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L’insémination artificielle chez la poule : Bases
physiologiques et maîtrise du taux de fécondation des
oeufs
J.P. Brillard, M. de Reviers
To cite this version:
J.P.
BRILLARD, M. de REVIERSINRA Nouzilly
Station de recherches avicoles
37380 Monnaie
L’insémination
artificielle
chez la
poule
Bases
physiologiques
et
maîtrise
du
taux
de fécondation des oeufs
Longtemps ignorée
des
producteurs
de
poussins,
encoresouvent
critiquée,
l’utilisation de
l’insémination
artificielle chez la
poule
n’en continue
pas
moins
uneprogression
lente chez les
multiplicateurs
et
accouveursfrançais
ouétrangers,
alors
qu’elle
est
utilisée
depuis près
de
vingt
anschez
la
quasi
totalité des dindes
et
des
pintades
et
sedéveloppe rapidement
chez
les
palmipèdes (production
d’oisons dans
les
pays
de
l’Est,
et
de
mulards,
issus
du croisement
entre
le
canard de
Barbarie
et
la
canecommune,
enAsie
du Sud
Est
et
enFrance).
Chez la
poule,
cedéveloppement
à
«petits
pas
» est
lié
à
plusieurs
causes :économiques,
tout
d’abord,
carle
coût
des
investissements
(pourtant
vite
compensable
par
les économies d’aliment
liées à la
diminution
du nombre des
coqs
et
aurationnement
des
poules)
dépasse,
selon les
pays,
de
10
%
à
25
%
le
prix
d’une installation de
capacité
équivalente
destinée
à
la
reproduction
naturelle ; humaines,
ensuite,
carla
main
d’ceuvre formée
est
encorerare,
et
dispendieuse ;
zootechniques
enfin,
carde nombreux facteurs doivent
être maîtrisés
enmême
temps.
Depuis
1982-1983, à notre connaissance, 500à 700 000
poules reproductrices
destinées à laproduction
depoussins-chair
ont été mises encages pour être inséminées artificiellement.
C’est peu
comparé
aux 150 millions derepro-ductrices
qui
sont utilisées de par le monde enreproduction
naturelle. Mais c’est aussisuffi-sant pour avoir
aujourd’hui
une idée bienpré-cise des difficultés rencontrées pour maîtriser
ce mode de
reproduction qui
offrepourtant
denombreuses
possibilités,
à condition de bien enconnaître les bases
physiologiques
ettechni-ques.
1
/ Avantages
et
inconvénients
de l’insémination
artificielle
chez la
poule
Dans les conditions
françaises,
l’insémina-tion artificielle des
poules reproductrices
detype
chair permet de diminuer de 8 à 10 % leprix
de revient despoussins
(Stevens
1985,Quemeneur
et al1985),
d’en améliorer laqua-Résume _
Chez la
poule,
l’inséminationartificielle, exigeante
en main d’oeuvre(+
1,5 UTHpar 10 000
reproductrices)
et en investissements(+
10 à 25%,
surtout dûs auxbatteries de
cages),
n’enpermet
pas moins une réductionsignificative
(-
8 à10
%)
duprix
de revient despoussins qui,
parailleurs,
sont souvent de meilleurequalité
(vigueur
etpoids
àl’éclosion,
étatsanitaire,
vitesse decroissance).
Elle connaît donc unregain
d’intérêt chez lesreproductrices
detype
chair.L’insémination artificielle
permet
en effet de réduire le nombre des coqs(2
à 4 pour 100poules
au lieu de 8 à 12 enreproduction naturelle) d’augmenter,
pen-dant la seconde moitié de la
période
dereproduction,
le taux de fécondation desoeufs,
d’éleverséparément
lesreproducteurs
des deux sexes avec un éclairementet une alimentation
adaptés
à leurs besoinsspécifiques.
Des cages collectives(femelles)
ou individuelles(mâles)
autorisent un rationnement alimentaireplus
strict
qu’au
sol et l’éliminationprogressive
des animaux les moinsproductifs.
Mais la réussite de l’insémination artificielle supposequ’il
y ait collectefréquente
du sperme(1
parjour),
ajustement
des nombres despermatozoïdes
(100
à 200millions par
dose)
et de l’intervalle entre inséminations(en
moyenne 7jours)
sui-vant
l’âge
etl’origine
génétique
despoules.
