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Ethnoarchéologie du tissage chez les DIDA de la zone côtière de côte d’ivoirepp. 143-155.

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Academic year: 2022

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ETHNOARCHÉOLOGIE DU TISSAGE CHEZ LES DIDA DE LA ZONE CÔTIÈRE DE CÔTE D’IVOIRE

KOUASSI Kouakou Siméon Enseignant-Chercheur

Département d’Archéologie de l’Institut

des Sciences Anthropologiques de Développement (ISAD) Université de Cocody-Abidjan

kksimeon@yahoo.fr

RÉSUMÉ

L’archéologie, étude scientifique des vestiges physiques du passé humain, s’est dépériodisée au cours d’une longue évolution pour inscrire dans son champ, la re- cherche d’informations directes sur la vie des hommes. Il est ainsi aujourd’hui question d’archéologie moderne et contemporaine. La quête d’informations sur la vie des Hom- mes associe dans ce contexte tous les éléments physiques et surtout botaniques qui peuvent concourir à cerner sa culture matérielle. L’homme sans détours a fait corps avec la nature en y prélevant des végétaux appropriés pour apporter une réponse adéquate à ses besoins.

A partir d’une enquête ethnographique basée sur des enquêtes orales et des obser- vations globales de terrains, nous présentons l’organisation des Dida de la zone côtière, et de leurs marges, à travers la transformation de la matière végétale. Les objets tissés, comme le filet de chasse, revêtent ainsi un double attribut : moyen de subsistance et facteur de cohésion de la société.

Mots-clés : Tissage, Dida, Biodiversité, Ethnoarchéologie.

ABSTRACT

Archaeology, the scientific study of the physical vestiges of human past, during a long evolution has made some changes to put in its fields research for direct informa- tion on human life. It is so today question of modern and contemporary archaeology.

The collection of information on human life associates in this context all the physical elements and especially botanics which can contribute to encircle its material culture.

Man frankly made body with the nature by taking vegetables there suited to bring an adequate answer to his needs.

From an ethnographic study based on surveys of oral and global observations of land, we present the organization of Dida in the coastal zone, and their margins, through the

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transformation of plant material. Woven objects, such as hunting net, a double attribute are : livelihoods and cohesive society.

Keywords : Weaving, Dida, Biodiversity, Ethnoarchaeology.

INTRODUCTION

Fixées dans les zones côtières et forestières de Côte d’Ivoire, les Dida1 sont présents dans les régions des Lagunes, du Sud-Bandama et du Bas-Sassandra avec les Départements de Lakota, de Grand-Lahou et de Divo (Cf. Carte).

Les localités d’enquête que sont Lauzoua pour le Département de Grand-La- hou ; Gragba Dagolilié, Satroko et Diékolilié pour celui de Lakota, offrent dans l’état actuel de nos recherches, les meilleurs exemples sur l’ethnoarchéologie du tissage en zone côtière de la Côte d’Ivoire, et ses marges. Ces zones se caractérisent par deux saisons sèches et deux saisons de pluies d’inégales durées avec une humidité constante de l’aire voisine de 85% (Berton, 1961 : 6), conséquence du couvert végétal dense et des formations hygromorphes (Kouassi, 2007 : 41-44). Les espèces végétales qui y sont rencontrées sont d’une variété remarquable (Joseph, 1917 : 79-80). On peut cependant men- tionner en rapport avec le tissage, les Framiré (terminalia ivorensis), l’acajou (Khaya senegalensis), l’iroko (Milicia excela), le sipo (Entandrophragma utile), le raphia S.P, le palmier à huile (Elæsis guinéensis), les lianes d’orchidées (Or- chidaceae) et de cryptogames (Cryptogamae), les rotins (Calamus rotang), les sisal (Agave sisalana) dont un grand nombre produit des fibres ; le roucoulier (Bixa orellana) qui donne une teinture rouge. C’est dans cette nature avec ses multiples richesses que les Dida vont puiser les ressources nécessaires pour leur subsistance, pour leur habitat, ainsi que pour leur artisanat.

