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La station néolithique et protohistorique de "Sur le Grand-Pré" à Saint-Léonard (distr. Sierre, Valais) : note préliminaire

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La station néolithique et protohistorique de "Sur le Grand-Pré" à Saint-Léonard (distr. Sierre, Valais) : note préliminaire

SAUTER, Marc-Rodolphe

SAUTER, Marc-Rodolphe. La station néolithique et protohistorique de "Sur le Grand-Pré" à Saint-Léonard (distr. Sierre, Valais) : note préliminaire. Archives suisses d'anthropologie générale , 1957, vol. 22, no. 2, p. 136-149

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:95781

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Extrait des Archives suisses d'Anthropologie générale.

Tome XXII, n° 2, r957.

La station néolithique et protohistorique de « Sur le Grand-Pré» à Saint-Léonard

( distr. Sierre, Valais) Note préliminaire

par

Marc-R. SAUTER.

Encore que les fouilles ne soient pas terminées, il nous a paru opportun de faire connaître sans plus tarder les premières constatations que nous avons déjà pu faire en 1956 et 1957, à Saint-Léonard. En effet, ce site s'est révélé assez important, de par ses caractères originaux, pour inté­

resser dès maintenant les spécialistes. On voudra bien ne voir dans les pages qui suivent qu'une description toute provisoire et, pour certains points, un appel à des réactions.

Le site. - Commune de Saint-Léonard, district de Sierre, Valais.

Cette commune de la rive droite de la vallée du Rhône s'étale d'une part sur la plaine d'alluvions naguère impraticable parce que marécageuse, d'autre part sur les premières pentes de la montagne. Elle s'appuie à l'ouest sur la Liène (ou Rière), torrent qui sort de gorges profondes pour descendre (actuellement en ligne droite) vers le Rhône. Ce cours d'eau -- limite actuelle des districts de Sierre et de Sion - a servi de frontière pendant tout le moyen âge, un péage y était situé. Le village le touche, et le chevauche même, si l'on ajoute à Saint-Léonard les maisons de la localité d'Uvrier, sise sur la commune de Sion. La route cantonale passe à côté du village, puis longe - à l'altitude de 500 m - le pied de parois rocheuses, en direction de Sierre. Une autre route, secondaire, monte du village, entre les vignes, en direction de Chelin et Lens; elle passe, à I.200 m à l'ENE du village, par une ensellure (occupée par l'étendue de prairie qui a donné son nom au lieu dit cc le Grand-Pré l)) réservée entre le flanc du premier contrefort montagneux (le Châtelard, alt. 1272 m) et une des collines rocheuses qui dominent la paroi rocheuse mentionnée ci-dessus.

(Fig. 1).

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Cette colline porte la station. Elle culmine à 598.06 m (coordonnées du sommet: 599.450/rzz.850). Elle est faite de couches redressées de quartzites du Trias inférieur, comme la colline de Valère à Sion; une carrière (désignée dans le pays sous le nom de « carrière de quartz n) les exploite. Un peu au-dessous du sommet, un replat a permis l'établissement humain préhistorique. Cette sorte de terrasse irrégulière est représentée en partie par le remplissage de terre du haut d'une diaclase, orientée à peu près NE-SW, et large de 4 à 6 m: il y a eu là naguère une vigne, actuellement disparue.

Notons en passant que la colline appartient à cette série de biotopes du bas de la pente montagne11se de la rive droite de la vallée du Rhône, orientés plein Sud, bien connus des naturalistes par leurs caractères origi- naux de steppe montagneuse sèche (Fétuques, Stipes, Joubarbes; Mantes religieuses, Lézards verts, etc.). Le vent d'aval est dominant et joue un grand rôle.

La vue est très dégagée, tant du côté de Sion que vers Sierre.

Découverte et fouillés. - La découverte, faite au printemps 1956, est l'œuvre de M. Georg Wolf, ouvrier ébéniste à Sion, qui, passant par là, eut l'heureuse idée de regarder dans les déblais de terre provenant de l'exploitation de la carrière de quartzite, de ramasser par kilos des tessons et des ossements, et d'en avertir les instances compétentes. Nous pûmes vite nous rendre compte de l'intérêt de ce matériel et, sur le terrain, de la possibilité de pratiquer des fouilles systématiques. Le relevé détaillé d'une coupe (A) visible à l'extrémité NE de l'ancienne vigne nous montra une structure qui pouvait annoncer un fond de cabane; malheureusement une forte explosion détruisit, l'hiver suivant, cette partie; il nous est difficile de raccorder au reste de la fouille les quelques constatations frag- mentaires faites dans le lambeau qui en restait (coupe A').

