LES VARIATIONS DE LA COMPOSITION MINÉRALE
DU LAIT DE VACHE
L. GUEGUEN
M. JOURNET
Michelle LANGLOIS.
Service de Biochimie et de Nutrition et Station de Recherches sur
l’Elevage,
Centre natianal de Recherches
zootechniques, Jouy-en-Josas (S-et-0.).
SOMMAIRE
L’étude des variations des teneurs en P, Ca, K, Na,
Mg
du lait au cours de la lactation a étéeffectuée sur dix vaches de trois races différentes, ayant toutes vêlé au début de l’hiver et ayant reçu le même
régime
alimentaire.Les
dosages
ontporté
sur un échantillon moyen hebdomadaire provenant de toutes les traites de la semaine.Au cours de la lactation les teneurs en K diminuent
régulièrement
tandis que les teneurs en Na augmentent, surtoutquelques
semaines avant le tarissement. Les teneurs en Ca et P sont maximaau début et en fin de lactation.
Le lait des vaches Normandes semble
plus
riche en Ca etplus
pauvre en K que le lait des vaches de races Frisonne et Pie rouge de l’Est.La mise au
pâturage
n’influe pas sur lacomposition
minérale du lait.La
composition
minérale du lait de vache adéjà
faitl’objet
demultiples
travauxet ses variations sont assez bien connues.
Toutefois, plusieurs
facteurs de variationpouvant interférer,
il a souvent été difficile de réunir des conditionsexpérimentales permettant
de faireagir
un seul facteur.Nous avons étudié l’influence du stade de lactation sur les teneurs en
K, Na, P,
Ca etMg
du lait de dix vaches soumises au mêmerégime
alimentaire etayant
vêlé à la mêmeépoque.
Ceci a doncpermis
d’éliminer les différences entre animaux dues à l’alimentation et à la saison.I,es animaux
ayant
reçu une nourriture constammentadaptée
à leursbesoins,
nous pensons avoir réduit au minimum l’influence des facteurs alimentaires et enre-
gistré
au mieux l’évolutionphysiologique
de lacomposition
minérale du lait de vachesayant
vêlé en hiver. D’autrepart,
l’utilisation d’un échantillon moyenpondéré
detoutes les traites de
chaque
semaine atténue l’influence des variationsjournalières.
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Animaux
Les dix vaches utilisées (5Frisonnes Pie
noires, g Normandes
et 2Pie rouges del’Est)
ont vêlé dela mi-Novembre à la fin de décembre 1958. Le tableau i en donne les
caractéristiques
essentielles.Par
lactation,
laproduction
moyenne de lait a été de 3 662kg
avec des extrêmes de 2465 à 50 6
9
kg ;
la teneur moyenne en matières grasses a été de 37,95g parkg
et la teneur en matières azo-tées de 3¢,r7g par
kg.
Le coefficient depersistance
de laproduction
laitière entre la 3eet la 3oese- maine, a été de 89,6.L’état sanitaire des animaux a été satisfaisant du
vêlage
au tarissement. Toutefois, deux cas de mammite ont été enregistrés, avec infection des 4quartiers
durant toute la lactation pour la vache n° 30(deuxépisodes aigus
suivis de traitement au cours du 3eet du 4emois de lactation) et infectiond’un seul
quartier
pour la vache n° 207.Régime
ali9nentaireEn
hiver,
les animaux ont reçu 20kg
de betteraves à forte teneur en matière sèche, de l’ensi-lage
d’herbe et du foin(graminées
-!-légumineuses)
à volonté. La mise à l’herbe(pâturage
rationnésur
mélange
degraminées
etlégumineuses)
a eu lieu le 14avril 1959. Les besoins des animaux, selonleur format et leur
production
laitière, ont été couverts parl’apport
d’un concentré constitué decéréales, de tourteaux et d’un
composé
minéral(6 5
p. 100de phosphatebicalcique
et 35 p. 100 desel).
Au cours des six semainesprécédant
levêlage, chaque
animal a reçu en moyenne 2kg
de con-centré par
jour.
