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Les vaccins vétérinaires de nouvelle génération
J.M. Aynaud
To cite this version:
J.M.
AYNA UDINRA
Département
dePathologie
Animale 37380Nouzilly
Les
vaccins
vétérinaires
de nouvelle
génération
L’objectif
de la
vaccination
de l’animal
domestique
de
rente
est
essentiellement la réduction des
pertes
économiques
causées
aux
productions
animales
par
les maladies infectieuses
et
parasitaires.
Dans
unenvironnement
à
risque
pour
les
troupeaux,
la
vaccination
contribue directement
à maintenir
l’intégrité
des fonctions de
l’organisme
intervenant
dans la
production
de
viande,
de lait
et
d’oeufs.
Les
vaccins
vétérinaires constituent
unoutil
privilégié
pour
la
prévention
des
maladies
des
animaux
domestiques qu’ils
soient
de
rente
oude
compagnie.
Les
premiers
vaccins vétérinaires ont été misau
point
il y adéjà plus
d’un siècle par Louis Pasteurqui,
enhommage
àJenner
(1798),
acréé les concepts de vaccin et de vaccination. Avec l’aide des vétérinaires Galtier et Chauveau de l’Ecole vétérinaire de
Lyon,
Bouley,
Nocard et Delafond de l’Ecole vétérinaire d’Alfort et enfin Toussaint de l’Ecole vétérinaire deTou-louse,
Louis Pasteur s’est intéressé à la mise aupoint
de vaccins contre le choléra despoules
(1880),
la fièvre charbonneuse du mouton(1880),
lapéripneumonie
des bovins(1882)
et enfin lerouget
du porc(1883).
A la faveur deces travaux menés dans un délai de 3 ans,
Pas-teur a
jeté
les basesscientifiques
àpartir
des-quelles
tous les vaccins ultérieurs ont étépré-parés
jusqu’au
milieu des années 50. Peu detemps
après
Pasteur,
les basesscientifiques
de l’immunité humorale et de l’immunité cellu-laire étaientrespectivement
découvertes par VonBehring
et PaulErlich,
et par Elie Metchi-koff.C’est un vétérinaire, Gaston
Ramon, qui,
àl’Institut Pasteur, a découvert en 1923 le
prin-cipe
des anatoxines ainsi que celui desadju-vants de l’immunité.
Enfin,
auxPays-Bas
en1952, Frenkel mit au
point
la méthode pourpréparer
lepremier
vaccin à virus inactivécontre la fièvre
aphteuse, produit
àpartir
devirus cultivé sur
l’épithélium
lingual
de bovinmaintenu en survie. La méthode Frenkel fut le
départ
de lavaccinologie
vétérinaire,
nouvelletechnologie
industriellequi prit
son essor àLyon
(Institut
Français
de la Fièvreaphteuse)
et diffusa ensuite dans de nombreux pays pour faire face aux terriblesépizooties
de fièvreaphteuse
qui ravagaient
alorspériodiquement
lespopulations
debovins, d’ovins,
decaprins
et deporcins.
Récemment, en 1989, la Facultévétérinaire de l’Université d’Utrecht
(Pays-Bas)
a
créé,
pour lapremière
fois enEurope,
uneChaire pour
l’enseignement
de lavaccinologie.
Le
développement
destechnologies
nou-velles dérivées de la fusion cellulaire et de la recombinaison dADN a entraîné toute une
série d’innovations dans les vaccins vétéri-naires au niveau de leur
conception,
de leurpréparation
et de leur utilisation.L’objectif
de cet article estd’examiner,
defaçon
critique,
l’évolution des concepts et desapproches
qui
ont conduit aux vaccinsactuels,
ouqui,
àpartir
destechnologies
nouvelles,
vont conduire à court terme aux vaccins dits de nouvelle
génération
et à des méthodes de vacci-nationplus performantes
pour l’animaldomes-tique
de rentequ’il
soit unmammifère,
unoiseau ou un
poisson.