Deplus,
la mise enplace
du spermedoit être faite
pendant
lapériode
favorable ducycle
ovulatoire,
c’est-à-dire aumoins 4 h avant ou 4 h
après
l’oviposition,
en raison des contractions utérinesqui
accompagnent
cette dernière et limitent lesquantités
despermatozoïdes
stockésdans les
glandes utérovaginales.
Cette réussite nécessite aussi un
personnel qualifié,
motivé etapte
àpersévérer
En
reproduction
naturelle,
le
tauxde
fécondation
moyendes
oeufs variede
78à 91
%
selonl’âge
etl’origine
des
coqs etdes
poules.
L’inséminationartificielle
permet
de
maintenir ce taux à 92-94%
sur toute lapériode
de
ponte.
lité
(état
sanitaire,notamment)
etl’aptitude
à lacroissance
(Seigneurin 1985)
tout enpermet-tant d’élever les
reproducteurs
des deux sexes en cages et dans des milieux différents.Comme nous allons le voir, ces améliorations
sont
possibles
dans la mesure où l’insémina-tion artificiellepermet :
- de diminuer le nombre de
coqs au tiers ou au quart de l’effectif recommandé par les
sélec-tionneurs en vue de la
reproduction
naturelle(8
à 12 coqs pour 100poules).
Cela suppose que le sperme des coqs soit récoltésuffisam-ment souvent et que le nombre de
spermato-zoïdes mis en
place
àchaque
insémination soitlimité aux besoins de la fécondation. La
dimi-nution du nombre de coqs
peut
alors être faiteau
profit
de ceux dont la vitesse de croissanceest la
plus rapide,
alors que les sélectionneurs recommandent de les écarter de lareproduc-tion naturelle. Ces coqs ont en effet la
réputa-tion d’avoir une activité de
cochage
insuffi-sante.
- d’améliorer le taux de fécondation des œufs. Celui-ci varie en moyenne de 78,2 à
90,7 % en
reproduction
naturelle surl’ensem-ble de la
période
dereproduction (24-64
semaines
d’âge).
L’insémination artificiellepeut permettre de le maintenir entre 92 et 94 %
pendant
le même temps(Quemeneur
et al1985).
Cetteaugmentation
est surtoutpossible
àpartir
de 45 semainesd’âge :
la diminution del’aptitude
despoules
à être fécondéesqui
sur-vient alors
peut
en effet être enpartie
compen-sée par
l’augmentation
du nombre desperma-tozoïdes mis en
place
et, si cela ne suffit pas,par des inséminations
plus fréquentes.
Cesmesures sont d’autant
plus
efficacesqu’il
y asouvent,
après
maturitésexuelle,
diminution du nombre despermatozoïdes produits
par lescoqs et du nombre des coqs donneurs de
sperme
(de
Reviers1986)
s’ils sont élevés dans les mêmes conditions que lespoules.
Les coqs de mauvaise fertilité peuvent par ailleurs êtreidentifiés et
éliminés,
de même que lespoules
qui
cessent depondre,
alors que cela n’est quedifficilement réalisable en
reproduction
natu-relle.- d’élever les
reproducteurs
en cages et dansdes conditions d’alimentation et d’éclairement différentes suivant
qu’il
s’agit
des coqs ou despoules. L’élevage
en cages, individuelles pourles coqs, collectives pour les
poules
(3
ou 4 parcages)
est d’abord nécessaire à lamanipulation
facile etrapide
des animaux. Pour des raisonséconomiques,
chaque
inséminateur doit eneffet assurer l’insémination de
près
de 1500poules
parjour
en 6 heures de travailquoti-dien,
ycompris
la collecte du sperme. Il doitdonc inséminer 3 à 5
poules
par minute ; dansces
conditions,
une variation dequelques
secondes à
chaque
inséminationpeut
setra-duire par
plusieurs
centaines depoules
insémi-nées ou non en fin de
journée. L’élevage
encages a par ailleurs pour avantage de
permettre
un meilleur contrôle de l’état sanitaire(absence
de
litière)
et du rationnement alimentaire. Celui-ci peut être d’autantplus
strict que leconfinement relatif des animaux en cages leur
permet
d’avoir unedépense
énergétique
d’envi-ron 10 % inférieure à celle d’animaux en libertéau sol. Les
poules reproductrices
de type chairpondent
un peu moins en cages, mais leursoeufs sont
plus
gros(+
2g)
donnant naissance à despoussins
plus
lourds(+
1,2 g ;Queme-neur et al
1985).