Notre réflexion intitulée : « Ethnoarchéologie du tissage chez les Dida de la zone côtière de Côte d’Ivoire », est un apport à l’inventaire de l’artisanat authentique en son chapitre portant sur le tissage en voie de disparition.

1- Les Dida densément localisés aux abords des lagunes et dans la forêt pri- maire, appartiennent au groupe linguistique Krou qui se reconnait une pro- venance de l’extrême ouest en direction du Liberia actuel. Les Dida se sont installés sur le territoire ivoirien entre 1703 et 1842 (LOUCOU J.-N., 1986, Le peuplement de la Côte d’Ivoire : problèmes et perspectives de recherche, Annales de l’université d’Abidjan, série I (XIV) : 40). La présente étude porte en particulier sur les Dida lagunaires de Lauzoua (Grand-Lahou) et les Dida orientaux de Gragba Dagolilié, de Satroko et de Diékolilié (Lakota).

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La méthodologie adoptée est une fusion de la méthode historique et de la méthode ethnographique. Elle s’appuie sur la collecte de documents écrits concernant l’histoire du peuplement du groupe Krou en général et de celle des Dida en particulier. Nous y avons adjoint des documents sur le cadre physique, pour cerner les différents types de végétation de la zone. Toute chose qui nous a conduits à rechercher les documents relatifs au tissage dans la région. Les écrits de Dayoro, « Le filet de chasse en pays bété », paru dans la revue Godo Godo, et d’Holas, Tradition Krou, publié aux éditions Fernand Nathan, nous ont permis de visiter le riche patrimoine artisanal du groupe Krou en général. Il est tout indiqué, ici, de souligner que l’essentiel de nos sources d’informations a été collecté sur le terrain dans la phase d’enquêtes orale et artisanale, pour répertorier les techniques de tissage et l’importance de cette production chez les Dida, un peuple de Côte d’Ivoire, dont les entretiens exploratoires, nous avaient permis d’en relever l’ingéniosité dans la transformation des végétaux, et de leur usage pour réguler le quotidien.

La tradition orale a adopté la méthode semi-directive. Il s’est agit, de col- lecter le maximum de données, en vue de constituer des bases de données opérantes, dans un contexte comme celui-ci, où les techniques disparaissent de façon irréversible avec les derniers détenteurs, pour comprendre les mutations intervenues et les causes. Les enquêtes artisanales elles, se traduisent par la méthode de l’observation. Nous nous sommes au cours de nos recherches, familiarisés avec les quelques spécialistes du tissage des localités visitées en- core en activité ou non, et tout sachant, c’est-à-dire des personnes qui avaient fréquenté une personne qui pratiquait cet art.

Le recoupement des documents recueillis nous a amené à un plan en deux parties, qui met en exergue les fondements matériel et immatériel du tissage. Nous abordons ainsi premièrement, l’organisation du tissage et deuxièmement, le rôle des objets tissés dans la régulation du groupe Dida.

I- LE TISSAGE CHEZ LES DIDA : PRÉSENTATION ET DESCRIPTION

I.1- Stratification du tissage

Trois types de tissages en fonction des acteurs sont connus. Ce sont dans l’ordre le tissage réservé aux femmes, le tissage qui incombe aux hommes et le tissage mixte qui donnent une variété d’objets (Cf. Photo n°1). Pris individuel- lement, il ressort que le tissage réservé aux femmes concerne la confection

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du filet de pêche. Ce filet dit « Deda »2 est employé dans la petite pêche. Elle permet aux femmes surtout pendant la saison sèche (Décembre à Mars en général) de capturer les poissons dans les petits cours d’eau, pour le repas quotidien. Le tissage de ce filet est collectif et se réalise au sein de la cellule familiale. Les femmes se font aider par leurs enfants, leurs sœurs ou leurs amies3. Le tissage masculin est plus étendu.

Le tissage exercé par les hommes concerne les «gros œuvres» qui de- mandent une matière première difficile d’accès. Cette production, à la base des paniers, des nasses, des vans, des cages à volaille, des hottes, demande un temps de travail individuel d’une moyenne de deux jours. Celui qui désire apprendre observe les plus chevronnés. L’apprentissage se fait au fur et à mesure sous l’œil vigilant et correcteur du «maître»4. Les travaux de tissage les plus considérables demandent le concours de toute la communauté.

