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Tempêtes de foehn sur le Val d'Illiez

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Academic year: 2022

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m è t r e m a r q u a 19 degrés à Clarens, alors qu'il n ' i n d i q u a i t q u e 5 degrés le m a t i n p r é c é d e n t . La l i m p i d i t é de l'air du Bas-Valais balayé p a r le f œ h n contrastait de façon r e m a r q u a b l e avec la b r u m e qui régnait sur le L é m a n à l'Ouest de Vevey où le calme avait subsisté.

Les pluies de relief a c c o m p a g n a n t toujours le f œ h n bien développé ont arrosé le 7 n o v e m b r e le versant Sud des Alpes (Tessin) en e m p i é t a n t sur la crête p r i n c i p a l e noyée dans le m u r de f œ h n : il neigeait au Saint- B e r n a r d , à Z e r m a t t , au Simplon et dans le Haut-Valais. Dans la n u i t du 7 au 8 p a r contre, le d o m a i n e pluvieux s'est é t e n d u à l'ensemble du t e r r i t o i r e valaisan j u s q u ' a u l i t t o r a l du L é m a n à Villeneuve.

La t e m p ê t e p e n d a n t la n u i t du 7 au 8 n o v e m b r e a donc régné dans p r e s q u e toutes les vallées alpines ouvertes vers le N o r d avec u n e force r a r e . La vitesse du vent du Sud en a l t i t u d e qui atteignit 180 k m / h vers 5 000 m d'après le sondage aérologique de P a v e r n e suffit à e x p l i q u e r les ravages causés p a r ce f œ h n exceptionnel.

Si, en Valais, le Val d'Illiez a p a r t i c u l i è r e m e n t souffert du vent, cela tient sans d o u t e à deux p a r t i c u l a r i t é s t o p o g r a p h i q u e s de cette val- l é e : 1) l ' a l t i t u d e r e l a t i v e m e n t faible de la crête qui la ferme au Sud- Ouest (col de Cou 1921 m, col de Bretolet 1923 m ) ; 2) l ' o r i e n t a t i o n SSW-NNE du val m o y e n e n t r e C h a m p é r y et T r o i s t o r r e n t s . Cette dispo- sition du relief local est en effet favorable à la p é n é t r a t i o n du vent du Sud ou du Sud-Ouest dans le talweg.

Le f œ h n calmit peu à peu le 8 n o v e m b r e et cessa dans la n u i t du 8 au 9 p a r simple affaiblissement du g r a d i e n t de pression, sans chan- gement radical de temps.

TEMPETES DE FOEHN SUR LE VAL DTLLIEZ

par Robert Dubosson, instituteur

C o m m e la p l u p a r t des vallées des Alpes, le Val d'Illiez est soumis à l'influence du f œ h n . Mais si, dans les années o r d i n a i r e s , il ne cause que des dégâts limités, il n ' e n fut pas ainsi ces dernières années.

Le 1er d é c e m b r e 1959, u n f œ h n soufflant en t e m p ê t e causa des dé- gâts très i m p o r t a n t s aux forêts de la rive d r o i t e de la vallée, dans les régions de Metecoui, d ' A n t h é m o z , de Sélare, de Soi et de Valasin. Dans

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le fond de la vallée, des toits furent e m p o r t é s , b e a u c o u p d'autres h a b i - tations f u r e n t sérieusement e n d o m m a g é e s . Le vent c h a u d descendant des Dents-du-Midi p r o v o q u a u n a p p e l d'air de la p l a i n e et les vitesses de ces deux courants s'ajoutèrent p o u r p r o d u i r e des effets désastreux sur l e u r passage. Les bois a b a t t u s m o n t r a i e n t c l a i r e m e n t la direction prise p a r ce t o u r b i l l o n .

Le 28 août 1960, u n grain orageux très violent, mais d ' u n e d u r é e limitée, j e t a l'émoi dans la vallée. C'est la c o m m u n e de T r o i s t o r r e n t s qui eut p a r t i c u l i è r e m e n t à souffrir de cette t o r n a d e . Chalets en p a r t i e démolis, arbres fruitiers déracinés ou brisés, forêts ravagées.

Le 18 avril 1962, nouvelle a t t a q u e en force du f œ h n . De m ê m e q u ' e n d é c e m b r e 1959, ce fut la rive d r o i t e de la vallée q u i fut a t t e i n t e avec le plus de gravité. Les m ê m e s régions, ou à p e u près voisines, furent touchées p a r la t e m p ê t e . Des milliers de sapins blancs et d'épicéas furent déracinés ou brisés à m i - h a u t e u r . Les dommages causés furent considé- rables. Les constructions elles-mêmes n e furent pas épargnées.

