[ Séminaire Transferts culturels ]
[2014-‐2015]
[UMR 8547 Pays germaniques, CNRS/ENS]
S EMINAIRE T RANSFERTS CULTURELS
P ROGRAMME 2014-2015
LE SEMINAIRE S’EFFORCE DE SUIVRE L’EVOLUTION DES RECHERCHES SUR LES
TRANSFERTS CULTURELS, NOTAMMENT MAIS PAS EXCLUSIVEMENT CEUX QUI IMPLIQUENT L’ESPACE GERMANOPHONE.
LES THEMES ABORDES SONT DELIBEREMENT VARIES, DE MANIERE A FAVORISER LES CONTACTS ENTRE DISCIPLINES ET LES DISCUSSIONS METHODOLOGIQUES. L’HISTOIRE DES SCIENCES HUMAINES CONSTITUERA TOUTEFOIS UN AXE FEDERATEUR : SERA AINSI ABORDEE DANS UNE PERSPECTIVE TRANSNATIONALE L’HISTOIRE DES SCIENCES DE L’ANTIQUITE, DE LA ROMANISTIQUE, DE L’HISTOIRE DE L’ART, DE L’AFRICANISME, DE L’ANTHROPOLOGIE PREHISTORIQUE, DE L’ORIENTALISME OU ENCORE DES ETUDES YIDDISH. LES ASPECTS POLITIQUES (CONSTRUCTION DES IDENTITES NATIONALES) ET INSTITUTIONNELS (HISTOIRE DES MUSEE, DES CHAIRES…) VIENDRONT ETAYER L’HISTOIRE INTELLECTUELLE.
LE SEMINAIRE EST OUVERT AUX ETUDIANTS DE TOUT NIVEAU, AINSI QU’AUX CHERCHEURS ET ENSEIGNANTS-‐CHERCHEURS INTERESSES. LA FREQUENTATION ASSIDUE VALIDE 3 ECTS DU DEPARTEMENT D’HISTOIRE DE L’ENS.
SAUF MENTION CONTRAIRE (VOIR PROGRAMME CI-‐DESSOUS, SEANCES DU 12 DECEMBRE ET 10 AVRIL) LES SEANCES ONT LIEU EN SALLE INFO 1 DE L’ECOLE NORMALE SUPERIEURE, 45 RUE D’ULM, 75005 PARIS, LE VENDREDI MATIN DE
9H30 A 12H30. LA SALLE SE TROUVE DANS LE BATIMENT RATAUD, AU 2E SOUS-‐SOL.
EMPRUNTER L’ASCENSEUR SITUE A L’ENTREE DU BATIMENT. POUR L’ANNEE 2014-‐2015 LES DATES SONT LES SUIVANTES: 17 OCTOBRE • 7 NOVEMBRE •21 NOVEMBRE • 12 DECEMBRE • 9 JANVIER • 23 JANVIER • 6 FEVRIER • 6 MARS • 20 MARS • 3 AVRIL • 10 AVRIL • 22 MAI • 5 JUIN
Contact: UMR 8547 Pays germaniques-‐Transferts culturels
michel.espagne@ens.fr, pascale.rabault@ens.fr, anne-‐marie.thiesse@ens.fr
17 OCTOBRE – H ISTOIRE SOCIALE DE L ’ ART
C HRISTIAN J OSCHKE (P ARIS X) : L ES PHOTOGRAPHES AMATEURS ALLEMANDS
Entre 1888 et 1914, la photographie s'est massivement diffusée en Europe et singulièrement dans la société allemande, profitant de l'activité de nombreux clubs photographiques. Ces clubs encadraient l'essor de la pratique photographique en publiant des revues, en organisant de grandes expositions qui impliquaient, avec la photographie d'art, de nombreux domaines d'utilisation de ce médium : l'astronomie, la biologie, l'anthropologie, la topographie et, de plus en plus fréquemment, la documentation du folklore européen. L'espace public ainsi formé faisait émerger une culture partagée à visée citoyenne, fondée sur les images. D'abord dédiée à l'éducation de l'œil en art et en science, cet espace public tendait de plus en plus à se replier sur les identités régionales et nationales en employant les amateurs comme source de documentation ethnographique.
