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DISCOURS DE MADAME DIANE LAVALLÉE, PRÉSIDENTE

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DISCOURS DE

MADAME DIANE LAVALLÉE, PRÉSIDENTE

« LA VIOLENCE CONJUGALE, UNE QUESTION DE MOBILISATION »

PRONONCÉ AU

CENTRE DES FEMMES DU PLATEAU MONT-ROYAL

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Discours de Mme Diane Lavallée « La violence conjugale, une question de mobilisation » prononcé au centre des femmes du plateau Mont-Royal

Allocution Diane Lavallée - La violence conjugale, une question de mobilisation. Mars 2004.

Date de publication : 2004-03-11 Auteur : Conseil du statut de la femme

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Bonjour,

Je trouve important d’être ici avec vous, aujourd’hui, pour discuter de la question de la violence conjugale.

À chaque fois que m’est donnée l’occasion de faire le point sur la situation des femmes comme c’est le cas notamment autour du 8 mars, je voudrais que ce phénomène soit de l’histoire ancienne.

La violence faite aux femmes, vous le savez, a toujours figuré parmi les préoccupations du mouvement des femmes et du Conseil du statut de la femme. Et cela depuis des décennies.

Aujourd’hui, en 2004, il est affligeant de constater que, dans une société aussi riche que la nôtre et aussi évoluée sur le plan social, la violence conjugale constitue encore, malheureusement, le quotidien de milliers de Québécoises.

Malgré cela, je ne nie pas que la situation a évolué, que nous avons remporté des victoires. La plus importante aura sûrement été de sortir la violence conjugale de la sphère privée.

Aujourd’hui, elle est considérée comme une question sociale, interpellant l’ensemble de la collectivité.

La violence conjugale n’est plus banalisée, n’est plus tolérée. Si vous le permettez, j’aimerais rappeler brièvement les principales actions que nous avons mises de l’avant, comme société, pour contrer la violence conjugale.

En voici une brève chronologie :

1977 : le gouvernement commence à subventionner les maisons d’hébergement implantées par le mouvement des femmes.

1980 : on organise une série de colloques régionaux portant sur la violence faite aux femmes pour sensibiliser la population.

1985 : le Québec publie sa politique d’aide aux femmes violentées qui traite de la violence conjugale et d’agression sexuelle.

1986 : le gouvernement met en place une politique qui insiste sur le caractère criminel de la violence conjugale.

1993 : le CSF publie un important avis intitulé Pour que cesse l’inacceptable : avis sur la violence faite aux femmes.

1995 : une politique portant sur la violence conjugale est adoptée.

1998 : une campagne nationale est lancée pour sensibiliser la population, plus particulièrement les jeunes, à la violence dans les relations amoureuses.

2000 : on forme un comité « Femmes et Justice » pour favoriser les échanges entre les groupes de femmes et le gouvernement en vue d’améliorer le traitement judiciaire des dossiers de violence faite aux femmes.

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2001 : des orientations gouvernementales en matière d’agression sexuelle sont dévoilées.

Sur le terrain, plusieurs ressources sont offertes aux femmes victimes de violence conjugale. Les plus connues sont les maisons d’hébergement. Les femmes y trouvent des services d’information, de consultation, d’accompagnement, de suivi et, bien sûr, d’hébergement. On en compte plus d’une centaine au Québec dont une trentaine dans la région de Montréal.

En 2000, au Québec, plus de 10 000 femmes et près de 7 000 enfants ont séjourné dans ces maisons.

Diverses autres ressources ont également été développées, entre autres :

¾ Les CALACS – centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (en contexte conjugal ou non).

¾ Les CAVAC – centres d’aide aux victimes d’actes criminels.

¾ Ainsi que plusieurs centres de femmes comme le vôtre, des ressources d’aide psychosociale, surtout dans les CLSC, et des groupes d’entraide.

¾ Des tables de concertation réunissant les différentes organisations concernées par la violence conjugale ont aussi été formées dans l’ensemble des régions.

On le voit, la société québécoise a parcouru un long chemin. Cependant, beaucoup de travail reste à faire.

Les différentes statistiques disponibles nous démontrent que la violence est encore très présente.

Trop de femmes en sont encore victimes. Selon les chiffres de la Sécurité publique, publiés en 2001, le taux de victimisation conjugale était de 82 pour 100 000 pour les hommes et de 431 pour les femmes. Soit cinq fois plus!

