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Le "Pas de Pré Coquet" (Vercors septentrional, France): révision des faunes, conclusions stratigraphiques
BUSNARDO, Robert, CLAVEL, Bernard, CHAROLLAIS, Jean-Jacques
Abstract
Au Pas de Pré Coquet (Vercors septentrional), une ammonite découverte immédiatement sous les faciès bioclastiques hémipélagiques annonçant la mise en place de la plate-forme urgonienne avait été déterminée comme 'Silesites seranonis' D'ORB.: il en avait été déduit que les faciès urgoniens sus-jacents et leur faune d'orbitolinides appartenaient au moins à un Barrémien supérieur "élevé". Les ammonites et les échinides récoltés en position semblable en d'autres coupes conduisant à des conclusions très différentes, la coupe de Pré Coquet a été réétudiée: les éléments nouvellement recueillis ou considérés démontrent que cette ammonite doit être déterminée comme 'Pseudothurmannia' sp. et que les niveaux en question appartiennent en fait à l'Hauterivien supérieur non terminal.
BUSNARDO, Robert, CLAVEL, Bernard, CHAROLLAIS, Jean-Jacques. Le "Pas de Pré Coquet"
(Vercors septentrional, France): révision des faunes, conclusions stratigraphiques. In: Calcaires urgoniens et grès verts jurassiens et delphino-helvétiques . Genève : Université de Genève, Département de géologie et paléontologie, 1994. p. 81-99
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http://archive-ouverte.unige.ch/unige:120349
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1 / 1
Publ. Dép. géol. paléontol. Univ. Genèvc Volumc
ltl
lssN 1012-2990p.8t
- 100 Genève, août 1994LE 'PAS DE PRE COOUET"
(VERCORS SEPTENTRTONAL, FRANCE)
:REVISION DES FAUNES, CONCLUSIONS STRATIGRAPHIOUES.
R. BUSNARDO*,B. CLAVEL * & J. CHAROLLAIS#
RESUME: Au Pas de Pré Coquet ( Vercors soptentrional), une ammonite découverte immédiatement
sous lss faciès
bioclastiques hémipélagiques annonçantla mise en plac€ de la
plate-forme urgonienne avait été déterminée comme S/esites seranonis D'ORB.:il
en avait été déduit que les faciès urgoniens sus-jacentset
leur faune d'orbitolinides appartenaientau
moinsà un
Barrémien supérieur "élevé". Les ammonites et les échinides récoltés en position semblable en d'autres coupes conduisant à des conclusions très différentes, la coupe de Pré Coquet a été réétudiée: les éléments nouvellement recueillis ou considérés démontrent que cette ammonite doit être déterminée comme Pseudothurmannia sp. et que les niveaux en question appartiennent en fait à l'Hauterivien supérieur non terminal.SUMMARY: ln the Pas de Pré Coquet section (southern Vercors), an ammonite collected just below
the
hemipelagic bioclastic beds overlaidby the
urgonian facies had been identifiedas
S/esltes seranonis D'ORB.: this determination implied that the urgonian limestones (and their orbitolinid fauna) woroat
loast of an late Upper Barremian age, Numerous ammonites and echinids presentin
thesame position within various outcrops of the region leading to highly different conclusions, the Pas de Pré Coquet section has been re-examinated: the elements newly collected or considered give a clear indication of the non terminal Upper Hauterivian age of the beds studied, the correct determination of the q uoted ammonite bein g Pseudoth u rm an n i a sp.
par
*l-A
11. Universitéde Lyon 1, 15-43, bd du 11 Novembre, F-69622Villeurbanne Cedex.
*
Département de GéoÉgie et Paléontologie, 13 rue des Maraîchers, CH-1 21 1 Genève 4.1. INTRODUCTION
Sur la commune de Malleval ( Ouest du Vercors septentrional), la route D22 qui joint le village au plateau "urgonien" de la forêt de Coulmes (fig. 1) trav€rse les dépôts valanginiens
et
hauteriviens donton
observe quelques affleurements caractéristiques. Juste avant d'atteindrele
plateau, une coupe présente très clairement la succession classique de I'Hauterivien supérieur hémipélagique (marnes et calcairesargileux gris-bleu àToxastef , puis, dès le coldénommé "Pas de Pré Coquet", les premiers faciès carbonatés marquant la mise en place de la plate-forme "urgonienne".