Résumé
-Les vaccins vétérinaires doivent non seulement être efficaces et totalement inof
fensifs,
maisrépondre
à des contrainteséconomiques
strictesimposées
par les éleveurs en amont des filièresproductrices
deviande,
de lait et d’oeufs. Lecontrôle des maladies virales et bactériennes dévastatrices telles la fièvre
aphteuse,
lapeste porcine
et la brucellose a été réaliségrâce
à des vaccinsconventionnels dont la
plupart
sont encorelargement
utilisés dans le monde. Lesnouvelles
technologies
issues de la fusion cellulaire et de la recombinaisongéné-tique
offrent lapossibilité
d’éliminer certains inconvénientsqui peuvent
subsisterdans les
préparations
actuelles.L’un des atouts
majeurs
des vaccins de la nouvellegénération
sera lapossibilité
Contraintes
propres
auxvaccins
vétérinaires
Les vaccins destinés à l’animal
domestique
de rente souffrent de nombreuses contraintesdont ne font pas
l’objet
les vaccins destinés àl’animal
domestique
decompagnie,
ou àl’es-pèce
humaine.L’utilisateur de vaccins vétérinaires au sein
d’une filière de
production
animale(filière
porc, filièrelait,
etc.)
considère ces derniers comme un des moyens d’améliorer laproducti-vité de son
élevage
en réduisant les pertes duesaux maladies infectieuses
(viroses,
bactérioses,
mycoplasmoses,
chlamydioses)
etparasitaires
(fasciolose,
helminthoses, coccidioses,
hypo-dermose).
Lesqualités
exigées
par un telutili-sateur sont les suivantes :
- coût minimum
acceptable
de la dose vacci-nale- interventions réduites
au minimum, compte
tenu du manque croissant de main d’oeuvre
disponible
dans lesélevages
à caractère indus-triel-
présentation
et administrationparfaitement
adaptées
aux conditions actuelles del’élevage
- totale innocuité à court et
long
terme- efficacité
en terme de
protection.
Le contrôleur officiel du Ministère de
l’Agri-culture,
surqui
repose toute lagarantie
d’un bon vaccin pourl’utilisateur, exige
lesqualités
suivantes pour accorder l’autorisation de mise
sur le marché :
- innocuité et efficacité conformes aux
régle-mentations en
vigueur
au niveau national et auniveau de la CEE
- stabilité
génétique
des vaccins vivants-
respect des normes pour la
protection
del’en-vironnement
(vaccins
vivantsrecombinants)
- détection des
animaux vaccinés des animaux infectés par un test
sérologique
de routine.Pour l’industriel de la
vaccinologie
vétéri-naire, la mise aupoint
de bons vaccinspossé-dant l’ensemble des
qualités
exigées
par les dif-férentspartenaires
enproduction
animale estune
opération
qui
demande du temps(5
à 10ans en moyenne entre l’idée et la mise sur le
marché),
beaucoup
de matièregrise
et desinvestissements lourds en laboratoires et en
installations
expérimentales
« étanches » pourles animaux,
indispensables
pour mettre en oeuvre les tests de «challenge
» pourl’évalua-tion du
pouvoir protecteur
des vaccins.Pour
l’industriel,
la rentabilité financière d’une telleopération
est souventfaible,
comptetenu des contraintes d’ordre
économique
ouréglementaire.
Le marché du médicament vété-rinaire est en effet étroit(moins
de 5 % dumar-ché du médicament
humain).
Deplus,
àl’inté-rieur de ce
marché,
celui des vaccinsvétéri-naires est éclaté en
plusieurs
sous-secteurs liésà la
multiplicité
desespèces
animales de rente(5
demammifères,
5d’oiseaux, poissons :
sal-moniculture)
et aussi à la diversité des agentspathogènes responsables
de maladies danscha-cune
de cesespèces.