S UZANNE P OURCHIER (P ARIS I) : L ES ARTISTES LITVAKS
Durant la seconde partie du XXème siècle, l’intelligentsia Litvake -‐ et les artistes en particulier -‐
s’inscrit dans un mouvement d’éveil national général aux peuples de l’Europe centrale et orientale. Dans ce contexte, les artistes adoptent des pratiques d’accumulation identitaire ou symbolique que l’on retrouve dans la plupart des autres nations : collectes ethnographiques par exemple, créations d’institutions d’art juif, etc. Opérant à cette occasion des transferts féconds, ils sont confrontés à des tensions qui leur sont propres (interdits religieux, sionisme, Bund) et qui parfois les poussent à l’exil. Dans ces conditions, leur formation et leur identité s’expriment largement en dehors de la zone de résidence où ces artistes ont été formés (École des Beaux-‐arts de Vilnius, école de Yehuda Pen à Vitebsk).
7 NOVEMBRE – USAGES DES REFERENCES CLASSIQUES
S OTERA F ORNARO (S ASSARI ) : L ES REFERENCES CLASSIQUES EN AFRIQUE . Q UELQUES QUESTIONS
Lors d’une conférence prononcée en 1993, J.M. Coetzee (Prix Nobel 2003) s’interrogeait sur l’influence des références « classiques » européennes dans l’Afrique coloniale, les correspondances entre « classique » et « humain », le transfert des archétypes antiques dans le roman contemporain et les réalités postcoloniales. Les classiques deviennent une idéologie du mensonge, une justification magnifique de la race et des agressions, comme écrivait Jean Paul Sartre dans sa préface aux Damnés de la terre de Frantz Fanon (1961). Mais ils ont aussi le pouvoir de montrer la part la plus obscure de l¹homme: la violence, la torture, la guerre, la barbarie.
C ARLOTTA S ANTINI (CNRS/ENS, P ARIS ) : E NTRE O RIENT ET
O CCIDENT . L E ROMAN GREC DE R OHDE A K ERENYI
En 1876 le jeune philologue classique Erwin Rohde fait ses débuts et publie son oeuvre première. Il s’agit de la première monographie dédiée à la tradition du roman grec : Der griechische Roman und seine Vorläufer. Un demi siècle plus tard, en 1927, paraît la deuxième monographie sur la question et encore une fois il s’agit d’une oeuvre première signée par un jeune philologue, Karoly Kerényi : Die griechisch-‐ orientalische Romanliteratur in Religionsgeschichtlicher Beleuchtung. Que le dernier philologue du XIXe siècle et le premier du XXe aient abordé le même thème, d’ailleurs négligé par d’autres philologues, n’est guère étonnant. L’état de l’art avait néanmoins bien changé entre ces deux livres. L’édition critique de Lavagnini avait rendu accessible le difficile corpus des romans anciens et invalidé certaines des hypothèses formulées par Rohde. Mais en dehors des aspects purement philologiques, persistaient de nombreux points de contact entre les approches du roman grec proposées par les deux philologues. Nous chercherons à reconstruire les liens entre les deux interprétations capitales de Rohde et de Kerényi, qui ont mis en lumière la laborieuse composition de la tradition du roman grec, ainsi que sa dimension interculturelle.
21 NOVEMBRE – PHILOLOGIE ET APPROCHES CULTURELLES
M ICHEL E SPAGNE (CNRS/ENS, P ARIS ) : L A ROMANISTIQUE ALLEMANDE , UN CREUSET DE LA THEORIE LITTERAIRE
Science allemande des langues romanes, la « romanistique » est une discipline qui a pour objet principal l’articulation entre des domaines linguistiques, littéraires et culturels apparentés mais distincts. Forme de savoir historico-‐philologique, elle a connu au tournant des XIXe et XXe siècles une évolution vers une approche plus culturelle des traditions littéraires qui lui a permis de livrer une longue série de modèles aux analyses des relations transnationales. C’est sous cet angle qu'un volume de la revue germanique internationale aborde cette discipline qui a longtemps été un creuset fondamental des théories littéraires dans les pays germanophones. La romanistique sera abordée à partir d'un certain nombre de figures tutélaires dont celle de Karl Vossler et à partir des échos rencontrés par cette philologie à travers l'Europe.
