IMPORTANCE, COMPOSITION ET SIGNIFICATION DES DIFFÉRENTES FRACTIONS DE LAIT
OBTENUES SUCCESSIVEMENT AU COURS DE LA TRAITE MÉCANIQUE DES BREBIS
J.
LABUSSIÈREJ.-F. COMBAUD,
P. PETREQUIN R. TESSONNIÈRE R. GOUGET
Laboratoire de
Physiologie
de la Lactation,Centre national de Recherches
zootechniques,
78 -Jouy-en-Josas
Institut national de la Recherche
agronomique
SOMMAIRE
Certaines brebis
Préalpes
du Sud ne présentent pas de réflexe neuro-endocriniend’éjection
aucours de la traite
mécanique.
Cette absence est due à une rétentionimportante
du lait dans les par- tiessupérieures
de laglande.
La
suppression
desopérations d’égouttage
chez ces animauxrisquerait
de réduire sensiblement la sécrétion du lait et laquantité
de matières grasses extraites. En effet, le tauxbutyreux
s’accroîtd’une
façon importante
au cours de la traite. Il est environ trois foisplus
fort dans le lait résiduel que dans le lait citernal. Cet accroissement estplus important
le matin que le soir et il est d’autantplus
net que les brebisprésentent
un bon réflexed’éjection.
Le taux azoté est peu modifié d’un échan- tillon à l’autre, néanmoins il estlégèrement plus
faible dans lapartie
résiduelle. Dans le cas où la mamelle est vidéecomplètement
de son lait parl’ocytocine,
on constate à la traite suivante une réduc- tionsignificative
du lait citernal, et une diminutionsystématique
du tauxbutyreux
dans toutesles fractions.
Des
hypothèses
sont proposées pourexpliquer
cephénomène.
INTRODUCTION
L’étude
deschangements
decomposition
du lait entre le début et la fin de la traite(et particulièrement
celle du tauxbutyreux)
a été réalisée par de nombreux chercheurs sur de nombreusesespèces (voir
l’article deJoHANSON,
KORKMAN etNE!,soN,
1952, et ceuxplus
récents deK ULIKOV ,
i959 ; PAVLOVetBR!ESr,Aw,
I959 ! §PORYADKOVA, rg64 ; SHWABE,
MEDVEDEV etKAI,ANTAR, rg65 ;
ROTEMBERG etB
AR
ANOWSKI, 1965).
Toutefois,
dans laquasi-totalité
des cas, les échantillons successifs furentpré-
levés selon une
séquence
constante detemps
ou de volume nepouvant
tenircompte
du déroulementphysiologique
de l’évacuation dulait,
comme il estpossible
de lefaire chez les Ovins.
En
effet,
les travaux effectués parI, ABUSSI È R E
et MARTINET( 19 6 4 )
et 1,ABUS-siÈP,E
( 19 66)
ont montré que la traite des brebis à la machinepermet
dedistinguer
deux
types
d’animaux(fig. I ) :
a)
ceux fournissant leur lait en deux émissions successives biendistinctes,
cequi correspond
à l’obtentionmécanique
du lait citernalpuis
du lait alvéolaire chassé des acini sous l’effet du réflexed’éjection (I,ABUSSIi~R!,
MARTINET etDE NAMUR , 1969);
1b)
ceux neprésentant
que lapremière émission,
la seconde étant absente pour des raisonsqui
nous sont encore inconnues(inhibition
des processus neuro-endocri-niens,
causesmorphologiques, etc.).
Il est aisé de collecter et
d’analyser séparément
le lait de ces deuxémissions,
ainsi que celui obtenu par les différentesmanipulations qui complètent
lesopérations
de traite :
égouttage-machine, égouttage
manuel et lait résiduel.C’est ce que nous avons fait au cours de
l’expérience
que nous nous proposons derapporter.
