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Le statut du mineur délinquant malade physiquement, face à l'autorité judiciaire

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Academic year: 2021

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Le statut du mineur délinquant malade physiquement,

face à l’autorité judiciaire

Audrey Gaudin

To cite this version:

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Madame Haritini MATSOPOULOU, Professeur, Université Jean Monnet, Paris XI, Rapporteur

Madame Muriel GIACOPELLI, Professeur, Université d’Aix-Marseille, Rapporteur

Monsieur Didier THOMAS, Professeur, Université de Montpellier, Président du Jury

Madame Marie-Christine SORDINO, Professeur, Université de Montpellier , Directrice de recherche

! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! !

LE STATUT DU MINEUR DELINQUANT

MALADE PHYSIQUEMENT, FACE A

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« La Faculté n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans

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REMERCIEMENTS

Cette thèse et son achèvement représentent le seuil d’une nouvelle étape de ma vie. Je tiens à remercier toutes les personnes qui m’ont entourée sur ce chemin, sans lesquelles je n’aurais pas été capable de le franchir.

Je souhaite, tout d’abord, remercier très chaleureusement le Professeur Marie Christine SORDINO qui m’a accompagnée pendant ces trois années de travail avec une bienveillance un soutien inestimable. Je la remercie pour toute la confiance dont elle m’a investi et pour ses conseils riches, précis.

Je remercie également toutes les grandes âmes qui ont croisé ce chemin et qui, à leur manière, ont nourri mes réflexions toujours brûlantes sur le droit pénal des mineurs et plus particulièrement sur les droits dont peuvent bénéficier ces derniers s’ils se trouvent être atteints d’une pathologie symptomatique grave. Je pense tout particulièrement à Maître Rim AYADI, ainsi que Madame Sylviane DAVID Présidente du Tribunal pour Enfants de Privas (26) qui m’ont convaincue que l’on pouvait faire de l’engagement et de la passion un métier. Leurs expériences ont été pour moi une mine d’inspiration inépuisable. Je pense également à Monsieur Jean Marie CARTIER Directeur Adjoint du Tribunal de Grande Instance de Valence (26) dont la finesse et l’intransigeance des idées ont indéniablement marqué ce travail, je le remercie pour nos fructueux échanges. La même pensée est portée à Monsieur Jacques REMILLIER Ancien député-maire de la ville de Vienne.

Je remercie ma très chère relectrice, attentive et précise, amie et bien plus encore, le Docteur Pédiatre Suzel MAGNIER, qui a su m’apporter toutes ses connaissances médicales qui m’ont été d’une immense aide . Et je tire tout spécialement mon chapeau à mon papa Monsieur Jean Claude GAUDIN, mon unique relecteur non juriste, qui a affronté avec courage et ténacité la Procédure pénale, des premiers balbutiements du projet de recherche aux tous derniers instants.

Je remercie les membres de ma famille et mon petit ami, très chers et aimés, toujours à mes côtés, pour leur soutien indéfectible, leur présence et leur patience.

Je remercie tout particulièrement ma maman Madame Marie Christine GAUDIN, pour sa confiance, son accompagnement sans faille et son amour, sans qui je ne serais arrivée là aujourd’hui.

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SOMMAIRE

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Titre 2 – L’inéfficacité des règles de poursuite en présence d’un mineur délinquant malade

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LISTE DES PRINCIPALES ABBREVIATIONS

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AJDA : Actualité juridique de droit administratif AJ pénal : Actualité juridique pénal

Bull. Crim. : Bulletin des arrêts de la Cour de cassation (chambre criminelle) D. : Recueil Dalloz

Dr. Adm. : Droit administratif Dr. pén. : Droit pénal

Gaz. Pal. : Gazette du Palais

JCP G : Juris-classeur périodique (édition générale) JO : Journal officiel

LPA : Les Petites Affiches

RD pén. : Revue de droit pénal et de criminologie RDSS : Revue de droit sanitaire et social

RDPP : Revue de droit pénal et de procédure pénale RPDP : Revue pénitentiaire et de droit pénal

RSC : Revue de sciences criminelle et de droit pénal comparé RTD Civ. : Revue trimestrielle de droit civil

RTDH : Revue trimestrielle des droits de l’homme

Abréviations générales

Art. : article CA : Cour d’appel CE : Conseil d’Etat

CEDH : Cour Européenne des droits de l’homme Cons. Constit. : Conseil Constitutionnel

Conv. EDH : Convention européenne des droits de l’homme ch. : chambre

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Crim. : chambre criminelle de la Cour de cassation dir. : sous la direction de

éd. : édition

Et al. : Et les autres Form. : Formulaire

Ibid. : au même endroit, c’est-à- dire la même référence

not. : notamment

ONU : Organisation des nations unies

Op. Cit. : ouvrage précité

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INTRODUCTION

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Cesare Beccaria, Traité des délits et des peines, 1764

01. Le rôle de la peine dans notre société - « Le rôle de la peine est entièrement tourné

vers l’extérieur et vers l’avenir : empêcher que le crime ne recommence. Un crime dont on saurait à coup sûr qu’il est le dernier n’aurait pas à être puni. Donc, mettre le coupable hors d’état de nuire et détourner les innocents de toute infraction semblable. La certitude de la peine, son caractère inévitable, plus que toute sévérité, constitue ici son efficacité »1. Ces quelques propos de Michel Foucault prononcés lors d’un discours au Collège de France reflètent parfaitement les idées du juriste et philosophe César Beccaria2, lequel a été l’instigateur de la théorie utilitariste3. Celle-ci prône notamment l’idée selon laquelle une peine modérée à laquelle on ne peut échapper a plus d’effet préventif qu’une sanctioen atroce dont l’application est incertaine. Autrement dit, afin de lutter contre toute forme de récidive, seul le principe de la certitude de la peine doit dominer. Même si l’utilitarisme pénal, qui repose essentiellement sur « l’argument de la fonction préventive et dissuasive des peines » n’a pas été consacré expressément dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, ou encore dans les textes juridiques postérieurs, il n’en demeure pas moins que cette théorie est encore aujourd’hui d’actualité puisque de nombreux criminologues et hommes politiques défendent la nécessité d’instaurer des peines certaines plutôt que des peines lourdes et non exécutées. Ainsi, « si une peine est une mesure qui s’impose pour contrer un !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

1

M. Foucault, La société punitive, Dits et écrits, II, Discours prononcé au Collège de France en 1973.

2 Dans son ouvrage Des délits et des peines, paru en 1764, le marquis Cesare Beccaria, ami de Voltaire et

Diderot, dénonce les lois injustes, prône le principe d'égalité devant les lois, demande une correspondance entre les sanctions et les crimes et réclame des peines sûres mais douces. Il s'oppose aux châtiments corporels et aux supplices, non seulement parce qu'ils sont cruels, mais aussi parce qu'ils sont inutiles sur le plan de la prévention. La peine la plus efficace est la plus spectaculaire et la moins cruelle. Césare Beccaria est à l’origine de plusieurs principes fondamentaux du droit pénal contemporain. En ce sens, v. C. Beccaria, Traité des délits et des peines, 1764, éd. Flammarion, coll. GF philosophes, trad. fr. M. Chevalier, 2006.

