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Nü 98. 99.

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Academic year: 2021

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Texte intégral

(1)

O rné de 16 Illu stra tio n s p a r J . W E B E R et d ’u n e carte.

ORELL FÜSSU & Cib., Editeurs ^ Z U R I C H ,

(2)

l

’ E

u r o p e

I

l l u s t r é e

.

C’est sous ce titre que nous publions une série de descriptions de tous les bains, stations d’hiver, chemins de fer les plus intéressants, enfin de toutes les contrées de l’Europe qui, de préférence, sont visitées par les touristes.

Voici les titres des livrets qui sont publiés jusqu’à présent:

1. Le Chemin de fer A R T M I6 H I

2. Le Chemin de fer de l’Uetlifaerg

3. Le Chemin de fer V1TZNAÜ-R1GHI

4. Le Chemin de fer RORSGHACH-HEIDEN

5 . 5a. BADEN-BADEN

6. THOÜNE e t LAC de THODNB

7. INTERLAKEN

8. La HAUTE E M I N E

9. BADEN en Suisse

11. NTON an lac Léman

12. CONSTANCE s i ses environs

13. THUS1S

14. LUCERNE

15. FLORENCE

1 6 . 16a. La BRUYERE

17.18. MILAN

19. SCHAFFHOUSE et la chute du Rhin

20. RABAZ-PFÆFBRS

21. Les bains de KREUTH

22. 22a. VEVEY e t ses environs

23. DAVOS

24. N0TRE-DAMB-DBS-ERM1TES

25. Les B ains de REINERZ

2 6 .2 7 . LE CLODS DE LA FRANCHISE

28. NEUCHÂTEL

29. 30. FRIBOURG en Brisgau

31.32, BÖRBBRSD0RF en Sile'sie

33-36. LE ST-0OTHARD

37. De FR0B0URB à WALDENBOURB

38. 39. KRANKENHEIL-TÖLZ

On prépare les livrets suivants: M o rat, S io n , S t-M au rice, M artig n y -lea-B ain a, C ham onix,

40. 41. BATTAGLIA près Padoue

4 2 -4 4 . La Ligne C arin thie-P n sterth al

45. 46. 47. AJAGC10 (S tation d’hiver)

48. 49. LE BÜRGENSTOCK

5 0 .5 1 , COIRE et ses environs

52. 53. GRATZ en S tyrie

5 4 .5 5 . De PARIS à BERNE

56. 57. AIX-LES-BAINS

5 8 .5 9 .6 0 . DO DANUBE A L’ADRIATIQUE

6 1 .6 2 . LE LAC DES QUATRE-CANTONS

63. LA BERGSTRASSE

64. 65. A tra v ers L’ARLBERG

66. 67. 68. BUDAPEST

6 9 .7 0 . HEIDELBERG

71. 7 2 .7 3 . LOCARNO

74. MONTREUX

75. 7 6 . 7 7 . 7 8 . MONT CENIS.

7 9 .8 0 . 8 1 .8 2 . LE PAYS DE GLARIS ET

LE LAC DE WALLENSTADT.

83.84. WESSERLING (Vallée St-Amarin).

85. 86. 87. Le chemin de fer de la FORET-

NOIRE.

8 8 .8 9 . 90. LUGANO et les trois lacs

9 1 .9 2 . Le chemin de fer du BRUNIG

93. 94. 95. ZURICH et ses environs

9 6 .9 7 . De la FURKA à BRIGUE

9 8 .9 9 . BRIGUE et le SIMPLON

1 0 0 .1 0 1 .1 0 2 . ZERMATT, les vallées de

S aas et de St-Nicolas

1 0 3 .1 0 4 .1 0 5 . LOUÈCHE-LES-BAINS.

D e M a rtig n y a u la c de G enève, M a rtig n y e t ses ro u te s a lp e stre s.

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(4)
(5)

VALAIS

e t

CHAMOUNIX.

IlTzìe li-vraìsoz;..

B R I G U E

ET LE

SIMPLON.

PAR

F. O. W O L F .

-< f > * ---O RN É DE 16 I L L U S T R A T I ---O N S P A R J. W E B E R K T D ’U K E C A R T E .

u n

3 -

^

Z U R I C H G R E L L F Ü S S L I & C i E . , Éd i t e u r s.

(6)

T A B L E .

l ’Ugo

I. Briglie et ses environs... ... 59 II. Le Simplon ... 78 A. Notice historique sur le passage du Simplon ... 78 B. Topographie du Simplon... 8U III. Notes sur la géologie, la minéralogie et la Horo du Simplon 109

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-KE4-I'r ìg u c d u cô te d u n o rd .

I. Brigue et ses environs.

L e s h a b ita n ts d e c e p a y s out é té a u tr efo is d iv is é s par les h isto r ien s et le s g é o g r a p h e s e n tro is p eu p la d e s de n o m s différents. C eux qui ha b iten t le haut, de la v a l lé e , de la source du R h ône ju s q u ’au d e s s o u s de U liss s o n t d e s L é p o n tin s prim itifs, a p p e l é s p a r P l in e (livre 3, clia p. 20), Biberi ou B ib c r ig i, par abrév ia tio n Brig i : c ’e s t d e c e t a n c ie n nom du p euple qu e le bourg de B r ig u e tire le s ie n , etc

Stutupfius, d a n s le l i e liv re su r le V ala is.

petite ville de Brigue, chef-lieu du district (dixain) du même nom, est située à 684 m au dessus de la mer et <\ 50 km à l’est de Sion, sur la rive gauche du Rhône, à

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l’cm-bouchure de la Saltine descendant du massif du Simplon. Elle compte 1200 habitants catholiques (recensement de 1880). Son commerce est actif, car Brigue est la dernière station de la ligne d’Italie et la clef des routes alpestres qui, par la F urca et le Simplon, relient la Suisse occidentale avec les cantons primitifs et la H aute-Italie. De nombreuses tours et des bâtim ents de belle apparence couverts en ardoise micacée éblouissante donnent à la „bourgade de B rigue“ un caractère particulier. Stumpfius écrivait déjà : „Brigue est un beau bourg, gai et imposant p ar ses constructions et autres choses, et qui, selon moi, l’emporte sur toutes les au b e s localités du H aut- V alais.“

Les bâtiments principaux sont : l’ex-couvent des Jésuites avec sa magnifique église, le couvent des Ursulines et le château de la famille baroniale de Stockalper. Beaucoup de maisons particulières aussi, de même que les trois.hôtels, ont une apparence de palais. — E n arrivant de la gare, nous rencontrons d’abord l’hôtel-pension de la Poste (jadis „aux

Couronnes“), tandis que l’hôtel d’A ngleterre est dans le

centre de la ville et la pension Muller de l’autre côté de la Saltine. L a rue principale conduit par une montée assez raide au château de la famille des Stockalper, barons de la Tour. Trois fortes tours, insignes et am ies de cette famille, s’élèvent au-dessus du vaste bâtiment avec ses nombreux corridors, ses galeries, ses salles et son parterre. Nous entrons par la porte, bâtie en serpentin poli, dans la vaste cour in­ térieure dont nous admirons l’architecture artistique. (Voyez la gravure.)

Chaque année à la Fête-Dieu, on élève4 dans une niche bâtie à cet effet, un autel sur lequel brillent les trésors des Stockalper qui éveillent toujours la même admiration parmi les fidèles de la procession.

P arm i ces antiquités de famille, nous mentionnerons le tableau des Trois rois, en argent repoussé, chef- d’œuvre de Cellini, et quelques chandeliers gothiques primitifs. L eur propriétaire actuel est toujours disposé à

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les montrer avec une grande prévenance aux amateurs d’art. La galerie des portraits de famille, dans l’immense salle des chevaliers, ainsi que les antiques meubles sculptés sont également dignes d’être vus; on se croirait transporté à une époque depuis longtemps disparue. Le plus remarquable de ces portraits est celui du „grand Stockalper“.