Il y a eu deux campagnes de fouilles en 1957: dix jours en avril et vingt-quatre en août-septembre; nous avons bénéficié de la collaboration très active d'assistants et étudiants de l'Institut d'Anthropologie de l'Université de Genève 1 .

1 A pnit M••• Snnlcr, eo hmml M'" l(aufmnon, ch f <los tmvnux ot MM. P. MWSQhler et J.·CI .. Bouvier, nsslstnnfs /1 l'Instilul; b100 • Bou,,ior cl MM. A. C:,v!11, P. Llonall. PIL Grandjean, H. Grcppln, P. Hain.nrd, J. Nnl!I, J.·F. Sobopfot, M. Sus,;. Nous nvons b<lné0cl6 qudquos Joues do la collnùorntlon M MM. J.-P. Mlllolt~. cborgd d r.outs cfo proll,Mofrc n l'Unlv<rrs\L6 de. flc~on~on, et Cuseninr, (!Q ~111, A.-L. Reinllol<I, cooscrvateur du Muwe ,l'Mistolrc cl d'ArchéolOgic de Lllusann et M. Hcnnard, pr~p.orotcur, ai, i <1uc <le ~I. O. Bockshrrgcr, professeur nu Coltègcd'Aiglc. Nous tlo\'ons sl1,'llnler nussl l'nidc de M. cl hl"'• J)ornlond, cl de ~J. Dusscx, tlinsi qua do plu- sieurs aides c,ccasignncllcs mais uUli:s, dont celles do M. . Wolf. l\olre colhlgue cl omi /\. Jnycl, chargô de cours à l'Univr.rsil~ cfo Geu~ve, n blch ,•oulu 1101,s faire ~néliclcr sur l • torrnin d sn lleknc , ainsi que M. l'•bb<·

M.n.rïln.n, l'iufutigublc anllllnlour cl ln Muritblonno, soeiélé des sciences nalurcUus du V'alois. Nous disons b tous nos remerciements.

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STATION NÉOLITHIQUE À SAINT-LÉONARD (VALAIS) 139 Les fouilles ont été permises par des crédits que nous ont accordés le Musée de Valère à Sion (M. A. de Wolff, conservateur), le Conseil d'Etat du Valais (crédit extraordinaire), le Comité de la Société suisse de Pré- histoire, ainsi que la direction des Usines de Chippis de la Société anonyme pour !'Industrie de !'Aluminium. Nous exprimons à chacun - et tout particulièrement au Conseil d'Etat - notre reconnaissance la plus vive.

Notre gratitude va aussi aux autorités civiles (M. Jean Bitz, président), scolaires et ecclésiastiques (M. le curé Oggier) de Saint-Léonard, ainsi qu'à MM. Alfred Tissières, directeur de la carrière, Joseph Bitz, entre- preneur, et F. Brunner, propriétaire du Restaurant du Pont à Uvrier, pour les facilités qu'ils n'ont cessé de nous accorder et pour leur bien- veillante sympathie.

En octobre 1957, il fut nécessaire d'aller examiner une découverte faite par M. G. Wolf dans un lambeau de terre isolé par l'explosion et dont nous n'avions pas eu le loisir de faire la dissection.

C'est des résultats de ces diverses visites et fouilles que nous donnons ici un très bref rapport provisoire.

La stratigraphie. - Cette description vaut surtout pour l'extrémité NE du terrain, où nous avons fait les premières constatations. La diaclase mentionnée ci-dessus, dont la largeur est de 4 à 6 m, semble occupée en profondeur par de gros blocs. Par dessus s'est déposé un remplissage jau- nâtre de gravier morainique fin, cimenté de terre provenant en grande partie de la couche sus-jacente. Celle-ci est faite d'une sorte de limon jaune lœssoïde très homogène et compact, se taillant très facilement;

il est stérile, au point de vue tant malacologique qu'archéologique. Ce niveau a une épaisseur très inégale (o.ro à 1 m), mais cette épaisseur repré- sente un minimum; en effet sa partie supérieure a été attaquée par les hommes qui ont établi là leur habitation au Néolithique.