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comportement illégal, la rendre de plus en plus sévère ne dissuadera pas pour autant les personnes d’enfreindre la loi. La certitude de la peine et non sa gravité constitue donc le principal facteur de dissuasion. Lorsque vient le temps de condamner quelqu’un, les peines axées sur la réhabilitation qui peuvent sembler clémentes ont souvent plus de chances d’empêcher d’autres infractions d’être commises et donc de protéger la population »4. Le législateur n’a pas manqué de prendre acte de cette tendance, par exemple en adoptant la loi n° 2012-409 du 27 mars 2012 de programmation relative à l’exécution des peines5, qui tend à donner les moyens nécessaires à la justice afin que les décisions rendues par les magistrats soient susceptibles de recevoir une application rapide et concrète. Plus particulièrement, dans les motifs de cette loi, il est possible de relever clairement l’objectif affiché qui est celui de la consécration de la certitude des peines6. En ce sens, il est ainsi expressément précisé qu’« un

des rôles essentiels de l’Etat dans une société démocratique est la répression des infractions pénales, car celles-ci mettent en cause l’équilibre de la vie sociale. Pour être crédible, l’action des pouvoirs publics doit être efficace à toutes les étapes de la chaîne pénale, de l’enquête à l’exécution de la peine. A défaut, la légitimité de l’Etat serait entamée par le sentiment d’impunité des délinquants et par le sentiment d’injustice de nos concitoyens ».

Cela a également été rappelé par la loi du 15 août 20147 en demandant qu’une meilleure prise en charge des détenus8 soit effectuée afin d’éviter la récidive et de favoriser une réelle individualisation à leur encontre.

02. Le rôle de la justice – La justice est là pour dire le droit et non pour dire ce qui est

juste ou pas. Elle doit appliquer avec discernement la loi, ce qui rend difficile d’obtenir une adhésion ainsi qu’un idéal total. Il n’y a pas de justice sans loi, comme l’a clairement énoncé la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 sous son article 89, inspiré de Montesquieu et Beccaria, disciple de Rousseau. Cet article consacre en effet le principe de légalité qui implique que toutes les infractions et les peines doivent être définies par le seul législateur qui représente « toute la société réunie par un contrat social ». L’assemblée

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

4 Conseil canadien de la sécurité, la sécurité et les solutions rapides, propos disponibles en ligne sur

https://canadasafetycouncil.org/fr/la-securite-de-la-communaute/la-securite-et-les-solutions-rapides.

5 Loi n° 2012-409 du 27 mars 2012 de programmation relative à l’exécution des peines, Jo n°0075 du 28 mars

2012, p 5592.

6

S. Delattre, « Peine, Dangerosité - Quelles certitudes ? Essais de philosophie pénale et de criminologie », RSC, 2011, p. 965.

7 Loi n°2014-896 du 15 août 2014 relative à l'individualisation des peines et renforçant l'efficacité des sanctions

pénales, Jo n°0189 du 17 août 2014, p. 13647.

?!C. McDougall ; A. Dominic ; S. Pearson et H. Willoughby, « Projet d'évaluation du risque basé sur

l'observation des détenus (ADViSOR) », AJ pénal, 24 avr. 2013, p. 204.

9 « La Loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires, et nul ne peut être puni qu'en

(14)

! P! constituante pose là un principe qui se présente comme le pilier de la résistance à l’arbitraire. Ce principe est également consacré à l’article 111-3 du Code pénal10. Certains professionnels considèrent qu’il s’agit du « mythe du 3ème pouvoir ». En réalité, cela n’est pas la règle. La justice est un service public pris entre l’état de droit qui est la norme, puis les commandes politiques dans les gouvernements successifs. La justice est indépendante dans la décision mais en fonction de l’analyse d’un droit. Le droit par essence, n’est pas juste. Les frictions avec la classe politique sont une source de déconvenue. En effet, nul n’est censé ignorer la loi, mais tout le monde doit être soumis à celle-ci. Il s’agit d’un duel judicaire avec une sorte de combat d’égaux alors qu’initialement la justice n’est pas cela. Ce qui peut créer, une « in-considération » des juges de la part des justiciables.

03. Le droit de punir, l’origine du droit pénal des mineurs - Le droit des mineurs

apparaît comme un droit nouveau même si la distinction entre l’adulte et l’enfant connaît une longue histoire. Le droit actuel qui a trouvé ses fondements dans le droit pénal des mineurs délinquants, fut traversé par trois grandes périodes. Ainsi, « au concept d’atténuation des

peines », succédera celui de « discernement pour aboutir à l’éducabilité » qui forme

« l’antichambre de notre droit des mineurs »11. A l’époque du droit Romain jusqu’à l’Ancien régime, l’enfant est considéré comme un adulte en miniature ayant un régime marqué par l’atténuation du droit strict et non l’application d’une règle de droit particulière. En réalité, seul l’infans, mineur de sept ans, bénéficie d’une irresponsabilité pénale absolue. Il faut attendre la fin du XVIIIème siècle pour voir apparaître la notion « d’excuse de minorité » dans les codes pénaux révolutionnaires de 1791 et napoléonien de 1810 fixant à « seize ans

l’âge de la majorité pénale à partir duquel l’individu est totalement assimilé à un adulte »12. La responsabilité pénale devient alors subordonnée à la question du discernement qui induit à côté des peines, le prononcé des mesures de rééducation du mineur. Ainsi, si les juges qui étaient à cette époque les juridictions de droit commun, considèrent que « le mineur a agi

avec discernement, il est condamné à une peine réduite, exécutée dans une maison de correction »13. Dans le cas contraire, « il n’est pas acquitté mais « absous » et relève d’une

mesure éducative à savoir, soit la remise à parent, soit l’envoi dans une maison de correction

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

10 « Nul ne peut être puni pour un crime ou pour un délit dont les éléments ne sont pas définis par la loi, ou pour une contravention dont les éléments ne sont pas définis par le règlement. Nul ne peut être puni d'une peine qui n'est pas prévue par la loi, si l'infraction est un crime ou un délit, ou par le règlement, si l'infraction est une contravention!».

11 Ph. Robert, Traité de droit des mineurs, Paris, éd. Cujas, 1969, p. 25.

12 J. F. Renucci, Droit pénal économique, Paris, éd. Masson, 1995, p. XVI-167. 13

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jusqu’à ce qu’il ait atteint l’âge de vingt ans au maximum »14. Ce traitement ne constitue pas, aux yeux de la jurisprudence, une peine mais une mesure « propre à rectifier son éducation ». Au XIXe siècle, le droit de punir se confond avec la correction paternelle, comme cela était le cas par exemple, d’une fillette éborgnée ou d’un garçon estropié, qui étaient des preuves de la brutalité parentale. La plupart des peines appliquées étaient des peines corporelles. Depuis lors, les sociétés donnent l’impression d’avoir optées pour un adoucissement des peines ou une modération de la sanction supprimant la cruauté, le châtiment public et l’exécution publique. En effet, « on n’expose plus en place publique celui ou celle qui a été condamné.

