapropriété
(t)
si,
quitte
à renuméroter les lettres deA ,
l’inclusionsuivante est
vérifiée :
THÉORÈME
1.3[DID] .
Soit u une suite surl’alphabet
.A . La suite u est uncodage
de rotationd’angle
irrationnel si et seulement si il existepour tout entier naturel i p et tout entier
naturel j
q , les assertionssuivantes soient
vérifiées :
Les résultats
précédents
(théorèmes
1.2 et1.3 )
caractérisent lescodages
de rotations au sens de la définition 1.1 . Lapartition
associée à un telcodage
peut
éventuellement contenir un ouplusieurs
intervalles fermés. Par contre dans le cas descodages
d’échanges d’intervalles,
lapartition
que l’onconsidère est
uniquement
constituée de semi-ouverts. Cecipourrait
poserproblème
pourappliquer
les résultatsprésentés
dans cette section. En fait on montre que si uncodage
de rotation est uniformémentrécurrent,
onpeut
supposer que lapartition qui
lui est associée ne contient que des intervalles semi-ouverts.PROPOSITION 1.1
[DID] .
Uncodage
de rotation n’est pasuniformément
récurrent si et seulement si deux intervalles I et J de lapartition,
avecI
fermé
àgauche
et Jfermé
à droite ou I ouvert àgauche
et J ouvertà
droite,
sont tels que la borneinférieure
de I et la bornesupérieure
de Jappartiennent
àl’orbite,
sous l’action de larotation,
dupoint
dedépart
associé au
codage.
Autrement dit si un
codage
de rotation est uniformément récurrenttoutes les bornes d’intervalles
appartenant
à l’orbite dupoint
dedépart
associé à cecodage
sont orientées dans le même sens"ouvert/fermé"
etl’on
peut
considérer que lapartition
estuniquement
constituée d’intervallessemi-ouverts
(tous
les choix"ouvert/fermé"
des bornesqui
n’appartiennent
pas à l’orbite du
point
dedépart
sontcompatibles
avec lecodage).
1.3Échanges
d’intervalles associés à unepermutation
circulaire.Le lien entre rotations et
échanges
d’intervalles s’établit facilementlorsque
lapermutation
associée àl’échange
est circulaire. Nousparlerons
alorsd’échange
circulaire d’intervalles. Notons que, mis àpart
l’identité,
toutepermutation
circulaire est irréductible.LEMME l.l. Si une suite non
périodique u
sur unalphabet
.A code l’orbited’un
point
de[0, 1[
sous l’action d’unéchange
circulaires d’intervalles alors u est lecodage
de l’orbite du mêmepoint
associé à la mêmepartition
sousil existe un sous-ensemble B de ,A tel que la suite obtenue à
partir
de u enprojetant
toutes les lettresappartenant
à B sur 1 et les autres sur 0 soitsturmienne.
Preuve.
Supposons
que u soit circulaire et notons d =u(l) .
On a alors pour tout k E{l, ... ,
s} ,
= k + d - 1 mod s etLa transformation E =
(a~,
À)
est alors une rotationd’angle
a , et sila suite u est le
codage
de l’orbite d’unpoint x
de[0,1[
[
sous l’action deE ,
ellepeut
également
se définir pour tout entier naturel n par un-1 si x + na mod -1 E Ii .
On en déduit
qu’une
condition nécessaire pourqu’une
suite code unéchange
circulaire d’intervalles est que cette suite soitengendrée
parrota-tion. De
plus,
comme tous les intervalles de lapartition
associée à cecodage
sontsemi-ouverts,
laproposition
1.1 nous assure du caractère uniformémentrécurrent de u .
Toutefois un
codage
de rotation n’est pas nécessairement uncodage
(na-turel) d’échange
circulaire d’intervalles. Eneffet,
dans ce dernier cas,l’angle
de rotation est
égal
à la somme deslongueurs
d’un certain nombre(compris
entre 1et s -1)
d’intervalles successifs de lapartition,
conditionqui
n’estpas, en
général,
vérifiée par lescodages
de rotations.Cette condition sur la
partition s’exprime
defaçon
combinatoire : la suite obtenue àpartir
ducodage
enprojetant
un certain sous-ensemble del’alphabet
sur 1 et soncomplémentaire
sur0,
est sturmienne(théorè-me 1.1 ).
02
ÉCHANGES
DE TROIS INTERVALLESNous allons nous intéresser dans cette section aux
codages
d’échanges
de trois intervalles. Dans ce cas il y a trois
permutations
irréductibles :2.1
Échanges
circulaires de trois intervalles.En fait dans le cas des
échanges
circulaires de troisintervalles,
nous allons voir que laconjonction
des deux conditions nécessaires du lemme 1.1est suffisante .
