DE M, LE CHEVALIER
DE MONTA Z ET/
Commandeur de
laCommanderie du
Nom - Dieu
;'A m: camus;
^Auteur du développement de
laMotïod
contre
z^O£^x>R:a ps
mM&r
3
LETTRE
De M.
leChevalier de Montazet^
Commandeur de
laCommanderie du
Nom
-Dieu
;a M. C a mu s
^auteur du développement de
laMotion
contreT Ordre de Malte.
Monsieur^
Pai connu
dans fontemps
votreMotion
furrOrdre
de Malte, fans être tenté d’y répondrej
honoré
de la confiance demon Ordre
, fon Procureur fpécial dans la Province deGuienne
,je n’aijamais penfé qu’il eût befoin dedéfenfeur5 6c je
me
fuisconfiamment
repofë fur le génie tutélaire de la Francedu
foin d’éclairer laNa-
tionfur fes véritables intérêts^ je
me
conferverois dans lamême
fécurité fivous ne m’appeliez no-rminativement dans la lice^ vous
me
citezdeux
fgis dans le déyeioppement , que votre impartia-
4
Ihé ÔC votre patriotifmevousfont ,dites-vous,
une
loi de donner à votre Motion.
Devenu
dans vos mains l’inftrument dont vous entendez vous fervirpour
opérer la deflruélion demon Ordre
, je ne puis ni nedois laiffererrer plus long-tempsle pu-Jjiicaugré des erreursdontvous vous enveloppez
,
5cqu’ilm’accuferoitde partager,s’ilavoitàs’auto- rifer de
mon
lilence.Vous
dites que j’aiétabliun
hôpital chezmoi
:c’eft un honneur que je ne puis accepter, fans m’attribuer la gloire d’une vertu que je n’ai pas pratiquée^ mais aufTi je vous prie de reprendre
le tort que vous
me
faites , en affurant, qu’en qualité de Receveur de
VOrdre
deMalte
en Guienne,jemenace
, dans cemoment
, depour- fuites rigoureufes Les Hahitans desComman-
deries de
Go
Ifech&
deGimhrede
, enAgenois
^pour
les obliger depayer
ce quils doiventà rOrdre
, nonohftant les oppojîtions que les Rece- veurs des impofitions publiques ontforméespour
sûretédu
paiement de la contribution dès ci-devant privilégiés; d’où vous concluez
que
lesmembres
de l’Ordre ont voulu fulpendre l’exécu-.
don
des Décrets de l’AfTemblée Nationale, dés- iors ils ne fontni vos concitoyens , ni fujets derÉtat
, 6c la difgrace de l’Ordre (luimême
) a‘ lté fi complette àvos
yeux
, que vous n’avez pas balancé àprononcer fa deftrudlion.Vous
aurezfansdoutebienduregret^Monfieux5
iJ’avoir tiré des conféqiiences aufficruelles
pour
cetOrdre
, lorfque,mieux
inftruit, vous faurezque
lesoppofitions formées par le Receveur des ïmpofîtions publiques , d?ns les mains du Fer- mier Général de laCommanderie
de Golfechôcde Gimbrede
, n’ont rien qui ait trait à la con- tribution des ci-devant privilégiés, 5c qu’il vous feraconnu
, qu’au lieu de contrarier les Décretsde
l’Affemblée Nationale , 6c de vexer les habi- tans de Golfechù
de Girnhrede , j’ai au con- traireeu l’attentionde laiiTer, par laquittance
que
-j’ai fourni au Fermier Général de cette
Com-
manderie pour les quatre mois échus à la
Noël
derniere , lafomme
de4000
liv. précifémentppur
cesmêmes
droits auxquels vous prétendezque
nous voulons nous fouftraire..
Vos
meurtrières conféquences ne peuvent donc être excufées qu’autant qu’on fe rappelle qu’un des plus intègres SénateursRomains
, términoit toujours fon avis,par le
vœu
defoncœur
,pour
la deftruél:ion de Carthage.