Mais si le f œ h n causa des ravages é n o r m e s p r é c é d e m m e n t , ce fut en n o v e m b r e 1962 q u ' i l p r o v o q u a u n vrai désastre. Ces effets catastro- p h i q u e s , au p o i n t de vue m a t é r i e l j e t è r e n t la consternation chez les h a b i t a n t s de t o u t e la vallée. Voici quelques détails à ce sujet.

Le 5 n o v e m b r e , dans l'après-midi, éclaircies passagères dues p r o b a - b l e m e n t au f œ h n soufflant en a l t i t u d e ; nuages fusiformes sur les Alpes vaudoises, nuages effilochés s o r t a n t avec u n e e x t r ê m e violence de la face sud des Dents-du-Midi; p a r instants, des nuages de forme a r r o n d i e s t a t i o n n e n t sur la m ê m e c h a î n e , m u r de f œ h n .

Le 6 n o v e m b r e , le b a r o m è t r e accuse u n e dépression e x t r a o r d i n a i r e . U n vent violent souffle d u r a n t t o u t e la j o u r n é e .

Le 7 n o v e m b r e , pression a t m o s p h é r i q u e en légère hausse a n n o n ç a n t u n e accalmie de très courte d u r é e , p u i s nouvelle baisse d e v e n a n t très i n q u i é t a n t e . Dans la soirée et la n u i t du 7 au 8, ce fut le d é c h a î n e m e n t c o m p l e t . Vents variables, en coup de bélier, t a n t ô t r e m o n t a n t la vallée, t a n t ô t la descendant, a m o r ç a n t u n m o u v e m e n t giratoire ou t o u r b i l l o n cyclonique très c a r a c t é r i s t i q u e . T e m p é r a t u r e n o c t u r n e de 15 à 16 degrés centigrades.

Le 8 n o v e m b r e au m a t i n , le vent d i m i n u e d'intensité et le calme revient p e u à peu, mais b i e n t ô t suivi d ' u n e p l u i e d i l u v i e n n e q u i ajoute les dégâts de l'eau à ceux de la t e m p ê t e de f œ h n .

Cette fois, la rive d r o i t e de la vallée eut moins à souffrir, mais sur la rive g a u c h e ce fut terrifiant. Si les villages de C h a m p é r y , de Trois- t o r r e n t s et de Morgins n e furent p o i n t oubliés, c'est Val-dTlliez qui

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subit les plus grands dommages. De nombreux toits emportés comme fétus de paille, dégâts causés dans les appartements par l'eau de pluie tombant sur les constructions privées de leur toit ou fortement endom- magées. Dans la région des Champex, de Délifrête, de la Chaux5 la tempête atteignit son paroxysme. Rares sont les chalets possédant encore leur toiture. Enfin, le vent diminua d'intensité et s'éteignit peu à peu dans la région de la Foilleuse et de Savolaire, atteignant toutefois la forêt du Bois de Troistorrents.

Outre les dommages importants causés aux constructions, il faut déplorer l'anéantissement de vastes étendues de forêts du côté du Grand-Paradis, de Barmaz, des Creuses, sur Champéry; dans la région de Chavalay, du Charnay, des Pétis, des Merennes, de Crie, de Draver- saz, de Fayot, sur Val-d'Illiez et Troistorrents, sans compter de nom- breux arbres isolés bordant les propriétés. Les belles forêts d'épicéas de la Tracassière et de Mulatry dans le vallon des Crosey sont inexis- tentes, vision d'Apocalypse. Ce sont des dizaines et des dizaines de mil- liers de m3 de bois qui jonchent le sol, créant un paysage inhabituel où les habitants de la région ont peine à se reconnaître.

De vastes zones forestières sont maintenant déboisées pouvant appor- ter d'importantes modifications dans le climat de la région, le régime des eaux, les chutes de pierres, les avalanches, les éboulements, les glis- sements de terrains, sans omettre les frais de reboisement et la raréfac- tion des bois pour les générations à venir.

Malgré le froid et les tempêtes de neige, les gens du pays, avec le précieux concours de la troupe et des ouvriers de l'Etat, se mirent cou- rageusement au travail pour la remise en état des voies d'accès et la reconstruction, au moins provisoire, des habitations.

Toutefois, il fut réconfortant de constater qu'il n'y eut aucun acci- dent grave à déplorer parmi la population après un pareil boulever- sement.

22 novembre 1962.

Des dégâts si graves posent la question de la solidité des construc- tions, des granges en particulier avec leurs toitures qui ont le plus souf- fert. A la demande du président de la Murithienne, j ' a i interrogé un constructeur de chalets, mon voisin Victor Gex-Fabry, et j ' a i pu faire des constatations dans mon chalet de 1806. Certains termes locaux seront soulignés.

Dans les vieux chalets, la poutre de faîte est soutenue par des sup- ports verticaux reposant sur la paroi de l'étage habituellement habité.

Ces supports appelés épis sont maintenus en place par tenons et mor-

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taises; des contre-fiches ou bras (en patois brassélés), l'un à l'intérieur du bâtiment l'autre à l'extérieur, renforcent encore ces supports sou- tenant la poutre de faîte.