Cet essai nous a parujustifié puisqu’il
existe peu de références biblio-graphiques
consacrées à cettequestion
chez la Brebis. Il faut citer les articles deS!MJAM ( 19 6 2 ),
RICORDEAU, MARTINET et DENAMUR( I ()6 3 ),
AMINOV( 19 66),
ensignalant
toutefois que ce dernier a effectué sesanalyses
sur desportions
successives obtenues par cathétérisation dutrayon,
et non dans les conditions de la traite pro-prement
dite comme c’est le cas pour notre travail.MATÉRIEL
ETTECHNIQUES
A. - Conduite
générale
du troupeauL’agneau
tète librementpendant
les troispremiers jours qui
suivent la mise bas. Il est ensuiteséparé de sa mère
qui
passe alors sans transition à la traitemécanique.
Cette
opération, qui
a lieu deux fois parjour
à 6 heures et r6 h r 5, est effectuée sur un a carrous-sel » à trente-deux
places,
à l’aide d’une machine Alfa-Laval dont lescaractéristiques principales
sont les suivantes :
Vide : 33cm de mercure.
Vitesse de
pulsation :
180/minute.Rapport
succion/massage
= r/r.Les
gobelets
pesant environ 240 g sont posés sanspréparation préalable
de la mamelle et sontenlevés
après qu’un égouttage-machine
ait étépratiqué.
Enfin, une extractionplus complète
dulait est assurée par un égouttage manuel ou !c repasse ».
Les 57 brebis
qui
ont servi pour cet essai serépartissent
de lafaçon
suivante :- 32à deux émissions, dont 13 en
première
lactation, i r en seconde et 8 en troisième ouplus.
- 25 à une émission, dont m en
première
lactation, 4en seconde et 10 en troisième ouplus.
B. -
Technique
des contrdlesLes différentes fractions obtenues au cours de la traite ont
déjà
été décrites dans une étude pré-cédente. Il nous paraît néanmoins utile de
rappeler
lesprincipales
définitions, certaines étant sché- matisées à lafigure
r.Lait machine
(en ml) :
volume de lait obtenu par la machine sans intervention du trayeur.Volume du Ier
pic (V I
en ml) : volume de lait recueilli avantl’apparition
de la aeémission. Ilreprésente le lait citernal.
Volume du 2e
pic (V,
en ml) : lait machine moins volume du ierpic.
Il représente le lait alvéo- laire (chassé des acini parl’ocytocine)
obtenu sans intervention du trayeur.Égouttage
machine(en ml) :
volume de lait obtenu à la machine lors du massage par le trayeur.Égouttage
manuel(ou repasse) (en ml) :
volume de lait obtenu lors de la traite à la main,après
l’enlèvement des
gobelets.
Ces fractions successives sont recueillies dans des pots séparés
grâce
à undispositif
de robinets àplusieurs
voies. Le lait de « repasse » est récolté sans difficultésparticulières.
Une administration
intra-jugulaire
de 2 UId’ocytocine (Syntocinon
Sandoz) est alors effectuée,afin d’extraire le lait résiduel
qui
est obtenu par un deuxièmeégouttage
manuel.Les différents échantillons sont mesurés
volumétriquement
etanalysés
1>our leur teneur enmatières grasses
(méthode
deGerber)
et en matières azotées(méthode
au noiramido)
(’). Leurimpor-
tance absolue et relative est
représentative
pourchaque
animal des conditions normalesd’éjection
du lait,
puisqu’aucune injection d’ocytocine
n’a étépratiquée
au cours des traitesprécédentes.
Cesdonnées constituent les résultats témoins. Afin de rechercher les mécanismes
responsables
de l’écou-lement du lait dans la citerne entre les traites, les mêmes contrôles sont
répétés
à la traite suivante.(’) Ces analyses ont été effectuées par la Station expérimentale laitière de Poligny (Jura).
Dans ce dernier cas, en effet, la
répartition
desproduits
de sécrétion peut être influencée par la va-cuité de la
glande
mammaireproduite
parl’ocytocine.
