A NNALI DELLA
S CUOLA N ORMALE S UPERIORE DI P ISA Classe di Scienze
M OHAMED K ADDAR
Intégration d’ordre supérieur sur les cycles en géométrie analytique complexe
Annali della Scuola Normale Superiore di Pisa, Classe di Scienze 4
esérie, tome 29, n
o2 (2000), p. 421-455
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Intégration d’ordre supérieur
surles cycles
en
géométrie analytique complexe
MOHAMED KADDAR
Vol. XXIX (2000),
Abstract. This paper is devoted to give a strong generalization of the application
Po
introduced by A. Andreotti and F. Norguet in [A.N]. For all p, q, n integers, with q a n and p > 0, we give an optimal theorem of integration on analytic familyof n cycles
of cohomology classes of type (p, q) with values in a particularsheaf of L2 - forms.
Mathematics Subject Classification (1991): 33G13 (primary), 32C30, 32C36 (secondary).
0. - Introduction
En
1937,
W.L Chow et B. L. Van der Waerden([C.W])
ont muni l’en-semble
Gn (Z)
descycles positifs
de dimension pure n d’une variétéalgébrique projective
Z(c.à.d.
des combinaisons linéaires finies à coefficients entiers po- sitifs de sous variétésalgébriques
irréductibles deZ)
d’une structure de variétéalgébrique complexe
setraduisant,
en termed’espace
demodules,
par le fait que dans l’ensemble des famillesalgébriques
den-cycles
de Zparamétrées
par des variétés
algébriques complexes,
il existe une familleprivilégiée, appelée universelle,
induisantn’importe quelle
autre famillealgébrique
den-cycles
de Z.Au passage, attirons l’attention du lecteur sur le
caractère,
àpriori,
nonintrinsèque
de cette structure. Eneffet,
pour Zquasi projective,
parexemple,
laméthode de Chow - Van der Waerden permet d’exhiber une structure
analytique
sur
Gn (Z), dépendant
naturellement de la réalisation de Z en tant que sous ensembleanalytique
d’un certain espaceprojectif
lisse.L’indépendance
de cettestructure
(qui,
à notreconnaissance,
n’ajamais
pu être établie directement au moyen de la méthode de cesauteurs) nécessitait,
enfait,
une sérieuse etprofonde compréhension
del’espace
descycles compacts
d’un espacecomplexe
donné.Le
présent
travailpuise
sesorigines
dans les travaux de Aldo Andreottiet
François Norguet
sur les différentes notions de convexité ainsi que leurs Pervenuto alla Redazione l’ 8 aprile 1999 e in forma definitiva il 13 dicembre 1999.généralisations
et,plus précisement
dans l’article s’intitulant "La convexité ho-lomorphe
dansl’espace analytique
descycles
d’une variétéalgébrique",
paru en 1967(cf. [A.N]).
Ils y introduisaient uneapplication,
notéepo (que
le lecteur averti ne manquera pas derapprocher
de la transformation dePenrose [P.R]),
consistant à
intégrer
desreprésentants
de Dolbeault detype (n, n)
de classesde
a-cohomologie
sur une familleanalytique
den-cycles
d’une variétéquasi projective
lisse Z. Cetteopération
leurpermettait
de construire des fonctionsméromorphes
continues surCn(Z)
et parsuite, holomorphes
sur son normaliséfaible dont la structure
analytique
est, cettefois, indépendante
duplongement
choisi pour Z.
Alors,
sousl’hypothèse
den-complétude
deZ,
ils étaient en mesure d’en déduire que le normalisé faible était de Stein et doncCn (Z)
aussi.Cette
application po
a suscité l’interêt deplus
d’un auteur,l’utilisant,
pour laplus part,
dans le cadre restrictif introduit dans[A.N].
Il est bien évident que définirpo
pour un espaceanalytique complexe
arbitraire Zprésentait
de sérieuses difficultés à savoir celle de munirCn(Z)
d’une structured’espace analytique
etcelle de contourner
l’isomorphisme
de Dolbeaultqui
fait défaut dans le cassingulier (il
va sans dire que lapremière
difficulté est incommensurablementplus compliquée
à traiter que laseconde).
