LA DURÉE DE VIE DES REINES D’ABEILLES
(APIS MELLIFICA MELLIFICA L.)
EN CAGES D’EXPÉDITION
J.
FRESNAYEStation
expérimentale d’Apiculture,
Centre de Recherches
agro ll omiques
du Sud-Est,MOlltfavet
(Vaucluse)SOMMAIRE
L’auteur étudie l’influence du nombre des abeilles
d’accompagnement
sur la durée de vie des reines en cagesd’expédition.
Il met en évidencel’importance
du volume de la cagequi
doitêtre
proportionnel
au nombre d’abeillesqui l’occupent,
ainsi que l’influence de divers autres facteurs tels que la nourriture etl’hygrométrie.
INTRODUCTION
Le
transport
des reines d’abeilles a débuté presque en mêmetemps
quel’api-
culture moderne en ruches à cadres
mobiles,
il y a une centaine d’années.D’abord,
des ruchespeuplées
furent seulestransportées
sur des distances deplus
enplus longues.
Puis ons’aperçut
que les reinespouvaient
voyager dans des conditions moins onéreuses etplus
facilesqu’avec
leurruche,
c’est-à-dire dans depetites
cages contenant seulementquelques
abeillesd’accompagnement
et un peu de nourriture.Ce fut la naissance des
cagettes
pour letransport
des reines en mêmetemps
que celle de laprofession
d’éleveur de reines.Il
apparut
alorsrapidement
un trèsgrand
nombre de modèles de cagesd’expé-
dition. Le
principal problème
considéré dans l’élaboration de leurconception
n’étaitd’ailleurs pas celui des conditions de voyage mais celui de l’introduction des reines
après
le voyage. Une reineétrangère,
et surtout une reineayant voyagé,
nepeut
être introduite dans une ruche sans degrandes précautions
souspeine
de la voirattaquée,
« emballée» ( 1 )
et tuée dans laplupart
des cas. C’estpourquoi,
afin d’éviter desmanipulations trop
délicates outrop longues,
la cage detransport reçut
la mission( 1
) La reine étrangère se trouve entourée par un grand nombre d’ouvrières qui forment autour d’elle
une « balle » ; d’où le terme emballée » utilisé par les apiculteurs.
d’assurer l’introduction de la reine dans sa nouvelle ruche. La cage Benton fut l’une des
premières
utilisées enapiculture.
I,aplupart
des autres cages d’introductionne sont, en
fait,
que desvariantes, plus
ou moinscompliquées,
du modèle Benton.Elle
garde
d’ailleurs la faveur de lamajorité
des éleveurs de reines en raison deson bas
prix
derevient,
de sasimplicité,
et d’unpourcentage
d’introductions réussiesqui égale approximativement
celui des autres cages basées sur le mêmeprincipe.
I;n Ig40,
S,EI,’C!ROVF publiait
unrépertoire complet
des différentes cages et méthodes d’introduction des reines et faisait lepoint
des connaissances à cesujet.
Plus
récemment,
différents auteurscontribuèrent,
à l’étude des conditions de vie des reines et des abeilles ouvrières en cages.W OODRO’U
-
( 193 8, 1941 )
compare la durée de vie de reines en cages avecapport
d’eau et sans eau, dans des étuvesayant
destempératures
de 2g° à 30° et 19 à 66 p. 100 d’humidité relative. Il trouve que 93 p. 100 desreines,
nourries avec du« candi à reines
n (miel
et sucre enpoudre,
malaxés pour former unepâte
trèsferme), pourvues
d’eau accessible dans depetits flacons,
viventplus
de deux semaines. Par contre, io p. 100 seulement des reines nourries au candiseul,
sansapport d’eau,
viventplus
de 5jours.
D’après
MAURIZIO(m I4 6), l’approvisionnement
en eau et latempérature
sontdes facteurs
capitaux.
I)es abeillesencagées, privées d’eau,
vivent trois àquatre
fois moinslongtemps
que cellesqui
sont bien abreuvées. L’humidité de l’air estégalement
un facteur trèsimportant.
