HAL Id: jpa-00234364
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Les champs moléculaires négatifs élevés et les différents
mécanismes du passage de l’antiferromagnétisme au
paramagnétisme de Weiss
G. Foëx
To cite this version:
LES CHAMPS
MOLÉCULAIRES NÉGATIFS
ÉLEVÉS
ET LES
DIFFÉRENTS
MÉCANISMES
DU PASSAGE DEL’ANTIFERROMAGNÉTISME
AU
PARAMAGNÉTISME
DE WEISS Par G.FOËX.
Professeur à la Faculté des Sciences de
Strasbourg.
Sommaire. - I.
Quelques substances, métaux, oxydes ou sels, peuvent prendre des propriétés inter-médiaires entre le paramagnétisme indépendant de la température et le paramagnétisme de Weiss. Elles obéissent à la loi de Weiss, mais avec une constante de Curie beaucoup trop grande pour avoir la signification habituelle et avec un 0394 très élevé. Par exemple, CA = 6,45 pour le fer 03B3, 7,27 pour Fe2O3,
6,4 pour Fe2O3MgO. De plus, CA et 0394 varient beaucoup d’un échantillon à l’autre et peuvent dépendre du champ (platine).
Pour le fer 03B3, on retrouve les résultats de Sucksmith en superposant à un paramagnétisme de Weiss,
avec CA= 4,4 et 0394= 2030, un paramagnétisme constant a = 240.10-6.
II. Étude de deux cas typiques de passage du paramagnétisme de Weiss au paramagnétisme
constant par élévation de la température: FeCl3 (Lallemand) et V2O3. Interprétation de ce dernier cas
à l’aide de l’énergie magnétocristalline.
III. Solutions solides de différents métaux diamagnétiques dans le palladium (Wucher). La
cons-tante de Curie et 0394 sont fonction de la concentration électronique en métal dissous; contrairement à toute attente, 0394 croît avec cette concentration. Structure électronique du palladium métal : mélange
en équilibre de 32,5 ions d8 et 67,5 atomes neutres d10.
IV. Dans de nombreux composés du manganèse, 0394 est très grand malgré la valeur élevée de la distance entre voisins magnétiques. Il s’agit probablement d’interactions de super-échange.
LE JOURNAL DE PHYSIQUE ET LE RADIUM. 1~~
1951,
453.Les interactions
négatives
enmagnétisme
ont étédécouvertes en 19 1 1 au cours d’une étude du fer y
[ 1 ],
c’est-à-dire dans un cas où elles sontparticulièrement importantes.
Il s’est révélédepuis
lorsqu’elles
sont au moins aussirépandues
que les interactionspositives;
elles ont conduit tout natu-rellement àl’interprétation
del’antiferromagné-tisme tout comme les interactions
positives
ouchamps
moléculaires de Pierre Weiss avaient fourni la clef duferromagnétisme.
Dans les métaux et les
alliages,
les interactions entreporteurs
de moments sontnégatives lorsque
les,
distances entre cesporteurs
sont très faibles[2]
ou
plus
exactementlorsque
les distances entre couchesmagnétiques
sont suffisammentpetites.
D’après
Néel[3],
les interactions sontnégatives
lorsque
la distance entre les couchesmagnétiques
de deux voisinsporteurs
de moment est inférieure à l B.Les interactions sont
positives
pour des écar-tementsplus grands.
Une courbeunique
permet
dereprésenter
approximativement l’énergie
d’inter-action en fonction de la distance pour les différents éléments des familles dufer,
du ruthénium et de l’osmium[3].
Mais à côté des cas
simples qui
se rattachent tout naturellement au schémaprécédent :
antiferro-magnétisme
résultant des interactionsnégatives
etces dernières se manifestant
lorsque
les voisinsmagnétiques
sont trèsrapprochés,
il subsiste beau-coup depropriétés
inexpliquées
et deproblèmes
àrésoudre,
.
Dans ce bref
rapport,
j’étudierai plus
spécia-lement :
i° les états intermédiaires entre le
paramagné-tisme de Weiss à
grand
0négatif
etl’antiferro-magnétisme ;
2° certains cas anormaux de passage de l’un de ces états à
l’autre;
30 un certain nombre de
circonstances
danslesquelles apparaît
un 0négatif
sans que l’onpuisse
mettre en cause des actions mutuelles entre voisins
magnétiques
ou sans que les conditions de distanceentre couches
magnétiques
se trouventrespectées.
1. Les états intermédiaires entreparamagné-tisme de ’V41’eiss et
antiferromagnétisme.
