SESSION 2013
CONCOURS COMMUN POLYTECHNIQUE (ENSI) FILIERE MP
MATHEMATIQUES 2
EXERCICE 1 : points à coordonnées entières sur une hyperbole
1. Allure de H
1 2 3
−1
−2
−3
1 2 3 4 5
−1
−2
−3
−4
−5
y=x/√13
y= −x/√ 13 H
Les tangentes aux sommets sont les droites d’équations respectives x = 1 et x = −1. Les asymptotes sont les droites d’équations respectivesx= 1
√13 etx= − 1
√13. 2. Algorithme.
Variablesxetysont des entiers Début
Pour yvariant de0à 200, faire x=sqrt(1+13*y∧2) Six=int(x), alors
Afficher(x, y) Fin de Si
Fin de faire Fin
3. On trouve les couples(1, 0)et(649, 180).
Problème : matrices « toutes-puissantes »
Partie I : quelques exemples
1. (a)Soita∈T1(R). Alors il existeb∈Rtel quea=b2. Par suite,a∈[0,+∞[. Ceci montre queT1(R)⊂[0,+∞[.
Soita∈[0,+∞[. Soitn∈N∗. Soitb= √na. Alorsb∈Retbn =a. Par suite,a∈T1(R). Ceci montre que[0,+∞[⊂T1(R).
Finalement
T1(R) = [0,+∞[.
(b) Puisque b 6= 0, b admet exactement n racines n-ièmes deux à deux distinctes. Les racines n-ièmes de b sont les nombres complexes de la forme √n
rei(θn+2kπn ),k∈J0, n−1K.
(c)Soit a∈C. Soitn∈N∗. Si a= 0, alors0n = a et sia 6=0, d’après la question précédente, il existe b∈Ctel que bn=a. Donca∈T1(C. Ceci montre queC⊂T1(C). Comme d’autre part,T1(C⊂C, on a montré que
T1(C) =C.
2. (a)SoitA∈Tp(K). Soit n∈N∗. Il existeB∈Mp(K)telle que Bn =A. Mais alors, det(A) =det(Bn) = (det(B))n. De plus, det(B)∈K.
Ainsi, pour toutn∈N∗, il existeb∈Ktel que bn =det(A)et donc det(A)∈T1(K).
(b)SoitA=
1 0 0 −1
. det(A) = −1 < 0et donc det(A)∈/T1(R)d’après la question 1). Mais alors,A /∈T2(R)d’après la question précédente.
3. det(A) =2∈T1(R).
SoitB∈M2(R). Posons SpC(B) = (λ, µ). SiB2=A, alors(λ2, µ2) = (−1,−2)et donc (λ, µ)∈
i, i√ 2
,
−i, i√ 2
, i,−i√
2 ,
−i,−i√ 2
.
Ceci est impossible car,Bétant une matrice réelle, siBadmet une valeur propreαnon réelle, alorsBadmet aussiαpour valeur propre. Il n’existe donc pas de matriceB∈M2(R)telle queB2=A. On en déduit que A /∈T2(R).
4. (a)χA=
−X 3 2
−2 5−X 2
2 −3 −X
= (−X)(X2−5X+6) +2(−3X+6) +2(2X−4) = −X(X−2)(X−3) −6(X−2) +4(X−2) = (X−2)(−X(X−3) −2) = (X−2)(−X2+3X−2) = −(X−1)(X−2)2. Le polynôme caractéristique deAest scindé surR. Aadmet1pour valeur propre simple et 2pour valeur propre double. Par suite,
Aest diagonalisable surR⇔dim(Ker(A−2I3)) =2⇔rg(A−2I3) =1.
Or,A−2I3=
−2 3 2
−2 3 2 2 −3 −2
.C2= −2
3C1, C3= −C1et C16=0. Donc rg(A−2I3) =1. On en déduit que Aest diagonalisable surR.
(b) Par suite, il existe une matrice P ∈ GL3(R) telle que A = PDP−1 où D = diag(1, 2, 2). Soient n ∈ N∗ puis B = Pdiag
1,√n 2, √n
2
P−1.Best une matrice réelle et Bn=
Pdiag 1, √n
2, √n 2
P−1n
=P diag
1, √n 2, n√
2n
P−1=PDP−1=A.