Cet ordre de tissage dit mixte, regroupe à la fois les hommes et les fem- mes d’une certaine catégorie. Ce type de métier est principalement axé sur la confection du Grand filet Krou. Le grand filet sokwli encore appelé le filet de lignage, se tisse en prenant des dispositions particulières5. Les femmes qui y participent, de peur d’entraîner un quelconque malheur sur le groupe ou l’échec de l’œuvre, ne doivent pas être dans leur période de menstrues. Pour pallier cette situation, le choix de la main d’œuvre féminine a fini par se porter sur les femmes ménopausées. Leur tâche consiste à extraire les fibres du palmier à huile Pessouo. Les hommes eux s’occupent du tissage à proprement dit par le canal des plus anciens qui guident les plus jeunes. Le travail mobilise toute la tribu. Un repas collectif est servi à toutes les parties prenantes, y compris à ceux qui n’y participent pas directement, c’est-à-dire les enfants et les femmes6. Le tissage, tout court, apportait dans cette société forestière du prestige à ces artisans à temps partiel, pétris de techniques ancestrales pour répondre aux besoins de la communauté. Il est appliqué dans la confection de l’habitat et à partir de sa riche gamme, il se présente comme un complément indéniable en objets à usage quotidien.

2 - Entretiens avec Loba Gazo Félix, 64 ans, Planteur, Gragba Dagolilié le 10 février 2008.

3 - Entretiens avec Dakouri Honorine, 48 ans, Ménagère, Satroko le 13 février 2008.

4 - Entretiens avec Nanobo Norbert, 56 ans, Planteur, Gragba Dagolilié le 10 février 2008.

5 - Entretiens avec Zidago Kouadio, 56 ans, Chef central de Satroko, Satroko le 13 février 2008.

6 - Entretiens avec Gnakpa Dago Simon, 52 ans, Planteur et couturier, Satroko le 10 février 2008.

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I.2- Modes opératoires

Dans l’habitat le tissage est mis à contribution premièrement, pour ligaturer les armatures des maisons avant la pose du banco et deuxièmement, dans la confection du papo (Cf. Photo n°2). L’armature en bois de l’habitat traditionnel forestier fait appel à l’assemblage de bois et de bambous raphia. Fendues, les lamelles de bambous raphia obtenues sont superposées et attachées solide- ment par des lianes ou du rotin par groupe de deux : une sur la face interne et l’autre sur la face externe de la maison en chantier. Les quatre côtés de la maison, à l’exception des portes et des fenêtres, sont garnis de bas en haut de traverses en bambous raphia attachées en moyenne tous les 20 cm. Cette opération produit des clayonnages rectangulaires dépassant rarement 15 cm/10 cm. Solidement conçue, c’est cette armature qui se prête à la pose du banco indispensable pour l’acquisition d’un habitat sécurisé. Le toit est clayonné également de bambous raphia fendus uniquement sur les deux faces externes des deux pentes du toit. Suit la pose du papo après tissage.

Le papo est du fait des pluies abondantes et de l’humidité constante, le toit par excellence usité chez les Dida. Pour sa réalisation les feuilles de palmier raphia sont disposées sur un métier à tisser constitué de deux fils tendus à la verticale, par une force très souvent exercée par une pierre ou par un morceau de bois. Deux fils sont attachés sur un bois parallèle au sol à mi-hauteur de celui qui tisse. Ce bois parallèle repose sur deux bois fourchus fichés en terre, équidistants en moyenne de 2 m. Deux baguettes devant favoriser le tissage des palmes sont attachées à la parallèle sur les deux ficelles verticales. Des feuilles de bambous raphia pliées en deux, la partie supérieure faisant 1/3 de la partie restante, sont tissées avec des pointes fines en écorce de bambou raphia, sur les deux baguettes parallèles. L’opération s’applique en suivant la baguette située en dessous jusqu’à ce que les feuilles couvrent toute la surface des deux baguettes emprisonnées ainsi dans le papo. De temps à autre, des attaches sont effectuées dans la partie supérieure, pour rendre le papo plus solide. Les différentes techniques connues offrent trois types d’objets à usage quotidien :

• les produits à usage économique composés de filets de chasse et de pêche, de pêcheries, de nasses, de séchoirs de produits vivriers et de produits de rentes, de tamis d’attiéké, de vans ;

• les produits de portage composé de hottes portées sur le dos et de hottes portées sur la tête, de paniers, de cages à volaille.

