Données complémentaires
sur
les besoins de la poule reproductrice naine Vedette
I.N.R.A. (JV 15)
en
énergie
etacides aminés
J. GUILLAUME
Liliane DEROUET Joëlle GOMEZ
Station de Recherches avicoles, Centre de Recherche de Tours, I.N.H.A.,
N o l
tzilly _>7_ià>o Monnaie (France)
Résumé
Nous effectuons trois expériences sur la poule reproductrice lourde nanifiée Vedette I.N.R.A.
JV 15 (dw). Tous les animaux sont élevés en batteries sur une durée relativement courte (5 à
8 périodes de 4 semaines), nourris et contrôlés individuellement. Un autre essai porte sur des poules issues d’un croisement coq hétérozygote X poule naine où 5o p. 100des poules sont nor-
males et 50 p. 100 naines. On étudie l’influence du
rationnement
subi par les poulettes durantleur croissance et celui de la taille corporelle au moment de l’entrée en ponte. On recherche en outre les influences des consommations d’énergie, méthionine et lysine sur les performances. Les poules lourdes réagissent différemment des poules légères à une carence en énergie (on observe
une réduction du poids et du nombre des oeufs chez les sujets lourds, une réduction du poids
seulement chez les sujets légers); les interactions entre facteurs alimentaires et taille corporelle
sont cependant négligeables; on peut donc considérer que le rationnement de la poulette, dans
les limites considérées, ne modifie pas les besoins alimentaires durant la période de ponte. L’effet de la carence en lysine s’avère plus tardif que celui de la carence en méthionine. L’ingestion de
doses de méthionine dépassant 320mg /animal et par jour a toujours des effets bénéfiques, mais
ceux-ci varient d’un essai à l’autre : on observe, soit une augmentation des performances durant
les 8 premières semaines de ponte seulement, soit une augmentation durable concernant le poids
moyen de l’ceuf. La supplémentation du régime maternel en méthionine améliore en outre le
poids moyen des poussins à l’éclosion. Par ailleurs, l’effet de la supplémentation en méthionine
est beaucoup plus net chez les poules les plus carencées en énergie. Bien que le besoin soit, de ce
fait, difficile à définir, on peut recommander des doses de l’ordre de 360à 380 mg /j. Dans nos
conditions le besoin en énergie est de 320 kcal et le besoin en lysine est très voisin de 750mg /j.
Le rôle propre du gène dw sur ces besoins, et en particulier sur le besoin en méthionine, est discuté.
Introduction
Les
poules reproductrices nanifiées, porteuses
dugène
récessif et lié au sexedze!
(HuT T ,
1949,1959 )
connaissent actuellement un succès croissant dû à leurs excellentesperformances (R ICARD , 1974 ). Toutefois,
les donnéesscientifiques
surles besoins alimentaires de ce
type
d’animaux sont rares :L ECLERCQ ,
GUILLAUMEet
B LUM ,
1970 ont montré que lareproductrice
naine Vedette I.N.R.A.JV
15 n’avait pas besoin d’être nourrie avec unrégime
très riche enprotéines
comme c’estle cas de la
Leghorn
dw(A RSCOTT
etB>r R mElz, r 9 68).
Les résultats deL ECLERCQ ,
GUILLAUME et
BLUM,
1970, GUILLAUME I972apermettaient
de situer le besoinénergétique
des oiseaux utilisés aux alentours de 300-320 kcalF_.M. /j.
tandisque le besoin en
protéines équilibrées
est voisin de 16 à 18g /j.
Ces données
paraissaient cependant
insuffisantes pour élever defaçon
ration-nelle cette
reproductrice
naine : le besoin enénergie
n’était quegrossièrement situé;
le besoin en acides aminés essentiels leplus
souvent limitants(acides
aminéssoufrés et
lysine)
n’était pasprécisé;
onigncrait
si le rationnemert durant la crois- sance,qui
s’avère extrêmement utile pour la rentabilité del’élevage (L ECLERCQ
et
B LUM ,
1972, 1973,1975 )
modifiait cesbesoins;
par ailleurs onpouvait
sedemander si l’amélioration
génétique
du croisement considéré(Vedette
LN.R.A.JV 15 ),
enaugmentant
lepoids corporel,
n’avait pasquelque
peu modifié lesbesoins
depuis l’époque
où l’on avait effectué lespremières expériences
de nutri-tion. Trois
expériences
surpoules
en batteries sont donc effectuées dans le but depréciser
cespoints.
