N. Troillet
introduction
Soixante et un pour cent des plus de 1400 pathogènes res
ponsables d’infections chez l’humain sont d’origine animale.1 Le terme zoonose peut évoquer des maladies exotiques. Or, l’exposition potentielle à des pathogènes d’origine animale est commune, également en Suisse, en particulier lors de contact avec des chats et des chiens.2 Bien que domestiqués depuis des millénaires, ces animaux sont devenus ces dernières décennies des membres à part entière de nombreux foyers dont ils partagent la vie. Il est par exemple es
timé que 30% des huit millions de chiens français et 45% des deux millions de chiens néerlandais dorment sur ou dans le lit de leur propriétaire.3 Des propor
tions qui s’élèvent respectivement à 45 et 62% pour les neuf et trois millions de chats de ces deux pays.3
Les principales zoonoses associées au chien et au chat sont recensées dans le tableau 1. Certaines sont discutées ciaprès selon leur voie de transmission.
morsures
Les morsures, essentiellement dues à des chiens (environ 70%) et à des chats (environ 20%), représentent environ 1% des consultations dans un centre d’ur
gen ces.4,5 Les morsures de chien recensées en Suisse en 2009 étaient le fait du propre chien de la personne mordue dans 14% des cas et celui d’un animal connu de celleci dans 44% des cas.6
Les morsures de chat causent plus souvent une infection que celles de chien.4 Les blessures punctiformes, occasionnées par les dents du chat sont moins déla
brantes mais plus profondes. Elles peuvent atteindre une articulation ou un os (par exemple, au niveau de la main) et causer une arthrite septique ou une ostéite.
La plupart des infections faisant suite à une morsure sont polymicrobiennes et contiennent des bactéries aérobies et anaérobies, provenant à la fois de la bouche de l’animal et de la flore cutanée du patient.4
Une infection menaçant le pronostic vital peut survenir, en particulier si Capno- cytophaga canimorsus, Pasteurella multocida, Staphylococcus aureus, Streptococcus spp, ou Infections transmitted from cats and dogs
The risk of zoonose transmitted from cats and dogs has increased as these animals have been more and more included in family life to become real household members. This paper reviews the main bacterial, parasitic, viral and fungal infections that could be trans
mitted to humans by these pet animals in dif
ferent situations. Although the risk of human disease is relatively low for most of the presen
ted infections, its recognition is important to prevent some exposures, to apply correct pro
phylactic measures after bites, and to include these zoonoses in the differential diagnosis in case of illnesses that could have an in
fectious origin, particularly in immunocompro
mised patients.
Rev Med Suisse 2014 ; 10 : 1859-63
Le risque de zoonose transmise par le chien et le chat a aug
menté avec leur intégration grandissante dans la vie des fa
milles, dont ils sont souvent considérés comme des membres à part entière. Cet article recense les principales infections bac
tériennes, parasitaires, virales et fongiques potentiellement transmissibles par ces animaux de compagnie lors de divers types de contact ou situation. Le risque de maladie humaine reste relativement faible pour la plupart des infections qui y sont discutées. Il importe cependant de le reconnaître afin de prévenir au mieux certaines expositions, d’appliquer les bon
nes mesures prophylactiques en cas de morsure et d’inclure ces zoonoses dans le diagnostic différentiel lors de tableaux cliniques infectieux, en particulier chez les personnes immuno
déficientes.
Infections transmises par les chats et les chiens
le point sur…
Pr Nicolas Troillet
Service des maladies infectieuses Institut central
Hôpital du Valais
Avenue du Grand-Champsec 86 1950 Sion
nicolas.troillet@hopitalvs.ch
plus rarement Francisella tularensis, l’agent de la tularémie, sont impliqués.
C. canimorsus cause des sepsis graves, principalement chez des personnes immunodéficientes, incluant les splénecto
misés, les alcooliques chroniques et les cirrhotiques. Dans ces cas, la mortalité peut atteindre 25 à 30%, voire 60% en cas de choc septique.4 Les espèces du genre Pasteurella sont plus souvent retrouvées : dans 50% des infections faisant suite à une morsure de chien et 75% de celles faisant suite à une morsure de chat.7 Elles peuvent être à l’origine d’in
fections sévères telles que fascéite nécrosante, arthrite sep
tique et sepsis. En cas de bactériémie, la mortalité peut atteindre 25%.4
Afin de prévenir une infection potentiellement grave, une antibioprophylaxie à l’aide de substances couvrant ces pa
thogènes est recommandée dans certaines situations (ta
bleau 2).
