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Définition et objectifs du développement rural

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NATIONS UNIES

CONSEIL

ECONOMIOUE ET SOCIAL

Distr.

.^/C:,:O14//SVICB "32 5 septembre 1969 Original :

:Gco*oi:iQra poiq j^a

Conference regionale sur une politique

harmonisee de developperne;it rural en Afrique

Iloshi (Tanzanie), 13-14 octobre 1969

OBJ:aCTII''S RJ 3i,i"/;JXJ0PP5I-.Ui!T H (Note introductive presentee par Iloxse C. i-Iensah,

Representant regional de la FAO pour 1*Afrique)

H69-2266

(2)

'i1- J-jI UliJjiAjTii11> JLXJ iiLyv.-JJjUrJr.uj(llJl(i.*Jl itJiliilj

1/

I» ^ej developpement rural^ pourcruoi ?

i^a theorie de Colin Clark, elite theorie ties secteurs, suggere que le develojkpement e"conomique implique un transfert de 1'importance des acti- vite's economiques du secteur primaire vers les secteurs secondaire et tertiaire, Selon l'economiste VF.VI. tfostow, une societe a predominance

agricoie doit Stre transformed en societe essentiellement occupee par 1'Industrie, les communications, le commerce et les services 2/. En d'autr^s termes, un pays eoonomiquement avance se coracterise par le rfile

relatiVemefct secondaire que jouent I1agriculture, les forSts, la pfche par radport a. 1'Industrie et aux activit^s distributrices de biens et

services (commerceg professions liberales, services publics, etCc)B Sfil

en est ainsi la question se pose de savoir si le problerae du developpement rural nfest pas un faux probleme ou tout au moins un probleme du develop- peraent id1importance secondaire dans la mesure ou tout effort pour donner une place preponderante a 1'agriculture et aux autres activity qui tra- ditionifellement caracterisent l'6conomie rurale, resulterait en un renfor- cementidu caractere retardataire de l'^conomie nationale. Sans vouloir ranimer une vieille querelle de planificateurs sur le point de savoir quel estj del'agriculture ou de l'industrie, le secteur qui merite la priorite en tant qu'instrument de developpement Sconoraique, il oonviendrait de rap- peler (Jue dans les conditions prevalant en general sur le continent qui nous iijtteresse, l'Afrique, le probleme du choix ne se pose generalement

pas. iies activites rurales, en particulier I1 agriculturef s'imposent

oomme la base de l'economie.

Ids activit^s rurales occupent 3'essentiel de la population active africaine. Une etude de la Commission economique des Z-Tations.Unies pour lrAfri-<tue a revele, qu'en T96O, la population active totale s'elevait a 120 millions de travailleurs se re"partissant oomme suit : 77 pour 100 dans l'agriitulture, 14 pour 100 dans les services et 9 pour 100 dans I1 Industrie,

■L!6tud0 note que cette distribution variera certes dans le temps, mais pas de fac0n suffisamment rapide pour qu'on puisse prevoir un accroisseraent notably des possibilites d'emploi dans les secteurs seoondaire et ter- tiaire ; pour la main-d'oeuvre d'origine rurale. Outre qu'elles occupent et occi^peront encore dans l'avenir previsible l'essentiel de la, population active, les activitis rurales constituent dans la plupart des pays afri- oains Ja principale source de devises n^cessaires a lr aquisition de biens df^gui^ement. 311es sont aussi la prinqipalejsinon la seule source de ma tierOs premieres pour les industries existantes ou en projet. Par ail- leurs, 2ious croyons, avec Pierre Tloussa, "qu'avant tout, le developpement dans 10s pays sous-developpes doit §tre base sur 1'expansion de 1'agricul ture. D'abord parce que l'accroissement du revenu national global nfest

1/ ito^e introduotive presentee par Iiolse C» liensah, Repr^sentant regional

£ejla l^AO pour l'Afrique.

2/ VI.ij. Rostow, Five Stages of Nations, The Economist, August 1959.

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pas le seul aspect a prendre en consideration. On doit aussi tenir oompte de sa repartition, Le developpement ne peut pas §tre congu comme une super position de nouvelles entites industrielles urbaines a une econoraie rurale primitive. II est-normal que l'accroissement de. richessee resultant du developpement soit reparti sur toute la population et ceci ne peut Stre

atteint qu'en essayant de developper 1'agriculture elle-m&ne11 i/.