Il fallut attendre la construction de la variété de Chow dans la
catégorie
des espaces
analytiques
réduitsdonnée,
en1974,
par D. Barlet dans sa fameuse thèse([B 1])
pour se débarrasser dupremier
obstacle. Unegrande partie
de[B l]
est consacrée à la donnée d’ une bonne définition de la notion de familleanalytique
decycles,
surlaquelle reposait
fondamentalement l’élaboration de la structureanalytique complexe
réduite del’espace
descycles
d’un espaceanalytique complexe
arbitraire. Nous noterons dorénavantBn(Z), l’espace
deBarlet des n
cycles compacts
de Z.Une
conséquence importante
de cette construction est que la structureanaly- tique
deCn(Z) (au
sens de[C.W])
estindépendante
duplongement
choisi pour Zquasi projective.
Parailleurs,
cette "bonne" notion de familleanalytique
decycles
se traduisait par le fait quel’image
dep°
est à valeurs dans le faisceau structural deBn (Z),
cequi représentait
un pasimportant
dans lagénéralisation
de cette
application puisque
l’onévite, ainsi,
tout recours à la normalisation.Un corollaire de
[B2],
redonnéplus
tard par[B4], permettait
d’abandon-ner la condition
projective, portée
parZ,
en considérant le cas d’une variétéanalytique complexe lisse,
d’où la secondeétape
dans lagénéralisation
dep 0
La dernière
étape
consistait à la définir sur un espaceanalytique complexe arbitraire,
pourlequel,
comme chacunsait, l’isomorphisme
de Dolbeault faitgénéralement
défaut enprésence
desingularités.
Ondoit, donc,
d’unepart,
donner un sensprécis
par ce que l’on entend parreprésentant
d’une classe decohomologie donnée,
et d’autrepart
savoir localiserpuis globaliser (ce qui
revient à utiliser un
découpage
convenable de classes decohomologie).
C’est en 1989 que D. Barlet et J. Varouchas
donnent,
dans[B.V],
la construction finale dep°
dans un cadre tout à faitgénéral.
Dans ce même contexte, on s’est demandé si cette
intégration appliquée
aux classes de
cohomologie
de type(n
+ q, n +p)
donnait des classes decohomologie
à valeurs dans le faisceau des formesholomorphes
surl’espace
des
cycles, généralisant, ainsi, l’application p
1appelée
"dérivéepremière
dep°"
dans[A.N].
L’objet
de cet article estd’apporter
uneréponse,
aussicomplète
que pos-sible,
à cetype d’ interrogation.
Avant d’énoncer clairement le
problème,
convenons de noter :- n, p, q et k quatre entiers naturels.
Pour Y un espace
analytique complexe
réduit de dimension pure,-
ç2k y
le faisceau des k-formes différentiellesholomorphes
sur Y induites par restriction àpartir
d’unplongement
dans un espace ambiant lisse.- le faisceau des k-formes
méromorphes
sur Yqui
seprolongent analyti-
quement sur toute
désingularisée
de Y(que
l’onpeut
aussiappeler
k-formesméromorphes
de typeL2
surY)
-
le
faisceau des courants9-fermés
detype (k, 0)
définis moduloOy-
torsion(cf. [B3]).
PROBLÈME. Etant donnée une famille
analytique
den-cycles
F =(XS)SEs
de Z espacecomplexe paracompact, paramétrée
par un espacecomplexe
réduitde dimension pure
S,
dont legraphe
sera noté X, une famille paracom-pactifiante
desupports
de Z telle que(S
x1»
n X soit contenu dans la famille des fermésS-propres
de S x Z, existe-t-il une flèchecanonique
vérifiant
i)
Si S est lisse et si Xdésigne
legraphe
de cettefamille, alors,
en notantpz
(resp. ps)
lesprojections canoniques
de cegraphe
sur Z(resp. S),
elle coincide avecl’application
définie de la
façon
suivante :Si a =
[a]
e est une classe dea-cohomologie représentée
par la forme a. Alors est un courant 9-fermé de
type (q, p), qui représente donc,
uneunique classe fJ
deS2S),
en vertu du lemme deDolbeault-Grothendieck. On pose alors
~~(r)
:=fJ.