Ceci montre queAest TPR. (c)On peut prendreP=
1 3 1 1 2 0
−1 0 1
puisP−1=
2 −3 −2
−1 2 1 2 −3 −1
.
SoitB2=Pdiag 1,√
2,√ 2
P−1.
B2=
1 3 1 1 2 0
−1 0 1
1 0 0
0 √ 2 0
0 0 1
2 −3 −2
−1 2 1 2 −3 −1
=
1 3√ 2 √
2 1 2√
2 0
−1 0 √
2
2 −3 −2
−1 2 1 2 −3 −1
=
2−√
2 −3+3√
2 −2+2√ 2 2−2√
2 −3+4√
2 −2+2√ 2
−2+2√
2 3−3√
2 2−√ 2
.
La matriceB2=
2−√
2 −3+3√
2 −2+2√ 2 2−2√
2 −3+4√
2 −2+2√ 2
−2+2√
2 3−3√
2 2−√ 2
est une matrice réelle telle queB22=A. En remplaçant√ 2 par
√3
2, la matriceB3=
2−√3
2 −3+3√3
2 −2+2√3 2 2−2√3
2 −3+4√3
2 −2+2√3 2
−2+2√3
2 3−3√3
2 2− √3 2
est une matrice réelle telle queB33=A.
5. (a)On munitR2 de sa structure euclidienne usuelle et de son orientation usuelle.Aest alors la matrice dans la base canonique de−Idqui est la rotation d’angleπ.
(b)Soient n∈N∗ puisB=
cosπ n
−sinπ n
sinπ n
cosπ n
. Alors, Bn est la matrice dans la base canonique de la rotation d’anglen×π
n =πet doncBn =A. Ceci montre queAest TRR.
6. (a)Il existek∈N∗tel que Nk=0. Donc le polynômeXk est annulateur deN. On sait que les valeurs propres deN dansCsont à choisir parmi les racines de ce polynôme annulateur. Donc,0 est l’unique valeur propre deN.
Le polynôme caractéristique deN est le polynôme de coefficient dominant (−1)p, de degré p, admettant 0 pour unique racine. On en déduit queχN= (−1)pXp.
D’après le théorème deCayley-Hamilton,χN(N) =0ce qui fournitNp=0.
(b)Supposons de plus que Nsoit TPK. Il existe une matriceB∈Mp(R)telle queN =B2. Mais alors,B2p =Np =0.
La matriceBest donc nilpotente. La question précédente fournit alorsN=Bp=0. On a montré que siNest TPK, alors N=0.
Partie II : le cas où le polynôme caractéristique est scindé
7. D’après le théorème de Cayley-Hamilton, χu(u) = 0 ou encore Yp
i=1
(u−λiIdKp)ri = 0. De plus, les polynômes (X−λi)ri,16i6k, sont deux à deux premiers entre eux. D’après le théorème de décomposition des noyaux,
Kp=Ker(u−λ1IdKp)r1⊕. . .Ker(u−λkIdKp)rk =C1⊕. . .⊕Ck.
8. (a)Puisquevcommute avecu,vcommute avec tout polynôme enuet doncvcommute avecQ(u). On sait alors que Ker(Q(u))est stable parv. Redémontrons-le.
Soitx∈Ker(Q(u)). AlorsQ(u)(x) =0 puis
Q(u)(v(x)) =V(Q(u)(x)) =v(0) =0, et doncv(x)∈Ker(Q(u)).
(b)Soiti∈J1, kK.ucommute avec(u−λiIdKp)riqui est un polynôme enu. Donc,ulaisse stable Ker(u−λiIdKp)ri=Ci. 9. Soiti∈J1, kK. Posonsvi=uCi−λiIdCi. Soitx∈Ci=Ker(u−λiIdKp)ri=Ker(vi)ri. Par définition,vrii(x) =0.
Ainsi,vrii=0et doncviest nilpotent d’indice inférieur ou égal àri.
10. SoitB′ une base deKpadaptée à la décompositionKp=C1⊕. . .⊕Cp puisPla matrice de passage deB àB′. PosonsM=P−1AP.
D’après la question 8)a), lesCi sont stables paru. On en déduit que la matriceMest diagonale par blocs :
M=
M1 0 . . . 0 0 M2 . .. ... ... . .. ... 0 0 . . . 0 Mk
où pour touti∈J1, kK,Mi∈Mp
i(K)avecpi=dimCi.