Vers la fin des années 1970, les travaux d'élargissement de cette route, alors route forestière, ont donné I'occasion à A. ARNAUD-VANNEAU et H. ARNAUD de récolter une ammonile; "environ 1,5 m au-dessus de la base du niveau un peu plus marneux situé au-dessus de l'horizon de discontinuité Bs1-8s2" (ARNAUD-VANNEAU 1980,
p.
2521, La coupe extrêmement sommaire publiée par cet auteur ("routedu Fâ au
Mont Noir",p.
250)ne
permettait pasde
savoirà
quoi correspondait exactement cette discontinuité, par ailleurs ni définie sédimentologiquement ni mentionnée dans le texte de la thèse ARNAUD-VANNEAU (1980).Présentée à J.P. THIEULOY, cette ammonite a été déterminée comme S/asites seranonis D'ORB. en raison de sa découverte dans un niveau considéré comme appartenant au Barrémien supérieur.
Cette détermination a représenté un des argumenls déterminants utilisés par la suite pour confirmer l'âge Barrémien supérieur
de la
base des calcaires urgoniensdu
Vercorset de la
Chartreuse (ARNAUD-VANNEAU 1980, p. 147;ARNAUD & ARNAUD-VANNEAU 1991, p. 71).Les éléments fauniques qu€ nous avons
pu
recueillir dans I'ensemble des massifs subalpins, et notammentdans cette
coupe,ont
cependant toujours infirméles
conclusionsde ces
auteurs (cl-AVEL eral. 1986).2. SUCCESSION LITHOLOGIOUE
Sur près de 250 m, le long de la route D22 avant d'arriver au col même, on observe environ 80 m d'épaisseur de couches lithologiques situées immédiatement sous la falaise " urgonienne ". Ce sont, do bas en haut (fig. 2):
-
nlveauxI à
14 (25 m):
allernance de faisceaux calcaires en bancs irréguliers et de marnes peu visibles.Nombreux
Toxaster rotusus LAMARCKet
lamellibranches (Trigonia nodosa,Trichites sp., pholadomies...)
-
nlveau 15 (13 m) : calcaire marneuxà
gros nodules de calcaire gris-bleu foncé. C'est le faciès classiquede
I'Hauterivien hémipélagique,dit
"à
miches",
avec son cortègede
Toxasterretusus, huîtres, pholadomies.,.
Lac du
ZonE d'étude
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GRENOBLE
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Col du Mont Noi
(
Le PLAN DU FA Vers St Plerre- de-Chérennes
Fig. 1 - Plan de situation
- nlveaux 16 à 21 (28 m) :
calcalre argileux gris-bleu presque massif;les
bancssont
mal individualisés. Même faune que dans les niveaux inférieurs.La série sus-jacente a été étudiée de façon plus détaillée (fig. 2). Elle comporte:
-
nlveau 22 (0,60 m) : marno-calcaire gris-bleu; délitage schisteux.-
nlveau 23 (1,10 m) : calcaire noduleux gris-beige. C'est le premier banc de teinte claire, après la masse sombre précédente. On commence à distinguer des éléments figurés dans un faciès wackstone.-
nlveau 24 (1,60 m) : c'est le niveau marneux principal (marnes grises à niveaux durcis, fortement bioturbés), Très nombreux Toxaster retusus.-
nlveau 25 (0,80 m) : calcaire gris clair à beige, mal stratifié, très bioturbé, avec Toxaster retusus, Neithea afava ROEMER, pholadomies et empreinte de Crioceratites sp.-
niveau 26 (1,60 m) : calcaire beige en petits bancs délitables et minces intercalations marneuses.Bioturbations, lamellibranches el Toxaster retusus.
-
nlveau 27 (1,30 m) : calcaire beige en gros bancs, mal différenciés atfecté d'une faille à faible rejet, avec placage de microbrèche à petits lamellibranches.-
nlveaux 28 à3l
(2,80 m) : gros bancs de calcaire beige à surface onduleuse; calcaire bioclastique fin (wackstone) de type " urgonoide ", riche en débris d'échinodermes et de lamellibranches:ces niveaux fournissent également des débris de Toxastersp.