La survie n’excède pas8, 4 jours
à 97 p. 100d’humidité
pour atteindre 35,2jours
à 25 p. 100. NIALIRI710 trouveégalement
degrandes
différences entre abeilles d’été et abeillesd’hiver ;
lespremières
vivaienten moyenne 24 à 2j
jours,
les secondes3 6
à 37jours (chiffres
voisins de ceux de FREE et SPEXCERBOOTH(m!5c!).
ROCKSTEIX( 1950 )
trouve une moyenne de vie de 51jours ;
les abeilles
encagées
vivraient 2 à 3 semaines deplus.
Un facteur trèsimportant
aété étudié par CHAUVIN et GRASSE
( 1944 )
et CHAUVIN( 1951 ).
Ils’agit
de l’effetde groupe,
lequel
estparticulièrement important
chez l’abeille. Celle-ci meurt trèsrapidement,
en 8jours
auplus, lorsqu’elle
estisolée,
même si elle est maintenue dans des conditionsphysiques identiques
à celles des groupes. Pour obtenir une bonne survie ilfaut dépasser
30 abeillesPar
cage. Ce nombre minimum de 3o abeilles seretrouve
également
dans l’étude sur lethermopréférendum
de l’abeille faite par LAVIE et ROTH
( 1953 ).
KHnxcH!v! ( 1957 )
maintient des reines dans depetites
cages avec io abeillespendant
17 à4 6 jours ;
elles sont nourries aumiel ;
les abeilles mortes sont enlevéespériodiquement
etremplacées
par dejeunes
abeilles. I,’addition de ces nouvelles abeilles provoquel’augmentation temporaire
dupoids
des reines et démontrel’impor-
tance de l’état
physiologique
des abeillesd’accompagnement
sur la santé des reinesqu’elles
nourrissent.Par
ailleurs,
Ar,t,!!(ig 5 j) signale
que ce sont les ouvrièresâgées
de i à mjours qui
nourrissent la reine et que cellesqui
ont de 1 à3 6 jours
la lèchent.Enfin,
desexpériences
de 1>REHER( 1954 )
concernant lesconséquences
d’uneclaustration
prolongée
des reines fécondes démontrent quejusqu’à
2jours
etdemi
cette claustration n’a aucune
conséquence
grave.Mais,
dès le 3ejour,
l’activité deponte
ultérieure estperturbée,
et àpartir
dit sixièmejour,
41p.
100 des reines claus- trées !aePeuvent franchir
l’hiver.La cage Benton, ainsi que toutes les cages décrites par
S XELGROVE ,
nepeuvent
recevoir
qu’un
trèspetit
nombre d’abeilles : une dizaine engénéral ;
en raison deleur faible
volume,
bien souvent ce nombre n’est pas atteint.On trouve
plus fréquemment
dans ces cages ou 6 «accompagnatrices
». Plu-sieurs raisons sont à
l’origine
de ce volume réduit ainsi que dupetit
nombre d’abeillesaccompagnant
la reine :a)
La cage d’introduction doitpouvoir
seglisser
entre les rayons des ruches.b)
Son faible volumepermet
de grouper 10, 20 ou 50cages et doitpermettre
le
transport
par avion et parposte
pour un minimum de frais.c)
Lesaccompagnatrices
sont très malacceptées
dans les ruches ainsi que l’ont démontré OROSi-PAT.(zgjj) puis
MORSE et C!_9Ry( 19 6 1 ) ;
àplus
forte raisonlorsque
leur nombre est élevé.
d)
Les nuclei de fécondation sontparfois
peupeuplés
et leprélèvement
d’uncertain nombre d’abeilles au
profit
des cages detransport risquerait
detrop
les affaiblirlorsqu’ils
doivent servir pour de nouvelles reines.e)
leprélèvement
des abeilles et leur introduction dans les cages se fait enles
prenant
une à une,généralement
à l’aide d’unepince entomologique
trèssouple
dite «
pince
de chasse o. Ce travail est trèslong
et rebute les éleveurs de reines.f)
Les recherches concernant la durée de vie des abeilles en cages ont, pour laplupart,
été faites enétuve,
donc dans des conditions très artificielles. Ellessont peu nombreuses en ce
qui
concerne letransport
des reines et, en outre, les résul-tats obtenus par les chercheurs sont méconnus des
apiculteurs.