Matériel et méthodes
Toutes les
expériences
sont effectuées sur despoules
de croisementJV
15(Vedette
LN.R.A.lourde) provenant
d’un couvoircommercial;
seul l’essai n° 3porte
pour moitié sur despoules JV
15 et pour moitié sur despoules provenant
d’un croisementexpérimental
Dwdw X Dw- où les mâles sont des frères de la femelle naineJA
57 et les femelles sont despondeuses
d’oeufs de consommation detype
Rhode Island Red(Warren Studler).
Des femelles de ce même croisement ontégalement
été utilisées dans l’essai décrit parLECLERCQ
etBLUNt,
zg75.Dans les trois essais les
poules
sont élevées en batteries de cages individuellessur une
période
relativement courte. Le bâtiment est detype obscur; l’éclairage
est de 14 h par
jour
au début dechaque essai, puis
il estaugmenté
de 15 mn parquinzaine
àpartir
du ier mois suivant lepic
deponte.
Comme dans les essais antérieurs(L ECLERCQ ,
GUILLAUME etB LUM ,
1970;GUILLAUME, 1972a) chaque poule
est nourrie individuellement. Le nombre et lepoids
de tous lesoeufs sont contrôlés.
Chaque
essai est subdivisé enpériodes
de 28jours.
Lescritères retenus pour
chaque période
sont les suivants : intensité deponte
/ nombres d’oeufs
pondus
1poids
moyen deI’oeuf,
(somme du nombre -le poules po ndus j 0 1 . d .moyen d e l , œu, f
somme du nombre de
poules
vivanteschaque
]our/ p !°!!! ! !! ’poids
d’oeufspondus,
consommationalimentaire,
indice de consommation rap-porté
au nombre et aupoids
des oeufsproduits,
les six dernières variables sont cal- culées sur l’ensemble despoules
vivant etpondant
durant lapériode
considérée(r);
(r) Nous avons préféré, pour les calculs autres que l’intensité de ponte, éliminer les poules ne pondant
pas plutôt que d’estimer le poids moyen de leur œuf à l’aide de celui des périodes précédentes. Cette éli-
mination supprime également le! indices de consommation infinis.
durant la totalité de l’essai on calcule en outre, la
mortalité,
lepoids
etl’aug-
mentation du
poids
des animaux.Les
protocoles précis
dechaque
essai sont les suivants :Essai 1
(1970-1972)
Cet essai est destiné à vérifier l’influence du
poids corporel
et du rationnementpendant
la croissance sur les besoinsquotidiens
de lapoule
en nutriments et enparticulier
les besoinsénergétiques.
Pour cela on élève des
poulettes
ad libitumjusqu’à
6 semaines. Puis on lessubdivise en deux groupes élevés dans des locaux différents : les unes sont rationnées selon le programme recommandé par le sélectionneur
(SELAF — I.N.R.A.);
les autres sont rationnées de manière
plus
sévère(distribution
de8 3 , 3
p. 100 de la dose allouée au jerlot).
L’aliment utilisépendant
toute lapériode d’élevage
de ces
poulettes
a unecomposition
constante, il contient 18 p. 100 deprotéines
brutes et
apporte
2 80o kcalE.M. /kg.
A 17
semaines, 4 68 poulettes
sont mises enexpérience
selon leprotocole
suivant : dans chacun des 2 groupes, 234
poulettes
sontréparties
en 3 classes(légères,
moyennes etlourdes).
Lespoulettes
sont alors mises en batterie selon undispositif
en blocs casualisés. Chacun des7 8
blocscomprend
6poulettes
d’unmême groupe
appartenant
à une même classe depoids qui
sontplacées
côte àcôte sur un même
étage
de la batterie etqui reçoivent
chacune unrégime
diffé-rent. Chacun des 6
régimes
est alors distribué à7 8 poules.
On compare 6
régimes
dérivant des 3 formules détaillées dans le tableau i.Tous
apportent
17 p. 100 deprotéine
brute environ et un minimum de o,3o p. 100 de méthionine(o,6 4 %
d’acides aminéssoufrés)
et 0,73 p. 100 delysine.
Le niveauénetgétique
des aliments 1 et IM,
2 et 2M,
3 et 3 M est évalué par calcul à2 6 75 , 2
885
et 3095kcal E.M. parkg respectivement (le
niveau réel étant mesuré sur coqs adultes selon la méthode du ramassagetotal).
