EXCRÉTION URINAIRE D’ŒSTROGÈNES CHEZ LA TRUIE
PENDANT LA GESTATION
P. ROMBAUTS
Ginette LÉPINE Françoise THURET
Stalion de Biochimie et de Nutyition,
Centre national de Recherches
aootechniques, Jouy-en-Josas (Seine-el-Oise).
SOMMAIRE
La détermination
quantitative
desoestrogènes
urinaires chez la Truie par la méthodechimique
de BROWNmontre que l’oestrone est la
principale
hormoneoestrogène
excrétéependant
la gestation.Alors que dans toutes les
espèces
étudiées l’excrétion n’augmente quependant
la dernièrepartie
de la
gestation,
la Truieprésente
deuxpériodes
d’excrétion nettement distinctes. Lepremier
maximum situé entre 28 et 3r
jours
peut permettre dediagnostiquer
lagestation
à cetteépoque.
En-suite l’excrétion tombe à des valeurs très faibles, voisines de celles du
cycle
oestrien. Elle augmenterapidement
àpartir
de 80jours
degestation
et se maintient à des taux élevésjusqu’à
laparturition.
INTRODUCTION
En
195 8,
WRIGHT constatait que, si la nature des hormones stéroïdes excrétées dans l’urine étaitfréquemment
étudiée chez laFemme,
il n’en était pas de même chez les animauxdomestiques.
Ilsignalait
d’ailleurs les difficultés de cette étude dues à la nature différente des stéroïdes suivant lesespèces
et à laprésence
de substances interférentes enquantités
souventplus importantes
que dans l’urine humaine.C’est
pendant
lagestation
que les excrétions d’hormones stéroïdes sont le mieuxconnues et RoBirrsorr
( 1957 )
a pu comparer les courbes d’excrétiond’cestrogènes
chez la
Jument,
laVache,
laBrebis,
et la Truie. Mais pour la Truie on ne connaissait que l’activitécestrogénique
totale mesurée à l’aide des testsbiologiques,
notammentpar
KU ST ,
STRUCK( 1934 )
et FEiERMARCK(1935).
I,e
premier
testchimique
utilisé fut celui de CUSOm(rg3!.).
Il futappliqué
au
diagnostic
de lagestation
chez la Truie parR O T H ,
MAYER et BOG.BRT( 1941 ).
R
AESIDE
( 19 6 1 )
a récemment étudié l’excrétion desphénolstéroïdes
au cours ducycle
oestrien. Mais les seules déterminations
chimiques,
avecséparation
des différentsoestrogènes,
que nous connaissionspendant
lagestation
de la Truie sont celles deB R E D EC
Ket MAYER
( I95 S)
et de ’-EUE( 195 8,
1959,19 6 0 ).
Mais tandis que BREDECK et MAYERtrouvent desquantités importantes d’oestriol,
VELLE estime que l’c!strone est le constituant essentiel excrété par cetteespèce.
Les dates des maxima d’excré- tion ne concordent pas nonplus
chez ces auteurs.Dans le but de rechercher les corrélations entre les
productions
hormonales degravidité
et l’anabolisme degestation,
nousprésentons
doncquelques
résultatspréliminaires
concernant la nature et le taux des excrétionsd’oestrogènes
chez laTruie au cours de la
gestation.
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
a) Colla le des échantillons
Les urines sont récoltées
quantitativement
sur des animaux maintenus en cage il métabolisme, dans des bacs enpolyéthylène
avec unequantité
d’acidechlorhydrique
suffisante pour obtenir unpH
final de 45.
1)ans les cas où lesdosages
n’ont pu être effectués immédiatement, les urines ont été conservées il - 15° C. Nous avons constatéqu’il n’y
avait pas de pertesd’oestrogènes
dans ces conditions, même au bout deplusieurs
semaines.b)
Jléthode dedosage
Nous avons utilisé la méthode de BROWN(!9j5)
qui
permet laséparation
des fractions oestrone, mstradiol et o!striol. Nous aconségalement
adoptél’étape supplémentaire
desaponification
utiliséepar BAULD (1956) et
préconisée
ensuite par Bpowx, BuLt3ROOK et GttEENwoon( I95 q).