On peut done dire que si elles rie constituent pas les signes distinc- tifs du developpement economique, les activites rurales, tout au raoins en Afrique, sont a la base de 1'expansion des autres secteurs. Le developpe ment miral $eut done, pa^un prooessus de reaction en chalne, engendrer le developpement des autres secteurs de l'eoonomie. C'est ce qui justifia que l'on examirie de pres les problemes c[u'il posera. liais cette note vise simplement a essayer de donner quelques definitions et de rappeler certai- nes notions a la lumiere desquelles ces problemes peuvent Stre analyses utilement.

II. Le developpement rural : essai de definition .

Une definition pratique du developpement rural nfest pas tres aisee.

La difficulte provient de ce que la notion de developpement est une notion complexe et que le qualificatif de rural est un element de complication supplementaire.

La notion du developpement en implique deux autres : une notion quan titative que traduit le terme de croissance, et une notion qualitative que rend assea bien 1'idee de mieux-§tre. La croissance economique est un phe- nomene mesurable en terme d'accroissement du revenu national ou du revenu per capita ou encore du nombre d'emplois crees par exemple. Le deuxierae aspect contenu dans la notion du developpemeal; est d'ordre qualitatif.

On peut dire qu*alors que la croissance economique se traduit par une ele vation du niveau de vie, le developpement implique en plus des modifications benefiques dans le genre de vie, notion complexe, difficile a. quantifier et qui englobe deB elements aussi varies que la nature de lfactivite profes- sionnelle, la duree du travail, les transports, les loisirs, I'habitat, 1"hygiene, etc.

De ce qui precede nous pouvons dire que le developpement rural est la ■ resultante d'une serie de modifications quantitatives et cpialitativea inter- venant au niveau d'une population rurale donnee^ et dont les effets conver- gents se traduisent dans le temps par une elevation du niveau de vie et par des ohangements benefiques dans le ffenre de y_iea

L'essai de definition qui precede permet de voir que le developpement rural doit §tre suialyse sous 1'angle de lfaccroissement de la production qui entraine logiquement l'accroissement du revenu; mais aussi sous 1'angle des ameliorations sociales provoquees par les augmentations du niveau de- production et de revenu9 La definition tient aussi compte du facteur temps, ce qui suggere que le developpement rural est un processus se deroulant par

\f Pierre Lloussa - Ifations proietaires, P.Uo?1., 1959*

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etapes. Cette notion dfetapes, developpee par l*economiste W.W, Rostow, est import ante car elle permet au planificateur de poser le diagnostic de

1'eiat aciuel de l'econqmie et de determiner differentes phases d'inter- veniion auxquelles doivent correspondre des methodes d1action appropriees.

Rostov distingue quant a lui cinq phases dans le processus du developpement Icoaomique. La premiere phase est celle dite de la, sooie*te* traditionnelle.

La seconde est une etape de transitionau cours de laquelle les structures

€comomiques precedent aux mutations qu*exige la troisieme phase, celle du

"take-off" ou "decollage" qui, tout comme dans 1'aeronautique, constitue

la J»hase es(sentielle du processus de developpement. Le "take-off" est selon la definition de Rostov; lui-mSme "une periode relativement courte de

deuot ou trois decennies au cours de laquelle I'eoonomie et la sooiete dont 6*110 depend se trahsforment. de telle sorte que la croissance economique devjent par la suite plus ou moins automatique" \J'. La phase suivante,- la quaitrieme etape, est done celle de la croiasaiice automatique^ (self: sustained growth). A la derniere etape, on se trouve au stade de consommation de '

graiide masse (high mass consumption stags), ■

III. Les o"b.jectifs du developpement rural .

Les principaux objectifs que l*on peut se donner en matiere de deve loppement rural sont dictes, comme nous l'avons suggere plus haut par leg caracteristiques de l!e"conoraie rurale de la societe interessee* Si lfoh .Gonaiderel"Afrique dans son enscrable? les trails les plus saillants de son

eoonomjle rurale peuvent Stre identifies coinme su.it :

:■'■. 1) Paible technicite se traduisant par une relative stagnation tech-

nologique qui est, relon le eohema clr.ssiqiie du cercle vicieux du sous-d6veloppement,la cause ot en mtme temps la conae*quence

d'une mauvaise utilisation des t^rrer?, du sous-emploi de la

main-d'oeuvre rurale disponible, d:un revenu per capita relati

vement bas, et partant, d'un ^anqxie chronique de capitaux suscep-

"tibles de financer I'equipenent rural. .