Lesrégimes
iM,
2M et 3 :B1 dérivent desrégimes
1, 2 et 3respectivement
par leremplacement
de o,r5 p. 100 de cellulose par 0,15 p. 100de DLméthionine,
soit 23 p. 100del’apport
d’acides aminés soufrés recommandé pour lespondeuses
d’oeufs de consommation par l’A.E.C.(Anonyme,r9!2).
Tous les animauxreçoivent
une même rationd’aliment,
mesurée, laquantité d’énergie ingérée
est à peuprès proportionnelle
au niveauénergétique
du
régime (les
refus étant peuimportants).
La ration allouéequi
était de5 6
à 60 g à 20semaines(rationnement
« sévère » et « selon les normes»)
est amenée en2 semaines à 105 g ce
qui correspond
à2 8 0 ,
305 et 325 kcalE.M. /jour
pour leslots i et i
M,
2 et 2M,
3 et 3 Mrespectivement.
Un essai de croissance est effectué sur des
poussins
issus de lots de 50poules
choisies
parmi
les7 8
recevant chacun des 6régimes pendant
la 5epériode
deponte.
Pour cela on insémine les
poules
avec du sperme de coqs detype
Cornish et, 2jours après,
on récolte les oeufspendant
unesemaine;
on conserve ensuite unpoussin
mâle et un
poussin
femelle de 12poules
dechaque
combinaisonrégime
X classede
poids.
Cespoussins ( 72
parrégime maternel)
sont élevés en batterie par lots de 12, nourris ad libitum d’unrégime
commercial etpesés
à o, 2et semaines d’âge.
Cet essai est
poursuivi pendant
8périodes
de 28jours
àpartir
de la 25esemaine
d’âge.
Essai n° 2
(i9!2-rg73)
Cet essai est destiné à la
poursuite
de la détermination du besoinénergétique
de la Vedette LN.R.A.
JV
r5. Ilpermet
en outre de rechercher l’effet d’une addi- tion de Llysine
et d’unesupplémentation
en DL méthionine inférieure à celle de l’essai n° i.Il
porte
sur57 6 poules
nourries durant leur croissance à l’aide d’un alimentunique
suivant des normes très voisines decelles, déjà mentionnées,
fournies par le sélectionneur. A 18semaines, 57 6 poules réparties
en4 classes
depoids
sontmises en batterie selon un
dispositif
en blocs casualisés. Chacun des4 8
blocscomporte
12poulettes
d’une même classe depoids qui reçoivent
chacune un ali-ment différent. Cet essai est
poursuivi pendant
6périodes
àpartir
de la 28esemained’ âge.
Trois aliments de base dont la
composition figure
dans le tableau 2 serventà constituer les 12
régimes expérimentaux.
Les 3 aliments de basequi
ont la mêmeteneur en
protéine, lysine,
méthionine et acides aminés soufrés mais des teneurs différentes enénergie, permettent
d’alimenter les animaux à 3 niveauxénergé-
tiques :
300, 320 et 340kcal /jour.
Les i2régimes
sont constitués par les 3 aliments de base nonsupplémentés
en acides aminés ousupplémentés
par0 , 0 8
p. 100 de Llysine chlorhydrate,
ou par 0,1 p. 100 de DL méthionine ou par0 , 0 8
p. 100 deL
lysine chlorhydrate
et 0,1 p. 100 de DL méthionine(c’est-à-dire
unsupplément
de L
lysine
et de DL méthionineégal
à 8 et 16 p. 100respectivement
des recomman-dations de l’A.E.C.
déjà citées).
Essais n°
3 et 3 bis (i973-i97!1)
Cette
expérience
est subdivisée en deux essais de mêmedurée,
décalésde 4 mois
dans le
temps,
mais effectués dans le même bâtiment sur des batteries semblables.Le but essentiel de ces deux essais est de relier la
quantité
de méthionine consommée aupoids corporel
moyen, augain
depoids
et à laproduction
d’oeufsexprimée
eng/jour.
Ces essais commencent à la 26e semaine et
comportent
5périodes
de 28jours.
Les
poules
sontpesées
à la fin de chacune de cespériodes.
L’essai n° 3
porte
sur 288poulettes JV
15 élevées au sol et rationnées selon les normes du sélectionneur. Elles sont mises en batteries àl’âge
de 18 semaines.Contrairement aux essais
précédents,
elles sontplacées
au hasard dans la batteriesans
répartition
en classe depoids.
