SOCIOLOGIE POLITIQUE
Plan du cours
Introduction. Qu’est-ce que la sociologie politique ? Première partie. Les citoyens et la politique.
• Chapitre 1. La politisation.
• Chapitre 2. Le vote.
• Chapitre 3. L’action collective.
Deuxième partie. Les professionnels de la politique.
• Chapitre 4. La politique comme profession.
• Chapitre 5. Les partis politiques.
• Troisième partie. Les principaux cadres de l’activité politique.
• Chapitre 6. L’Etat.
• Chapitre 7. Les régimes politiques.
Chapitre 5 : Les partis politiques
Introduction
1. Définition et fonctions des partis politiques
2. Clivages sociaux et structuration des oppositions partisanes 3. Les typologies organisationnelles des partis politiques
4. Les transformations contemporaines des partis politiques
Chapitre 5 : Les partis politiques
Introduction
1. Définition et fonctions des partis politiques
2. Clivages sociaux et structuration des oppositions partisanes 3. Les typologies organisationnelles des partis politiques
4. Les transformations contemporaines des partis politiques
Chapitre 5 : Les partis politiques
Introduction
•
Les partis politiques sont les acteurs collectifs centraux des régimes démocratiques pluralistes : ils détiennent le monopole de l’offre électorale par l’investiture qu’ils accordent aux candidats
•
Les partis politiques structurent l’offre politique et la rendent intelligible pour les citoyens : les partis opèrent comme des marques politiques, facilement identifiables (FN, UMP, PS, Modem, EELV, etc.)
•
L’émergence et le développement des partis politiques sont liés à
l’avènement du suffrage universel : les « nouveaux entrepreneurs
politiques » ont peu de ressources et vont se regrouper au sein de partis
politiques afin de mettre en commun leurs ressources et en collecter de
nouvelles (via le recrutement d’adhérents) afin de contrer la domination
des notables
Chapitre 5 : Les partis politiques
Introduction
•
Quatre grandes questions posées par la science politique :
1.
Qu’est-ce qu’un parti politique ? A quoi sert un parti politique ?
2.
Sur quoi repose la concurrence et l’opposition entre les différents partis politiques ?
3.
Peut-on définir un parti politique autrement que par son idéologie, ses idées ? Selon quels critères classer les partis politiques ?
4.
Assiste-t-on aujourd’hui à une crise ou à un affaiblissement des partis
politiques ?
Chapitre 5 : Les partis politiques
Introduction
1. Définition et fonctions des partis politiques
2. Clivages sociaux et structuration des oppositions partisanes 3. Les typologies organisationnelles des partis politiques
4. Les transformations contemporaines des partis politiques
Chapitre 5 : Les partis politiques
1. Définition et fonctions des partis politiques
A) La définition classique des partis politiques
• Selon La Palombara et Weiner (1966), un parti politique est une organisation durable implantée sur l’ensemble du territoire dont le but est d’accéder au pouvoir grâce au soutien populaire et aux ressources collectives qu’il peut mobiliser.
• Les auteurs identifient 4 critères fondamentaux des partis politiques, qui les différencient d’autres formes d’organisation politique :
1. Organisation durable dont l’espérance de vie est supérieure à celle de ses dirigeants (au contraire des réseaux de clientèle)
2. Organisation implantée localement qui entretient des rapports réguliers avec l’échelon national (au contraire des groupes parlementaires et des comités de notables)
3. Organisation dont les dirigeants ont la volonté délibérée de prendre et d’exercer le pouvoir (au contraire des groupes d’intérêt)
4. Une organisation qui chercher à acquérir un soutien populaire à travers la mobilisation de militants, sympathisants, etc.