2) Structures d'encadrement dos pveduoteurs ruraux et institutions

rurales defailiantss c^ ps^ticulier organisation inadequate dur marche interieur avec ocmrae consequence one tendance marquee a developper les cultures d'exportation (voire la monoculture d1exportation) qui souvent sont les seules qui rapportent,

Compte tenu de ces donnees, nous a^meitrons quo nos economies africaines se trouvent dans la phase de transition ent.re la societe traditionnelle et le stade du "take-off" (les techniques restent generalement en retard mais

^I'ec^nomie est de plus en plus orientes dans l!'optique du marche). Dans ces conditions on peut sugge*rer de fa9on sohomatique deux- series d'objectifs au developpement rural : des objectifs a court et mp^en termes ffune part et des obje<^tifs a plus long terme de l'autren

1/ *«w« Rostow - The process of Economic Growth. Oxford, i960.

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A« Ob.jectifs a court et moyen termes

Pour prendre un point de repere facile, ces objectifs pourraient correspondre a une periode de cinq ans, soit la duree d'une tranche quin- quennale du plan de developpement. Au cours de cette periode nous pensons que l'on devrait essayer d'atteindre quatre touts principaux.

Premier objectif : Amorcer l'accroisseraent du revenu per capita de la population active et par voie de consequence, celui de la population totale.

Cet otjectif se justifie par le fait que 1'ecart entre le revenu par unite- travailleur dans le secteur rural, en particulier dans 1'agriculture, et le revenu du travailleur des autres secteurs est considerable. L'etude de documents tels que "plans de developpement" et "comptes de la nation11 re- vele des rapports de l'ordre de 1 a 10 lorsqu'on compare le revenu du pa/san a celui de l'ouvrier du secteur industries Ce rapport descend a 1/20 si le revenu paysan est compare a celui de 1'employe du secteur des services. De tels ecarts peuvent entretenir un sentiment de frustration de certaines categories sociales vis-a-vis d'autres citoyens de la meme nation,

^ar ailleurs, c'est la que se trouve la veritable explication de 1'exode rural. Dans sa "Sociologie des Brazzavilles noires", Georges Balandier mentionne une enqueue sociologique qui lui a permis de determiner les

raieons de la migration des populations rurales vers les villes. II estime que 1'attraction familialo" ne joue qufun r81e secondaire (25 a 30 pour 100 des cas). Les considerations d'ordre econoraique constituent la motiva- tion pnncipale. Mgme dans le cas de !tl'attraction familiale", dit Balan dier, 1 initiative est economiquement determinee et elle vient ge*ne*ralement du bienfaiteur : "Un homme deja age veut avoir quelques jeunes parents avec lui pour 1'aider ou parce qu'il pense deja a sa succession. Un frcre alni invite son cadet a venir en ville afin de 1'aider a courir sa chance" i/.

r

L*accroissement du revenu du travailleur rural peut provenir soit de 1'augmentation de sa production, soit du relevement des prix, soit de 1 effet conjugue de ces deux elements. Une politique de revenu basee sur des prix elev^s n'est pas realiste car elle est generatrice d'inflation sur le plan mt^rieur, ce qui diminue le pouvoir d'achat rSel des revenus additionnels. En outre une telle politique peut reduire les possibilit^s d»exportation, les produits devenant moins concurrentiels^

A I'inverse, la chute des prix peut avoir un effet n^gatif sur la production. Elle tend a annuler le gain attendu des efforts realises en

vue d'accroltre le volume de la production.

L'accroissement du revenu du travailleur rural implique done une ame lioration de sa productivity mais aussi la garantie de prix stables. L'ame- lioration de la productivity du travailleur est le fait du progres technique qui permet un meilleur rendement dee facteurs de production (terre-capital- travailj. Quant a la stabilisation des prix, elle ne peut resulter que d'une politxque rationnelle de stoclcage et de commercialisation concue et

par les pouvoirs publics.

Balandier - Sociologie des Brazzavilies noires, Paris 1955.