Enrevanche,
cespoules
sontpesées
à la finde chacune des 5
périodes
de 2Hjours.
Lespoules
sontâgées
de 26 semaines au débutde la
première période.
Les 4
régimes isoénergétiques
distribués(tabl. 3 )
ne diffèrent que par la dose de DL méthioninequi
y estincorporée,
de sorte que leur teneur en méthionine totale passe de 0,24 p. 100(régime
icarencé)
à 0,20 ,0,34 et 0,39 p. 100 dans lesrégimes
2, 3 et 4respectivement.
La mise enexpérience
se fait dans les mêmes conditions que dans l’essai n° 3.Toutefois,
onrépartit
lespoulettes
naines et nor-males sur des
étages
différents de la batterie.Dans l’essai n° 3 bis les 144
poulettes
normales(Dw-)
et les 144poulettes
naines
(dw-)
sontégalement
rationnés durant leurphase d’élevage,
mais la dosedistribuée aux
poulettes
naines estajustée
pour tenircompte
de la réduction pro-gressive
dupoids corporel
de ces animaux au cours de la croissance. Seuls lesrégimes
1, 2 et 4 sont distribués au cours de cetessai,
lerégime
à o,3,! p. 100 de méthionine étant exclu. Cet essai débute au mêmeâge
que l’essai n° 3.Les méthodes utilisées pour l’étude
statistique
des résultats sontl’analyse
de la variance sur la consommation
d’aliment,
l’intensité deponte,
lepoids
moyen de l’oeuf et lepoids
d’oeufpondu
parjour,
ainsi que(essais
n° 3et 3bis)
sur legain
de
poids
despoules.
Dans tous les casl’analyse
de variance est faite sur desdispo-
sitifs factoriels. Un nombre
inégal
de donnéesapparaissant
dans les divers lots par suite de lamortalité,
on utilise la méthode des «fittin,g
constants »(S NEDECOR
et
CocH R nrl, 1971 )
pour évaluer l’effet des facteurs étudiés.Du fait de la faiblesse relative de nos effectifs les données concernant la mor-
talité ne sont pas
analysées.
Résultats Essai iio i
Les
principaux
résultats de cet essai sontconsignés
dans les tableaux 4 et 5.Il faut noter d’abord l’existence d’une mortalité
importante
due essentiellement à la maladie de Marek(i).
Par
rapport
au rationnementrecommandé,
ce rationnement sévère réduit lepoids
despoules (de
13%
et 15%
auxâges
de 17et 20semainesrespectivement).
Toutefois,
à l’intérieur dechaque
lotl’hétérogénéité qui
subsistepermet
la cons-titution de classes de
poids
extrêmes différant de 0,24et 0,23kg
à 17et 20 semainesd’âge respectivement.
Ces différences s’atténuent avec letemps puisque
legain
de
poids journalier
est d’autantplus important
que lepoids
initial despoulettes
était
plus faible, quelle
que soitl’origine
de la variabilité dupoids.
Il s’avèreaussi que la mortalité est
beaucoup plus importante
chez lessujets légers ( 2 ).
Le
poids
moyen de l’oeuf ne diffère passignificativement
d’un lot à l’autre.L’intensité de
ponte
n’est pas modifiée par lerationnement, mais,
enrevanche,
elle varie notablement selon la classe depoids :
lespoules
lourdespondent
20p. 100plus
d’oeufs que leslégères.
La consommation ne diffère que faiblement d’un groupe à l’autre(du
fait du rationnementimposé pendant
laponte).
L’efficacité ali- mentaire est meilleure dans les lots rationnés sévèrement(-!
5,5%);
dans lesclasses de
poids supérieures
elletend,
elleaussi,
à êtreplus
élevée(-!-
2,5%)
mal-gré
lehandicap
de ces animaux dû à leur besoin d’entretien acciu.(i) Une vaccination contre la maladie de Marek avait été pratiquée (novembre i97o); mais, pour une raison inconnue, elle s’est avérée inefficace.
( 2
) Nous n’en tirons cependant aucune relation causale, l’infection, bien entendu accidentelle, ayant
pu apparaître un moment différent dans les diverses cellules d’élevage.
Dans aucun cas on ne note d’interaction entre le rationnement durant la
période d’élevage
et lerégime
alimentaireéprouvé.