Chapitre 5 : Les partis politiques
1. Définition et fonctions des partis politiques
B) Les fonctions des partis politiques
• Les partis politiques, au sein du système politique, remplissent des fonctions manifestes (c’est-à-dire explicitement revendiquées par les partis) et des fonctions latentes (c’est-à-dire des fonctions implicites, dont les membres des partis n’ont pas forcément conscience)
• Les fonctions manifestes des partis politiques :
• Fonction programmatique : élaborer des programmes politiques différenciés
• Fonction de sélection des dirigeants et de l’élite politique : attribution des investitures aux élections locales et nationales
• Fonction d’encadrement : encadrer l’action des élus (groupes parlementaires)
Chapitre 5 : Les partis politiques
1. Définition et fonctions des partis politiques
B) Les fonctions des partis politiques
• Les fonctions latentes des partis politiques :
• Fonction d’intégration sociale : encadrer les individus et les groupes sociaux, leur fournir une identité sociale, des relations sociales, etc.
• Fonction « tribunitienne » (Georges Lavau) : encadrer et canaliser le mécontentement des groupes défavorisés (le PCF dans les années 1960, 1970)
• Une définition fonctionnaliste des partis politiques aujourd’hui critiquée : les partis politiques n’existent pas dans la société pour répondre à des fonctions, mais doivent leur existence et leur maintien à d’autres facteurs
Chapitre 5 : Les partis politiques
Introduction
1. Définition et fonctions des partis politiques
2. Clivages sociaux et structuration des oppositions partisanes 3. Les typologies organisationnelles des partis politiques
4. Les transformations contemporaines des partis politiques
Chapitre 5 : Les partis politiques
2. Clivages sociaux et structuration des oppositions partisanes
A) Le modèle des clivages de Lipset et Rokkan
• Lipset et Rokkan s’interrogent sur les fondements socioculturels et idéologiques à l’origine des oppositions entre les partis politiques
• Selon ces auteurs, 2 conflits historiques (la construction nationale et la révolution industrielle) ont chacun donné lieu chacun à 2 clivages : il existe donc 4 grands clivages à l’origine des partis politiques en Europe
• Le conflit autour de la construction nationale a donné lieu au clivage Eglise/Etat et au clivage centre/périphérie
• Le conflit autour de la révolution industrielle a donné lieu au clivage urbain/rural et au clivage travail/capital
Chapitre 5 : Les partis politiques
2. Clivages sociaux et structuration des oppositions partisanes
A) Le modèle des clivages de Lipset et Rokkan
• Le clivage Eglise / Etat : opposition entre les partis cléricaux et anticléricaux (en France, le Parti Radical sous la IIIème République) autour de la question de la séparation des pouvoirs politiques et religieux. Exemples historiques : débats sur la laïcité (loi de 1905), enseignement privé / public, etc.
• Le clivage centre / périphérie : opposition entre les partisans d’une forte centralisation du pouvoir politique et d’une unification culturelle du territoire (les Jacobins) et les défenseurs des identités locales (ex. aujourd’hui les partis indépendantistes en Europe : Catalogne, Ecosse, etc.)
Chapitre 5 : Les partis politiques
2. Clivages sociaux et structuration des oppositions partisanes
A) Le modèle des clivages de Lipset et Rokkan
• Le clivage urbain / rural : opposition entre les intérêts des centres urbains industrialisés et les intérêts des campagnes (paysans)
• Le clivage travail / capital : opposition entre le prolétariat (ouvriers salariés) et le patronat, renvoie à la lutte des classes marxiste. Clivage qui a donné naissance aux principaux partis de gauche en France (PS, PCF, NPA, etc.)