-Ces états sont caractérisés par le fait que legraphique
des inverses estrectiligne,
mêmelorsque
la variation detempérature
atteintplusieurs
centaines dedegrés,
mais avec unepente
lrèsf aible
conduisant à uneconstante de Curie C
trop
grande
pour avoir lasignification
habituelle. Le momentatomique
déduit de cette constante de Curie estbeaucoup plus
grand
que leplus
grand
des momentsprévus
par la théorie. La droiteexpérimentale
est intermédiaire entre laparallèle
à l’axe destempératures qui représenterait
leparamagnétisme
constant résultant souvent del’antiferromagnétisme
et la droite de Weiss depente c
avec la valeur normale de C.0 est
négatif
et très élevé. Nous utiliserons dans la suite la notation courante A154
De nombreuses substances se trouvent dans des états intermédiaires de ce genre.
Fer y. - Le domaine d’existence du fer
y est limité aux basses
températures
par latransfor-mation p2013y qui
est terminée à 12200 K et auxtempératures
élevées par la transformation,1- à
dont le début seplace
vers 1650° K.Les mesures relatives au fer y se classent en deux
catégories :
Q cellesqui
donnent une droiteunique
pour tout l’intervalle de
températures exploré;
2~ celles
qui
donnent ungraphique
des inversescourbé ou
composé
de deuxportions
de droites.Comme
exemple
de résultats de lapremière
caté-gorie
nousenvisagerons
ceux de Sucksmith et Pearce[5]
relatifs à un fer très pur deHilger.
Les dix
points
observés seplacent
bien enligne
droite;
la constante de Curieatomique
est,d’après
les auteurs,6,~[5.
On en déduit 3 = 2800~ K environ.Rappelons
que la constante de Curie du fertri-valent a pour valeur
4,38,
que celle du ferbivalent,
d’après
l’ancienne théorie de Hund(multiplets
larges)
pourrait
atteindre5,54
mais que sa valeurexpérimentale,
observée sur dessels,
est voisine de3,5;
celle du fer à l’état d’atomes neutres seraitbeaucoup plus
petite.
Les mesures de Fallot
[6]
sur le fer yappartiennent
à la deuxième
catégorie.
D’après
l’auteur,
legra-phique
des inversespossède
une courbure continue avec sa convexité tournée vers l’axe destempéra-tures.
Cependant,
l’auteur admet que « de 1 2000 K ài42oo K,
domaine detempérature
que lesexpé-riences anciennes avaient
déjà exploré,
la loi de Weissparaît
s’appliquer
aussi bien avec C =6,726
et à = - 3 1 8 0° K o.D’autre
part,
l’étude attentive des résultats de Fallot relatifs auxtempératures comprises
entrei 49,o
et1640° K
montre que pour chacune des sériesd’expériences prise séparément
lespoints
seplacent
sur une droite aux erreursd’expérience près (fig. i).
Fig. 1.
Si l’on voulait
quand
même tracer une courbepassant
par les
points figuratifs
de lapremière
série,
cette courbe tournerait sa convexité vers lehaut,
c’est-à-dire en sens inverse de la courbure
générale.
Lesconstantes et
points
de Curie déduits des deux sériesd’expériences
sont :Nous conserverons, pour le deuxième domaine de
températures,
les valeurs moyennes : C == 5,20,A - 9- 150.
TABLEAU 1.
Enfin, il y a lieu de
citer,
àpart,
lesexpériences
de Honda etTakagi
danslesquelles
le coefficientd’aimantation reste
pratiquement
constant dans degrands
intervalles detempérature
avec, detemps
àautre,
passagebrusque
à une valeurplus
faible(Tableau
1).
Les mêmes caractères se retrouvent dans certains
au moins des aciers étudiés par les mêmes auteurs. Les résultats obtenus par diff érents auteurs dans l’étude du fer y sont rassemblés dans le Tableau II.
Les
alliages
du fer avec de faiblesproportions
denickel ou de cobalt suivent la loi de Weiss dans la
région
y; leur constante de Curie diminue très rapi-dement àpartir
de celle du fer pur.Le Tableau II met en évidence les caractères suivants : io la constante de Curie varie
beaucoup
d’un échantillon àl’autre;
il ne semble pas que cesv ariations soient dues entièrement à des erreurs
d’expérience;
20 On observe tantôt une droiteunique
dans tout le domaine d’existence de laphase
y, tantôt deuxportions
de droites. Dans cedernier cas, si l’on va des
températures
élevées versles basses
températures,
on passe d’une droite depente
relativement forte à une autrequi
estplus
horizontale,
comme si la substance tendait àprendre
un
paramagnétisme indépendant
de latempérature
lorsque
latempérature
baisse. Leplatine.
- Auxtempératures
inférieures à ooC,
le
platine
secomporte
comme le fer y[10].