On ne l’envoie plus aux galères. On ne le marque plus au fer rouge à l’épaule des lettres TF signifiant Travaux Forcés. On ne met plus les supplices de la chaîne consistant à entraver chaque bagnard, à les relier les uns aux autres, à faire parcourir aux convois pouvant dépasser 400 hommes de grands trajets pour rejoindre, Brest, Nantes, Rochefort ou Toulon . On ne coupe plus les poignets des parricides »15. La peine est diminuée du fait de leur minorité. En effet « ils diminuent le quantum des peines applicables au mineurs »16. La notion de discernement relatif aux mineurs voit le jour. Ce dernier devient « le critère de la

« punissabilité » des moins de seize ans »17. Principe mis en œuvre dans l’article 2 du Titre V du code pénal de 179118 et à l’article 66 du code de 181019.

04. La création d’établissement pour mineurs délinquants - Cependant, en 1810, ces

établissements n’existent pas encore et « les mineurs en question vont d’abord purger leur

« mesure éducative » dans les prisons d’adultes jusqu’à ce que l’initiative privée prenne le relais en créant la colonie de Neuhoffen en 1833, puis celle d’Oullins en 1835 et enfin celle de Mettray, la plus célèbre de toutes, en 1840. Dans le domaine public, le coup d’envoi semble donné en 1836 par l’ouverture d’institutions et la création de quartiers spéciaux pour mineurs dans les prisons »20. Ces établissements tant privés que publics préconisent le retour à la vie rurale et la discipline para militaire. Une ordonnance rappelle que « les enfants seront !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

14 Op. cit., p. 55.

@>!F. Chauvaud, Le droit de punir du siècle des lumières à nos jours, éd. Presses Universitaire de Rennes, coll.

Histoire, 2012, p.9.

@R!F. Chauvaud, Le droit de punir du siècle des lumières à nos jours, op. cit, p. 99.! @SIbid.!

18 « Si les jurés décident que le coupable a commis le crime sans discernement, il sera acquitté du crime ; mais le tribunal criminel pourra, suivant les circonstances, ordonner que le coupable sera rendu à ses parents, ou qu'il sera conduit dans une maison de correction, pour y être élevé et détenu pendant tel nombre d'années que le jugement déterminera, et qui toutefois ne pourra excéder l'époque à laquelle il aura atteint l'âge de vingt ans ». 19

« Lorsque l'accusé aura moins de seize ans, s'il est décidé qu'il a agi sans discernement, il sera acquitté ; mais

il sera, selon les circonstances, remis à ses parents, ou conduit dans une maison de correction, pour y être élevé et détenu pendant tel nombre d'années que le jugement déterminera, et qui toutefois ne pourra excéder l'époque où il aura accompli sa vingtième année ».

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placés, autant que faire se pourra, dans un établissement séparé »21. Mais hélas, il faut noter que les rapports de l’état des prisons de la Révolution à la Restauration signalent que « les

enfants étaient détenus pêle-mêle avec les autres condamnés »22. De ce fait, la prison telle qu’elle fonctionnait était perçue comme une école du crime. « Les mœurs se détériorent dans

une progression effrayante : les jeunes gens naturellement portés à l’imitation suivent facilement les exemples qu’on leur donne23 », « ceux qui restent seulement un mois dans ces prisons contractent certaines habitudes inséparables du crime et de la débauche et au lieu de devenir meilleurs après, ils sont au contraire plus enclins au vice ». Ceci nécessite une

réforme qui s’efforcerait de transformer la prison mais également de créer un nouveau type de structure. Les projets de réforme des prisons reposent sur le principe de la séparation des mineurs et des majeurs. Il est possible de noter le projet de Rochefoucauld-Liancourt 24ou celui de l’inspecteur de prisons Charles Lucas25. L’idée d’établissements spécifiques pour enfants ne deviendra réalité qu’à Paris avec l’attribution aux mineurs de la Petite Roquette en 1833.

Un système reposant sur l’isolement cellulaire de nuit et le travail en commun et en silence le jour était proposé mais ne pouvait demeurer du fait de difficultés disciplinaires. On opta alors pour un système d’isolement cellulaire permanent. En dehors de la capitale, il existe quelques quartiers réservés plus ou moins dans les grands centres de détention provinciaux. Le premier quartier pour mineurs étant celui de Strasbourg en 1824. Par la suite les « colonies agricoles » voient le jour. La première fût créé à Mettay. Elle avait pour objectif le caractère éducatif de ces prisons « aux champs », nécessitant un éloignement. En effet, le but étant de séparer l’enfant délinquant du milieu urbain délétère dans lequel il a évolué pour le mettre face à la nature rédemptrice.

Toutes ces réalisations ont trouvé leur couronnement dans une loi de 1850 sur l’éducation et le patronage des jeunes détenus26. Cette législation napoléonienne présente de nombreux défauts auxquels il a été remédié par des réformes fragmentaires27.

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

21

Ordonnance portant règlement général pour les prisons du ressort de la préfecture de police, 10 septembre 1811, signée par Pasquier.

22 F. Bardé de Marbois, Rapport sur l’état actuel des prisons dans les départements du Calvados, de l’Eure, de la Manche et de la Seine-Inférieure et sur la maison de correction de Gaillon, éd. Paris Imprimerie royale, 1828,

p. 5.

23 J-J. Segaud, Tableau des prisons de Marseille, précédé d’un coup d’œil rapide sur l’état actuel, physique et moral de cette ville, Marseille imp. De Achard, 1826, p.20.

24

J. Bourquin, La Rochefoucauld-Liancourt et le projet de prison d’essai pour les jeunes détenus, dans M.

Chauvière, Protéger l’enfant. Raison juridique et pratiques socio-judiciaires (XIXe – XXe siécles), éd. Rennes,

PUR, 1996, p. 59-69.

25 C. Lucas, Lettre à M. le Baron de Gérando, éd. Paris, A.Henry, 1881, p.16.

26 Loi 5 août 1850, « Loi Corne » sur l'éducation et le patronage des jeunes détenus. Elle généralise les colonies

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05. Les institutions compétentes en droit pénal des mineurs - « Le code de 1810

n’envisage pas pour les mineurs des règles de compétence spéciales. En effet, il les défère à la cour d’assises, au tribunal correctionnel ou au tribunal de police suivant qu’ils étaient poursuivis pour crime, délit ou contravention. Les lois du 25 juin 182428 et du 28 avril 183229 consacrent dans une certaine mesure le privilège de juridiction : certes, les juridictions de droit commun sont compétentes mais lorsque le mineur n’avait pas commis un crime trop grave et qu’il n’avait pas de complice majeur, la juridiction du tribunal correctionnel se substituait à celle de la cour d’assises »30. Mais le législateur napoléonien n’ayant pas créé d’établissements spéciaux pour mineurs, ceux qui sont condamnés à des peines d’emprisonnement les purgent dans les prisons ordinaires et ils s’y corrompent totalement et définitivement au contact des adultes. Avec la loi du 5 août 1850, il est procédé à un aménagement important des institutions pénitentiaires. A savoir, des quartiers distincts pour les mineurs sont créés dans les maisons d’arrêt ainsi que des établissements spéciaux revêtant la forme de colonies agricoles où ils reçoivent une éducation professionnelle, morale et religieuse. Le début du XXème siècle est marqué par une prise de conscience du particularisme du droit pénal des mineurs. « L’idée d’une protection renforcée apparaît avec

la loi du 12 avril 1906 qui diminue le régime répressif et augmente le régime éducatif. Elle élève aussi la majorité pénale de seize à dix-huit ans et fixe à vingt et un ans l’âge jusqu’auquel peuvent se prolonger les mesures d’éducation »31.

