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La flore du Mont de Chamblon

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Academic year: 2022

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LA FLORE DU MONT DE CHAMBLON

Henri CEPPI

Tel un îlot recouvert de chênaies et de petites prairies sèches émergeant des marais de la plaine de l’Orbe devait apparaître la colline de Chamblon aux lointains habitants du Nord vaudois.

Depuis lors, son aspect a bien changé !

En effet, la plaine marécageuse a été asséchée et transformée en riches terres agricoles et les forêts du sommet et du flanc sud ont été presque totalement détruites pour faire place aux cul- tures et, plus récemment, à de nombreuses villas. Mais, heureusement, des vestiges de la couver- ture végétale originale subsistent encore et font de cette colline un site naturel de grande valeur tant du point de vue faunistique que floristique.

Situation et géologie générale

Le Mont de Chamblon est situé à l’ouest d’Yverdon- les-Bains, en bordure de la route Yverdon-Suscévaz.

D’une longueur d’environ 3 km et d’une largeur de quelque 2 km, il domine la plaine d’un peu plus de 100 m (point culminant à 552 m d’altitude). Il est séparé des premiers contreforts du Jura par la petite plaine du Bey et la colline molassique de Champvent et forme ainsi, dans la région, le dernier renflement calcaire avant la molasse du Gros-de-Vaud.

L’anticlinal de la colline de Chamblon est consti- tué dans sa partie supérieure par des calcaires parfois marneux ou des marnes du Crétacé recouverts par places d’une faible épaisseur de moraine (quelques mètres au maximum). Deux failles importantes limi- tent et traversent la colline dans sa partie nord; une autre a été repérée sur son flanc ouest. Les formations géologiques du Crétacé plongent de chaque côté sous les dépôts récents du Qua- ternaire et sous la molasse du Chattien supérieur qui forme le substratum rocheux de la colline de Champvent et de la Plaine de l’Orbe.

Au nord et au sommet, des gisement de fossiles hauteriviens et valanginiens ont été décou- verts alors que les crevasses ont fourni jadis des ossements de vertébrés fossiles tertiaires (Oligocène ancien).

Sur le bord nord et nord-est du Mont de Chamblon jaillissent du Valanginien tout un chapelet de sources très volumineuses dont le débit total est hors de proportion avec la surface de la col- line; elles sourdent par ailleurs toutes de bas en haut. Des recherches par coloration des eaux effectuées en 1898 et 1899 ont prouvé en effet que celles-ci proviennent des flancs du Jura, et

CHAMBLON VILLAGE COLLINE

YVERDON

TREYCOVAGNES SUSCÉVAZ

MATHOD VALLORBE

ORBE CHAVORNAY

LAUSANNE

NEUCHATEL

Bulletin du Cercle Vaudois de Botanique N° 22, 1993: 101-109

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plus précisément de la région de Baulmes-Vuiteboeuf distante de 4 km, en passant en siphon renversé au-dessous de la colline de Champvent.

La Faune

Parmi les nombreuses espèces de mammifères, on peut signaler d’importantes populations de lièvres et de chevreuils et des passages réguliers de sangliers transitant entre le Jura et le Plateau vaudois. On note également la présence de 4 espèces de musaraignes, du loir gris et du muscar- din. Les chauves-souris y sont nombreuses en soirée, attirées par l’abondance des insectes.

Les oiseaux sont remarquablement présents avec des populations d’espèces rares au niveau suisse. Parmi celles figurant dans la liste des oiseaux en voie de disparition, on y trouve comme nicheurs: le pic mar, la pie-grièche écorcheur, la fauvette grisette, le bruant zizi, l’alouette lulu, le traquet tarier, le traquet pâtre, la perdrix grise et l’autour.

Les batraciens et les reptiles sont également bien représentés puisque toutes les espèces connues dans la région existent sur la colline avec, parmi les espèces les plus intéressantes: le triton lobé, la grenouilles agile, la vipère aspic et la couleuvre d'esculape.

Les insectes y sont abondants, tels les papillons diurnes avec 32 espèces identifiées en une seule journée de prospection, dont Clossiana dia, espèce menacée à l’échelle nationale, et telles les libellules avec 11 espèces dans la petite zone humide du centre, y compris Lestes dryas, une libellule parmi les plus rares de Suisse. Enfin, plusieurs espèces de sauterelles et de criquets confirment la valeur exceptionnelle des prairies sèches, des haies et des lisières forestières du sud de la colline.