S ANDRINE M AUFROY (P ARIS IV) : W ILHELM VON H UMBOLDT ET LES ETUDES GRECQUES : IMPULSIONS THEORIQUES ,
ORIENTATIONS PRATIQUES
Lecture, traduction et étude philologique des textes grecs antiques ont occupé quotidiennement Wilhelm von Humboldt même dans des périodes d’intense activité politique et diplomatique ou de recherches apparemment tout à fait différentes. La parution prochaine d’un ouvrage sur Wilhelm von Humboldt et la Grèce est l’occasion d’évoquer la manière dont l’étude de la littérature et de la culture grecques a accompagné, nourri, voire orienté la pensée théorique et l’action concrète de Wilhelm von Humboldt.
12 DECEMBRE – H ISTOIRE TRANSNATIONALE DES MUSEES (La salle sera précisée ultérieurement)
M ICHELA P ASSINI & P ASCALE R ABAULT -‐F EUERHAHN
(CNRS/ENS, P ARIS ) : D’ UN MUSEE L ’ AUTRE : LA DIMENSION TRANSNATIONALE DE LA CREATION DES MUSEES
La dimension transnationale est de plus en plus prise en compte dans l’historiographie de l’histoire de l’art ; cela vaut également pour les musées. Les circulations d’expositions et de collections, en particulier font ainsi l’objet d’une attention croissante. Néanmoins, cette dimension transnationale peut être aussi observée au niveau de la création, de l’inspiration et de la structuration même de nombreux musées. Lors de cette séance, nous présenterons un numéro prochain de la Revue germanique internationale que nous avons consacré à ces questions. Partant de recherches en archives, l’objectif du volume est de proposer des cas concrets d’échanges entre conservateurs de différents pays, de missions d’observation réalisées par des savants ou des conservateurs dans des musées à travers l’Europe ou le monde, ou encore ce qui se joue dans la confrontation explicite de « modèles » muséaux. Contre une histoire des musées souvent organisée par « disciplines », les recherches menées dans le cadre de ce projet ont délibérément porter sur des types de musées très divers : de pédagogie, d’anthropologie, d’art, d’histoire et culture juives, de médecine, ou encore de sciences et techniques.
09 J ANVIER – H ISTOIRE UNIVERSITAIRE
N G T HUY P HONG (P ARIS ) :
L A VIETNAMISATION DE
L ' ENSEIGNEMENT SUPERIEUR DANS LE S UD -‐V IETNAM (1955-‐
1975)
Il s'agit du débat entre Sud-‐vietnamiens, Français et Américains autour de la volonté de vietnamiser l'enseignement supérieur. Nous assistons au conflit entre "l'école française" et
"l'école américaine". Les professeurs vietnamiens formés par l'enseignement français résistent à cette volonté de vietnamisation.
A NNE S AADA (CNRS/ENS, P ARIS ) : L E RESEAU ACADEMIQUE DE G ÖTTINGEN AU XVIII
ESIECLE DANS L ' ESPACE
DES CIRCULATIONS INTERNATIONALES SAVANTES
L’inscription de la ville de Göttingen dans l'espace des circulations internationales savantes ne va pas de soi. De fait, avant la fondation de son université en 1734, cette bourgade située dans l'Electorat du Hanovre était inexistante tant à l'échelle de l'Europe qu’à celle du Saint-‐
Empire Romain Germanique. Vingt ans plus tard déjà, elle était parvenue à se faire une place sur la carte de la République des Lettres. Comment et par quels moyens cette petite ville allemande a-‐t-‐elle pu devenir en si peu de temps un pôle savant européen ?