Il nous a semblé que
l’importance
du nombre d’abeilles dans les cages de trans-port
pour reines avait étébeaucoup
tropnégligée jusqu’à présent.
Nousprésentons
ici les résultats
d’expériences qui
montrent que nos connaissances sur laphysiologie
de l’abeille
encagée
sontsusceptibles
de trouver uneapplication pratique
dans ledomaine du
transport
des reines àlongue
distance.MATÉRIEL
ETMÉTHODE
La cage
expérimentale
utilisée(fig,
i) a pour dimensions io5 mm delong,
5o mm delarge
et 23nun
d’épaisseur.
Les côtés et la cloison sont en bois blancde
mmd’épaisseur,
le fond encontreplaqué de
3 mm, le dessus en grillage à mailles de 2 mm. Le volume réservé aux abei2lesest ainsi de !z cm3et celui destiné au candi de 6 6 cm&dquo; environ. Les deux côtés les moins
longs
formentdes couvercles dont l’ouverture totale permet d’un côté d’introduire le candi et, de l’autre, de faire pénétrer les abeilles. On
opère,
soit en glissant la cage lelong
du cadregarni
d’abeilles,sans appuyer, soit en faisant tomber d’une
légère
secousse la petite grappe d’abeillesqui
se formesouvent v la base des cadres que l’on sort des ruches ou des nuclei de fécondation. Un trou de 10 mm
de diamètre,
pratiqué
dans le couvercle du côté réservé aux abeilles, permet d’introduire facilement la reine dans la cage après le chargement des abeilles.Les cages Benton
qui
nous ont servi pour lescomparaisons
sont du type leplus
courant, dont les dimensions extérieures sont de 100 mm X 32 mm X 22mm, Ce modèle de cage est mondia- lement connu, nous n’en donnerons donc pas dedescription plus détaillée.
L’eau est offerte aux abeilles dans les cages à l’aide d’un morceau de coton
hydrophile
imbibé d’eau,déposé
sur legrillage
dans lapartie
de la cageopposée
à cellequi
contient le candi. Il fauttoujours prendre
toutes lesprécautions
nécessaires pourqu’il
ne s’écoule aucune goutte d’eau dans la cage afin que les abeilles ne se mouillent pas ou que le candi ne fonde et lesenglue.
Les reines
jeunes
ont étéprélevées
dans des nuclei de fécondation, environ deux semainesaprès qu’elles
aient commencé apondre.
Elles sont donc dans des conditionsphysiologiques
compa- rables à celles des reines habituellementexpédiées
par les éleveurs.Les reines âgées de 2 ans ont été prélevées dans des ruches destinées à la
production
de miel.A cet âge, elles étaient vouées à une
rapide disparition
et l’on ne pourra s’étonner de trouver de très grandes variations dans les résultatsqu’elles
fournissent.Le candi
qui
sert de nourriture dans les cages est le !c candi à reines » ordinaire. Il estcomposé
de miel
liquide auquel
onincorpore,
à chaud, du sucre enpoudre
très finjusqu’à
saturation, defaçon
à obtenir unepâte
très ferme.Au cours des différentes
expériences,
les cagettes contenant reines et abeilles ont étéplacées
dans une
grande
boîte en carton, aérée nmis obscure. Cette boîte et son contenu restaient soumisaux variations de
température
et de l’étathygrométrique
de l’air au laboratoire. Au cours desexpériences,
la température a oscillé entre znet 290et l’humidité relative entre 50 et 65 p. 100, suivant lesjours
et les heures. Ainsi, les conditions de vie de ces abeilles se trouvaient aussiproches
que
possible
de celles rencontrées lors d’un transport de reines dans laplupart
des cas sous notrelatitude et
pendant
la belle saison.RÉSULTATS
Au cours de nos
expériences,
nous avons étudié un certain nombre depossibilités
de conditions de vie avec nos cages
expérimentales
et les cages Benton. Nous avons réuni les résultats dans le tableau iqui permet
de comparer les divers essais. Tous les détails concernant chacune desexpériences
sont donnés ci-dessous :1
°
Cages Betttott,
reitaesjeunes, accompagnées
de 10ouvrières,
sansapport
d’eauLa
plupart
des reinesexpédiées
dans le monde par les éleveurs se trouvent dans des conditions de vieproches
de celles de cette série. Elle nous servira donc de base decomparaison
pourjuger
les autres essais.Cependant,
en raison des résultatsobtenus dans l’ensemble de nos
expériences,
nous devons considérer que les conditions de survie de cettepremière
série sont meilleures que celles rencontrées habituellement car, bien souvent, ou 6 ouvrières seulementaccompagnent
les reines. La durée de survie des reines de cette série estcomprise
entre 12 et 27jours ;
la durée moyennepour la série est de
W,! jours.