Maisl’hy- drolyse
acide, avec IICI r5p. 100pendant
i heure à 1000C, conditions nécessaires à unehydrolyse complète
chez la Truie(BELLE, 105 8),
libère de nombreuses substances interférentes et surtout entraîneparfois
des pertesappréciables.
Nous avons donc
pratiqué l’hydrolyse enzvmatique
comme le recommandentJA YL E
et al.(r959)!
On amène les urines à
pI3
4,8,ajoute t /zo
de leur volume de tampon acétate 2 M et on laisse incuber z4heures sur B._VI, à 370C avec du suc d’/M:B’ Porraatia( 750
U. Fishmann def’-glycuronidase
et 375 U. Whitehead de sulfatase par ntl
d’urine).
RÉSULTATS
Nous n’avons pas détecté d’oestriol dans l’urine de Truie et nous n’avons décelé que de très faibles
quantités
d’oestradiol. Cesquantités
étant à la limite de sensiblüté de laméthode,
nous ne donnerons que les résultats concernant l’oestrone. Ce stéroïdea été identifié par les critères suivants : coefficients de
partition, comportement chromatographique
sur alumine et établissement duspectre d’absorption
ducomposé méthylé
dans le réactif de Kober.Une étude
plus systématique
des autres métabolitesurinaires, méthoxy-oestrone,
!6-epi-oestriol
et dérivés del’équilénine,
va êtreentreprise
incessamment par la méthode deG IVNER ,
Bau!,D et VAGI( 19 6 0 )
et parchromatographie
surpapier
selonAx!LxoD (1 953
et1 954 ).
Mais étant donné lesquantités importantes
d’oestroneexcrétées,
il est trèsprobable
que ce stéroïde estl’oestrogène prédominant
de l’urinede Truie. Nos résultats confirment donc les conclusions de VELLE
(z 959 ).
RAESIDE(
19 6 1
)
estime d’autrepart
que l’oestrone estégalement
leprincipal oestrogène
uri-naire au cours du
cycle
cestrien ce que nous avonségalement
vérifié.Comme on l’avait
déj
à constaté par lesdosages biologiques (cf
la courbe moyenne établie par Ronmsoa en1957 )
l’excrétiond’oestrogènes
chez la Truie au cours dela
gestation
est très différente de celle des autresespèces domestiques.
Chezcelles-ci,
l’excrétionaugmente plus
ou moins tardivement mais s’accroît alorsrapidement jusqu’à
une valeur maximum maintenuejusqu’à
laparturition.
Chez laTruie,
par contre, il fautdistinguer
2périodes
d’excrétionimportante :
l’une à la fin dupremier mois,
mais de courtedurée,
l’autre lequatrième
moiscorrespondant
auplateau classique
des autresespèces.
Avant le 2oe
jour
lesquantités
d’cestrone excrétées sont semblables à celles ducycle
oestrien. soit de 5 à 20 ug parjour
environ. Pendant les 15premiers jours après
l’oestrus les modificationshistologiques
de l’utérus sont d’ailleurs les mêmes chez l’animalgestant
que chez celui nongravide.
Du 2oe au 35e
jour
lesquantités
sontplus importantes
avec unmaximum,
en
général
trèsmarqué,
entre le 2!e et le3 i e jour (graphiques
1, 2, 3 et5).
A ce
maximum,
l’excrétion d’oestronepeut
atteindre 200o à 3000 pg par 24heures,
mais onpeut
avoirquelque
difficulté à le déceler car il ne dure que 1 à 2jours.