Des
que vous avez pris fur vous deme
met- tre en fpeâiacle auxyeux
de la Nation5 6c de -vouscompromettre vous-même
^ puifque lesdeux
faits à raifon defquels vous
me
citez , font tous lesdeux
faux ^ fouifrez que je vous témoignemon
étonnement de ce que vous avez parlé fifouvent
,
5
c fî longtemps,d’unOrdre
dont vous ne connoiflez pasmême
reffence j 5c c’eft faus6
doute5 parce que vous ne la connoiffez pas
qui
vous voulez le détruire.Vous
avez juré la perte de cetOrdre
, parce que fa dépouille vous a paru confidérable.Vous
vôulez réfolument que fes biens foient à la dif-^pofition de la Nation, faiif à sarranger avec
U
Grand-Maître pour
reconnaître lesavantages quecet Ordre a procuré à la France^
ù
à en obte- nirla continuation, parce que vous fentez que vous en avez encore befoin.Vous
vous êtes flatté de faire adopter par l’Aflemblée Nationale votre projet de deftruc- tion , Il vous parveniez à prouver que lesMal-
tais fontun
Corps
de ReligieuxFrançais, parce
que
ne voulant plus régir laFrance que par une feuleLoi
, vous avez cru que les Décrets rendus contre le Clergé de France , s’appliqueroient d’eux-mêmes
à l’Ordre de Malte.D’abord
^quandleprincipe feroit vrai,rAflem- blée Nationale pourroit bien ne pas adopter îa / conféquence.La
liberté deVHomme
elt un des principes les plus faillans dans la déclaration de fes droits.Cependant
ou les Noirs ne font pashommes
,ou
les circonftances ont fait plier la généralité dela règle. Je lailTe auxChambres
de Commerce
,& aux
Publiciftes , à vous éclai- rer5 Monfieur, fur les véritables intérêts de la Nation , 6c à décider fi le langage de l’Ordre de Malte ne pourroit pas devenir aufli énergi-;1
§iie que celui des Colonies. Je
me
renferme dans cemoment
à vous prouver que vous avez fondé votre fyftême furun
principe que vous n’avez pas réfléchi.Comment
avez - vouspu
vous déterminer>Monfieur, à définirl’Ordre de Malte,
un Ordre
Religieux 6c Militaire? auriez-vous trouvé plus facile de dire ce à quoi ilrefFemble, que d’expri-mer
ce qu’il eft?Les montres
d’Afrique , quel- que bifarre qu’ait été le jeude
la nature , ont^
une
exîftence 6cuneforme
qui leur fontpropres.Un
Peintre qui leur donneroit humaniini eaput&
cerviceméquinam
, perdroit fes couleurs 6c fon temps.Un Ordre
Religieux , dont vousfaites en
même-temps un Corps
Militaire, eftun Ordre
de monftrc qui ne peut exifter, puif- qu’il allieroitdeux
êtres incompatibles par leur effence.Le
Clergé de France eft une portion•de l’État 6c de la Nation^ il tenoit le premier rang dansles trois Ordresquiformoientl’ancienne Conftitution. L’AfTemblée Nationale a détruit les trois Ordres , 6c a déclaré
que
les biensdu
Clergé appartenoient à la Nation., C’eftpour
nous approprier ce Décret , que vous avez jugéà
propos de nous regardercomme un Corps
Religieux.Mais
, fi l’Ordre de Malte n’eft niune dépen- dance de laFrance , niun Corps
de Religieux, jeme
flatte, Monfieur, que vous n’aurez plus
Vefgoir de lui faire fubir le fort
du
Clergédé France
3&
qu’ilme
fuffirad’avoir détruit labafede
votre. édifice, pour n’avoir pas befoinde vous Suivre dans le détail des erreursparticulières quiontgrolTi le développement de votrernotion.
L’Ordre
de Malte nedépend
de laFrance
>ni par fa fituation , ni par les
membres
qui lecompofent
^ ni par la puilfance qui le régit.La
moitié desGéographes
place l’IHe deMalte
enEurope
, les autres en Afrique5 maisaucun
n’a imaginé dela placer en France3 cette ïfie fera donc Africaine5ou
Eur'opénnne ? ôcja-mais Françaife.