Ces données constituent les résultatsexpéri-
mentaux. L’essai est
organisé
suivant le schémaindiqué
au tableau i. Il a lieu au cours de la sep-tième semaine
qui
suit la mise-bas. Au fur et à mesurequ’elles
arrivent à ce stade, les brebis sontaffectées alternativement au
premier, puis
au deuxième groupe. En effet, dans lepremier
groupe les contrôles témoins etexpérimemaux
du matin interviennentrespectivement
en début et en finde semaine. Ainsi le contrôle
expérimental
pourrait êtresystématiquement pénalisé
par unléger décalage
dans le stade de lactation. L’introduction d’un deuxième groupe permet decorriger
cetéventuel effet
parasite.
RÉSULTATS
A. —
Importance et composition
desfractions
recueillies dans les conditions normales de traite(contrôle témoin)
Les résultats sont
présentés
au tableau 2. Ilsappellent
les remarques suivantes :i. Production laitière.
a)
Chez les brebis à unpic,
les volumes deségouttages
machine et manuel etcelui de la fraction résiduelle sont
plus importants
que chez les brebis à deuxpics,
alors que la
première partie
citernale ne diffère passignificativement
d’untype
d’ani- mal à l’autre.Il semble donc que l’absence de la deuxième émission soit essentiellement due à une rétention du lait dans les
parties supérieures
de laglande.
Cette rétention est considérable
puisque,
parexemple,
le lait résiduel du matin contient environ 37 p. 100 des matières grasses sécrétées( 1 )
alors que la machine seule(sans participation
dutrayeur)
n’en extrait que 25p. 100.( 1
) JOHAKSSON, Koxtcntnv et NELSON(1952) trouvent environ 32 p. 100chez la Vache, et ¡{[CORDEAU
MARTINET et DFNANIUP(i963) des résultats comparables chez la Brebis.
Annales de Zootechnie. - 1969.
b)
Chez les brebis à deuxémissions,
il existe une corrélationpositive
hautementsignificative
entre :- le lait total et le volume du deuxième
pic (r
=-i- 0 ,6 3
et y = -!-0 ,56,
res-pectivement
aux traites du soir et dumatin) ;
- le lait total et la
quantité
de lait résiduel(r
= + 0,49et r =-!- 0,55,
respec- tivement aux traites du soir et dumatin).
I,’interrelation
entre ces trois facteursexplique probablement pourquoi
nousn’avons pas trouvé de liaison entre le volume du deuxième
pic
et celui du lait rési- duel(r
=o,oi).
Toutefois, lorsque
le lait total est maintenu constant, on obtient une corréla- tionpartielle négative
hautementsignificative
entre ces deux critères(r
= —0 , 473 et r = -
0 , 50 6) ;
la deuxième émission étant l’extériorisation dans lepot
à traire du réflexed’éjection
du lait(I,aBUSSW x!,
MARTINET etD!rrnMUx, ig6g),
il est eneffet
logique
d’admettre queplus
ce dernier estintense, plus
le lait résiduel est faible.2
. Taux
butyreux.
Comme l’ont
déjà remarqué
de nombreux chercheurs(voir
les revues biblio-graphiques
citées dansl’introduction),
on constate que le tauxbutyreux augmente
très sensiblement au cours de la traite
(voir
aussifig. 2 ).
Cet accroissement semble d’autantplus important
quel’aptitude
à la traite estgrande puisque :
a)
Il estplus marqué
chez les brebisprésentant
un deuxièmepic,
c’est-à-direun réflexe
d’éjection
du lait(L ABUSSI È R E,
MARTINET etD!rrAMUR, 19 6 9 ) ;
b)
Il est d’autantplus
fort que le lait résiduel est faible(r i
= —0 , 23 8 ;
y
z = -
0 ,4 8 9 ** ;
y3 = —0
,379
** ; r 4
= —0,475 ** suivant le
type
de contrôleeffectué) ( 1).