Prélèvement et conservation des échantillons
Les vaches ont été traites deux fois par
jour
et le laitpesé
individuellement àchaque
traite. Apartir
desprélèvements
effectués à chacune de ces traites nous avons constitué des échantillons pon- dérés sur une semaine.Après
addition de i ml d’une solution( 1 )
de sublimé pour 160ml de lait, leséchantillons ont été
placés
en chambre froide à 0-20C. Cette teneur de 0,4 g deHgCl 2
par litre de laitne perturbe pas les
dosages.
Méthodes
d’analyse
Les
dosages
ont été effectués sur le résidu de minéralisationnitro-perchlorique
d’uneprise
d’essaide 5 ml de lait, traitée par 10ml de
mélange nitro-perchlorique ( 2 parties
de HCIO, + ipartie
deHN0
3
)
dans un matrasd’attaque
chauffé sur un bain de sable à220 - 2 5°oC.
Après
décoloration dumélange (au
bout de 4à 5heures)
on arepris
par environ 20ml d’eau bi-distillée et on a laissé bouillir 30 minutes environ. Puis,après
refroidissement, on a transvasé dans( 1
) La solution de sublimé est ainsi constituée : 64g de HgCI2, 500 ml d’alcool et 500 ml d’eau distillée.
des fioles
jaugées
de 50 ml. Ledosage
deMg
a été effectué directement sur cette solution(lait 1/10 ).
et les
dosages
de P, K, Na et Caaprès
dilution de1/10 (lait r/ 5 o).
Le
phosphore
a été dosé par la méthodecolorimétrique
aujaune
dephosphovanadomolybdate
d’ammonium et les métaux alcalins et alcalino-terreux par
spectrophotométrie
de flamme(GU E G UE N
et ROMBAUTS
19 6 1 ).
RÉSULTATS
1
° Teneuys moyennes
pour
des Lactationscomplètes
Le tableau 2
indique
les teneurs moyennes individuelles en élémentsminéraux,
calculées sur toute la durée de la
lactation,
et les valeurs moyennes obtenues poui l’ensemble des 10 vaches avec lesécarts-types correspondants.
Les teneurs indivi-duelles ne sont pas
simplement
les moyennesarithmétiques
de tous les résultatshebdomadaires,
mais sont des moyennespondérées
calculées en tenantcompte
des variations de laproduction
laitière.Ainsi,
les teneursindiquées
pour l’ensemble des10vaches
peuvent
être considérées commereprésentatives
d’un « lait demélange
».I,es différences individuelles sont très accentuées pour
K,
Ca etNa,
etbeaucoup
moins pour P et
Mg.
Il n’est malheureusement pas
possible,
sur un nombre aussi limitéd’individus,
d’insister sur les différences observées entre races.Toutefois,
nous pouvonssignaler
que le lait de la race Normande semble
plus
riche en Ca que le lait des deux autres races(r, 4 o
g parkg
contre r,22 g parkg
enmoyenne) ;
cecipeut
être lié à la teneurplus
élevée en caséine du lait de la race Normande. Les teneurs élevées en Ca semblent êtregénéralement
associées à des teneurs faibles en K(le
lait des vaches Normandes est relativement pauvre enK ).
D’autrepart,
il ne semble pas y avoir de relation entre le tauxbutyreux
et les teneurs en éléments minéraux du lait.Enfin,
nous nous sommes demandés si les fortesproductions
laitières ne provo-quaient
pas, comme pour d’autresconstituants,
une « dilution » des éléments minéraux dans le lait. Enfait,
il n’en est rien et lesexportations
sont sensiblementproportion-
nelles aux
productions
laitières. Lesexportations
totales d’éléments minéraux durant toute la lactation sont très variables d’un individu à l’autre : de 2.503 g à4 .66 3
g pourP,
de3.2q.8
g à 5.525 g pourCa,
de3.862
g à 9.124g K et de 1. 1279à 3.015g pour Na.2
°) Influence
du stade de lactationLa
figure
suivante rassemble les teneurs moyennes hebdomadaires enP, Ca, K,
Na etMg
du lait des io vaches de la 2eà la 31semaine delactation, puis
dulait de 7 et enfin de 4 vaches de la
33 e
à la45 e
semaine( 3
des vaches utilisées étaient taries au bout de 7mois).