2
°
Cages Benton,
reinesfeunes, accompagnées de
10ouvrières,
avecapport
d’eauL’apport
d’eau estpratiqué
commeprécédemment
décrit. A la suite des travaux antérieursdéjà cités,
nouspensions
obtenir uneaugmentation
notable de la duréede vie des reines et des abeilles de cette série. A notre
grande surprise,
la durée de vie moyenne fut seulement de12 ,6 jours
avec des extrêmes de 8 et 19jours.
Nousretrouverons d’ailleurs cette différence dans les séries réalisées avec nos cages
expé-
rimentales et nous tenterons d’en déterminer les causes.
3
°
Cages Be!ato!s,
reinesjeunes, accompagnées
de 20ouvrières,
sansapport
d’eau.Le nombre d’abeilles réunies dans les cages de cette série est bien
proche
dumaximum
possible ;
ilfaut,
eneffet,
que les insectespuissent
continuer à sedéplacer
assez librement. La
comparaison
avec les témoins de la série iindique
des résultatslégèrement
meilleurspuisqu’on
trouve une durée de vie moyenne de ig,ijours
avec des extrêmes de 15 et de 25
jours.
Le chiffre de io abeilles que nous utilisons dans les autres séries en cages Benton est donc loin d’être un maximum car sonaugmentation
ne réduit absolument pas la durée de survie des abeilles dans les cages.4!
Cages expérimentales,
reinesjeunes, accompagnées
de 40 à GO ouvrières sansapport
d’eauDans ces cages, les ouvrières circulent très librement sans toutefois
disposer
d’un
trop grand
espace. Le tableau i montre que nous obtenons ici les meilleurs résultats de l’ensemble de nos essais avec cetype
de cage et ce nombre d’abeilles : 3!,2jours
de moyenne de vie(minimum
23jours, ma Y imum q 7 jours).
Ces excellents résultats semblent être dus à un bonrapport
entre le volume de la cage et le nombre d’abeillesqui
lapeuple.
On y trouve sans doute réunies les meilleures conditions de viepossible
dans unpetit
volume. Les nécessitésphysiologiques
de l’abeille y sontlargement
satisfaites.5
0 Cages expérimentales,
veinesjeunes,
accompagnées
de 40 à 50ozevvièves,
avecapport
d’eauLes conditions de vie dans cette série sont les mêmes que dans la
précédente,
a seule différence étant
l’apport
d’eau. Nous avons ditdéjà,
à propos de la série 2, notresurprise
de voir les abeilles abreuvées mourir avant les abeilles sans eau.Nous retrouvons ici des résultats
analogues.
Bien que la moyenne de vie(26,! jours)
soit inférieure de
8, 7 jours
à celle de la sérieprécédente (sans eau),
ce résultat vienten deuxième
position
pour l’ensemble de nos essais.Il semble que la réduction de la durée de vie sous l’action de
l’apport
d’eau soitexplicable.
Dans les travaux que nous avonsprécédemment cités,
l’eau esttoujours
distribuée dans des abreuvoirs
spécialement
conçus à cet effet.L’orifice qui permet
aux abeilles de boire est très
petit ; ainsi, l’évaporation
est minime et lepourcentage
d’humidité de l’air à l’intérieur de la cage n’est pasaugmenté.
En outre, lesexpé-
riences étant conduites dans des
étuves,
lepourcentage
d’humidité dans l’air étaitréglé automatiquement.