Une prophylaxie contre le tétanos et contre la rage peut aussi être nécessaire dans certains cas, selon des schémas qui ont récemment été adaptés par l’Office fédéral de la santé publique (tableau 3).810
griffures
,
léchage,
baisersLes griffures de chat constituent un risque reconnu pour la maladie du même nom, qui peut aussi parfois être trans
mise par un chien. Bartonella henselae présente dans les fèces des puces dont l’animal est porteur, colonise ses griffes, son pelage ou sa bouche.3 Quelques données suggèrent qu’elle peut ausi être transmise par le léchage de la face de leurs propriétaires par leur animal de compagnie ou lors de con
tacts proches tels que le partage de son lit avec lui.3 Etre lécher par un chat ou un chien ou l’embrasser consti
tuent aussi des mécanismes d’acquisition déjà rapportés pour des infections à Pasteurella spp, Capnocytophaga canimor- sus, S. aureus résistant à la méticilline (MRSA) et pour la rage.3 Une infection fatale due à C. canimorsus a été décrite chez un patient splénectomisé âgé de 44 ans. Il présentait des cou
pures superficielles de ses mains et avantbras qui étaient léchés par son jeune chiot.11 De même, la source d’infec
tions récidivantes dues à un MRSA chez un couple était leur chien, porteur asymptomatique au niveau de ses narines, qui dormait avec eux et les léchait régulièrement.12
crottes
,
environnement etplacesdejeu Le tube digestif du chat et du chien peut compter de nombreux pathogènes bactériens transmissibles à l’humain.Ainsi, les infections à salmonelles, Campylobacter spp, E. coli entérohémorragique ou Listeria monocytogenes, si elles ont souvent une origine alimentaire, peuvent aussi provenir d’un animal de compagnie. Il a été démontré que les proprié
taires de chats et de chiens étaient à risque augmenté de gastroentérite à Campylobacter et qu’ils étaient infectés par les mêmes souches que leur animal.13 De plus, les chiens Types de zoonose Maladies et/ou agents Chat Chien
Bactérienne Anthrax X X
Maladie des griffures de chat X (Bartonella henselae)
Brucellose X X
Campylobacter spp X X
Capnocytophaga spp X
Escherichia coli O157-H7 X X
Fièvre Q (Coxiella burnetii) X X
Leptospirose X X
Listériose X
Pasteurella spp X X
Rickettsies X
Salmonellose X X
S. aureus résistant à la méticilline X (MRSA)
Tularémie X X
Yersiniose X
Virale Rage X X
Parasitaire Cryptosporidiose X X
Gale (Sarcoptes scabiei) X X
Giardiase X X
Echinococcose X
Larve cutanée migrante X X (Ancylostoma spp)
Larve viscérale migrante X X (Toxocara spp)
Larve oculaire migrante X X (Toxocara spp)
Leishmaniose viscérale X
Toxoplasmose X
Fongique Teignes X X
Tableau 1. Quelques zoonoses associées aux chats et aux chiens
(Adapté de réf.2).
Tableau 2. Principes de la prophylaxie antibiotique en cas de morsure de chat ou de chien
(Adapté de réf.5).
Indications
• Blessure modérée à grave
• Plaie punctiforme, écrasement, délabrement
• Atteinte de la main ou du visage
• Proximité d’une articulation ou d’un os
• Immunodéficience (en particulier asplénie)
• Mauvais drainage veineux ou lymphatique Durée
3 à 5 jours Substances
A. amoxicilline/acide clavulanique ou, en cas d’allergie,
B. clindamycine r une fluoroquinolone ou, chez l’enfant, clindamycine r triméthoprime-sulfaméthoxazole
Dosages
A. 1 g PO 2 x/j (1re dose éventuellement 2,2 g IV)
B. clindamycine : 300 mg PO. 3 x/j (1re dose éventuellement 600 mg IV) r ciprofloxacine : 500 mg PO 2 x/j ou lévofloxacine : 750 mg PO 1 x/j ou moxifloxacine : 400 mg PO 1 x/j
Dosages pédiatriques selon le Compendium
et les chats peuvent souffrir de leptospirose et leur urine constituer une source d’infection pour les humains.14
Ces animaux sont également les hôtes de nombreux pa
rasites :
• les Giardia et Cryptosporidium animaux diffèrent des espè
ces responsables de gastroentérites humaines et ne jouent pas un rôle épidémiologique important.15,16