Parmi les facteurs alimentairesétudiés, l’énergie
exerce l’effet leplus
net : avec lesrégimes
extrêmesl’ingéré
passe de 260 à
31 8
kcalE.M. /jour.
Il en résulte une nette amélioration dugain
de
poids corporel
et de l’intensité deponte.
Laconsommation,
en gd’aliment,
bienqu’influencée
defaçon significative
par lerégime,
varie dans une très faible marge à cause du rationnementimposé
tandis que lepoids
de l’oeuf n’est pas influencé defaçon significative
par le traitement. L’indice de consommationapparaît
d’autant meilleur que la rationénergétique
estplus copieuse. Toutefois,
l’efficacitéénergétique (kcal
par gd’ceuf) apparaît
très peu variable.La méthionine n’exerce à
première
vuequ’un
effet très limité sur les critères étudiés : elletend,
certes, àaugmenter légèrement
le nombre et la masse des ceufset à diminuer la
consommation;
mais seul ce dernier effet(d’importance
limitéepar suite du
rationnement)
estsignificatif.
L’addition de méthionine a, enfait,
une action très
marquée
au début de laponte (tabl. 6) :
durant les 8premières
semaines elle
augmente
à la fois l’intensité deponte
et lepoids
moyen de l’oeuf.Cet effet est
plus
accentué dans les lots recevant une faible rationénergétique.
La
production
d’oeufs(en g/j)
est accrue par lasupplémentation
de 43 p. 100 dans les lots lesplus
carencés enénergie
et de m p. 100seulement dans les non carencés(interaction
hautementsignificative,
p <o,or)
et réduite de i4 p. 100 dans les lots recevant unrégime
à2 ,8 9 Mcal /kg.
Les
principaux
résultats de l’essai de croissance de la descendance sont ras-semblés dans le tableau 7. L’effet du
régime
maternel sur lepoids
dupoussin
à la naissance est extrêmement net. Dans les lots nourris des
régimes
nonsupplé-
mentés en
méthionine,
lespoules
lesplus
carencées enénergie engendrent
despoussins plus légers,
tandis que dans les lots recevant l’alimentsupplémenté
lepoids
dupoussin
est à peuprès indépendant
de la rationénergétique (interaction significative P
<o,oi).
Il fautrappeler
que les oeufs utilisés dans cet essai ont étépondus
au 5emois,
c’est-à-dire à un moment où l’on n’observeplus
d’effetnotable de la méthionine sur le
poids
de l’oeuf.Toutefois,
on n’observeplus
d’effetsignificatif
durégime
maternel àpartir
del’âge
de 2 semaines sur la croissanceou l’efficacité alimentaire des mâles ou des femelles.
Essai )10 2
Les
principaux
résultats de l’essai n° 2 sont rassemblés dans les tableaux8,
o et 10. On observe durant tout l’essai une mortalité assez
importante
due essen-tiellement au foie gras
hémorragique
et unpourcentage
nonnégligeable
depoules
ne commence à
pondre qu’après
la 30esemaine;
ces anomalies sontindépendantes
des
régimes
alimentaires.Malgré
cela les observations suivantespeuvent
être faites :La classe de
poids
exerce un effetsignificatif
sur certainesperformances (tabl. 8) :
lespoules
lesplus
lourdes ont tendance àpondre
moins tandis que lepoids
moyen de leur oeuf est nettementplus
élevé(!
<0 , 05 ).
Elles ontégalement
tendance à consommer
davantage.
La
supplémentation
enlysine
n’exerce aucun effetsignificatif
sur les critèresenregistrés
sur l’ensemble de l’essai. Enfait,
si on se limite à la 3epériode
deponte,
c’est-à-dire au moment de laproduction maximale,
lasupplémentation
en Llysine
accroît la
production
de 10 p. 100(p
<o,oi) (tabl. 9 ).
Les autres facteurs d’ordre nutritionnel
apportent
d’intéressantesprécisions
(tabl. 10 ) :
l’intensité deponte
et lepoids
moyen des ceufs sont lesplus
faibleschez les
poules
rationnées à 300kcal/j.
Au-delà de 320kcal/j,
lesperformances
des
poules plafonnent.
