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Quelques réflexions sur quelques prédispositions

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1658 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 31 août 2011

actualité, info

… Il nous faudra donc, là aussi, attendre.

Sans se lasser …

Quelques réflexions sur quelques prédispositions

Pour un peu on se lasserait presque des tra- ductions faites de quelques-unes des plus récentes publications scientifiques effectuées dans des revues dotées d’une certaine re- nommée. Pourquoi donc ? Trois récents exem- ples ayant tous trait à l’identification de va- riations génétiques dans trois pathologies très différentes.

Cancer prostatique. Des chercheurs vien- nent de découvrir cinq variations généti ques héréditaires liées aux cancers les plus agres- sifs de la prostate, ouvrant la voie à un test sanguin capable de distinguer entre les tu- meurs requérant un traitement de choc et celles à évolution lente nécessitant seulement une surveillance, selon des travaux publiés mardi 16 août. «Des biomarqueurs pouvant faire la distinction entre les patients atteints d’une tumeur de la prostate dormante et ceux souffrant d’un cancer plus agressif manquent cruellement», explique le Dr Janet Stanford, codirectrice du programme de recherche sur le cancer de la prostate au Hutchinson Cen- ter et principale auteur d’une étude clinique

publiée dans la version en ligne de la revue américaine Cancer Epidemiology, Biomarkers and Prevention.1

Et la dépêche de l’agencier de poursuivre :

«Les marqueurs que nous avons identifiés offrent la première indication solide du rôle- clé joué par des variations génétiques héré- ditaires dans la progression et la mortalité de ce cancer, ajoute le Dr Standford. Ces mar- queurs pourront être utilisés clini-

quement avec d’autres indicateurs déjà connus des cancers de la pros- tate pour évaluer l’agressivité de la tumeur tels que le score de Gleason, et iden- tifier les hommes à haut risque.» Les auteurs de ce travail prennent ici grand soin de rap- peler ce que tous les spécialistes savent, si- non beaucoup de leurs patients : une pro- portion non négligeable d’hommes âgés chez lesquels a été diagnostiquée une tumeur de la prostate à évolution lente avec une faible probabilité d’évolution aux con sé quences lé tales font l’objet de thérapeuti ques coû- teu ses et grevées d’effets secondai res nul-

lement négligeables (impuissance et incon- tinence au premier chef).

«Nous avons choisi d’étudier des varia- tions dans des gènes qui jouent potentielle- ment un rôle-clé dans les processus biologi- ques pouvant contribuer à la progression du cancer de la prostate tels que l’inflammation, la production de stéroïde, le métabolisme, la réparation de l’ADN, le rythme circadien et l’activité de la vitamine D» a déclaré le Dr Stanford. Mais quid de ce potentiellement ? Le Dr Standford ne le dit pas. Quand sera-t- on ici en mesure de moduler la stratégie thé- rapeutique en fonction de données généti- ques ? Quand la prédisposition sera-t-elle ici évaluée et intégrée à la prise en charge mé-

dicale ? A quel coût et avec quels bénéfices ? Attendre, sans se lasser.

Sclérose en plaques. Une fois encore il s’agit de l’identification de nouveaux facteurs de prédisposition génétique à la sclérose en plaques ; identification présentée comme «une avancée majeure dans la connaissance des mécanismes biologiques de la maladie». La publication en est faite dans Nature 2 par une très large équipe internationale (250 mem- bres) qui annonce avoir réussi à identifier 29 point de vue

Le côlon comme le sein ?

Par nature, et on ne lui en voudra pas, le dal­

tonisme statistique et planificateur estompe les couleurs du monde. Une prose de clas­

seur fédéral au lieu de la sève poétique de nos vies. On va dépister le cancer du côlon comme on l’a fait pour celui qui n’affecte en général que nos chères compagnes.

En termes de programmation d’une cam­

pagne de santé publique, c’est bonnet blanc, blanc bonnet. Tomber le bas après le haut, ri­

tuel classique. Vraiment ?