ii)
Lemorphisme
doit vérifier que pour tout espace lisse S et toutmorphi-
S--->
Bn (Z),
si F est
l’image réciproque
de la famille universelle.Le contre
exemple
donné dans leParagraphe
2.1 montre que cettequestion
admet une
réponse négative
en termes du faisceau des formesholomorphes
surS; cependant,
nous avionsremarqué
dans unpremier temps, qu’ il
estpossible
depallier
cettepathologie
enremplaçant S2S
par le faisceaucvs. Malheureusement,
le défaut de fonctorialité par
image réciproque
de cedernier,
conférait à cetteintégration
un mauvais comportement parchangement
de base sur S.Nous avons donc montré dans
[K], [Kl],
l’existence d’unmorphisme
compatible
avec la construction du faisceau6~
et rendant commutatif le dia- grammedans
lequel Reg (S) désigne
lapartie régulière
de S et r la restriction usuelle.Dans
l’appendice,
nousrappelerons
brièvement cette construction.Un contre
exemple simple, qui
sera donné dans2.2,
montrequ’il
est, engénéral, impossible
deremplacer
par d’oùl’impossibilité
de facto-riser,
lemorphisme
ainsidéfini,
à traversHne (Z,
via la flèchecanonique ,2n+,q 03A9n+qZ---->
-->Le but de ce
qui
suit est dedonner,
dans unpremier temps,
un énoncéopti- mal,
à notre sens, à savoir l’existence de la flècheH~(Z,
-HO(S,
vérifiant toutes les
propriétés
fonctorielles vouluespuis,
dans un secondtemps,
d’en déduire un résultatgénéral d’intégration
sur lescycles
de classes de coho-mologie
detype (q, p)
avec p > n et q > 0. La difficultémajeure
consiste à définir la restriction à un sous espacequelconque
d’une section de ces faisceauxf-1
et,CS,
cequi
suffira à assurer leur fonctorialité relativement auxmorphismes d’espaces analytiques
de dimension pures.Nous montrerons les résultats suivants : THÉORÈME 1. Soient
- Z et S deux espaces
analytiques complexes
de dimension pure avec Z dénombrable àl’infini
et S réduit.-
(XS)SES
unefamille analytique
den-cycles
de Zparamétrée
par S, dont legraphe
sera noté X dans S x Z.- r : X --> S est le
morphisme
deprojection
de cegraphe
sur S.- (D et W
deux familles
de supportsvérifiant i)
(Dparacompactifiante
n B11 contenue dans
la famille
des compacts de Ziii)
Vs ES, X,
E B11iv)
X fl(S
x4S)
contenu dansla famille des fermés S-propres.
v) £~ (resp. f-j) le faisceau des formes méromorphes
sur Z(resp. S)
dontles relèvements par toute
désingularisation
de Z(resp. S)
seprolongent
en
formes holomorphes
sur lesdésingularisées.
Alors il existe un
morphisme
trace oud’intégration
d’ordresupérieur
sur lescycles
vérifiant
lespropriétés
suivantes :a) Compatibilité
avec les inclusions ouvertes sur Z :Soit U un ouvert de Z et S’ un ouvert de
S formé
despoints
pourlesquels
lescycles
associés sont dans U.
Si j :
U ~ Z estl’injection naturelle,
on a la commutativité dudiagramme
suivant :dans
lequel les flèches
horizontalessupérieures
etinférieures désignent respective-
ment le
prolongement
par zéro des sections à supports et la restriction usuelle.b) Compatibilité
avec lesimages
directes decycles
Soit
f :
Z ~ T est unmorphisme
propre etsurjectif d’espaces analytiques
com-plexes
réduitset ÎD
unefamille paracompactifiante
defermés
de Tvérifiant
la con-dition
iv)
ci-dessus pourla famille analytique (f*Xs)sEs
dont legraphe
sera notéX
et telle que
f - 1 ~P
soit contenue dans 1>, alors on a lediagramme commutatif :
c) Compatibilité
avec leschangements
de bases sur SS un
morphisme d’espaces analytiques complexes
réduits. SiX désigne
legraphe
de lafamille (XS)SES
obtenue parchangement
de base sur S, ona le
diagramme commutatif
suivant :d)
FaisceautisationJr induit un
morphisme de faisceau
deOs
modules que l’onappelle trace faisceau- tique
fonctorielle
en S et en X,qui
détermine etqui
est entièrementdéterminé,
dansD(Os) (la catégorie
dérivée desOs -modules)
par laflèche
e) Compatibilité
avec "les cas usuels"i)
Pour Z et Slisses,
sa construction coincide avec cellefaite
en termesd’image
directe au sens des courants.
ii)
Pour q =0,
le lien avec lemorphisme po
construit dans[B.V]
estdonné par
le
diagramme commutatif
’
dans
lequel les flèches
horizontalessupérieures
etinférieures
découlentrespective-
ment des
morphismes canoniques fn
et,Co.
REMARQUE.