Il
importe également
de faire deux remarques concernant la traite du matin :a) L’écart
entre le tauxbutyreux
de lapremière
fraction et celui de la dernière estplus
élevéqu’à
la traite du soir(tabl. 3 ) ;
b)
Les tauxbutyreux
des laitsd’égouttage (machine
etmanuel)
ainsi que celui du lait résiduel sont semblables à leurshomologues
de la traite du soir(tabl. 2 ).
Cecin’est valable que pour les brebis à deux émissions.
3
. Taux de matières azotées.
Le taux de matières azotées est relativement stable au fur et à mesure du dérou- lement de la traite
(fig. 2 ) ; toutefois,
celui de lapremière
émission estlégèrement plus
élevé que celui de la dernière fraction extraite àl’ocytocine.
Ces résultats confirment ceux obtenus chez la Vache parJ OHANSSON ,
KoRxuIA:! et NE(I(!52),
KUI,IKOV(I959),
PORYADKOVA(1964),
LEWIS et DAVIES(1965), SHWABE,
MEDVED E
V et KAI,ANTAR
(1965).
Ils sont valables pour les deux
types d’animaux,
mais les brebis à unpic
onttoujours
un laitplus
riche que celui des brebis à deuxpics.
B. —
Importance et composition
desdifférentes fractions
recueilliesau cours des traites
exPérimentales
(injection d’ocytocine
à la fin de la traiteprécédente)
Quand
on extrait le lait résiduel restant dans la mamelleaprès l’égouttage manuel,
on constate à la traite suivante de nombreusesperturbations.
0) !i = contrôle témoin matin.
y
2 = contrôle expérimental matin.
r
3 = contrôle témoin soir.
r
Q = contrôle expérimental soir.
Le signe **correspond à une corrélation hautement significative.
1
. Pour la
production
laitière.- I,e lait citernal
(premier pic)
est réduit d’unefaçon importante,
surtoutchez les brebis à une émission où l’effet est hautement
significatif (fig. 3 ).
Cephéno-
mène est
également
observé chez la Vache parplusieurs
chercheurs(voir l’ouvrage
de
Z AKS , 19 6 2 ).
- Les autres fractions sont d’autant moins affectées
qu’elles
sont recueilliesplus
tardivement au cours du déroulement de latraite,
le lait résiduel restant d’ail- leursidentique
à celui obtenu dans les conditions « normales ».2
. Pour les matières grasses.
Le taux
butyreux
estsystématiquement plus
faible dans toutes les fractions récoltées(fig. 3).
Ce
résultat, qui
dans certains cas est très hautementsignificatif,
nepeut s’expli-
quer par un effet de
dilution, puisque
les volumes de laitcorrespondants
sontéga-
lement
plus
faibles. Il estpossible
que cette diminution soit le «contrecoup
» de la reconstitution d’un « stocklipidique
alvéolairepermanent » qui
avait été extraitpré- cédemment,
lors de l’obtention du laitrésiduel,
mais bien d’autreshypothèses
peu- vent être formulées à cesujet
et il nous est difficiled’apporter
desarguments
en faveur de l’une d’entre elles.3
. Pour les matières azotées.
Contrairement aux taux
butyreux,
les taux azotés de tous lesprélèvements
sont
légèrement plus
élevés que ceux observés lors du contrôle témoin(fig. 3 ).
Il est intéressant de remarquer que cette inversion des résultats entre ces deux critères avait
également
été observée en cequi
concerne l’évolution de la compo- sition du lait au cours de latraite, puisqu’alors (fig. 2 ) :
le taux
butyreux augmente,
le taux azoté diminue.Toutes les modifications que nous venons
d’évoquer (lait,
matières grasses,azote)
sontplus importantes
le soir que le matin et cecis’explique probablement
par le fait que l’intervalle diurne étant
plus
court que l’intervalle nocturne, larépar-
tition du lait dans la
glande
demeure encore très affectée parl’injection d’ocytocine (le
retour à l’état antérieur étantplus complet
dans le deuxièmecas).
