HAL Id: jpa-00234493
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Les tentatives de rapppochement entre les constantes λ
(constante cosmologique) et µ0 (masse du photon)
M.A. Tonnelat
To cite this version:
LE
JOURNAL
DE
PHYSIQUE
ET
LE
RADIUM
LES TENTATIVES DE
RAPPPOCHEMENT
ENTRE LES CONSTANTES 03BB(CONSTANTE COSMOLOGIQUE)
ET 03BC0(MASSE
DUPHOTON)
Par Mme M. A. TONNELAT. Institut Henri
Poincaré,
Paris.Sommaire. -
Examen des diverses tentatives pour établir une égalité de la forme 03BC2 = 2014 03BB
avec 03BC
= 203C0/h
03BC0 c et 03BB ~2014 I/R2
(03BC0
étant la masse d’un corpuscule du type photon et R le rayon decour-bure d’un espace à courbure constante). Discussion du sens et des limites de cette équivalence.
TOMB 12. 1~° 9. NOVEMBRE 1951.
La relativité
générale
permet
d’écrire la loi degravitation
dans le videen
désignant
par y,,,, le tenseurmétrique symétrique
habituel et en
posant
La constante
cosmologique 1, qui,
avec cette défi-nition doit êtrenégative,
est de l’ordre de-- ~.~
[a
étant le rayon de courbure del’espace
à courbureconstante
qui
intervient dans la solution de(1)].
Cette constante a étéplusieurs
foisrapprochée
d’uneautre constante ,~ o
qui
peut
introduire des termessupplémentaires
dans leséquations
de Maxwell etqui représente
alors la masse duphoton.
La relation
proposée
entre ~ et jao esttoujours
de la forme suivante
(1) :
a étant une fraction
simple
ou un entier voisin del’unité.
Si l’on examine
simplement
les ordres degrandeur,
(’) Nous n’examinerons pas ici les déterminations de po à
partir d’hypothèses étrangères à la Relativité générale.
Tel est le cas, par exemple, de l’évaluation des limites de
l’énergie d’un photon à partir de la théorie de Milne.
CI. WHITROW, Nature, ig5o, ~.65, 28 1.
cette relation est tout à fait admissible. On a en
effet
avec
On obtient donc
ce
qui
semblecorrespondre
à une valeurpossible
de la masse du
photon, d’après
lesconjectures
quel’on
peut
faire sur celle-ci(2).
Toutefois,
il estplus
difficile d’attribuer un sensphysique
à une relation dutype
(4),
car elle établit unecorrespondance
entre la constante z, et destermes
spécifiquement quantiques.
Pour en discuterla valeur on ne
peut
que se référer auxhypothèses
qui
ont motivé cetteégalité.
1. Les
plus simples
de ceshypothèses
sont issuesde l’étude de la
propagation
d’unchamp
maxwellien dans un espace de Riemann. On constate(3)
que la (2) Cette masse n’étant pas décelable par l’expérience,on peut en inférer qu’elle doit être inférieure à une valeur voisine de o wJ
g.
C f . L. DE BftoGLIE, Une nouvelle conception de la lumière, p. 40.
(3) Ci. EDDINGTON, Relativitâtstheorie, p. 260.
LE JOURNAL DE PHYSIQUE ET LE RADIUM. -
T. 12. - N° 9. -
NOVEMBRE 1951. 5i
830
propagation
deschamps
et despotentiels
est décrite par leséquations ^
, "avec
La dérivée covariante est
prise
à l’aide des;,~ ,,
1qui
caractérisent la connexion del’espace
deRie-mann. En choisissant un
système
de coordonnéesnaturelles
(4),
onpeut
ramener ceséquations
auxsuivantes
«»
:avec (1)
~ ~ 1B1. Tokio rrakeuchi
C)
aessayé
lepremier
d’établir une relation entre ~. et ,uo ensupposant
que les
équations (7)
admettent la solutionDans ces conditions
définit,
d’après (7),
unedispersion
par le vide(8)
avec l’indice
et une masse au repos du
photon
telle queOn aura donc
2° Un
rapprochement analogue,
etpeut
être moinsarbitraire,
peut
être tentéd’après
lesprin-cipes
de la théorie duphoton.