La coupe peut être
poursuivie
sur une trentainede
mètres d'épaisseur,le
longde la
route endirection
du Mont Noir. Ces
niveauxsont
constituésde
calcaires hémipélagiques finement bioclastiques, à faune circalittorale (bélemnites, Toxaster seynensis LAMBERT).o
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Crioceratites sp. Babaftesgr.ind. Pseudothurmannia sp. Pseudoth u rm annr'a sp. (éboul is) Toxaster retusus I-.tu^d>.ét ru-.-I..)Angulicostata HST
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3. ANALYSE SEOUENTIELLE
En termes d'analyse séquentielle, les niveaux 22 à 26 représentent le système transgressif (TST) d'une séquence de dépôt de troisième ordre, limité
à sa
base par une surfacede
transgression (sommetdu
banc21) et à son
sommetpar
une surface basalede
progradation(=
surface d'inondationmaximde = mfs).
L'ensemble,non
étudiéici, des
calcairesà petits
bioclasteshémipélagiques qui surmontent cette surface représente le cortège progradant de haut niveau (HST) de la même séquence de troisième ordre. Plus haut, la coupe se perd dans la végétation et la limite de séquence marquant l'installation durable de la plate-forme n'est pas identifiable.
La datation d'une quelconque séquence lithologiquement définie
ne
peut en être faite qu'avec la faune qu'elle recèle: les ammonites et les échinides récoltés (cf. ci-dessous) définissent le cortège transgressif de la séquence Ha6, à cheval sur la limite des zones à Balearls et à Angutlcostala.4. DATATION
L'abondance de
loxaster
retusus LAMARCK tout au long de la série ne laisse aucun doute sur son âge hauterivien non terminal. C'estle
faciès noduleux,dit
"à miches", de lêinte gris-bleu foncé, classique de I'Hauterivien hémipélagique périvocontien, bien connu des géologues alpins. D'ailleurs, la carte géologique de Vif,au
1:50 000e, indique bien l'Hauterivien immédiatement sous la falaise"urgonienne".
Nous avons cependant voulu préciser cette datation classique en recherchanl de nouvelles faunes.
Une intense exploitation des bancs 23 à26 a fourni quelques ammonites, toutes fragmentaires et mal conservées,
et
de nombreux échinides. Cet ensemble faunique ne laisseaucun doute sur
l'âge hauterivlensupérieur de la
série. Nous donneronsici la liste
accompagnéede
descriptions sommaires ainsi que la figuration des principales ammonites recueillies (pl. I, ll, lll).4.1.
LesAuurorres
Crtoceratttes sp.,
gr.
nolanl KlLlAN, FSL 109 749* (Pl. 1, fig. 1).
Fragment de tours dlune longueur de92
mm.ll
correspondà
une ammonite dlundiamètre
(D) d'environ 190 mm et de hauteur de tour (H) d'nviron 40 mm. ll a été collecté dans la partie inférieure de la coupe. On note la présence de trois fortes côtes certainement trituberculées, (le tubercule basalest
enlevépar
l'érosion);une
constriction accompagnela
troisièmecôte visible. Les
côtes intermédiaires, fines et sans tubercules, sont au nombre de trois par intervalle. La section est ovale,ll s'agit d'un CriocerafiTes incontestable, qu'on peut rapprocher du groupe C. nolaniKlLlAN. En fait ce groupe, auquel on rapport€ la plupart des formes trituberculées, n'est certainement pas homogène.
* Numérotation des ammonites déposées dans les collections de I'Université de Lyon.
07
La
formetype
appartientà la zone à Saynl. Quoi qu'il ên soit,
l'exemplaire récolté indique incontestablement l'Hauterivien supérieur.Crloceratltes sp. lnd., FSL 109 748 (P|,.1, fig. 2)
C'est un fragment d'ammonite fortement corrodé, en calcaire gris à patine beige. ll a été récolté dans un gros bloc éboulé du banc 25.