Or c’est s’attaquer à deux univers singu­

liers, à deux registres différents d’une même partition.

L’un est un extraverti insouciant, protubé­

rance graisseuse un peu glandulaire ne se cachant que pour mieux se découvrir aux re­

gards et caresses triées sur le volet, séduc­

teur inanimé, parfois exhibé, souvent convoité ; le crabe muet qui s’y aventurerait ne pince pas la main de l’amant, encore moins les lèvres de l’enfant. Sans aucun tropisme pour le mam­

mographe, il a fallu de longues années de persuasion pour ramener à l’ordre la cigale mammaire, foi de sénologue ; avec succès : 2X seins pour X femmes, multipliés par une participation P, si le compte est bon, Y can­

cers du sein dépistés = 2XP multipliés par % risque, CQFD.

carte blanche

Dr Alain Frei Gastroentérologie FMH 30, avenue Louis Ruchonnet 1003 Lausanne

Alain.frei@hin.ch

L’autre est un timide hystérique bien vivant et remuant. Egoutier honteux et dégoutant, c’est un reclus qui panache ses désordres ; et la bacchanale peut se révéler franchement ta­

pageuse : tantôt il pleure à grandes eaux, tantôt il se paralyse, enfle, se convulse ; mais aus si Eole ténébreux ou explosif ; fréquemment, son malheureux propriétaire crie à l’aide… et consulte ! Oh miracle, le boyau sort de sa clan­

destinité, s’exhibe sur écran et en couleurs ! Bien sûr, son esthétique n’est que virtuelle, numérisée ; il n’évolue pas dans la même ca­

tégorie plastique que son concurrent mam­

maire, mais il doit quand même une fière chan­

delle à la technologie nippone ! Et l’endosco­

D.R.

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Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 31 août 2011 1659 nouveaux variants génétiques associés à la

sclérose en plaques, apportant de la sorte «des informations-clés sur la physiopathologie de cette maladie neurologique très invali- dante». Il s’agit ici «de la plus grande étude génétique de la sclérose en plaques jamais réalisée à ce jour», et ce dans le cadre de l’In- ternational Multiple Sclerosis Genetics Con- sortium et du Wellcome Trust Case Control Consortium.

On apprend à cette occasion que la ma- jeure partie des gènes identifiés sont impli- qués dans le système immunitaire et révè- lent les voies biologiques qui sous-tendent le développement de la sclérose en plaques. Pour parvenir à leurs conclusions, les chercheurs ont analysé l’ADN de 9772 person nes at- teintes de sclérose en plaques dans quinze pays et l’ont comparé à celui de 17 376 con- trôles sains. Les résultats confirment le rôle de vingt-trois variants déjà connus mais ils en identifient aussi vingt-neuf autres com me facteurs de prédisposition génétique à la ma- ladie. Cinq sont également fortement sus- pectés et devront faire l’objet d’études ulté- rieures avant d’être confirmés.

«Un grand nombre de gènes identifiés par ces travaux jouent un rôle essentiel dans le fonctionnement du système immunitaire, en particulier dans la fonction des cellules T ainsi que dans l’activation des interleuki nes» pré-

cise-t-on auprès de l’Institut national fran- çais de la santé et de la recherche médicale (Inserm). On ajoute, «fait intéressant», qu’un tiers des gènes identifiés dans cette recher che ont déjà été impliqués dans d’autres mala- dies auto-immunes (telles que la maladie de Crohn et le diabète de type 1), indiquant un processus immunitaire commun à ces patho- logies. Des recherches antérieures avaient suggéré un risque accru de sclérose en pla- ques chez les personnes déficientes en vita- mine D. Parmi les derniers gènes identifiés, deux sont impliqués dans le métabolisme de cette vitamine, «fournissant des pistes supplémentaires sur un lien possible entre les facteurs de risque génétiques et environ- nementaux». «Ces travaux devraient ouvrir de nouvelles pistes de compréhension de la maladie et de recherche de nouveaux traite- ments» souligne-t-on encore. Il faudra donc attendre ; et espérer. Sans se lasser.