06. Des réformes modifiant la délinquance juvénile - Néanmoins, ces réformes

fragmentaires apparaissent insuffisantes au fur et à mesure que se modifie la délinquance juvénile. Une réforme plus générale fut réalisée par la loi du 22 juillet 191232, remaniant profondément le système du code pénal sur la responsabilité des mineurs. « Elle supprime la

question du discernement pour les mineurs de moins de treize ans. Le mineur délinquant bénéficiant d’une présomption irréfragable d’irresponsabilité, le tribunal civil réuni en

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

27

M. S. Dupont-Bouchat et E. Pierre (dir.), Enfance et justice au XIXe Siècle. Essais d’histoire comparée de la

protection de l’enfance 1820-1914, Paris, PUF, 2001, p. 443.

28 Loi du 25 juin 1824, élargissant le système des circonstances atténuantes à l'égard de certains crimes :

infanticide (commis par la mère uniquement) coups et blessures entraînant une incapacité de travail de plus de 20 jours diverses espèces de vols qualifiés.

CT Loi du 28 avril 1832 contenant des modifications au code pénal et au code d'instruction criminelle, Jo du 20

août 1944, p. 121.

30 P. Bouzat et J. Pinatel, Traité de droit pénal et de criminologie, t. I, II et III, 1963, Vol. 15, n°4, p. 772-773. 31 R. Merle et A. Vitu, Traité de droit criminel t.1 : problèmes généraux de la science criminelle droit pénal général, op. cit., p. 61.

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chambre du conseil ne peut prononcer que des mesures éducatives »33. La règle de la spécialisation domine le régime des mineurs de plus de treize ans, ils deviennent justiciables du nouveau tribunal pour enfants et adolescents, institué sur le modèle anglo-saxon des Children courts et Juvenile courts. Néanmoins, « les juridictions de droit commun restent

compétentes pour les mineurs de seize à dix-huit ans accusés de crime et pour tout mineur de treize à dix-huit ans ayant des co-inculpés majeurs »34. C’est à l’Ordonnance du 2 février 194535 que revient le mérite de l’avoir traduite avec succès dans la pratique judiciaire et sociale, réformant ainsi complètement et durablement la matière.

07. Les peines désormais applicables aux mineurs délinquants - La nécessité d’instaurer

des peines certaines, outre le fait de concerner les peines applicables aux majeurs, trouve également une entière application en matière de droit pénal des mineurs. C’est en ce sens, par exemple, que la loi n° 2012-409 du 27 mars 2012 de programmation relative à l’exécution des peines36 a inséré dans l’Ordonnance du 2 février 194537 relative à l’enfance délinquante, un nouvel article 12-338. Celui-ci prévoit alors qu’« en cas de prononcé d’une décision

exécutoire ordonnant une mesure ou une sanction éducatives prévues aux articles 8, 2, 10-3, 12-1, 15, 15-1, 16 bis, 16 ter et 19, à l’exception des décisions de placement, ou prononçant une peine autre qu’une peine ferme privative de liberté, il est remis au mineur et à ses représentants légaux présents, à l’issue de leur audition ou de l’audience, un avis de convocation à comparaître, dans un délai maximal de cinq jours ouvrables, devant le service de la protection judiciaire de la jeunesse désigné pour la mise en œuvre de la décision. Ce service se trouve ainsi saisi de la mise en œuvre de la mesure ». Autrement dit, il ressort bien

de cet article une volonté de mettre en place une prise en charge rapide et certaine de l’exécution de la peine.

08. Le peine prononcée et les peines effectives - Bien que le principe de la certitude de la

peine tende de plus en plus à trouver une consécration législative, il est cependant nécessaire !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

PP!Ph. Robert, Traité de droit des mineurs, op. cit.! 34 Ibid.

P>!Ordonnance n° 45-174 du 2 février 1945 relative à l'enfance délinquante, Jo du 4 février 1945, p 530.! 36 Loi n° 2012-409 du 27 mars 2012 de programmation relative à l’exécution des peines, op. cit. 37

Ordonnance n° 45-174 du 2 février 1945 relative à l'enfance délinquante, op. cit.

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de noter que dans un grand nombre de cas, il existe encore une réelle différence entre la peine prononcée par le magistrat lors de l’audience de jugement et celle effectivement exécutée par le condamné. Cette différence peut avoir plusieurs fondements, soit que le condamné n’exécute pas sa peine faute de place dans les prisons ou encore eu égard à un défaut de prise en charge par le personnel compétent, soit qu’il exécute une peine moindre. Il est certain que cette situation est davantage problématique lorsqu’elle concerne les mineurs, lesquelles bénéficient en outre, de par la loi, d’une atténuation de leur responsabilité voir d’une irresponsabilité pénale. En ce sens, il est par exemple courant de constater que les mineurs ayant commis des infractions ne sont pas inquiétés dans la mesure où, eux-mêmes, n’hésitent pas à dire, lors de leur garde à vue que « dans deux heures je serai libre »39. Aussi, ces derniers savent pertinemment que, dans la majeure partie des situations, les conséquences juridiques de leurs actes seront pour eux minimes et que, dans le cas où ils seraient condamnés, l’exécution de leur peine amoindrie.

09. L’autonomie du droit pénal des mineurs comme principe reconnu par le Conseil constitutionnel - Particulièrement, l’autonomie du droit pénal des mineurs trouve son

expression la plus forte au sein de l’ordonnance du 2 février 1945 relative à l’enfance délinquante40 qui prévoit tant une autonomie substantielle qu’une autonomie procédurale du droit pénal des mineurs. Dans ce cadre, « la réaction pénale à la délinquance des mineurs

diffère de celle des majeurs »41, bien que « la question de la responsabilité ou de

l’irresponsabilité pénale des mineurs délinquants ait longtemps fait l’objet d’un débat »42. D’ailleurs, celui-ci n’a été tranché que par la loi du 9 septembre 2002 d’orientation et de programmation pour la justice43, laquelle a réécrit l’article 122-8 du Code Pénal44.

Désormais, les mineurs capables de discernements sont pénalement responsables des infractions commises par eux. Ils se voient appliquer tant des mesures spécifiques que des sanctions pénales classiques tenant compte de l’atténuation de responsabilité dont ils !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

39 Observations effectuées lors de différents entretiens réalisés aux commissariats de Valence et de Montélimar

durant le mois de novembre 2012, ainsi qu’auprès du Parquet des mineurs de Valence en février 2011.

40

Ordonnance n° 45-174 du 2 février 1945 relative à l'enfance délinquante, Jo du 4 février 1945, p 530.

41 R. Gassin, Faut il réviser l’ordonnance du 2 février 1945 relative à l’enfance délinquante ?, in Problèmes actuels de Science Criminelle, XVI, Pu Aix-Marseille, 2003. V. aussi sur ce point, C. Lazerges, « Fallait-il

modifier l’ordonnance du 2 février 1945 ? Chronique de politique criminelle », RSC, 2003.