ll correspond à une ammonite de taille moyenne (D = 190 mm), à enroulement évolute. La section (H
= 50) plus haute que large montre des flancs plats avec maximum d'épaisseur au 1/3 inférieur. On
trouve cette section chez de
nombreuxgenres de
l'Hauteriviensupérieur
(Crioceratites, Pseudothurmannia, etc.). La présence d'une ou deux constrictions et d'une fine costule milite plutôt en laveur d'un Crioceratites sp. ind. de l'Hauterivien supérieur.Balearltes gr. lnd., FSL 109 747
Petit fragment (L
=
15 mm) en calcaire jaunâtre, d'une ammonitede
17 mm de hauteur.ll a
été rencontré dans le même gros bloc éboulé du banc 25.La section étroite et les
5-6
costilles visibles rappellent le groupe Balearites ou peut être les tours internes des premières Pseudothurmannia de l'Hauterivien supérieur.Pseudothurmannnla sp.
lnd.,
FSL 109745 (Pl. 1, fig. 3 [moule externe originall et fig. 4 [moulage]).Gisement
Pas de Pré Coquet, en éboulis entre les niveaux 22 eI26.
Description
Moule externe en calcaire grisâtre à patine claire. Trouvée en éboulis entre les niveaux 22
eI26,
elle provient plus probablement des bancs 22 à 24 car les bancs supérieurs ont unê teinte plus ocrée.Fragment correspondant à environ 1/3 d'une ammonite d'une taille de l'ordre de 190 mm: H = 60, H = 35.
L'enroulement est évolute, à tours presque disjoints, caractère fréquent chez les Pseudothurmannia.
Le tour interne montre des côtes flexueuses assez forles et espacées, avec une bifurcation fréquente
à
partir d'une faible nodosité périombilicale. Sur le tour externe apparaissent des côtes plus fortes, quoique irrégulières, plus rigides, plus espacées, avec localement un renforcement basal.Ces caractères correspondent bien aux Pseudothurmannia de taille moyenne
ou
grande.On
les retrouve en particulier chez "P. angulicostata" figurée par PICTET (1863, Pl. 1 bis, fig. 1) bien que de plus petite taill€, el aussi chez P. grandis BUSNARDO (1970, Pl. 1, fig. 1 et 3).Nous avons retrouvé des Pseudothurmannia comparables au niveau 11 de la coupe du Mont Aiguille (BUSNARDO
et al.
1991),qui
correspondà la
partie basalede la
zoneà
Angulicostata de I'Hauterivien supérieur.Pseudothurmannnla sp. ind., (pl. ll, lll)
= SrTesffes seranonis ARNAUD-VANNEAU 1 980, p. 252.
= Sl/esfies gt. saranonbARNAUD et ARNAUD-VANNEAU 1991, p. 71.
Dimensions D=160mm E= +/-
34 mmO=68mm H=+l-52mm
OID =O,42 E/H = +/- 0,65
Gisement
Pas
de
Pré Coquet, routede
Mallevalau
Mont Noir. Cette ammonitea été
découvertepar
H.ARNAUD. L'étiquette originale porte, de sa main
:
" à 50 cm au-dessus de la vire marneuse de la base Bs2 (= marnes de Fonfroide)", texte accompagné d'un petit schéma, simplifié mais explicite (fig.3). Dans son texte de 1980, p.252, ARNAUD-VANNEAU donne des indications complémentaires: "le gisement correspond à la base du membre Bs2, environ 1,5 m au-dessus de la base du niveau un peu plus marneux situé au-dessus de I'horizon de discontinuité Bsl/8s2", ce qui suppose un niveau marneux de 1 m d'épaisseur.
-- . __1,
F
<- Bs2
Fig. 3
-
Etiquette explicative accompagnant I'exemplaire de Pseudothurmanniasp.Collection ARNAUD, lnstitut Dolomieu, Grenoble
Les coordonnées du gisement données par cette auteure doivent être corrigées. Au lieu de rc844 000 et y:318 000, la localisation précise du gisement est: x:843 450, y:319 475, z:124O
La coupe du bord de la route, maintenant très visible, n'était sans doute pas aussi claire lorsque fut récoltée l'ammonite. Mais l'érosion naturelle avait certainement
mis
bienen
évidencele
niveau marneux, qui conespond à notre niveau 24.Gompte tenu de ces précisions et du faciès de l'échantillon, cette ammonite ne pouvait venir que des niveaux 25 ou 26. 1l est à noler qu'aucune discontinuité majeure n'est visible à la base de marnes du niveau 24, c'est
-à-dire
au passage Bsl/Bs2 de H. ARNAUD et A. ARNAUD-VANNEAU (= base de la zone à Heteroceras astieri du Barrémien supérieur),Description
Jean-Pierre THIEULOY
a eu
I'amabilitéde
montrercet
exemplaireà I'un
d'entrenous
(R.BUSNARDO)quia pu en prendre plusieurs photographies.
