Article original
Régénération en altitude de l’épicéa (Picea abies (L) Karst)
sur les souches dans les Alpes françaises
P Gensac
Laboratoire de
pédologie biologique,
université de Savoie, BP 1104, 73011Chambéry
Cedex, France(Reçu
le 25 avril 1988 ; accepté le 28 avril1989)
Résumé - La
régénération
sur souches et boispourrissants
ayant été constatéedepuis long-
temps dans les forêts d’épicéa d’altitude où le renouvellement est très difficilement assuré, de nouvellesprécisions
sontapportées
sur l’installation et la croissance desjeunes plants d’épicéa
dans ces conditions. Après uneanalyse bibliographique,
la localisation des re-cherches - basse et moyenne Tarentaise - et les méthodes
employées -
transects de 10 x 100 m - sontprécisées.
Les résultats des observations sont fournis defaçon
détailléepour les souches de coupe suivant 5 classes
correspondant
à unedégradation progressive.
Après
uneimplantation
maximale desjeunes
semis, unedisparition progressive
desplants
est constatée. L’évolution des souches et leur capacité à héberger de jeunes
épicéas
sontdifférentes suivant les conditions écologiques : la
capacité
est très faible dans lapessière
à hautes herbes, faible dans les
pessières
àmyrtille, conséquente
dans lapessière
monta-gnarde
d’ubac à mélampyre et dans lapessière-sapinière
d’adret. Pourparvenir
àdégager
des
techniques sylvicoles appropriées
aux forêts de montagne, desexpérimentations
ont étéentreprises.
Picea abies /
Alpes françaises septentrionales
/régénération
/ forêt d’altitude / souche / boispourri
/ conditionécologique
Summary - High-altitude regeneration
of spruce on old stumps in the FrenchAlps.
Re-generation
of spruce forest is very difficult above an elevation of 1,500 m. However, youngsaplings
can often be observedgrowing
on old stumps. The aim of thepresent study
is toprovide
new information on thedecomposition
of wood and its colonisationby plants,
par-ticularly
young trees. A literature review isprovided
and the area understudy
is detailed:the middle and
high
Tarentaisevalley
and the high Isèrevalley,
in the Northern FrenchAlps.
The
analysis of
the forest was carried out on areasmeasuring
10 x 100 m, and each stumpis
reported
on the map. The stumps have been sorted into 5categories according
to theirdegree
ofdecomposition:
I, very recent, intact stumps; II, recent stumps, the barkhaving
peeled
away with the establishment of the first plants; III, older stumps with a more extensive plant colonisation and considerable establishment of young trees; IV, old,highly decayed
stumps, almostcomplete
plant colonisation and many conifersaplings; V, very
old andhardly
visible stumps,completely
coveredby vegetation (mainly
Vacciniummyrtillus),
thesaplings
being
less numerous than in category IV. Thedevelopment
of these 5stages depends
onthe
ecological
conditionsprevailing
on the site. In spruce forests where there is ahigh
grass cover, theseedlings
do not establish on stumps; and where there isbilberry
coveragethey
seldom do so either. At lower elevation spruce forests,
they
are very often established on stumps, as is the case in forestsexposed
to the south. In order to facilitateregeneration
itis recommended that the forest floor is raked so as to mix wood debris into the soil.
Picea abies / Northern French
Alps
/high-altitude
forest /regeneration
/tree-stump
/
decayed
wood /ecological
conditionINTRODUCTION
Le renouvellement des forêts
d’épicéa
au-dessus de 1 500 m, dans les
Alpes françaises septentrionales, paraît
diffi-cile à assurer. En
effet,
dans ces peu-plements pratiquement
purs, lesjeunes arbres,
c’est-à-dire d’unâge
inférieur à80 ans, sont rares et les très
jeunes
su-jets
sont absents. Ce défaut derégé-
nération conduit
inéluctablement,
à l’échelle dusiècle,
à unedésagréga-
tion du manteau forestier. Il pose le pro- blème de
l’équilibre
de ces formationsd’altitude, problème qui paraît général
pour de nombreuses forêts résineuses duglobe, exploitées
ou non. Commece défaut affecte de vastes surfaces —
selon les services
départementaux
del’ONF, plus
de 15 000 ha dans lesAlpes savoyardes
—, sesconséquences
ris-quent
d’êtrecatastrophiques
pour la stabilité des versants et le maintien des activitéséconomiques
dans lesrégions
demontagne. L’importance théorique
et
pratique
queprésente
cettequestion justifie
le choix del’équipe
depédolo- gie biologique
de l’université de Savoie(équipe intégrée
à l’Unité associée CNRS n°242),
dont le thèmeunique
derecherche est la définition des causes
du
blocage
au renouvellement pour lespremiers
stades dujeune plant
se dé-roulant à la surface du sol.