Mais
5où
qu’ellefoit fituée, elle eft leThéâ-
tre d’une Puiflance Souveraine,
formée
par des Sujets de treize Nations. C’eft la réunion decesV
individus qui
forme
l’Ordre de Malte.Les
individus de ces treize Nationsfont Fran- çais 5 Allemans , Efpagnols 5 Portugais, Pié-
montais, Génois, Tofcans , Lucois,
Romains,
Napolitains, Vénitiens, Ragiizois 6cBavarois.Les Membres
del’Ordre de Malte nefontdonc
üiFrançais, ni Allemans ,ni Efpagnols, ni Por- tugais ,
&c.
Ils font Maltais, c’eft-à-dire , qu’ils font patrie de ce
Corps
Militaire,compofé
detreize Nations
, quis’eftdétaché prefqueennaif- fant de fes foyers , pour adopter une nouvelle Patrie , confacrer fes bras ôc fon courage à la sûreté
^
à la défenfe de treize Nations, êc fe9
^placer fur
un
rocher ifolé, afin de furveiller lesMers
, protéger leCommerce
, écarter les Bri- gands, ôc appeller l’abondance dans tousfesPorts, Eft-ce la France qui a doté cetOrdre? Non,
ce fontces treize Nations qui concourent encore aujourd’hui à le foutenir : iln’eft
donc
pas plus à la France, qu’aux autres Nations, étantcom-
pofé deMembres
de toutes : il n’appartient à aucune , 6c c’efi: par fon exiftence propreÔC par- ticulière, qu’il veille également à l’intérêt 6c aubonheur
de toutes. î'Voyez
, Monfieur, fi, à ces traits, pris dans
l’efience
même
de l’Ordre deMalte , vous recon- noifiez leCorps
religieux que vous faitesmarcher
comme un
foible troupeau devant votre houlette paftoTale , pour fubir la toifon décrétée contre leClergé de France.' '
'
En
vous lifant,on
s’âpperçoît fans peine que vous avez pris l’ombre pour la réalité , ôc que vous vous êtes laifietromper par des fimilitudes.Vous
avez trouvé qu’on faifoit desvœux
dans l’Ordre de Malte^ quhl pofiedoitdesMîmes^
que l’éleélion duGrand-Maître
reffembloit à celle 'd’unAbbé
de l’Ordre de S. Benoît^ quedeux
Grands-Maîtres avoient accepte le chapeau de Cardinal^ que l’Ordre de Malte étoir fous le
régime
du
Saint Siège, Sc dès-lors vous avez cru pouvoir conclure quel’Ordre de Malte étoitun
Corps rdigimx.10
Pour
vousafFermir dansvotrecroyance8cla faîr^pafTer dans refprit de vos lefbeurs
, vous faites defcendre l’Ordre de Malte d’une fociétéd’horti-?
mes
pieux qui habitoient Jérufalem , qui s’étoient voués au fervice des Pèlerins., Enfin, vous confultez l’hiftoire pour favoir fî
l’Ordre de
Malte
faitpartiedu
Clergé deFrance
5l’hiftoire vous
répond
quenon
, ôcvous le prouve' par une foule dedéclarations,de lettres-patentes, de traités de contrats*Vous
vous débarraffés de l’autorité de ces pièces authentiques, en'les regardant
comme
desprivilèges quUilfaut abolir.Vous
ne favez, dites-vous ,comment
leRoi
fe trouve dans lefameux
traité de1606
^ Ôc vous concluez de-là que thiftoire vous apprend querOrdre
deMalte
fait partiedu
ClergédeFrance.Je vous avoue,
Monfieur
, que je ne m’attendois pas à cette conféquence,parce que jene connois point de Décret qui aitabolil’ancienne logique*Souffrez,
Monfieur,
que je reprenne ce corps de comparaifons 6cde preuves, d’après lefquelles vous avez cruque
l’Ordre de Malte étoitun Corps
de Religieux.Efl-ce bien férieufémentqüe vousavez imaginé queleGrand-Maître'de
Malthe
eftun
Religieux,
parce qu’il eft éleéfif, 5c qu’on procède à fon éleéliioh
comme
à celle d’unAbbé
de l’Ordre deSt. Benoît ? les couronnes éleéfives font donc à vos
yeux
de l’Ordre de St. Benoît^ 6cles Princes élus deviennent dès-lors des Religieux.r
ÎI
Il eft très-vrai que l’Ordre de Malte efl: fous
h
régime du Saint Siégé ^ mais fi celafuffirpour être déclaré Religieux , il faut nécefiairement queles fujetsdu Pape
foient déclarés Religieux,
puifqu’ils font tous fournisau régimedu St. Siégea
Quant
au chapeau de Cardinal , il efi; éton- nantque vous a^Tzpenfé qu’il fallûtêtreReligieuxpour
l’accepter,ÔC que vous ignoriezque leCar- dinalatefi:le cordon bleu deRome
j l’înfant d’Ef- pagne,Dom
Louis a reçulaBarrette dans l’âge le plus tendre ,* le titre à!Éminent
ijjzme a étédonné aux
Grands -Maîtrescomme
avoués ôc proteéfeursdel’EglifeRomaine
,&
c’efi en cette•qualité qu’ils prennent rangparmi les Cardinaux avec l’épée 5c leur habit ordinaire : le
Roi
de France efi Diacre de.J’EglifeRomaine.