La Flore

Les différents types de milieux

Inventaire établi en 1987 par ECONAT, bureau d’études en écologie appliquée, à Yverdon, avec indication des groupements et associations les plus caractéristiques.

1. Cultures diverses.

2. Végétation ruderale et piétinée.

3. Milieux aquatiques: groupement à lentilles d’eau (Lemnetum minoris, Lemnetea).

4. Milieux humides: groupements à massettes (Typhetum latifoliae, Phragmition), à laiche vésiculeuse (Caricetum vesicariae, Magnocaricion), à laiche élevée (Caricetum elatae, Magnocaricion), à laiche fausse laiche aiguë (Carex acutiformis, Magnocaricion), à scirpe des bois (Scirpetum sylvatici, Calthion), à reine des prés (Valeriano- Filipenduletum ulmariae, Filipendulion).

5. Prés et pâturages gras.

6. Prés et pâturages maigres frais.

7. Prés et pâturages maigres séchards: groupements à brome érigé (Mesobrometum, Mesobromion).

8. Gazons xériques et affleurements rocheux: mosaïque de gazons xériques à brome érigé (Xerobrometum, Xerobromion) et de dalles calcaires à orpin blanc (Alysso-Sedion).

9. Groupements arbustifs: haies buissonnantes thermophiles à épineux (Ligustro-Prunetum, Berberidion), groupements thermophiles de lisière forestière (Ligustro-Prunetum, Berberidion), haies mésophiles de noisetiers (Roso-Coryletum, Berberidion), haies et

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bosquets préforestiers à essences diverses (Fagus sylvatica, Fraxinus excelsior, Acer campestre, Quercus petraea, Corylus avellana, Clematis vitalba, etc., Berberidion).

10. Saulaies: saulaies à saule noircissant (Frangulo-Salicetum cinereae, Salicion cinereae).

11. Chênaies: chênaies mésophiles à chêne sessile et gaillet des bois (Galio-Carpinetum luzu- letosum forsteri, Carpinion), chênaies humides des endroits plats (Stellario-Carpinetum, Carpinion), chênaies mésophiles à gesse noircissante (Lathyro-Quercetum, Carpinion), chênaies méso-thermophiles à érable champêtre (Carici-Quercetum, Carpinion), forêts à pin sylvestre (Pinus sylvestris), substitution de la chênaie mésophile du Galio- Carpinetum.

12. Hêtraies, frênaies: hêtraies thermophiles à laiche blanche (Carici-Fagetum, Fagion sylva- ticae).

13. Plantations arboricoles diverses. Biotopes particulièrement intéressants

1. PETITE FIN: chênaie mésophile, prairie sèche, haies buissonnantes, dalles calcaires

2. VY DE CHEMONT: chemin bordé de haies arbustives et buissonnantes, de talus et de petites prairies séchards

Reproduit avec l'autorisation du Service topographique fédéral du 14 janvier 1993

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3. LE CROSET: petite chênaie thermophile

4. BOIS DE CHAMPVENT: belle chênaie mésophile 5. LES ECHELETTES: milieux lacustres et humides

6. LES BRAYES: crête calcaire avec chênaie et prairies sèches buissonnantes

Espèces thermophiles et xérothermophiles présentes au Mont de Chamblon Nomenclature selon le «Nouveau Binz», AESCHIMANN& BURDET(1989)

Papaveraceae

Papaver rhoeas Coquelicot

Fumariaceae

Fumaria officinalis Fumeterre officinale

Caryophyllaceae

Petrorhagia prolifera Petrorhagie prolifère

Dianthus carthusianorum Oeillet des Chartreux Malvaceae

Althaea hirsuta Guimauve hérissée

Malva alcea Mauve alcée

Cucurbitaceae

Bryonia dioica Bryone dioïque

Brassicaceae

Isatis tinctoria Pastel des teinturiers

Resedaceae

Reseda luteola Réséda jaunâtre

Reseda lutea Réséda jaune

Primulaceae

Anagallis arvensis Mouron des champs

Crassulaceae

Sedum rupestre Orpin des rochers

Sedum sexangulare Orpin doux

Sedum album Orpin blanc

Rosaceae

Agrimonia eupatoria Aigremoine eupatoire

Prunus spinosa Prunellier, épine noire

Fabaceae

Genista sagittalis Genêt sagitté, genêt ailé

Anthyllis vulneraria ssp. carpatica Anthyllide vulgaire

Securigera varia Coronille bigarrée

Onobrychis viciifolia Esparcette

Medicago lupulina Luzerne lupuline

Melilotus alba Mélilot blanc

Melilotus officinalis Mélilot officinal

Trifolium rubens Trèfle pourpre

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Trifolium campestre Trèfle des champs