Cette ammonite est constituée
de
calcaire hémipélagique (calcarénite fine)de
teinte gris-clair à patine ocrée. Elle n'est pas déformée, mais fortement usée et corrodée sur les deux flancs. Seule I'ornementation siphonalereste
discernable. Néanmoins,on
observe clairementles
caractèressuivants (pl. ll, lll):
-
large ombilic, et tours presque disjoints;-
section plus haute que large, zone siphonale faiblement incurvée, flancs aplatis avec maximum de largeur vers l'ombilic;-
présence de trois constrictions flexueuses et de nombreuses côtes mousses, espacées, traversantla zone
siphonale, visiblesen
lumière rasanteI
costulation observéepar
ARNAUD et ARNAUD-VANNEAU (1991 p. 71)1. Ce dernier caractère a été souligné dans la figure de la planche ll, dessinée à partir de plusieurs photographies.Détermination
ll est
impossiblede
déterminer avec certitude cette ammonite, "de conservation médiocre" sans connaître d'avanceson niveau
stratigraphique.Et c'est
précisémentparce que ce
niveaustratigraphique a été suggéré que ARNAUD-VANNEAU (1980) et ARNAUD & ARNAUD-VANNEAU (1991) obtiennent de
la
part de spécialistes en ammonites des déterminations aussi variées que SrTesites seranonis (1980), S/esltes gr. seranonrs, S/esfies (?1, Pseudohaploceras (?1, Abrytusites(?1, Melchiorifes (?) ou Puezalpella (?l (1991 ).
En réalité, il ne s'agit pas de Sl/esites, petites formes pélagiques (D= 30 à 50 mm) à costulation fine et proverse (voir D'ORBIGNY 1841,
p.361,
pl. 109,fig.4-5).
On a affaire ici à une ammonite d'assez grandetaille, de milieu
hémipélagique,qu'on doit
rapporterau genre
Pseudothurmannia de I'Hauterivien supérieur.Ce genre comprend des espèces de petite taille essentiêllement pélagiques (P. angulicostata, P.
catulloil
et
d'autresde
taille moyenneou
grande,qui
préfèrentles
milieux hémipélagiques (P.renevieri, P. grandis, P, lurensisl. ll est à noter que P. renevieriSAR. & SCHOND. 1902 (pl. Xl, fig. 1
-
2) possède des constrictions et est de taille comparable à celle de I'ammonite de Pré Coquet.
Jean-Pierre THIEULOY a admis cette nouvelle détermination (3/12/1990), compte tenu du reste de la faune dont il n'avait pas connaissance à l'époque de sa diagnose et qui impose un âge hauterivien incontestable.