L’aide financière n’existepas et, de ce
fait,
le coût unitaire de la dosevac-cinale doit être nécessairement très faible
(autour
d’un centime pour lepoulet, quelques
francs pour unporc)
compte tenu des marges bénéficiaires deséleveurs, qui
sont deplus
enplus
étroites. Dans certains cas(coccidioses
despoulets),
les vaccinsantiparasitaires
potentiels
vont se trouver en
compétition
avec lesmolé-cules
antiparasitaires
introduites dans les ali-ments distribués aux animaux. Ilfaut,
parail-leurs,
rappeler
les nombreuses contraintestenant au
développement
deréglementations
restrictives
imposées
par les comitésd’éthique
concernant les conditions des essais sur leter-rain des vaccins recombinants issus du
génie
génétique.
Cependant,
parrapport
aux vaccins destinésà
l’homme,
les vaccins vétérinaires bénéficientd’un avantage considérable concernant les conditions de l’évaluation de l’innocuité et de l’efficacité. Ces deux
qualités
vaccinales sonten effet
obligatoirement
contrôlées directement surl’espèce
animale àlaquelle
le vaccin est destiné et ceci sur des lotsimportants
d’ani-mauxhomogènes
et standardisés. Cetavantage
constitue pour les utilisateurs une excellente
garantie
dequalité.
Enfin,
donnéeimportante,
la durée del’utili-sation d’un vaccin vétérinaire est d’autant
plus
brève que le vaccin s’est avéré efficace en
termes de
protection
et de réduction des perteséconomiques.
Pour le chercheur situé en amont, la mise au
point
de vaccins est, en soi, une finalité derecherches,
mais leplus
souvent c’est uneretombée
majeure
duprogrès
desconnais-sances et des
technologies
concernant lespro-priétés
in vitro(biologie
moléculaire,
l’ani-mal
hôte)
des agentspathogènes responsables
des maladies.
La mise au
point
de bons vaccins vétérinaires estlargement
conditionnée par lesprogrès
accomplis
au niveau des concepts et destechnologies
dans les différentesdisciplines
telles que lavirologie,
lamicrobiologie,
lapara-sitologie,
l’immunochimie etl’immunologie.
Des
vaccins vétérinaires :
pourquoi,
pour
protéger
contre
quoi
et
comment ?
Si elle
permet
de contrôler efficacement lesmaladies,
la vaccinationn’empêche
souvent pas lesagents
pathogènes
de continuer àper-sister et à circuler à bas bruit dans la
popula-tion animale. Aussi, le contrôle d’une maladie par la vaccination est considérée comme la
pre-mière
étape
du processus d’éradication.Ulté-rieurement,
quand
la maladie adisparu
d’unterritoire du fait de l’efficacité de la vaccina-tion, l’interdiction de cette dernière est une mesure nécessaire pour des raisons sanitaires et surtout commerciales. C’est, par
exemple,
lecas en France, comme au
Royaume-Uni,
de laPeste
porcine
et de la Fièvreaphteuse.
La
protection
vaccinale de l’animal contredes maladies virales ou bactériennes où l’im-munité est de caractère
plutôt systémique
(Fiè-vre
aphteuse,
Pesteporcine,
Pestebovine,
Rou-get du porc, Maladied’Aujeszky
du porc, Rhi-notrachéite infectieuse desbovins,
etc.)
a étéobtenue relativement facilement en raison de la bonne efficacité des vaccins
disponibles.
Enrevanche,
de nombreuses difficultés subsistentpour induire une
protection
immunitaire deniveau
égal
contre les maladies où l’immunitéest essentiellement locale
(entérites,
mam-mites).