De plus il y a deux poutres parallèles à la poutre de faîte, appelées pannes, qui soutiennent les chevrons; elles reposent également sur des pièces de bois verticales, mais celles-ci s'arrêtent sur la paroi de l'étage supérieur, quand il existe, sinon sur la paroi du seul étage. Lorsque le toit occupe une surface plus importante, on prend la précaution de doubler les pannes afin d'éviter un affaissement de la toiture.

C'est pour la même raison qu'à la partie centrale de l'habitation, la poutre de faîte est encore soutenue par une autre pièce de bois ver- ticale, l'homme. Cette poutre repose sur la paroi séparant l'étable de l'appartement. Des bras avec tenons, mortaises et chevilles donnent la solidité désirée à la poutre de faîte. Pourquoi cette poutre est-elle appe- lée l'homme ? Peut-être par comparaison avec un homme qui soutient un objet, les bras levés ?

Pour fixer les chevrons, ceci dans les vieux chalets, voici comment on procédait: d'un côté du toit, la partie du chevron posée sur la poutre de faîte était entaillée grossièrement à la hache; le chevron opposé s'encastrait dans cette entaille; une cheville transversale, en bois de frêne ordinairement, fixait solidement les deux chevrons ainsi réunis.

Sur les pannes, et sur la poutre appelée sablière, terminant l'étage, il n'y avait aucune fixation; éventuellement, quelques chevilles de bois empêchaient les chevrons de se déplacer latéralement. Les clous tels que nous les utilisons aujourd'hui, étaient quasi inconnus. Il y avait bien les clous en fer forgé, fabriqués par le cloutier du village, mais ils servaient surtout à fixer les épars des portes et des volets et les volu- mineuses et pittoresques serrures de bois aux portes d'entrée de l'habi- tation. Actuellement, tous les chevrons sont cloués à la poutre faîtière, aux pannes et à la sablière par des clous énormes de 25 à 30 cm (les crosses).

Sur les chevrons, on cloue des lattes ou des planches sur lesquelles on place des bardeaux, parfois des tuiles ou des ardoises; les bardeaux ne sont pas cloués. Pour empêcher le vent de les soulever, on place des lattes horizontales sur les bardeaux, fixées par des chevilles, on les charge avec de grosses pierres. Ainsi la couverture n'a qu'une solidité relative, on comprend qu'un vent très fort puisse la détériorer.

Enfin, voici, en vrac, quelques autres détails. Les bras supportant la poutre faîtière et les pannes du côté de la façade principale sont ornés de dentelures sculptées. Très souvent on y trouve aussi, peintes en cou-

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leurs vives, les initiales des premiers propriétaires, ou celles du char- pentier qui s'était chargé de l'édification du chalet.

Sur le linteau de la porte d'entrée principale on découvre fréquem- ment les noms écrits en entier ou seulement les initiales des proprié- taires ainsi que la date de la construction.

Les toits de la plupart des vieux chalets ont une forme plus ou moins trapézoïdale. La partie du toit, vers le faîtage, abritant la façade prin- cipale du bâtiment, s'avance un peu comme la proue d'un vaisseau, ce qui donne un avant-toit plus large vers le faîte que vers le chéneau. Du côté montagne, le toit garde une forme à peu près rectangulaire. Ces toits s'appellent toits en sifflet. Quant aux motifs qui ont déterminé le choix de cette forme irrégulière, peut-on les trouver dans l'idée d'abriter plus complètement le centre de la façade, ou est-ce simple fantaisie non dépourvue de charme ? Ces deux raisons s'allient-elles pour donner cette forme si caractéristique des vieux chalets du Val d'Illiez ? Dans les chalets de construction plus récente, les toits sont rigoureusement rectangulaires, ce qui facilite la mise en place du système de couver- ture.

Toujours à la façade principale, il était dans la tradition d'y fixer une croix de bois avec dentelures sculptées. Dans les chalets modernes, on a « oublié » de la placer; souhaitons qu'elle ait sa place d'honneur à l'intérieur !

5 décembre 1962.

LES MAISONS DU VAL D'ILLIEZ

par Ignace Mariétan

Les maisons paysannes de la vallée d'Illiez sont, comme ailleurs, le résultat d'un long enchaînement d'expériences; chaque génération y ajoute ses modifications afin de les rendre plus confortables et mieux adaptées, comme l'agrandissement des fenêtres et des différentes pièces, mais on reste dans le cadre d'une idée maîtresse.

On se préoccupe en Valais de la sauvegarde de l'esthétique des cons- tructions. L'évolution prudente et sage de celles de la vallée d'Illiez me semble indiquer la voie à suivre. C'est la maison à fins multiples. Elle est orientée suivant la pente du terrain, un socle maçonné contient une

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