• La question du « dégel » des clivages : ces clivages sont-ils aujourd’hui encore pertinents pour comprendre les oppositions actuelles entre les partis politiques ? Les clivages historiques, même s’ils sont moins structurants que par le passé, continuent d’être réactivés périodiquement par les partis politiques et génèrent toujours des oppositions fortes (exemple : la réactivation du clivage Eglise / Etat avec la loi sur le mariage pour tous en France en 2013)
Chapitre 5 : Les partis politiques
2. Clivages sociaux et structuration des oppositions partisanes
B) Le clivage gauche / droite en France et son évolution
• Le clivage gauche / droite est le principe de division centrale de la vie politique et de l’histoire politique française depuis la Révolution de 1789
• A l’origine du clivage, la question du véto royal : les députés opposés au véto ont siégé à gauche de l’hémicycle, les députés favorables à droite
• Au fil des siècles le contenu du clivage gauche / droite n’a cessé d’évoluer
• Malgré tout, bien que remis en cause depuis son origine, le clivage gauche / droite n’a jamais disparu et continue aujourd’hui encore à structurer la vie politique française
Chapitre 5 : Les partis politiques
2. Clivages sociaux et structuration des oppositions partisanes
B) Le clivage gauche / droite en France et son évolution
• Au cours de l’histoire, le clivage gauche / droite a porté successivement sur 3 grands enjeux :
1. La question du régime politique
2. La question religieuse
3. La question économique et sociale
• La question du régime politique : la gauche revendique au fil des siècles l’héritage de la Révolution et défend la République ; la droite souhaite jusqu’aux années 1880 la restauration de la monarchie (avec des variantes selon les différentes droites : monarchie absolue, parlementaire, régime plébiscitaire) ; la question du régime n’apparaît plus centrale à la fin du 19ème siècle avec le ralliement de la droite à la IIIème République
Chapitre 5 : Les partis politiques
2. Clivages sociaux et structuration des oppositions partisanes
B) Le clivage gauche / droite en France et son évolution
• La question religieuse : la gauche défend la laïcité (non ingérence de l’Eglise catholique dans les affaires de l’Etat) alors que la droite défend l’influence politique du Clergé
• La question économique et sociale : à partir de la fin du 19ème siècle, le clivage gauche / droite se focalise sur la question économique et sociale : les partis de gauche (SFIO/PS, PCF, partis trotskystes) s’opposent au capitalisme ; jusqu’à son arrivée au pouvoir en 1981 François Mitterrand promettait de « renverser le capitalisme »
Chapitre 5 : Les partis politiques
2. Clivages sociaux et structuration des oppositions partisanes
B) Le clivage gauche / droite en France et son évolution
• 1982/1983 : « tournant de la rigueur » (mesures d’austérité budgétaire) : le clivage gauche / droite commence à se brouiller
• D’autres facteurs vont accentuer ce brouillage du clivage : l’alternance et les périodes de cohabitation (86-88, 93-95, 97-2002), la persistance du chômage de masse, la montée en puissance du discours prônant la « fin des idéologies » (après la disparition des régimes communistes)
• Le clivage gauche / droite se situe aujourd’hui davantage sur la question du libéralisme culturel
Chapitre 5 : Les partis politiques
2. Clivages sociaux et structuration des oppositions partisanes
B) Le clivage gauche / droite en France et son évolution
Extrême- droite Extrême-
gauche
Chapitre 5 : Les partis politiques
2. Clivages sociaux et structuration des oppositions partisanes
B) Le clivage gauche / droite en France et son évolution
Libéralisme culturel +++
Libéralisme culturel ---
Libéralisme économique +++
Libéralisme économique ---
Chapitre 5 : Les partis politiques
Introduction
1. Définition et fonctions des partis politiques
2. Clivages sociaux et structuration des oppositions partisanes 3. Les typologies organisationnelles des partis politiques
4. Les transformations contemporaines des partis politiques
Chapitre 5 : Les partis politiques
3. Les typologies organisationnelles des partis politiques
A)La typologie de Duverger : partis de cadres et partis de masse
• Maurice Duverger, Les partis politiques, 1951
• Les partis politiques se définissent moins par leur idéologie que par la nature de leur organisation
• Les partis de cadres sont composés de notables qui ont été contraints de se regrouper pour réagir à l’émergence des partis de masse
• Les partis de cadres sont composés essentiellement d’élus et comptent peu de militants
• Les partis de cadres sont faiblement centralisés, peu hiérarchisés et très peu disciplinés
Chapitre 5 : Les partis politiques
3. Les typologies organisationnelles des partis politiques
A)La typologie de Duverger : partis de cadres et partis de masse