• Le chien est l’hôte final principal d’Echinoccocus ganulosus, le Taenia responsable de l’échinococcose kystique, absente de Suisse mais endémique dans des pays proches tels que l’Italie, l’Espagne, ou le Portugal.17 L’hôte final principal d’Echinococcus multilocularis, l’agent de l’’échinococcose alvéo
laire, endémique en Suisse, est le renard, mais le rôle du chien a peutêtre été sousestimé.17,18 En effet, au moins 9% des chiens suisses s’infestent une fois en l’espace de dix ans par E. multilocularis et disséminent alors durant 120 jours les œufs du parasite dans leurs crottes.18 Après ingestion par leurs hôtes intermédiaires naturels (essentiellement des animaux d’élevage tels que moutons, chèvres, vaches pour E. granulosus et petits rongeurs pour E. multilocularis), les œufs d’échinocoques éclosent dans leur intestin. Les larves en
vahissent alors leur foie et complètent leur cycle de vie lorsqu’un chien ou un renard en mange.18 L’ingestion acci
dentelle d’œufs d’échinocoques par les humains survient lors de contacts avec des hôtes finals infectés, leurs fèces ou des végétaux ou sols contaminés.18
• Les nématodes Toxocara canis et T. cati se développent et vivent dans l’intestin grêle des chiens et des chats, leurs hôtes définitifs. Ils produisent des œufs qui contaminent l’environnement et peuvent être accidentellement ingérés, notamment par des enfants qui jouent dans des bacs à sable ou des terrains de jeu souvent fortement contaminés dans tous les pays du monde.19 Contrairement à ce qui se passe chez leurs hôtes définitifs, les larves écloses dans l’intestin humain n’évoluent pas en vers adultes. Elles tra
versent la paroi intestinale pour errer à travers le corps durant des mois et jusqu’à plusieurs années, atteignent plu
sieurs organes tels que les poumons, le cerveau, le foie ou les yeux et provoquent les tableaux cliniques de larves vis
cérale migrante et oculaire migrante.19
• Ancylostoma braziliensae prédomine parmi les agents de larve cutanée migrante dont les hôtes définitifs sont les chiens et les chats. Largement répandues géographique
ment, les larves de ces nématodes éclosent dans les sols, souvent humides et sablonneux, contaminés par les fèces de leurs hôtes et pénètrent à travers la peau.20 Elles occa
sionnent une éruption papulaire ou vésiculaire plus ou moins prurigineuse ou une lésion serpigineuse caractéristique.20
• Le rôle du chat dans la toxoplasmose est bien établi. Le parasite atteint son stade mature dans son intestin, d’où il dissémine des sporozoïtes qui, une fois ingérés par un autre mammifère, se retrouvent sous la forme de bradyzoïtes dans divers organes qui peuvent être mangés par le chat, permet
tant ainsi l’accomplissement du cycle.21 L’humain s’infecte lors d’ingestion accidentelle de sporozoïtes présents dans les fèces d’un chat infecté ou lors de consommation de viande contaminée par des bradyzoïtes.21 Très répandue (sé
roprévalence à l’âge adulte oscillant selon les pays entre 20%
et plus de 70%), la toxoplasmose, qui reste latente une fois acquise, est asymptomatique ou ne cause qu’une maladie aiguë bénigne chez la grande majorité des personnes infec
tées. Elle peut toutefois être grave pour les sujets immunodé
ficients, chez lesquels une infection latente peut se réactiver, causant par exemple des abcès cérébraux, et pour le fœtus lorsque la mère s’infecte en cours de grossesse.21 Le risque de toxoplasmose congénitale ayant été revu à la baisse en Suisse en 2008, un dépistage et un suivi sérologique en cours de grossesse ne sont plus recommandés dans notre pays.22
caressesetcontactétroit
Certains pathogènes présents sur le pelage des chats et des chiens peuvent être transmis à ceux qui les caressent ou vivent en contact étroit avec eux.
Le sarcopte causant la gale humaine (Sarcoptes scabies variante hominis) est différent de ceux atteignant les animaux et ne cause pas de maladie chez ceuxci. Certaines gales animales peuvent cependant être transmises à l’humain.23
Tétanos Rage
Remarque Toute blessure par morsure est considérée comme souillée La rage terrestre locale est absente de Suisse depuis 1996.