C’estpeut-être
cequi
explique
par la suite leur croissance
plus rapide (+
50 gà
l’âge
de leur commercialisation commepou-lets de
chair,
soit41 j ; Seigneurin
1985).
L’élevage séparé
des mâles et des femellespermet
en outre degarder
les coqs toute leurvie en
jours
courts, favorables au maintiend’une forte
production
despermatozoïdes,
contrairement aux
jours
longs
(de
Reviers1973)
qui
sont au contrairejugés
indispensables
aumaintien d’une bonne ponte.
L’effet des
jours
courts est encoreplus
mar-qué
si les coqs sont rationnés dès leplus
jeune
âge
(de
Reviers etSeigneurin
1989).
Ces différents avantages de l’insémination artificielle peuvent compenser très
largement
ses inconvénients :
- le surcroît de main-d’œuvre
qu’elle
néces-site(+
1 à 1,5 UTH, 10 000reproductrices ;
Ste-vens
1985)
est en effetcompensé
parl’écono-mie d’aliment due à la réduction du nombre des coqs. Mais ce n’est vrai que si cette
main-d’oeuvre est suffisamment
qualifiée.
Une moti-vationappropriée
(personnalisation
des résul-tats,primes, congés,
etc.)
s’est révélée efficace dans lesélevages
lesplus performants.
- le
supplément
d’investissements(+
10 à25 % sous forme de cages et, accessoirement,
de matériel
d’insémination)
n’est par contrequ’en partie
compensable
par le fait que les cagesdisposées
en batteries deplusieurs
étages
(en général 3),
permettent de doubler lenom-bre de
reproducteurs
par unité de surfaceconstruite
(densité
recommandée enreproduc-tion naturelle au sol : 6 par
m
2
)
mais c’estsur-tout vrai si les
poules
sont depetit
format(Vedette)
car elles peuvent alors être 4 par cage.Celles dites
normales,
moinsreprésentées
en France, ne peuvent être que 3 par cage. Ellessupportent d’ailleurs moins bien la claustration
que les
poules
nanifiées.Ces arguments font que l’insémination artifi-cielle connaît actuellement un
regain
d’intérêtdans une
espèce
où elle n’avait donné lieuqu’à
de timides essais de
développement,
souventsanctionnés par un échec
économique.
Bien sûr, l’intérêt évident quereprésente
l’obtentionde
performances zootechniques
élevées passe d’abord par une connaissanceprécise
desgestes
qu’il
fautaccomplir
pour mettre en ceuvre cette méthode. Mais,trop
souventencore, les inséminateurs « apprennent » leur
métier par eux-mêmes sans
disposer
des basesnécessaires à la
compréhension
mêmeélémen-taire de ce
qu’ils
accomplissent.
Celapeut
conduire à de sérieux déboires dans une
pro-fession où les marges sont si étroites et la
concurrence telle
qu’il
faut souvent obtenir etdépasser
90 % d’oeufs fécondés pour atteindre le seuil de rentabilité. Il est donc essentiel de bien connaître lesprincipales
causes de varia-tion des résultats d’insémination et c’est le but desparagraphes
qui
suivent. Nous nous sommes volontairement limités auxquestions
fré-quence
d’insémination...)
et l’étatphysiologi-que des femelles
(âge
et stade de formation del’oeuf).
Lapréparation
desreproducteurs
à laproduction
desgamètes
(spermatozoïdes,
oeufs)
constitue en elle-même une démarche d’une
autre nature mettant en
jeu
d’autres méca-nismes(contrôle
de la croissancecorporelle,
développement gonadique, etc.).
Ces différentsproblèmes
ontdéjà
faitl’objet
de revuesbiblio-graphiques
importantes
(Sauveur
1988, Lake1989).
2
/ Récolte
du
sperme,
définition
des doses
et
de la
fréquence
d’insémination
La récolte du sperme chez le coq et sa mise
en
place
chez lapoule
sont relativement facilesà réaliser. Cela n’exclut pas que des conditions
précises
soientremplies
lors de ces deuxétapes.
2.