Il n’existe pas encore de bons vaccinscapables
deprotéger
efficacement laglande
mammaire de la vache laitière contre lesinfec-tions bactériennes. Par
ailleurs,
certaines mala-dies virales à caractèresystémique
nebénéfi-cient pas encore de solution satisfaisante en
matière de vaccins, et ceci, bien que les
connaissances des
propriétés
del’agent
patho-gène
responsable
ou des mécanismes immuni-taires aientprogressé
defaçon
spectaculaire
ces dernières
années ;
c’est le cas de toutes les rétroviroses animales(leucose
bovine,
leucosesaviaires, rétroviroses du mouton et de la chè-vre, anémie infectieuse du
cheval,
rétrovirosesfélines),
de la maladie de Marek despoulets
et de la Pesteporcine
africaine.Tout reste à faire pour les nouvelles maladies
apparues très
récemment ;
c’est le cas de lamaladie
hémorragique
dulapin,
qui
est unfléau pour les
élevages
et dont on n’a pasencore réussi à cultiver le virus
responsable.
Enfin,
les maladiesparasitaires qui
restentencore des
pathologies préoccupantes
enEurope
(coccidioses
aviaires, fasciolose ethypodermose
desruminants)
et, leplus
sou-vent, dominantes dans les zones
tropicales
despays en
développement (trypanosomiases),
sontplus
ou moins bien contrôlées par desmolé-cules
antiparasitaires
dont certaines sontsoup-çonnées
avoir des effets indésirables sur lafaune sauvage
(arthropodes)
de l’environne-ment. De bons vaccinsantiparasitaires
restent donc à mettre aupoint.
Ilspourraient
consti-tuer une alternative intéressante aux molécules
antiparasitaires.
Mais degrandes
difficultés subsistent tenant à lacomplexité
del’antigéni-cité du
parasite
vis-à-visduquel
laréponse
immunitaire de l’animal hôte est souvent
désar-mée
(échappement
duparasite
aux défensesimmunitaires de
l’organisme
infesté).
Depuis
une dizained’années,
avec ledéve-loppement
desbiotechnologies,
nous assistons à lamultiplication
desapproches
technologi-quesproposées
pour la mise aupoint
devac-cins. De ce
fait,
les chercheurs sont confrontésau choix de la meilleure
approche,
compte
tenu d’unepart
de l’état des connaissancesconcer-nant
l’agent pathogène
et de laréponse
immu-nitaire de l’animal hôte et d’autre part des
exi-gences des utilisateurs
potentiels
dans la filière deproduction
animale concernée. Cardisposer
de nouveaux
immunogènes
plus performants
nereprésenterait
qu’un
progrès
limité sans lamise au
point
de nouveaux modes deprésenta-tion et d’administration
qui
viseront à accroîtrel’efficacité des nouveaux vaccins et à
simplifier
les programmes de vaccination, surtout
quand
ils’agit
destimuler,
parexemple,
l’immunitélocale du tractus
digestif.
Lesproblèmes
prati-ques
posés
par la vaccination orale du renard contre la rage ou celle de la truie contre lagas-troentérite transmissible en sont une bonne
illustration.
Les
vaccins vétérinaires
actuels
C’est à Louis Pasteur que l’on doit la
démons-tration que l’on peut transformer des
microor-ganismes
pathogènes
en vaccins paratténua-tion de leur virulence. A
partir
de cette voie, la sélection orientée de mutants ayantperdu
enpartie
ou en totalité leur virulence(par
pas-sages en série sur l’animal de laboratoire telque le
lapin
parexemple,
ou par passagesaveu-gles
dans des conditionsparticulières
encul-ture
cellulaire)
a constituépendant
longtemps
uneapproche performante
qui
apermis
depré-parer de nombreus vaccins viraux vivants
effi-caces. C’est ainsi que les vaccins actuels contre la maladie
d’Aujeszky
(souche
« Alfort-26»),
contre la Peste
porcine
classique (souche
«Thi-verval
»)
ou contre laChlamydiose
abortive(souche
«INRA-1B »)
ont étépréparés
dans les laboratoires de l’INRA àpartir
de mutants« froids » obtenus en culture cellulaire à basse
température
parrapport
à 37-38°C. C’estgrâce
à cetype
de vaccins,qualifiés
maintenant deconventionnels,
que lesgrandes
maladies virales dévastatrices ont été peu à peuélimi-nées de notre territoire. Le vaccin contre la Sal-monellose abortive des ruminants est constitué par un mutant
particulier
de Salmonella abor-tus bovis(travaux
à l’INRA deTours).