Cependant,
2 situations
paraissent
favorables àl’implantation
de nouveaux individusdans la zone altitudinale considérée :
sur sol minéral
brut,
d’unepart (publi-
cation
en cours),
et sur boispourris
desouches et troncs au
sol, objet
de cetteprésentation,
d’autrepart.
De nom-breux
jeunes
arbrisseaux etplantules pouvant
être observés sur lessouches,
ils’agit
depréciser
leurs conditions d’installation et de survie afin de déter- miner leurpossible
intervention dans les processus de renouvellement des forêts d’altitude. Apartir
delà,
des en-seignements pourront
êtredégagés
etainsi servir à l’élaboration de méthodes
sylvicoles appropriées.
La
régénération
sur souches et troncspourris
a été décrite parMathey (1911),
ce milieuparticulier
correspon- dant à un véritable«germinatoire».
Ce-pendant,
unedisparition rapide
dessemis au bout de 1 à 3 ans
peut
y être constatée. Cette observation est re-prise
etprécisée
par Lachaussée(1947),
laneige jouant
un rôle déter- minant dans l’absence derégénération
ainsi que l’humus par son extrême aci- dité. Duchaufour
(1953) reprend
laquestion
des«caprices
derégénéra-
tion del’épicéa»,
les souches interve-nant
également
par une aciditémoindre que celle de l’humus. Par la
suite,
l’absence de renouvellement despessières
à hautes herbes fait l’ob-jet
d’une étudeplus précise
de Moreauet
Poly (1968), qui soulignent
le rôledes vieilles souches et des
plages
debois
pourrissant.
Mais ce sontprinci-
palement
les travaux de Eichrodt(1970),
dont les conclusions sont re-prises
parMayer (1976), qui
fournis-sent le
plus d’explications
sur lagermination
et ledéveloppement
de l’é-picéa
sur boispourris, l’hétérogénéité
de ce substrat dans
l’espace
et dans letemps
étant favorable à larégénéra-
tion. Les
propriétés fongicides
du coeurvis-à-vis des
parasites,
lerégime hydri-
que, la brièveté du manteau
neigeux,
l’absence de concurrence des autres vé-gétaux ligneux
et herbacés sont autant de facteursqui faciliteraient,
selon ces auteurs, l’installation desjeunes plants d’épicéa
dans ces conditions. Maser etTrappe (1984a
etb) soulignent également
le rôle
joué
par la diversité structurale des bois tombés dans larégénération
dePseudotsuga
menziesii. Plusrécemment,
Piussi(1986) indique
pour lespessières subalpines
desAlpes
italiennes que, pa- rallèlement à la localisationpréférentielle
des semis sur terre
minérale,
on trouveégalement
ceux-ci sur les troncs au solet les
souches,
soit sur dessupports
or-ganiques,
desexplications
semblablesétant fournies.
Enfin,
Imbeck et Ott(1987) soulignent
que les vieilles souches en pu- tréfaction constituent des stations favo- rables à larégénération
dans lespessières
à hautes herbes du canton desGrisons
(Suisse).
L’intervention
de lamycorhization
sur bois
pourri présente
un intérêt par-ticulier,
les travaux en faisant état se trouvant très nombreux. A la suite del’occupation
de souches par les cham-pignons lignivores (Jacquiot, 1978) qui préparent
leterrain,
les racines desjeunes épicéas pénètrent
lesubstrat,
étant alors associées à des
champi- gnons mycorhiziens (Goebl, 1968) qui
trouvent un excellent
refuge
dans lebois
pourrissant (Boullard, 1969).