«Après plus de trente ans de recherche, seul un effort commun et international pou- vait nous laisser espérer identifier les gènes majeurs impliqués dans la sclérose en pla- ques. C’est le résultat de cet effort commun dont nous publions les résultats aujour d’hui.

La stratégie que nous avons utilisée peut être appliquée à d’autres maladies et devrait per- mettre d’accélérer la compréhension des ma- ladies multifactorielles» estime Bertrand Fon- taine (Centre de recherche de l’Institut du cerveau et de la moelle, Inserm/CNRS/Uni- versité Pierre et Marie Curie, Paris) l’un des chercheurs français, cosignataire de ce tra- vail.

Schizophrénie. L’étude porte sur vingt- deux cas témoins et cinquante-trois cas spora- diques de schizophrénie diagnostiqués chez des personnes sans antécédents familiaux de

la maladie. Toutes les personnes recrutées étaient d’origine européenne mais vivaient en Afrique du Sud. Les résultats sont publiés dans Nature Genetics 3 par des chercheurs de l’Université de Columbia, du Hudson Alpha Intitute for Biotechnology et de l’Université de Pretoria. Ils annoncent avoir identifié qua- rante mutations affectant des gènes diffé- rents et modifiant la structure et la fonction de certaines protéines. Ils confirment donc la composante génétique de la maladie, et ce même chez des personnes qui n’ont pas d’an- técédents familiaux. En l’espèce, les muta- tions surviendraient selon eux dans les ga- mètes ou très rapidement après la féconda- tion. «Les résultats rappellent aussi que la schizophrénie est une maladie très complexe et des études futures devront déterminer si les mutations identifiées jouent un rôle dé- clenchant dans la maladie, sur un plus grand nombre de patients» soulignent, fort prudem- ment, les auteurs.

Il nous faudra donc, là aussi, attendre. Sans se lasser.

Jean-Yves Nau jeanyves.nau@gmail.com

1 Genetic variants in the LEPR, CRY1, RNASEL, IL4, and ARVCF genes are prognostic markers of prostate can­

cer­specific mortality. Published online first august 16, 2011;doi:10.1158/1055­9965.EPI­11­0236

2 Genetic risk and a primary role for cell­mediated im­

mune mechanisms in multiple sclerosis. The Internatio­

nal multiple sclerosis genetics consortium & The Well­

come trust case control consortium. Nature 476, 214­

219 (11 August 2011) ; doi:10.1038/nature10251 3 Exome sequencing supports a de novo mutational pa­

radigm for schizophrenia. Nature Genetics, August 7, 2011 ; doi:10.1038/ng.902

piste d’être investi de la mission sublime de conserver ou rendre à l’organe son silence, repérer la fausse note au stade de murmure avant l’exubérance cacophonique mortifère.

Ainsi, contrairement au sein à l’égard de la mammographie, le côlon est souvent allé au coloscope avant qu’on ne l’y incite. Donc, Y cancers coliques dépistés = X individus – S individus symptomatiques x P x % risque, CQFD.

Ces divagations d’aoûtien en goguette pour souligner et démarquer les expérien­

ces colorées que recouvre la sécheresse d’une démarche de santé publique par rap­

port au vécu des patients et à l’humanité sous tous ses aspects émergeant de nos consultations. Sans parler de l’angoisse lé­

gitime – le plus souvent et heureusement non justifiée – générée par l’attente du résultat.

Passons sur les embûches pratiques telles que celles liées à la pénurie de gas­

troentérologues, pur fantasme corporatif aux yeux de certains. Donc, en avant ! Place à la mise en ordre d’une pratique anarchique et socialement inégale déjà en cours.

«Le cancer, au prix que ça coûte, on n’est même pas sûr de mourir guéri». Alors d’ac­

cord, Coluche, dépistons et prévenons !

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