Commençons
par remarquerqu’un
codage d’échange
circulaire d’intervallescode indifféremment un
échange
d’intervalles associé à lapermutation
~2 ou à lapermutation
~3 .LEMME 2.1. Une suite u code l’orbite du
point
x sous l’action del’échange
d’intervalles E =
(u2, (À1,
À2,
À3))
si et seulement si elle code l’orbite dupoint
1- x sous l’action del’échange
d’intervalles E’ =(3, (À3,
À2,
1B1»
-Preuve.
Supposons
que u code l’orbite dupoint x
sous l’action del’échange
E =
(~2, (~1, ~2, ~3))
et notonsf
labijection
de[o,1 [ qui
associe à toutréel x E
[0, I[ [ le
réelf (x)
= 1- x . On a pour tout entier naturel n :avec
E(x)
= x +As
mod 1 .Comme
f
est unebijection
on aégalement :
et
(f
Considérons
l’échange
E’ =(~3~ (a3, a2, ~ 1 ) ) .
On vérifieque E’ =
f
o E o etqu’en
notantIl , I2
etI3
les intervalles de lapartition
associée àE’ ,
on a :La suite u
peut
également
être définie par :Le
codage
de l’orbite dupoint
x sous l’action de E codeégalement
l’orbite du
point
f (x)
sous l’action deE’ .
DLEMME 2.2. Une suite non
périodique
u surl’alphabet
la,,
a2,a3 ~
codesi et seulement si u est un
codage
de rotationuniformément
récurrent tel que~1 (u) , 02(U) ou §3(u)
soit sturmienne.Preuve. L’un des sens de
l’équivalence
étant donné par le lemme1.1 ,
il reste à montrerqu’un codage
de rotation sur trois lettres uniformémentrécurrent code un
échange
circulaire d’intervalles si l’une de sesimages
parles fonctions indicatrices des lettres est sturmienne.
Supposons
donc que u code l’orbite d’unpoint x
sous l’action d’une rotationd’angle
a , le cercle unité étantpartitionné
en trois intervallesJi ,
J2
etJ3 .
Comme u est uniformément
récurrente,
onpeut
supposer que lesin-tervalles de la
partition
sont semi-ouverts.Quitte
à renverser le sens de rotation et àremplacer
a par 1 - a , supposons que les intervalles sontsemi-ouverts à droite.
On a
donc,
pour tout entiernaturel n ,
Supposons
parexemple
que01(u)
est sturmienne. Cette suitepeut
être définie par :On déduit des remarques suivant le théorème 1.1 que la
longueur
del’intervalle
JI
estégale
soit à a , soit à 1 - a .On étudie ces deux cas
séparément :
- Si =
a , on
note y
la bornesupérieure
deJI .
Considérons alors13
= et x’ = Si la borne inférieure deest
nulle,
on poseIl
=12
= sinon onpose
Il =
I2
=- Si =
1-a ,
onnote y
la borne inférieure deJI .
Considérons alorsIl
=Rl-y(Jl)
et x’ = Si la bornesupérieure
deest
égale
à1 ,
on pose13
=I2
= sinon onpose
13
=Ri-y(J3) ,
12
=Dans les deux cas la suite u est
alors,
à unebijection d’alphabets près,
lecodage
de l’orbite dupoint x’
sous l’action del’échange
nLe lemme
précédent
nouspermet
en utilisant le théorème 1.3 decar-actériser les
codages d’échanges
circulaires de trois intervalles.Toute-fois cette caractérisation fait intervenir des suites extraites en
progressions
arithmétiques.
Nous allons voirqu’il
estpossible,
dans ce casprécis,
dedonner un critère
plus
direct.Notons 92
l’application
qui,
à toute suite u de{~1,~2~3}~ ?
associe lasuite
g2 {u)
de définie pour tout entier naturel k par :où
92
est la fonction définie pour tout bc E a2,a3}2
par :THÉORÈME 2.1. Une suite u non
périodique
sur unalphabet
,A à troislettres code un
échange
circulaire de trois intervalles si et seulement si ellevérifiée
les trois conditions :- la suite u est
uniformément
récurrente ;
- il existe une numérotation a2,
a3}
des lettres de A telle que les mots a3 a2 et ne sont pasfacteurs
de u ;-
pour cette
numérotation,
les suites~1 (u) ,
fo
092 (u) ,
f 1
0g2 (u)
sontsturmiennes.