Ainsipour la truie i25r
(graphique 5 )
on a unpic
à 28jours. Malgré
la courte durée de cemaximum,
on voitqu’entre
25 et 31jours
degestation
lesquantités
d’oestronesont très
supérieures
à celles excrétéespendant
lecycle.
Onpeut
donc conclure avecV!t,t,!
( 19 6 0 ) qu’un dosage
à cetteépoque permettra
à coup sîir de déterminer si l’animal estgravide
ou non. Le maximum estbeaucoup
moins net pour la truie i 240(graphique 3 ).
Cet animal est d’ailleurs mortbrusquement
à 40jours
degestation,
avecune
portée apparemment normale,
sans que nouspuissions
établir toutefois de relation de cause à effet entre la mort et cette faible excrétion d’oestrone à 30jours
degestation.
E r
crétiorr urilzaire
d’œstroge ll es
chez la Truiepmda ll t
lagestatio ll
La
signification physiologique
de cepremier pic
est encore obscure. A cetteépoque l’embryon
estdéjà
fixé. Onpeut
toutefois noter que cettepériode
de 27 à 30jours correspond
au maximum des mortalitésembryonnaires
et que, d’autrepart,
on constate souvent à ce moment des retours de chaleur tardifs.Du
35 e
au75 e jour
degestation,
l’excrétiond’oestrogènes
est très faible(graphique 5 ).
Les valeurs sont voisines de celles observéespendant
lecycle
cestrienet restent presque
toujours
inférieures à 50fLg parjour.
Pour la truie z2y, nous avons déterminé les valeurs suivantes :Enfin,
àpartir
du 75eme jour environ,
l’excrétion d’oestroneaugmente rapidement
à des valeurs
élevées, atteignant
6 à 7 mg par 24 heures(graphique
4 et5),
et semaintient ainsi en
plateau jusqu’aux
derniersjours
degestation
où l’on constate alorsun deuxième
pic
net.Dès la
parturition
lesquantités
d’oestrone diminuent trèsrapidement (graphi-
que
5 ).
Au ii8ejour
on ne trouveplus
que 350 !g d’oestrone dans l’urine de 24 heures.Remarquons
au passage quel’augmentation
d’excrétion d’oestrone en fin degestation correspond
àl’époque
où l’anabolismes’accentue,
entre la ioe et la je semaine(R OMBAUTS , 19 6 2 ).
C’est aussi lapériode
où lepoids
de laportée prend
uneimportance
deplus
enplus grande.
Si ces
premiers
résultats n’excluent pas des variationsindividuelles probables
des
quantités d’oestrogènes
excrétées dans l’urine de truiegestante,
onpeut
néanmoinsen tirer les conclusions suivantes :
1
° I,’oestrone est le
principal oestrogène
de l’urinependant
lagestation.
2
° Un
premier pic
d’excrétion se manifeste defaçon
constante avec un maximumentre 28 et 31
jours.
3
°
En fin degestation
l’excrétionaugmente
àpartir
du 75 ejour environ,
etse maintient à des valeurs élevées. I,e taux chute par contre très vite dès la
partu-
rition.Re f
u en mays io62.
SUMMARY
’
URINARY EXCRETION OF CESTROGENS IN TIIE SOW DURING PREGANCY
The
quantitative
determination ofurinary
cestrogens in the sowby
the chemical method of BROWN shows that oestrone is theprincipal
oestrogen excretedduring
pregnancy. Whilst in all thespecies
studied the excretion increasesonly during
the last part of pregnancy, the sow shows twoclearly distinct
periods
of excretion. Thefi rst maximum, situated between 28 and ,)1days
may make itpossible
todiagnose
pregnancy at this stage. It reaches r to 2mg of oestrone per 24hours(fig.
r, z, 3and5 ).
Then the excreticn falls to very low values, near to those of the oestrus cycle. It increasesrapidly
from 80days
of pregnancy and remains at a very high level untilparturition
- 4 to 6 mgper 24 hours -
(fig.
4 and 5).RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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