Lacons-tante de Curie et à
peuvent
prendre
de trèsgrandes
valeurs comme si le métal se trouvait dans un état intermédiaire entre leparamagnétisme
de Weiss et leparamagnétisme
constant. La constante de Curiepeut
varierbeaucoup
d’un échantillon à l’autre. Enfin les droites de Weiss tendent à devenir horizon-taleslorsque
latempérature
baisse. Leparamagné-tisme constant
paraît
s’installerprogressivement.
Entre 5ooo C et latempérature
ordinaire,
leplatine
possède
une constante de Curieatomique
voisine de 0,320identique
à celle dupalladium
dans la mêmerégion
detempérature
et à celle du nickelentre 5000 C et
9°00 C
environ[11].
Dans cedomaine,
pour leplatine,
0 = 11000 K. Le même étatpeut
subsisterjusque
vers - 1500 C. Lesprin-cipaux
états rencontrés aux bassestempératures
sont les suivants :
Le passage à des états caractérisés par une varia-tion de
plus
enplus
lente du coefficient d’aiman-tation est favorisé par une trèsgrande pureté
du métal[12].
Les substancesétrangères,
même enquantité
minime,
ont pour effet deprolonger,
versles basses
températures,
le domaine d’existence des variétés normales à faibles constantes de Curie.Le
champ
magnétique
danslequel
on fait lesmesures
paraît
avoir une influence sur lacons-tante de Curie. Les constantes de Curie observées
sur un même échantillon de
platine,
entre - I o0et -
I80°
C,
sontindiquées
ci-dessous[10] :
Les mêmes constantes de Curie avaient été
ren-contrées sans variation du
champ
pour d’autreséchantillons;
chacune d’elles caractérise un étatdéfini du
platine.
Le passage par
étapes
auparamagnétisme
cons-tant a lieu
plus
facilement dans leschamps
faiblesque dans les
champs
intenses.Auires substances. - Les données relatives à
un
certain nombre de
composés
du fer à constantes de Curie anormalementgrandes
ont été rassemblées dans le Tableau III.TABLEAU III.
Diverses solutions solides de FeO dans
MgO
ont été étudiées par Bizette[ 13] ;
la constante de Curie de Fer dans ces solutionspossède
ou bien la valeur3,56
qui correspond
à l’ion ferreux normal(c’est
le cas dans la solution decomposition
2 FeO,
11
I 1VI~O~
ou bien une valeur au moinségale
à6,9-4,
c’est-à-dire à celle de FeO libre
(fit. 2).
Pour la~i ~. 2 ,
solution 7FeO, 6MgO
legraphique
des inversescomprend
deuxrégions
sensiblementrectilignes
depentes
différentes. Atempérature
décroissante,
la constante de Curie passe de3,56
à6,24
(valeurs
approximatives
relevées sur lafigure
3 r duMémoire).
Il y a lieu de mentionner encore
parmi
les subs-tancesqui
obéissent à la loi de Weiss avec uneconstante de Curie et un 3 anormalement
élevés,
certains sels
paramagnétiques
en solutions aqueusesétendues. Fahlenbrach
[16]
aétudié,
par la méthoded’ascension,
des solutions de chlorure de cobalt de dilution croissante. Dans l’une de ses séries de mesureslorsque
la concentration décroît de7,38
à o,I 18 ~
de sel dans I oo cm3 de solution le momentionique
du cobalt enmagnétons
de Weiss passede 22,5 à
3/~,2
en mêmetemps
que 0 diminuede +
67
à -1490
h. Dans une autresérie,
le moment et 0atteignent
les valeurs36,7
et - 353° K( fig. 3).
Ces résultats n’ont pas été confirmés par des156
a obtenu des résultats
analogues
à ceux de Fahlen-brach en étudiant lapolarisation
rotatoiremagné-tique
du chlorure ferreux et aussi du chlorure céreuxen_solutions
aqueuses.Fis. 3.
Les rotations obéissent à la loi de
Weiss;
àchaque
concentrationcorrespond
une droite et, parsuite,
une valeur de 0. Les droites relatives aux diverses concentrations forment un éventail comme pour les
solutions de Fahlenbrach
mais,
contrairement à cequi
a lieu pour le chlorure decobalt,
0augmente
quand
la concentration diminue. Ainsi pourFeCI2,
les valeurs suivantes ont été obtenues(,- indique
la masse de selanhydre
contenue dans i g desolu-tion) :
Le cas des solutions est évidemment très diffé-rent de celui des solides où le 0
négatif
élevépeut
être attribué à des actions mutuelles entreporteurs
demoments,
cequi
n’est pas le cas pour lessolu-tions étendues.