42

Ibid.

43 Loi n°2002-1138 du 9 septembre 2002 d’orientation et de programmation pour la justice, Jo du 10 septembre

2002, p. 14934.

44

« Les mineurs capables de discernement sont pénalement responsables des crimes, délits ou contraventions dont ils ont été reconnus coupables, dans des conditions fixées par une loi particulière qui détermine les mesures de protection, d'assistance, de surveillance et d'éducation dont ils peuvent faire l'objet.

(20)

! T! bénéficient en raison de leur âge. Si les mineurs sont pénalement responsables, il n’en demeure pas moins que cette responsabilité pénale doit avoir pour finalité de les responsabiliser. De ce fait, des mesures éducatives ou des sanctions pénales, telles que l’emprisonnement, en passant par les sanctions éducatives, manifestent que la philosophie du droit pénal des mineurs est tout à fait spécifique. Le principal objectif est « le relèvement

éducatif et moral des enfants délinquants par des mesures adaptées à leur âge et à leur personnalité »45. C’est alors en ce sens que le Conseil Constitutionnel, dans sa décision du 29 août 200246, va consacrer deux principes fondamentaux reconnus par les lois de la République en matière de droit pénal des mineurs, ceux-ci étant le « principe de l’atténuation de la

responsabilité des mineurs délinquants en raison de leur âge » et le principe du « relèvement du mineur par des mesures éducatives adaptées à son âge et à sa personnalité prononcées par une juridiction spécialisée ».

10. Une procédure pénale propre au droit des mineurs - A l’autonomie substantielle du

droit pénal des mineurs s’ajoute une autonomie procédurale qui implique soit l’intervention de juridictions spécialisées, tels le juge pour enfants ou le tribunal pour enfants, soit une adaptation de la procédure à la minorité du délinquant. La spécialisation de la procédure applicable aux mineurs délinquants fait d’ailleurs l’objet d’une reconnaissance par la Cour Européenne des Droits de l’Homme dans la mesure où celle-ci entend protéger les mineurs en élaborant un statut qui leur est propre. Néanmoins, au plan national, il convient de noter que la tendance tend de plus en plus à aller vers un affaiblissement de la spécificité du traitement procédural du mineur délinquant. Ainsi, par exemple, les conditions d’engagement de la responsabilité pénale sont désormais uniformes s’agissant des mineurs et des majeurs. Autrement dit, le défaut de discernement constitue une cause de non imputabilité faisant obstacle à la caractérisation de l’élément moral de l’infraction, peu importe qu’il trouve son origine dans l’extrême jeunesse ou dans le trouble psychique ou neuropsychique47.

Aussi, cet affaiblissement de la spécificité du traitement procédural trouve encore des applications tant au stade de l’enquête de police qu’à celui de l’instruction préparatoire et ce, afin de lutter plus efficacement contre la délinquance juvénile. C’est dans ce cadre que la loi la loi du 9 septembre 2002 d’orientation et de programmation pour la justice48 a par exemple

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

45 Cons. Const., décision n°2002-461 DC du 29 août 2002 relative à la loi d'orientation et de programmation pour

la justice, Jo du 10 septembre 2002, p. 14953 (Consid. no 26).

46

Ibid.

47

V. C. Garcon, « La condition du mineur délinquant : un statut autonome protecteur ? », [ En ligne : http://www.prepa-isp.fr/contenu/annales/1-enm/penal/2010.pdf] 15 juin 2015.

48 Loi n°2002-1138 du 9 septembre 2002 d’orientation et de programmation pour la justice, Jo du 10 septembre

(21)

!

! @D!

élargi le domaine de l’enquête de police et renforcé le régime de la retenue des mineurs de 10 à 13 ans en substituant aux « indices graves et concordants » jusqu’alors requis pour que la retenue puisse être mise en œuvre, les « indices graves ou concordants » et en abaissant de 7 à 5 ans le seuil de la peine d’emprisonnement encourue pour recourir à une telle mesure. Aussi, un autre exemple peut encore être relevé au stade de l’instruction avec la loi du 5 mars 200749 qui a étendu de façon notable le domaine du contrôle judiciaire des mineurs âgés de 13 à 16 ans en matière correctionnelle.

11. Les évolutions du droit pénal des mineurs - Il est certain qu’au regard des éléments

développés ci-dessus, il est permis de constater que le statut du mineur délinquant n’a cessé d’évoluer, tantôt dans le sens d’un adoucissement et tantôt dans le sens d’un durcissement. Particulièrement, les termes « mineur » et « statut » peuvent être définis de façon concomitante. En effet, le terme « statut », s’entend d’un « ensemble cohérent des règles

applicables à une catégorie de personnes (…) et qui en détermine, pour l’essentiel, la condition et le régime juridique »50. Ces règles sont, d’une manière générale, de deux ordres, à savoir les droits et les obligations. La définition du statut implique que l’on se réfère aux personnes auxquelles il s’applique. En ce sens, le terme « mineur », peut être défini comme étant « la personne qui n’a pas atteint l’âge légal de la majorité fixée en France à 18 ans »51. De là, le statut du mineur détenu peut donc être présenté comme « l’ensemble des règles qui

ont vocation à s’appliquer au mineur placé en détention »52, c’est-à-dire un mineur privé de

sa liberté d’aller et de venir. Il est possible de relever que l’Ordonnance du 2 février 1945, avait comme volonté de rééduquer les mineurs délinquants53, jusque dans les années 1990 du fait du manque de réponse au regard de l’évolution de la délinquance. Cela s’est par exemple justifié avec la création de la Cour d’Assises pour mineurs.

Dans certains textes juridiques il est possible de noter que la définition du mineur peut s’apparenter à celle de l’enfant. Tel est par exemple le cas de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant54 qui, dans son article premier, prévoit qu’« un enfant s’entend de tout être

humain âgé de moins de dix-huit ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt en vertu de la législation qui lui est applicable ». Aussi, tel est encore le cas de l’Ordonnance du 2 février

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

49 Loi n°2007-297 du 5 mars 2007 relative à la prévention de la délinquance, Jo n° 56 du 7 mars 2007, p. 4297. 50

G. Cornu, Dictionnaire juridique, vocabulaire juridique, éd. Quadrige dicos poche, 2007.

51

R. Guillien et J. Vincent, Lexique des termes juridiques, 15 éd., éd. Dalloz, 2005.

52

E. Gallardo, Le statut du mineur détenu, coll. Bibliothèques de droit, éd. L’Harmattan, 2008.

53 A. Plantevin, « Les règles de prescription protectrices des mineurs », Gaz. Pal. n°137139, 17 mai 2015, p. 8

-10.

54

(22)

! @@! 194555, applicable aux « mineurs » délinquants, mais dont le titre même ne laisse aucun doute puisque cette ordonnance est relative à « l’enfance » délinquante. Conscients de cette confusion terminologique, la doctrine tout comme certaines personnalités politiques n’ont pas manqué de mettre en avant la nécessité de remédier à cette situation.