Lapropagation
duphoton
dans un espace euclidien obéit en effet auxéquations
(1)
-(’) Pour la définition, des coordonnées « naturelles », on
pourra consulter EDDiNGTON~ Op. Cit., p. 105. (~) Cf. EvDr~c~TO~, Op. cif., p. 262.
(6) Les valeurs galiléennes des g" étant 0.J.- en notations d’univers et ( r, i, i, -
r) en notations d’espace-temps.
(’7) TOKIO T:~KEUCHI, Esl. Zs. f . Phys., 1928, 50, 700 et 1929, 53, r ~8.
(~) Ou « superdispersion k, d’après TOKIO T AKEUCHI.
(9) L. DE BROGLIE, Nouvelles recherches sur la, lumière,
Hermann, 1936, p. r 5.
avec
Il existe donc une
grande
similitude entre la f orme deces’
équations
et celle deséquations
depropa-gation
d’unchamp
maxwellien dans un espace deRiemann à courbure constante. En
comparant
(5)
et
(11),
on est encore amené à poser .c’est-à-dire
On voit
apparaître
nettement ici le genre deparenté
que
peuvent
indiquer
des relations comme(10)
ou(14).
Ils’agit
d’uneéquivalence
formelle entre leséquations
depropagation
d’unphoton
de masse,~ù-o ~ o dans un espace euclidien et celles d’une
onde maxwellienne dans un espace de Riemann
à courbure
constante.
Courbure et massepro-duisent une
dispersion
par le videqu’on
peut,
d’ailleurs
arbitrairement,
supposeridentique
dans les deux cas. Mais cettepropriété
n’introduitphysi-quement
aucun lien entre la masse duphoton
etla courbure de l’univers. En
dépit
de lapossibilité
deproduire
des effetsidentiques,
ces deuxcarac-tères restent totalement
hétérogènes,
comme lesthéories dont ils sont issus.
Physiquement,
ilss’excluent.
Sinon,
il faudrait considérer lapropa-gation
d’unphoton
non pas dans un espaceeuclidien,
mais dans un espace de Riemann à courbure
cons-tante. On aurait alors les
équations
de propaga-tionCO)
dans
lesquelles
les effets de masse et de courbures’ajoutent.
Tout revient donc à considérer lapropa-gation
d’unphoton
de massedans un espace euclidien. Mais aucun lien entre les
constantes po et a,
qui produisent
des effets additifset non
plus équivalents
ne saurait évidemment enrésulter.
#
2. Dans ce
qui précède,
les relations entre ~et
ti-2
s’introduisent au sein de la théorieélectro-magnétique.
La structure de l’univers n’intervient que pour servir de cadre à cette théorie. Lacour-bure
peut
modifier leséquations
depropagation
du
champ électromagnétique
mais,
de toutefaçon,
celui-ci reste
complètement
étranger
à lagéométrie.
On
pourrait espérer,
aucontraire, rapprocher
lesgrandeurs
géométriques
issues des théoriesclas-siques
desgrandeurs
définies par la théoriequan-tique
deschamps
etreprésentant
des transitionscorpusculaires.
Cetteentreprise
n’a aucun sensdans le cadre restreint de la relativité
générale
etde la théorie
électromagnétique.
En
effet,
la relativitégénérale
fait intervenir untenseur
G~,,,
nécessairementsymétrique.
Al’approxi-mation
quasi
euclidienne(11)
et avec un choix de coordonnées isothermes(~~),
on obtientde sorte que
l’équation (7)
se réduit àl’équation
depropagation
-Or,
la théorieélectromagnétique
nepeut
aboutirqu’à l’équation
depropagation
(13)
Pour
qu’un rapprochement
soitpossible,
il estnécessaire
d’élargir
les bases de l’une et de l’autrethéorie,
defaçon
à introduire soit un tenseursymé-trique
dans leséquations corpusculaires
deschamps,
a soit un tenseur
antisymétrique
dans leséquations
déduites d’un théorie
géométrique.
z ~ Fierz et Pauli ont étendu les résultats de la théorie
quantique
deschamps
enintroduisant,
àcôté des
équations électromagnétiques
relatives autenseur
antisymétrique
~~~v~, deséquations qui
serapportent
à un tenseursymétrique
(14).