Leur passage est représenté par une couche, épaisse de 0.50 m environ de terre brune compacte, très fine, parce que formée en partie par apport éolien et riche en matières organiques. Il est impossible d'y déceler des feuillets stratifiés, mais on y distingue une structure horizontale; la compa- cité de cette terre doit être due en grande partie au tassement provoqué par le piétinement humain. C'est la couche archéologique en place, d'âge néolithique.

Au-dessus on a un niveau, épais de 1 m environ, de terre remaniée, de couleur semblable à la couche sous-jacente, dont il est très difficile de déceler la limite exacte; elle s'en distingue surtout par sa plus grande richesse en cailloux, ainsi que par la présence plus fréquente de racines

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(dont d'anciennes racines de vigne) et de radicelles; elle est couronnée par l'herbe du champ artificiellement aplani. Cette couche est le produit du mélange de la partie supérieure de la couche néolithique et du remplis- sage subséquent, d'où est résulté un pot-pourri d'objets de l'âge du Bronze, de l'âge du Fer, de l'époque romaine et d'âge historique, à toutes les pro- fondeurs. Nous pensons avoir disséqué, contre le rocher, un faible reste de la couche protohistorique en place: une sorte de foyer, dont nous n'avons pas encore eu le loisir d'analyser le contenu céramique.

Cette succession stratigraphique un peu schématisée est en réalité compliquée par les modifications qu'y a apportées l'activité néolithique.

Les structures d'habitation. - Nous employons cette expression un peu pédante pour désigner l'ensemble des manifestations humaines retrou- vées et qui sont plus complexes qu'un simple fond de cabane, puisque nous y décelons des fosses à détritus.

Si l'explosion de l'hiver 1956-57 nous a empêché de connaître de manière satisfaisante l'aspect de ce que nous pensons avoir appartenu à un pre- mier fond de cabane, à voir l'aspect géométrique des creusements constatés (coupe A et A'), elle nous a préparé une nouvelle coupe (D) intéressante:

en effet, on y voyait une série de trois fosses creusées dans le limon jaune et remplies de terre brune mêlée de pierres et de matériaux archéologiques en vrac. Une quatrième a été vidée plus tard, qui contenait entre autres, tout au fond, tous les tessons d'un plat à mamelon multiperforé. Ces

« fosses à ordure» avaient une profondeur inégale (0.50-0.60 m environ).

Le fond de cabane, que nous avons en grande partie fouillé, était placé entre les parois du bord de la diaclase: dans cet espace étroit (5 à 6 m) les Néolithiques ont creusé dans le fond jaune compact un complexe de niches et de banquettes en gradins, qui semblent se grouper autour d'une fosse centrale. Celle-ci est à peu près circulaire (diamètre r.ro à r.20 m à son ouverture), profonde de 0.50 m; son fond forme le niveau le plus bas de l'ensemble. Tous ces creux étaient remplis de terre brune, très, noirâtre par place, riche en matières cendreuses, mais sans vrais charbons;

on y trouvait par place de réels encombrements de cailloux et de blocs en désordre, où il était impossible de reconnaître de vrais agencements de foyers. Le tout était riche en céramique très fragmentaire et autres débris archéologiques et fauniques.

Un gros bloc ovalaire (0.55 X cqo m), dominant le bord E de la fosse centrale, nous paraît avoir dû servir de base à un poteau de support de toit. Nous fondons cette hypothèse sur plusieurs arguments (que nous tenterons de vérifier): r0 l'absence de tout trou de poteau, qui n'a pas

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pu nous échapper, vu la netteté des différences de couleurs entre le limon jaune et les inclusions de terre brunâtre; z0 la position assez centrale du bloc; 3° la faible distance d'une paroi de rocher à l'autre (env. 4.50 à 5 m), rendant facile l'appui latéral d'une charpente reposant sur un poteau médian.

Nous avons décapé ce fond de cabane sur une surface de 4.50 X 3.50 m sans arriver à le dégager sur toute son étendue. Une tranchée ouverte de 9 à rz m plus loin dans le champ en direction SW (chantier II) ne nous a plus montré de vraie structure; il est vrai que le défonçage de la vigne avait détruit le terrain sur une plus grande profondeur (jusqu'à r.50 m).