La
supplémentation
à l’aide de o,io p. 100de méthioninen’exerce,
àpremière
vue, aucune influence sur les caractères
contrôlés;
onobserve, cependant,
commedans l’essai
précédent,
uneaugmentation
de 18 p. 100 de la masse d’oeufspondus
durant les 8
premiers
mois dans les lots nourris de l’alimentsupplémenté
de 5 p. 100. Toutefois cette amélioration n’atteint pas le seuil designification (F
= 3,05 - 1- 5494
DL).
On observe aussi une interaction
(de probabilité
voisine deo,0 5 )
entre classede
poids
et rationénergétique.
Pour le rationnement de 300kcal /j
chez lespoules lourdes,
lepoids
et surtout le nombre d’oeufs sont nettement réduits alors que chez lesplus légères,
seul lepoids
de l’œuf diminuelégèrement (fig.
i et2 ).
Essai n° 3
Les
principaux
résultats de l’essai n° 3 sont rassemblés dans le tableau 11.Bien que
l’apport
de méthionine parles 4 régimes
passe de 80 à r3o p. 100 del’ap- port recommandé,
il n’existe aucune différence entre les lots en cequi
concerne laconsommation et le
poids
despoules.
Lepoids
moyen de l’oeuf est certes influencéde manière extrêmement nette par la
supplémentation
enméthionine,
maisl’aug-
mentation du
poids
moyen estcompensée
par une diminution(non significative)
de l’intensité de
ponte.
Il faut noter aussi que l’effet de la méthionineajoutée
estle même à
chaque période.
Par ailleurs aucun autre effet du traitement - si bref etfugitif
soit-il -n’apparaît
à l’unequelconque
despériodes
étudiées.Essai n!
3 bis
Cet essai révèle
(tabl. i2),
bienentendu,
degrandes
différences entie lesgéno- types.
Lapremière
concernel’âge
d’entrée enponte qui
estplus précoce, malgré
un
poids corporel
inférieur de3 8
p. 100, chez lespoules
naines(différence
de 9jours
pour
l’âge
à 25 p. 100 deponte, fi
<o,oi).
Lespoules
nainescomparées
à leurssoeurs normales
pondent
avec une intensité réduite et leurs oeufs sont nettementplus petits,
la différence( 7 g)
restant constante au cours des 5périodes
de l’essai.Toutefois leur consommation est inférieure de 32 p. zoo si bien que l’efficacité alimentaire s’en trouve améliorée: la
quantité
d’alimentconsommé,
par oeufest réduite de 17p. 100 et la
quantité
consommée par g d’œuf l’estde
4 p. 100chez lessujets
dw.La méthionine exerce
également
une influencesignificative
sur laproduction :
dans le lot carencé la
ponte
est moins intense et surtout lepoids
moyen de l’oeuf y est réduit. Parrapport
au lot à 0,29p. 100 de méthionine cette baisse dupoids
est de 0,0 g chez les
poules
normales et de 1,9 chez lespoules
naines. La massed’oeuf
produit
est réduite de 5 et de 10,7 p. 100 dans lesgénotypes
dw+et dw res-pectivement.
On observe donc une interaction entre méthionine etgénotype :
les
sujets
nains souffrentdavantage
de la carence en cet acide aminé soufré.Une interaction entre ces mêmes facteurs existe
également
sur legain
depoids corporel qui
estplus
faible en cas de carence chez lespoules
normales et non chezles naines. En d’autres termes l’addition de 0,05 p. 100de DL méthionine au
régime
de base n’améliore que faiblement la
production
d’oeufs et fortement lepoids corporel
chez lespoules
normales alorsqu’il
améliore nettement laponte
chez leurssoeurs naines et pas du tout leur
poids corporel.
Discussion
Les résultats obtenus dans ces trois essais sur la Vedette I.N.R.A.
JV
15appellent quelques
remarques : lesperformances
deponte
en batterie sont en effet inférieures à celles que l’onenregistre
sur ces mêmes oiseaux élevés au sol(L FCLERCQ
et
B LUM , 1972 ),
et même à celles que nous avions obtenues sur despoules JV
15 élevées dans les mêmesbatteries,
maisappartenant
auxpremières générations
de ce croisement
(L ECLERCQ ,
GUILLAUME etB LUM , i 97 o).
La cause de cetterégres-
sion des
performances
ne semble pas être l’état sanitaire(au
moins dans les essaisn° 2 et
3 ).