Fait bien connu, les teneurs en K et Na évoluent en sens
inverse ; l’augmentation
de la teneur en Na n’est toutefois sensible
qu’à partir
de la 3oe semaineenviron,
tandis que les teneurs en K diminuent
régulièrement
au cours de la lactation de1 ,8
à1 ,
3g par
kg.
Seuls les laits de fin de lactation ont des teneurs élevées en Na( 0 ,6
à 0,7g parkg).
Le colostrum n’a pas été
étudié,
mais il est bien connu que chez la vache il estbeaucoup plus
riche que le lait normal en P etCa,
dont les teneurs diminuent ensuiterapidement
au cours despremières
semaines de lactation. Apartir
du 2emois de lac-tation la teneur en Ca varie peu,
puis
elle sembleaugmenter
de nouveau en fin de lactation(ce qui
est sans doute lié à l’accroissement de la teneur encaséine) ;
les te-neurs en K et Ca sont alors voisines.
La teneur en P diminue sensiblement au cours de la lactation et semble passer par un minimum vers le 6e mois.
Enfin,
les teneurs enMg,
trèsfaibles,
varient peu avec le stade de lactation.3
°
Influence de
la mise à l’herbeNous avons rassemblé dans le tableau 3 les teneurs moyennes hebdomadaires
en éléments minéraux du lait des dix vaches étudiées pour les six semaines entourant la mise à l’herbe.
Compte
tenu del’importance
des variationsphysiologiques
nor-males des teneurs en P et Ca du lait à cette
époque (au
moment de la mise à l’herbeles animaux se trouvaient entre la i5e et la 2oe semaine de
lactation)
il est difficiled’attribuer à l’alimentation les
légères
variations observées pour ces deux éléments.Dans
l’ensemble,
cette variation brutale durégime
alimentaire n’a pas d’influencesur la
composition
minérale du lait.4
° Influence
del’infection
microbienne de la mamelleLe lait moyen de la vache n° 30
présentant
une infectiongénéralisée
aux 4 quar-tiers,
a une teneur en Nasupérieure
de 20p. 100 à la teneur moyenne. Lesépisodes aigus
ont été suivis d’un accroissement très net de la teneur en Na dulait, qui
revientà son niveau normal
après
le traitement. Enrevanche,
lesépisodes aigus
ont provo-qué
une diminutionimportante
etpassagère
de la teneur en K du lait. Ces teneurs anormalespourraient
donc être dues à une dilution du lait par transsudation deplas-
ma
sanguin.
Il convient de
signaler
que les teneurs observées et leurs variations ne sont sansdoute valables que pour des vaches
ayant
vêlé au début de lapériode
de stabulation.En
effet,
VANSCHOUBRO!CK( 195 8)
a montré que la saisonpouvait
avoir une influencesur la
composition
du lait de vache et surtout sur les teneurs en P etCa, qui
semblenten
général plus
faibles enété,
à la fin de lapériode
depâturage.
En revanche les te-neurs en
Mg
sont lesplus
faibles au début de l’hiver.Toutefois, malgré
l’existence de cette actionsaisonnière,
lesprincipaux
facteurs de variation de lacomposition
minérale du lait de vache sont manifestement l’individu et le stade de lactation.
Reçu
en décembre 1960.SUMMARY
VARIATIONS IN MINERAL C03iPOSITION OF COW’S MILK
The
study
of variations in the P, Ca, K, Na and Mg contents of milk in the course of lactation has been carried out with 10cowsof g different
breeds which had all calved at thebeginning
of thewinter and which had all received the same diet. The determinations were carried out on a
weekly sample
obtained from all themilkings
of the weekusing
the vanadate colorimetric method for P,and flame
spectrophotometry
for Ca, K, Na and Mg afternitro-perchloric digestion.
In the course of lactation, the K content diminishes
regularly
whereas the Na content increases,especially
at the end of lactation. The Ca and P contents arehighest
at thebeginning
and end oflactation.
The milk from
Normandy
cows appears to be richer in Ca and poorer in K than the milk from Fresian and Eastern Red Pied cows.The mineral
composition
of the milk is not ‘affected if the animals are put out to pasture.RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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spectrophotométrie de flamme dans les aliments, le lait et les excreta..9nn. Biol. ani1ll. Bioch. Biopkys., 1, 8
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