1
/ Récolte
et
conditionnement
du
sperme
L’éjaculation
du coqpeut
être obtenue enquelques
secondes par massage dorsal oudorso-abdominal. Cet animal
n’ayant qu’un
pénis vestigial,
le spermeéjaculé
s’écoule dans lagouttière
formée par lesreplis
arrondis ducloaque
qui
fontlégèrement
saillie hors de celui-ci au moment de l’érection. Ce spermepeut
être récolté paraspiration
dans un tube.Deux
opérateurs
sont engénéral
nécessaires,l’un
chargé
du massage, l’autre de la récolteproprement
dite. Ils peuvent traiter 120 à 140 coqs à l’heure s’ils’agit
de cages individuelles.L’utilisation d’une
planchette
de contentiondes coqs est de
plus
enplus fréquente.
Dans cesconditions,
un seulopérateur
peut à la fois masser le coq et récolter le sperme(90
à 100coqs par
heure).
Le volume des
éjaculats
obtenus variebeau-coup d’un animal à l’autre
(moyenne :
0,4 à 0,8ml - extrêmes : 0,2 à 1,2
ml)
ainsi que laconcentration en
spermatozoïdes
du sperme(moyenne :
4 à 6 milliards par ml - extrêmes : 2à 10
milliards).
Cette dernièrepeut
êtrerapide-ment évaluée
après
dilution à 0,5 ou 1 % àl’aide d’un
photomètre
calibré. Les coqs lesmoins
productifs
peuvent être éliminés dèsl’âge
normal de maturité sexuelle(de
Reviers1986)
car leurproduction
de sperme ultérieuren’est que rarement restaurée.
A moins
qu’on
ne doive connaîtrel’origine
paternelle
de la descendance(cas
de lasélec-tion),
il vaut mieuxmélanger
leséjaculats
deplusieurs
coqs(5
à 10 parmélange).
Celaper-met d’avoir une semence assez bien
standardi-sée
quant
à sa teneur enspermatozoïdes.
Enoutre cette
pratique permet
d’améliorer lespourcentages d’oeufs fécondés de 5 à 15
points
par rapport à ceux obtenus àpartir
d’éjaculats
individuels,
inséminés à nombre despermato-zoïdes
identique
(de
Reviers et Brillard 1984,non
publié).
La fécondance desspermatozoïdes
varie en effet considérablement d’un
éjaculat
àl’autre. Il y a de
plus
de fortes interactionsindi-viduelles entre coqs et
poules
pour le taux de fécondation des oeufs(de
Reviers,Boyer
et Mil-let 1978, nonpublié).
C’est donc à desmélanges
de sperme que nous ferons référenceici.
Le sperme de coq peut être
employé
à l’étatpur s’il est inséminé dans la demi-heure
qui
suit son
prélèvement.
Sinon il doit êtredilué,
etéventuellement
refroidi,
si le délai de sonutili-sation doit atteindre ou
dépasser plusieurs
heures. Sa fécondance est souvent aussi élevée
que celle du sperme
frais,
si le délai deconser-vation ne
dépasse
pas 6 à 24 h. Dans laprati-que, elle est souvent moins bonne
(diminution
de 20 à 25 % du taux de fécondation desoeufs)
malgré
les résultatsprometteurs
de labiblio-graphie (Lake 1989).
Cela semblepouvoir
êtrerelié à la
présence
ou à la formation dans leplasma
séminal decomposés
toxiques
de faiblepoids
molaire(M
<500)
(Blesbois 1985).
Dansces
conditions,
il n’est pas encorerecomman-dable d’inséminer en routine les
poules
avec dusperme stocké in vitro, bien que cela
puisse
présenter
plusieurs
avantages(possibilité
de nerécolter le sperme
qu’aux
heures les moinsfavorables à l’insémination et de
transporter
cesperme à distance du lieu de sa
récolte).
Les résultats obtenus
après
congélation
etdécongélation
du sperme sont encoreplus
aléa-toires. Ils peuvent être élevés
(taux
deféconda-tion
supérieur
ouégal
à 90%)
mais à condition de réinséminer lespoules
trois foisplus
sou-vent
qu’avec
du sperme frais et avec des dosesde
spermatozoïdes
quatre foissupérieures
(Lake
et al1981).
Cela rend cettetechnique
trèsonéreuse, d’autant
plus
que le coût dustockage
du sperme est lui-même élevé parrapport
àcelui du
poussin.