Gaspard Stockalper, baron de Duin, chevalier du S t-Esprit et de l’ordre de St-Michel, colonel au service du Piémont, pos­ sesseur de plusieurs com­ pagnies, en France, en E spagne et dans les armées de l’Empereur, vivait au 17mo siècle. Ce fu t lui qui bâtit au sommet du passage du Simplon et à Gondo des hospices pour recevoir et soigner les voyageurs égarés ; lui qui fit creuser, près de Colombey, le grand canal du Rhône, long de plusieurs lieues, par lequel de grands espaces de pays

furent asséchés et gagnés à la culture ; lui encore qui, par ses généreuses donations, perm it aux dixains supérieurs d’élever la belle église des Jésuites et son cloître. Ceci se passait au milieu du 17m0 siècle. Des querelles religieuses déchiraient alors le Valais secoué par les orages de la Réformation. L ’an ­ tique foi fut en partie conservée au pays par les Jésuites que le grand Stockalper y appela et p ar la fondation de deux autres cloîtres dont le Valais lui est également redevable. Deux de ses filles entrèrent dans le nouveau cloître des Ursu- lines ; une autre épousa le peintre George M annhaft de Souabe,

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et la qu atrièm e seulement enrichit un V aiaisan de sa grosse dot. Cette circonstance et surtout les grandes richesses du comte éveillèrent l’envie ; lui, le plus grand bienfaiteur du pays, fut chassé de sa patrie et dépouillé de presque tous ses biens ! Après six ans d’exil, Stockalper revint dans son pays. Beaucoup le dédommagèrent de ce dont il avait été dépouillé, d’autres sollicitèrent son indulgence ; il aban­ donna à la plupart ce qu’ils s’étaient appropriés. L a chronique le cite comme un homme qui, par ses beaux dons naturels, ses talents, sa connaissance des langues, sa grande science, sa sagesse, sa prudence dans la conduite des affaires, son grand zèle pour la foi catholique, mérite les louanges de la postérité. Citons ici deux anecdotes de sa vie agitée. Une bande de brigands infestait les Rolirflühen (à deux heures de Brigue). Stockalper, afin de pénétrer dans le repaire de la bande, se déguisa en mendiant, se donna l ’air ■simple et se laissa prendre. Eemis en liberté, il alla avec une escorte suffisante cerner la caverne et fit tous les brigands prisonniers. On raconte encore que lorsqu’il dut indiquer sous serment aux patriotes le mon­ tant de sa fortune, il transporta, avec l’assentim ent d’un prêtre, tout son avoir en un endroit, n ’en laissant qu’une partie en vue; il ju r a ensuite que tout ce qu’il possédait était dans l’en­ droit même. Son principe était : nil solidum, nisi solimi, et en vertu de ce principe, il avait placé ses grandes richesses en biens fonds ; l’on raconte encore aujourd’hui que de Lyon à Milan il pouvait loger chez lui. Son costume était celui du p ay s, fait de grossier drap tissé dans la maison même. C’est ainsi qu’il se présentait chez la noblesse luxueuse de Milan ; les moqueries que lui a ttira d’abord son accoutre­ m ent rustique cessèrent quand un de ses chevaux de luxe ayant perdu un fer, on s’aperçut qu’il était d’argent. Dès ce moment on ne parla que du , riche comte valaisan“.

Dirigeons nos pas du côté de l’ancien couvent des Jésuites, où conduit une rampe pavée. Mais avant d’entrer dans la grande église, contemplons la vue de la terrasse sur laquelle elle s’ouvre. A nos pieds s’étalent la bourgade de Brigue avec les

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localités voisines de Naters et de Glis et la vallée du Ehône, large et bien cultivée ; le juvénile Rhône, se reposant de la course tum ultueuse qu’avec une

témérité enfantie il a risquée de la Furca à travers le dixain de Conches, coule plus doucement au milieu de gazons d’un vert plantureux, de riches vergers et de champs fertiles. E n tre les tours du château des Stockalper, Yiège nous envoie, dans le lointain lumineux, un salut amical ; les hautes murailles des monts nous environnent de toutes parts.- Du côté du m id i, l’œil peut suivre bien h au t la route du Simplon. P rès de Schallberg, au-dessus de l’effroyable gorge de la Saltine, elle se dérobe à notre g lÿ g j regard pour faire un long détour dans la vallée de G anter; mais E elle reparaît à Bérisal, dans le Rothwald, et reste visible ju sq u ’au sommet du col. Les ramifications du Monte Leone, le Schœnliorn et le Breithorn, avec le glacier d’E au froide, dominent à l ’est le passage du Simplon, tandis qu’à l’ouest il est protégé par le Glishorn. Les formidables masses de rochers des­ cendent à pic dans la vallée du Rhône et son sommet presque détaché menace la vallée de ruine

et de mort. L a légende populaire M a t s o n b o u r g e o is e a B r i g u e .

raconte qu’autrefois Satan s’élança d’un bond prodigieux de la Bellalp au Glishorn pour détruire le nouveau couvent des Jésuites ; la prière fervente d’un moine vigilant préserva le

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couvent et tout Brigue de cette catastrophe. Chaque printemps, la fatale montagne envoie dans la vallée de bruyantes ava­ lanches que l’habitant de Brigue attend avec impatience, car elles sont les avant-coureurs du printemps, du „A ustag“, qui le délivre de l’ombre glaciale dont le Gli shorn couvre le pays pendant les longs mois d’hiver.

Vis-à-vis du Simplon, caché dans les châtaigniers et les noyers, est le beau village de Katers, avec sa magnifique église et de nombreuses ruines féodales. Les nobles familles d’Umafas et de Supersax, depuis longtemps éteintes, l ’ont habité et les évêques l’avaient aussi choisi pour leur résidence d’été à cause de sa position agréable et salubre.

Plus d ’un souvenir historique se rattache à cette localité. P ierre de la Tour Châtillon, en 1294, et l’évêque Guichard Tavelli, y furent faits prisonniers et les partisans de ce dernier battus en 1362. L a villégiature des évêques à N at ers fut fort souvent troublée ; le H aut-V alais, jaloux de sa liberté, y a parfois assiégé ses seigneurs pour les contraindre à re­ noncer au x droits que Charlemagne leur avait confirmés. C’est ce qui arriva à Guillaume I I I do Rarogne et au pieux et trop doux Ju ste de Silinen. L e feu a consumé ces châteaux, mais d’imposantes murailles en redisent encore la grandeur. — En quittant ces réminiscences nous aimons à promener nos regards de colline en colline, de terrasse en terrasse, et sur la gracieuse Bellalpe avec le glacier d’Aletsch, riche en légendes, les névés éblouissants et les coupoles de glace s’élançant des Alpes bernoises. Nous envoyons un salut à ces bonnes vieilles con­ naissances de nos excursions précédentes, et nous entrons enfin sous le portique du temple sacré. Un solennel dem i-jour y règne. Rem ontant cette vaste nef, nous atteignons le chœur en avant duquel sont deux autels ornés de peintures de Deschwanden et De la Rosa, représentant des scènes de la vie de St-Ignace, fondateur de l’ordre des Jésuites. Le chœur lui-même contient quatre grands tableaux du même peintre italien De la Rosa qui glorifient également la vie et les œuvres de St-Ignace,

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ainsi que celles de St-François Xavier, apôtre des Chinois et des Japonais.

Dans l’année de troubles 1847, après l’expulsion des Jésuites, le gouvernement du Valais, alors radical, voulut s’approprier leurs biens et les vendre à l’enchère. Mais la fa­ mille Stockalper, la commune de Brigue et les six dixains orientaux s’opposèrent à ce procédé. Après de longues con­ testations, leurs droits légaux furent enfin reconnus et le H aut- Valais doit à cette conduite courageuse la conservation de son meilleur établissement d’instruction. Des instituteurs valaisans dévoués, surtout du clergé, habitent depuis lors l’ex-couvent des Jésuites et une jeunesse nombreuse, avide de science, accourt chaque année puiser abondamment à cette source la vie intellectuelle.

Hâtons-nous de revenir en plein air et de continuer notre promenade dans cette petite ville de Brigue, riche en souvenirs. Nous passons devant le cloître des Ursulines, où la jeunesse féminine de Brigue reçoit son instruction et où l’on forme les institutrices de toute la partie allemande du Canton. La règle du cloître nous défend d’entrer ; il ne nous est permis de visiter que la jolie chapelle et son jardin-modèle si bien soigné. A côté est un vieil hôpital où jadis les pèlerins romains étaient reçus et soignés, et entre deux la petite chapelle de St-Sébastien, riche en souvenirs historiques.