4.2. Les
EcnruroesTout le long de la série (niveaux
I
à 26), les échinides abondent, notamment dans les faciès marneux des niveaux Bà
14, 22, 24 et 26. ll s'agit presque exclusivement de Toxaster retusus I-AMARCK (=amplus DESOR). Cette espèce caractériss les u couches
à
Toxastef'de I'Hauterivien, très connues dansla
littérature géologique, non seulement dans les Alpes, mais également dansle
Juraet
le Bassin parisien.ll a été démontré (CLAVEL et al. 1987, CI-AVEL 19Bg) que loxasfer retusus, qui apparaît dans la partie inférieure
de la
zoneà
Radiatusde
I'Hauterivieninférieur
persiste jusque dansla
partieinférieure
de la
zoneà
Angulicostatade
I'Hauterivien supérieur,où il
est remplacépar
Toxaster seynensis, forme très différente appartenantà
une autre lignée phylétique. Nous écrivions que ce remplacement se situait aux3l4 supérieurs de la zone à Angulicostata. L'utilisation des concepts de la stratigraphie séquentiellea
montré que la disparitionde
T. retusus se situe en fait dans le cortège transgressif, et l'apparitionde
Toxaster seynensis dans le cortège de haut niveau de la séquence Ha6, c'est-à-dire dansla
partie inférieurede la
zoneà
Angulicostata. La raison de cette erreur d'appréciation réside dans le fait que T. retusus est une espèce cantonnéedans
les faciès de plate- forme,où
les cortèges de bas niveau sont absents ou peu développés par rapport aux dépôts dehaut
niveau.Ces
derniers,qui
constituent notammentla base de la zone à
Angulicostata, représentent de ce fait une épaisseur relative beaucoup plus grande dans les coupes du domaine hémipélagique.Ce
pointne
pouvait évidemment être identifié avec les seules techniquesde
la biostratigraphie.En conclusion:
-
les niveaux calcaréo-marneux des bancs 22 à 26 représentent un cortège transgressif (TST) qui se terminepar la
surface d'inondation maximale (mfs),au toit du
banc26: ils
contiennent d'abondants Toxaster retu su s.-
les calcaires massifs à petits bioclastes qui les surmontent (bancs 27à31et
au-dessus [= sommet Bs2-base Bs3 ARNAUD-VANNEAU, 19801) constituent le cortège de haut niveau (HST) de la même séquence: ils ont fourni loxaster seynensis IâMBERT.9t
-
la succession de ces deux formes caractérise très précisément, dans la coupedu
Pasde
Pré Coquet comme dans toutesles
autres coupes (richesen
ammoniteset
échinides) du domaine hémipélagique périvocontien,la
période de haut niveau de la séquence Ha6, qui commence à la partie supérieure de la zone à Balearis et se termine dans la partie inférieure de la zone à Angulicostata.4.3.
LesOngrouuoes
Nous n'avons pas rencontré d'orbitolinides dans les niveaux étudiés. Par contre ARNAUD-VANNEAU (1980)
cite un
certain nombre d'orbitolinidesdans les
niveaux supérieurs:dans les
calcaires bioclastiques et oolitiques du sommet du membre Bs3 de sa coupe de la route du Fâ au Mont Noir, cet auteur cite, dans un inlervalle de 50à
65 m au-dessus du niveau donné comme ayant fourni"Sl/esfies seranonis": Paleodictyoconus cuvillieri, Falsurgonina?
sp. 1 el
Valserina broennimanni.Cette dernière espèce est donnée comme ne disparaissant que dans le membre BsAib, 90 m au- dessus du niveau ayant foumi l'ammonite.
Nous n'avons pas rééchantilloné ces niveaux, qui ne sont pas dans une coupe continue. Par contre
ces
déterminations,tout au moins celles du
premier ensemble confirmentles
conclusions stratigraphiques obtenues avec les ammonites etles
échinides:si
P. cuvillieriest également connu dansle
Barrémien inférieuret à la
basedu
Barrémien supérieur,il
n'en est pasde
même pour Valserina broennimmanni SCHROEDER dont I'extension stratigraphique va de la partie moyenne de la zone à Angulicostata (séquence Ha7) à la partie basale de la zone à Compressissima (séquenceBal de la
basedu
Barrrémien),de
même que Falsurgonina? sp.1
qui apparaîtà
l'Hauterivien supérieur et disparaît au Barrémien inférieur.5. CONCLUSTONS
Le
gisementde Pré
Coquet (également dénommé " routedu Fâ au
Mont Noir")