Il est trop tôt pour disserter sur l'aspect de cette cabane néolithique.

On peut tout de même souligner son intérêt, puisque c'est le premier exemple d'une telle forme d'habitation en Suisse, en dehors des palafittes et des abris sous roches. Cette seule considération justifierait la reprise des fouilles.

Le matériel. - La couche néolithique a livré une grande quantité de tessons, dont le recollement, la restauration et l'examen sont très peu avancés. Les autres éléments culturels sont plus rares; nous nous conten- terons de mentionner quelques haches en pierre polie, de type simple et lourd, quelques erminettes plus soignées; une demi-gaîne de hache en bois de cerf, sans ressaut, a été trouvée au bas des déblais de la carrière, mais peut, à bon droit, être attribuée à ce niveau. Signalons encore quelques lames de silex, importées (d'où ?), l'abondance des fragments débités de cristal de roche (quartz), dont deux exemplaires en tout cas ont été taillés et retouchés en pointes de flèches, un poids de filet (galet à encoches), et l'outillage banal en os de chèvre, de mouton ou de porc: poinçons, lissoirs, grosse pointe. Un anneau en pierre schisteuse, très dégradé, pouvait être une pendeloque. Un autre élément de décoration consistait en un fragment de défense de suidé, taillé en un fuseau facetté, et dont une extrémité, taillée en petit disque, devait permettre la suspension.

La céramique est faite généralement d'une pâte de couleur gris noi- râtre (parfois beige), assez fine et contenant une forte proportion de dégrais- sant assez grossier tiré du quartzite trouvé sur place; les vases ont une surface lisse, lustrée souvent, sauf lorsqu'elle a été corrodée secondairement.

Elle est généralement bien cuite. Par son aspect elle s'apparente au type de la céramique du complexe culturel de Chassey-Lagozza-Cortaillod.

Pour autant qu'un examen rapide des tessons - et de quelques vases reconstitués - nous permet de le dire, les types céramiques représentés sont les suivants:

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10 Jarres. Nous avons eu la bonne fortune de trouver tout au fond du chantier II, un ensemble de tessons juxtaposés, qui a permis de reconsti- tuer avec une exactitude presque parfaite une jarre haute de 0.31 m et dont le diamètre maximum de la panse est de 0.23 m, avec un mamelon sous le bord 1. C'est le type du « hohe Kumpf » de la liste de Mlle Gonzenbach (1949). Ce type - avec des variantes - semble fréquent (fig. 2).

FIG. 2. - Céramique néolithique. Grande jarre reconstituée. Ech.: I: 4.

20 Coupes carénées (« Knickkalottenschalen »). Il en existe de nombreux types, selon que la carène du profil est placée plus ou moins bas et accuse plus ou moins son relief (fig. 3, 2-4; fig. 6, I4, I5, 2I-22).

30 Coupes et plats. Ils sont fréquents et variés. Mais en général ils se caractérisent par le côté supérieur de leur bord, épaissi, ourlé parfois en large bourrelet, parfois simplement souligné d'un ressaut ou d'une ligne gravée; dans un cas, ce bord est décoré d'un alignement de petites coches rayonnantes. Un plat reconstitué présente à l'extérieur un

1 Nous <lcvollS à l'nUJ1LIJllité oL li l'habileté de Mil• Reinbohl. conservatrice et de M. Herm,u"tl, préparateur du Musée de L;l.us:mme, la resln.uralion de ce vase, ainsi que da la coupe à ombilic dont il sern qucsU011 plus loin.

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cordon multiperforé près du fond. Diamètres reconnus: 0.18 à 0.26 m. (Fig. 3, I; fig. 4; fig. 6, I9-20).

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FIG. 3, - Céramique néolithique. I. Assiette à mamelon multiperforé. 2. Coupe carénée reconstituée.

3. Bord de coupe carénée. 4. Vase à épaulement à décor gravé à cru (reconstitué). Ech.: 2: 3.

Nous n'avons pas encore pu identifier de lampes du type de Cortaillod récent, non plus que des fiasques ou des cuillers.