C’est sur cette place qu’anciennement le peuple valaisan tenait ses diètes ou landsgemeinden et que, en 1414, il fut décidé de porter la „m azze“ *) devant le château du gou­ verneur Guichard de Rarogne. Guichard était un homme dur e t violent qui attira sur sa tête la colère du peuple libre en retenant injustem ent prisonnier et en m altraitant Olwig, le châtelain aimé de Brigue, et surtout en suspendant et en

*) Mazze vient du mot italien m azza et signifie une massue qu’on plaçait en signe de condamnation devant la porte d’un homme haï. Le

„Gemazzteu était irrévocablement perdu. Cette forme de la justice populaire,

propre au Valais, s’y conserva longtemps et ne put y être abolie que par l’intervention réitérée des Confédérés.

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tenant sous les verrous, malgré sa promesse, les députés de la diète présents à Sion, qui voulaient prendre des mesures contre sa tyrannie.

Laissons à ce sujet parler le P . Amherd, poète valaisan, comme il le fait avec ta n t de vérité dans le troisième acte de son dram e**) „Thomas in der B ünden“.

L e Combat de la „ M a z z e “.

S cène p re m iè re . L a p ia c e p u b liq u e d e B r ig u e . A u f o n d

la c h a p e lle S t-S é b a s tie nla q u e lle c o n d u it un e r a m p e p a vé e. D e u x b o u r g e o i s , A n to in e de I t t i g e n et E g id e In d e r k u m m e n (a n c ie n n e s f a ­ m ille s d e B r ig u e ) a r r i v e n t n u r la ■ t-cène en s ’e n tr e te n a n t viv em e n t.

A n to in e d e I t t i g e n .

Q ui l ’e û t p e n s é ? L a d iè te qui s ié g e a it p a is ib le m e n t p rès du r o cher d e l ’E v êqu e* ) a é t é s o u d a in e m e n t e t v io le m m e n t s u s ­ pe n d u e !

E g i d e I n d e r k u m m e n .

E t to u s c e s n o b le s g e n s e m m e n é s dans le l ia s - V a lo is où ne le s a tte n d q u e l'o p ­ probre î

A n to in e d e I tt i g e n .

C ’e s t une t ra h iso n s a n s e x e m p l e ! I /E v ê q u e e t le g o u v e r n e u r on t d o n n é leu r pa ro le d ’h o n n e u r é c r ite e t s c e llé e , e t m a in te n a n t, q u e ls traîtres i l s s e m o n ­ trent tous d e u x !

E g i d e I n d e r k ttm m e n .

J ’e x c u s e r a i s e n c o r e l ’E v ê q u e , parce qu'il s e l a is s e trom per par son o n c le, m a is G uichard — c e m éc h a n t, m éc h a n t h o m m e — a m arqué s o n front d ’u ne

tra-*) «i S i o n

h iso n qu e j a m a i s le p e u p le ne lui par­ d o nnera .

(On e n te n d dan.« le lo in ta in le s o n d u ta m b o u r .

A n to in e d e I tt i g e n .

S on h eure a s o n n é , j e p e n s e ! L e c o n ­ s e il d e s b o u r g e o is s’e s t r éuni h ie r en g ra nd nom bre. D e s d é p u té s d ’Uri, de S c h w y tz e t d ’U n te r w a ld s o n t v e n u s offrir île l’a id e pour l e c om b at. J ’ai aussi a ppris qu e le s C o n fé d é r é s no us offrent le d r o i t c o m m u n à c o n d itio n q u e no us leu r p r ê tio n s a jde e t s e co u rs d a n s la v a llé e v o is in e de E s c h e n . U n e fo is D o m o d '0 8 s o la r e conquise, le H a u t- V a - l a is e t le p a s s a g e du S im p lo n d a n s leu rs m a in s, le p la n de G u ic h a r d e s t à j a m a is détru it — e t n o u s v iv r o n s p a is ib le m e n t d a n s n o s v a l lé e s q u i g é m i s s e n t à cette h eure s o u s le j o u g eruel d e l’a rbitraire. (On e n te n d p l u s d is tin c te m e n t le s o n d u t a m b o u r ). E g i d e I n d e r h u m m e n . Q ue s ig n if ie ce tam bou r là -h a u t da ns la b o u r g a d e ? A n to in e d e I t t i g e n . S a n s dou te d e n o u v e a u x co m b a tta n ts i a r r iv a n t d e la m o n ta g n e. H ie r e nco re

**) Des spectacles de ce genre, tirés pour lu plupart de l'histoire patriotique, se donnent encore chaque année, et le plus souvent en plein air, par le peuple valaisan. Les hommes les plus capables du pays com­ posent ces pièces populaires et étudient leurs propres œuvres. Je rappelle seulement les noms de L. L. de Roten, Bordi s, Kämpfen, Tscheinen, In- Albon, Kalbemiatten et Amlierd. Toepffer en parle dans ses „Voyages en Zig-Zag“.

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v i n g t S a v o y a r d s qui, s errés d e près par le s C o n f é d é r é s , s ’e n f u y a ie n t de la v a l ­ lé e d ’E s e h e n , o n t é té s a isis, d é p o u illé s d e leurs a rm es e t de leu r c u ira s s e s et c h a s s é s a v e c m oquerie . I ls m en a cè r e n t, il e s t v r a i , d e p o r ter p la in te auprès du g o u v e r n e u r qui l e s v e n g e r a it, m a is p er­ s o n n e n ’a pr is leu r parti. P l u s ils cria ient au secou rs, p lu s on riait.

E g i d e I n d e r k u m m e n .

L e tum u lte d e v ie n t to ujo u rs pire.

P l u s ie u r s v o ix . ( D e r r iè r e la scène.) M a z z e ! M a z z e ! L a M a z z e v ie n t! L e H é r a u t d ’a r m e s . L à -h a u t sur la p l a c e ! A la c h a p e lle S t-S éb a stien ! — en a v a n t ! E n f a n t s . E n a v a n t !— à la c h a p e lle S t-S éb a stien ! ( L e s e n f a n t s p a r a is s e n t d ’a b o r d . P u is U>- ta m b o u r s , le h é r a u t d 'a r m e s et le p o r te u r d e la M a z z e , a vec quelq ues s o ld a ts d e g a r d e ;

to u s t r a re.itis. I l s p r e n n e n t p la c e s u r les de­ g r é s de la ch a p e lle S t-S é b a s tie n . L a p la c e se r e m p lit p r o m p te m e n t d e c u r i e u x q u i s 'a r ­ ra n g e n t en d em i-ce rc le d e s d e u x cô tés. A u bas •le la scène s o n t le s d e u x p e r s o n n a g e s d u p r e ­ m ie r d ia lo g u e. E g i d e In d e rk u m m e n » Pourqu oi c e j e u d e c a r n a v a l d a n s de s j o u r s qui c o m m a n d e n t le s é rie u x e t la prudence ? A n to in e d e I t t i g e n . S i le n c e ! L e j e u p e u t d e v e n ir s é rie u x . Eco u to n s c e qu e dit le héraut d ’a r m e s !

L e H é r a u t d ’a r m e s .

(L e n te m e n t, d ’u n e v o ix f o r t e . ) V o u s v o u s é to n n e z de v o ir la M azze ve n ir ic i §ur la p la ce du c h â tea u de B r ig u e ; m a is e lle n ’a pas p u supporter plus l o n g te m p s la douleur qui l a dé c h ire in té r ieu re m e n t de p u is d e s a n n é e s . V ou s la v o y e z ici d a n s s o n grand deuil ! E lle che r c h e c o n s o la tio n , e ll e cherche aide auprès de vous.

(L e h é r a u t élère u n e o ngue m a s s u e a u so m m e t de la q u elle est f i x é , a u m ilte u d ’é p in e s , u n m a sq u e tr a g iq u e . L e p e u p le co n sid è re la M a zze avec un e h o r r e u r silen cieu se.)

E g i d e I n d e r k u m m e n .