• Les partis de masse sont apparus avec le suffrage universel
• Les partis de masse comptent un nombre élevé d’adhérents, dont les cotisations sont indispensables au financement du parti : la force du nombre (partis de masse) VS la force du nom (partis de cadres)
• L’organisation du parti de masse est fortement centralisée, hiérarchisée et disciplinée
• En France, le PCF est le seul parti politique qui ait présenté les caractéristiques d’un parti de masse
• Une typologie aujourd’hui critiquée, en raison son réductionnisme et de son caractère daté
Chapitre 5 : Les partis politiques
3. Les typologies organisationnelles des partis politiques B) Le parti attrape-tout (catch all party)
• Pour Otto Kircheimer, les partis de masse seraient amenés à disparaître (avec le développement des classes moyennes et le développement des moyens de télécommunication modernes) et à être remplacés par des partis attrape-tout
• Ces partis sont caractérisés par un faible recours à l’idéologie et par une stratégie consensuelle visant à rechercher l’adhésion électorale dans des secteurs multiples de la population
Chapitre 5 : Les partis politiques
3. Les typologies organisationnelles des partis politiques
C)Le parti cartel
• La notion de parti cartel a été développée dans les années 1990 par Richard Katz et Peter Mair aux Etats-Unis
• Les partis cartel sont les principaux partis de gouvernement qui monopolisent les postes de pouvoir et les ressources de l’Etat
• Les partis de gouvernement seraient devenus des « agence d’Etat » financées par les fonds publics
• En France, l’Etat finance les partis politiques, en fonction de leurs résultats électoraux : en France, en 2013, l’Etat a versé près de 28 millions d’euros au PS, 19 millions à l’UMP
Chapitre 5 : Les partis politiques
3. Les typologies organisationnelles des partis politiques C) Le parti cartel
• Les partis cartel seraient des « courtiers » entre l’Etat et la société civile
• Les membres des partis cartel s’entendraient pour former une sorte d’alliance tacite visant à s’assurer le contrôle et le partage des ressources publiques et à exclure les formations nouvelles et concurrentes
• Une notion critiquée : le lien entre le financement public des partis politiques et leur tendance à la cartellisation reste à démontrer
Chapitre 5 : Les partis politiques
Introduction
1. Définition et fonctions des partis politiques
2. Clivages sociaux et structuration des oppositions partisanes 3. Les typologies organisationnelles des partis politiques
4. Les transformations contemporaines des partis politiques
Chapitre 5 : Les partis politiques
4. Les transformations contemporaines des partis politiques
A)La perte de l’ancrage social des partis politiques
• Les partis politiques ont toujours eu un ancrage dans la société et dans la population
• Le PCF était très implanté dans les milieux populaires, à travers des relais dans les entreprises (syndicat, associations corporatistes) et dans la société civile : le milieu partisan comme « contre-société »
• Une implantation remise en cause à partir des années 1980
• Des années 1980 (1 million d’adhérents) à aujourd’hui (env. 500 000), le nombre de militants des partis a été divisé par deux en France : 2% du corps électoral
• Diminution des adhésions ne veut pas dire crise de l’organisation : en France, les partis ont d’autres sources de financement
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4. Les transformations contemporaines des partis politiques B) La professionnalisation des partis politiques
• Les partis politiques ont toujours été des entreprises de conquête du pouvoir
• La maximisation électorale est cependant devenue aujourd’hui la fonction principale et vitale des partis politiques
• Obtenir un score élevé aux élections n’est pas seulement un enjeu politique, il s’agit avant tout d’un enjeu financier (en 2003, 85% des recettes du PS provenaient des financements publics)
• Recours au mangement privé, au média training et aux études marketing pour maximiser les chances de victoire électorale
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4. Les transformations contemporaines des partis politiques
C)La personnification de la vie politique
• La personnification de la vie politique affecte les partis politiques
• Une personnification renforcée par les institutions (rôle majeur de l’élection présidentielle en France) et acceptée par les principaux partis de gouvernement (quinquennat et inversion du calendrier acceptée par le PS)
• Une tendance renforcée par l’adoption des primaires ouvertes par le PS (2011), EELV(2011) et LR (2016) : attention portée sur les personnalités des candidats plus que sur les positionnements politiques
• Rôle important joué par les sondages et la « démocratie d’opinion »
• Les partis restent cependant toujours aujourd’hui des acteurs incontournables de la vie politique