Par contre, nous sommes en possession de quatre fusaïoles, dont trois ont été trouvées en place (fig. 5). Elles sont d'aspect varié, quoique toujours plutôt plates. L'une est décorée de cercles concentriques centrés sur le bord. Elles nous paraissent s'apparenter à celles de l'Italie du Nord, que Cornaggia Castiglioni a récemment republiées (1954-55); nous leur attribuons une certaine importance pour l'interprétation finale.

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Le décor de la céramique est de deux sortes: r0 Décor en relief. Il s'agit de la série des mamelons isolés ou multiples, appliqués tout au bord ou à quelque distance de celui-ci; des cordons plus ou moins longs appliqués sur la panse. Ces mamelons et cordons sont ou ne sont pas perforés (ou multi- perforés). Ce décor ne diffère pas particulièrement de ce qu'on connaît dans les stations du Plateau suisse. (Fig. 3, I, et 6, I-I8.) Décor gravé.

Il est plus rare et plus original, qu'il s'agisse de lignes gravées à cru, soit

FtG. 4. - Céramique néolithique. Plats reconstitués. Ech.: r: 3.

au poinçon qui coupe la pâte (fig. 3, 4; fig. 5, 4; fig. 6, II, I4, I9), soit à la spatule qui l'écrase, ou qu'on ait affaire à un décor gravé à cuit. C'est à cette variante qu'.appartiennent quelques tessons, malheureusement trouvés presque tous dans les déblais de la carrière, et qui sont couverts d'un réseau de traits soit en chevrons aux sommets reliés par des lignes parallèles, soit de croisillons, qui ne sont pas sans évoquer certains décors chasséens ou lagozziens.

A considérer l'ensemble de cette céramique, on est frappé d'une part par sa parenté fondamentale avec celle de la civilisation récente de Cor- taillod, d'autre part par ses caractères aberrants: fusaïoles, plats à bord ourlé, décor gravé à cuit, etc. Nous ne pouvons pas justifier dans le détail ce qui n'est encore qu'une impression, partagée par plusieurs préhistoriens.

La question se pose alors de savoir de quel côté il faut se tourner pour chercher l'origine des influences éventuelles qui ont façonné l'aspect de

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STATION NÉOLITHIQUE À SAINT-LÉONARD (VALAIS) 145 la civilisation matérielle de Saint-Léonard. Deux voies s'offrent: la vallée du Rhône, qui aurait permis la pénétration de courants en provenance de la civilisation de Chassey, et les cols alpins, qui auraient facilité le

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passage d'éléments venus de l'Italie du Nord, et plus précisément de la civilisation de la J.,agozza. Nous serions tenté de pencher de ce dernier côté, pour plusieurs raisons: nous avons déjà insisté (1955) sur les relations qui paraissent avoir existé entre la vallée sùpérieure du Rhône et le Léman, d'une part, et les vallées du versant italien des Alpes (Val d'Aoste, etc.) et peut-être les grottes ligures, d'autre part, relations concrétisées par les

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tombes en cistes; on peut rappeler aussi la présence des fusaïolcs plates à Saint-Léonard et en Italie septentrionale; les tessons gravés à cuit paraissent ressembler moins aux décors de vases chasséens qu'à certains types lagoz- ziens. Mais il s'agit là d'une opinion toute provisoire, que nous nous

10 cm

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FIG. 6. - Céramique néo1ithique. 1-3. Bords à mamelons multiples, 4-10. Bords avec mamelons de type varié.

11 et 14. Tessons décorés de traits gravés à cru, et à mamelon perforé verticalement. 12-13. Mamelons perforés.

15-18. Colombins multiperforés. 19-20. Bords de plats. 21-22. Profils de vases carénés. Ech.: 1: 3.

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STATION NÉOLITHIQUE À SAINT-LÉONARD (VALAIS) I47 attacherons à vérifier après que les fouilles finales auront apporté de nou- veaux documents, et que des recherches comparatives nous auront permis de pénétrer plus avant dans la connaissance du matériel néolithique plus ou moins apparenté de France et d'Italie.

De toute façon, ce premier inventaire des résultats des travaux effec- tués à Saint-Léonard, s'il est très incomplet, suffit à montrer qu'il vaut la peine de continuer - et terminer - l'exploitation scientifique de la colline << Sur le Grand-Pré», et de chercher ailleurs, en Valais et dans le bassin du Léman, mais aussi plus loin, dans la vallée française du Rhône et sur les versants italiens des Alpes, les traces de ce Néolithique.