Les
premières
décrivent lecomportement
d’uneparticule
despin
i, les secondes d’uneparticule
despin
2. Nous avons montréqu’il
estpossible
de déduire les unes et les autres des mêmeséquations
d’onde(15)
et de lesrapprocher
deséquations quasi
euclidiennes tirées de la relativitégénérale (16).
(l’) Si 6,,, (~.--. i, - 1,’ -
i, + i) représente les valeurs galiléennes des IP.BI’ l’approximation quasi euclidienne consiste à supposer que h,,, = 1 JBI - et toutes les dérivées
des
sont des quantités E petites devant l’unité, de sorte qu’on
J
peut négliger tous les termes en s2.
("-’) Les coordonnées « normales » ou « isothermes » soit telles que :
relations équivalentes à = o.
_
On peut montrer qu’il est possible de choisir des
coor-données qui soient à la fois isothermes et quasi galiléennes.
Cf. CHAZY, La théorie de la Relativité et la Mécanique céleste, p. 140.
(1j) De cette équation résulte que la constante A =
G doit être, elle aussi, de l’ordre de E. ,
4
(") M. FmRZ, Helv. Phys. Acta, 1939, ~.5, 29~.
~1~) 1B1. A. TONNELAT, C. R. Acad. Sc., r g4 r, 212, 187, et de Physique, 1942, 17, 158.
eut) M. A. TONNELAT, C. R. Acad. AS’c., 212, 687, et
Ann. de Physique, 1944, 19, 405.
On a, en
effet,
leséquations
depropagation
sui-vantes :Pour le
spin
Pour le
spin
. les
constantes F
et¡J.’
pouvant
serapporter
à desmasses au repos et
V-’
éventuellementdiffé-rentes.
Supposons
que soit défini de lafaçon
sui-vante à
partir
d’un certain tenseursymétrique
yp,,(11)
avec
Les
équations
de la théorie conduisent àl’équation
de
propagation C 8)
’En
comparant
(20)
et(24),
on est amené à poserc’est-à-dire
20
L’élargissement
des bases de la relativitégénérale
de manière àpermettre
lagéométrisation
del’électromagnétisme
est le butpoursuivi
par les théories unitairesclassiques.
Lafaçon
laplus
natu-relle et la
plus générale
de l’atteindre consiste àremplacer
la connexion riemannienne par uneconnexion affine
quelconque
ensupposant
quel’univers
possède
une torsion et deux sortes de courbures. Apartir
de cesprincipes,
Einstein aédifié une théorie unitaire affine très
générale
(1 fi)
qui
supposetoujours
uneéquation
de la forme(’ ~) Nous avions défini
~,,~;,
1 à partir de yj, au moyen d’une expression un peu différente [Cf. Ann. de Physique, ~gf~4,19, 407 relation (12)]. Il nous semble préférable de définir
le (séparé des grandeurs liées au spin j o) à-partir
des ; ,,, et de choisir l’expression ci-dessus. Pour la
défi-nition des
~, ~,9;,,
C f. VAN ISACKER, C. R. Acad. Sc., z g1~4,p. 5i.
’
(~s) Les équations de la théorie
conduisent aussi à la condition
qui est précisément la définition (18) des coordonnées iso-thermes.
Cf. EINSTEIN, The Meaning of Relativity, Appendix 2 e édition..
-
832
R~.,, et g’;J.’1 = g~.~~ + g,., n’étant
plus
ici des gran-deurssymétriques.
Avecquelques
variantes sui-vant le ou les tenseurs de baseadoptés,
R;,,,,
s’exprime
au moyen des coefficients de la connexion amine et ces derniers en fonction
des-y,,, :
c’est la solutionrigoureuse
deséquations
o que nous avons
+-calculée dans un
précédent
travail. Aucuneapproxi-mation n’a besoin d’être faite sur la forme et l’ordre de
grandeur
du tenseursymétrique
g~,~~. Par contre,si nous supposons le
champ antisymétrique
dev
l’ordre de ;-- et si nous convenons de
négliger
lestermes en e3 devant l’unité nous constatons que
(26)
conduit auxéquations approchées
l’approximation
portant
seulement sur les termesélectromagnétiques.