Trifolium dubium Trèfle douteux

Lathyrus tuberosus Gesse tubéreuse

Geraniaceae

Geranium rotundifolium Géranium à feuilles rondes

Geranium columbinum Géranium colombin

Geranium molle Géranium mou

Geranium pusillum Géranium fluet

Geranium pyrenaicum Géranium des Pyrénées

Erodium cicutarium Erodium à feuilles de ciguë

Apiaceae

Bupleurum falcatum Buplèvre en faux

Pastinaca sativa Panais cultivé

Asclepiadaceae

Vincetoxicum hirundinaria Dompte-venin officinal Boraginaceae

Lithospermum purpuro-caeruleum Grémil pourpre bleu

Echium vulgare Vipérine vulgaire

Lamiaceae

Ajuga chamaepitys Bugle petit pin, bugle jaune

Ajuga genevensis Bugle de Genève

Origanum vulgare Origan, marjolaine sauvage

Satureja acinos Sarriette acinos

Melittis melissophyllum Mélitte à feuilles de mélisse Ballota nigra ssp. foetida Ballote fétide

Stachys recta Epiaire droite

Scrophulariaceae

Verbascum blattaria Molène blattaire

Veronica spicata Véronique en épi

Globulariaceae

Globularia bisnagarica Globulaire allongée

Orobanchaceae

Orobanche caryophyllacea Orobanche vulgaire

Campanulaceae

Legousia speculum-veneris Légousie miroir de Vénus Rubiaceae

Cruciata laevipes Croisette commune

Galium verum Gaillet jaune

Dipsacaceae

Dipsacus fullonum Cardère sauvage

Knautia arvensis Knautie des champs

Asteraceae

Centaurea scabiosa Centaurée scabieuse

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Poaceae

Poa bulbosa Paturin bulbeux

Bromus erectus Brome dressé

Orchidaceae

Orchis purpurea Orchis pourpré

Himantoglossum hircinum Orchis à odeur de bouc

Espèces menacées

Si bon nombre de ces plantes, observées plus ou moins régulièrement ces dernières années, sont encore en général assez fréquentes, il en est déjà au moins cinq qui, selon LANDOLT (1991) et sans tenir comptes des Orchidées, sont considérées comme menacées ou même très menacées de disparition sur le territoire helvétique ces prochaines années si les biotopes qui leur conviennent continuent à se raréfier au rythme actuel. Il s’agit de Reseda luteola L., Lathyrus tuberosus L. et Legousia speculum-veneris (L.) Chaix pour les premières et de Althaea hirsuta L. et Verbascum blattaria L. pour les secondes.

Reseda luteola L.

Reseda jaunâtre, gaude

C’est une belle et robuste plante de la famille des Résédacées (6 genres et environ 70 espèces, surtout dans le bassin méditerranéen en ce qui concerne le genre Réséda), qui peut atteindre 1m50. Elle a des feuilles linéaires lancéo- lées, indivises ou munies d’une paire de dents à la base, de nombreuses petites fleurs jaune verdâtre (de juin à sep- tembre) à 4 pétales inégaux (le supérieur plus grand et découpé en lanières, les 2 latéraux dentés ou entiers et l’inférieur très réduit); ces fleurs forment des grappes spici- formes dressées, étroites et très allongées.

Autrefois cultivée pour son principe colorant considéré parmi les plus solides et les plus belles teintures jaunes, d’où ses noms populaires de réséda des teinturiers et herbe à jaunir, on la rencontre actuellement de préférence au bords des chemins, sur les talus et dans les décombres.

Lathyrus tuberosus L.

Gesse tubéreuse

Elégante Fabacée (Papilionacée) à tige couchée ou grimpante de 30 à 120 cm, anguleuse et non ailée, à feuilles composées d’une seule paire de folioles et terminées par une vrille, et qui, en juin et juillet, porte des inflorescences de 3 à 5 fleurs odorantes d’un beau rouge carmin vif.

Elle pousse généralement dans les champs de céréales, le long des haies (Chamblon) et par- fois dans les vignes.