appartient à l'Hauterivien supérieur, ainsi que l'avaient déjà écrit CLAVEL et al. (1987). La faune d'échinides est hauterivienne. Les ammonites, bien que rares, sont d'âge hauterivien supérieur: Pseudothurmannia (Hauterivien supérieur; zone à Angulicostata s,/.), Balearites (Hauterivien supérieur; zone à Balearis), Crioceratites (Hauterivien). Ces ammonites proviennent des niveaux 22 à 26 de la coupe, auxquels on peut donc attribuer un âge compris entre le sommet de la zone à Balearis et la base de la zone à Angulicostata,Les
échinides présents confirment cette attribution,tout
commeles
orbitolinides rencontrés beaucoup plus haut.L'importance donnée
à un
exemplaire mal conservé d'ammonite attribué malencontreusement à Sl/eslfes seranonis dans la coupe de Pré Coquet, où l'on voit effectivement apparaître les faciès de mise en place de la plate-forme urgonienne (à partir du niveau 271,a
entraîné H. ARNAUD et A.ARNAUD-VANNEAU
à
admettre que les Calcaires urgoniens apparaissent simultanément, du Jura au Vercors, dans la partie supérieure du Barrémien supérieur. Cette interprétation déjà proposée parles
anciens géologues dauphinois (GIGNOUX&
MORET, 1952),doit être
abandonnéevu
lesdonnées oblenues par la paléontologie (ammonites, échinides, orbitolines), l'étude de l'évolution des milieux de dépôts (microfaciès)
et
l'analyse séquentielle. Les résultats fournis parces
disciplines conduisent à admettre une progradation de la plate-forme urgonienne selon deux directions, du NE au SW et du NW vers le SE, depuis la zone à Cruasense (sommet de I'Hauterivien inférieur) dans le Jura, jusqu'à la zoneà
Hugii (basedu
Barrémien inférieur) dans le domaine delphino-helvétique.Cette conclusion confirme ce qu'avaient d'ailleurs déjà pressentis GHAROLLAIS ef a/. (1969) dans leur étude sur les chaînes subalpines septentrionales puisqu'ils écrivaient: "La bas€
de la
"falaise urgonienne" paraît plus ancienne dans les chaînes subalpines que dans la chaîne des Aravis ce qui est en accord avec une avancée progressive des faciès urgoniens du NW auSE."Les ammonites sont déposées à I'université de Lyon et portent la numérotation figurant dans te texte.
Nous remercions vivement
J.-P.
Thieuloy d'avoir bien voulu mettre à notre disposition l'ammonite qui avait été déterminée comme S/esites seranonis. Nous exprimons notre reconnaissance à J. Feltmann pour avoir assuré la dactylographie etla
mise en page ainsi qu'à J. Metzger pour l'iconogryphie. Les auteurs tiennent égalementà
exprimerleur
reconnaissanceau
Fonds natlonalsuisse de
la Recherche scientifique (Requêtes 20-33422.92 et 20-37089.93) pour son soutien matériet.BIBLIOGRAPHIE
ARNAUD
H, &
ARNAUD-VANNEAUA.
(1991): Les Calcaires urgoniensdes
massifs subalpins septentrionauxet du Jura
(France):âge et
discussiondes
données stratigraphiques.Géologie Alpine, t. 67, p. 63-79. [publié en 1993]
ARNAUD-VANNEAU
A.
(1980): Micropaléontologie, paléoécologieet
sédimentologie d'une plate-forme
carbonatée de la marge passive de la Téthys: l'Urgonien du Vercors septentrional et de la Chartreuse (Alpes occidentales). Thèse, Grenoble. Géol. alp. (Grenoble), Mém. ll, 873 p.BUSNARDO,
R.
(1970):Les
Pseudothurmannial4rnronoidea) de
l'Hautedvien supérieurde
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LEGENDE DES PLANCHES
PLANCHE
IFig. 1.
-
Crioæratifessp., gr. nolaniKlLlAN 1x.Pas de Pré Goquet. Hauterivien supérieur. FSL 109 749.
Fig.2.
-
Crioceratites sp. ind. 1x.Pas de Pré Coquet. Hauterivien supérieur. FSL 109 748.
Fig.3.
-
Pseudothurmanniasp. 1x.Pas de Pré Goquet. Hauterivien supérieur. FSL 109 745.
Empreinte.
Fig.4.
-
Pseudothurmannia sp. 1x.Hauterivien supérieur. Positif de I'empreinte précédente.
PLANCHE
II
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4
PIÂNCHE II
Pseudothurmannia sp. ind. 1 x.
(= ex Si/esites æranonis jnARNAUD-VANNEAU 1980)
Dessin à partir de l'original et de photographies en couleur. Collection ARNAUD, lnstitut Dolomieu, Grenoble. Pas de Pré Coquet.
97
PLANCHE II
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PLANCHE III
Pseudothurmannia sp. ind. 1 x
Section (en partie rsconstituée sur le cÔté corrodé).
Pas de Pré Goquet. Collection ARNAUD, lnstitut Dolomieu, Grenoble.
PLANCHE III
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