L’inacti-vation del’agent pathogène (vaccin
actuel contre l’entérite virale à coronavirus des veaux(travaux
à l’INRA deJouy-en-Josas)
ou de sestoxines
(vaccin
contre les mammites des rumi-nants(travaux
à l’INRA deTours),
ainsi que laLes vaccins
conventionnels
sont constitués leplus
souvent demicroorganismes
atténués ou inactivés.Ils
nepermettent
pasde
différencier,
par un testsérologique
deroutine,
les animauxinfectés des
animaux vaccinéspuisqu’ils
induisent chez
cesderniers
lasynthèse
des
mêmesLes
techniques
degénie génétique
permettent
maintenant
de
produire
des vaccinsqui
ne contiennentplus
la totalité dumicroorganisme
epathogène
mais seulement lesantigènes
responsables
de laréponse
immunitaire,
protectrice.
préparation
d’antigènes
protecteurs
(vaccin
contre l’entérite colibacillaire du veau(travaux
à l’INRA de
Theix)
continuentd’apporter
des solutions efficaces contre ces maladies ani-males en attendant que les vaccins de nouvellegénération
issus desbiotechnologies,
(immu-nochimie,
recombinaisongénétique)
soientréellement
opérationnels
sur le terrain etpuis-sent
prendre
le relais des vaccins actuels.Rap-pelons
que les inconvénientsmajeurs
desvac-cins
actuels,
dits conventionnels sur leplan
del’éradication,
tiennentprincipalement
au faitqu’il
n’est paspossible
de différencier par untest
sérologique
les animaux vaccinés desani-maux infectés.
Les
vaccins vétérinaires
de nouvelle
génération
1
/
Les
nouveauxconcepts
La connaissance des bases moléculaires de la virulence et de
l’immunogénicité
a conduit àun
progrès
considérable dans la mise aupoint
de vaccins. En
effet,
legénie
génétique
a offertla
possibilité
deséparer
lesantigènes
(épitopes)
susceptibles
d’induire laréponse
immunitaireprotectrice
(principe vaccinant)
du reste desconstituants du
microorganisme
pathogène.
Dans ces
conditions,
certains vaccins vivantsrecombinants ne renferment
plus
departicules
pathogènes
puisque
lapartie
dugénome
impli-quée
dans la virulence(gènes
TK etgI
pour levirus
Aujeszky)
a été éliminée par délétion.Seuls les
gènes
impliqués
dansl’immunogéni-cité ont été conservés dans la construction finale. De même, certains vaccins non vivants
ne renferment
plus
que le ou les motifsantigé-niques
responsables
del’immunogénicité
aux-quels
ont été «greffées
» des molécules à effetadjuvant
ou facilitant laprésentation
del’anti-gène
auxlymphocytes.
Généralement,
le «prin-cipe
vaccinant» appartient
à l’une despro-téines structurales de
l’agent pathogène.
Mais ilpeut
êtreégalement
constitué par des compo-sants non structuraux(protéines
NS-1 des flavi-rus,protéases
sécrétées par certainsparasites
tels que le varron :
l’hypodermine A)
ou même par desprotéines
non codées parl’agent
patho-gène
tels que desrécepteurs
cellulairesspécifi-ques ou des
antüdiotypes.