Si ri
estsupposé
nul,
lechamp
nepeut
être frapproché
duchamp
électromagnétique,
à moins que la constantecosmologique
nedisparaisse
(21).
Si
f v
~ o, il estpossible
de définir unchamp
qui
dérive d’unpotentiel,
même si 1,5;~~
o. Cechamp
vérifie
l’équation
depropagation
La
comparaison
entre cette dernièreéquation
etl’équation
13 depropagation
d’unchamp
électro-magnétique
conduit à poser en choisissant unsystème
de coordonnées naturelles
Il
importe
de noter que deségalités
telles que(25)
et
(31) impliquent
encore unrapprochement
pure-ment formel. Elles
représentent
uneéquivalence
entre la
propagation
deschamps
issus d’unedescrip-tion
géométrique
et celle deschamps
macrosco-piques
que définitstatistiquement
une théoriequantique.
Mais cetteéquivalence
delangage
quetraduisent
leségalités (25)
ou(31)
laisse finale-(l!)) M. A. TONNELAT~ J. Physique Rad., Si.(20) Cette équation est liée aux choix d’un certain tenseur de base, on obtiendrait des coefficients différents en partant
d’un autre tenseur mais les conclusions seraient inchangées.
(2z) Ci. M. A. TONNELAT, .ï. Phrdsique Rad.
ment les théories
étrangères
l’une à l’autre. Ellesrestent deux
descriptions possibles,
mais aucunlien
explicatif
ne les unit. Lesinterprétations
physiques qu’elles
proposent
s’excluent donc encore.Il en irait différemment si l’on
pouvait imaginer,
par
exemple,
une relation de cause à effet entre lechamp
corpusculaire
et les structuresgéométriques
de l’univers. S’il en était
ainsi,
uncorpuscule
dutype
photon
seraitresponsable,
par sestransitions,
du
champ
antisymétrique macroscopique
et de la structure de l’univers danslequel,
finalement,
ilse propage. Ses
équations
devraient être écrites audépart
dans l’univers à connexion affinequ’il
contribue à définir.Malheureusement,
leséquations
deschamps
ne sont pas connues dans un espace àconnexion affine
quelconque
et nonsimplement
riemannienne
(hypothèse
nécessaire pourinterpréter
géométriquement
lechamp
C’estprécisément
à la théorieclassique
unitaire de les établir. Leséquations
d’ondescorrespondant
à ce cas ne sontmême pas forcément
compatibles.
Il semble donc
qu’une équivalence
entre théoriecorpusculaire
deschamps
et théorie affineclassique
se borne à confronter deux
descriptions possibles
et d’ailleurs
approximatives,
mais sans lienexpli-catif. Seul le cadre euclidien intervient dans la théorie
corpusculaire
mais,
choseremarquable,
il se trouveque le
comportement
ducorpuscule
décrit à l’aide de coordonnées cartésiennesquelconques,
est «équi-valent » aux relations entre les structures
géomé-triques
classiques quand
on lesrapporte
à certainssystèmes particuliers
de coordonnéescurvilignes :
coordonnées « naturelles », s’ils’agit
de(8)
et de(30)
coordonnées « isothermes », s’il
s’agit
de(20).
Si intéressante
qu’elle
soit,
cetteéquivalence
approchée,
ouplutôt
cepont
entre leslangages
géométrique
etcorpusculaire
est donc loin de seprésenter
comme une théorieexplicative
satisfai-sante. Cette discussion n’a d’autre but que de
préciser
ses caractères et ses limites.Dans une autre
voie,
il reste lapossibilité
detrouver,
grâce
à la solution exacte deséquations
p = o, solution valable même dans le cas de+-
champs
trèsintenses,
l’explication
de la naturedes
particules
élémentaires. Mais la réalisation de cetespoir,
comme lesouligne
fort bienSchrô-dinger (22),
demeure,
malgré
tous lesefforts,
assezproblématique.
(22) SCHRDDINGER, Studies in the non symmetric
genera-lization of the theory of gravitation, Dublin, 1951, p. 3.
’