Cesubstrat favorable à l’activité
mycorhi-
zienne a été
particulièrement
étudié parKropp (1982a
etb) qui
a suivi l’évolu-tion des
jeunes plants
deTsuga
hete-rophylla
et y a recherché lestypes
my-corhiziens,
ne découvrant pas de différencessignificatives
dans ce do-maine entre bois
pourri
et sol minéral.Christy
et al(1982)
ont étudié la surviedes
jeunes plants
de la mêmeespèce
et noté le très
grand avantage
que constitue pour eux lamycorhization.
Denombreux travaux ont été effectués par
Harvey
et al(1976, 1978, 1979,
1980aet
b)
dans les forêts desmontagnes
Rocheuses de l’ouest duMontana,
où ils ont montré l’étroitedépendance
desectomycorhizes
avec la matièreorgani-
que du
sol, plus spécialement
le boispourrissant, qui
offre de meilleures conditionsd’humidité
en été etpermet
ainsi le maintien d’une activitémycorhi-
zienne favorable aux
plantules
de rési-neux. La
grande majorité des
semisd’un
âge supérieur
à 2 ansqui
ont étéprélevés
sur les souches dans les sta-tions
d’observation présentaient
des my-corhizes.
Il
apparaît
doncnécessaire d’appor-
ter des
précisions complémentaires.
Les forêts
d’épicéa
desAlpes
du Nordprésentant
un riche éventail de condi-tions
écologiques,
elles ont été choi- sies pour aborder ceproblème.
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Stations
Les 5 stations d’étude se situent en Taren- taise, haute vallée de l’Isère, 4 d’entre elles dans le canton d’Aime,
partie
moyenne de cette vallée à la limite, pour cequi
concernela
végétation,
entre lesAlpes
intermédiaires et lesAlpes
internes, la dernière se trouvanten Basse Tarentaise dans les Alpes intermé- diaires. Le tableau I fournit les caractéristi- ques de ces stations. Elles se trouvent au-delà de 1 500 m d’altitude et
présentent
à l’intérieur des
pessières
différents faciès,dont la
typologie
a été précisée par Gensac (1967,1988).
On peut les regrouper de lafaçon
suivante :- étage
subalpin
inférieur : pessière à myr- tille(MAC H) ;
pessière à hautes herbes(MAC M) ;
-
étage montagnard
supérieur :• en exposition nord : pessière à mélam-
pyre (MAC
B) ;
pessière secondaire à myr- tille(ESS B) ;
• en exposition sud : pessière à sapin
(COT S).
Pour MAC H, MAC B et ESS B, Vaccinium myrtillus constitue un tapis presque continu, les hautes herbes
Adenostyles
alliariae et Ci-cerbita
alpina
dominant trèslargement
dansMAC M, alors que le tapis herbacé est très
varié dans COT S. Ces différentes stations font, par ailleurs,
l’objet
d’observations etd’expérimentations
dans le cadre de re-cherches plus générales sur le renouvelle- ment des forêts d’altitude.
Méthodes
Pour atteindre les buts recherchés, il fallait
disposer
d’un nombre suffisant de souches dans chacune des conditionsécologiques
précédentes. Il a donc été choisi d’effectuerun inventaire
précis
des stations sur des bandes de 10 m delarge
et 100 m delong
suivant les courbes de niveau, opération ré- pétée 3 fois par station. Dans chacune de ces bandes, les souches ont été
soigneuse-
ment
repérées
etanalysées ;
diamètre et hauteur, ont été mesurés; les qualités des différentes parties(écorce,
aubier,coeur)
ontété
indiquées,
la colonisation par lavégéta-
tion muscinale, herbacée,
ligneuse
et l’im- plantation des jeunes plants et arbrisseaux dont la hauteur a été notée, ont été situées, le tout en établisant un plan horizontal des différentes données recueillies. L’état des souches pour une stationcorrespond
bienévidemment à
l’âge
des travaux de bûche-ronnage ou à la chute des troncs, âge qu’il
n’a pas été possible de déterminer faute de documents forestiers
précis,
sauf pour les 2 dernières coupes, 1967 et 1983, de la sta- tion MAC B. Cet état dépendégalement
desconditions stationnelles, l’élévation en alti- tude, à
laquelle
correspond un ralentisse- ment de l’activitébiologique,
retardantconsidérablement la
dégradation
des bois pourrissants. De même, l’exposition inter-vient en modifiant les conditions de tempé-
rature et d’humidité. Il s’agit donc
uniquement
d’une étudesynchronique
dessouches sans
qu’il
ait été possible de fixerune échelle
chronologique
exacte des phé- nomènes, mais il fautsouligner
que le repé- rage des surfaces inventoriées autorisera par la suite(dans
20 ou 50ans...)