• les produits pour l’embellissement du cadre de vie composés de tissus pour se vêtir, de sièges.

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Les techniques de tissages identifiés sont de trois ordres (Cf. Schéma). Ce sont le tricotage linéaire, le tricotage par anneaux concentriques et le tricotage par assem- blage de baguettes de bambous raphia ou de rotin7. Le tricotage linéaire est usité pour le tissage des filets de chasse et de pêche, et des tissus à base de raphia.

Les fibres extraites du palmier à huile dans le cas du filet de chasse et du palmier raphia pour le tissu, sont façonnées sans métier à tisser. A l’aide d’un bâton de dimension variable qui joue le rôle de moule, l’épaisseur des mailles est définie. Les épaisseurs du tissu sont resserrées pour répondre aux exigen- ces de vêtement, quand l’envergure de 3, 4 ou 5 doigts est choisie dans le cas des filets de chasse pour opérer la prise souhaitée. Le filet de chasse comme celui de pêche, est tissé par tricotage en attachant les quatre bouts de chaque maille, maintenu par le bâton moule qui reste fixé. L’opération est répétée jusqu’à ce que le filet soit achevé. Aussi faut-il noter que le filet se coud au fur et à mesure selon la longueur. Les petits filets font 5 à 6 m de long et les plus grands, c’est-à-dire les «filets de lignage» peuvent atteindre 200 m de long8.

Le filet de pêche est tricoté en petites mailles pour permettre la prise des poissons et des crustacés de taille moyenne en saison sèche. Le tricotage par anneaux concentriques adopte une toute autre démarche. Il est employé dans la fabrication des paniers, des vans, des nasses, des cages à volailles.

Le tissage dans ce cas commence par la disposition des baguettes de rotin ou de palmier raphia, finement taillées disposées les unes sur les autres en leur milieu respectif, de sorte à obtenir une forme circulaire. La base de l’ouvrage est d’abord tricotée en ficelant les différentes baguettes par le passage de la cordelette de rotin entre les baguettes. Une fois la base achevée, les baguet- tes flexibles sont astucieusement tournées pour définir la forme définitive de l’objet recherché. Enfin l’ouverture est solidement ligaturée en forme de petits anneaux pour apporter plus de résistance à l’œuvre achevée comme dans la plupart des objets issus par assemblage de bambous raphia ou de rotins.

Le tricotage par assemblage de baguettes de bambous raphia ou de rotins sert à fabriquer les sièges, les tamis d’attiéké : un mets à base de poudre de manioc cuit à la vapeur, les séchoirs de produits vivriers et de produits de rentes, les hottes portées sur le dos ou portées sur la tête. Celui qui tisse pose sur le sol des cadres de bambous pour les sièges, et de rotins fixés sur des piquets fichés en terre pour les autres objets. Il parvient ainsi à maintenir en équilibre son ouvrage pendant son travail vu que très souvent il le fait seul.

7 - Ce vocabulaire descriptif que nous avons mis en place traduit les gestes effectués par les artisans lors du tissage.

8 - Entretiens avec Zidago Kouadio, 56 ans, Chef central de Satroko, Op.cit.