Cependant,
il existe un lien étroit entre lespropriétés
duplatine
aux bassestempé-ratures et celles des solutions : dans les deux cas,
on observe
plusieurs
droites de Weiss et ces droites dessinent un éventail. Onpeut
exprimer
cettepropriété
defaçon plus précise
en disantqu’il
existeune relation linéaire entre les différentes valeurs de C et les valeurs
correspondantes
de 0[10,
17,
20].
Cette relationpossède
la même forme pour leplatine
et pour les solutions. Il faut en conclure que, dans bien des cas, lepoint
de Curie 0 n’est dûqu’en
partie
aux actions mutuelles : dans leplatine,
aussibien que dans les
solutions,
0peut
varier considé-rablement sans que les conditions devoisinage
oude distance soient modifiées de
façon
sensible. 2.Passage
duparamagnétisme
de Weiss auparamagnétisme
constant par élévation detempérature. -
Dans laplupart
des cas, le passage del’antiferromagnétisme
et, enparticulier
dupara-magnétisme
constant auparamagnétisme
ordinaire,
seproduit
par élévation de latempérature.
Atempé-rature
croissante,
le coefficient d’aimantation passepar un
maximum,
décroît et finit par varier suivantune loi de Weiss.
Mais il existe au moins deux cas
exceptionnels
oùle
paramagnétisme
constant s’établit àtempérature
croissante àpartir
d’un état àparamagnétisme
normal.Le
premier
de ces cas estrappelé
ici surtout pour aider à mieuxcomprendre
l’autre : c’est celui du chlorureferrique
étudié par Lallemand[191.
Jusque
vers 5ooo K la substance est cristallisée et obéit à la loi de Curie.
Ensuite,
la sublimation seproduit
et le coefficient d’aimantation diminue très
rapi-dement. La vapeur est formée de molécules
Fe2 C16.
Dès que lavaporisation
est totale(environ
6oooK)
leparamagnétisme
prend
une valeur constante et laconserve
jusqu’à
la dissociation de la moléculeFe2Cl6
en
Fe C13.
Lorsque
la dissociation estachevée,
vers
7ooo K,
la substance suit à nouveau la loi de Curie avec une constante de Curie inférieure à celle du cristal.L’explication
des faits observés est iciparticu-lièrement
simple :
dans la moléculeFe2C16
lesspins
des deux ionsferriques
secouplent
de manièreanti-parallèle ;
leparamagnétisme
constant enrésulte;
la dissociation le fait
disparaître.
Fi g. 4.
Le second
exemple
est celui dusesquioxyde
de vanadiumV203 [21].
Cecomposé possède
despro-priétés compliquées.
Aux bassestempératures
le coefficient d’aimantation est faible etaugmente
très lentementquand
latempérature
s’élève. Vers -105°Cse
produit
une transformation au cours delaquelle
larésistivité,
leparamagnétisme,
etc. varientbrus-quement.
Le coefficient d’aimantation enparticulier
subit une forte
augmentation. Après
avoirpassé
parun
maximum,
il se met à diminuer et il obéit à la loi de Weiss au-dessus de - 83~ environjusque
vers + 60~ C. Le moment observé dans cette
région
15,5
magnétons
est normal pour l’ion V""~. Entre 60 et 1 10° C existe unerégion
de transition avec une droite de Weiss à faiblepente.
Entre iioet 25oo C le coefficient d’aimantation conserve la
de 2500 C il décroît de nouveau suivant une loi de Weiss avec 0 = --
9 ~oo
et un moment de 16,6magné-tons. Contrairement à ce
qui
seproduit
d’habitudeil n’existe aucun maximum du coefficient d’aiman-tation
après
lepalier;
la décroissance seproduit
tout de suite( fig.
4).
On
peut
chercher àinterpréter
cespropriétés
eninvoquant
d’unepart
des interactionsnéga-tives assez intenses pour
produire
unantiferro-magnétisme,
d’autrepart
desénergies
magnéto-cristallinescapables
d’orienter les axesmagnétiques
par
rapport
au réseau cristallin[22].
C’est par lasuperposition
de ces deux genres d’actions queV. Stout et M. Griffel ont
interprété l’anisotropie
magnétique
observée sur le cristal de fluorure demanganèse
auxtempératures
où il estantiferro-magnétique
[23].
L’antiparallélisme
est attribuéaux actions
d’échange
entre ions Mn-~-+. La forteanisotropie
observée auxtempératures
inférieuresà
700 K,
températures auxquelles l’antiparallélisme
existe,
estplacée
sous ladépendance
des actionscristallines
qui
orienteraient lessystèmes
despins
couplés
suivant l’axe c du cristal.L’énergie magnétocristalline
doit être considéréecomme une fonction de la
température.