C’est une plante très intéressante par le fait que ses racines développent des stolons souter- rains sur lesquels apparaissent des tubercules fusiformes qui servent à la propagation de la plantes.

[Sec. COSTE(1901-1906) modifié]

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Lathyrus tuberosus L.

[Sec. REICHENBACH(1903) modifié]

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Ces tubercules, d’un goût proche de celui des châtaignes, peuvent être consommés crus (plu- tôt amers), cuits à l’eau ou grillés, ce qui a valu à cette plante ses noms populaires de châtaigne- de-terre et gland-de-terre.

Legousia speculum-veneris (L.) Chaix) Légousie miroir de Vénus

Cette Campanulacée à corolle étalée en coupe violette foncé et découpée en 5 lobes, fleurit en juin et juillet et forme généralement de petites touffes bien colorées en raison de sa tige très ramifiée dès la base.

Autrefois commune dans les champs de céréales, cette ravissante petite plante (10 à 30 cm) d’origine méditerra- néenne est de plus en plus rare, comme du reste la plupart des espèces ségétales

Comme les Oxalis, elle fait partie des plantes dites «som- meillantes» qui ont la particularité de refermer leurs corolles pendant la nuit et aux basses températures.

Althaea hirsuta L.

Guimauve hérissée

Déjà presque totalement disparue du canton de Vaud, cette plante annuelle fait partie de la grande famille des Malvacées (80 genres, dont les Gossypium qui fournissent le coton et les Hibiscus, et 1000 espèces) présentes dans les régions tempérées, subtropicales et tropicales.

Elle possède une tige dressée plus ou moins rameuse de 15 à 50 cm, hérissée de poils étalés et des feuilles inférieures crénelées et supérieures profondément divisées. Ses fleurs (de juin à septembre) sont assez longuement pédonculées, et composées de 5 pétales d’un rose lilas passant au bleu par la dessiccation, d’un calice à 5 sépales couverts de poils raides et d’un calicule à 6-9 divisions, ce qui les différencient des Mauves qui ont un calicule à 3 folioles seulement.

C’est dans les champs, les décombres et sur les murs, localement dans la vallée du Rhône, ainsi qu'au centre et au nord du Plateau, qu’on peut encore la découvrir.

Verbascum blattaria L.

Molène blattaire

Connue également sous les noms populaires d'herbe-aux-mites, bouillon-mitier et molène-à- teignes pour ses prétendues facultés d’éloigner les mites, cette belle plante hante encore quelques prés, chemins et décombres de l’étage collinéen.

De juin à août, on la reconnaît à ses grandes fleurs solitaires (3 cm de largeur) jaunes (parfois blanches lavées de violet comme à Chamblon) espacées le long de la tige et à ses étamines munies de poils violets. Elle a une tige à peine anguleuse, ordinairement simple, glabre inférieu-

[Sec. COSTE(1901-1906) modifié]

[Sec. COSTE(1901-1906) modifié]

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rement et pubescente glanduleuse supérieurement. Les feuilles sont oblongues et sinuées-dentées, les radicales et les inférieures rétrécies en pétiole, les supérieures légèrement en coeur.

Comme les pommes de terre, les tomates, les auber- gines, les pétunias, le tabac et la belladone, les Molènes font partie de l’importante famille tempérée et tropicale des Solanacées (90 genres et 2000 espèces) qui com- prend de nombreuses plantes médicinales, alimentaires et ornementales.

Bibliographie

AESCHIMANND., BURDETH.M., 1989. Flore de la Suisse et des territoires limitrophes, «Le nou- veau Binz». Ed. du Griffon Neuchâtel.

COSTE H., 1901-1906. Flore descriptive et illustrée de la France, de la Corse et des contrées limitrophes. 3 Vol. Paris.

GODETCH.-H., 1853. Flore du Jura. Ed. H. Wolfrath Neuchâtel.

LANDOLTE., 1991. Liste rouge des plantes vasculaires menacées en Suisse. Ed. OFEFP Berne.

REICHENBACHH.G. fil., BECK DEMANNAGETTA, G.,1903. Leguminosae. Lipsiae et Gerae.

WELTENM., SUTTERR., 1982. Atlas de distribution des ptéridophytes et des phanérogames de la Suisse. Ed. Birkhauser Bâle, 2 vol.

[Sec. COSTE(1901-1906) modifié]

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