(S e p a r l a n t <> lu i-m ê m e.) L e front cou v e r t de r id es ! — L e s y e u x brûlés ! — L a bo u c h e dé fo rm é e ! — L e s j o u e s c r euses ! — L a tê te serrée d a n s des é p i n e s a i g u ë s ! Q uelle im a g e terrible, qu’o n ne p e u t v o i r s a n s é m o tio n ! V o i x n o m b reu se s. Effroyable ! — é p o u v a n ta b le ! — L e H é r a u t d ’a r m e s . O bo n p e u p le de B r ig u e ! Tu e s in­ d i g n é d e s traits affreux de c e tte M a z ze . U n cri de c o lè r e s ’é l è v e de ton se in c o m ­ patissa nt. Et, v raim ent, c e n ’e s t p a s s a n s c a u s e ! L a M a z z e m u e tt e te repré­ s e n te un e é n ig m e a u s s i s ig n ific a tiv e q u ’im portante. D e v i n e !

(Silen ce a tte n tif.)

U n e v o ix .

C’e s t l'im a g e de notre v ieil O w lig !

P l u s ie u r s v o ix .

L e v i e i l O w lig ? — N o tr e d ig n e c h â t e ­ la in ?

H é r a u t d ’a r m e s .

L a M a z z e peut être l ’im a g e du c h â ­ tela in ! Il a s é v è r e m e n t blâ m é le g o u ­ v ern e u r d ’a v o ir a id é le c o m te d e S a v o ie à combattre le s S u is s e s d a n s 1 'E s c h e n -

t h a ï. A u ssi a - t - il é té j e t é d a n s la prison

profonde où, r o n g é d e c h a g r in , il voit a p p r o c h e r la mort.

V o i x n o m b reu se s.

Ah ! D ieu a it pitié du pauvre c h â t e

-H é r a u t d ’a r m e s .

Il m e s e m b le c e p e n d a n t, c h e r p euple de B r ig u e , q ue tu ne sa is is pas c la ir e m e n t le s e n s de l a M a z z e . Au cen tr e de ce b e a u Ila u t-V a la is , au p ied du Sim plo n, où le s R o m a in s o n t ouvert une route c é ­ lèb re, où m a in te n a n t on parle la forte l a n g u e a lle m a n d e qui a toujours c é lé b r é l a lib erté ; tu a s de tous tem p s, d a n s les q u e s tio n s n a t io n a le s im portantes, pro n o n ­ c é l e m o t d é c is i f ! N e v o is-tu rien de plus profond d a n s c e tte M a z z e qui te r e ­ g a r d e du haut de la m assue ?

(16)

U n e v o ix .

( •’e s t l ’im a g e de notre d i è te !

P l u s ie u r s v o ix .

Notre diè te ? Inju r ié e , in s u lté e , p r iso n ­ n iè re ?

H é r a u t d ’a r m e s .

Il s e peut q ue c e so it l ’im a g e d e la d i è te faite p r iso n n iè r e c o ntre to u s les droits. L e s m eilleurs h o m m e s du p a y s l a n g u is s e n t da ns l ’o p p r o b r e au fond d'une prison. D ie u s a it c o m b ie n de tem p s ils souffriront c e s u p p lic e !

V o i x n o m b reu se s.

Ali ! D ieu î q ue n o u s p la ig n o n s ces n o b le s h o m m e s !

H é r a u t d ’a r m e s .

Mais, bon p euple de B rig u e , tu ne c o m ­ p re n d s p a s e n c o r e tout le s e n s de la

M a z z e . V o is c e s y e u x s a n s regard, c ette

b o u c h e c o n d a m n é e au s ile n c e , c e s traits l iv id e s qui ne p a rlen t qu e d e douleur, c e s rid es pro fo ndes qui s illo n n e n t le front ! Et c e s é p i n e s a i g u ë s qui, d e to utes parts, m eu rtr isse n t c e tte tê te p le in e d e so u f­ f ra n ce e t a jo u te n t la m o q u e r ie à la do u le u r ! Q ue te dit l’a s p e c t de c ette

M a z z e ?

U n e v o ix .

Vour sûr, c e tte M azze e s t la p a t r i e .'

P l u s ie u r s v o ix .

Oui, o u i ! L a M a z z e , c ’est la p a t r i e !

V o i x n o m b reu se s.

L a p a t r i e ! — qui porte le deuil ! — qui pleure ! — qui s a ig n e !

H é r a u t d ’a r m e s .

O n o b le p e u p le d e B r ig u e ! Enfin tu a s c o m p ris le s e n s profond de la M a z z e . E lle e s t l ’im a g e du p a u v r e ehiltela in

O w li y ! L’in m g e d e la d i è t e p r o fo n d é ­ m ent in su lté e ! L ’im a g e de la p a t r i e o p p r im é e ! L ’im a g e fid è le d e la m isère d a n s le V a l a i s !

(M u r m u r e s p a r m i le p e u p le .) Q u ’un ho m m e se m ontre d o n c , qui o se p a r le r lib r e m en t d e v a n t c e p e u p le et i n te r r o g e r c o u r a g e u s e m e n t la M a z z e ,

s a n s cra in d re la p u is sa n c e d e s tyrans • Q u’un tel hom m e s e f a s s e l’o r g a n e v iv a n t

d e la M a z z e e t lui d e m a n d e q u i l ’a pré­ c ip it é e d a n s c e tt e m isère. A n to in e O w lig . ( S o r t a n t tie la f o u le .) Si la M a z z e a b e s o in d ’un in terprète, j e s u is prêt. J e r e c o n n a is en e l l e m o n bien a im é p è r e , le s d é p u t é s e t la p a t r i e . Aussi d e m a n d e r a i-je hard im e n t à la

M a z z e , q u i l ’a m is e e n ce t é ta t la m e n ­

ta b le , afin q u ’e ll e no us no m m e le cruel e n n e m i qui d e p u is l o n g te m p s m ér ite la v e n g e a n c e du peuple.

( I l f a i t u n sig n e a u x ta m b o u r s ; i l s b a tten t.) O M a z z e ! pa r le ! qui t’a brûlé le s y e u x a v e c la pierre in fe r n a le ? — Qui a ferm é ta b o u c h e ? — Qui a serré ta tête d a n s de s é p i n e s ? S o n t - c e c e u x de S ilin e n , qui g o u v e r n è r e n t u ne fo is le p a y s ? ( L a M a z z e n e r e m u e p a s .) P l u s ie u r s v o ix . L a M a z z e g a r d e le s ile n c e ; c e ne so n t p a s eux. (Le.- ta m b o u r s b a tte n t d e no u ve a u .) A n to in e O w lig . P a r l e ! s o n t -c e d ’a u t r e s ? P e u t-ê tr e les A m - H e n g a r t , qui furent lo n g te m p s m a îtres d a n s le p a y s ? f7.fi M a z z e n e r e m u e p a s .) D ' a u t r e s v o ix . Ce n e so n t p a s là no n plus le s e n n e ­ m is d e la M a z ze . fL e s t -m b o u r s b a tte n t j t o u r la tr o is iè m e f o i s . ) A n to in e O w lig . O M a z z e ! parle : s o n t -c e c e u x d e R u - ro g n e , qui m a in te n a n t e x e r c e n t d a n s le

p a y s u n e dure a uto rité ?

( L a M a z z e s ’in c lin e p r o fo n d é m e n t ; m u r m u r e s p a r m i le p e u p le .)

E s t-c e le g o u v e r n e u r ? L e pu issa n t, le fier baron do n t le nom e s t G uic hard ?— le c h e v a li e r qui d e m eu re à B e a u r e g a r d ? (L a M a z z e s ’in c lin e t) p lu s ie u r s r e p r is e s ta n d i* q u e le s m u r m u r e s g r a n d is s e n t p a r m i le

p eu ple.)

O p e u p le d e B r ig u e ! L a M a z z e a parlé ! L e traître a la patrie e s t d é c o u ­ vert ! Que tardes-tu à lui d é c la r e r une s a n g l a n te v e n g e a n c e ?

(17)

(A jtr è * a tte pau se.)

Mort à l ’e n n e m i !— Mort au traître à la patrie !

L e p e u p le .

Mort à l ’e n n e m i !—Mort au traître à la patrie !

( T a n d is q ue A n to in e O w lig c o n tin u e d e p a r l e r , le p e u p le r ép è te ces m o ts avec u n e c o ltr e c r o is ­ sa n te .)