Guillaud[24]
a montré en effet que pour les cristaux
ferromagné-tiques
de MnBi etMn,Sb l’énergie
magnétocris-tallineW,
négative
aux bassestempératures,
croîtavec
T,
s’annule à unetempérature caractéristique
de la substance et devient ensuite
positive;
elleparaît
tendre vers une valeur limitelorsque
latempérature
croît. PourMnBi,
qui
esthexagonal,
l’axe sénaire est un axe de difficileaimantation
auxtempératures
inférieures à8~.a
K. A cettetempéra-ture où W
s’annule,
le cristal estmagnétiquement
isotrope.
Au-dessus de840
K l’axe sénaire est de facile aimantation. PourMn,Sb, quadratique,
l’inver-sion des axes a lieu à23~~
K. Au-dessus de cettetempérature,
l’axequaternaire
est de facile aiman-tation.Le cristal
V203
est dutype
corindon;
d’après
Ewald et Hermann[25]
sa structurerhomboédrique
peut
être considérée comme résultant de ladéfor-mation d’un réseau
cubique
type
NaCl dont les deux atomes Na et Cl auraient étéremplacés
par deux moléculesénantiomorphes
deV,O,.
Dans lamolécule,
la distance des deux atomes V est voisine de 2,g~~;
la droitequi
lesjoint
estparallèle
à l’axe ternaire du cristal. D’autrepart,
chaque
Vpossède
trois voisins de même nature quelui,
équidistants,
et situés auvoisinage
d’unplan perpendiculaire
à l’axepassant
par l’atome considéré. La distance deces voisins est à
peine supérieure
à 2,9 A.On
peut
penser que, au-dessous de lagrande
transformation de - 1050C,
leparamagnétisme
à peuprès
constant de la substance est dû à unantiferro-magnétisme
aveccouplage
desspins
dans unplan
perpendiculaire
à l’axe ternaire. Ce dernier serait alors de difficiles orientation.Au-dessus de
- 1050 C,
l’antiferromagnétisme
ayant
disparu,
les ions Vspourraient
osciller chacun pour soncompte,
mais,
par suite des actionsma~nétocristallines
encore intenses ils s’écarteraient peu d’unplan perpendiculaire
à l’axe.A des
températures plus
élevées,
les ions auraient tendance à s’orienter suivant l’axe ternaire devenu de facileaimantation;
les deux ions d’une même moléculepourraient
alors secoupler
en donnant naissance à un nouvelantiferromagnétisme.
Il est intéressant de remarquer que pour
V,O,
comme pour le fer y ou le
platine,
le passage duparamagnétisme
de Weiss auparamagnétisme
cons-tant a lieu par
étapes.
Vers 6ooC,
lapente
de la droite de Weiss devientbrusquement beaucoup plus
faible;
le momentapparent
passe de15,5
magne-tons àplus
de30, ~
prenant
une valeurnégative
trèsélevée.
Ensuite,
à 1 10°C,
leparamagnétisme
devientindépendant
de latempérature.
Comme pour leplatine
et le fer y, la constante deCurie,
û et lestempératures
de passage varient notablement d’un échantillon à l’autre.Il résulte de cette remarque que les états inter-médiaires
peuvent
exister dans les passages auparamagnétisme
constant aussi bien partempératures
croissantes que dans le cas habituel.3. Cas où les
grandes
valeursnégatives
de 0ne
peuvent
pas être attribuées aux interactions entreporteurs
de moments. - Lespropriétés
des solutions aqueuses de chlorure de cobalt ont été décritesplus
haut.D’après
Fahlenbrach[16]
dans une solution -trèsdiluée,
contenant o,i3,?, g de sel dans 100cm3, à
peut
atteindre 3p3~ K. Deplus,
à
augmente
constammentquand
la concentration diminue. On nepeut
pas attribuer à des actionsmutuelles entre ions
magnétiques
ces àqui
aug-mentent à mesure que les ions sontplus
écartés etplus
complètement
entourés par des molécules neutres. Comme on l’a vuplus
haut,
0 varie à peuprès
linéairement avec la constante de Curie(fig. 3).
Les variations de 0 sont donc liées à celles de C. Onpeut
admettrequ’elles
résultent du même méca-nisme que l’accroissement de C. Ce dernierpeut,
dans certains cas, êtreattribué,
au moins enpartie,
audéblocage
des orbites.Alliages
dupalladium.
- Lesphénomènes
observés par Wucher[26]
dans lesalliages
dupalladium
avecdes métaux
diamagnétiques
sont bien différents. Le métal neutre allié aupalladium
en faiblespro-portions
forme avec celui-ci une solution solide. Lespropriétés
magnétiques
de cesalliages dépendent
158
trivalent
produit
les mêmes effets que trois atomesd’argent.