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Dans le cas des sièges et des hottes, les fils pliés en deux parties égales sont entrecroisés lors du tissage. Les différents panneaux sont tour à tour tissés. Pour les séchoirs, le point de départ de l’ouvrage est constitué de deux rangées de trois piquets équidistants en moyenne de 10 cm. Ces dernières sont mises face à face selon la largeur souhaitée, et reliées deux à deux en droite ligne par trois fils. Cette technique permet de coudre côte à côte de fines lamelles de bambous raphia de 3 à 5 cm d’épaisseur et de 2 m de long en moyenne pour les séchoirs de produits de rentes, et des baguettes de 0,5 à 1 cm d’épaisseur et de 50 cm à 1 m de longueur en moyenne pour les séchoirs des produits vivriers. Une fois cette étape franchie, les ficelles de rotin sont utilisées pour poursuivre le tricotage sur toute la longueur jusqu’à l’achèvement de l’œuvre.

De ce qui précède, on note l’expansion du tissage, de par la diversité de ses produits par les techniques spécifiques susmentionnées, à tous les aspects de la vie du Dida, surtout précolonial. Cette activité au-delà de son aspect technique, est douée de sens et de valeurs.

II- LE TISSAGE COMME VECTEUR D’ÉDIFICATION DES DIDA : L’EXEMPLE DU FILET DE CHASSE

Le grand filet ou le filet du lignage Dida, est une piste réelle d’identification et d’élucidation de l’origine de ce peuple encore mal connue. En effet, le grand filet a ceci de spécifique qu’il est le produit de l’effort commun de toutes les familles composant la tribu et le lignage, qui donnent leurs noms au dit filet, comme chez les Bété (Dayoro, 1975 : 102). Lorsqu’un désaccord survient et qu’un membre de la tribu décide de quitter le lignage, on lui remet un bout du filet qui garde dans bien des cas le nom du lignage d’origine. Ce bout de filet est très souvent cousu sur celui de la tribu ou du lignage hôte sans pour autant perdre son nom d’origine9. En interrogeant les traditionnistes sur l’histoire de leur lignage et en retraçant l’itinéraire suivi par ces filets, les historiens et les archéologues peuvent reconstituer l’histoire du peuplement de ces peuples. A Satroko (Canton Dieko, tribu Satroko / Département de Lakota) par exemple, le grand filet tire son origine de la région de Grand-Béréby10, située à environ 200 km à vol d’oiseau de Lakota. Des valeurs ancestrales fondées sur une

9 - Entretiens avec Boga Gnago Siméon, 73 ans, Chef du quartier Tchekpokué, Satroko le 13 février 2008.

10- Entretiens avec Zidago Kouadio, 56 ans, Chef central de Satroko, Op.cit.

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organisation du travail qui rejaillit sur la société dans son ensemble et l’ex- ploitation rationnelle des ressources de la nature, sont également enseignées par le filet.

L’organisation du travail et celle de la société, se perçoit dans la chasse au grand filet. Dans l’utilisation de ce grand moyen de recherche de subsistance, la rigueur est de mise. Le partage des prises en effet, se fait en fonction de l’effort de chacun. Celui qui ne participe pas aux parties de chasse ou de pê- che, n’a pas droit au chapitre du partage. Ainsi le gibier après les battues est partagé entre les différents membres du lignage selon les zones du filet où il a été achevé et ce, au quota de l’effort individuel par rapport à l’ensemble du groupe. Selon le rôle et la place occupée par l’individu lors de la partie de chasse, il est récompensé par le jeu de critères prédéfinis. Ainsi les pattes avant et arrière reviennent à ceux qui ont posé le filet ; les poumons et autres boyaux sont attribués aux hommes les plus âgés du groupe qui se chargent d’accro- cher le filet ; les cuisses lorsqu’il s’agit de gros gibiers tels que les sangliers et les buffles, sont attribuées à la fois à ceux qui tirent le filet pour étreindre les animaux emprisonnés, au groupe qui garde le filet pendant la battue et à celui qui a identifié le lieu de chasse (Dayoro, 1975 : 106)11.

La chasse au grand filet ainsi parce qu’elle était une activité collective, participait à la cohésion de la communauté. Cette institution hiérarchisait la société de telle sorte que les plus anciens soient respectés et que chaque personne ait une conscience claire de la place qui est la sienne. Ces moyens d’approvisionnement en protéines animales loin d’être considérés comme de banals outils dont dispose les Dida, sont de véritables institutions sociales habilement maniées.