La grande majorité des victimes, soit 85 %, ayant signalé une affaire de violence conjugale à la police étaient des femmes. Cela signifie que près de 14 000 délits de violence conjugale contre les femmes ont été traités par les corps policiers.

Cette violence comprend principalement des voies de fait simples (59 % des délits). Elle concerne aussi les menaces, les agressions sexuelles, les agressions armées, le harcèlement criminel, les enlèvements ou la séquestration.

Au total, en 2001, plus d’une cinquantaine de femmes ont été victimes de meurtre ou de tentative de meurtre par leur conjoint, leur ex-conjoint ou leur ami intime.

De tous les événements de violence conjugale signalés en 2001, neuf sur dix ont été portés à l’attention du processus judiciaire. Cependant, 20 % n’ont pas donné lieu à une mise en accusation, et ce, principalement en raison du refus de la victime de porter plainte. Cette donnée nous rappelle que l’ensemble de la démarche fait encore hésiter certaines femmes.

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Les chiffres de la Sécurité publique sous-estiment cependant l’étendue du phénomène de la violence conjugale. En effet, ils font seulement état des infractions signalées aux policiers et pouvant donner lieu à des poursuites en vertu du Code criminel. Or, ces crimes ne seraient déclarés à la police que par environ le quart des victimes.

Plusieurs raisons, selon l’enquête sociale générale de Statistique Canada de 1999, empêchent les femmes de dénoncer certains événements de violence grave. Dans plus de la moitié des cas, on invoque, comme principales raisons :

¾ La peur du partenaire violent.

¾ La crainte de la divulgation publique de l’événement.

¾ Le manque de confiance à l’égard de l’intervention policière.

De 1997 à 2001, des données de la Sécurité publique révèlent aussi que le nombre de victimes de violence conjugale et le taux de violence conjugale ont augmenté à chaque année. On parle d’une augmentation globale de 22 % en quatre ans.

Comme il s’agit d’une hausse des cas signalés à la police, on peut penser que cette augmentation peut être une conséquence positive des actions gouvernementales visant à encourager les victimes à porter plainte. Les campagnes de sensibilisation ont sans doute porté fruit. La population tolère moins ce type de violence.

De plus, la mise en œuvre, avec les organisations policières, de mesures concrètes pour assurer la protection et la sécurité des victimes et de leurs proches peut aussi avoir incité les victimes à recourir davantage aux services policiers.

D’autres sources présentent aussi des statistiques sur la violence conjugale.

Ainsi, selon l’enquête sociale générale de Statistique Canada, au Québec, en 1999, 39 500 hommes et 62 700 femmes ont déclaré avoir subi au moins un incident violent de la part de leur conjoint ou de leur ex-conjoint au cours de l’année précédant l’enquête.

Ces données, analysées par l’Institut de la statistique du Québec, qui révèlent la présence d’une certaine violence exercée contre les hommes, sont surprenantes en ce sens qu’elles semblent contraires aux données habituelles sur la violence. D’autant plus que la méthodologie de cette étude est critiquée par des spécialistes qui estiment que la façon de mesurer les « actes de violence » induit un biais parce que ni l’intention du geste posé, ni son interprétation ne sont pris en considération. De plus, l’analyse ne reconnaît pas que la violence se produit dans un contexte de relations de pouvoir asymétriques entre les hommes et les femmes.

Il est important d’en parler pour éviter que certains groupes utilisent ces données pour fausser l’image de la violence conjugale exercée contre les femmes, discréditant ainsi les efforts déployés pour la diminuer.

Une analyse des données d’enquête révèle qu’il y a des différences majeures entre les hommes et les femmes dans la façon dont la violence est exprimée et ressentie.

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Au Québec, l’incident rapporté le plus souvent par les hommes victimes d’une conjointe ou d’une ex-conjointe, c’est la menace avec le poing ou avec un objet (53 %).

Quant aux femmes, elles rapportent, le plus souvent, avoir été empoignées ou bousculées d’une façon qui aurait pu les blesser (73 %).

Par ailleurs, au Canada, alors que 20 % des femmes victimes ont subi une tentative d’étranglement et qu’une proportion semblable a été forcée d’avoir une relation sexuelle, ces délits touchent moins de 5 % des hommes victimes.

La violence physique grave provenant des hommes survient, dans la majorité des cas, dans un contexte que certains auteurs appellent le terrorisme conjugal.

Le terrorisme conjugal, c’est une situation où la violence physique s’accompagne de comportements contrôlants. L’agresseur tente d’imposer un contrôle général à sa partenaire. Il limite ses contacts avec l’extérieur. Il est jaloux. Il la rabaisse ou brise ses objets personnels, etc.