Le sérum des animaux ainsi immunisés est alors
dépourvu
d’anticorps
vis-à-vis de certains constituants dumicroorganisme
pathogène,
alorsqu’en
revanche le sérum des animaux ayant faitl’objet
de l’infection naturelle en est pourvu. Ondispose
alors d’un moyenélégant
dedifférencier,
par un test de laboratoire deroutine basée sur une réaction
sérologique,
lesanimaux infectés des animaux vaccinés. Cela
permet de mener de front vaccination et
éradi-cation. Une telle
approche
est maintenantopé-ratonnelle pour la Maladie
d’Aujeszky
du porc.Des
projets
sont en cours pour d’autresmala-dies
(Peste
porcine,
Gastroentérinetransmissi-ble,
Brucellose...).
).
La
possibilité
de différencier les animaux vaccinés des animaux infectés constitue, de touteévidence,
leprogrès
actuel leplus
mar-quant pour les vaccins
vétérinaires,
car il vapermettre d’améliorer considérablement la
stra-tégie
globale
pour l’éradication des maladies infectieuses etparasitaires
des animauxdomes-tiques.
2
/
Technologies
à
l’origine
des
approches
pour
les
vaccins
de nouvelle
génération
* Les réactifs : l’arsenal
d’enzymes
de restric-tion(endonucléases)
etd’enzymes
demodifica-tion
(polymérase, ligase)
apermis
de réaliser une véritablechirurgie
moléculaire dupatri-moine
génétique.
L’arsenal desanticorps
monoclonaux apermis
de mettre enplace
l’im-munochimie pour la caractérisation des motifs
antigéniques
« minimum» susceptibles
d’êtreresponsables
del’immunogénicité
vaccinale.* Les
technologies :
- l’ensemble des
techniques
d’intervention surl’ADN : le
clonage,
leséquençage
et larecombi-naison in vitro
(insertion,
délétion,
substitu-tion,
construction)
ont atteint un haut niveaude
perfectionnement.
Enparticulier
laconstruction de bactéries «
déguisées
» aumoyen de la
technique génétique
degreffe
moléculaire de motifs
antigéniques
sélection-nés venant d’un
microorganisme
pathogène
sur uneprotéine
structurale(Lamb, Pili)
exprimée
à la surface externe d’une bactérie « véhicule »
inoffensive comme E. coli ou Salmonella est
une
approche
prometteuse permettantd’abor-der par
exemple
lesproblèmes
deprésentation
d’antigènes
lors de la vaccination orale.- la
synthèse peptidique
et l’immunochimie.- les molécules
adjuvantes
de l’immunité et lescomplexes
immunostimulants(ISCOM).
* Le matériel animal et cellulaire :
- les animaux de types
génétiques particuliers
(histocompatibilité,
mutants, sensibilité ourésistance à un agent
pathogène
ou à une- les animaux à haut statut sanitaire : statut
«
germ-free
», IOPS(indemne d’organismes
pathogènes
spécifiques).
L’éradication desrétrovirus
endogènes
dans deslignées
de pou-lets a étéentrepris
récemment à l’INRA deTours.
-
lignées
cellulaires ayant descaractéristiques
et des fonctionsparticulières :
cellules « ES &dquo;(Embryonic Stem),
celluleshelper
transcomplé-mentantes,
lymphocytes
pérennisés
ethybri-domes.
3
/
Les
nouvelles
stratégies :
1les différents
types
de
futurs
vaccins issus
du
génie génétique
Les vaccins vivants recombinants
(vaccins
«
chimères »)
sont constitués par des souchesvirales ou bactériennes atténuées
hybrides
exprimant
unantigène
vaccinalétranger
lors deleur
multiplication
ou à leur surface.exemples : -
le virus de la vaccinecomportant
un
gène
d’enveloppe
du virusrabbique
(tra-vaux menés par
Transgène, Rhone-Mérieux,
leCNEVfI et l’Université de
Liège).
- l’adénovirus humain
type
5 comportant legène
d’enveloppe
gp 50 du virus de la maladiedAujeszky
du porc(travaux
menés par l’Ecole vétérinaire dAlfort et leCNRS).