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environ par an, eourbes 6ourbes

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Deixieme objectif Assurer au maximum la couverture des besoins alimentjiree de la population : La population africaine: se chiffre a

300 millions aujourd'hui et, au taux de croissance de 2,5 pour 100 elle. doublera avant la fin du siecle. Lorsque lfon examine les montrant 1'evolution de la population et de la production alimen—

taire e;i Afriqu.e au'cours des dix dernieres annees, on constate que ces ont sensiblement la mSme pente. En d'autres termes la production aliment lire par habitant a stagne. A titre d'exemple, en prenant pour base 100, lfindice de la production alimentaire par habitant pour la moyennfc des

annexes }952-1956, Involution entre 1960 et 1967 se presente comme suit 1/;

105

1961 100

1.962 104

1963

105 105

1965 103

MNMi

1966

100 104

On voit que la production alimentaire par habitant marque le pas. En fait,

les chiTfres oi-dessus, correspondant a 1'ensemble du continent, ne rendent pas com]>te de certaines situations oil la production tend a declines Les chiffreu cites montrent par ailleurs que si 1'on maintient la situation actuelle, les perspectives d'ame'lioration du niveau alimentaire des popu lations de l'Afrique prise dans son ensemble sont quasiraent nulles. Un effort <loit done §tre fait pour accroltre la production alimentaire a un rytbne aettement superieur au taux de croissance demographique. Cet effort doit porter non seuleraent sur lfaspect quantitatif, mais aussi sur 1*aspect qualitatif pour tsnir compte des exigences d'ordre nutritionnel.

Lo^squ'on examine la situation de la.production alimentaire a I'echel-

le du continent, il convient de ne pas perdre de vue que si certains pays, comme nous l'avons dit, presentent des tendances deficitaires, d'autres sont d^ja encombres dfexcedents. Ici doit intervenir la cooperation r€~

gionale,. Cfest pourquoi 1 ^initiative prise par l'OUA, avec l'appui de la 3?A0f de mettre en place des centres de stockage regionaux, veritables caisses df6pargne des produits alimentaires de base, doit 6tre encouraged en tant qu'etape importante vers 1'organisation de circuits d'echanges agricolos, point de depart d'un commerce intra-regional dont I1expansion est vit;ile pour le developpement economique de 1'Afrique. D'autres ini

tiatives a 1'echelon sous-regional, telles le projet de stabilisation des

grains $n Afrique centre-ouest, repondent a la mime preoccupation.

fr^isieme ob.jeotif

ter les

Aocirottre lesexportaigiohs et rgduire leo importations afin dtaugnen-

avec

duction solution

1/ FAO,

disponibilites en devises t La plupart des pays afrioaina ont un besoin icrgent et croissant de aevises necessaires a leur equipement»voire dans pea'tains cas a 1'importation d'aliments qu'ils ne sont pas en mesure de pryduire dans I'iramediat. Pour certains de oes pays le probleme de

iqui.ljj.bre de la balance coramerciale et de la balance des paieraents se pose

grave acuity. L'aocroissement des exportations provenant de la pro—

egricole, forestiere et des p§ohes constitue presque toujours la immediate a ces differents problemes.

La situation mondiale de 1'alimentation et de 1'agriculture, 1968.

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/

Certes, 1'aide exte*rieure contribue de fagon appreciable a pallier les de"faillances des finances publiques et de lfepargne nationale, mais ell© doit §tre consideree comme une solution provisoire s'il sfagit de dons et elle est parfois tres coftteuse lorsqu'il s'agit de prfits. Par ailleurs, les sources dfemprunts he"sitent devaut tin pays ou la monnaie est fragile et les finances nationales e"branlees. Or, une balance com- merciale et une balance des paiements en e"quilibre, ou raieux, exceden- taires permettent des finances saines et inspirent confiance a lfexterieur.

, Afin de maximiser le volume de devises disponibles, 1'effort d'ac-

croissement1 des exportations doit 8tre couple avec la reduction des impor

tations. Nous venons de signaler que certains pays sont encore amenes a, importer des produits alimentaires dont ils ne peuvent assurer la produc tion dans l'imraldiat. Cependant, dans une perspective quinquennale il est possible de modifier certaines tendances* Par exemple, un pays impor- tateur de maSs ou de riz peut, si les conditions de sol et de climat le

permettent (et c'est heureusement souvent le cas en Afrique) devenir auto—

suffisantj voire legerement exportateur en moins de cinq annees, Des exemples peuvent Stre cites. Ils meritent d'etre etudies et suivis. Le projet sous-regional de developpement du riz en Afrique occidentale sfen inspire. Sfil est mene a bien, cela se traduira par une economie de devises de plus de 50 millions de dollars des Etats-Unis par an pour la sous-region,