23 JANVIER 2014 – HISTOIRE DES ETUDES JUIVES M ARTINA S TEER (V IENNE ): T RANSNATIONALES G EDÄCHTNIS .
M OSES M ENDELSSOHN ALS LIEU DE MEMOIRE IM 19. UND
20. J AHRHUNDERT
Der Vortrag untersucht die Entstehung eines modernen kollektiven Gedächtnis und analysiert die durch kulturelle Transfers bedingten Transformationen von Erinnerungsorten und Mnemotechniken. Moses Mendelssohn als « lieu de mémoire » kommt dabei beispielhafte Bedeutung zu. Der jüdische Philosoph der Aufklärung war einer der ersten Intellektuellen in Europa, dem in derart intensiver, variantenreicher und auch konfliktbeladener Weise gedacht wurde. Das Gedenken an Mendelssohn reflektiert nicht nur den Grad der Säkularisation von jüdischen Identitäten und den Stand der umkämpften Bemühungen um Emanzipation, Verbürgerlichung und Integration. Es ist auch ein Indikator für das Verhältnis von Juden und nicht-‐Juden in verschiedenen Gesellschaften und gibt damit Aufschluss über die Wechselwirkungen zwischen jüdischer und nichtjüdischer Sphäre. Darüber hinaus kann die transnationale Erinnerung an Mendelssohn als Parameter für die sich immer wieder verändernden und neu formierenden Konflikte innerhalb des Judentums gelesen werden und somit paradigmatisch einen Ausblick auf eine transnationale moderne jüdische Geschichte geben, die mehr ist als die Summe national verorteter Einzelgeschichten.
T AL H EVER -‐C HYBOWSKI (M AISON DE LA CULTURE YIDDISH ,
P ARIS ) : G ATHERING P EOPLE : P OLITICAL M ODELS OF THE
Y IDDISH « ZAMLERS »
Zamlers (« collectors » in Yiddish) were thousands of non-‐professional volunteers, mostly in Eastern-‐Europe, who, during the 19th and 20th centuries, gathered Jewish philological, ethnographic and historical material and sent it to private scholars and research institutions.
This paper investigates the zamler scholarly model, emphasizing its political implications from its origins in the 18th-‐century Jewish Enlightenment ( Haskolo), through the Yiddishist movement in the 19th-‐century, the historiographic project of Simon Dubnow, the Yiddish folklorists of the early 20th-‐century, the Yiddish Scientific Institute (YIVO) and beyond. The exchange between Yiddish professional scholars and their untrained zamlers, scattered all over Eastern-‐Europe and crossing national boundaries, is shown to constitute a diasporic model of collective scientific research, an alternative to centralized nation-‐state scholarly institutions.
6 FEVRIER – H ISTOIRE DE L ’ ORIENTALISME
A NNICK F ENET (P ARIS ) : A UREL S TEIN ET LES ORIENTALISTES FRANÇAIS : AUTOUR DU DECHIFFREMENT DU KHAROSTHI ( FIN
XIX
E-‐1
E RQUART DU XX
ES .)
L’existence de l’alphabet kharosthi est connu des Occidentaux depuis le XIXe s., notamment par des monnaies. Les tablettes de bois inscrites ramenées par Aurel Stein de ses expéditions, à partir de 1901, ont donné lieu à des travaux collectifs de déchiffrement de cette écriture qui ont abouti à la publication de deux volumes à Oxford en 1920 et 1927. Cet aspect de la collaboration scientifique franco-‐anglaise menée durant plus d'un quart de siècle sur les civilisations du Turkestan chinois se révèle au travers des correspondances échangées entre
Emile Senart, le père Auguste-‐Marie Boyer, Aurel Stein et Edward J. Rapson (professeur à Londres puis à Cambridge).