une re-cherche
diachronique.
RÉSULTATS
Ils concernent l’évolution des
souches,
leur colonisation et l’installation corré- lative des semisd’épicéa
ou autresrésineux,
suivant les différentes conditions stationnelles.Dès les
premières observations,
les souches se sont révéléesappartenir
à2
catégories :
- souches
provenant
d’unabattage
par
sciage, présentant
une sectionfranche et
plate
sauf sur laligne
réu-nissant les 2
attaques
où la chute du tronc aprovoqué
undéchiquetage
dubois ;
- souches
provenant
d’un chablisayant
cassé l’arbre à une faible hauteur du sol
(de
20 cm à1,50 m)
etn’ayant
pas faitl’objet
d’unsciage ultérieur, présentant
donc une section entièrement
déchique-
tée. Les
régénérations
sur souche dechablis étant extrêmement rares, ce cas ne sera pas examiné ici.
La
dégradation
des souchesSeuls, jusqu’à présent,
les troncs au solont fait
l’objet
de classifications suivant leurdegré
dedégradation, et
c’estdonc
parallèlement
à celles-ciqu’a
puêtre établie la classification des souches. Les travaux de Mac
Cullough (1948)
sur les forêts de Piceaengel-
manii et Abies
lasiocarpa
aboutissent à une échelle d’évolution de 1(arbre
de chute
récente)
à 8(où
lepourrisse-
ment est
complet),
la colonisation par lesvégétaux
étant nettementprécisée
alors que l’établissement des
jeunes
plants paraît indépendant
de la suc-cession. Les différents stades de dé-
gradation
des bois tombés au sol ont étéplus
récemment décrits par Maser et al(1979) qui, reprenant
une classi-fication établie par Mac Millan et al
(1977),
aboutissent en 1984 à 5 classes pour les troncs de Pseudotsu- ga menziesii. Cette dernière classifica- tion a donc étéadaptée
au cas dessouches de coupe
d’épicéa
et aussi éventuellement de mélèze(tableau II).
La distinction des classes
I,
II et III est baséeprincipalement
sur les carac-tères de l’écorce, alors que les der- nières classes sont différentes par leur
degré
depourriture, l’épaisseur
et l’é-volution de la
litière,
la colonisationqui
est
complète
dans la classe V.Leur colonisation
progressive
par lavégétation (fig 1c)
Elle s’effectue
progressivement depuis
la classe I, où la coupe est
trop
récente pourprésenter
le moindrevégétal
visi-ble, jusqu’à
la classe V. Lafigure
1cfournit les classes de
fréquence
des différentesespèces.
Très
généralement,
les mousses(dans
lagrande majorité
des cas Di-cranum
scoparium)
forment lepremier peuplement,
sedéveloppant
en sur-face pour
parvenir
à un recouvrement total dans la classe V. Dans les pre- miersstades,
elles sontfréquemment accompagnées
delichens,
Cladonia coniocrea étantl’espèce
de loin laplus abondante,
cettelignicole régressant
par la suite.Les
Vacciniées,
surtout Vacciniummyrtillus, présentent
desfréquences
élevées sur lessouches, principale-
ment dans les derniers stades de dé-
composition
de MAC H et ESS B(les
2
pessières
àmyrtille).
L’efficacité de leurreproduction
pargraines
sur lessouches est à opposer à leur
rapide
extension par rhizomes sur le sol fores- tier. Pour les classes V de
décomposi- tion,
ellespeuvent
atteindre leur taille maximale de 40 cm de hauteur et un trèsgrand
recouvrement. Elles sontpratiquement
absentes de lapessière
d’adret
(COT S)
et de lapessière
àhautes herbes
(MAC M).