Ainsi, dans le rapport établi par le Professeur André Varinard, il est par exemple possible de relever que « l’amélioration de la lisibilité formelle du droit pénal applicable aux mineurs,

par l’élaboration d’un code dédié et par une adaptation de la terminologie, a rapidement fait consensus au sein du groupe, si ce n’est quelques réticences que l’on pourrait qualifier de « sentimentales » à la substitution du terme « enfant » par celui plus neutre et plus exact de « mineur » »56. C’est dans ce cadre que la commission « Varinard » proposait que le nouveau code, intitulé « Code de la justice pénale des mineurs », « consacre le changement de

terminologie, le tribunal pour enfants devenant le « tribunal pour mineurs », le juge des enfants devenant le « juge des mineurs » et le magistrat de la cour d’appel délégué à la protection de l’enfance devenant le délégué à la protection des mineurs »57. Même si l’idée est lancée, ces propositions n’ont finalement pas été adoptées et le projet de nouveau Code de la justice pénale des mineurs a pour le moment été abandonné.

12. La séparation des fonctions d’instruction et de jugement en matière de justice pénale des mineurs - Pendant longtemps, le juge des enfants pouvait cumuler la compétence

d’instruction et de jugement en vertu de l’article 8 de l’Ordonnance du 2 février 194558. Depuis la décision du Conseil Constitutionnel59, ce cumul des fonctions d’instruction et de jugement a été supprimé. La loi du 26 décembre 201060 a par ailleurs indiqué aux articles L. 251-3 du Code l’organisation judicaire61 et alinéa 2 de l’article 24-1 de l’Ordonnance du 2 !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

55

Ordonnance n° 45-174 du 2 février 1945 relative à l'enfance délinquante, op. cit.

56 A. Varinard, Adapter la justice pénale des mineurs, entre modifications raisonnables et innovations fondamentales : 70 propositions, Rapport au Ministre de la justice, Garde des Sceaux, La documentation

française, 2008, p. 38.

57

Op. cit., p. 15.

58

« Le juge des enfants effectuera toutes diligences et investigations utiles pour parvenir à la manifestation de la

vérité et à la connaissance de la personnalité du mineur ainsi que des moyens appropriés à sa rééducation. A cet effet, il procédera à une enquête, soit par voie officieuse, soit dans les formes prévues par le chapitre Ier du titre III du livre Ier du code de procédure pénale. Dans ce dernier cas, et si l'urgence l'exige, le juge des enfants pourra entendre le mineur sur sa situation familiale ou personnelle sans être tenu d'observer les dispositions du deuxième alinéa de l'article 114 du code de procédure pénale ».

>T!Conseil Constitutionnel, DC n° 2011-147 QPC, 8 juil. 2011 relative à La séparation des fonctions de justice en

matière pénale.!

60 - Loi n° 2011-1940 du 26 décembre 2011 visant à instaurer un service citoyen pour les mineurs délinquants, Jo

n°0299 du 27 décembre 2011 p. 22275.

61

« Le tribunal pour enfants est composé d'un juge des enfants, président, et de plusieurs assesseurs.

(23)

!

! @C!

février 194562 que s’agissant du tribunal pour enfants, il « est composé d’un juge des enfants,

président et de plusieurs assesseurs » et que « le juge des enfants qui a renvoyé l’affaire devant le tribunal pour enfants ne peut présider cette juridiction ». Dans la pratique, cette

réforme pose des difficultés dans le sens où les mineurs étaient initialement pris en charge par le même magistrat, il connaissait donc le mineur. Il arrivait également que ce dernier soit également suivi dans le cadre de la Sauvegarde de l’enfance. Le juge des enfants connaissait donc les difficultés du mineur de manière générale ainsi que sa famille, ses parents qui durant une procédure pénale à l’encontre d’un mineur délinquant malade physiquement peut prendre un statut particulier et avoir un rôle différent plus prononcé durant les phases de la procédure ou l’exécution de la peine qui aura été décidée à son encontre.

13. La volonté d’une nouvelle réforme de l’Ordonnance du 2 février 1945 -

Actuellement, la Garde des sceaux, Madame Christiane Taubira, réfléchit à une nouvelle réforme de l’Ordonnance du 2 février 1945 relative à l’enfance délinquante. En effet, cette dernière reposerait davantage sur l’éducation que sur la répression. « Il faut rendre cette

ordonnance plus lisible et plus adaptée. Il faut additionner nos forces, nos moyens et nos capacités pour répondre à ce sujet ». Les réponses à la délinquance juvénile « ne sont pas exclusivement judiciaires ». La ministre a insisté sur « l’importance de l’éducation, parce que l’éducation est la condition de la « désistance », la condition pour arracher ces jeunes à leur trajectoire de délinquance et les conduire à construire leur propre destinée. Il est peu de problèmes aussi graves que ceux qui concernent la protection de l'enfance, et parmi eux, ceux qui ont trait au sort de l'enfance traduite en justice ».63

La Chancellerie, pour accélérer les procédures doit distinguer dans un temps, la culpabilité et la peine à appliquer. La première devrait ainsi être prononcée sous cinq jours environ. La réparation du préjudice et la sanction seront, quant à elles, prononcés ultérieurement, après !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

président». 62

« Les mineurs âgés de plus de seize ans sont jugés par le tribunal correctionnel pour mineurs lorsqu'ils sont

poursuivis pour un ou plusieurs délits punis d'une peine d'emprisonnement égale ou supérieure à trois ans et commis en état de récidive légale. Le tribunal correctionnel pour mineurs est composé selon les modalités prévues à l'article 398 du code de procédure pénale, à l'exception des troisième et cinquième alinéas. Il est présidé par un juge des enfants. Le juge des enfants qui a renvoyé l'affaire devant le tribunal correctionnel pour mineurs ne peut présider cette juridiction. Lorsque l'incompatibilité prévue au troisième alinéa et le nombre de juges des enfants dans le tribunal de grande instance le justifient, la présidence du tribunal correctionnel pour mineurs peut être assurée par un juge des enfants d'un tribunal pour enfants sis dans le ressort de la cour d'appel et désigné par ordonnance du premier président. Les dispositions du chapitre III de la présente ordonnance relatives au tribunal pour enfants s'appliquent au tribunal correctionnel pour mineurs. Toutefois, en ce qui concerne l'article 14, la personne poursuivie, mineure au moment des faits et devenue majeure au jour de l'ouverture des débats, peut demander la publicité des débats dans les conditions prévues au dernier alinéa de l'article 400 du code de procédure pénale. Le tribunal correctionnel pour mineurs est également compétent pour le jugement des délits et contraventions connexes aux délits reprochés aux mineurs, notamment pour le jugement des coauteurs ou complices majeurs de ceux-ci ».

(24)

! @P! une enquête du juge des enfants. Certains professionnels parlent également de la création d’un « nouveau code de l’enfance » qui regrouperait à la fois les dispositions relatives à l’enfance en danger, ainsi que celles concernant les mineurs délinquants. Le nouveau texte devrait également entraîner la suppression des tribunaux correctionnels pour mineurs64. Enfin, l’Ordonnance révisée pourrait définir l’âge limite65 au dessous duquel le mineur n’est pas considéré comme responsable de ses actes et échapperait à toute poursuite judiciaire. Cet âge serait fixé à 13 ans, comme cela est le cas dans la majorité des pays européens. Actuellement, l’âge est fixé à 7 ans. Ce débat n’étant pas encore tranché fait polémique.