DISCUSSION ET CONCLUSION
L’évolution
du tauxbutyreux
et du taux azoté que nous constatons chez la Brebisdepuis
l’extraction despremiers jets
de laitjusqu’à
celle du laitrésiduel,
concorde avec celle observée dans cetteespèce
parSE MJAM ( 19 6 2 ), R I C ORD E AU ,
MARTINET et DENAMUR( 19 6 3 ),
AMtxov( 19 66),
et chez la Vache par d’autres au-teurs.
Il
importe
toutefois derappeler
que contrairement à de nombreux travaux effectuésjusqu’à maintenant,
celui-ci apermis d’analyser
toutes les fractions de lait émises au cours d’une traite normale. Ces fractionsayant
unesignification physio- logique,
ceci nous autorise à émettrequelques hypothèses
sur les mécanismes de l’écoulement du lait dans la mamelle entre les traites etpendant
la traite.i. Entre les traites
Dans les conditions
normales,
unepartie
seulement du lait sécrété s’écoule dans la citerne. Onpeut
endisposer
immédiatement lors de la pose desgobelets.
Dans le cas où la
glande
mammaire a été vidée de tout son lait parl’ocytocine quelques
heuresauparavant,
on constate une diminution sensible de cette fractionciternale,
les autres échantillons(deuxième émission, égouttages
machine etmanuel,
laitrésiduel)
étantbeaucoup
moins affectés. Lephénomène
est d’ailleurs d’autantplus
net que l’intervalle horaireséparant
cette observation de l’administration del’ocytocine
est court.Il semblerait donc
qu’il
y aitremplissage préférentiel
desparties supérieures
de la
glande
au détriment desparties
lesplus
basses.Doit-on penser que le lait citernal
représente
le «surplus
» de cequi
nepeut
être contenu dans les acini? Les travaux que nouspoursuivons
actuellement aulaboratoire ne nous
permettent
pas de conclurepositivement
à cesujet,
et l’onpeut
penser que des processus
physiologiques beaucoup plus complexes
entrent enjeu.
2
. Pendant la traite
L’absence
de la deuxième émission au cours de la traite des brebis à unpic peut
avoir deuxsignifications :
a)
Il y a eu descenteprématurée
de ce Lait dans laciterne,
avant la pose desgobelets,
et ceci sous l’influence de stimuli conditionnels
pouvant
provoquer ladécharge d’ocy-
tocine
(arrivée
dutrayeur,
mise en route despulsateurs
de lamachine, etc.).
Ceci ne
paraît
pas être le cas, car les tauxbutyreux
et azoté ainsi que les volumes de lapremière
fraction recueillie chez les brebis à un et deuxpics,
ne diffèrent passignificativement.
b)
Il y a eu rétentio!2 du lccit àproximité
des cellules sécrétoires pour des raisonsphy- siologiques
oumorphologiques qu’il
ne nous est pas encorepossible
depréciser.
Tel semble bien être le cas,
puisque
l’absence de la deuxième émission s’accom- pagne del’augmentation
deségouttages
machine et manuel et, surtout, du lait rési- duel.Il faudra tenir
compte
de cette mauvaise évacuation si l’onenvisage
desuppri-
mer les
manipulations qui accompagnent fréquemment
la fin de latraite ;
chez lesbrebis à un
pic qui
s’avèrent doncinaptes
à la traitemécanique,
cettequantité impor-
tante de
lait,
riche en matières grasses,qui
serait laissée dans lamamelle, risquerait
en effet de :
- freiner le métabolisme des cellules
sécrétrices,
et ainsi de réduire laproduction;
- modifier sensiblement la
qualité fromagère
du lait.Dans le cas
présent,
cette rétentionpartielle
contribueprobablement
à diluerles fractions grasses alvéolaires tout en
empêchant
leurmobilisation ;
il est donc normal que l’accroissement du tauxbutyreux
soit moins fort pour les brebis à unpic
que pour cellesqui
sont faciles à traire etégalement
meilleures laitières(brebis
à deux
pics).