Preuve.
Supposons
tout d’abord que u code unéchange
circulaire de troisintervalles.
D’après
le lemme2.2 ,
la suite u est alors uncodage
de rotationd’angle
a irrationnel associé à unepartition
en trois intervalles semi-ouverts{~2~3}~
·Sans
perdre
degénéralité,
nous supposons a2 .
Eneffet,
si cetteinégalité
n’est pasvérifiée,
il suffit d’inverser le sens de rotation et derem-placer
a par 1 - a pour l’obtenir.Le lemme 2.2 nous assure
qu’un
des intervalles de lapartition
h
pourfixer les idées - est de
longueur égale
à a ou 1 - a . La suite1Jl
(u)
eststurmienne
(théorème 1.1 ).
Quitte
à renuméroter ces intervalles et les lettres de ,A leurcorrespon-dant,
nous supposerons que les intervallesh ,
12
et13 apparaissent
danscet ordre
lorsqu’on
suit le sens de rotation.Ainsi,
comme on asupposé
a2 ,
le mot a2a1 a3n’apparaît
pas dans u.Lorsqu’on
suit le sens derotation,
l’intervalle12
est directement consécutif à l’intervalleh
delongueur supérieure
ouégale
à a . Ceciimplique
que le mot ct3a2 nepeut
être facteur de la suite u .Nous allons à
présent
montrer que la suiteg2 (u)
est uncodage
de rotationassocié à une
partition
en deux intervalles contenant tous deux un intervalle semi-ouvert delongueur
cx .Remarquons
que, commeh
et soncomplémentaire
(constitué
de l’unionde
12
etI3)
sont deux intervallessemi-ouverts,
l’un delongueur
a et l’autre delongueur
1 - a , ils contiennent tous deux un intervalle semi-ouvert delongueur
a .En on a pour tout n E N :
Et,
en notant K =12
U J ,
on a :Si
~2) ~
a alors on aIl
(~
R-o:(I3)
=0
et K =I2 .
Deplus,
lecomplémentaire
de12
contenantIl ,
il contient nécessairement un semi-ouvert delongueur
a .Si
1121 [
a , l’ensembleIl
n
est un intervalle delongueur
égale
à a -
(I2~
contigu
à l’intervalle12 .
Eneffet,
on déduit du fait queIl
etI2 U I3
sont delongueurs supérieures
à a que la borne inférieure deappartient
àIl
alors que sa bornesupérieure
appartient
à12
U
I3 .
L’ensemble K est donc un intervalle semi-ouvert de
longueur
a .Dans les deux cas l’ensemble K est un intervalle tel que lui-même et son
complémentaire
contiennent un intervalle semi-ouvert delongueur
a . Lethéorème 1.2 nous
permet
de conclure que les suites/0
o g2(u) ,
fi
0sont sturmiennes.
Réciproquement,
supposons que u est uniformément récurrente et telleque les mots a3a2 et a2ala3 ne sont pas facteurs de u et que les suites
0 1 (U) ,
fl 0
92 (U)
sont sturmiennes.On déduit des théorèmes 1.1 et 1.2 que les suites
01(u)
etg2(u)
sont, .
où x e
[0,1 [ ,
al et a2 sont deux réels irrationnels dans[0, 2
etJi
etJ2
deux intervalles inclus dans
[0, 1[ .
Notons que supposer que les suites
01 (u)
etg2 (u)
sont associées à unmême
point
dedépart x
n’enlève aucunegénéralité
car il esttoujours
pos-sible de translater le
découpage
associé à l’une de ces suites.Nous allons tout d’abord établir que ai = a2 .
Pour cela considérons la
fréquence
de la lettre 1respectivement
dans10 0
etfi
o92 (U)
Par
définition,
on a :Par
hypothèse
les mots a3 a2 etn’apparaissent
pas dans u et onpeut
simplifier
cette dernièreexpression
pour obtenir :On en déduit que la
fréquence
de la lettre 1 est la même dansfo
o01(u)
et
Or la
fréquence
de la lettre 1 dans la suitefo
o estégale
àl’angle
al de la rotation associée à ce
codage.
De même lafréquence
de cette lettre dansf 1
o92(u)
estégale
àl’angle
a2 associé à cette suite.On en conclut que al = a2 = a et la suite u
peut
êtredéfinie,
pour toutentier
naturel n ,
par :Il reste à montrer que les ensembles
(J2
U
J1)0
sont des intervalles(ces
deux ensemblespouvant
éventuellement être des unionsSi le mot al a3
n’ apparaît
pas dans u alors on aJ2 .