Quatrieme ob.jectif ; Reduire 1'exode _rufal et le sous-emploi

dans it jLes campagnes T LIagriculture africaine etagne et

l'Afrique est menacee de faim parce que, entre autres raisons, la popula tion active effectivement engagee dans les travaux des champs vieillit et risque de ne pas 8tre renouvelee a un rythme satisfaisant* En exagerant certes un peu, on peut dire que nos fils sont nourris par leurs grands- parents et que nos petits—fils risquent de nf$tre nourris par personnel puisque nous-m§mes et nos enfants desertons la campagne.

Selon une etude de la Commission e"conomique des Nations Unies pour 1'Afrique, 45 pour 100 des Africains ont moins de 15 ans et parmi ces jeunes 80 pour 100 sont des ruraux. Mais on sait qu'ils nfattendent que la premiere occasion pour cesser de l'Stre. Nous avons deja indique que le moteur qui les pousse vers les villes est d'ordre economise- avant- tout.

Les"r^tenir en .milieu rural n'est possible que si le probleme Sconomique pose est resolu a leur satisfaction. Cfest la un objectif majeur de tout programme de developpement rural en Afrique, car il s'agit dfune part de raobiliser les ressources humaines disponibles et de les utiliser de fagon productive la ou les possibilites d'emploi existent. D'autre part, ces jeunes representent l'avenir des nations et du continent et lfon ne peut se-desinteresser de leur sort sans encourir de graves dangers d'ordre social et politique. Cfest pourquoi l'examen de ce prpbleme constituera l'un des points importants d'une autre note qui sera presentee a la Conference.

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B. Cbjeccifs k long terme .(20-30 ans)

3i nous admettons que lea object ifs a, court et moyen termes correspondent

a unejperiode preparatoire sm cours de laquelle seraient etablies les pre"-condi

tions jdu decollage, "take-off", tel que precedemmeiit defini, les objectifs a long terrae (periode couvrant deu;: ou trois decades) doivent repondre a la mise en place d'une e"conomie ruraie a croissance automatique "self sustained growth11. Une telle phase du developpement eeonomiqie se caract&rise par le fait que "le taux d'investissement augmente de telle maniere que la produc tion ger oapita s*accrolt et cet aocroissement initial entraJne des change- ments radicaux dans les techniques de production et dans la disposition des flux de revenu, ce qui perpetue la nouvelle ^chelle d1investisseraerit et perp€tae par vo^e de consequence le mpuvement ascendant de la production per oabita" 1/.

. Ttel que defini oir-deseus, le !'iake-offlf suppose noh seuleraent des mutatipns aux plans techniques et e"conomiques mais aussi des changements dans l|e domaine 'social* Sfagissant de la transformation de l'economie, la question se pose de savoir si une telle transformation peut Stre le fait de l'ejcpansion de 1'agriculture ou si au oontraire 1 'industrialisation h*en est pa^ le meilleur instrument. Nous allons encore une fois faire appel a

Pierrej Moussa 2/ qui fait remarquer que mSme sit laissant de cdte les ' merite^.de J.'agriculture en tant que moyen de repartition Equitable du

revenu national^ 1'on considerait seulenent I'accroiBsejnent du revenu total, oet eJccrpIesement est dans la plupart des oas obtenu en agriculture a un citfi% mpindfe-que dans les autres secteurs. La raison en est que^dans les pa;rs sous-developpes; lfagriculture exiete d^ja alors que d'autres

secteu^s doivent gtre crees e:: nihilo. P. Moussa ajoute que dans beaucoup

de casi si 1'on considere toutes ies activites economiques ayant le mSme cou*t, l^inyestissement le ^1-iij reni-aole consiste a foui-nir des agents de vulgarisation aux villages afin d:enseigner aux paysans de raeilleures

methodfs de travail.

une

et

Erifin, on ne repetera jaraais assez que I5industrialisation nloessite agriculture productive gui eoit e 1© -fois source d'approvisionnement

Cas remarques preliminaires faites, quele peuvent §tre les objeotifs

a long|terme d'un programme de developpement rural ? Nous pensons a deux

objeotifs principaux.