R OLAND L ARDINOIS (CNRS/EHESS, P ARIS ) : L’ EMERGENCE D ’ UNE POSITION ORIENTALISTE A C ALCUTTA , 1770-‐1880
En l’espace de trois décennies une compagnie privée de marchands (l’East India Company) passe sous la tutelle de la couronne britannique et un embryon d’Etat colonial se met en place à Calcutta. L’émergence d’une position orientaliste, c’est-‐à-‐dire de « spécialiste » de l’Inde, peut s’analyser comme la rencontre entre, d’une part, une demande de savoirs d’ordre à la fois pratique (propres à l’administration coloniale) et mondain (émanant des milieux intellectuels de la métropole coloniale) et, d’autre part, une offre d’expertise variable selon la position que les agents de la Compagnie des Indes occupent dans l’espace du pouvoir colonial. L’intérêt pour les langues de l’Inde, savantes (persan, sanscrit) ou vulgaires (hindoustani, bengali, tamoul) dépend encore du travail que les administrateurs coloniaux, porteurs de ces langues, doivent déployer pour faire reconnaître la légitimité de leurs compétences linguistiques. Dans ces conditions, la naissance de l’Asiatic Society of Bengal, fondée par William Jones à Calcutta en 1784, peut se comprendre comme une manière de résoudre les tensions existantes entre différents types de demandes de savoirs, politiques et civils, lettrés et mondains, savants et vulgaires, qui s’exercent alors dans le champ du pouvoir colonial.
06 MARS – ICONOGRAPHIE ET DIFFUSION DU SAVOIR SUR L ’A UTRE EN EUROPE
S ILVY C HAKKALAKAL ( BALE ) : T HE AMATEUR GAZE ON I NDIA AROUND 1800 – AMBIVALENT IMAGES AND ENTANGLED HISTORIES
The German indophilia between 1790 and 1820 is an impressive example for the contemporary project of an encompassing and relational historiography of mankind. India became an important reference point within the process of German cultural self-‐assurance and positioning.
Here, especially pictures, drawings and poetic forms of expression played a crucial role: They did not just convey (hi)stories about India, but rather revealed a pictorial style of early German ethnography itself.
I would like to present a detailed analysis of ethnographic pictures of India, thereby illuminating a figurative and relational entanglement between Indian and European contexts. The visual practices of cutting, pasting and transferring shed light on colonial structures, political exchange and identity politics. Within these tense figurations the ethnographic picture composes a particular knowledge, which centrally relies on visualized categories that have to be ‘typical’,
‘ideal’, and ‘characteristic’. Hence, early ethnography has to be understood as both a text-‐
picture-‐genre and a research activity.
S ONJA M ALZNER (M ETZ ) : E NTRE DIVERTISSMENT ET TRANSMISSION DES SAVOIRS : LES ILLUSTRATIONS DANS LES RECITS DE VOYAGE SUR L ’A FRIQUE 1900-‐1960
Les ouvrages de l’époque choisie s’inscrivent d’une part dans l’apogée de la colonisation en Afrique, d’autre part, cette époque constitue l’ère de la photographie en voyage (depuis
l’invention du premier KODAK dans les années 1880). En nous appuyant sur un corpus de récits de voyage illustrés européens, nous étudierons le rôle que jouent les illustrations (photographies, dessins, gravures, cartes) dans ces livres destinés à divertir et à informer.
Quelles sont les connaissances que les voyageurs considèrent comme étant assez importantes pour être intégrées dans leur livre et comment la présence des illustrations déplace le centre d’intérêt dans ce domaine par rapport au texte ?
20 MARS – G RECE ET TRANSFERTS CULTURELS
S ERVANNE J OLLIVET (CNRS/ENS P ARIS ) : L ES
« TOPOGRAPHIES DE L ’ HELLENISME » ET L ’ ECOLE DE GEOPOLITIQUE ALLEMANDE : UN EXEMPLE DE TRANSFERT GERMANO -‐ GREC
Dès les débuts de la construction de l’Etat grec, la question identitaire néohellénique n’a cessé d’être pensée au miroir de modèles allemands, profondément marquée par le philhellénisme et l’idéalisation afférente à la Grèce ancienne. Dans ses travaux sur les « topographies de l’hellénisme », Artemis Leontis a néanmoins bien montré comment, dès les années vingt, l’imaginaire néohellénique s’est tout entier bâti sur une véritable géo-‐ ou topographie culturelle, valorisant la réalité «géophysique» et la «tonalité» du paysage grec contre l’image
« occidentale », idéalisée et pour ainsi dire désincarnée de l’hellénisme « antique ». La question du sol et de la terre, mais également du paysage qui débouche sur une conception
«géophysique» de l’identité et des valeurs grecques sont en effet au cœur des débats sur l’hellénicité dès les années vingt et dans les années trente. Cet exposé vise à examiner et de dégager les sources et présupposés philosophiques de cette cartographie imaginaire, en montrant à quel point elle est redevable à certains modèles allemands, notamment à l’école de
« géopolitique » qui se développe pendant la période de Weimar jusqu’au début des années trente et à certaines figures, telles celles d’Oswald Spengler. A travers l’école dite de
« Heidelberg », nourrie au néokantisme et, plus largement, les débats philosophiques des années trente, nous essayerons de voir comment cette conception géomorphologique a profondément imprégné les conceptions sur l’hellénicité, jusqu’aux détournements idéologiques qui en seront faits par la suite, notamment à travers l’idéologie officielle sous Metaxas.