Dans le cas d’un espace normalS,
on peutconjecturer
quel’image
dumorphisme d’intégration
soit à valeurs dans le groupe de
cohomologie ~-2’q). Pour q - 1,
lefaisceau
Q1
est le faisceau des formesméromorphes
vérifiant une relation dedépendance intégrale
surOs,
ou des formesméromorphes, qui
sur letangent
deZariski, correspondent
aux fonctionsméromorphes
localement bornées(cf. 1.4).
Signalons
que si S et son fibré tangent de Zariski sont normaux(ce qui
est lecas, par
exemple,
pour S CohenMacaulay
avec un lieusingulier
de codimension strictementsupérieure
à3),
cetteintégration
nous donne des formesholomorphes
usuelles.
En convenant de noter :=
£~),
le faisceauOs-cohérent
deprofondeur
au moins deux sur S(cf. 1.4).
On a leCOROLLAIRE 1. Avec les mêmes
hypothèses
queprécedemment,
on a, pour toutentier q >
0 et tout entier p > n, unmorphisme canonique :
tel que :
i)
Pour tout q > n, =ii)
Pour q > n et p > n,â7,P
est ce que l’onappelle
lemorphisme
dérivé d’ordresupérieur
dumorphisme d’intégration.
Ilvérifie
lespropriétés a), b)
etc)
du Théorème 1 etcoincide,
pour p > n -f- 1, q = 0 et Z variétéanalytique complexe,
avec celuiqui
était donné dans[B4]
etqui généralisait
la dérivéepremière
depo
introduite dans[A.N].
iii)
Pour q n, lespropriétés a)
etb)
du Théorème 1 sont encore valables.iv)
Il estcompatible
auxchangements
de bases donnés par les inclusions ouvertes sur S.v)
Toutmorphisme plat d’espaces analytiques réduits
T - S induit le dia-gramme
commutatif
.dans
lequel ~*
est lemorphisme
naturel déduit de~C~ " 2013~
etX,
le
graphe de la nouvelle famille
issue duchangement
de basedonné par ~.
REMARQUES.
i)
Il n’est pas difficile de donner un énoncé de ce corollaire avec une cohomo-logie
sur S indexée par une famille desupport
convenable.ii)
Soites
le faisceau des1-champs
de vecteurs sur S. Alors Si S estnormal,
les,isomorphismes /~ 2~
donnent enparticulier
lesmorphismes
qu’ il
serait intéressant d’étudier etd’exploiter
dans les cas où p = n et p =n + 1, puisqu’ils
fontapparaitre
un lien avecl’espace
des déformations surS. En
effet,
endésignant
par lacohomologie
dedegré
1 ducomplexe tangent (cf. [P]),
parD,
lepoint
double décrit parl’espace analytique (*, D)
danslequel
D =Citll(t2) (qui
peut êtrereprésenté
parl’algèbre analytique f a
+ bE :a, b
E(C et E2
=01)
et en identifiant àDefD(S),
ensemble des classesd’isomorphismes
des germes de déformations au dessus deD, l’injecti-
vité de la flèche
es) permet
d’identifierl’image
deHl (S, OS)
aux déformations triviales sur D
(en
faitchaque
germe(S, s)
est déformé tri-vialement).
Les preuves du Théorème 1 et de son corollaire
reposent
essentiellementsur le résultat suivant :
THÉORÈME l’. Soient
- Z un espace
analytique complexe
de dimension pure et T un sous espaceanalytique
de Z.- n :
î --+ Z un morphisme propre et surjectif d’une variété analytique complexe
sur Z. On notera E :=
Tc-1 (T),
n’ la restriction de n à ~,Xt
:=7r’-1(t)
lesfibres
de n’ et n := dime -dimT,
la dimensiongénérique
de cemorphisme.
- Soit cv une
forme
de Kiihler relative aumorphisme
n’.D’après [Sc],
unetelle
forme représente
une classe deH 1 (Z, qui
est enfait
une section dedont la restriction à
chaque fibre
est une classe de Kâhler.On suppose que
lx
xrwn
=1,
TAlors pour tout entier q, et tout ouvert U de Stein dans Z, il existe un
morphisme
défini génériquement
’xt n * (cr ) lXt
etvérifiant
a)
Il estindépendant
de la résolution n et dela forme
de Kiihler (J) choisies.b)
Si Z estlisse,
cemorphisme
n’est autre que la restriction usuelle desformes holomorphes.
c)
Si l’ondésigne
par t l’inclusion naturelle de T dans Z, on a, pour touteforme holomorphe
a ettoute forme
Cf sectiondu faisceau ,CZ
sur Z,d)
Soient T’ ~ T ~ Z des inclusions de sous ensemblesanalytiques complexes.