Par contre, dans nosessais,
le coton imbibé d’eau couvre unepartie
dugrillage
d’aération de la cage. Bienqu’aucune goutte
deliquide
n’aitcoulé dans les cages,
l’évaporation
a puaugmenter
lepourcentage
d’humidité dans l’air des cages et nuire ainsi à lalongévité
de leursoccupantes.
Le refroidissementprovoqué
parl’évaporation
de cette eaupeut également
être mis en cause. Maisun autre
facteur, qui
ne serait pas àimputer
à lafaçon
de distribuer l’eau mais à l’eauelle-même, peut
êtreinvoqué.
Nous avons étéfrappé
par la différence de pro-preté qui
existe dans les cages contenant des abeilles abreuvées et les autres. Les cages contenant des abeilles non abreuvées restent propres, sansdéjections ;
aucontraire,
les autres sont très souillées d’excréments. Lesabeilles, qu’elles
soientvivantes ou à l’état de
cadavres,
deviennent noires etgluantes,
alors que celles des cages sans eau restent sèches et propres.L’ampoule
rectale des ouvrières abreuvées estgonflée
d’excrémentsliquides.
Il semble que ces abeilles consommenttrop
de candi. L’eau leurpermet
de le diluer sans difficulté. Par contre, les abeilles des cagessans eau sont soumises à une diète
partielle
du faitqu’elles
nepeuvent
consomcner le candi que trèslentement ;
de cefait,
elles viventplus longtemps.
6°
Cages expérimentales,
reinesjeunes, accompagnées de
20ouvrières,
sansapport
d’eauCette série est à comparer à la série 3.
Ici,
c’est l’influence duvolume,
pour un même nombred’abeilles, qui
est testée. I,a moyenne de durée de vie est de 17jours (
12
à 34jours).
Ce maximum de 34jours
fausse notablement la moyenne. En effet la reine n° 6 constitue un casunique
au cours de nosexpériences.
Elle a réussià vivre 7
jours après
que la dernière abeille de la cage soit morte, cequi
ne seproduit jamais.
Onpeut
se demander cequi
a pu luipermettre
une telle survie. La moyennese situerait
plus
normalement à 14jours
environ. On note un raccourcissement très net de la durée de vie parrapport
à la série 3, raccourcissementqui peut
êtreimputé
à une
occupation
insuffisante de la cage, donc à une densitétrop
faible d’abeilles pour le volumedisponible.
Nous retrouvons,quoique beaucoup
moinsmarquée,
ladifférence existant entre les séries i et 3.
7
° Cages expérimentales,
reinesje2craes, accompagnées de
70 à 80abeilles,
sansapport
d’eauNous testons ici la densité maximum d’abeilles dans les cages
expérimentales.
Cette série est
également
à comparer aux séries 3, 4 et 6. La durée moyenne de vie de 20jours ( 1 6
à 29jours),
lui donne la troisièmeplace
dans nos essais. Onpeut
supposer que le nombre d’abeilles y favorise une
longue
durée de vie mais quel’opti-
muni de densité de
population
estdépassé.
8°
Cages Benton,
reinesâgées
de 2 ans,accompagnées
de 10ouvrières,
sartsapport
d’eauBien que les reines
âgées
soientbeaucoup plus
rarementexpédiées
en cages detransport
que les reinesjeunes,
il nous a semblé intéressant de connaître leurspossi-
bilités de survie dans les mêmes conditions. Les résultats de cette série et des sui- vantes seront
cependant
moinsprécis
que ceux des essais sur les reinesjeunes
carnu facteur très
important, négligeable
chez les reinesjeunes, s’ajoute
dans le casdes reines
âgées.
Ils’agit
de lagrande
variabilité nafurelle de la durée de vie desreines.
Ainsi,
dans cettesérie,
le maximum de vie de z6jours
estquadruple
du mini-mum, 4
jours.