E LEONORA V RATSKIDOU (B ERLIN ) : C HARLES B LANC ET
E UGENE V ERON EN G RECE : UNE COHABITATION ( IM ) POSSIBLE
Charles Blanc (1813-‐1882) fut le premier titulaire de la chaire d’esthétique et d’histoire de l’art, créée au Collège de France en 1878. Sa pensée esthétique, telle qu’elle est notamment exprimée dans sa grande synthèse théorique Grammaire des arts du dessin (1867), s’inscrit dans la tradition de l’idéalisme spiritualiste qui domine la philosophie française au milieu du XIXe siècle.
Eugène Véron (1825-‐1889), historien, théoricien et critique d’art, se situe quant à lui aux antipodes du spiritualisme officiel et fut l’un des critiques les plus virulents de Charles Blanc.
Adepte d’une approche positiviste, Véron condamne sévèrement l’esthétique « des métaphysiciens », qui repose sur des principes et s’attache à étudier la réalité effective, tant de la pratique artistique que du plaisir esthétique, en tirant profit des découvertes de la physiologie et de la psychologie expérimentale. Son œuvre rejoint le courant européen -‐extrêmement riche et polyphonique-‐ initié par les travaux physiologiques de Hermann von Helmholtz et de Theodor Fechner, qui développe une esthétique « scientifique » et qui se détourne des postulats
métaphysiques pour puiser dans les sciences positives et expérimentales. De manière paradoxale, les œuvres de Charles Blanc et d’Eugène Véron se trouvent associées et enseignées conjointement à l’École des beaux-‐arts d’Athènes entre 1879 et 1896, par le professeur Stylianos Konstantinidis (1838-‐1899), qui a occupé la première chaire d’esthétique fondée en Grèce. Il est par ailleurs surprenant que l’œuvre de Véron pénètre à Athènes au cœur même du discours institutionnel, alors que le théoricien français était un farouche détracteur du dogmatisme académique et de la rigidité des institutions artistiques de son pays. En nous attachant à l’enseignement de l’esthétique à l’École des beaux-‐arts ainsi qu’à celui de la philosophie à l’Université d’Athènes, nous explorerons les conditions qui ont permis cette synthèse originale entre doctrines idéalistes et approches scientifiques dans la Grèce de la fin du siècle.
03 AVRIL 2013 – ECHANGES INTERCULTURELS ENTRE E UROPE ET AFRIQUE
H ANS -‐J ÜRGEN L ÜSEBRINK (S ARREBRUCK ) : T RANSFERTS DE SAVOIRS SUR L ’ AFRIQUE . P RESENTATION D ’ UN LIVRE
Les transferts de savoirs entre l’Afrique subsaharienne et l’Occident ont été extrêmement asymétriques pendant l’époque coloniale, et sont restés largement déséquilibrés. Pourtant des productions scientifiques africaines modifient progressivement ce constat. A partir de cas paradigmatiques on peut suivre l¹élaboration franco-‐allemande de l’image d’une région du monde ayant son histoire et ses spécificités et la définition des contours de cette région du monde à travers les médias. Nous retiendrons, dans les études de cas, de préférence des exemples pris dans la période du siècle qui va de la révolution de 1848 au début des indépendances africaines. L’accent est mis sur la production de savoir scientifique, sur le rôle capital de disciplines comme l’ethnologie, la linguistique africaine, l’anthropologie. Mais des études de cas comme celles sur Friedrich Sieburg, permettent également d’éclairer l’importance d’autres domaines de représentation de l’Afrique et de transferts de savoirs sur l’Afrique, atteignant un plus large public, et d’étudier leurs interconnections avec le domaine scientifique.