14. La responsabilité pénale des mineurs - La responsabilité pénale des mineurs est

aujourd’hui encadrée par l’article 122-8 du Code pénal qui énonce que « les mineurs

capables de discernement sont pénalement responsables des crimes, délits ou contraventions dont ils ont été reconnus coupables, dans des conditions fixées par une loi particulière qui détermine les mesures de protection, d’assistance, de surveillance et d’éducation dont ils peuvent faire l’objet. Cette loi détermine également les sanctions éducatives qui peuvent être prononcées à l’encontre des mineurs de dix à dix-huit ans ainsi que les peines auxquelles peuvent être condamnés les mineurs de treize à dix-huit ans, en tenant compte de l’atténuation de responsabilité dont ils bénéficient en raison de leur âge ». Autrement dit, eu

égard à ces dispositions, il est possible de dire que seuls les infans, parce qu'ils sont privés du discernement, sont irresponsables. En revanche, les mineurs non infans sont responsables, même s’ils bénéficient, en fonction de leur âge, d’une exemption légale ou d’une diminution légale de peine66. Dans ces conditions, ce n’est ni le statut du mineur ni l’âge de celui-ci qui fonde une irresponsabilité pénale mais seule une appréciation concrète de ses capacités ou de ses compétences peut conduire à une reconnaissance de son irresponsabilité pénale67. C’est alors en ce sens que les grands principes relatifs à la justice des mineurs, tels que la spécialisation de la juridiction, la primauté des mesures éducatives, etc., énoncés dans le Code pénal, prévoient que « le mineur, quelque soit son âge, est susceptible d’être déféré devant la

juridiction pénale et sanctionné soit par une mesure éducative, soit par une peine, s’il avait plus de 13 ans au moment des faits »68.

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

64 M. M. Ciabrini et A. Morin, « Le tribunal correctionnel pour mineurs ou la poursuite du démantèlement de la

justice des mineurs », AJ pénal, 2 juil. 2012, p. 315.

65

X. Pin, « Les âges du mineur, réflexions sur l'imputabilité et la capacité pénale du mineur », Gaz. Pal n°193-194., 11 juill. 2012, p. 5-12.

66

Sur ce point, v. F. Desportes et F. Le Gunehec, Droit pénal général, Economica, 11e éd., 2004, n° 659, p. 628.

67 C. Lazerges, « De l'irresponsabilité à la responsabilité pénale des mineurs délinquants ou relecture des articles

1 et 2 de l'Ordonnance du 2 février 1945 », RSC, 15 mars 1995, p. 149.

68

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! @Q!

15. La notion de discernement, comme élément essentiel du droit pénal des mineurs -

Tel qu’il ressort de ces premiers propos, il est possible d’avancer que le mineur, lorsque celui-ci est doté de discernement, bénéficelui-cie d’une procédure spécelui-cifique, qui se veut en princelui-cipe protectrice. De manière générale et conformément à la finalité de l’Ordonnance du 2 février 1945, c’est un ensemble d’éléments qui doit être pris en compte et constituer, à tout stade de la procédure, le point essentiel du procès. Ces éléments sont divers et répondent à un but précis dans la mesure où « la recherche obligatoire des éléments familiaux, sociaux, médicaux

et de la personnalité, si elle permet d’éclairer la commission d’une infraction, a pour objectif, l’éventuelle mise en œuvre de mesures éducatives permettant, avant toute déclaration de culpabilité, de répondre le plus rapidement possible aux raisons ayant conduit au passage à l’acte ou aux difficultés constatées »69. Ainsi, c’est principalement en fonction de la situation du mineur que des décisions policières et judiciaires sont prises ce qui peut, d’emblée, aboutir à une inégalité de traitement devant l’accomplissement de mêmes faits par des mineurs non placés dans une situation identique.

16. Le fondement et la force du principe de l’égalité – L’égalité devant la justice est une

revendication sociale et politique issue de la Révolution. En effet, « réserver aux

« punissants » un sort privilégié dans les débats judiciaires, voire leur éviter de tels débats, est pour le corps social, une manifestation insupportable de l’inégalité et de l’injustice, chacun pouvant redouter d’être un jour le baudet de la fable »70. L’égalité attendue est donc, l’égalité de traitement des justiciables. Le législateur s’efforce « de la garantir en réduisant

les inégalités économiques devant la justice »71 comme par exemple en développanr l’aide juridictionnelle pour les plus démunis. Ce principe impose l’exclusion de toutes distinctions arbitraires dans l’élaboration et l’application des règles d’organisation judiciaire et de procédure.

Aux termes du paragraphe I, alinéa 3 de l’article préliminaire du Code de procédure pénale, « les personnes se trouvant dans des conditions semblables et poursuivies pour les mêmes

infractions doivent être jugées selon les mêmes règles ». Le principe de l’égalité des citoyens

devant la justice pénale, est un principe général d’égalité inscrit dans de nombreux textes constitutionnels et déclarations internationales de droits. « Dans l’ordre constitutionnel, le

principe est proclamé, selon des formulations diverses, dans le préambule de la Constitution

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69

S. Courault, Délinquance des mineurs : de la prévention à la sanction, guide des interventions sociales, éd. Guide famillial, 2007.

70 F. Desportes et L. Lazerges-Cousquer, Traité de procédure pénale, op.cit., p. 163 § 259. 71

(26)

! @>!

de 194672 ainsi que les articles 1er de la Constitution de 195873 et 1er 74 et 675 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 »76. Selon ce dernier texte, cité régulièrement dans la jurisprudence constitutionnelle, la loi « doit être la même pour tous, soit

qu’elle protège, soit qu’elle punisse ». S’agissant de l’ordre international, toutes les grandes

déclarations des droits énoncent le principes en termes généraux, comme par exemple aux articles 2077 et 2178 de la Charte des droits fondamentaux des de l’Union européenne, ainsi que 1479 de la Convention européenne des droits de l’homme. Tenu de faire prévaloir les textes internationaux sur les lois qui leur seraient contraires, « le juge pénal a donc le pouvoir

et le devoir d’écarter les dispositions internes qui introduiraient une inégalité de traitement injustifiée devant la justice. De manière générale, il lui appartient d’assurer le respect du principe, non seulement dans la conduite des investigations, mais également dans l’exercice des poursuites et le jugement des affaires »80.

17. La mise en œuvre du principe d’égalité devant la justice pénale – L’article

préliminaire du Code de procédure pénale, inspiré de la jurisprudence constitutionnelle, énonce que l’égalité ne doit pas être entendue de manière abstraite. Elle ne signifie pas uniformité ou nivellement des droits. Selon la formule d’une décision du Conseil Constitutionnel, « le principe d’égalité ne s’oppose ni a ce que le législateur règle de façon

différente des situations différentes ni a ce qu’il déroge à l’égalité pour des raisons d’intérêt général pourvu que, dans l’un et l’autre cas, la différence de traitement qui en résulte soit en

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

72 « Au lendemain de la victoire remportée par les peuples libres sur les régimes qui ont tenté d'asservir et de

dégrader la personne humaine, le peuple français proclame à nouveau que tout être humain, sans distinction de race, de religion ni de croyance, possède des droits inaliénables et sacrés. Il réaffirme solennellement les droits et libertés de l'homme et du citoyen consacrés par la Déclaration des droits de 1789 et les principes fondamentaux reconnus par les lois de la République ».