La moyenne de vie est de8, 2 jours. Comparé
à celui de la série i,ce résultat montre une réduction de
plus
de 5o p. 100 despossibilités
de survie chezles reines
âgées
de 2 ans.g° Cages Benton,
reinesâgées
de 2 ans,accompagnées de
10 ouvrières avecapport
d’eauCette série est semblable à la série 2 mais avec des reines
âgées
au lieu de reinesjeunes. Comparée
à la série8,
on constate un raccourcissement de la durée de survieprovoqué
parl’apport d’eau,
cequi
confirme les résultats obtenus dans lesprécé-
dentes séries. I,a durée moyenne de vie est de
7 ,6 jours (6
à 12jours).
10
°
Cages expérimentales,
reinesâgées
de 2 ans,accompagnées
de 40 à 50ouvrières,
sansapport
d’eauC’est la
répétition,
avec des reinesâgées,
de la série 4.Comparée
à la série 8en cages
Benton,
on retrouve la mêmeaugmentation
de durée de vie due au nombreplus important
d’ouvrièresqui accompagnent
les reines. La durée de vie moyenne est de 14,9jours ( 7
à 22jours).
m°
Cages exPérimentales,
reinesâgées
de 2 ans,accom!agnées de 40
à 50ouvrières,
avecapport
d’eauC’est la
répétition,
avec des reinesâgées,
de la série 5.Comparée
à la série 10,cette série montre une amélioration de la durée de
vie ;
19jours
de moyenne( 14
à20
jours).
Il semblerait due les reinesâgées
aient unplus grand
besoin d’eau que lesjeunes
reines.Cependant, l’interprétation
des résultats estplus
délicate dans lecas des reines
âgées
en raison de la variabilité naturelle de leurspossibilités
de survie.r2°
Cages expérimentales,
reinesâgées
de2 arzs,
isoléespar
zengrillage aecom!agnées de
40 à 50ouvrières,
sansapport
d’eauLes reines sont isolées par un
grillage
à mailles de 2,5 mm. Cette série a étéajoutée
dans le but de tenter de concilier les difficultés de l’introduction des reines et les
problèmes
detransport.
La cage intérieure engrillage qui
contient la reine seulepeut
être retirée de la cage detransport
sansrisque
de la blesser ou de laperdre.
Son très
petit
volume luipermet
de servir ensuite de cage d’introduction.Les très mauvais résultats obtenus au cours des
premiers
essais nous ontrapi-
dement fait abandonner cette tentative. 3 reines ainsi
emprisonnées
donnèrent unedurée moyenne de vie de
q.,6 jours.
Une seconde raison aprovoqué
l’abandon de cette méthode : le peu de chances devulgarisation
d’untype
de cage forcémentcomplexe
et d’unprix
de revient élevé. Elle étaitpeut
êtreperfectible cependant,
car SEBESI
( 1957 )
et GRIFFIN( 19 6 3 )
ont fait hiverner des reines isolées dans des cagesgrillagées,
mais dans des groupes d’abeillesbeaucoup plus importants.
FREEet BUTLER
( 195 8)
ont montré que lagrandeur
des ouvertures à traverslesquelles
les abeilles
pouvaient échanger
de la nourriture étaient au minimum de 2,5 mm.OBSERVATIONS SUR L.B !OBSO’:!IVI!1TI0B DU CAXDI
Le volume du
magasin
destiné au candi dans nos cagesexpérimentales
est de1
6 cm3
environ,
cequi représente
unpoids approximatif
de 23 g deprovisions.
Ces 23 g de candi suffisent à la nourriture des 40 à 50 abeilles de nos cages
expérinien-
tales
pendant
une durée de 14 à 16jours.
La nourriturejournalière
pour un tel groupe d’abeilles est donc d’environ r,! g, soit o,033 g parabeille,
ou encore, 0,5 g pour une abeillependant
15jours.
Dans les conditions extrêmes de nos
expériences,
allantjusqu’à
la mort desabeilles et des
reines,
nous étions dansl’obligation
de renouveler la réserve de candi avant sonépuisement
total. Il est absolumentindispensable qu’il
ne manquejamais
de candi dans les cages, car les
reines, qui
meurent habituellement les dernièresou presque, meurent
régulièrement
dans les 24 heuresqui
suivent le manque de nourriture. Par contre, un certain nombre d’abeilles surviventquelques jours
à lareine. Il semble donc que les abeilles abandonnent la reine et cessent de la nourrir dès que la nourriture est
épuisée
et que celle-ci résiste moins bien que les ouvrières à la famine. Nous n’a!-ons pasjugé
utiled’augmenter
le volume dumagasin
destinéau candi dans nos cages
expérimentales
car, dans les conditions normales detransport
dereines,
iln’y
apratiquement
pas derisques
quel’emprisonnement
de la reineatteigne
15jours.