Les chauves-souris sont par contre toujours considérées comme
potentiellement infectées
Indications PEP pour toute morsure, à moins que le status vaccinal soit à PEP pour morsures de chien et de chat survenues en Suisse : (A et B) jour et qu’un rappel ait été effectué dans les 5 ou 10 ans si l’animal est malade, de propriétaire inconnu, a fugué ou
(cf. ci-après) provient d’une zone d’endémie (PEP peut être interrompue
A. Vaccination préalable incomplète (l 3 doses) ou inconnue si l’animal est en bonne santé après 10 jours)
B. Vaccination préalable complète, mais pas de rappel depuis A. Pas de vaccination préalable ou vaccination incomplète L 5 ans (personnes M 65 ans ou l 25 ans) ou depuis L 10 ans (l 3 doses)
(personnes entre 25 et 64 ans) B. Vaccination préalable complète
Procedere selon A. Immunoglobulines spécifiques (Tetagam N) 250 UI IM A. Immunoglobulines spécifiques (Berirab) 20 UI/kg si possible indication r 1 dose de vaccin combiné diphtérie-tétanos ou diphtérie- autour de la plaie (reste IM) r 4 doses IM de vaccin A ou B tétanos-pertussis, puis compléter selon schéma de rattrapage7 (jours 0, 3, 7, 14) avec sérologie au jour 21 (si nécessaire
B. Une dose de rappel par un vaccin combiné comme ci-dessus répéter vaccin et sérologie 1 x/sem. jusqu’à obtention
d’un titre d’anticorps de 0,5 UI/ml)
B. 2 doses IM de vaccin (jours 0 et 3) avec sérologie au jour 14
(si nécessaire répéter vaccin et sérologie comme ci-dessus)
Tableau 3. Prophylaxie postexpositionnelle (PEP) antitétanique et antirabique lors de morsure de chat ou de chien
(Adapté des réf.7-9).
De plus, même s’ils n’en souffrent pas, les animaux de com
pagnie peuvent servir de vecteurs occasionnels de la gale humaine.23
Deux espèces de dermatophytes zoophiles causant des teignes de la peau et des cheveux proviennent du chat et du chien : Microsporum canis et Arthroderma vanbreuseghemii.24 Ces champignons sont transmis lors de contacts étroits avec des animaux infectés ou porteurs asymptomatiques.24 Un prélèvement permettant l’identification du microorganisme par culture au laboratoire est important car les dermato
phytes zoophiles, contrairement à la plupart des espèces anthropophiles, sont résistants à la terbinafine et nécessi
tent le recours à la griséofulvine.24
Les œufs d’échinocoques et de Toxocara sont connus pour coloniser le pelage des chats et des chiens.17,25 Bien que ce phénomène ait été considéré comme une source poten
tielle d’infection humaine via la voie mainbouche, ceci reste controversé.25
femellesparturientes
,
naissancesetfaussescouches
Les agents de la fièvre Q (Coxiella burnetii) et de la bru
cellose (en particulier Brucella canis) peuvent infecter les chats et les chiens et occasionnellement être transmis à
l’humain, notamment lors de contacts avec des femelles ayant récemment mis bas ou eu une fausse couche.26
Ainsi, ont par exemple été rapportées une épidémie familiale de brucellose suite à la naissance de chiots 27 et, dans un village de NouvelleEcosse, une épidémie de fiè
vre Q attribuée à une chatte parturiente.28
puces
,
tiquesetautresvecteursLes chats et les chiens peuvent être infectés par divers microorganismes transmis par des vecteurs, tels que Bor- relia spp, Yersinia pestis, Francisella tularensis, Leishmania infan- tum, Bartonella spp ou Rickettsia spp. Dans certaines circons
tances, ceuxci peuvent passer de l’animal de compagnie infecté à ceux qui le côtoient.