Alors
Remarquons
que cette restriction coincide avec cellequi
serait naturellement donnée par lediagramme
suivant :dans
lequel Z (resp. X’)
est une résolution de Z(resp.
de lapréimage
strictede X dans
Z).
Une
conséquence
immédiate de ce résultat est leCOROLLAIRE l’.
0, sont fonctoriels relativement
aux
morphismes d’espaces analytiques complexes
réduits et de dimension pure;c’est-à-dire tout
morphisme f :
X ----> Y induit unmorphisme de faisceaux Ox- cohérents, f * : f *,C---> £k.
Le
plan
de cet article s’articule de lafaçon
suivante :Dans les
premier
et secondparagraphes,
nous ferons un brefrappel
concernantl’espace
descycles,
énonceronsquelques
résultatsplus
ou moins connus sur les faisceaux£Î
etWz
et donnerons un théorèmed’intégration
locale. Les derniersparagraphes
seront consacrés à la démonstration des Théorèmes 1 et l’et de leurs corollaires.Enfin, l’Appendice
est consacré àexpliquer
cetteintégration
sur les
cycles
et à montrer, par unexemple simple, l’optimalité
du Théorème 1.REMERCIEMENT. Je remercie D. Barlet pour ses
précieux
conseils.1. - Préliminaires
Pour lire cet
article,
il n’est pas nécessaire deconnaître
toute laterminologie
relative à
l’espace
descycles ([B 1 ]),
c’estpourquoi
nous donnons seulementles définitions suivantes : 1.1. -
Quelques
définitionsDÉFINITION
"1.
Unn-cycle analytique,
d’un espaceanalytique complexe Z,
sera la donnée d’une combinaison linéaire formelle localement finie
où les
Xi
sont des sous ensemblesanalytiques complexes
irréductibles de dimen- sion pure n dans Z, et ni des entiers strictementpositifs appelés multiplicités.
Le
support
de X est par définitionUX~ .
DÉFINITION 2. Une
écaille,
sur un espaceanalytique complexe Z,
est ladonnée d’un ouvert,
V,
relativementcompact
dansZ,
de deuxpolydisques
U etB relativement compacts dans Cn et cCp
respectivement,
et d’unisomorphisme,
a, de V sur un sous ensemble
analytique
d’unvoisinage
ouvert de U x B dans(Cn+p .
Elle sera diteadaptée
à unn-cycle
de Z siDÉFINITION 3. Si Z et S sont deux espaces
analytiques complexes
avec Sréduit de dimension
finie,
et(XS)SEs
une famille den-cycles
de Zparamétrée
par
S,
on dira que cette famille estanalytique
locale enso E S,
si pour toute écaille Eadaptée
àXso’
il existe unvoisinage
ouvert,So,
de so dans S pourlequel
on aiti)
Pour tout s ESo, E
estadaptée
àXs
etdegE (Xso) (en désignant,
pardegE(Xs),
ledegré
du revêtement ramifié sousjacent
aucycle XS
dans l’écaille E.ii)
Pour touteécaille, E, adaptée
àXSo, L’application FE : So x
U ~Symk (B)
est
analytique.
Cette dernière
condition, appelée isotropie
dans le cas de la dimensioninfinie,
est exactement ce que l’on doitimposer
à une familleanalytique
derevêtements ramifiés pour
qu’elle provienne
d’une familleanalytique
decycles.
Avant de donner les contres
exemples,
on varappeler quelques propriétés
des faisceaux
6~
etf-1
intervenants dans nos constructions.1.2. -
Propriétés
des faisceauxcJ§
Pour k
fixé,
nous commençons par donner la définitionwz
@qui
ne noussera pas utile pour la suite de
l’exposé
etdégagerons
lesprincipales propriétés
dont nous aurons besoin. Z sera
supposé
réduit de dimension pure m, dont le lieusingulier
sera noté Eet j
l’inclusion naturelle de lapartie
lisse dans Z. Sice dernier est localement
plongé
avec la codimension r dans une variété lisse de SteinW,
pourtout k > 0,
on pose,d’après [B3] :
qui
n’est rien d’autre que le noyau de lacomposée
des flèchescanoniques
suivantes :
Ce dernier
morphisme
découle del’application
cupproduit
par la classe fonda- mentale de Z dans WCette définition "brute" est peu utilisée en
pratique,
en revanche lespropriétés
et caractérisations suivantes sont souvent utiles.