N INJA S TEINBACH -‐H ÜTHER (L EIPZIG ) : L A PRESENCE EN
A LLEMAGNE DES PUBLICATIONS UNIVERSITAIRES EN PROVENANCE D ’A FRIQUE . U N ETAT DES LIEUX
Bien que la globalisation culturelle laisse supposer qu’il soit possible de produire et de recevoir de façon égalitaire des informations partout dans le monde, les cartes du savoir sont en réalité caractérisées par un déséquilibre énorme. Ce déséquilibre peut s’expliquer par les structures culturelles, économiques et politiques du marché global et du pouvoir en place dans les pays-‐mêmes. En dépit de l’accroissement des liens internationaux, relativement peu de livres provenant de scientifiques africains sont redirigés vers l’Europe. Mais il n’existe à l’heure actuelle aucune échelle de données permettant d'indiquer leur présence en France et en Allemagne. Il s’agit d’analyser ce phénomène à travers le transfert trilatéral de la littérature académique africaine en France et en Allemagne, limitée aux livres et aux recueils rédigés par des intellectuels africains, ayant vécu en Afrique ou qui ont fait la navette entre l'Afrique et un pays extérieur au moment de leur publication.
10 AVRIL – HISTOIRE DES ETUDES
PREHISTORIQUES (A
TTENTION!
Salle Info 2)
M ARC -‐ ANTOINE K AESER (N EUCHATEL ) : L A BIOGRAPHIE SCIENTIFIQUE COMME MICROHISTOIRE DE LA CONSTRUCTION DISCIPLINAIRE . E DOUARD D ESOR (1811-‐1882) : DES
TRANSFERTS EPISTEMOLOGIQUES ET CULTURELS
Géologue et paléontologue, fortement engagé dans l’affirmation du domaine des études préhistoriques, politicien et réformateur religieux, Edouard Desor a connu un parcours tumultueux, qui l’a fait toucher à bon nombre d’enjeux sociaux et idéologiques de son temps.
Proscrit en Allemagne, orphelin condamné à l’exil et à la « bohème » parisienne, il s’initie à la science aux côtés de Louis Agassiz et construira sa carrière savante aux Etats-‐Unis, avant de revenir à Neuchâtel (Suisse), où il se retrouvera à la tête d’une importante fortune et deviendra une figure notable du progressisme radical. Savant polyglotte, il nous mène de la conquête des sommets alpins à l’exploration des sables du Sahara, de la forêt vierge aux grandes plaines américaines, en passant par tous les centres de la vie scientifique, des deux côtés de l’Atlantique.
Envisagée comme une forme de microhistoire, la biographie de ce personnage invite à la mobilisation du concept de transfert comme un outil pour appréhender, de manière réaliste, historiciste, la construction du savoir scientifique.
J OSE L ANZAROTE G UIRAL (M ADRID ) : À TRAVERS LES GUERRES , LES CULTURES ET LES NATIONS : L E PARCOURS EUROPEEN D ’H UGO O BERMAIER , PRETRE ET PREHISTORIEN
L'abbé Hugo Obermaier (1877-‐1946) était une figure clé de la construction de la préhistoire en Europe, ne pas seulement grâce à ses travaux mais aussi en raison de sa mobilité géographique.
Considérer les différentes étapes de sa biographie nous permettra donc de traiter des questions plus larges, telles que la tension entre une science internationale d'un part et la création des cadres de recherche nationaux de l'autre, ou la diffusion de la théorie des cercles culturels (Kulturkreislehre). En outre, je vais prêter une attention particulière aux rapports d’Obermaier avec la communauté scientifique allemande dans le période d’Entre-‐deux-‐guerres, ainsi qu'à son engagement avec la politique culturelle de la République de Weimar en Espagne.