A n to in e O w lig .

C elui qui fo u le a u x p ie d s tous l e s u s a g e s <lu pa y s, rompt e t c o n c lu t les traités s e ­ lon un c a p r ic e a rbitraire, qui vend m êm e le p a y s à d e s c o m t e s é tr a n g e r s !

L e p e u p le .

Mort à l’e n n e m i !— Mort au traître à la patrie !

A n to in e O w lig .

L ’a v id e qui s e nourrit d e s b ie n s du p a y s , qui refuse a u x so ld a ts leu r j u s te sa la ir e e t c h a s s e le s p a u v r e s de s e s c h â t e a u x o p u le n ts î

L e p e u p le .

Mort à l ’e nnem i ! Mort au traître à la patrie!

A n to in e O w lig .

Qui s a n s r aison ha it l e s C o n fé d é r é s , étouffe v io le m m e n t la lib e r té populaire, re m p lit le p a y s d e p la in te s e t d e d o u

-L e p e u p le .

Mort à l’e nnem i !— Mort au traître à la patrie !

A n to in e O w lig .

Qui surprend nos c o n s e i l s , j e t t e nos m eilleurs h o m m es d a n s le s fers e t les fait a v e u g le r a v e c l a pierre in fe r n a le !

L e p e u p le .

Mort à l ’e n n e m i ! —Mort au traître à la patrie!

A n to in e O w lig .

Eh b ie n ! V a illa n t p e u p le de B rigue ! Tu a s j u r é au traître la v e n g e a n c e bien m ér itée e t ter r ib le qui va frapper s a tête a ltière ! — e t afin d e rendre plus sé r i­ e u x le serm ent, q u ’e n d é p it de la ré­

s is t a n c e de l ’e n n e m i, no us tiendro ns irr é ­ v o c a b le m e n t — v o y e z , d a n s m a m a in ce

clou d e f e r y le plus pointu e t le p lu s

lo n g que j ’ai pu trou ver — j e l’e n fo n c e d a n s la M a z z e e n s ig n e de déterm ination e t de fidélité.

(I l en fo n c e a u m o y en d ’u n m a r te a u le clou d a n s la m a ssu e.)

V o i x n o m b reu ses.

N o u s dem eu rero ns fid è le s à notre s e r ­ m en t a ussi l o n g te m p s q ue le c lo u tiendra d a n s la M a z ze .

A n to in e O w lig .

M a i s , no tre p e uple d e B r ig u e , il faut q u e n o tre v e n g e a n c e s o it forte com m e no tre e n n e m i. V o is ! la M a z z e se d r e s s e sur un e m a ss u e ta illé e d a n s u n tronc d ’arbre : c ’e s t a v e c u ne m a ss u e q u ’il faut é c r a se r l ’e n n e m i — , tel le g é a n t a ba ttit le farouche Ur. E t qui e s t c e g é a n t ? qui e s t la m a ssu e ? L e g é a n t , c ’e s t le p e u p le du H a u t-V a la is ! L a m a s s u e — h a ! le landstourm tout e n t ie r !

V o i x n o m b reu se s.

H ourrah ! L e landstourm e s t d é c id é !

A n to in e O w lig .

M ais il faut no us mettre p rom ptem ent à l ’œ u v r e , ca r n o u s a v o n s pour a d v e r ­ s a ir e s la v io le n c e , la trah ison e t la ruse. Il faut q u ’en s e p t j o u r s le landstourm soit p r ê t à s e p r é c ip iter d a n s la v a llé e du R h ô ne, o ù toutes le s e n c e in t e s s e ro n t f o r c é e s , tous l e s c h â t e a u x d e s tyrans r e n v e r sé s , tous le s n id s de la n o b le s se brûlés ! Ha! N o u s r é g le r o n s enfin , co m m e il c o n v ien t, a v e c les e n n e m is du p a y s qui o n t lo n g te m p s fo u lé no s dro its, e t le V a la is r eco uv rera la lib erté !

L e p e u p le .

L e V a la is recouvrera la l ib e r té !

A n to in e O w lig .

(A u H é r a u t d ’a r m e s, en éle va n t la c o ir .) E t toi, héraut d ’arm es, lè v e - t o i ! E t c o n d u is la M a z z e da ns to u s l e s v i ll a g e s d e notre patrie ! Qu’e lle se m ontre au pied de la Furca, d ’où s ’é la n c e n t v iv e s e t lim p id e s le s s o u r c es du R h ô n e ;

q u ’e lle se m ontre d a n s la profonde v a llé e de V iè g e où le C e r v in é lè v e son front s u perbe ; q u ’e lle s e m ontre au

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g r a n d g l a c i e r d 'A le ts c h qui s ’é te n d m a ­ je s t u e u s e m e n t sur la L ö tscJ ie n lü c k e ;

q u ’e lle s e m ontre partout, q u e partout e ll e a p p e l le le p e u p le à son a i d e ! E t co m m e no us l’a v o n s fait à B r i g u e , il fa ut que partout le p e u p le pr ê te serm ent, — à C onches, à M o rel, à V i è g e , à S i e r r e ,— enfin d a n s tous le s d i x a i n s . D e m ont

g é a n t de la v a l lé e d e Conche8, T h o m a s in d e r B ü n d e n , a j u r é au p ied du r o cher d e l ’E v ê q u e : „ L e j o u r d e l a M a z z e e s t le j o u r d e la l i b e r t é !“ L e s t a m b o u r s b a tte n t et s ’élo ig n en t r a jd d c - m e n t a r e c la M a t z e , m ir q u o i L e p e u p le

e n m ont, de v a l lé e en v a l lé e , il faut qu e : rép è te a rec d e g r a n d e s c la m e u r s r e te n tiss e le j u s t e c o urro ux du V a la is L e j o u r d e la M a z z e e s t le j o u r de la

qui s e l è v e . A lo r s s e vérifiera c e qu e le [ liberté !

Quittons m aintenant Brigue pour faire, non loin de là, une visite à Glis. L ’ancien couvent de capucins, à gauche de la route, est depuis longtemps en ruines et son église sert de théâtre à la jeunesse studieuse. Nous suivons l ’allée de peupliers et en dix minutes nous atteignons le très-ancien village de Glis (Ecclesia), l’antique pèlerinage de „Notre bonne D am e“. Il possède la plus grande église du pays ; et sa paroisse, très-éten d u e, ne mesure pas moins de t) lieues et comprend, outre Brigue et Glis, une quantité de plus petites localités: Gams, Ober- et Unterholz, Brigerbad, Eggerberg et toute la m ontagne de Brigue avec ses nom­ breux ham eaux.

Notre visite a surtout en vue les trésors artistiques de l’église. L ’impression générale de l’intérieur est gâtée pal­ le mélange répété des styles. Tandis que le chœur, bâti en superbe gothique, est déshonoré par un affreux autel rococo, la n ef romane et blanchie à la chaux, selon l’usage m oderne, possède doux merveilleux autels gothiques. Le portail latéral est aussi une ce livre gothique, mais le grand portail principal, en style italien moderne, est formé de fortes colonnes de serpentin ) et la tour, fréquemment modernisée, en style roman. Le chœur possède ime ancienne peinture allemande : l’Adoration des Mages ; cette vénérable œuvre d’a rt est un reste de l’ancien m aître-autel gothique. Les autres fragments sont derrière le nouveau m aître-autel. Il y avait autrefois dans le pays un grand nombre de ces autels à triptyques, 011 en trouve encore ici et là des restes. Ils furent, surtout dans le siècle dernier, remplacés par des autels-monstres,

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italiens modernes, produits d’un goût barbare. Dans la chapelle latérale de droite est un autel à battants, dont la sculpture sur bois, une m ater dolorosa, est insignifiante. L ’autel, au contraire, a une valeur pour l’historien, parce que le côté extérieur des battants représente l’ancien Brigue, tel qu’il était au 17e siècle. Mais une vraie perle de l’art, c’est l’autel gothique à triptyque de la chapelle St-Anne. 11 fu t fondé en 1519 par un bourgeois de Naters, le puissant gouverneur George A uf der Fliih (nommé aussi Supersax). Sur le côté extérieur des battants est peint son polirait, ainsi que celui de sa femme, M arguerite Lehner, et de leurs 23 enfants. L ’intérieur est exécuté en haut-relief doré sur bois, avec des figures caractéristiques. Les deux battants latéraux représen­ tent la naissance de Christ et l’adoration des Mages. Pour l’édification du lecteur nous donnons ici les quelques lignes que le chroniqueur Stumpfius a consacrées à la mémoire de George Supersax, digne contemporain du grand cardinal Schinner. Où le voyageur pourrait-il être, mieux qu’ici, disposé à écouter les récits naïfs de nos ancêtres?