i)
Les sections de ce faisceau vérifientla propriété de
la trace. Plusprécisement
soit or une telle section. Alors pour toute
paramétrisation
locale(revêtement
ramifié de
degré k) 0 :
Z - U dont les branches locales seront notéeset toute forme
holomorphe
ex sur Z, la formeméromorphe (holomorphe
sur U -R(Z)
nU, R(Z)
étant le lieu deramification)
se
prolonge analytiquement
sur tout U.Réciproquement
toute forme méro-morphe
vérifiant cela est une section de cvZii)
Soitcf,
la classe fondamentale de Z dans W. Alors a est une section de ce faisceau si et seulement si cr Acf
définit une section du faisceau PROPOSITION. On ales propriétés
.’1)
pourtout j > 0, c~Z
est deprofondeur
au moins 2 dans Z.2)
Si Z est uneV -variété, ces faisceaux
coincident avec ceuxintroduits par
Steen-brink
[St].
3)
4) úJz
estle faisceau
deGrothendieck,
dualisant au sens de Kunz.5)
Si Z est unespace de
CohenMacaulay,
lecomplexe
estquasi isomorphe
au
complexe
dualisant de lagéométrie analytique construit par Ramis et Ruget.
Nous renvoyons à
[B3]
pour la preuve despropriétés
1 et3,
à[St]
pour2,
à[L]
pour 4 et à[R.R]
pour 5.1.3. - Les faisceaux
.c~
Soit Z un espace
analytique complexe
réduit et de dimension pure m. On notera L son lieusingulier
ou un sous ensembleanalytique
rare contenant lelieu
singulier
de Z.Si Z est une
hypersurface
àsingularités
isolées d’un certain espace numéri- que la considération de m-formesméromorphes n’ayant
despôles qu’en
les
singularités
de Z et dites depremière espèce intervenait, depuis déjà
fortlongtemps,
dans divers travaux et enparticulier
dans[P.S] (tome
1 p.178).
Rappelons qu’étant
donnésf : (Cm+l, 0)
~(C,0)
un germe de fonction holo-morphe ayant
unesingularité
isolée àl’origine,
V :=
f z
E1 z I 6; ! I f (z) (
et Z l’ensemble d’annulation def
sur V,on dit
qu’une
formeholomorphe
ce surV - (0)
est depremière espèce
s’il existeune
désingularisation
de V danslaquelle
cJ seprolonge holomorphiquement.
Dans
[Gr],
Greuel a montré que toute formeholomorphe
surV - (0)
dont ledegré
est strictement inférieur àm -1,
estautomatiquement
depremière espèce.
Le résultat
générale
donné par Flenner([F])
dit que touteq -forme holomorphe
sur la
partie régulière
est depremière espèce si q
+ 1 est strictement inférieur à la codimension de L.Nous ne citerons que l’article de Merle et Teissier
(M.T),
danslequel
lelecteur trouvera toutes les références utiles et
nécessaires,
et celui de Steen- brinck et Van Straten[S.S]
utilisant uneapproche originale.
Laparticularité
fondamentale de ces formes est
qu’elles
sont de carré sommable(ce qui impli-
que que leurs
images
directes par toutmorphisme
fini local de Z sur un ouvert lisse de C?" estholomorphe).
Sur un espaceayant
unesingularité isolée,
lesformes de
première espèce
dedegrés m - 1
et mjouent
un rôleparticulièrement important puisqu’elles
sont attachées à deux invariantsfondamentaux,
àsavoir,
les genresgéométriques
etarithmétiques :
qui
est le nombre de conditionsd’adjonctions
associés à lasingularité,
etL’étude de ces invariants fait
l’objet
deplusieurs
articles àsavoir,
parexemple [S.Y] auquel
nous renvoyons le lecteur. Dans un contextedifférent,
relatif audegré maximal,
elles interviennent aussi dans les théorèmes d’annulations de Grauert et Riemmenschneider[G-R]. Signalons
la caractérisation suivante de[S.S]
dontl’analogue
en dimension maximale se trouve énoncé dans[M.T]
p. 231 .1.3
THÉORÈME. Pour toute
q-forme holomorphe
cv sur Z - E, les conditions sui- vantes sontéquivalentes :
i)
Pour touteapplication
y : A’7 --+ Z de classe Coo sur leq-simplexe l:1q, l’intégrale Iy
cv existe si( E )
est d’intérieur vide.ii)
Il existe unmorphisme
de résolution dessingularités
1C :Z -~
Z tel que1C*(úJ)
se
prolonge holomorphiquement
àZ
tout entier.iii)
L’assertionii)
est vraie pour toutedésingularisation.