La constante de Curie reste
pratiquement
indé-pendante
de la concentration dans lesalliages
dupalladium
avec des métauxqui
cristallisent dansun
système
autre que celui du cube à faces centréesauquel appartient
lepalladium.
C’est
le cas notam-. ment pour les solutions solides Pd-Sn et Pd-Sb.Lorsque
le métal allié aupalladium
cristallisedans le même réseau que ce
dernier,
la constantede Curie
atomique
dupalladium
diminue lentementlorsque
la concentration en métal croît. Elle passede
o,3 2 y
pour lepalladium
pur ào, 2 g6
pour uneconcentration
électronique
de go pour ioo. Savaria-tion n’est pas linéaire.
Dans les mêmes limites de concentration 0 varie linéairement de -
227 à - ~5oo environ
(fit.
5)
quel
que soit le métalajouté.
Fi~. 5.
z
On ne
peut
plus,
dans cesalliages,
notamment dans ceux où C resteinvariable,
rattacher les fortes variations de0,
qui
seproduisent
dans tous les cassuivant la même
loi,
aux modifications de lacons-tante de Curie. On se trouve ici en
présence
d’unmécanisme totalement différent du
précédent.
D’après
Wucher,
onpeut
présenter
les faits de la manière suivante : lepalladium
pur serait constitué par unmélange
enéquilibre
d’atomes neutres à l’état d1° et d’ionsbaignant
dans uneatmosphère
d’électrons 5 s.
L’étude du
système palladium-hydrogène
montre que 65 atomesd’hydrogène
absorbés suffisent pour annuler leparamagnétisme
de 100 atomes depalla-dium. Si l’on pose que
chaque
atomed’hydrogène,
apportant
unélectron,
bouche un trou de la couche4 â,
on est conduit à admettre l’existence oubien de 65 ions à l’état d9 ou de 32,5 à l’état d8 ou
encore de 21,; à l’état dl. La valeur
expérimentale
de la constante de Curie du
palladium
o,3~ ~ permet
de choisir entre ces diverses alternatives. Lescons-tantes de Curie calculées pour 65 ions à l’état d9
ou 32,5 à l’état d8 ou 21,~ à l’état d7 sont
respecti-lement
0,244,
0,825 eto,C~ o; .
Lepalladium
pur secomporte
donc comme unmélange
de 32,5 ions à l’état d8 etG¡,5
atomes à l’état dlo.Les
alliages palladium-argent
absorbentl’hydro-gène
comme le métal pur. L’étude desalliages
chargés
enhydrogène
montre, en utilisantl’hypo-thèse
adoptée
ci-dessus,
que le nombre des trous dans lacouche 4~
dupalladium
diminue linéai-rement en fonction de la concentration enargent
pour s’annuler à
72,5
pour 100 atomesd’argent.
Connaissant ainsi le nombre de
porteurs
à l’état d8 dans les diversalliages
avecl’argent
onpeut
calculerla constante de Curie
rapportée
à la masse totale dupalladium
contenu danschaque
alliage.
On trouve des valeursqui
sont en excellent accord avec lesconstantes de Curie observées.
Les
alliages
dupalladium
avecl’or,
l’aluminiumet le
plomb, qui
cristallisent comme lepalladium,
dans lesystème
du cube à facescentrées,
conduisentaux mêmes résultats à condition d’introduire dans
les calculs la concentration
électronique
au ’lieu dela concentration
atomique.
Les considérations
précédentes
fournissent le nombre n’ desporteurs
de moment danschaque
alliage;
onpeut
en déduire la nature del’entourage
de cesporteurs
et suivre sarépercussion
sur lepoint
de Curie. Lesalliages
palladium-argent
contiennent,
en
plus
des ions d8porteurs
de moment, des atomes neutres depalladium
etd’argent
à l’état dl0. Le nombre n de ces atomes neutres pour un ionpalla-dium à l’état d8 est n =
I - n’.
n
Les valeurs
expérimentales
de z1 pour lesalliages
palladium-argent
obéissent à la relationqui
se vérifiejusqu’à
des concentrationsatomiques
en
argent
supérieures
à4o
pour I oo.Les valeurs des relatives aux
alliages
dupalla-dium avec
l’or,
l’aluminium et leplomb
obéissent à la même loi à condition de calculer n’ àpartir
de la concentrationélectronique
du métal dissous dans lepalladium.