DISCUSSION
Les
expériences
dont les résultats sontprésentés
dans le tableau i démontrentune très nette
supériorité
des cagesexpérimentales
que nous avons décrites sur les cages detransport
de reines habituellement utilisées.La durée moyenne de vie des reines dans nos cages atteint 35,2
jours
dansl’expérience
n° .1qui
réunit les meilleures conditions : !o à 50 abeilles par cage, volume convenable de cette cage, pasd’apport
d’eau. Les reines de la série n° 5atteignent
une durée moyenne de vie de2 6, 5 jours
dans les mêmes conditions que la sérien° 4 mais
avec, en outre, unapport
d’eau à l’aide de cotonhydrophile.
L’eauainsi
apportée
est nuisible aux abeillespuisqu’elle
cause une réduction de la durée moyenne de vie de8, 7 jours, qui provient probablement
del’augmentation
du tauxd’humidité de l’air de la cage, du froid occasionné par
l’évaporation
de cette eauainsi que,
principalement,
dugonflement
anormal del’ampoule
rectale dîi à uneconsommation
trop importante
de nourriture.Les reines
accompagnées
de 10 abeilles dans les cages Benton ont une durée moyenne de vie de1 8, 5 jours.
La différence avec les reinesaccompagnées
de 4o à 50
abeilles atteint
16,! jours.
Il est donc indiscutable que l’influence du nombre d’abeillesd’accompagnement
estprimordiale
en cequi
concerne la durée de vie des reines dans les cagesd’expédition.
La
figure
2,qui
groupe les résultats obtenus avec les cagesexpérimentales
dansles séries 4 et 5 d’une
part,
et ceux obtenus avec les cages Benton dans les séries i et 2 d’autrepart,
illustre bien nos résultatspartiels.
Les
reines âgées
de 2 ans des séries 10 et mcomparées
à celles des séries 8 et 9(fig. 3 )
fournissent des résultats en accord avec notre thèsepuisque
nous trou-vons 14,9 et I9
jours
de survie pour les reinesaccompagnées
de 40à 5o abeilles contre seulement8, 2
et7 ,6 jours
de vie pour les reinesaccompagnées
de 10 abeilles. Les sériesgroupées
dans lesgraphiques
desfigures
2 et 3permettent
d’établir des moyennes sur deplus grands
nombres. On trouve, pour les reinesjeunes
en cagesexpérimentales,
une moyenne de survie de 31,73jours,
et pour les reinesjeunes
en cages Benton, de
1 6, 0 jours.
Pour les reinesâgées
de 2 ans, la moyenne, dans les cagesexpérimentales,
est de1 6, 07 jours ;
dans les cages Benton, elle est de8,o jours.
Ainsi,
la durée de survie des reines estpresque
doublée dans les cagese. ’ Upérimeiiiales comparativement
aux cagesBenton,
et cela aussi bien pour les reinesjeunes
que pour les reinesâgées
de 2 ans.Les reines
âgées
de 2 ans ont une durée de viebeaucoup plus
courte que les reinesjeunes, lorsqu’elles
sont en cages, mais les cas detransport
de reines de cetâge
sont extrêmement rares dans lapratique.
La série 3
( 19 , 1 jours
de durée moyenne devie,
cages Benton avec 10abeilles), comparée
à la série i(r8, 5 jours
de durée moyenne devie),
estégalement
en faveurde
l’augmentation
du nombre d’abeilles.Comparée
à la série 6( 17 jours
de duréemoyenne de
vie),
elle démontre que le volume de la cage doit êtreproportionnel
au nombre d’abeilles et que, dans ce dernier cas, les abeilles sont
trop
peu nom- breuses pour nos cagesexpérimentales.
Al’opposé,
la série 7( 20 jours
de duréemoyenne de
vie), indique
que le nombreoptimum
d’abeilles pour nos cages estdépassé.