Chez cesdernières,
eneffet,
onpeut
estimer que le lait retenurepré-
senterait
principalement
une « constantephysique » dépendant
surtout de la mor-phologie
de la mamelle(effets
decapillarité
despetits
canaux,position
destrayons, etc.).
Oncomprend
alorspourquoi,
chez les brebis à 2pics
le tauxbutyreux
des frac-tions
d’égouttage
et du lait résiduel reste relativement constant,quelles
que soientl’heure
de la traite et laquantité
de lait sécrétée. A cesujet,
il faut remarquer queJ OHANSSON
,
KoRmMnrr et NEr,soN( 1952 )
trouvent uneaugmentation
de la teneuren matières grasses entre la
première
et la dernière fraction :a) plus importante
chez les vaches bonnesproductrices
et àgrand débit ;
cesrésultats étant à
rapprocher
de ceux observés chez les brebis à deuxpics ; b) plus
forte le matin que lesoir,
cequi
est aussi notre cas.A l’examen de la
figure
2 onpeut
admettre que ce dernierphénomène
est sur-tout la
conséquence
d’un tauxbutyreux plus
faible le matin que le soir dans lapartie
citernale. Il
pourrait s’agir,
là encore, d’un cas dedilution,
le «surplus
» citernalétant
plus important après
unlong
intervalle de traite.Signalons
enfin que chez les brebis à deuxpics,
il existe un certain «gradient
»dans l’efficacité du réflexe
d’éjection.
Par un calcul de corrélationpartielle
éliminantle facteur « niveau de
production
», il ressort en effet que le lait résiduel est d’autantplus
élevé que la deuxième émission estplus petite (r
= — 0,473 et y = -0 ,5 0 6, respectivement
aux traites du soir et dumatin).
Des études ultérieures mériteraient d’êtreentreprises
pourexpliquer
cephénomène.
Reçu
pourpublication
en mai19 6 9 .
REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier le
personnel
de la Fermeexpérimentale
de Brouessy dont l’aide nous a étéprécieuse
pour la réalisation de ce travail.SUMMARY
AMOUNT, COMPOSITION AND SIGNIFICANCE OF VARIOUS MILK FRACTIONS SUCCESSIVELY OBTAINED DURING THE MECHANICAL MILKING OF EWES
Various fractions of the milk of 57Pvealpes du Sud ewes, emitted under ordinary mechanical milking conditions, were collected, measured, and analyzed separately. These fractions have
physiological significance ; that is, they correspond to the successive extraction of cistern milk, alveolar milk driven from the acini by the neuro-endocrine ejection reflex, machine and manual-
stripped milk, and residual milk obtained after an intra-jugular injection of 2IU of oxytocin.
1
. 25 of the 57 ewes studied did not have the second emission characteristic of the neuro-
endocrine ejection reflex (one-peak ewes). This absence represents a large milk retention in the upper parts of the udder since the volumes of the last three fractions (stripping and residual milk)
are almost twice greater in those animals which thus give cistern milk in the machine only (without
the interference of a milker) (table 11).
2
. The fat content increases significantly during milking. It is about three times higher in
residual milk than in the first jets (fig. 2and table ii). This increase is greater in the morningthan
in the evening, and more evident when the ewes have a good ejection reflex.
3
. The nitrogen content is about the same in all fractions. However, it is a little lower in residual milk (fig. 2and table I i).
4
. It must be emphasized that total suppression of stripping in one-peak ewes may percep-
tibly reduce available milk secretion and fat content to 25 p. 100. 5
. When the udder is completely emptied by the administration of oxytocin, there is a signi-
ficant reduction of cistern milk at the next milking, and a systematic decrease of fat content in all samples taken. Some hypotheses are proposed to explain this phenomenon.
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