Ilparaît plus
vraisemblable d’admettre que la VedetteLN.R.A.,
sur-tout sous sa forme actuelle
plus
lourde que lors despremières générations, s’adapte
assez mal à
l’élevage
en batterie.Les
renseignements
fournis parles 4 expériences
concernent l’influence dupoids
initial despoulettes,
les besoins enénergie,
méthionine etlysine,
et enfinle rôle propre du
gène
dw sur le besoin en méthionine.Dans les essais i et 2 le
poids
despoulettes
à 16 semaines a varié de 1,3 à1 , 5 - 1
,6 kg
et,malgré
un accroissement depoids plus marqué
durant lapériode
deponte
chez les animaux lesplus légers,
cette différencepondérale
ne s’est pas annulée. Lespoulettes
lesplus légères
audépart
ontpondu
des oeufsplus petits,
et si l’on
excepte
l’essai n° i où elles ont souffertdavantage
de la maladie deMarek,
leur intensité deponte
a étéplus
élevée et leur efficacité alimentaire nettement meilleure. Tout cela confirme nos résultats antérieurs(GUILLAUME, 1972 a)
maison
peut
l’attribuer soit à des différencesgénétiques
soit à des effets de milieu. Encomparant
des animaux dont lepoids
ne diffère que par suite du rationnement subi avant laponte,
on élimine le rôle del’hétérogénéité génétique,
Dans ces condi-tions,
une différence depoids
de 0,3kg
chez lapoulette
affecte très peu l’intensité deponte
et lepoids
moyen de l’ceuf. Nous confirmons donc l’intérêt d’un ration- nement sévère de la Vedette LN.R.A. au-delà del’âge
de 6 semaines(L ECLERCQ
et
BLUM,
1972, 1973,1 975).
Nous démontrons surtout
qu’il
existe fort peu d’interactions entre taille cor-porelle
et facteurs nutritionnels. Certes dans l’essai n° 2à la suite du rationnement lespoules
lourdes semblentpâtir davantage
que lespoules légères.
Ilapparaît
toutefois que la différence de besoin
énergétique
entrepoules
lourdes etpoules
légères
est très faible. Tout se passe comme si lesupplément
de besoin d’entre- tien despoules
lourdescompensait
lesupplément
deproduction
d’ceufs et de croîtdes
poules légères.
Les essais n° 1 et 2
permettent
de mieux situer le besoinénergétique
de laJV
15.Étant
donné la similitude desperformances enregistrées
dans les deuxexpériences,
nous avonsporté
sur un mêmegraphique
la masse d’oeufsproduite
en fonction de
l’énergie
métabolisableingérée (fig. 3 ).
Le besoin mesuré dans nos conditions se situe à 320-325kcal!animal
et parjour.
Cette valeur estsupérieure
àcelle que nous avions citée antérieurement
(GUILLAUME, 1972 a).
Il y a lieu d’attri- buer cettedivergence
enpartie
àl’augmentation
dupoids corporel
dû à la sélec-tion
génétique.
Onpeut
noter que cette valeur est voisine de celle( 30 8 kcal Jj)
obtenue par HAZEN et
WnLDrtouP,
1971 sur desreproductrices
nainesd’origine
non
précisée.
BOUGON( 1975 )
a obtenu sur un croisement voisin de la VedetteLN.R.A.,
une estimation de3 6 0 kcal/sujet
soit environ 325-330kcal /poule.
Lafaible
importance
de ces besoins relativement aupoids corporel
est àrapprocher
de l’action du
gène
dze! sur le métabolismeénergétique (GUILLAUME,
zg7!.,zg75).
La
supplémentation
en DL méthionine a exercé des effetssignificatifs
dans3
des q. essais
effectués mais ces effets ne sont pasrigoureusement
les mêmeschaque
fois :
l’apport
de méthionine affecte laproduction
de manièreplus
ou moins netteet à une
période
variable. De toutefaçon
dès que la consommationdépasse
320mg de méthionine/j
laproduction
est améliorée d’une manière ou d’une autre. Deplus,
dans l’essai n° 3 le
poids
moyen de l’oeufaugmente
nettementjusqu’à
uningéré
de
3 6 5 mg/jour
et il est maximal chez lespoules ingérant
425mg/j.
Dans l’essain
° i, on
voit,
parailleurs,
que lepoids
initial des descendants depoules
carencéesen
énergie peut
êtreaugmenté
pour des consommations maternellesdépassant
celle
qui
assure lepoids
moyen de l’œuf maximal.D’un
point
de vuethéorique,
divers résultatsappellent
des commentaires :l’apparition
des effets de la carenceplus
tardive dans le cas de lalysine
que danscelui de la méthionine est à
souligner.