Deplus
l’intervalleJ2
contient un semi-ouvert delongueur
a . Comme parhypothèse
le mot a3 a2 n’est pas facteurde u ,
l’ensemblecontient pas d’intervalle situé entre
Ji
etJ2
lorsqu’on
suit le sens derota-tion. La borne inférieure de
J2
coïncide donc avec la bornesupérieure
deJi
et l’ensemble(J2 U
estégalement
un intervalle.Si le mot aia3 est facteur de u , on a
JI
n J2 =F 0 .
Nous allons toutd’abord montrer que l’on ne
peut
pas avoirJI
En effet cette inclusionimplique
que la lettre ai esttoujours
suivie de la lettre a3 dans u et le mot aian’ apparaît
pas dans u . Comme on suppose deplus
que le mot a3a2n’est pas facteur
de u ,
la lettre ac2 nepeut
donc êtreprécédée
que par ellemême dans la suite ~c
qui
est,
parhypothèse,
uniformément récurrente. Iln’y
a alors que deuxpossibilités :
soit u= ai ,
soit la lettre a2 n’admet pas d’occurrence dans u . Dans les deux cas il y a contradiction avec le fait que u est une suite surl’alphabet
.~4 =la,, a2, a3} .
On a nécessairement
J2
et l’ensemble est un intervalleayant
une borne commune avec l’intervalleJI ;
l’ensemble estdonc
également
un intervalle.Dans tous les cas l’ensemble constitue une
partition
de[0, 1
[ en
trois intervalles et u est uncodage
de rotation associé à cedécoupage.
De
plus
et parhypothèse,
la suite u est uniformément récurrente avec01(u)
sturmienne. Le lemme 2.2 nouspermet
de conclure que u est uncodage
d’échange
circulaire d’intervalles. D2.2
Échanges
associés à lapermutation
cri.Nous allons voir que l’on
peut
se ramener à unéchange
circulaired’inter-valles par une méthode directement issue de l’induction de
Rauzy
(voir
[RAU]
ou
[SAN]).
Notons T
l’application
dela,,
c~2,ac3}
dansla,,
a2,a3}*
définie par :Cette
application
seprolonge
par concaténation en uneapplication
de a2 , a2 , que nous noteronségalement
T .LEMME 2.3. Soit une suite u non
périodique
surl’alphabet
(11 si
et seulementsi, quitte
à renuméroter les lettres deA ,
T(u)
est uncodage d’échange
circulaire d’intervalles.Preuve. Nous allons en fait montrer
qu’une
suite u est uncodage
d’échange
d’intervalles associé à la
permutation
7i si et seulement siT(u)
est uncodage
d’échange
d’intervalles associé à lapermutation
o~2 . Le lemme 2.1 nouspermet
alors de conclure.Soit E
l’échange
d’intervalles(Àl, À2,
À3 ) ) .
Considérons l’intervalle
[0, 1 + À2 [ partitionné
enquatre
intervallesconsé-cutifs
h , 12 ,
I3
et14 ,
delongueurs
respectives
À2 ,
As
etÀ2 .
Notons alors a’ lapermutation
1 /2/3 /4 -+ 3/4/1/2
et E’l’échange
non normalisé(~’, (Ai,
~2, ~3,
~2))
{E’
est dit non-normalisécar Ai
+À2
+~3
+À2 #
1).
Pour
tout y
e[0,1[,
on a :E’(y)
=E(y)
si y
Eh
U I3
etE’2 ( y)
=E(y)
si y
E12 .
Deplus l’image
de toutpoint
deI2 par
E’appartient
à14 .
Soit x E[o,1 [ .
Notons u(resp.
u’)
lecodage
de l’orbite de x sousl’action de E
(resp.
E’).
D’après
les remarquesprécédentes,
la suite u’peut
être obtenue en insérant une occurrence de la lettre a4après chaque
occurrence de la lettre a2 dans la suite u .Réciproquement,
on obtient u ensupprimant
toutes les occurrences de la lettrea4 dans
u’ .
Autrement
dit,
on a u’ =-r(u)
où T’ estl’application
de a2,a3 }
a3 , a4 } *
définie par :Une suite u code donc l’orbite d’un
point x
sous l’action de E si etseulement si
7/(U)
code l’orbite de x sous l’action de E’ .Il reste à montrer que
T’(u)
code l’orbite d’unpoint x
sous l’action de E’ si et seulement siT(u)
est uncodage
de rotation associé à lapermutation
72 ’Supposons
tout d’abord queT’(u)
est uncodage
de l’orbite de x souson a T
= 0
o T’ . On endéduit,
la transformation E’ neséparant
pas lesintervalles
~3
et14 ,
que la suiteT(u)
code l’orbite dupoint x
sous l’actionde
l’échange (U2,
(Àl,
À2,
À3
+À2)) .