„George auf der Fliih, autrefois chevalier et capitaine (autrefois la plus haute charge séculière en Valais), avait à Gliss au-dessous de l’é­ glise, une jolie petite maison flanquée d’une tour*), où il a souvent habité. Il était de sa personne un bel homme, de taille princière et ro­ buste. Dans sa jeunesse, il a acquis, d’abord au service des ducs de Milan et ensuite à celui des rois de France, non seulement une grande considération et un grand nom, mais encore la chevalerie, des biens et des pensions qui l’ont considérablement enrichi. Il était si vénéré du peuple, qu’aidé de ses partisans il accomplit plusieurs hauts faits dans le pays et chassa même les évêques et les princes, comme tu l’ap­ prendras ci-après. La fortune lui était soumise. Il épousa une belle femme du pays qui lui donna 23 enfants, filles et garçons. Il avait des habitations en plusieurs lieux, à Naters, à Gliss, à Sion la capitale, où était sa cour et son palais**) ; de même à Martigny dans le Bas-Valais il possédait l’hötellorie en face du château de l’autre côté de l’eau. Je ne puis énumérer ici scs biens et ses richesses que je ne connais même pas tous. Il avait l’âme haute et voulait être semblable à 1111 prince. A Gliss

*) Elle existe encore aujourd’hui, mais dans un état très délabré. **) Ce palais existe encore et mérite d’être visité.

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il a agrandi l’Eglise et s’est fait construire à droite une chapelle et sous l’autel un tombeau princier où ses restes n’ont jamais reposé. Sur les volets de l’autel, magnifiquement exécutés, il s’est fait représenter avec sa femme, ses fils et ses filles, et a fait graver dans la pierre contre la muraille l’inscription suivante en lettres d’or :

S. A N N A E D I V A E V I R G I N I S M A T R Î , G E O R G I V S S U P E R S A X O , M I L E S A V . H A N C C A P E L L A M E D I D I T A N N O S A L V T I S 1 5 1 9. A L T A R E F U N D A V I T E T D O T A V I T I V R E P A T R O N . H A E R E D I B U S S V I S R E S E R V A T O , C V M E X M A R G A R E T A V X O R E N A T O S X X I I I . G E N V J S S E T

Il a eu 12 fils et 11 filles et jamais je 11’ai vu plus beaux portraits

de parents et d’enfants que ceux qui sont représentés sur les volets de cet autel. Il vécut encore 10 ans après cette fondation ; dans sa vieillesse il fut haï du peuple et accusé d’avoir agi, par lettres et missives, contre sa patrie et d’avoir reçu du roi de France de grandes sommes sans en donner un fétu à ses compatriotes. Alors le peuple se souleva, l’an 1521), contre le susnommé George Supersax, lequel s’en étant aperçu, 11e voulut

pas attendre la Mazze, se leva dans la nuit et s’enfuit en traîneau à Ve­ vey au bord du Léman, où il mourut peu de temps après et fut enterré ayant vainement préparé sa sépulture à Glis. Ainsi celui qui s’était sou­ vent révolté contre les princes et les évêques et en avait même chassé plusieurs du pays, fut à son tour banni de sa patrie par une révolte et enseveli à l’étranger. Ses nombreux enfants ne lui ont pas longtemps survécu. Je n’ai relaté toutes ces choses qu’afin que personne ne mette sa confiance dans la fortune et la prospérité, mais que chacun place en Dieu son inébranlable assurance.

A vant (le quitter l’église, il nous reste à je te r un coup d’œil sur la tribune de l’orgue. Le nouvel et excellent orgue est l’œuvre d’un jeune artiste valaisan, Conrad Carlen, le plus jeune rejeton de la famille Carlen de Conches, dans laquelle, depuis plusieurs générations, l’a rt de l’organiste est héréditaire ; la plupart des orgues du pays ont été construites p ar des membres de cette famille. Parm i leurs plus anciens ouvrages,

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BSKSS

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le magnifique orgue de la cathédrale de Sion, achevé en 1774, est le plus digne de remarque.

A environ un quart d’heure au-dessous de Glis est situé le bourg de Gams sur le Gamsabach, qui, sortant du Kanzcr- thal, couvre au loin la vallée de son gravier. L e nom de ce village insignifiant est bien connu des entomologistes de toutes les parties du monde. N ’est-ce pas là, en effet, qu’habite

Andereggen, le chasseur de papillons ? Ce simple paysan a

fait dans le monde des insectes des découvertes que pour­ raient lui envier de grands naturalistes ; aussi plusieurs papil­ lons portent-ils son nom. L a faune entomologique du Haut- Yalais, et principalement de la gorge du Simplon, est très- riche, surtout en espèces endémiques.

E n face de Gams, sur la rive gauche du Rhône, est situé Brigue les bains, therme gypseuse, où existait déjà en 1525 une maison de bains qui fut détruite par un éboulement ou un tremblement de terre. Pendant de longues années, l’eau therm ale s’écoula abandonnée dans le Rhône ; mais dans ces derniers temps, la source a été de nouveau captée et la maison rebâtie. Il serait fort à désirer pour l’hum anité souffrante, que ce bain d’antique renommée fût bientôt complètement rétabli.

Que l’am ateur d’histoire nationale nous suive à son tour jusqu’au m u r de Gams qui, à l’ouest de ce village, se pro­

longe comme un rem part du côté méridional de la montagne jusqu’au Rhône et ferme ainsi complètement la vallée supérieure. L ’origine et le but de ce rem part ne peuvent, il est vrai, être déterminés historiquement ; en tous cas, son genre de cons­ truction indique qu’il n ’a pas servi de digue à la sauvage Gamsa, mais de ligne de défense aux Vibériens contre les Sédunois. Stumpf, que nous avons déjà cité, a très-probable­ m ent rencontré l’hypothèse la plus juste. Laissons - le parler lui-même :

„II existe une très antique muraille que quelques-uns supposent avoir été construite par les Romains lorsqu’ils passèrent la montagne du Sim­ plon pour marcher contre les Gaulois. D’autres estiment que c’est un

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ancien mur de défense élevé par les Lépontîns supérieurs ou Vibériens, habitant les dixains de Conches et de Brigue, contre les attaques des Sé- dunois, tribus habitant entre ces lieux et la rivière Morsa en aval de Sion : car les Sédimois ont eu de tous temps beaucoup plus do nobles et de puis­ sants seigneurs et ils ont porté le joug de la servitude plus que les Vi- bériens du Haut-Valais, comme le prouvent les puissantes résidences seigneuriales de Viège, Rarogne, Châtillon, Louëche, Bierre, Beauregard, Gradetz, Anniviers, Sion, etc. Cependant avec le temps les deux tribus des Yibériens et Sédunois, ayant été réunies sous un même gouvernement et s’étant en grande partie affranchies des dits seigneurs après avoir détruit leurs chateaux-forts, on ne prit plus garde à la muraille de défense qui est tombée en désuétude.14

A u commencement de ce siècle, on a trouvé à cet en­ droit, en creusant les fondations d’une grange, plusieurs armes, entr’autres une hallebarde cassée et deux glaives rouilles.

Avec ce rem part étaient sans aucun doute en rapport les collines qui s’avancent fort loin dans la vallée et sur lesquelles, selon la tradition encore courante parmi le peuple, des feux étaient allumés autrefois en cas de péril pour appeler le peuple sous les armes. Ces signaux sont encore connus dans tout le Haut-V alais : près de Brigue, le Biihl contre la montagne de Brigue et au-dessus de Gams le Rohrberg ont servi à ce but. De ces deux points on jo u it d’une vue magnifique.