Il efiComte
deLyon
^ il efi-Chanoine
d’Auch, il a unefiale dans lèChœur
de J’ün ôc de l’autre de ces Chapitres; ilefi Chanoine de l’Eglifede Sc.- Jean de Latran , ainfi que l’EmpereurjM.
le Prince de Conti étoitGrand
Prieur de Malte ;M.
leDuc d’Angoulême
l’efi aéfuellement. Je vous prie deme
dire ,Monfieur . fi vous croyez que ces Princes foientdes Religieux.L’article des
vœux
n’efi pas plus difficile à expliquer^ je vais vous fixer en
même temps
fur cette pieufe fociété de Jérufalem que vous avez regardé par
mégarde
5comme
le berceau de l’Ordre de Malte.11
Cette fociété n’avoit d’autre confiftance
qué
la piété qui réuniflbit des
hommes
de toutes les^Nations.
Ce
lî’eftque
pendant le fîége de Jérufalemque Raymond Dupuy,
quifuccéda àGérard
,prie dans lé
nombre
de ceshommes
,ceux
que leurbonne
volontéy leur fanté , leur force 6c leur courage fitjugereh
état de repouffer les affié-geans
, il fit avec cette poignée
d’hommes
des prodiges de valeur5, cette petite troupe s’accrut des croifés de toute nation. Sesfuccès ouvrirent àRaymond Dupuy
la carrière de l’efpérance6C
des prétentions.Pour
établirune
difcîpline durable fur desfol- dats avec lefquels il avoir déjà rempliTEurope du
bruit de fes aérions, illeur propofade fe lier par unvœu
d’obéiffance.Il craignit enfuite
que
la chaleurdu
climat 6clalicencedes armes neles portaffent à unepaffion capable d’énerver leur courage, il leur propofa
le
vœu
de chafteté.Enfin 5pour
que
le produit des conquêtes pûtfervir à les conferver, 6cà les étendre , ÔC ne fût pas dilapidé par des partages , il leur fit ac-
cepterle
vœu
de pauvreté.C’eft à ces
hommes
ainfi régis ôc difeiplinésque Raymond Dupuy
étendit fes conquêtes juf-ques dans la Paleftine
y ceft- à- dire ,avec fon corps militaire y dans lequel à peine confervoit-
13
il alorsquelque
Membre
decettepieufe Société ^ qui refta à Jérufalem vouée au fervice des Pè-lerins quialloient viliter les lieux Saints pendant que les Templiers les efcortoient dans leur
mar-
che. Cette fociété ne conferva rien decommun
avec les fondions ni les deftinées d’un corps militant qui a foutenu la guerre pendantprès de deuxfîecles dgns le centrede l’Empire
Ottoman
,contre les forces réunies
du
CroilTant^ c’eft à ce corpsdeguerriers , que les Rois^ les Puiffances les plus grands perfonnages de l’Europe ont faitces donsfuccefllfs , ces précieufesconcédions par l’unique motif d’alimenter fes forces d’étendre fes conquêtes, &:non
pas à. cette fo- ciétéd’hommes
qui recevoient les Pélérins à Jé- rufalem5 avec laquelle vous avez alfeéfé de con- fondre l’Ordre de Malte , pour le dépouiller de fes propriétés' de fes droits.Voyez
maintenant, Monfieur, files biens de l’Ordre deMalte
font des biens Eccléfiaftiques,
&
fiun Ordre
, toujoursarmé
pour ladéfenfe de treizeNations, quine fait devœux que
pour fe livrer plusparfaitement à l’art de la Guerre , eftun
corps de Religieuxdont vous puidlez arbitrai-rement vous approprier le patrimoine ôc la dotation.