Enrenormalisant,
elle codeégalement
Forbite de sous Inaction de
l’échange
(2, ( 1‘+ , 1-+ -, À3+À2))
°l’orbite
de ’ 1+1B2
sous l’action del’échange (U2,
1+À2’
1+À2’ 1+À2
»
.Réciproquement
supposons que u est une suite nonpériodique
surl’alpha-bet
{acl,
a2,a3)
et queT(u)
code l’orbite d’unpoint
x’ sous l’action del’échange
d’intervalle E" -(~2, (À~, ~2, ~3)) .
Pour obtenir
-r(u)
àpartir
deT(u) ,
il suffit deremplacer
touteoccur-rence de la lettre c~3 suivant une occurrence de la lettre c~2 par a4 .
D’après
la définition de T ,
chaque
occurrence de la lettre a2 est suivie d’au moins une occurrence de la lettre a3 dansT(u) .
Comme u n’est paspériodique,
T(u)
ne l’est pas nonplus
et E" est une rotationd’angle
a irrationnel. Ladensité de
Ina
mod11 n
EN}
implique
alors queE"(I2)
Deplus,
par
définition,
la bornesupérieure
deE"(I2)
estégale
à 1. Il existe doncun intervalle J tel
qu’on
aitI3
= J UOn
peut
alors obtenir-r(u)
parpour tout entier naturel n . Notons que l’intervalle J ne
peut
pas être vide car la lettre a3 n’admettrait alors aucune occurrence dans u .La suite
T’(u)
code donc l’orbite dupoint
x’ sous l’action del’échange
d’intervalles
(o-,
(À[ , ~2, B/ - ~2, ~2)) -
02.3 Une caractérisation
générale.
On obtient finalement le théorème suivant en combinant le théorème 2.1
et le lemme 2.3 . Pour
alléger
sonénoncé,
nous introduisons lapropriété
(o) .
DÉFINITION 2.1. Une suite u sur
l’alphabet
A à trois lettrespossède
lapropriété
(o)
si ellevérifie
les trois conditions :- la suite
u est
uniformément
récurrente ;
- il existe
une numérotation
{ al ,
a2, des lettres de ,A tell e que lesmots a3a2 et a2ala3 ne sont pas
facteurs
de u ;-
pour cette
numérotation,
les suites~1 (u) ,
100
92 (U) ,
Il
o g2 (u)
sontTHÉORÈME
2.3. Soit u une suite nonpériodique
sur unalphabet
A à troislettres. La suite u est un
codage d’échange
de trois intervalles si etseule-ment si elle
vérifie
l’une des conditions suivantes :-
soit u
possède
lapropriété’
(o)
--
soit, quitte
à renuméroter les lettres de.A ,
-r(u)
possède
lapropriété
(0).
BIBLIOGRAPHIE
[ARN-RAU]
P. Arnoux et G. Rauzy, Représentation géométrique de suites decom-plexité 2n + 1, Bull. Soc. math. France 119 (1991), 199-215.
[BER]
V. Berthé, Fréquences des facteurs des suites sturmiennes, TheoreticalComputer Science 165 (1996), 295-309.
[DID]
G. Didier, Codages de rotations, accepté pour publication dans ActaArithmetica.
[KEA]
M.S. Keane, Intervalle exchange transformations, Math. Z. 141 (1975), 25-31.[KEA-RAU]
M.S. Keane et G. Rauzy, Stricte ergodicité des échanges d’intervalles, Math. Z. 174 (1980), 203-212.[HED-MOR1]
G.A. Hedlund and M. Morse, Symbolic Dynamics, Amer. J. Math. 60(1938), 815-866.
[HED-MOR2] G A. Hedlund et M. Morse, Symbolic Dynamics II. Sturmian trajectories, Amer. J. Math. 62 (1940), 287-306.
[RAU]
G. Rauzy,Échanges
d’intervalles et transformations induites, Acta Arith-metica XXXIV(1979), 315-328.
[SAN]
M.L. Santini-Bouchard,Échanges
de trois intervalles et suites mini-males, Theoretical Computer Science 174 (1997), 171-191.Gilles DIDIER
Institut de Mathématiques de Luminy CNRS-UPR 9016 Case 907
163, avenue de Lunminy
13288 Marseille Cedex 9 email : didier~iml.univ-mrs.fr