- le virus de la rhinotrachéite infectieuse bovine
comportant le
gène
VP1 du virus de la fièbreaphteuse (travaux
menés auTexas).
-
l’herpesvirus
de la maladiedAujeszky
com-portant un
gène
d’enveloppe
du virus de laPeste
porcine
(travaux
menés àLelystad
auxPays-Bas).
).
Les vaccins vivants atténués par
manipula-tion
génétique
sont constitués de nouvelles souches virales ou bactériennes ayantperdu
leur virulence par
mutagenèse
dirigée
ou pardélétion.
exemple :
la souche atténuée(TK-)
du virus de la maladied’Aujeszky
ayantperdu
par délétionun ou
plusieurs
gènes
dont celui de lathymi-dine kinase TK
(travaux
auxUSA).
Les vaccins recombinants sous unitaires sont constitués par de
l’antigène
vaccinal pro-duit en abondance par dessystèmes
d’expres-sion
appropriés
mis aupoint
par recombinai-songénétique.
exemple : l’antigène
gp50
del’enveloppe
duvirus de la maladie
d’Aujeszky produit
par des cellules d’insectes infectées par le baculovirus recombinantcomportant
legène gp50
(travaux
en cours au CNEVA en collaboration avec
l’INRA).
).
Les vaccins
synthétiques
sont constitués parla
séquence
de laportion
de laprotéine
candi-date virtuellementimmunogène, qui
a été syn-thétisée. Un tel vaccinchimiquement
défini estconceptuellement
idéal.exemple :
l’oligopeptide
correspondant
auxaminoacides 141-160 et 200-213 de la
protéine
VP-1 du virus de la fièvre
aphteuse
confère unerelative
protection
à l’animal dans les condi-tionsexpérimentales (travaux
menés auRoyaume-Uni).
Les vaccins
anti-idiotypes
sont constituéspar les
antigènes
non codés parl’agent
patho-gène.
Ils’agit
d’anticorps anti-idiotypes
qui
représentent l’image
interne du motifantigéni-que de
départ
codé parl’agent pathogène.
Les vaccinsanti-récepteurs
sont constituéspar les
antigènes
durécepteur spécifique
pour l’attachement de viruspathogènes
à la surface des cellules de l’hôte.La vaccination
génétique
consiste à créer deslignées
d’animaux résistant à unemaladie,
entransférant,
au niveau de lalignée germinale
des individus
reproducteurs,
un ouplusieurs
gènes
connus pour intervenir dans la résistance à cettemaladie,
ou desséquences
complémen-taires à celle du
génome
del’agent pathogène.
exemple :
gènes
dusystème
d’histocompatibi-lité du
poulet
intervenant dans la résistance decertaines
lignées
d’animaux aux tumeurs induites par les virus de la maladie de Marekou par les rétrovirus des leucoses aviaires
(tra-vaux en cours à l’INRA de Tours en
collabora-tion avec l’Université de
Lyon
et leCollège
deFrance).
4
/
Avantages
et
difficultés
des
vaccins
vétérinaires de nouvelle
génération
Les vaccinssynthétiques
présentent
desavantages certains
(composition chimique
défi-nie et stable d’un lot à
l’autre,
stabilité à latem-pérature
ambiante et innocuité totale enparti-culier vis-à-vis des
risques
decontaminants).
Cependant,
des difficultésmajeures
limitent lesespoirs
de leurdéveloppement
en médecinevétérinaire :
- le choix de la molécule
porteuse, de
l’adjuvant
et del’agent
decouplage chimique ;
- la
non
applicabilité
auxépitopes
discontinus ;
- la variabilité de la
réponse
post-vaccinale
enfonction de
l’haplotype
dusystème
majeur
d’histocompatibilité
de l’individuvacciné ;
-
l’efficacité,
médiocre en terme deprotection,
nécessiteplusieurs rappels.