Cette violence n’est pas, comme on l’a souvent cru, le résultat d’une perte de contrôle, d’un excès de colère de la part de l’agresseur. Cette forme de violence conjugale c’est, au contraire, une tentative de contrôle, de domination des hommes sur les femmes.

Par contre, la majorité des hommes victimes de leur conjointe font habituellement état de violence situationnelle. Généralement, on n’y retrouve pas les indices démontrant une volonté de la femme d’affirmer, systématiquement, sa domination sur son conjoint.

Les femmes enceintes sont particulièrement vulnérables à la violence conjugale. En 1993, l’Enquête sur la violence envers les femmes de Statistique Canada montre qu’environ une femme sur cinq, victime de violence, a été agressée durant sa grossesse.

Dans près de la moitié des cas, cela marque le début de la violence physique dans le couple.

Les résultats préliminaires d’une recherche récemment effectuée à la clinique de planning familial de Rimouski montrent aussi des liens inquiétants entre la violence et l’avortement.

Au cours de l’année précédant l’étude, 35 % des femmes souhaitant mettre fin à leur grossesse disaient avoir été victimes de violence psychologique de la part de leur conjoint ou ex-conjoint.

C’est près de deux fois supérieur à celles qui mènent leur grossesse à terme.

Côté violence physique, 6 % de celles qui avortent ont subi des sévices, soit quatre fois plus que les futures mères.

Enfin, les conséquences de la violence sont plus grandes chez les femmes que chez les hommes victimes :

¾ 40 % des femmes contre 13 % des hommes ont subi des blessures physiques.

¾ 15 % des femmes contre 3 % des hommes ont reçu des soins médicaux.

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¾ 32 % des femmes contre 10 % des hommes victimes de violence ont dû s’absenter du travail ou ont été empêchés de vaquer à leurs occupations quotidiennes.

¾ Et 38 % des femmes contre 8 % des hommes ont dit craindre pour leur vie.

Les femmes déclarent également, plus souvent que les hommes, vivre des problèmes psychologiques tels que la perte d’estime de soi, la honte et la culpabilité, la dépression, les crises d’angoisse, l’insomnie.

En fait, au Canada, 22 % des hommes victimes se disent peu affectés par la violence conjugale alors que c’est le cas de seulement 5 % chez les femmes victimes.

D’autres données sont également très préoccupantes. Ce sont celles qui concernent nos jeunes.

Les résultats d’une enquête effectuée par un comité intersectoriel sur le territoire de l’Île de Montréal, à propos des relations amoureuses chez les adolescents de 12 à 17 ans de la région, indiquent que 12 % des jeunes vivent des relations de couples où se produisent fréquemment plusieurs types de comportements de contrôle et de violence psychologique.

On parle par exemple de critiques, de manipulation, d’humiliation, d’exigences dans la façon de s’habiller et d’interdictions de voir certains amis.

Une autre étude (soit l’Enquête sociale et de santé auprès des enfants et des adolescents québécois, 1999), menée cette fois dans l’ensemble du Québec, indique que plus du tiers des filles de 16 ans, ayant fréquenté un garçon au cours des 12 derniers mois, ont rapporté avoir été victimes de violence psychologique, 11 %, de violence sexuelle et 20 %, de violence physique.

La violence conjugale, avec ses multiples visages et manifestations est, comme on le voit, très présente. Psychologique, verbale, physique, sexuelle ou financière, elle continue de faire rage! Et fait toujours beaucoup de ravages!

En dépit d’une prise de conscience réelle des conséquences désastreuses de la violence, en dépit du développement des ressources,

des campagnes d’information, des activités de sensibilisation, des efforts de dépistage,

de la judiciarisation et de la concertation, ce fléau est toujours bien présent.

Mais comment améliorer la situation? Sans y aller de façon exhaustive, on peut suggérer quelques pistes d’action. L’intervention sociale et communautaire connaît certaines lacunes.

La faiblesse du dépistage s’adressant aux femmes enceintes et ayant récemment accouché en est une.

Les intervenants devraient être sensibilisés, formés et outillés pour détecter les signes d’une possible violence et intervenir adéquatement auprès d’elles.

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De plus, plusieurs maisons d’hébergement ne suffisent pas à la demande. Ayant souvent vécu dans un contexte de violence chronique, les femmes hébergées présentent des problèmes de santé physique et mentale sévères et requièrent des services particuliers. Il est donc vital que tous les organismes d’aide ou d’hébergement aux femmes violentées, partout sur le territoire, disposent de ressources adéquates.