iv)
Il existe unemodification
1C :Z ~ Z,
avecZ lisse,
pourlaquelle n * (c~)
seprolonge holomorphiquement
àZ
tout entier.v) iv)
est vraie pour toutemodification
avecespace "modifié"
lisse.1.4. -
Quelques
différences entre les faisceaux et(t)j z
1) ,Cz
z c2)
L’inclusion est engénéral
stricte : Considéronsf (a, b, c)
=a2 - b2.c,
unefonction
analytique
définie sur(~3
et, Z ={ (a, b, c)
Eb, c) = 01,
lasurface de
Whitney.
Alors la formeméromorphe
a :=d b n d c
définit une a
section du faisceau mais pas de
£5
sur Z.En
effet,
le cupproduit
avec la classe fondamentale de Z dansC3
donne qui seprolonire
en une sectionglobale
de c03A93 3),
da n db n dc f
,qui
seprolonge
en une sectionglobale
de£xtbc3
EX tc3 (Oz, (OZ’ 03A93C3)’
cprouvant
clairement lapremière partie
de l’assertion. Considérons lemorphisme
de normalisation x :
C2 __+
Zqui
à(u, v)
associe(uv,
u,v2).
Il est alors clair que1r*(a)
ne seprolonge
pasanalytiquement
sur toutC2 .
u
3)
Pourtout k >
0 et tout espaceanalytique Z,
réduit de dimension pure, le faisceau est deprofondeur
au moins 2. Engénéral,
cettepropriété
n’est pas vérifiée pour les faisceaux.c~
sauf pour et les cas suivants :i) codim(sing(Z)) -
2d’après [F].
ii)
Z est un espaceanalytique réduit,
non normal et admettant un norma-lisé lisse.
iii)
Z est une V-variété ou un espace de CohenMacauley
àsingularitées
rationnelles.
4)
Les faisceaux£5
sont naturellement munis d’un cupproduit
alors que ce n’estgénéralement
pas le cas pour les faisceauxce§.
On noteracependant
quece cup
produit
existe pour Z normal.5)
n’est pas fonctoriel relativement auxmorphismes d’espaces analytiques complexes
réduits de dimension pure. Eneffet,
si tel était le cas, la forme méromo heda
définit sur l’exem le ci-dessus se relèverait en une forme
méromorphe
da
définit sur
l’exemple ci-dessus,
se relèverait en une formeb p ’
holomorphe
sur lanormalisée, qui
estlisse;
or ceci est manifestement faux. Enfait,
en considérant unedésingularisation
del’espace analytique
réduitZ,
il n’est pas difficile de voir que, si admettait uneimage réciproque,
alors.c~
=6~
et ce,
quelque
soit l’entierk;
cequi
estgénéralement faux,
en dehors des casdéjà invoqués
deZ,
Gorenstein àsingularités rationnelles,
ouZ,
V-variété.6)
Pour Z de dimension m, le faisceauf-m
n’estgénéralement
pas dualisant.7) L’isomorphisme
n’estgénéralement
pas vrai si l’onremplace
les faisceauxcol
par les faisceauxLI.
Mais il reste toutefoisvrai,
au
moins,
dans les cas suivants :- Z est une V-variété.
- Z est à
singularités
rationnelles.- Z admet un normalisé lisse.
- Z admet une
désingularisation
"semi-small"(i.e. qui
soit unisomorphi-
sme en dehors d’un sous ensemble de codimension au moins 2 dans la
désingularisée).
Si 1r :
Z --> Z
est unmorphisme
de résolution dessingularités
de Z normal et03A9k
de dimension pure m et si K :=
Z k
est le faisceau cohérentsupporté
par le1r*(.cz)
diviseur
exceptionnel
E, alorsl’obstruction,
à l’existence d’un telisomorphisme,
est
claire,
au vu de la suite exacte : .1
D’autant
plus
que, si Z est deStein,
on a8) Signalons
le résultatclassique (cf.
parexemple [Gr]
ou[S.Y]) :
Si Z estnormal à
singularités isolées,
les faisceauxS2Z (au
sens deGrothendieck), ce§
et
£~
coincident pour tout kdim(Z) -
1.z
9)
Il existe un autre faisceau noté défini sur tout espaceanalytique complexe
réduit de dimension pure et normal. Ce faisceau étudié dans
[Sp],
au moyen de la modification deNash,
a pour sections les formesméromorphes qui,
sur letangent
de Zariski deZ, correspondent
aux fonctionsméromorphes
localementbornées. En
fait,
si n : Z ~ Z est 1 éclatement de Nash normalisé etZ°
désigne
lapartie régulière
deZ,
il existe un fibrécanonique, T, prolongeant
le fibré
~c * ( T 1 ( Z ) ) ~ Izo. Alors,
siF’ désigne
le fibrédual,
on a7r*Tv
=S2 z .