\] W.lf. Rostow - The process of Economic Growth.

2/ P. ploussa - Nations proletaires.

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Premier ob.ibc^if : RecuLiser ie passage progressif de

la condition du paysan. au statut jj'ajyiculteur : Par "condition de paysan" nous voulons decrire une situation'caracte'risee par le retard tech- nologique et le manque de connaissances Sconomiques. Nous utilisons le terme "statut d'agriculteur" pour definir un type d'exploitant agricole qui, dote de savoir-faire et de moyens de production adequats, peut obtenir des

resultat3 dans des conditions d'efficacite econoraique certaine. Cette

evolution qui correspond a ce que Rostow appelle "changeraents radicaux dans les techniques de production11 est necessaire car les systemes de production mis en oeuvre en economie rurale traditionnelle ne permettent guere de depasser le niveau de subsistance. Cela signifie : peu ou pas de possibi

lity d'epargne, done capacite d'investir quasi nulle. Or, nous 1'avons dit, le "take-off" exige un accroissement des investissements. II faudra done appliquer en secteur rural des methodes assurant un haut niveau de produc

tion per capita et par voie de consequence un niveau de revenu permettant

la constitution d'une epargne susceptible d'accroltre le taux d'investisse-

ment. Ceci est drautant plus important que lfagriculture, les forSts, les

pSches, devront non seulement autofinancer leur propre developpement, mais

auasi degager des ressources pour le developpement industriel. En dehors des exigences d'ordre economique, la transformation de lfeconomie rurale, en particulier la modernisation de 1'agriculture, re"pond aussi a des pre occupations dfordre social, notamment en relation avec le probleme des jeun.es* he taux de scolarisation va croissant en milieu rural. Cela se traduit par une propension de plus en plus forte a accepter les innovations et a re.jeter les methodes de travail et le genre de vie traditionnels* Tant

qufil ne sera pas possible de l5utiliser dans les secteurs secondaire et

tertiaire, cette main-d'oeuvre potentielle ouverte au progres doit @tre canalis^e dans des activity rurales, notamment 1'agriculture.

, Deuxieme ob.iectif : Reorientq:.~ ei; diversifier les activity rurales : Nous avons de*fini le secteur rural comme essentiellement compose" par

lfagriculture (y compris lselevage)7 les for§tsf les pSches. Cette defini

tion qui correspond a i'image actuelle de 1'economie rurale afrioaine (et

nous^1'avons montre) est cependant theoriquement inexacte. A la limite le qualificatif'rural" pom-rait, dans le cadre d*une politique rationnelle

d'am^nagement du territoire national, s:associer autant avec "INDUSTRIE"

aussi bien qu'avec "AGRICULTURE11. Cette remarque nous conduit a suggerer que le developpement rural pourrait ne plus s'identifier totalement au developpement agricole.

La diversification des activit^s rurales est en fait une ne*cessite* et doit 8tre realis^e une fois les conditions de base remplies. Elle trouv6

sa justification dans les raisons suivantes :

a) Parole fait du progres technique, une agriculture qui se deVeloppe

libere progressiveraent et obiigatoirement la main-d'oeuvre devenue

excedentaire et inutile au niveau des exploitations agricoles.

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b) j Par contre, une telle agriculture a uctf beejoinrf croissants de.

services de plus en plus complexes qui doivent lui §tre offerts par des societes specialisees non-agricoles ou para-agricoles (en

amont de la production : engrais,. maisons de vente et ateliers de

reparation de machines agricoles, entreprises de construction...

En aval : organisme de itockage et de commercialisation des pro- duits, approvisionnement en divers biens de consommation, etc).

c) Le progres economique implique qu*en aval de la production agri-

cole 1'on trouve egalement des structures de transformation aussi

poussee que possible. C'est la une condition essentielle a la valorisation optimale de la production qu'elle soit agricole, forestiere ou piscicole.

Cfelst ici qu'intervient le role de ^'industrialisation. "L• industria lisation est si communement considered cotnme un aspect si fondamental du deVelopptement que ces deux substantifs sont souvent utilises comme syno- nymes. On doit tenir compte de la psychologie des pays sous-developpe*s.

Une cheraiine'e d'usine a ici une valeur mythique. Elle exprime le succes d'un payB, son adequation au monde moderne. Ainsi done outre les raisons objeotivies de 1'industrialisation, il y a la raison supplementaire sui- vante : 1"absence de chemin6e dfusine cree un complexe social" i/.