Par ailleurs, même si la situation s’est améliorée, au cours des dernières années, les femmes qui portent plainte font encore face à certaines lacunes dans la formation des intervenants des systèmes policier et judiciaire.

Les programmes d’information et de formation doivent donc être étendus et offerts de façon continue aux policiers, à leur état major, aux substituts du Procureur général et aux juges afin d’améliorer leurs connaissances des causes et des manifestations de la violence conjugale pour ainsi rendre leurs actions et leurs interventions exemptes de préjugés.

Il y a tout lieu de croire que les recommandations, qui devraient être formulées dans le rapport du comité « Femmes et Justice », formé de personnes représentant les ministères de la Justice et de la Sécurité publique ainsi que des groupes de femmes, ne pourront qu’améliorer le traitement de ce type de plaintes.

Elles devraient aussi permettre aux victimes d’être mieux informées du processus dans lequel elles s’engagent et d’être mieux soutenues tout au long de leur démarche face au système judiciaire.

Nul doute aussi que, pour assurer leur sécurité, une attention toute spéciale devrait être apportée aux femmes en instance de séparation pour les protéger d’un ex-conjoint violent.

Les statistiques policières confirment, en effet, que la séparation représente un facteur de risque qui accroît sensiblement le taux d’homicide conjugal, et ce, particulièrement à l’endroit des femmes.

Récemment, un juge de Terre-Neuve reconnaissait l’incapacité des tribunaux à faire respecter aux hommes violents les ordonnances de cour leur interdisant de contacter leur victime. Pour leur protection, les femmes devraient aussi être sensibilisées à l’importance de dénoncer, rapidement, à la police le non-respect des ordonnances émises.

Il est nécessaire de les informer, clairement, des dangers qu’elles courent lorsqu’elles acceptent des tentatives de réconciliation, de nouvelles « lunes de miel » avec leur ex-conjoint.

C’est spécifiquement une illustration de cette situation qu’on retrouvait lors du meurtre d’une jeune mère dans la région de Québec, il y a quelques semaines.

Il est probable que, pour certaines femmes, un meilleur suivi de ces ordonnances pourra faire la différence entre la vie et la mort.

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Par ailleurs, même si la violence conjugale est maintenant reconnue comme une question d’ordre public, les changements de mentalité sont toujours lents et doivent être constamment soutenus.

Certains événements, même quant ils se passent ailleurs, nous rappellent qu’il est encore bien difficile pour beaucoup de personnes d’intervenir pour protéger et porter secours à une femme victime de violence.

Je pense ici plus spécialement à Marie Trintignant.

Malgré les cris, le tapage et le silence qui a suivi, l’entourage immédiat de la victime, son frère, le personnel et les clients de l’hôtel n’ont pas su, ou n’ont pas osé, identifier le drame qui se passait.

Si ce cas a été abondamment médiatisé, il n’est cependant pas unique. On a aussi encore trop souvent tendance à voir la violence du conjoint comme un problème psychologique, plutôt que comme un acte criminel.

Le conjoint est trop souvent considéré comme victime de sa propre perte de contrôle, banalisant ainsi le sort de la réelle victime.

Beaucoup de progrès ont été faits en termes de responsabilisation de l’agresseur aux conséquences de ses actes. Pourtant, il suffit qu’un événement de violence se produise chez un athlète ou un chanteur connu pour que certains invoquent le stress vécu par l’agresseur et s’inquiètent des impacts négatifs de son geste sur sa carrière.

Et, enfin, l’efficacité des thérapies auprès des conjoints violents reste à démontrer.

Il y a malheureusement trop de thérapies « fast food » pour hommes qui sèment de l’espoir auprès des femmes se retrouvant dans une situation potentiellement encore dangereuse. Ces thérapies ne doivent pas se substituer à une sanction judiciaire pour un acte criminel.

Reconnaître le caractère criminel de la violence conjugale et imposer des peines sévères constituent des outils de prévention importants.

Dans un contexte où les services destinés aux femmes sont confrontés à un manque de ressources chronique, il s’avère toujours délicat de parler des services s’adressant aux agresseurs. Ces agresseurs qui sont, au premier chef, responsables du problème devraient aussi faire partie de la solution.

Je crois que, concernant les hommes violents, des recherches approfondies doivent être effectuées pour permettre des interventions plus efficaces.