Rappelons
que la modification de Nash se construit de la manière suivante : Considérons surZ,
espaceanalytique
réduit de dimension m, le faisceau des 1-formesholomorphes, (qui
est localement libre sur lapartie lisse, Z - S,
deZ).
On luiassocie, d’après Grothendieck,
lagrassmanienne,
desquotients
localement libres de rang m et unmorphisme
7r : Z.7r*Q~
a unquotient
localement libre etl’adhérence,
dans del’image
de la section naturelle s : Z - S ~ est un sous espace
analytique
fermé réduit
N(Z)
muni d’unmorphisme
propre etbiméromorphe
surZ,
que l’onappelle modification
de Nash de Z.On voit donc que n’est rien d’autre que
l’image
directe du faisceau localement libre associé à Il est bien entenduOz-cohérent,
sans torsion et vérifie lesinclusions,
engénéral
strictes cw Z, 1
Ces sections sont aussi caractérisées par le fait
qu’elles
vérifient des relations dedépendance intégrale
surOz.
REMARQUE.
Ces faisceaux coincident dans le cas d’unesingularité
ration-nelle,
normale et CohenMacauley.
Dansl’appendice,
on donne unexemple d’espace complexe, Z,
CohenMacauley
et normal àsingularités
nonisolées,
pour
lequel
les faisceauxce§
et£~
coincident pour tout k alors que l’inclusion est vraiment stricte. Cela traduit une différence fondamentale quenous ne pouvons pas aborder ici.
2. - Les contre
exemples
2.1. - Non existence de
p l’n
a. Soient S =
f (a, b, c)
eC~ : a2 = cb2},
la surface faiblement normale deC3 (communément appelée "parapluie
deWhitney")
dont le lieusingulier
estla droite
E =
{(a, b, c)
EC3 : a
= b =0},
et D undisque
centré en 0 et relativement compact dans C.Soient
Sym2(cC2),
lequotient
decC2
xC2
par le groupesymétrique
or2 ={/J, - I d },
etla partie homogène
dedegré
2 de cequotient, pouvant
aussi être identifiée au cône deC 3 isomorphe
à-i d }.
Soient r =
{(u, v, a, b, c, t)
E(C2
x S x D :u2
=ct2, v2 = b2,
uv =at}
etf :
S x D --~l’application
donnée par(a, b,
c,t)
-~(ct2, b2, at).
Il n’est alors pas difficile de voir que
r, qui
n’est que leproduit
fibré deS x D par
(C2
au dessus deSymÕ(C2), s’identifie, après quotient
par l’involution(a, b,
c, t, u,v)
-(a, b,
c, t,-u, -v),
augraphe
de cetteapplication.
Nousdésignerons
par x : r 2013~ S lemorphisme
induit par lesprojections canoniques
de S x D x
C2 ~
S x D -~S,
etXy
:= sa fibre en unpoint s
de S.On constate que, pour s
générique, Xs
est constitué d’uncouple
de droitesen
position générale,dont
leséquations
sontet
En faisant varier s on obtient une famille
analytique
de revêtements ramifiés dedegré
2 et de codimension 2 de D dans D xC2,
dont lemorphisme
associé estf :
S x D ~ associant à tout(s, t)
les branches localesf
=(u 1,
et
f2 = - fl
b. Un calcul
simple
montre que les traces sontholomorphes
sur S et ce pour toute formeholomorphe w
deC3,
cequi signifie
exactement que est une famille
analytique
locale de1-cycles
deC 3
c.
L’intégration partielle
consiste àintégrer
unreprésentant
a-fermé àsupport C2_propre
dans D xC2
d’une classe decohomologie
deHl rr2 (D
eXIL- x(C2, Q2 x(3)
sur la famille decycles précédemment
construite.Considérons,la
forme a-fermée donnéepar a(t)(udv - vdu)dt
A dtdont le coefficient est une fonction C°° à
support
compact dans D choisie de telle sorte que A di = 1.En évaluant nous obtenons la forme
qui
parintégration
surD,
nous donne la formeEn raisonnant sur