Les vaccins
anti-idiotypes
etanti-récepteurs
constituent
conceptuellement
des alternativesL’anticorps
induit àpartir
del’agent
pathogène
estlui-même un
antigène qui
estsusceptible
d’induire
la fabrication
d’anticorps
de
structure voisine del’antigène
dedépart.
Les vaccinsanti-idiotypes
sont constitués par cestout à fait attractives mais, en terme de
protec-tion immunitaire, les résultats
publiés
à cejour
n’ont pas encore satisfait les
espoirs
placés
dans ces deux
approches originales.
Les vaccins vivants vont vraisemblablement
constituer le
champ d’application
majeur
des nouvellestechnologies
issues dugénie
généti-que compte tenu des sévères contraintesspéci-fiques
à la médecine vétérinaire et cela pour lestrois raisons suivantes :
- l’immunité conférée est de
longue
durée,
à la fois cellulaire ethumorale,
à la fois locale etgénérale ;
- une faible
charge antigénique
et une seuleadministration de vaccin sont nécessaires, donc le coût est
modéré ;
- les
adjuvants
de l’immunité ne sont pasnécessaires.
Ce sont de telles raisons
qui
sont àl’origine
de l’immense succès de la vaccination
anti-variolique
dans le monde pourl’espèce
humaine avec en
plus
unegrande
facilitéd’ad-ministration, une excellente stabilité du vaccin à la
température
ambiante et un très faible coûtde revient de la dose vaccinale.
Cependant
les vaccins vivantsrecombinants,
« chimères » ou non, devront être examinés et contrôlés avec les mêmes critères que ceux
uti-lisés actuellement pour les vaccins dits
conven-tionnels en ce
qui
concerne lapathogénicité
résiduelle et lerisque
de reversion vers laviru-lence à la faveur de mutations et surtout de recombinaisons
génétiques
in vivo au sein despopulations
animales chezqui
d’autresmicro-organismes
sontsusceptibles
de circuler à bas bruit(autres
souches vaccinalesrecombi-nantes)
ou depersister
à l’état latent(rétrovirus
endogènes,
herpesvirus).
Conclusion
Le
champ
desapproches possibles
pour lesvaccins vétérinaires s’est considérablement
élargé
suite audéveloppement
des nouvellestechnologies
issues dugénie
génétique.
Même si les effortsentrepris
n’ont pas tous encoreabouti à des
applications
pratiques
conduisantà des nouveaux vaccins utilisés sur le terrain à
grande
échelle,
il est certainqu’ils
ont touslar-gement contribué à
l’acquisition
deconnais-sances fondamentales sur les agents
patho-gènes
et sur les mécanismes immunitaires de laréponse
de l’animal hôte àl’agression
virale,
microbienne ou
parasitaire.
Il ressort, en
définitive,
que l’un des atoutsmajeurs
des vaccins vétérinaires de nouvellegénération
sera lapossibilité
de différencier lesindividus infectés des individus vaccinés.
L’en-jeu
est considérable car il devient alorspossible
de merner de front des campagnes de vaccina-tion et des
opérations
d’éradication face auxenzooties.
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Summary
Veterinary
vaccines of newgeneration.
Veterinary
vaccine must not be harmless andhighy
efficient butthey
have to take intoaccount of the severe economical constraints
imposed by
breedersupstream
of network for meat, milk and eggs. Control of viral and bac-terial diseases such foot and mouthdisease,
swine fever and
brucellosis,
wasgot
withcon-ventional vaccines the most of which are still
widely
used in the world. Newtechnologies
resulting
of cell fusion andgenetic
recombina-tion offer
ability
to eliminate somedisadvant-ages of conventional vaccines.
Possibility
to differentiate vaccinated animals from infected will be themajor
advantage
of newgener-ations vaccines.
AYNAUD J.M., 1991. Les vaccins vétérinaires de