2.
2
/
Fréquence
de récolte des
coqs
La
production
despermatozoïdes
estconti-nue et ne peut être stockée
qu’en
quantité
limi-tée dans les canaux déférents
(de
Reviers1975).
Pour utiliser au mieux la
production
spermati-que des coqs, il faut donc connaître la fré-quence
d’éjaculation
qui permet,
pour unepériode
donnée(par exemple
unesemaine),
d’obtenir le
plus grand
nombrepossible
despermatozoïdes
par mâle. Chez le coqGallus,
cettefréquence
est d’une récolte parjour,
alorsqu’il
faut espacer les collectes de sperme de 3 à4
jours
si l’on souhaite récolter leplus
possible
despermatozoïdes
paréjaculat.
Dans ceder-nier cas, le nombre total de
spermatozoïdes
récolté par semaine est deux fois moindre ques’il y a, par
exemple,
5 récoltes de sperme parsemaine
(11,2
vs 20,3 milliards despermato-zoïdes)
et l’on nerécupère
dans leséjaculats
que 50 % des
spermatozoïdes produits
au lieude 87
(tableau 1).
).
Comme le nombre de
spermatozoïdes
à insé-miner est fixé par ailleurs(cf infra),
il en résulteque le nombre de coqs à élever et entretenir pour assurer la
reproduction
d’untroupeau
depoules
peut varier dusimple
au double suivantLe taux de
fécondation
atteintl’optimum
avec 100 à 200 millionsde
spermatozoi
d
es
pardose
suivantl’âge
despoules
mais nereste élevé que e
durant la
semainequi
suit l’insémination.2.
3
/ Nombres de
spermatozoïdes
à inséminer
Les nombreuses études conduites pour
déter-miner les doses les
plus appropriées
àl’obten-tion de taux de fertilité élevés ont
relégué
ausecond
plan
la notion de « volume » de spermeinséminé au
profit
de celui de « nombre despermatozoïdes
». En effet la concentration deséjaculats
varie dans de trèslarges
proportions
en fonction des souches de coqs, de leur
âge,
des
individus,
de lafréquence
et du mode de collecte du sperme.On sait
depuis longtemps
que desinsémina-tions faites avec des doses de sperme de même
volume mais ayant des concentrations de sper-matozoïdes variables donnent des taux de fécondation
qui
le sont presque autant, alorsqu’ils
neprésentent
pas de variationssignifica-tives si ces inséminations sont faites à nombres de
spermatozoïdes égaux,
mais dans des volumes variables(Munro 1938).
La mesure
régulière
de la concentrationsper-matique
constitue donc uneétape
essentielledans l’utilisation d’un
troupeau
dereproduc-teurs en insémination artificielle. Ce
point
admis,
il reste à définir les nombres de sperma-tozoïdesqui
conduisent aux meilleurs résultatsde fertilité et d’éclosion.
Répondre
à cetteques-tion n’est pas
simple car,
là encore, plusieurs facteurs vont influencer les résultats.La
première
étudesystématique
sur lesnom-bres de
spermatozoïdes
à inséminer dansl’es-pèce
Gallus revientprobablement
àTaneja
etGowe
(1961).
Leurs résultats(figure
1)
mon-trent que le taux de fécondation des
oeufs,
éva-lué du 2e au gejour
après
inséminationartifi-cielle,
atteintl’optimum
avec 100 millions despermatozoïdes
parinsémination,
mais cettedose doit souvent être
doublée,
voiretriplée,
quand
lespoules
avancent enâge
(Brillard
1988).
Il a
cependant
étépossible
d’obtenir des tauxde fécondation satisfaisants
(90
à 95%)
avecdes nombres de
spermatozoïdes
bienmoindres,
en utilisant soit du sperme pur
(25
millions despermatozoïdes :
de Reviers etBrillard,
nonpublié)
soit au contraire du sperme dilué 10 à50 fois dans un dilueur contenant du
plasma
séminal frais(5,5
millions despermatozoïdes :
Lake et Ravie1987).
Mais ces résultatsgardent
pour le moment une valeur
d’exception,
des recherches sont encore nécessaires avantqu’on
ne
puisse
les utiliser à l’échelle industrielle. Enparticulier
il semble bienqu’on
nepuisse
réduire au minimum le nombre des spermato-zoïdes inséminés que s’ils sont de
qualité
excel-lente au moment de leur insémination chez despoules
elles-mêmes au maximum de leurapti-tude à la fécondation.