Les autres
espèces,
Luzulasylva- tica,
Hieraciumsylvaticum, Melampy-
rum
sylvaticum
etDeschampsia flexuosa,
sont surtoutprésentes
dans MAC H et MACB, pessières
internessans hautes
herbes,
alorsqu’Oxalis
acetosella est abondante dès les pre- miers stades dans MAC M
(pessière
àhautes
herbes).
L’installation
des résineux à leur surfaceD’une
façon globale,
sansdistinguer
la taille de larégénération,
onpeut
consta-ter que la colonisation des souches par les résineux
(dans
lagrande majorité
descas par
l’épicéa)
s’effectue defaçon
très différente suivant les conditionsécologi-
ques
(fig 1a).
Sur les 309 souches in- ventoriées autotal,
164, soit 41 %,pré-
sentent des
régénérations,
le taux leplus
élevé se situant en MACH,
pes-sière à
myrtille supérieure (56 %),
leplus
bas en MACM, pessière
à hautesherbes
(22 %).
En
prenant
encompte
la taille desrégénérations
par distinction de 4 ca-tégories (fig 1b),
onpeut
constater queleur
implantation,
stadeplantule
ouplant
de 2 ans(<
5cm),
s’effectue àpartir
de la classe II dedécomposition
et ce de
façon
très constante tout aulong
de l’évolution de lasouche,
sauf pour ESSB, pessière
àmyrtille
se-condaire,
où aucune des 8plus
vieillessouches ne
présente
deplantules,
touten
signalant
la faiblesse du nombred’observations dans ce cas. Pour les stades
ultérieurs,
l’absence derégula-
rité dans la croissance des tailles au fur et à mesure du vieillissement de la souche est évidente. Elle
peut
être due soit à une mortalité affectant lesrégé-
nérations selon les circonstances cli-
matiques,
soit à des arrêts ou ralentissements de la croissance du- rantplusieurs
années. Sauf pour lapessière
à hautes herbes(MAC M)
oùle taux de
régénération
est leplus
fai-ble,
onpeut
constater que le taux des souches de classe Vprésentant
desplants
> 20 cm est inférieur à celui quel’on
pourrait
attendre de la croissance desplants
installésantérieurement
sur les souches. Surl’ensemble
des 3 000m 2 inventoriés
danschaque
sta-tion,
le nombre de souches de classe Vportant
desplants
> 20 cm estcompris
entre 4 et7,
soit moins de 24 par ha dans le meilleur des cas.Une
comparaison s’impose
danschaque station,
entre larégénération
sur souches et celle s’effectuant en de- hors
d’elles,
sur le solqui
aégalement
fait
l’objet
decomptages.
Lapessière
à
sapin,
COTS,
est la seule des 5 sta- tions àprésenter
unerégénération
sa-tisfaisante, plus de 2 jeunes plants
ou
plantules
au m 2 ,
en épicéa
mais surtout
en
sapin,
unchangement
dans le peu-plement
est doncprévisible ;
c’estégalement
la station où larégénération
sur souches est la
meilleure,
le nombreet la taille des semis les
plus
élevés.Vient ensuite MAC
B, pessière
à mé-lampyre,
où larégénération
s’effectuepar taches isolées de nombreux
semis,
maisn’occupant qu’une
surface maxi-male de 20 % à l’intérieur du
peuple-
ment, larégénération
sur souchess’y
trouve encore assez bonne. Pour les 3 autres
stations, pessières
àmyrtille
su-périeure (MAC H)
et secondaire(ESS B), pessière
à hautes herbes(MAC M),
en dehors des
souches,
iln’y
a pas dejeunes
semis.DISCUSSION
Dans 4 stations sur
5,
les souches re-présentent
doncbien,
commeMathey (1911) l’indiquait,
un lieuprivilégié
pour l’installation desjeunes plants
de rési-neux. Dès le stade de
décomposition correspondant
à la classeII,
soit 10 à 15 ansaprès l’abattage
pour la station MAC B(pessière
amélampyre),
la ger- mination desgraines
et la croissance de laplantule peuvent
s’effectuer. Pour les stades III etIV,
où les souchespré-
sentent une
hétérogénéité maximale, plus
de la moitié d’entre ellesprésente
des
régénérations plus
ou moins déve-loppées (sauf
pour la station MACM, pessière
à hautesherbes,
où cedegré
de colonisation n’est atteint
qu’en
classeV).