Dans lesalliages
avec l’aluminiumpar
exemple,
il suffit d’une concentrationatomique
trois fois moindrequ’avec l’argent
pour obtenir la même valeur de n’ et, parsuite,
de n. Dans les deux cas, l’ionpalladium
est entouré du même nombre d’atomes neutres, mais avec une contri-bution différente des atomes du métal dissous.La loi linéaire de croissance de à avec le nombre des voisins neutres de l’ion d8 se trouvant bien établie
expérimentalement
pour lesalliages cubiques
à facescentrées,
il est tentant del’interpréter
par des actionsd’échange
négatives
entre ions d8 et atomes neutres. Unéchange
d’électrons entre atomes neutres depalladium
et ions d8 n’a riend’impro-bable ;
il sufflt alors d’admettrequ’il
en est de même159 des interactions
positives.
La loiprécédente
donneo == + 2400 K
pour n=o.4. Distances
d’antiferromagnétisme
anorma-lement élevées. - Il ressort des différents travaux
de Forrer
[2]
et de Néel[3]
quel’énergie
d’interaction entre deux voisinsmagnétiques
varierégulièrement
en fonction de la distance de leurs couches
élec-troniques
externesresponsables
dumagnétisme.
Lorsque
les distances enquestion
sont inférieures à iÀ,
les interactions sontnégatives
et conduisentà
l’antiferromagnétisme.
Le
ferromagnétisme
deWeiss,
dû à des interac-tionspositives, correspond
à des distancescomprises
entre I et1, 6 ~ .
A des distances
plus grandes,
dans les cashabi-tuels,
on rencontre leparamagnétisme
àchamp
moléculairepositif
ounégatif, puis
leparamagné-tisme de Curie
(0
=o).
Mais il existe un certain nombre de
substances,
surtout des
composés
binaires dumanganèse, qui
fontexception
à cetterègle.
L’ensemble de leurspropriétés
montrequ’ils
sont indiscutablementanti-ferromagnétiques
et,
cependant,
la distance entre les couchesmagnétiques
de deux voisins y est trèslargement
supérieure
à la distance habituelled’anti-ferromagnétisme
ou même à cellequi correspond
auferromagnétisme (i
à1,6
.~~.
Le tableau suivant
permet
derapprocher
lespropriétés magnétiques
observées surquatre
com-posés
antiferromagnétiques
dumanganèse
parSquire [27],
Bizette et Tsaï[28]
et Mlle Serres[29]
des distances d entre couchesmagnétogènes.
TABLEAU IV.
Pour tous ces
composés,
saufpeut-être
pourMnS,
le moment est
compris
entre les valeurs extrêmesqui
ont été observées pour lemanganèse
bivalent. La distance d se trouve dans tous les cassupérieure
à i ~
et,
deplus,
pour les troispremiers
corps,qui
cristallisent dans le même
système,
lepoint a
s’élève à mesure que la distance daugmente.
Ce dernier fait serait bien difficiles à
interpréter
si l’on attribuaitl’a ntiferromagnétisme
à des inter-actions directes entreporteurs
de moment.L. Néel a rencontré des difficultés
identiques
auxprécédentes
dans sa théorie de l’aimantation des ferrites[30].
Il les asignalées
dans un Mémoirécontemporain
del’exposé [31]
danslequel je
mettaisen évidence les anomalies de distance décrites ci-dessus. En même
temps,
il aindiqué
dans lestermes suivants la voie dans
laquelle
il convient des’engager
pour résoudre leproblème
des interactions intensess’exerçant
à degrandes
distances :« Devant ces
contradictions,
ilparaît
nécessaired’adopter
unpoint
de vueplus
révolutionnaire enadmettant
qu’il
existe des interactions entre les cationsmagnétiques,
par l’intermédiaire des anionsd’oxygène,
de soufre ou de fluor.Depuis
longtemps
déjà,
H. A. Kramers[32]
a montré l’existencethéo-rique
de tellesinteractions,
dites desuper-échange
et H. Bizette a mis en avant desarguments
d’ordrechimique qui justifient
cettehypothèse.
»Aux anions énumérés par
Néel,
il fautajouter,
d’après
le TableauIV,
ceux de sélénium et de tellure. L’anioninterposé paraît jouer
un rôle d’autantplus
efficace que sa masse
atomique
estplus grande.
Il estprobable
que d’autres anions encore s’avè-rerontcapables
de transmettre les interactionsinvo-quées
par Néel.Conclusions
générales.
---L’hypothèse
duchamp
moléculaire de Pierre Weissqui
se trouvetoujours
à la base des théories du
ferromagnétisme,
s’est tout naturellementadaptée
àl’interprétation
del’anti-ferromagnétisme.
Mais il subsiste encore de très sérieuses difficulté
dans bien des cas, les faits observés ne trouvent pas leur
place
dans le cadregénéral
de la théorie baséesur les actions entre voisins
porteurs
de moments.Quelques-unes
de ces difficultés ont été mises enrelief dans le
présent
rapport.