D u reste, les environs de Brigue abondent en promenades charmantes. Nous n ’en mentionnerons que d eux: au „ Closi“ et à la „Burgspitze

L e „ Closi“ est une gorge près de Katers, dont la visite exige d’une heure et demie à deux heures. Des fissures mystérieuses à travers de hautes parois de rochers, des groupes d’arbres procurant une ombre délicieuse, des sources jaillissantes, des ruisseaux rapides et une luxuriante végétation, répandent un charme magique sur ces lieux ; aussi n ’y a-t-il rien d’étonnant, que, de tout temps, elle ait été beaucoup visitée. On montre encore aujourd’h u i, en un endroit retiré , deux sièges taillés dans le roc sur lesquels le cardinal Schinner et le gouverneur Supersax se sont souvent reposés, dit-on, dans le u r jeunesse, en devisant des in­ térêts du pays. Qu’il eût mieux valu pour le pays, que

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l’amitié de jeunesse de ces deux grands hommes durât toute leur vie!

Quant à la „ Burgspitze“ (environ 1100 m au-dessus de la mer), on y arrive de Brigue en une forte heure. On suit la route du Simplon, en longeant la „montagne de B rigue*, ju sq u ’au refuge No. 1, dans le ham eau de „Schlucht“. De là, un sentier rapide conduit en peu de minutes par le calvaire à la chapelle de la Burgspitze, d’où l’on jo u it d’une vue étendue.

Avant de continuer notre course, il nous reste à mentionner quelques particularités de la vie des plantes dans les environs de Brigue. Mais pour l’intelligence de ce qui suit, il est nécessaire de comparer, ne fût-ce qu’à grands traits, la flore de cette contrée avec celle de la vallée inférieure du Valais.

Une excursion dans la vallée du Rhône en la remontant du Léman à la Furca, présente à cet égard un grand nombre de phénomènes re­ marquables ; on peut dire que d’heure en heure et avec chaque courbe de la vallée, la végétation change, offrant au collectionneur de nouvelles raretés, raretés qu’il chercherait vainement ailleurs, soit en Valais, soit même dans toute la Suisse.

Par exemple, la région en aval de la cluse de St-Maurice, placée sous l’influence du climat des bords du lac a une tout autre flore prin­ tanière que la vallée intérieure du Rhône. Là. une fraîcheur vivifiante ; ici, la rocaille brûlée, desséchée par le soleil. Aux premiers jours dç printemps colline et plaine brillent déjà, dans la partie inférieure d’une riche floraison, tandis que, dans le Valais proprement dit on ne trouve çà et là que quelques petites plantes des plus rares, précieuses trouvailles pour le botaniste connaisseur des lieux. La primevère inodore et acaule, (ainsi que les espèces bâtardes), l’anémone Sylvie et fausse renoncule, l’ail des ours, le pied do veau, l’asaret d’Europe, le daphné laurèole, le fragon piquant e t,d ’autres parent déjà au mois de mars les forêts et les prairies du bassin lacustre. Au-dessus de St-Maurice, au contraire, fleurissent à cette même époque, sur les pentes très chaudes et abritées, particuli­ èrement près de Branson et de Sion, l’anémone des montagnes, le bul- bocade printanier, la gagée des roches, l’adonide printanière, qui appar­ tiennent à une flore plus méridionale. Même sans sortir d’une famille de plantes, nous trouvons dans les deux régions de la vallée du Rhône des circonstances toutes différentes. Nous cherchons en vain dans la partie inférieure les violettes d’Etienne, des sables, des collines et singulière, répandues en si grande quantité de Martigny jusque bien haut dans la vallée du Rhône ; au contraire, les violettes blanches, des ombrages et

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multicaule se présentent fréquemment dans les petites forêts de châtaigniers et de mélèzes de St-Maurice, Monthey et jusqu’à Vouvry.

Nous irons plus loin encore, nous affirmerons que chaque localité du Valais, chaque vallée secondaire, presque chaque alpe offre ses espèces particulières qui souvent sont exclusivement propres à ce lieu. Le trochis- canthe nodiflore dans les environs de St-Maurice; le saxifrage à fleur blanche, la vésicaire utriculée et Torchis sureau dans les environs ro­ cailleux de Vernayaz; l’hélianthème à feuille de saule près de Branson; plusieurs ombellifères dans les environs de Martigny ; des papillonacées dans les forêts de châtaigniers de Fully; le chèvre-feuille d’Etrurie à Saillon, et vis-à-vis, au-dessous d’Iserabloz, le sisymbre de Hongrie et le dracocéphale d’Autriche. Là commencent à paraître, particulièrement à l’entrée des vallées secondaires, parmi les rochers de leurs étroites gorges d’érosion, dans le groupe des Andrialoïdées des Hiéracées polymorphes en grande quantité et avec une richesse de formes qui n’est pas encore assez connue. Près de Contliey nous trouvons la thurgénie à larges feuilles, le pavot hybride et le passerage à feuilles de gramen; près de Sion, à côté de la tulipe aiguë, l’iris aquatique, Punica Granatimi et surtout des plantes qui croissent dans la bruyère à l’ardeur du soleil, telles que l’éphédra helvétique, le cactier commun, le saxifrage bulbifère, le paturin mignon et d’autres. De Sierre à Louèche, à l’ombre des pinastres dont la couronne déployée en éventail rappelle les pins d’Italie, se montrent la coronille naine et l’euphraise gluante. Un peu plus haut, près de Gampel, l’arbre à perruque (Rlius cotinus) forme de véritables petites forêts et à Yiège nous trouvons le sisymbre Irio et le dictame blanc. Nulle part ailleurs que sur le Grand St-Bernard ne se récoltent en si grand nombre de magnifiques pédiculaires, ainsi que le cerfeuil élégant; dans la vallée de Bagne la laiche brûlée et le saxifrage diapen- soïde, dans la vallée d’Héremence la laiche microglochine, à Zermatt seulement la potentine douteuse, la raiponce rampante, le scirpe des Alpes, le thlaspi alpestre, l’alysson alpestre, l’ail dressé, les plus rares variétés de laiches (Carex) ; — à Saas Falsine arétioïde, la pleurogyne de Ca- rinthie, l’artémise naine etc. etc.

Brigue, avec la montagne de Naters et le pied septentrional du Simplon, nous offre à son tour une végétation dans laquelle se reflètent fidèlement le climat particulier du Valais, la nature de son sol, la variété de ses terrains.

Dans la „Flore de la Suisse“, du Dr. H. Christ, nous lisons: „Ce n’est que bien au-dessus de Brigue, dans la région où les affluents du Rhône ne sont plus que des torrents qui descendent des glaciers, que disparaît ce dernier reflet du Midi, sous l’âpre souffle du climat alpestre.“

En fait de plantes cultivées, il faut noter le châtaignier et le noyer, d’excellents fruits à pépins et à noyau (même l’abricot), le maïs et le

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froment, un peu de vigne et le safran, dont la culture est aujourd’hui abandonnée à cause de son peu de rapport. Parmi les plantes sauvages des environs de Brigue, nous mentionnerons les suivantes : la gesse sphérique, la bugrane gluante, le géranium écarté, l’achillée tomenteuse et noble, la campanule épiée, l’iris d’Allemagne, le vélar de Suisse et blanchissant, le dactyle d’Espagne, la centaurée du Valais, la vesce de Gérard, l’androsace majeure, l’anémone de montagne, le pigamon fétide, le genévrier Sabine, l’arabette des roches, la potentille des roches, la koelérie du Valais, la stipe plumeuse et chevelue, la violette des collines et des sables, ainsi que sa variété livida, et ainsi de suite.

Mais en gravissant la montagne de Naters, nous trouvons l’œillet attrape-mouches (Siletie Arm eria), le gaillet du Piémont (ces plantes, ainsi (pie la gesse sphérique sont communes à Naters et au chaud Branson)* l’épervière à feuille de laitue, la lychnide fleur de Jupiter, le cresson des Pyrénées, le cytise alpestre, la violette de Thomas, l’asphodèle blanche et deux plantes particulières, la centaurée axillaire et le saxifrage coty­ lédon, qui ont dû arriver là par-dessus le col du Simplon. On les retrouve sur la pente sud du Simplon, où elles sont plus près de leur patrie, les Alpes de la Haute-Italie. Les autres espèces citées, au contraire, sont endémiques au Valais ou proviennent de la flore des Alpes françaises méridionales, de la plaine ou do la Méditerranée, et atteignent dans la vallée du Rhône leur limite la plus orientale.