Ceci est en accord avec lestravaux de Maser et
Trappe (1984a
etb)
et ceux de Moreau etPoly (1968)
constatant la rareté des
régénérations
sur souche dans la
pessière
à hautesherbes.
Cependant,
il faut bien souli- gner que la densité deplants dépassant
20 cm de
hauteur,
doncsusceptibles
de
persister
et departiciper
au renou- vellement de laforêt,
est extrêmement faible. Seule la surface de la soucheayant
étéprise
ici enconsidération,
il fautsignaler
laprésence sporadique
de
jeunes résineux,
àproximité
immé-diate de la base et en relation avec la
présence
de grosses racines en voie dedécomposition.
Le matérielligneux
en
putréfaction pourrait
donc bien être favorable à larégénération,
et son ap-port
à un sol au cours d’uncrochetage
pour accélérer son évolution et activer l’humus brut serait alors un
procédé
pour traiter par
petites
surfaces(100 m 2 )
les sites lesplus
favorablesdans les
peuplements
affectés par le manque derégénération.
Ces maté-rieux
ligneux
sont actuellement dessous-produits
abondants dont l’élimina- tion poseproblème
dans nos valléesalpines. Sciures,
copeaux, bois réma- nantsdéchiquetés
aideraient à moindreprix
à résoudre enpartie
les défauts de renouvellement par création depetits
collectifs servant à la restructuration despeuplements
en voie de vieillisse- ment. Desexpériences
surplacettes
sont actuellement
poursuivies
en cesens par les services de
l’ONF,
leur mise enplace
en 1988 nepermet
évi-demment pas d’évaluer leurs résultats.
REMERCIEMENTS
Ces travaux se situent dans le
prolongement
de ceux effectués dans le cadre du pro- gramme Piren,
«L’aménagement
de la haute montagne et ses conséquences sur l’envi- ronnement, le canton d’Aime(Savoie)».
Jeremercie J. André d’avoir bien voulu me
communiquer l’importante bibliographie qu’il
avait rassemblée sur cette question. Mes re- merciements vont également aux différents
agents de l’Office national des forêts, ser- vice départemental de la Savoie, cellule te-
chnique d’Albertville, pour l’aide effective
qu’ils
nous apportent.RÉFÉRENCES
Boullard B
(1969)
Importance des mycor- hizes pour larégénération
de l’épicéa(Picea
excelsa Link). Soc For Franche- Comté Prov Est mars, 3-11Brown JL
(1977)
Étude de la perturbation des horizons du sol par un arbrequi
serenverse et de son impact sur la
pédo- genèse.
Can J Soil Sci 57, 173-186Christy
EJ, Sollins P,Trappe
JM(1982)
First-year of
Tsuga heterophylla
without my- corrhizae and subsequentectomycorrhizal
development ondecay-
inglogs
and minerai soils. Can J Bot 60, 1 601-1 605Duchaufour P
(1953) Régénération
de l’épicéa etpédologie.
Rev For Fr(Nancy)
4, 257-268Eichrodt R
(1970)
Ueber dieBedeutung
vonModerholz fur die natürliche
Verjüngung
im subalpinen Fichtenwald. Beih Z Schweiz For 45, 122
Froidevaux L
(1975)
Dans la réserve de Der- borence, un rescapé de l’exploitation des forêts : Poriaterrestris (DC
exFriesSacc), mycorhizique
sur Abies alba, Larixdecidua et Picea abies. Schweiz Z Fortswes 126, 65-66
Froidevaux L
(1978)
LesHyménomycètes
ré- supinésmycorhiziques
dans le boispourri.
Schweiz Z Forstwes 106, 9-14 Gensac P(1967)
Les forêtsd’épicéa
deMoyenne
Tarentaise. Recherche des différents types depessières.
