MESURE DE LA CROISSANCE INDIVIDUELLE DES BRINS DE LAINE
A L’AIDE DE RADIOCYSTINE
J. ROUGEOT
Station de
Physiologie Animale ; Jouy-en-Josas (S.-et-O.).
Jusqu’à présent
il étaitimpossible
de suivre individuellement la croissanceen
longueur
des fibres de la toison duMouton,
faute depouvoir
inscrire simul- tanément sur un certain nombre d’entre elles desrepères
suffisammentprécis,
à une date bien définie.
Nous avons résolu ce
problème
eninjectant périodiquement
dans la peau,toujours
au mêmepoint,
une très faible dose decystine marquée
au 35S et enrévélant sur les
fibres,
parautoradiographie,
lespoints
de radioactivité corres-pondant
aux dates desinjections.
La
radiocystine
35Sprésente
àpviovi
desavantages
dont certains ont été mis en évidence par les travaux deB ERN ,
H9xxaESS et BLAIR(1955),
et surtoutpar ceux de RYDER
( 1957 , 195 8a, 195 8b) : i)
cet acide aminéparticipe
à lasynthèse
de la kératine dans desproportions importantes, soit,
en moyenne,10p. 100 ;
2 )
on le retrouve dans lefollicule, quelques
minutesaprès l’injection,
à un niveau très
précis, juste
avant la zone dite deprékératinisation ; 3 )
parla
suite,
lacystine
estrapidement épuisée puisqu’on
n’en trouve que des tracesau bout de trois
semaines ; 4 )
lapériode
du 3’S étant de8! j jours,
est suffisammentlongue
pour obtenirplusieurs
moisaprès l’injection
uneimage
par autoradio-graphie.
Nous avons en outre établi les faits suivants :
i) après
uneinjection
sous-cutanée de 10 ac, les brins de laine se trouvant dans un rayon de
plus
de2
cm du
point d’injection,
neprésentent
pas d’activité décelable aucompteur ; 2
)
lapartie
des brins delaine, repoussant après
un rasage effectué trois semainesaprès
uneinjection
sous-cutanée de 10:J.C, neprésentent plus
de radioactivité décelable aucompteur ; 3 )
6injections
sous-cutanées de 10 !.c, faites à inter- valles de 3semaines,
exactement au mêmepoint,
neprovoquent
aucune lésionvisible ; 4 )
même avec uneinjection
de i u-c, onobtient,
sur les brins étendussur lame et enrobés d’émulsion
coulable, des points d’une netteté suffisante
pour les mesures mois après l’injection
et après
15 jours d’exposition.
La
précisions
du marquage peut
être estimée à 100 u., soit environ 12 heures de
croissance pour les brins courts.
Il était donc
possible,
par lesinjections
deradiocystine 3!5, espacées
de3
semaines,
de révéler sur les brins delaine,
parautoradiographie,
une successionde
points
datés avecprécision.
Nous avons
entrepris
desuivre,
avec cetteméthode,
la croissance annuelle des brins de laine dans les toisons homotriches dequatre
Brebis Ile-de-Franceadultes,
maintenues en étatphysiologique
stable(régime
alimentaire constant, pas degestation
ni delactation,
pas decroissance).
Au bout de six
mois,
unprélèvement
effectué sur une des Brebis montra effectivement que chacune des dixinjections
faites à intervalles de 21jours (de
25jours après
la7 e , et
de 17jours après
leSe)
avaitmarqué chaque
brin de laine de la zone traitée par un
point
de radioactivité nettement révélé dans l’émulsionaprès
53jours d’exposition (photographie ci-dessus).
Les intervalles entre les
points
furent mesurés parprojection
microsco-pique
au curvimètre à2 / 10
de mmprès,
en suivant les ondulations de la laine :le tableau
ci-joint
montre que la croissance enlongueur
dechaque
brin s’estfaite à une vitesse très sensiblement constante, pour chacun et en
particulier qu’elle
n’a pas reflété les variations des doses decystine injectée.
Ainsi,
avec cetteméthode,
il estpossible
de suivre dans latoison,
avecprécision, pendant plusieurs mois,
la croissance enlongueur
individuelle des fibres d’une même mèche.RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
B
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