Pour chaquei∈J1, kK, posonsNi=Mi−λiIpi de sorte queMi =λiIpi+Ni. D’après la question 9), la matriceNi est une matrice nilpotente deMp
i(Mp
i(K).
Finalement on a écritAsous la forme A= Pdiag(λ1Ip1+N1, . . . , λkIpk+Nk)P−1 oùP est une matrice inversible de Mp(K)et pour tout i∈J1, kK, pi=dimCi etNi est une matrice nilpotente deMp
i(K).
11. Supposons que pour touti∈J1, kK,λiIdpi+Ni soit TPK. Alors pour touti∈J1, kKet pour toutn∈N∗, il existe une matriceBi,n∈Mp
i(K)telle queBni,n=λiIdpi+Ni. Soitn∈N∗. SoitBn=Pdiag(B1,n, . . . , Bk,n)P−1∈Mp(K).
Bnn =P(diag(B1,n, . . . , Bk,n))nP−1
=Pdiag(Bn1,n, . . . , Bnk,n)P−1(calcul par blocs)
=Pdiag(λ1Ip1+N1, . . . , BλkIpK+Nk)P−1=A.
On en déduit queAest TPK
Partie III : le cas des matrices unipotentes
12. (a)La division euclidienne deV parXpfournit deux polynômesQet Rtels queV=Xp×Q+Ret deg(R)6p−1.
Quandx tend vers0, V(x) =o(xp) et en particulier, V(x) =o(xp−1). D’autre part,xpQ(x) =o(xp−1). Donc, quandx tend vers0, R(x) =V(x) −xpQ(x) =o(xp−1). Puisque R est de degré au plus p−1, cette dernière égalité s’écrit plus explicitement
R(x) +o(xp−1) =
x→00+o(xp−1).
Par unicité des coefficients d’un développement limité, on en déduit que les coefficients deRsont nuls ou encore queRest nul. Finalement, il existe un polynômeQtel queV=Xp×Q.
(b)Un développement limité de(1+x)1/n en0à l’ordreps’écrit (1+x)1/n =
x→0U(x) +o(xp),
oùUest un polynôme de degré inférieur ou égal àp. En élévant les deux membres à l’exposantn, on obtient 1+x =
x→0(U(x) +o(xp))n =
x→0(U(x))n+o(xp), (développement limité d’une composée).
(c)Quandxtend vers0,1+x− (U(x))n =o(xp). D’après la question 12)a), il existe un polynômeQtel que1+X−Un = Xp×Q ou encore1+X=Un+Xp×Q.
13. (a) Soit n ∈ N∗. D’après la question précédente, il existe deux polynômes U et Q (dépendant de n) tels que 1+X=Un+Xp×Q. En évaluant en la matriceN, on obtient
Ip+N= (U(N))n+Np×Q(N) = (U(N))n, car d’après la question 6)a),Np=0.
D’autre part, la matrice 1
λNest nilpotente car 1
λN p
= 1
λpNp=0. D’après la question précédente, il existe une matrice B∈Mp(K)telle queBn =Ip+ 1
λN.
SoitB′=µB. B′ est dansMp(K)etB′n=µnBn=λ
Ip+ 1 λN
=λIp+N. Ceci montre queλIp+Nest TPK. 14. (a)SoitA∈GLn(C). Alors lesλi,16i6k, de la partie II sont tous non nuls. D’autre part, chaqueλi,16i6k, est TPCd’après la question 1)c).
D’après la question précédente, chaque matrice λiIpi+Ni,1 6i 6k, de la partie II est TPC. La question 11) permet alors d’affirmer queAest TPC.
(b)Si p>2, la matrice élémentaireE1,2 est nilpotente et non nulle. La question 6)a) montre que la matriceE1,2 n’est pas TPC. Donc, sip>2, Tp(C)6=Mp(C). Par contre, d’après la question 1)c),T1(C) =M1(C).
15. SoitA=
1 1 0 0 0 1 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0
=
I3+N 03,1
01,3 0
oùN=E1,2. D’après la question 13)a), la matriceI3+Nest TPR. Un calcul par blocs montre alors queAest TRR.
Maintenant, 0 est valeur propre de Aet doncAn’est pas inversible. D’autre part, 1 est valeur propre triple deAmais rg(A−I3) =2 > 1et donc An’est pas diagonalisable.