Il est vraisemblable que,puisque
nos cagesexpérimentales
utilisées dans les conditions de la série 4, donnent les meilleursrésultats,
uneaugmentation
pro-portionnelle
du volume de la cage, de lanourriture,
et du nombre d’abeilles amé- liorerait encore la durée de vie des reines. Mais il faut considérer la destination de ces cages. Elles doiventpermettre
letransport
des reines dans de bonnes condi-tions,
defaçon pratique,
et à peu de frais. Dans cesconditions,
il semble que lesproportions
que nous avons retenues soient lesplus
raisonnables.L’amélioration de la durée de vie que nous avons obtenue est telle
qu’il
estvraisemblable
qu’elle corresponde
à unplus grand respect
des besoinsphysiologiques
des reines sur le
plan
deséchanges
denourriture,
de laproduction
de chaleur et de l’effet de groupe. Les travaux antérieurs nous confirment d’ailleurs dans cette idéequ’il
estimportant
dedépasser
le seuiL quereprésente
le nombre de trente individus environ àpartir duquel
la survie est nettement favorisée parrapport
à cequi
se passedans les groupes
numériquement plus
faibles.Il est bien évident
qu’en
soi la durée de vie maximum des reines en cagesd’expé-
dition ne
présente
que peu d’intérêt sur leplan pratique,
car on s’efforcetoujours
de réduire le
plus possible
la durée destransports.
Il est rare que celle-cidépasse
trois
jours
dans les conditions du traficpostal
intérieur etcinq jours
dans les condi- tions du trafic international.Cependant,
on est en droit de se demander sil’augmen-
tation de la durée de survie que nous avons réussi à obtenir ne
peut
pas être considéréecomme un facteur
susceptible
d’être lié aux facilitésd’acceptation
des reines aumoment de leur
introduction, puis
à lareprise
de laponte. Rappelons
à ce proposle travail de DREHER
(z 954 ), précédemment cité, qui
a mis en évidencel’importance
de la durée de la claustration sur le
comportement
ultérieur de la reine. Il serait donc intéressant dereprendre
ce travail en considérant le cas de reinesencagées
dans des conditions
plus
favorables que cellesqui
sont habituellement réunies. Enaugmentant
sensiblement le nombre des abeillesd’accompagnement,
le volume dela cage et la
quantité
de nourrituredisponible,
on est en droit de penserqu’il
y auraitune amélioration sensible du « confort
physiologique
» des reinesclaustrées,
amé- liorationsusceptible
de modifier les conclusions du travail de DREHER.Les recherches devraient donc se
poursuivre
maintenant dans ce sens et, dans le cas où un résultatpositif
seraitobtenu,
il conviendrait de revoir laquestion
desconditions d’utilisation des cages du modèle que nous avons mis au
point.
Eneffet,
ces cages ne sont pas
adaptées
à l’introduction directe desreines ;
parailleurs,
uneaugmentation
du nombre des abeillesd’accompagnement
ne va pas sens soulever bon nombre de difficultés au moment de l’introduction.Nous nous proposons donc maintenant d’étudier l’influence des conditions de claustration sur
l’acceptation
des reinespuis
sur lareprise
de laponte
ainsi quesur les accidents de
supersédure.
C’est en fonction des résultats obtenus que nous pourronsenvisager
de revoircomplètement
lestechniques
detransport
des reinessur de
longues
distances.Reçu pour
publication
<,>i avril i96!.SUMMARY
THE LII·’1?-LEDIGTII OF THE QFHEN IIO:VEI’137iES « APIS MELLIFICA IIELLIFICA IN EXPEDITION CAGES
Experiences
have been carried out tostudy
the influence of the number ofescorting
bees onthe
length
of life of the queens inexpedition
cages.An increase in the number of these
working-bees,
40 to So in theexperimental
cagesagainst
! to 10 in the
expedition
cages of theBenton-type,
allows to double the avcrage length of the lifeof queens in cages.
We showed the
importance
of the cage-volnme, which should beproportional
to the numberof bees in it, as well as the influence of different factors such as food and
hygrometry.
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