De l'âge du Bronze à l'époque historique. - Nous avons dit que le défonçage de la vigne qui occupait, il y a cinquante ans encore, la plate- forme de la colline, avait détruit, en les mélangeant, les niveaux postérieurs au Néolithique. Il n'en reste plus que des objets récoltés soit en explorant les déblais de la carrière, soit en tamisant la terre qui recouvre la couche néolithique en place. Nous avons l'intention de confier l'étude de ce maté- riel à des spécialistes. Il nous paraît toutefois utile, sans prétendre engager l'avis de ceux-ci, de signaler quelques-uns de ces documents; certains d'entre eux sont intéressants par ce qu'ils apprennent de nouveau sur le passé du Valais, tandis que d'autres méritent une mention par leur type insolite ou inconnu 1.

Bronze ancien et moyen. - On peut citer des tessons décorés de traits gravés, offrant quelque analogie avec ce qu'on a trouvé dans la station des Roseaux à Morges (Vaud), et un petit poignard en bronze à deux rivets.

Bronze récent. - Il y a surtout les éléments de deux vases en pâte rose saumon très dure, dont l'un a une épaule à côtes horizontales et un col très évasé.

De l'âge du Fer, l'époque hallstatienne - sensit stricto - ne paraît pas représentée. L'époque de La Tène a laissé par exemple: un petit frag- ment de bracelet en verre bleu foncé à zigzag jaune (La Tène C), d'un type peu fréquent en Valais (tombes du Levron sur Vollèges; Trümpler, Bérard et Sauter 1957), un fragment d'un autre bracelet en verre violet, simple, une bague en verre bleu noir, sans décor; enfin, de La Tène D, plusieurs tessons. Ajoutons-y deux monnaies d'un type mal connu, attri- buable à l'une des tribus celtiques des Alpes occidentales.

1 Nous devons au professeur E. Vogt, sous-directeur du Muséé national suisse, des indications précieuses sur certaines pièces que nous lui avons soumises. Il a droit à notre reconnaissance.

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L'époque romaine a laissé quelques tessons; M. Alfred Tissières nous a remis, trouvée il y a quelques années dans la carrière, une monnaie (sesterce de Faustina 1).

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FIG. 7. - Céramique postnéolithique (?). Coupe à ombilic. a-b, profil et coupe; c-d, décor du fond intérieur et extérieur. Ech.: 2: 3.

Plusieurs objets trouvés en position remaniée défient pour le moment l'identification chronologique. Le plus important est un vase incomplet, dont la restauration ne laisse pas de doute: c'est une coupe à ombilic

1 Détermination de M. N. Dürr, du Câ.binet de numismatique du Musée d'Art et d'Histoire, Genève, que nous remercions.

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STATION NÉOLITHIQUE À SAINT-LÉONARD (VALAIS) 149 (diamètre ext. 0.145 m), de fabrication locale, peu soignée, décorée à l'extérieur de traits rayonnants gravés au poinçon et à l'intérieur, autour de l'ombilic, de deux cercles irréguliers et de traits très imparfaitement rayonnants faits à la spatule. La pâte n'est pas différente de celle de la céramique néolithique. Nous jugeons utile de figurer sans tarder ce docu- ment important, auquel il conviendra de trouver des comparaisons (fig. 7).

S'il paraît difficile de l'attribuer au niveau néolithique, on ne voit pas bien de quelle civilisation il pourrait être le témoignage.

Mentionnons encore un poinçon en bronze (ou cuivre ?) qui a été trouvé dans les déblais de la carrière, caché dans son manche en os et auquel on pourrait trouver des analogues dans l'Enéolithique, mais aussi plus tard; et un dé en os, allongé, aux points oculés, où ne sont pas figurés les numéros 1 et 2, sur les petites faces; s'agit-il d'un dé contemporain de ceux, plus simplement marqués, trouvés récemment dans des fonds de cabanes hallstattiens (ou La Tène) de Macianske Vrsky près de Sered en Tchécoslovaquie (Paulik 1957), ou de dés modernes d'intérêt ethno- graphique?

Arrêtons là cette description des premiers résultats de nos recherches à Saint-Léonard, en formant le vœu que la carrière ne détruise pas la station avant la reprise des fouilles en été 1958.

BIBLIOGRAPHIE

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