2.
4
/ Délai
entre
inséminations
successives
Après
mise enplace
d’une dose de sperme,les femelles des oiseaux
domestiques
ont laparticularité
depondre
des ceufs fécondéspen-dant une durée
qui
varie dequelques
jours
(caille)
àquelques
semaines(dinde).
Elle peut atteindre trois semaines chez lapoule.
Dans cette dernière
espèce,
le taux de fécon-dation des ceufs n’est vraiment élevé que dansles 6 à 10
jours qui
suiventl’insémination,
soit 7jours
en moyenne. Ce taux augmente avec lenombre de
spermatozoïdes
inséminés(Taneja
et Gowe
1961),
mais diminue suivantl’âge
despoules.
Cette notion conduit à
préciser
que l’inter-valle àrespecter
entre deux inséminations consécutives doit être d’une semaine, decet intervalle est fonction de
l’âge
despoules
car la durée de leur
période
fertile diminue avecl’âge,
ce que l’onpeut corriger
enpartie
en augmentant la dose despermatozoïdes plutôt
que la
fréquence
des inséminations(figure 2).
Encore faut-il êtreprudent
sur cepoint
car ilexiste entre différents croisements
commer-ciaux des variations
importantes
dustockage
desspermatozoïdes
à unâge
et pour une dosedonnée
(figure
3).
Ces variations peuvententraîner des écarts non
négligeables
deferti-lité entre troupeaux inséminés par ailleurs dans
les mêmes conditions.
En outre,
quand
il y a insémination une foispar semaine avec des nombres élevés de
sper-matozoïdes
(100
à 200millions)
de bonnequa-lité,
il est rare que le taux de fécondation soit maximum avant la troisième semaine cheztoutes les
poules.
Cela peut être dû au fait queseule une très faible part
(1
à 2 % enmoyenne)
des
spermatozoïdes
inséminés sont effective-ment stockésaprès
chaque
insémination dans lesglandes utérovaginales
de l’oviducte(tableau
2).
Quoi
qu’il
en soit, il faut enfait,
audébut de
chaque
période
d’insémination,
insé-miner lespoules
deuxjours
de suite, éventuel-lement trois, pourpouvoir
atteindre d’embléeun taux de fécondation maximum et connaître
rapidement
leuraptitude
à la fécondation.3
/ Mise
enplace
du
sperme
et
oviposition
_.,_.,--!&dquo;._..!--_._._-
-_--L’oviposition
est le moment oùl’œuf,
ter-miné, est
expulsé
hors del’utérus,
via levagin
et le
cloaque
de lapoule.
Elle ne dure quequel-ques secondes à
quelques
dizaines de secondeset est en
général
suivie, 15 à 30 minutesplus
tard,
par l’ovulation de l’œuf suivant, à moinsqu’il
n’y
ait pause ou arrêt de ponte. Cetteovi-position
est due à des contractions utérines,elles-mêmes induites par les
prostaglandines
qui
assurent par ailleurs le relâchement duvagin.
L’utéruspeut
avoir une activitécontrac-tile
contemporaine
de l’ovulation même s’iln’y
a pas eu
d’oviposition préalable.
La mise en
place
du sperme doit avoir lieu au moins 4 h avant ou
après
l’oviposition,
les contractions utérines au coursde
cettepériode
limitant
la
remontée et lestockage
des
spermatozoïdes
dans l’oviducte.
ou suivent
l’oviposition
donnegénéralement
demédiocres résultats de fertilité : ceci a été
confirmé dans
plusieurs
espèces
telles que lapoule domestique (figure 4),
la dinde et lapin-tade.
Les raisons de l’existence de cette
période
de subfertilité sont,jusqu’à
uneépoque
récente,restées inconnues bien que
plusieurs
hypo-thèses aient été avancées : milieu oviducal défa-vorable aux
spermatozoïdes pendant
cettepériode, blocage mécanique
de la remontée desspermatozoïdes
parprésence
d’un oeuf revêtude sa
coquille
ou encore existencetemporaire
de contractions oviducales
péristaltiques
capa-bles
d’expulser
lesgamètes
mâles. Ces hypo-thèses ont faitl’objet
d’une séried’expériences
dont les résultats sont
présentés ci-après.