Leproblème
soulevé par l’existence des états à constante de Curie etpoint
de Curie anormalement élevés ne pourraguère
être résolu
qu’en
introduisant un mécanismecomplé-mentaire. Celui-ci devra
permettre
de conserver la loi deWeiss,
conformément aux résultats del’expé-rience,
tout en rendantcompte
d’une croissancepossible
jusqu’à
l’infini de la constante de Curie. La nature même duphénomène suggère
la forma-tionprogressive
decouples antiparallèles
àtempé-rature décroissante
jusqu’à
la réalisation dupara-magnétisme
entièrementindépendant
de latempé-rature.
Le
problème
des fortes interactionsnégatives
à-des distances anormalement élevéesparaît
en voiede solution par l’introduction du
super-échange,
suivant les indications de Néel. Le cas desalliages
dupalladium
montrequ’il
y a lieu degénéraliser
encore
davantage
et de fairejouer
unrôle,
danscertains cas au
moins,
aux voisins neutres des atomesporteurs
de moments.Remarque
de M. L. Néel. - Ilsemble que les valeurs anormalement
grandes
des constantes deCurie,
signalées
par M.Foëx,
puissent s’interpréter,
tout au moins enpartie,
par l’influence de la160
Réponse
de M. G. Foëx. - Les constantes deCurie observées par 3Ille Serres sur le ferrite de
magnésium
se classent en deux groupes suivant letraitement
thermique
subi par les échantillons. Pour les échantillons recuits à hautetempérature,
la constante de Curieprésente
une valeurélevée,
voisine de
6,~ .
Pour les échantillons recuits àtempé-rature moins
élevée,
sa valeur(4,8)
est àpeine
plus
élevée que la valeurthéorique
~.,C~..
Lorsque
le recuit a été fait àtempérature
élevée,
le
paramètre
du réseau estplus
faible que si le recuit a été moinspoussé.
Il est naturel que cettediminution du
paramètre
favorise leparamagné-tisme constant a
qui
conduit à une constante de Curie élevée.Remarque
de M. P. W . Gorter. - Une autre expli-cation estpossible
dans le cas du ferrite demagné-sium. Mes
expériences,
confirmées par celles de M.Pauthenet,
montrent que l’aimantation à satu-rationaugmente
avec latempérature
detrempe,
ce
qui indique
selon la théorie de lB1.Néel,
unemigra-tion d’ions
Mg
vers les sitestétraédriques.
La gran-deur anormale de la constante de Curiepourrait
alorss’expliquer
par de tellesmigrations
au coursdes mesures.
Réponse
de lVl. G. Foëx. - Les ferrites utilisésn’ont pas été
trempés.
Remarque
de lll. J. H. Van Vleck. - Le résultatde M. Foëx conduit à la conclusion que les interac-tions entre atomes
magnétiques
et atomesnon-magnétiques jouent
un rôleimportant.
Cependant,
il est
impossible qu’un couplage
avec des couchesélectroniques
complètes
ait un effet d’orientationsur les
spins.
D’autrepart,
les atomes nonmagné-tiques
ont un rôle essentiel en tantqu’intermédiaires
dans lecouplage
parsuper-échange
entre atomesparamagnétiques.
C’est sur cettebase,
je
crois,
qu’on
peut
rendrecompte
des intéressants résultats trouvés par 11~i. Foëx.Remarque
de 11~. E. ~’.Stone~.
~--~- Il convientsemble-t-il de
distinguer,
enpremier
lieu,
entre lesmétaux et les
composés
nonmétalliques
dont les constitutionsélectroniques
sont tout à fait diffé-rentes.’
Pour les
métaux,
enappliquant
lastatistique
deFermi-Dirac aux électrons dans les
bandes,
on obtient unparamagnétisme qui
décroît avec latempérature;
la variation
de 1
avec Tpeut
être à peuprès
x
linéaire,
mais il ne s’ensuit pas que, du fait que 0 soitgrand
etnégatif,
lechamp
moléculaire soitnégatif.
Eneffet,
pourPd,
Pt etpeut-être
aussi pourFey,
lechamp
moléculaire estpositif,
pas assezgrand
toutefois pour
produire
leferromagnétisme.
Dans les discussions
qui
vont suivre sur le ferro-etl’antiferromagnétisme,
il seraitimportant
dedistinguer
entre les cas où lechamp
moléculaire est seulementapparemment
négatif (à
cause de la méthode ordinaire decalcul)
et les cas où il est vraimentnégatif
et où ilcorrespond
à desintégrales
d’échange négatives.
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