L’interaction entre méthionine et rationénergétique
sur lepoids
d’oeufspondu
observée dans les essais n° i et 2est un fait inédit à notreconnaissance,
que nous ne pouvonsinterpréter
à l’aide de ces seulesobservations. L’effet maternel de la méthionine observé dans
l’expérience
i esten accord avec
celui, plus spectaculaire,
que nous avions mis en évidence anté- rieurement : unesurcharge
de o,i5 p. 100 de DL méthionine à unrégime
subca-rencé améliore le
poids
à la naissance et la croissance initiale dupoussin
descendantde la Vedettc
JV
15(GUILLAUME, 1972 ).
Cet effet maternelpeut s’expliquer,
en
partie
dumoins,
par un accroissement de laproportion
d’albumen dans l’oeufà la suite de
l’apport
de méthionine(MORAN, 1 9 6 9 ; L E CLE R C Q ,
1970;LARBIER,
BLUM et
GUILLAUME, 1972 ).
Cephénomène
est aussi àrapprocher
des résultats deAtThEx,
:4IFRRiTT et C!rRTiss(ig6g) qui
constatent une accélération de la crois-sance de la descendance
après surcharge
durégime
maternel enprotéine.
Il y auraitpeut-être
lieu deconsidérer,
pour définir les besoins de lapoule reproduc- ductrice,
enplus
des critèresusuels,
lepoids
et la vitesse de croissance de la des- cendance.L’essai n° 3 bis
apporte
en outre desrenseignements
sur le rôle propre dugène
dw. Les différences observées entre
poules
dw et Dw sont conformes à ce que l’on sait sur l’action de cegène (décrite
par GUILLAUME197 6)
à un détailprès :
lespoules
naines ont une maturité sexuelleplus précoce
et non pasplus
tardive que lespoules
normales. Laréponse
très nette de nospoules
naines à lasupplémentation
en méthionine est en accord avec les résultats similaires obtenus par ARSCOTT et
B ERNIER
, y 68
et DAMROK etH ARMS ,
1974 sur desLeghorn
naines. On connaîtmal le besoin en méthionine de la
reproductrice
lourdeclassique,
les études deson besoin azoté se limitent en
général
auxprotéines (SuMNt!RS
etal., 19 6 7 , WaRD, ig6g,
Oc.!TA etal., 1972 );
onpourrait
donc soupçonner nosrégimes
de base desessais i et 2 d’être carencés même pour une
reproductrice
normale. L’essai 3 bis montrecependant
clairementqu’un supplément
de méthionine a des effets diffé- rents dans lesgénotypes
Dw et dw : ilaugmente
surtout lepoids corporel
dans leIeret le
poids d’oeufs pondus
dans le second. Onpeut
se demander si cephénomène
résulte d’un effet indirect du
gène
sur la taillecorporelle (et
par suite surl’impor-
tance relative des besoins d’entretien et de
ponte)
ou d’un effet propre dugène
surle métabolisme
protéique. Rappelons
toutefois que legène dw,
chez lepoussin
encroissance,
modifie le métabolismeprotéique (GUILLAUME, ig6g, r 97 2b;
GUILLAUMEz
975
);
chez lapoule
adulte les données sontplus
rares, toutefois les travaux de!Voon et
al.,
1971indiquent
bien une accélération du renouvellement de la méthio- nine chez lapoule Leghorn
dw. Tous ces faits sont bien en accord avec l’existence d’un besoinplus
élevé en méthionine chez lapoule
dw enponte.
Conclusion
D’un
point
de vuepratique,
l’ensemble de cesquatre
essaispermet
de mieux situer les besoins de la Vedette I.N.R.A.JV
15 enponte.
Le besoin en méthionineest difficile à définir et il
paraît possible
d’utiliser des aliments à teneur variable selon lescaractéristiques
souhaitées par laproduction.
Si l’on désireproduire
despoussins
dont lepoids
à l’éclosion soit maximal ou si l’on désire stimuler au maxi-mum la
ponte
durant lespremières
semaines deponte,
la dose de3 6 0 - 3 8 0 mg /j peut
être recommandée. Dans les mêmes conditions le besoin enlysine apparaît
très voisin de 750