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Syndrome de la tête tombante révélateur d'une sclérodermie systémique

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Academic year: 2022

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30 | La Lettre du Rhumatologue • N° 422-423 - mai-juin 2016

Figure 2. Évolution clinique du patient à 1 an de corticothérapie.

Figure 1. Attitude en antéfl exion permanente du cou évoquant un syndrome de la tête tombante qui a révélé une sclérodermie systémique.

CAS CLINIQUE

Syndrome de la tête tombante révélateur d’une sclérodermie systémique

Dropped head syndrom revealing systemic sclerosis

M. Gbané-Koné*, M. Diomandé*, F. Zossoungbo*, K.J.M. Djaha*, Y.H. Dossou*, M.N. Kouakou*

* Service de rhumatologie, CHU de Cocody, Abidjan, Côte d’Ivoire.

L

e syndrome de la tête tombante est lié à une atteinte mus- culaire touchant préférentiellement les muscles extenseurs du cou caractérisée par une faiblesse musculaire sévère (1) . Son association avec une affection auto-immune est inhabituelle.

À notre connaissance, un seul cas associé à la sclérodermie systé- mique a été décrit (2) . Nous rapportons un cas de syndrome de la tête tombante révélant une sclérodermie systémique chez un adulte jeune.

O b s e r v a t i o n

Un patient âgé de 35 ans est hospitalisé pour une fl exion perma- nente du rachis cervical sans cervicalgie, ce qui entraîne une gêne de la marche, avec une impossibilité de maintenir le cou (fi gure 1) . Le patient signale également une polyarthrite chronique touchant les mains, les poignets, les coudes, les épaules, les genoux et les chevilles. Le dernier épisode articulaire remonte à 3 semaines. Ce tableau évolue dans un contexte fébrile, avec un amaigrissement important, de 40 kg. L’examen clinique révèle une fi èvre à 39 °C, une polypnée à 35 cycles/ min, une synovite des genoux et des poignets ainsi qu’une fl exion permanente du cou avec un défi cit de l’extension. Les mouvements du rachis cervical sont possibles et sans douleur. Il n’y a pas de signes neurologiques. L’examen des téguments révèle une sclérodactylie et une sclérose de la peau des avant-bras, des bras et du tronc sans atteinte du visage.

Les explorations biologiques montrent un taux de protéine C réactive à 77 mg/ l et une vitesse de sédimentation à 170 mm à la première heure. Les recherches d’autoanticorps sont négatives (anticorps anti-Scl 70, anticentromères, anti-ADN natifs, anti-CCP et facteurs rhumatoïdes), sauf les anticorps antinucléaires forte- ment positifs à 1/1 280 avec une fl uorescence mouchetée.

Les radiographies des poignets et des mains révèlent une démi- néralisation diffuse sans érosions visibles. La tomodensitométrie (TDM) du rachis cervical est sans particularité. L’échographie

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CAS CLINIQUE

cardiaque met en évidence une péricardite minime sans hyper­

tension artérielle pulmonaire. La TDM thoracique montre une atteinte pulmonaire interstitielle avec un syndrome ventilatoire restrictif aux épreuves fonctionnelles respiratoires.

Ces manifestions sont très évocatrices d’une sclérodermie systé­

mique. Sous prednisone (instaurée à 1 mg/ kg/ j puis dégressive), l’évolution est spectaculaire dès la première semaine, permettant une amélioration de la polyarthrite, de la fièvre et de la dyspnée, mais aussi de l’atteinte cutanée. Le patient peut tenir la tête verticalement. Après un recul de 1 an, l’état général s’améliore considérablement (figure 2), avec une reprise de poids (84 kg contre 50 kg à l’entrée) et une autonomie d’activité malgré la persistance de la dyspnée. Quelques mois apres cette période de stabilité, le patient décède dans un tableau de détresse respiratoire probablement liée à une fibrose pulmonaire.

D i s c u s s i o n

Le syndrome de la tête tombante s’explique par une faiblesse de l’extension des muscles du cou. Son étiopathogénie demeure inconnue (1). Il peut s’intégrer à une affection neuromusculaire telles qu’une myasthénie, une maladie du motoneurone, une polyneuropathie inflammatoire démyélinisante chronique et diverses maladies neuromusculaires, notamment certaines myo­

pathies inflammatoires, dystrophiques et métaboliques (3, 4). Les myopathies en sont les causes les plus fréquentes (5-7). La plupart des cas rapportés dans la littérature touchent des sujets âgés, ce qui a fait suspecter une étiologie inflammatoire ou méta bolique (2).

Cependant, dans notre observation, il s’agissait d’un sujet jeune ayant une scléro dermie avec une atteinte pulmo naire inter­

stitielle. L’association syndrome de la tête tombante­ affections auto­ immunes est rare (2). Un seul cas de syndrome de la tête tombante a été découvert dans la série de plus de 300 patients atteints de sclérodermie systémique suivis par E. Rosato et al. (2).

Ainsi, notre observation constitue le deuxième cas rapporté d’asso­

ciation syndrome de la tête tombante­ sclérodermie systémique.

Ce syndrome de la tête tombante pourrait être lié à une atteinte musculaire sclérodermique ou à une myopathie inflammatoire associée à la scléro dermie (scléromyosite). Nous n’avons pas effectué de biopsie mulsculaire qui aurait permis de caractériser cette atteinte. Selon E. Rosato et al., 17 % des patients scléro­

dermiques présentaient une atteinte musculaire, le plus souvent des membres inférieurs (2).

Notre patient a répondu à une corticothérapie instaurée à 1 mg/ kg/ j puis dégressive, jusqu’à 20 mg/ j, qui a été introduite en raison de l’atteinte musculaire. En l’absence de stratégie théra­

peutique consensuelle, notamment en cas d’atteinte pulmo naire interstitielle, le patient n’a pas eu de médicaments immuno­

suppresseurs. L’amélioration clinique du syndrome de la tête tombante et de la sclérodermie a été spectaculaire, avec une évolution assez stable pendant plus d’une année.

C o n c l u s i o n

L’association syndrome de la tête tombante­sclérodermie systémique est exceptionnelle. Le syndrome de la tête tom­

bante peut révéler une atteinte musculaire de la sclérodermie

systémique. ■

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

1. Kocaaga K, Bal S, Turan Y, Gurgan A, Esmeli F. Camptocormie et syndrome de la tête tombante dans un cas de myotonie. Rev Rhum 2008;75(12):1273-6.

2. Rosato E, Rossi C, Malsano F. Syndrome de la tête tombante et sclérodermie systémique.

Rev Rhum 2009;76(5):468-70.

3. Dominick J, Sheean G, Schleimer J, Wixom C. Response of the dropped head/bent spine syndrome to treatment with intravenous immunoglobulin. Muscle Nerve 2006;33(6):824-6.

4. Finsterer J. Dropped head syndrome in mitochondriopathy. Eur Spine J 2004;13(7):652-6.

5. Katz JS, Wolfe GI, Burns DK, Bryan WW, Fleckenstein JL, Barohn RJ. Isolated neck extensor myopathy: a common cause of dropped head syndrome. Neurology 1996;46(4):917-21.

6. Goh KJ, Wong KT, Tan CT. Myopathic dropped head syndrome: a syndrome of mixed aetiology. J Clin Neurosci 2000;7(4):334-6.

7. Katirji B, Hachwi R, Al-Shekhlee A, Cohen ML, Bohlman HH. Isolated dropped head due to adult-onset nemaline myopathy treated by posterior fusion. Neurology 2005;65(9):1504-5.

Références bibliographiques

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