CONCLUSION

Tout ce parcours nous a permis de voir que le Dida de la zone côtière de la Côte d’Ivoire et de ses marges en général, s’est approprié la richesse de son cadre physique. Il en a tiré divers objets tissés qui ont largement contri bué à apporter une réponse adéquate à ses besoins matériels. Par sa gestion rationnelle des ressources de la nature au moyen des objets tissés, il donne aujourd’hui où il est de plus en plus question de sauvegarde de la nature, des voies à explorer pour une issue heureuse.

Le maintien et la sauvegarde de la biodiversité à l’analyse, ont été entretenus

11 - Entretiens avec Zidago Kouadio, 56 ans, Chef central de Satroko, Op.cit.

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par le génie de ce peuple qui a conçu les filets de chasse et de pêche et les autres objets exposés dans le chapitre sur les techniques de confection et les fonctions. Premièrement, on note que toutes ces œuvres sont biodégradables et non polluantes pour l’environnement de l’homme. Deuxièmement, il ressort que la pêche et la chasse étaient réglementées par le choix des mailles des filets. Les espèces sont capturées à des périodes précises pour favoriser le renouvellement des « stocks »12 vu que les mailles des filets diffèrent d’une chasse à une autre. Les objets tissés ont donc été pensés depuis les premiers moments du passé de ce peuple pour réguler et la vie, et la société, dans un profond respect de la nature.

BIBLIOGRAPHIE I- SOURCES ORALES

NOM ET PRENOMS AGE PROFESSION LIEU DATE

LAVRY Lobouet 71 Ancien pêcheur et

Notable N’Zida le 14

juillet 2005 LOBA Gazo Félix 64 Planteur

Gragba Dagolilié le 10 février 2008 NANOBO Norbert 56 Planteur

BOGA Gnago

Siméon 73 Planteur Chef du

quartier Tchekpokué ZIDAGO Kouadio 56 Agent BNETD Chef

central de Satroko

Satroko le 13 février 2008 GNAKPA Dago

Simon 52 Planteur et couturier

DAKOURI Honorine 48 Ménagère

II- REFERENCES

BERTON Y., Mai 1961, Les formations sédimentaires du continental Terminal de Côte d’Ivoire, s.l, Direction de la géologie et de la prospection Minière.

12- Entretiens avec Niamba Avi Kokora Joseph, 65 ans, Chef de village, Gro- guida le 20 mars 2005.

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DAYORO P., 1975, Le filet de chasse en pays bété, Godo Godo, Bulletin de l’Institut d’Histoire d’Art et d’Archéologie Africains (1) : 101-109.

HOLAS B., 1980, Tradition Krou, Fernand Nathan, Poitiers/Ligugé.

JOSEPH G., 1917, La Côte d’Ivoire. Le pays- les habitants, Emile Larose, Paris.

KOUASSI K.S., 2007, Archéologie de la Côte d’Ivoire côtière (Grand-Bassam – Grand-Lahou), non publiée, thèse nouveau régime, Université d’Abidjan, Abidjan.

LOUCOU J.-N., 1986, Le peuplement de la Côte d’Ivoire : problèmes et perspectives de recherche, Annales de l’université d’Abidjan, série I (XIV) : 27-57.

ANNEXES (

Crédit Photos Kouassi Kouakou Siméon)

Photo n°1: Quelques produits de tissage provenant de Satroko (région de Lakota)

A- Filet de pêche (deda) B- Filet de chasse (sokwli)

A-

Tissage réservé aux femmes

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Van Panier

Hotte Séchoir de produits de rentes (café-cacao)

Siège Tamis d’attiéké

B- Tissage réservé aux hommes

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Photo n°2 : Eléments de tissage dans l’habitat forestier de Côte d’Ivoire

Armature de bois ligaturée par des lianes

Papo

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Tricotage linéaire

Tricotage par anneaux concentriques

Tricotage par assemblage de baguettes de bambou raphia ou de rotin Figure : Schémas des techniques employées

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