Composition
du fluide utérin :Malgré d’importantes
variations liées aux apports successifs d’éléments minéraux ouorganiques qui
entrent dans lacomposition
des couchessuperficielles
de l’œuf(membranes
coquillières, coquille, cuticule),
il n’a pas étéobservé de différences de mobilité ou de
fécon-dance entre les échantillons de
spermatozoïdes
incubés dansplusieurs
fractions de fluide retenu.Rôle
mécanique
de l’!uf :L’expulsion prématurée
des ceufsprésents
dans l’oviducte despoules
traitées parinjection
de
prostaglandines
5 heures avant le momentprésumé
del’oviposition,
et lacomparaison
de la fertilité de cespoules
à celle depoules
témoins
(œuf
normalement enplace)
insémi-nées en stade défavorable n’a révélé aucunedif-férence
significative
de taux de fécondationentre les deux groupes, celui-ci restant
toujours
compris
entre 30 et 35 %(J2-J8 après
insémina-tion).
Rôle des contractions oviducales :
Chez des
poules
dont les contractions ovidu-cales ont étésupprimées
artificiellement parinjection
d’indométhacine(inhibiteur
de lasynthèse
desprostaglandines),
le taux de fécon-dation est resté normal(92
% pour lapériode
J2-J8)
bien que les inséminations aient étéprati-quées
moins d’une heureaprès
l’oviposition.
Dans uneexpérience
complémentaire,
une acti-vitéélectrique
importante
duvagin
a été miseen évidence. Elle révèle l’existence de contrac-tions se
superposant
de manière assezprécise
àla
période
« subfertile » des femelles : ce sontsans doute ces contractions
qui
sont àl’origine
de la non remontée des
spermatozoïdes.
Conclusion
et
perspectives
Les données
qui
viennent d’êtreprésentées
montrent que l’insémination artificielle despoules
permet à l’heure actuelle d’obtenir des résultatstechniques
satisfaisants en sepliant
àdes normes relativement
simples :
spermeuti-lisé à l’état
frais,
à raison de 100 à 200 millions despermatozoïdes
par dose suivantl’âge
despoules,
inséminations renouvelées tous les 7jours
et faites à un intervalle detemps
suffisantpar rapport à
l’oviposition (5
heures etplus).
Aces conditions
s’ajoute
celle del’emploi
de matérielsappropriés,
à la mise aupoint
des-quels
nous avons contribué en collaboration avec les Sociétés I.M.V. et Danno, etqui
sontDes
progrès
sont encore concevables. Ils peu-vent concerner enparticulier :
- le nombre et la
qualité
desspermatozoïdes
produits
par les coqs. Si l’on commence àmieux maîtriser le
premier
de ces deuxparamè-tres,
grâce
notamment à de nouvelles méthodesd’élevage,
on sait àpeine
constater l’état dusecond,
pourlequel
on nedispose
pasactuelle-ment de moyen de contrôle vraiment
efficace ;
or il y aurait
peut-être
là unepossibilité
d’amé-liorer encore le taux de fécondation des oeufs
tout en diminuant le nombre de
spermato-zoïdes inséminés et par
conséquent
l’effectif decoqs.
- la
conservation in vitro du
pouvoir
fécon-dant desspermatozoïdes
est unobjectif
decer-tains au moins des
producteurs
depoussins ;
nous avons
indiqué qu’il
n’est passuffisam-ment
près
d’être atteint pour passer sanspré-cautions dans la
pratique,
au moins dans les conditionsfrançaises
et surtout s’il y acongéla-tion du sperme.
- l’amélioration de la durée de
période
fertile despoules
par des moyensphysiologiques
ougénétiques,
car c’estgrâce
à elle que l’onpour-rait espacer
peut-être
davantage
les insémina-tionsartificielles,
et parconséquent
diminuer leur part dans leprix
de revient despoussins.
En France, ces différentes directions de recherche sont
poursuivies
oudéveloppées
dans
plusieurs implantations
del’INRA,
enpar-ticulier la Station de Recherches avicoles de
Nouzilly.
Elles ne concernent pas seulement lapoule
mais encore ladinde,
lespalmipèdes
et le faisan. On peut doncespérer
de nouveauxprogrès
dans les années à venir, face à unmar-ché de
plus
enplus compétitif.
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