Sur le versant nord du Simplon, au contraire, le botaniste est réjoui par l'apparition de quelques épervières rares, telles que la laineuse, la mouchetée et leur forme bâtarde; en même temps l’épervière du Simplon, nouvel objet d’étude (Wolf). Ensuite l’astragale de Montpellier et de l’Oural et principalement les deux charmantes crucifères : Fœtliionème des roches et la matthiolée du Valais. Dans le lit de la Saltine l’œil est ici et là surpris par un aimable enfant de la flore alpestre, qui, des hauteurs du Simplon est venu s’égarer là ; mais nous parlerons en temps et lieu de la magnifique flore alpestre du massif du Simplon et de ses vallées secondaires, ainsi que de la richesse de fleurs de son versant méridional.

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II. Le Simplon.

„H ier, w o d e r F c lsc n w n ll, v o n G ott g e b a u t, „ D e n ka lte n Nord v o m w arm en Sü d en scheidet, „M onte L e o n e s to lz h e r nied erscha ut,

„ D e n F u s s in W a ld , d ie B rust in E is g e k le id e t , „ H ie r fasst d e s N o r d e n s S o hn der S e h n su c h t W eh „Nach d e n G efilden iiber’m e w ’g e n Sc h n e e . „Er s ic h t im G eist d a s w u n d e r sc h ö n e Land, „ W o a u s d en H a in en g o l d ’n e F r ü c h te lä ch eln , „Ob d em sic h e w ig b la u der H im m el spannt, „ W o L ic b e s h a u c h d ie F r ü h lin g slü fte fä ch eln , „Und d e r V e su v a ls A b en d o p fer raucht, „ W e n n in d a s w e ite M eer d ie S o n n e taucht. „ W o hl hat d e s g r o s s e n K o rsen M achtgebot „D em W e ltv e r k e h r hier e in e n W e g gesehalFen, „ D o ch a u f d e n schroffen H ö h e n w e h t d er Nord. „ L a w in en , S c h n e e und Sturm sin d s e in e W affen, „Mit d e n e n e r am A b g ru nd d ro hend steht, „ W a n n W in te r s d ie s e n W e g der W ancl’rer g e h t.

L . L . von l i o t e n .

A . Notes historiques sur le passage du Simplon.

les toutes premières colonies des Romains de ce •ci des Alpes on cite celles- du Valais, au nombre desquelles Octodurum, aujourd’hui Martigny, occupe le premier rang. C’était la clef et le boulevard du passage du Grand St-B ernard de si haute importance pour les expéditions des Romains et appelé par eux Mons Jovis, Mont de Jupiter, parce qu’ils avaient élevé sur son sommet un temple à l’honneur de ce dieu.

Le Bas-Valais, fort peuplé, ne fut toutefois conquis que l’an 57 après J.-C . par Sergius Galba, capitaine de Jules César,

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bien que le col du Petit St-Bernard passe pour avoir été u ti­ lisé auparavant par les conquérants romains, ainsi que les passages du Splugen, du Bernardin, du Septimer et du Julier qui, à l’est du St-Gotliard, conduisent dans le Rheinthal. Mais aucune de ces voies militaires romaines ne dépassait en im ­ portance celle du Grand St-B em ard, particulièrement depuis

B r i g u e d u c o lè d u s u d .

que par l’ordre de César une bonne route, plus tard améliorée par Auguste, y eut été construite.

Il est par conséquent rem arquable que la civilisation ro­ maine n ’ait pas pénétré dans la vallée du Rhône plus avant que Sion, le Sedunum des Romains. C’est en vain qu’on cherche dans la partie supérieure du pays ces inscriptions romaines, ces pierres milliaires, ces ruines de temples et de bains, té ­ moins d’une civilisation disparue qui a fleuri dans le Bas-Valais

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ut dont Ics traces couvrent le pays tout entier en aval de Sierre.

Les Vibériens, les Sédunois, les V éragriens et les Nan- tuates, peuplades gauloises qui habitaient à cette époque la vallée du Eliòne jusq u ’au Léman, étaient, il est vrai, en re­ lations amicales entr’eux; mais il paraît que les Vibériens, habitants du H aut-V alais, surent résister avec plus de bonheur au joug des Romains, ou que ceux-ci ne se soucièrent guère de posséder ce pays pauvre, âpre et inhospitalier. Peut-être aussi les passages des Grisons à l'est et du Grand St-Bernard à l’ouest suffisaient-ils aux besoins adm inistratifs et militaires des Romains, enfin il est possible aussi que les habitants de la Doveria et de la Toccia fussent moins aptes à la civilisation romaine que ceux des bords de la D oria, les Salassions. En tous cas, il est certain que les passages du H aut-V alais par le Mons Sempronius et les cols voisins, l’Albrun, l’Antrona, le Monte Moro et le St-Théodule n ’acquirent jam ais au temps des Romains une importance égale et ne furent peut-être jam ais utilisés comme routes militaires, mais ne prirent quelque valeur que plus tard, au moyen-âge, comme voies de commerce.

Il n ’y a, d’au tre part, aucun doute que déjà dans les premiers temps do la domination romaine, un chemin, une route à mulet, de deuxième ou troisième ordre, conduisait à travers le Simplon. L e Valais, détaché du reste de la Gaule, forma d’abord la Province pennino, qui relevait du gouverneur de la Rhétie; plus tard seulement, il fut séparé de la Suisse orientale et placé sous un procurateur „Procurator Alpinum.

Atractianarum et Poeninarum “. Le Valais formant ainsi une

seule province avec la Lévantine actuelle, fut nécessairement en communication directe avec celle-ci. L e Simplon seul y était propre.

Ce n ’est pas seulement de cette dépendance politique que nous concluons à l’existence d ’un chemin à travers les défilés du Simplon, mais encore d’une inscription gravée sur un rocher près de Vogogna, au-dessous de Domo d’Ossola. E lle est m al­ heureusem ent en partie effacée par le temps. Elle porto:

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V ia. F a c t a e x H S. XIII. D C. C. D o m itia D e x t r a II. P . F u s c o c oss.

M. V a le r io — — — —

Cura tarib — — — — — O.

V e n u sti c o n — — — — - - — C. T.

Marmor — — — — — —

Los historiens Mommsen et Labus ont déchiffré cette inscription et tous deux sont d’accord qu’elle date de l’an 196 après la naissance de Christ. L e premier y voit en outre que c’était un simple sentier et non une „Via publica“, route mi­ litaire, qui conduisait à travers le Simplon par la vallée de la Toccia; sentier entretenu soit par des municipalités, soit par d’autres sociétés publiques, mais dont les frais d’établissement ne m ontèrent qu’à 13,600 sesterces (1 sesterce valait un peu plus de dix centimes de notre monnaie actuelle).

Après la chute de la domination romaine commença pour le Valais une époque d’abandon et de misère. Ses vallées secondaires se dépeuplèrent de plus en plus et ne furent plus visitées que dans la belle saison, par quelques pauvres bergers. Rarement un voyageur s’aventurait dans les défilés des montagnes. Cet état de choses dura jusq u ’au X H mc siècle, époque des émi­ grations allemandes ; c’est à cette période m alheureuse que se rattachent les incursions des Sarrasins, dont le centre d’opé­ rations était leur repaire de F raxinetum . Dans l’année 940, ils occupèrent le Grand St-B em ard et brûlèrent St-Maurice. L a route du Grand St-B ernard leur fut dans la suite si connue et de si grande importance, qu’ils donnèrent son nom à toute la chaîne des Alpes : — Mont D schaus, du latin Mous Jovis, eu français Mont Joux. E n 975, un term e fut mis à leurs déprédations par les princes alliés de Provence, alors qu’ils s’étaient enhardis à faire prisonnier, près d’Or- sières, Mayeul, abbé de Cluny qui, sans souci, s’en allait en pèlerinage à Rome. Les Sarrasins poursuivis se réfugièrent, dit-on, dans les vallées les plus ignorées des Alpes valaisannes méridionales ; les habitants de Saas, d’Anniviers et de la vallée d’Evolenaz passent pour descendre en grande partie de ces

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