Rev GenBot 74, 425-528
Gensac P
(1988) Types
depessière
et ré-génération
enMoyenne
Tarentaise (Savoie). Rev For Fr(proposé
au Comitéde
rédaction)
Goebl F
(1968) Mycorhiza-Untersuchungen
an
Jungfichten
im Urwald vonBrigels.
Schweiz Z Forstwes 2, 148-150
Harvey
AE(1976)
Distribution ofEctomy-
corrhizae in a mature
Douglas
fir LarchForest Soil in Western Montana. For Sci 22, 393-398
Harvey
AE (1978) Seasonal Distribution ofEctomycorrhizae
in a matureDouglas
fir/Larch Forest Soil in Western Montana.For Sci 24, 203-208
Harvey
AE(1979) Comparative
distribution ofEctomycorrhizae
in soils of three West-ern Montana Forest Habitat types. For Sci 25, 350-358
Harvey AE
(1980a)
Partial cutharvesting
and ectomycorrhizae: early effects inDouglas
fir/Larch Forests of Western Montana.Can J For Res 10, 436-440
Harvey
AE (1980b)Ecology
ofectomycorrhi-
zae in Northern
Rocky
Mountains forest.Envir Cons Timb Harc. In: RM Conif For
Symp
Proc, Missoula(1979)
189-208Imbeck H, Ott E
(1987) Verjüngungsökolo- gische Untersuchungen
im einemhochstaudenreichen
subalpinen
Fichten- wald, mit speziellerBerücksichtigung
derSchneeablagerung
und der Lawinenbil-dung.
MittEidg
Inst Schnee und Lawinen- forsch 82, 202Jacquiot
C(1978) Écologie
des cham-pignons forestiers. Gauthier-Villars, Paris, 95 p
Kropp BR
(1982a) Fungi
fromdecayed
woodas
ectomycorrhizal
symbionts of Western Hemlock. Can J For Res 12, 36-39Kropp
BR(1982b)
Formation ofMycorrhizae
on
Nonmycorrhizal
Western Hemlock out- planted on Rotten Wood and mineral soil.For Sci 28, 706-710
Lachaussée E
(1947)
Larégénération
de l’épicéa en haute montagne. REF MacCullough
HA(1948)
Plant successionon fallen logs in a
virgin spruce-fir
forest.Ecology
29, 508-513Mac Millan PC, Means J, Hawk GM, Cro- mack J jr,
Fogel
R(1977) Log
decom- position in anoldgrowth Douglas-fir
forest. In: NW Sc Ass Abst Pap 50th Ann Meet. Pullman, USA, 13
Maser C, Anderson RG, Williams JT, Martin RE
(1979)
Dead and downwoody
mate-rial. In: Wildlife Habitats in
Managed
For-ests: The Blue Mountains of
Oregon
andWashington (Thomas
Jack Ward,ed).
Agric
Handb 553, 78-95Maser C,
Trappe
JM(1984a)
The fallen tree a source ofdiversity.
In: New Forests fora
Changing
World Proc Soc of Am For Natl Conf 335-339Maser C,
Trappe
JM(1984b)
The Seen and Unseen World of the Fallen Tree. USDA, Forest Service,Report
PNW 164, 56 pMathey
A(1911) Régénération
del’épicéa
dans les forêts des Hautes
Régions.
BSFFC 169
Mayer
H(1976) Gebirgswaldbau-Schutz- waldlege.
Ein WaldbaulichenBeitrag
zurLandschaftökologie
und zum Umwelt-schutz. Fischer,
Stuttgart,
436 p Moreau R,Poly
J(1967)
Larégénération
del’épicéa
dans les hautes chaînes du Jura.CR Acad Sci Paris 264, D, 1 789-1 791
Moreau R,
Poly
J(1968)
Larégénération
de l’épicéa dans les hautes chaînes du Jura.BSFFC 1-2
Piussi P
(1986)
La rinnovazione della pec- cetasubalpina.
Le Scienze 215, 58-67 Seidl MT(1985)
The role of the fallen treein an
old-growth
forest. In: 6th N Am Confon
Mycorrh.
Bend,Oregon,
274Sorg
JP(1980) Végétation
etrajeunissement
naturel dans la
pessière subalpine
deVals