Cette afrimation de Pierre Moussa a notre avis correspond a une rea- lite psycho-sociologique, mais nous, suggerons plutot que 1'industrialisa tionbas€e sur des matieres premieres agricoieB venan-t du terroir, consti- tue a la foi& un moyen de creation et de diversification de l?emploi ot s*il s'agit dfindustries agricoles de substitution, une source d'econo- mie de devises. La politique d1industrialisation peut envisager des indus tries agricoles de taille moyenne aussi bien que de multiples petites unite's artisanales, semi-industrielles on industriel!^. bashes sur lfem- ploi intensif.du facteur travail (main-d'oeuvre) plutfit que du capital.

En dehors de la diversification des aotivites, a savoir de lremploi en milieti rural, un autre objectif devra ^tre la reorientation de la pro duction agricole. Dans les pays developpes une caracteristique de l'6co- nomie ru^ale est que la production agricole est avant tout orientee vers la satisfaction des besoins interieurs, seuls les excedents etant exports, parfois ip@me a des prix subventionnes. De melne les schemas de production de I1 agriculturei'dans la phase de decollage doivent Stre congus d'abord en fonction des besoins interieurs et viser, entre autres? les buts suivants :

- ParacKever la satisfaction des besoins alimentaires hationaux du pQint de vue quantitatif et qua!itatif, les ameliorations quali- tatives devant retenir de plus en plus 1'attention au detriment de lfaspect quantitatif, car 1'amelioration du niveau general du revenu entratne logiquement une amelioration de la qualite* du regime aliraen- taire et un elargissement de 1'eventail des produits consommes;

\j Pierre Moussa - Mat ions proletaires.

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-. Servir de support a 1'industrialisaticn en fournissant une gamine

, Vari'4e de matieres premieres, pour les industries, en parfciculier a

\ cell es qui permettent de substituer des biens produits localement

a ceux.habitueilement import6s. ■ ..

Une, telle orientation evite a l'economie. en phase de decollate, une dependance excessive vis-a-vis de I'exterieur et reduit les risques de se voir trop exposee aux fluctuations des prix mondiaux,. fluctuations qpii peuvent remettre brutalement en cause les progres realises durant de lon- gues annexes d1 efforts*

Comme on le voit, les objectifs proposes en matiere de deVeloppement rural impliquent des changements a la fois dans les trois domaines : tech*

nique, economique et social, domaines qui sont lies car le progres techni—

que engendre le progres economique qui a son tour entratne le progres social*

Iife*tude d^taillee de ces trois composantes du progres fera lfobjet d'autres exposes, de m§me que lfanalyse des problemes poses par la realisa tion des objectifs du d^veloppement. II nous suffira de rappeler que ces problemes sent d'ordre humain comme le probleme des stimulants economiques . ou oelui de la receptibilite1 aux innovations et aux changements sociaux.

Us sont aussi d'ordre technique et economique oomme celui de la planifica-*

tion, de I'accroissement de la production et du revenu, du choix des sp€*> - culations agricoles, de 1'organisation des marches. A' la base des solu tions" possibles ktous ces problemes, il y a bien entendu 1'education,

qufelle»f)renne le nom de vulgarisation agricole, d'alphabetisation ou - ■ •■

d'animation rurale. , .;.

et. conclusion

Les activity rurales constituent la base de 1'economic de lfAfrique»

II s'ensuit que le developpement rural conditionne la promotion economique et sociale du continent. Ce developpement doit passer par plusieurs etapes dont la plus importante est la phase de decollage ou "take-off" qui implique le progres technique, la transformation des structures economiques et des . metamorphoses dang le domaine social. Ces transformations engendrent la croissance 6conomique automatique "self sustained growth" dont le result at est, pour les.masses rurales, 1'acces au raieux-Stre. Ce resultat ne peut toutefois Stre atteint qu'a travers un programme de d^veloppement qui fixe::-:

des objectifs a court, moyen et long termes. Les buts a atteindre sont : l*autonomie alimentaire des populations concern^es, la creation dfemploisf la diversification des activites rurales, lraccroissement du revenu per capita, autant d'elements qui contribuent a 1'elevation du niveau de vie et

a Ifamelioration du genre de vie des populations rurales., *

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