Par exemple, Bartonella henselae, transmise entre chats par des puces, est présente dans les fèces de cellesci. Une maladie humaine survient lorsque le pathogène est inocu
lé par des griffes contaminées.3
L’infection humaine est vraisemblablement rarement se
condaire à l’inoculation d’un microorganisme par un vecteur qui effectuerait successivement un repas sanguin sur l’ani
mal de compagnie et un humain. Ce mécanisme est néan
moins à l’origine de la majorité des cas de leishmaniose viscérale due à Leishmania infantum, endémique dans le
Clinique Diagnostic Traitement Brucellose Fièvre, perte pondérale, adénopathie, Hémocultures, sérologie Doxycycline et gentamycine splénomégalie
Campylobactériose Diarrhées, fièvre Culture Azithromycine, clarithromycine
Echinococcose Masse hépatique, ictère, douleur CT-scan, sérologie, PCR sur biopsie Chirurgie, albendazole parfois à vie alvéolaire
(E. multilocularis)
Echinococcose Souvent asymptomatique, hépatalgies, CT-scan, sérologie, ponction Chirurgie, ponction avec injection d’alcool kystique ictère, toux, dyspnée, hémoptysie, sous ultrasons ou de NaCl, albendazole 3-6 mois, simple
(E. granulosus) troubles neurologiques surveillance possible si asymptomatique
Fièvre Q Fièvre, pneumonie, céphalées, hépatite Sérologie, PCR sanguine Doxycycline, fluoroquinolones Larve cutanée Trajet serpigineux, prurit Lésion typique, (biopsie) Albendazole
migrante
Larve oculaire Endophtalmite, granulome choroïdien Eosinophilie, lampe à fente Corticostéroïdes w albendazole,
migrante (toxocariose) vitrectomie
Larve viscérale Eosinophilie, toux, bronchospasme, Eosinophilie, leucocytose, sérologie Albendazole migrante fièvre, épilepsie, hépatosplénomégalie
(toxocariose)
Leishmaniose Fièvre, splénomégalie, cytopénie Examen microscopique de la moelle Amphotéricine B liposomale
viscérale osseuse, PCR, culture, sérologie
Leptospirose Syndrome grippal, conjonctivite, fièvre, Sérologie Pénicilline G, doxycycline, ceftriaxone ictère
Maladie des griffures Tuméfaction locale, adénopathie Sérologie Azithromycine de chat
Pasteurellose Infection de plaie Culture Amoxicilline/acide clavulanique
Salmonellose Diarrhées, fièvre, syndrome septique Culture Si infection sévère : ciprofloxacine Teignes Plaques érythémateuses, alopécie Examen microscopique direct, Antifongiques topiques ou systémiques
culture (terbinafine, griséofulvine)
Tularémie Syndrome grippal, adénopathie, pneumonie Sérologie Gentamycine
Tableau 4. Clinique, diagnostic et traitement de quelques zoonoses transmises par les chats et/ou les chiens (Adapté de réf.2).
pourtour méditerranéen, dont le réservoir principal est le chien et qui est transmise lors de la piqûre du phlébotome vecteur, la mouche des sables.29 La séroprévalence de la leishmaniose parmi les donneurs de sang de Monaco étant de 13%,30 cette maladie, assez souvent asymptomatique, est certainement relativement répandue dans les zones d’en
démie. Une fois acquise, l’infection pourrait parfois rester latente et se réactiver en cas d’immunodéficience, due no
tamment à un traitement immunosuppresseur.31
La transmission d’une maladie d’un chien ou d’un chat à ceux qui l’hébergent par une tique est aussi théorique
ment possible, mais difficile à démontrer. C’est en tous les cas le mécanisme qui a été retenu lors d’une épidémie fa
miliale de rickettsiose survenue en Suisse et attribuée aux tiques ramenées de voyage par un chien.32
conclusion
Bien que les bienfaits de la possession de chats ou de chiens comme animaux de compagnie, notamment sur la santé mentale, surpassent certainement les risques infec
tieux encourus, ceuxci ne sauraient être ignorés, particuliè
rement pour les personnes immunodéficientes telles que les receveurs de greffes.33
Le tableau 4 donne sommairement des informations pour le diagnostic et le traitement de quelques zoonoses trans
mises par le chat ou le chien.
Des mesures simples restent néanmoins essentielles
pour la prévention de telles infections : éducation des po
pulations à risque afin qu’elles évitent ou réduisent certains contacts, soins vétérinaires de routine pour les animaux de compagnie, prise en charge adéquate de leurs déjections et hygiène des mains.2,3,33
Implications pratiques
Les indications à des prophylaxies antibiotique, antitétanique et antirabique doivent être évaluées après chaque morsure de chien ou de chat
Les alternatives en cas d’allergie à l’amoxicilline/acide clavu- lanique sont une association de clindamycine r une fluoro- quinolone ou, chez l’enfant, de clindamycine r trimétho- prime/sulfaméthoxazole
En raison d’un risque très faible d’atteinte congénitale et de l’absence d’interventions dont le bénéfice est démontré, le dépistage et le suivi sérologique de la toxoplasmose ne sont plus recommandés pour les femmes enceintes en Suisse.
Les mesures de précaution restent valables, en particulier pour l’alimentation
Les contacts avec les animaux, notamment avec les chats et les chiens, doivent faire partie des conseils de prévention et de l’anamnèse, en particulier chez le patient immunodéficient
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L’auteur n’a déclaré aucun conflit d’intérêts en relation avec cet article.