22 MAI – HISTOIRE DE L ’ ETHNOGRAPHIE
J OEP L EERSSEN (A MSTERDAM ) : LES FRERES GRIMM ET LES SCIENCES GEMELLAIRES : PHILOLOGIE ET FOLKLORE
La collection de contes publiée par les frères Grimm en 1812 est issue d’un réseau familial et aristocratique, incluant Achim von Arnim et Clemens Brentano, qui pratiquait la célébration sentimentale de la culture populaire. A ce titre, les Contes peuvent apparaître comme une continuation en prose de l’anthologie de chants populaires, Des Knaben Wunderhorn (1805-‐08).
Cependant les Grimm, élèves de C.F. von Savigny (beau-‐frère de Brentano), étaient aussi des savants à l’avant garde de la nouvelle vague intellectuelle historienne et leurs Contes appliquent la méthodologie naissante de la philologie et de la mythologie à un corpus oral. Vingt ans plus tard, les Grimm, titulaires de chaires professorales à Göttingen, sont au centre d’un réseau de spécialistes -‐philologues et chercheurs en folklore-‐ d’ampleur européenne. La présentation
porte sur la transformation d’un réseau privé et familial en un réseau professionnel. Elle met aussi en lumière les relations entre des disciplines-‐soeurs dont l’émergence est commune. En dépit de leur filiation et de leur similarité, philologie et folklore se professionnaliseront dans des facultés distinctes.
C ELINE T RAUTMANN -‐W ALLER (P ARIS ) : L ES RESEAUX RUSSES DE L ’ ETHNOGRAPHIE ALLEMANDE AUTOUR DE 1800
Han Vermeulen a formulé l’hypothèse d’une naissance de l’ethnographie allemande sur le terrain, dans l’Empire russe. C’est effectivement à des savants allemands, membres de l’Académie des sciences de Russie ou non, que furent confiées une bonne partie des explorations menées dans des régions reculées de l’Empire. A partir du cas de Johann Gottlieb Georgi (1729-‐
1802), cette présentation analysera les réseaux qui se tissent dans ce contexte au tournant des XVIIIe et XIXe siècles entre Allemagne et Russie, les circulations de personnes et d’objets qu’ils ont permis, les tensions autour de la définition d’une nation russe.
05 JUIN – ALLEMAGNE ET MONDE HISPANOPHONE
S ANDRA C ARRERAS (I BERO -‐A MERIKANISCHES I NSTITUT ,
B ERLIN ) : D EUTSCHE W ISSENSCHAFTLER IN A RGENTINIEN UND
C HILE . T RÄGER EINES W ISSENSTRANSFERS ?
Der Prozess der Herausbildung und Konsolidierung der lateinamerikanischen Staaten war mit der Entwicklung von Bildung und Wissenschaft eng verbunden. Ab Mitte des 19. Jahrhundehrts arbeiteten deutsche Akademiker in wichtigen wissenschaftlichen Einrichtungen in Chile und Argentinien. Sie trugen dazu bei, die Wissensproduktion vor Ort zu organisieren und die neuen Republiken in internationale Wissensnetzwerke einzugliedern. Andereseits stießen sie mit ihren "deutschen" Vorstellungen auf Grenzen, die ihnen der lateinamerikanischen Kontext setzte.
A NDRES J IMENEZ (E ICHSTÄTT -‐I NGOLSTADT ) :
T RANSATLANTISCHE K ULTURTRANSFERS : DIE
S PRACHWISSENSCHAFT IN K OLUMBIEN , 1867-‐1911
Anhand der Analyse von dem Transfer der *Sprachwissenschaft* in Kolumbien zwischen 1867 und 1911 setzt sich der Vortrag mit der Struktur und Dynamik von transatlantischen Transferprozessen in der Geschichte der Wissenschaften in Lateinamerika im 19. Jahrhundert auseinander. Dabei werden die kulturellen, sozialen, materiellen und politischen Besonderheiten der Rezeption bestimmter moderner Wissensformen in den jungen lateinamerikanischen Republiken sowie ihre Rolle im Nationsbildungsprozess hervorgehoben.
UMR 8547 Pays germaniques – Transferts culturels CNRS-ENS
45 rue d’Ulm Pavillon Pasteur
75005 Paris
http://www.umr8547.ens.fr