Je pense qu’ils devraient avoir un meilleur accès à des services qui, sans les déresponsabiliser par rapport à leurs délits, pourraient les amener à modifier leurs comportements.

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On doit aussi s’intéresser à la violence conjugale telle qu’elle se présente pour certains groupes plus vulnérables comme, par exemple, les femmes âgées, les femmes handicapées, les femmes immigrantes, les femmes de couples de même sexe ou les femmes autochtones.

Par exemple, dans les communautés culturelles, on sait que le dépistage est souvent difficile. Les femmes sont plus isolées. Elles connaissent peu leurs droits. Il y a souvent une adhésion des couples aux stéréotypes traditionnels relatifs aux hommes et aux femmes. Et, dans bien des cas, la barrière de langue avec les services publics est présente.

Étant donné l’importance de la population immigrante sur l’Île de Montréal, on ne peut que souhaiter que se poursuivra le développement de services adaptés à ces clientèles.

Plusieurs organismes concernés par la violence conjugale dans les communautés immigrantes sont actifs et font maintenant partie de la table de concertation régionale.

Du matériel adapté en plusieurs langues a aussi été produit : dépliants, cassettes, affiches… L’an dernier, des vidéos sur la violence conjugale ont été diffusées sur des canaux destinés aux communautés ethniques.

Au-delà de l’intervention proprement dite, une véritable concertation est essentielle si l’on veut obtenir des résultats. Cette concertation doit être présente entre les ministères et organismes dans les secteurs de la santé, des services sociaux, de la justice…

Elle doit aussi être marquée par des rapports d’égalité et de respect mutuel entre les différentes organisations. Je pense enfin aux collaborations pratiques entre des groupes qui interviennent auprès des victimes et d’autres qui le font auprès des agresseurs.

À titre d’exemple, on peut mentionner, en Mauricie, l’établissement d’un protocole d’entente formel entre un organisme offrant des services aux conjoints violents (l’Accord Mauricie) et une maison d’hébergement du même territoire (La Séjournelle).

Ce protocole permet à l’organisme pour hommes de prendre contact avec la conjointe et de l’informer des ressources qui sont à sa disposition à la maison d’hébergement.

Selon leurs statistiques, 8 conjointes sur 10 prennent contact avec la ressource pour femmes à la suite de cet appel.

Concernant maintenant la prévention. Puisque la violence dans les relations de couple commence bien souvent à l’adolescence, il est essentiel que des activités de sensibilisation et de prévention soient menées à l’école, auprès des jeunes.

Dès le premier cycle du secondaire, les jeunes, garçons et filles, doivent être amenés à reconnaître les comportements violents et contrôlants, à les refuser et à opter, plutôt, pour des comportements d’affirmation de soi et de respect dans le cadre de rapports égalitaires entre les filles et les garçons.

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J’en profite pour parler du projet VIRAJ (violence dans les relations amoureuses des jeunes) qui existe depuis près de 15 ans et qui jouit d’une diffusion dans de nombreuses écoles du Québec.

Cette intervention s’adresse aux 14-15. Un nouveau volet a été ajouté pour les 16-17 ans. Elle comporte deux messages :

1. Exercer un contrôle sur le ou la partenaire au détriment de son développement est incompatible avec l’amour.

2. Dans une relation égalitaire, les partenaires ont les mêmes droits et disposent de la même liberté d’agir et de penser, sans aucune distinction sur l’appartenance à un sexe.

Enfin, on sait que près de la moitié des mères victimes de violence conjugale croient que leurs enfants ont été témoins de cette violence.

On sait aussi que les enfants ayant vécu dans une famille où sévissait la violence conjugale ont de fortes chances de voir se reproduire, dans leurs futures relations amoureuses, les comportements violents qu’ils ont observés dans leur enfance. C’est vrai pour les conjoints violents. C’est vrai pour les femmes victimes.

Mais que peut-on faire pour éviter que ces comportements violents se transmettent d’une génération à l’autre? Il nous apparaît clair que des services spécifiques à l’intention de ces enfants sont insuffisants et devraient être davantage développés.

Conclusion

Comme vous pouvez le constater, il y encore beaucoup de pain sur la planche. Je tiens cependant à souligner l’importance de poursuivre les efforts, particulièrement dans le sens d’une plus grande concertation et du développement des interventions de dépistage et de prévention.

C’est seulement ainsi que l’on pourra espérer dessiner un avenir meilleur et exempt de violence conjugale pour nos jeunes filles et nos jeunes garçons.

Merci.

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