Si le
Régiment
deChampagne ou
tout autre feifoit lesmêmes vœux
par lesmêmes
motifs,
14
le regârderie2-vous
comme
uncorps de Religieux qui puffent venir réclamer la penfionque
vous deftinezaux
Religieuxdu
Clergé de France ?Je vous livre maintenant, Monfieur, à vos propre réflexions , ÔC je
me
flatte que vous ne penferez plus ni à détruireun Ordre
que vous ne connoiffezpas,
ni à réduirele Grand-Maître aumétierde Maître d’Ecole que vouslui deftinez dans une Ifte dont il eft le vrai 6c l’unique Souverain.
Maintenant que vous connoiffez l’effence 6c le
régime decet
Ordre
, aufti célèbre qu’utile, vous ne verrez plus dans fesMembres
des Français qui veulent fe fouftraire auxLoix
Françaifes 3 mais uneaffociation d’individus détachez detreize Nations ,&
qui formeun
Etat féparé, dont la Conftitution le régimen’ont rien decommun
avec la Conftitution
que
l’Affemblée Nationale jjuge à propos de donner àla France.Mais
après avoir abattutoutes lesmarques
de prééminence ôc d’autorité, 6c -brifé tous les'caraéfères qui pouvoient établir quelque diftinc- tion entre les
hommes
, vous* craignez de laiffer fubfifterun Ordre
qui vous préfente encoreun germe
de l’ariftocratie, en ce
que
tous lesCitoyens n’y fontpas également admis. Souffrez
que
je vous rappelle, Monfieur, aux vérités élémentaires qui doiventdiftîpervotreterreur.15
S’il eft reconnu de l’Europe entière , 5c
que
jevpus aie
démontré
, Monfieur , que l’Ordre deMalte
eft une Puiftance Africaine ,ou
Euro-péenne
( à votre'choix ) ^ fi les individus de toutes les Nations qui fe font fait naturalifer Maltois , ne confervent ni rang , ni état , ni propriété dans les climats, ni parmi les Nationsoù
ils prirent naiflance,comment
entendez-vousque
la nouvelle Conftitutîon Françaife ait quel-que
chofe à redouter d’une Puiftance ôc d’unGouvernement
qui lui eft étranger | j’aimerois autantque
vousvoululTiezempêcher un
Français d’aller àMalte
^ de s’y faire naturalifer, 5c de fe revêtir de la Croix 5cdu Ruban
qui font laCocarde
de cette Ifte.Vous
n’avez pas plus ce pouvoir, quecelui d’empêchercemême
Français d’allermériteren Angletterre l’Ordrede laJarre- tière^ en Efpagne, celuide laToifon d’Or ^ enAllemagne
, celui de Ste. Thérefe j en Pologne,
celui de l’Aigle Blanc*, en Sardaigne , celui de St.
Maurice
, ôCc.Mais
je m’apperçois que j’ai déjà pafle lesbornes d’une Lettre,jene veuxnivous fatiguer^ Monfieur, ni ennuyer
mes
Lecteurs^ maiscomme
cette queftion eft très-importante5 6cque la
mul-
tiplicitéde vos occupationsne vous a pas permis
de
l’approfondir avant de la traiter , je vous offre bien volontiers de reprendre le cours dei6
cet
endoârinement quand
il vous plaira.En
attendant votre réponfe
, j’ai l’honneur d’êtreÿ avec tous les fentimens que je dois à votre miflîon 6c à
vous-même,
MONSIEUR,
Votre très-humble
&
très-obéilTant ferviteur,