73

« Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion ».

74 « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune ».

75

« La Loi est l'expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont droit de concourir personnellement, ou

par leurs Représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse. Tous les Citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents ».

76 F. Desportes et L. Lazerges-Cousquer, Traité de procédure pénale, op.cit., p. 164 § 260. 77

« Egalité en droit - Toutes les personnes sont égales en droit ».

78 « Non-discrimination - 1. Est interdite, toute discrimination fondée notamment sur le sexe, la race, la couleur, les origines ethniques ou sociales, les caractéristiques génétiques, la langue, la religion ou les convictions, les opinions politiques ou toute autre opinion, l’appartenance à une minorité nationale, la fortune, la naissance, un handicap, l’âge ou l’orientation sexuelle.

2. Dans le domaine d’application du traité instituant la Communauté européenne et du traité sur l’Union européenne, et sans préjudice des dispositions particulières desdits traités, toute discrimination fondée sur la nationalité est interdite ».!

79

« Interdiction de discrimination - La jouissance des droits et libertés reconnus dans la présente Convention

doit être assurée, sans distinction aucune, fondée notamment sur le sexe, la race, la couleur, la langue, la religion, les opinions politiques ou toutes autres opinions, l'origine nationale ou sociale, l'appartenance à une minorité nationale, la fortune, la naissance ou toute autre situation ».

80

(27)

!

! @R!

rapport avec l’objet de la loi qui l’établit »81. Ainsi, le Conseil Constitutionnel a admis que les règles de procédure pénale soient « différentes selon les faits, les situations et les

personnes auxquelles elles s’appliquent, pourvu que les différences ne procèdent pas de discriminations injustifiées et que soient assurées des garanties égales aux justiciables »82.

18. L’égalité devant la loi - Montesquieu83 définit les lois comme « des relations qui

gouvernent de manière suprême. Afin de comprendre les lois humaines, il faut comparer les lois à la justice car c’est bien la justice qui surplombe les lois. Il existerait donc une justice naturelle, au-dessus des lois ». Les lois civiles, à la différence des lois naturelles, ne sont pas

élaborées au hasard, et malgré leur diversité, elles reposent sur une même structure de base. Il existe donc un lien entre toutes ces lois, qui permet leur fondement. La loi est « un

commandement, une relation ente le législateur et les sujets. Les lois seraient des rapports venus de la nature des choses, le rapport entre Dieu et les êtres, mais aussi des relations entre les êtres ». Montesquieu considère « les lois dans un sens scientifique. Elles ont une rationalité propre, liées entre elles par des rapports de causalité ». Ce dernier n’étudie donc

pas les lois isolément, mais selon le rapport qui unit les lois entre-elles, ce qu’il nomme l’esprit des lois, la loi des lois. Il reprend ainsi les principes scientifiques cartésiens et les appliquent aux sociétés humaines. « L’ensemble des relations qui existent entre les lois

constitue donc l’esprit des lois. La loi générale est la raison humaine, rendue universelle en ce qu’elle gouverne tous les hommes ».

19. Le principe d’égalité applicable aux mineurs - Eu égard à ces éléments, il est possible

de considérer que la loi doit être égale pour tous, que l’on soit majeur ou mineur, que l’on soit malade ou non. Tous les mineurs sont de ce fait, égaux devant la loi, ils doivent avoir un traitement identique. Cette égalité entre les enfants a été affirmée en 1959 lors de la création de la Déclaration des Droits de l’Enfant, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies. Cette dernière affirme que « l’enfant est reconnu, universellement comme un être humain qui

doit pouvoir se développer physiquement, intellectuellement, socialement, moralement, spirituellement, dans la liberté et la dignité ». Son préambule rappelle le besoin pour l’enfant

à une protection et de soins particuliers, « notamment une protection juridique appropriée,

avant comme après la naissance ». L’article premier énonce que « l’enfant doit jouir de tous

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

81

Cons. const. n°89-254 DC, 4 juill. 1989, Privatisations.

82

Cons. const. n°80-127 DC 19 et 20 janv. 1981, Sécurité et liberté.

83

(28)

! @S!

les droits énoncés dans la présente Déclaration. Ces droits doivent être reconnus à tous les enfants sans exception aucune, et sans distinction ou discrimination fondées sur la race, la couleur, le sexe, la langue, la religion, les opinions politiques ou autres, l’origine nationale ou sociale, la fortune, la naissance, ou sur toute autre situation, que celle-ci s’applique à l’enfant lui-même ou à sa famille ».

20. La mise en œuvre de ce principe face à un mineur malade physiquement - En

présence d’un mineur délinquant malade physiquement, il est possible de s’interroger sur le fait de savoir s’il est nécessaire de mettre en place une procédure pénale spécifique à ces derniers ? Ceci ne porterait il pas atteinte au principe d’égalité ? En effet, en présence d’un mineur délinquant présentant une pathologie physique grave, l’intervention d’un pédiatre, médecin spécialisé des enfants et adolescents, est-elle conforme aux textes juridiques ? Par ailleurs, le fractionnement dans le temps d’une mesure de travaux d’intérêt général afin que ce dernier puisse la réaliser ou modifiant l’activité physique pour une activité administrative est-elle possible ? La seule exigence est, pour respecter le principe d’égalité, que tous les mineurs malades physiquement soient traités de manière identique, qu’elle que soit la pathologie dont ils souffrent. Cela concerne principalement, des lieux pouvant accueillir des mineurs délinquants malades physiquement faisant l’objet d’une mesure de placement en centre éducatif ou en détention. Il s’agirait de création de chambre « cellule » au sein d’un service pédiatrique, pouvant les accueillir en cas de nécessité pour que ces derniers puissent être soignés dans un service adapté à leur âge.

Le Conseil Constitutionnel, plutôt que de se référer à l'égalité déterminée par un texte constitutionnel explicite, choisi de fonder son contrôle sur l'égalité indéterminée, c'est-à-dire sur le principe général d'égalité sans que soient précisément qualifiés les domaines dans lesquels cette norme a vocation à être mise en œuvre ou les motifs de dérogation interdits. Dans ce cas de figure, le juge se réfère au « principe d'égalité » sans plus de précisions, au « principe constitutionnel d'égalité » ou, le plus souvent, se retranche derrière une formule standard censée exprimer sa conception globale du principe. Ainsi, depuis une décision du 9 avril 199684, le Conseil Constitutionnel juge que « le principe d'égalité ne s'oppose ni à ce

que le législateur règle de façon différente des situations différentes ni à ce qu'il déroge à l'égalité pour des raisons d'intérêt général pourvu que, dans l'un et l'autre cas, la différence de traitement qui en résulte soit en rapport direct avec l'objet de la loi qui l'établit ». De ce

fait, en présence d’un mineur délinquant présentant un problème de santé physique important,

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