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L’assistance aux victimes de séismes dans le monde gréco-romain

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L'assistance aux victimes de séismes dans le monde gréco-romain

SÁNCHEZ, Pierre

SÁNCHEZ, Pierre. L'assistance aux victimes de séismes dans le monde gréco-romain. In:

Prescendi, F. & Nagy, A.A. Victimes au féminin. Chêne-Bourg : Georg, 2011. p. 47-66

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:82765

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L’ASSISTANCE AUX VICTIMES DE SÉISMES DANS LE MONDE GRÉCO-ROMAIN

La version définitive est parue dans :

F. Prescendi, A. Nagy (éd.), Victimes au féminin, Genève, 2011, p. 47-66

INTRODUCTION

Lorsque les médias contemporains évoquent un séisme, ils accordent une place prépondérante aux victimes, le terme étant employé indifféremment pour désigner les personnes qui ont péri ou pour qualifier celles qui ont survécu : on dénombre les morts et les sans-abri, on interroge les survivants et les sauveteurs, et l’on expose les mesures prises par les autorités pour porter assistance aux sinistrés, tout en lançant un appel à la solidarité internationale. Ce n’est guère le cas dans la littérature antique1, qui ne s’intéresse que rarement au sort des victimes et aux mesures prise en leur faveur2 : plusieurs facteurs expliquent ce phénomène.

LES SÉISMES ET LEURS VICTIMES DANS LA LITTÉRATURE ANTIQUE

Ni la langue grecque ni la langue latine ne connaissent de terme équivalant au mot

« victime » pris dans son sens actuel, qui aurait figuré systématiquement et de façon proéminente dans les récits de catastrophes. Le grec préfère employer des périphrases du type

« ceux qui ont péri durant le séisme » ou « ceux qui ont échappé au séisme ». C’est ce qu’illustre notamment une inscription rhodienne gravée sur un autel dédié « [à la mémoire] de ceux qui sont morts lors du séisme » (de 227-225 av. J.-C.)3. À cette occasion, un certain Ménécratès fut aussi honoré pour avoir financé la construction du rempart et des mémoriaux

« pour ceux qui ont péri durant le séisme »4. À Nicomédie, on a trouvé une stèle érigée par un père à la mémoire de ses deux fils et de leur pédagogue « [morts] dans l’écroulement du tremblement de terre » (de 120 apr. J.-C.)5. Chez les auteurs latins, Sénèque parle simplement de « grand carnage » ou de « foules écrasées » à propos des victimes du séisme de 62 apr. J.- C.6.

Cette absence de concept de « victime » dans la littérature gréco-romaine tient en partie au fait que la majorité des Anciens estimait que les désastres qualifiés de « naturels » par l’homme moderne et par quelques savants et philosophes du monde antique étaient en réalité des avertissements ou des châtiments envoyés par les dieux : ceux qui avaient péri ou qui

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avaient été blessés n’étaient donc pas considérés comme des victimes innocentes qu’il fallait pleurer ou secourir, mais comme des coupables qui avaient mérité leur sort7.

Diodore de Sicile fournit l’exemple le plus frappant de ce type d’approche : à propos du séisme qui frappa le Péloponnèse en 373 av. J.-C., il dit que « quelques physiciens ont mieux aimé chercher la cause nécessaire et naturelle de ce phénomène que de le regarder comme un effet particulier de la colère des dieux. Mais les hommes religieux ont présenté aux impies dans cet exemple des preuves très vraisemblables de la vengeance céleste : nous tâcherons de les rapporter exactement »8. Suit un récit détaillé des sacrilèges commis envers Poséidon par les habitants des deux cités ravagées par le séisme, que le pieux historien conclut de la façon suivante : « on remarqua en outre que personne d’autre ne périt dans le désastre rapporté plus haut que ceux qui s’étaient personnellement rendus coupables d’impiété »9.

Aussi, on ne s’étonnera pas que certains auteurs antiques aient jugé plus important de rapporter les mesures prises par les autorités pour apaiser les dieux ou pour prévenir leur colère que de s’intéresser au sort des victimes : Thucydide relève que les désastres naturels ont été particulièrement nombreux durant la Guerre du Péloponnèse10 et il se plaît à en souligner l’influence sur la politique extérieure des belligérants : en réaction au séisme de 420 av. J.-C, les Athéniens décidèrent d’ajourner un débat sur l’opportunité de conclure une alliance avec Argos et les Lacédémoniens interrompirent les négociations en cours avec Corinthe11 ; ces derniers renoncèrent aussi plus d’une fois à entreprendre des expéditions militaires à la suite d’un séisme12. Tite-Live a répertorié parmi les prodiges les différents séismes survenus à Rome et en Italie au fil des siècles, ainsi que les rites accomplis sur ordre du Sénat pour les expier, mais il ne mentionne jamais d’éventuelles mesures prises en faveur des victimes13.

Il arrivait aussi que les séismes soient considérés comme des signes positifs envoyés par les dieux, notamment lorsqu’ils faisaient jaillir une source nouvelle, asséchaient une plaine marécageuse ou révélaient un filon d’argent, lorsqu’ils abattaient les murailles d’une cité ennemie afin d’en faciliter la prise d’assaut ou, au contraire, lorsqu’ils mettaient en fuite des assiégeants ou des pilleurs de temple. Dans ces récits, les victimes n’avaient pas leur place, sauf si elles se trouvaient du côté de l’ennemi en déroute, et elles étaient naturellement considérées comme des coupables justement châtiés par les dieux14.

Quant aux scientifiques et aux philosophes antiques qui ont cherché des causes naturelles aux catastrophes et qui ont tenté d’en identifier les signes annonciateurs, ils étaient généralement mus par des considérations fort éloignées de ce que nous appelons aujourd’hui

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les préoccupations humanitaires15. Pour les premiers, il s’agissait surtout de satisfaire leur curiosité scientifique et de proposer aux esprits sceptiques des explications plus rationnelles que la colère des dieux ; pour les seconds, l’étude des catastrophes servait surtout de prétexte à une réflexion sur la faiblesse de l’homme face aux éléments et sur l’impossibilité d’échapper à son destin. Au lendemain du séisme qui frappa la Campanie en février 62 apr. J.- C., le moraliste Sénèque décida de consacrer un livre entier aux différents signes annonciateurs et causes possibles des séismes, mais son objectif n’était pas de les prévenir afin de sauver des vies humaines : il s’agissait de montrer que le sage devait se débarrasser de toute peur et se préparer sereinement à la mort, qui était elle aussi un phénomène naturel et inéluctable16.

Finalement, on peut relever que la plupart des historiens antiques qui ont décrit en détail les effets des catastrophes naturelles se sont davantage intéressés aux bouleversements apparus dans le paysage et aux destructions de monuments célèbres qu’aux tragédies humaines qui les ont accompagnés. Leur objectif était de captiver le lecteur, tant par la forme que par le fond du récit, tout en transmettant à la postérité des faits dignes de mémoire : les conséquences spectaculaires et durables des catastrophes sur le paysage et sur l’urbanisme étaient plus propres à remplir cette fonction que le sort de victimes anonymes.

Par exemple, nous savons que le séisme qui ravagea Rhodes vers 227-225 av. J.-C.

détruisit le Colosse, l’une des sept merveilles du monde antique, ainsi que les remparts et les arsenaux, mais nous ignorons le nombre des victimes17. Dans son exposé du séisme qui frappa la Grèce centrale en 233/2 av. J.-C., Strabon ne donne que peu d’informations sur les victimes (1'700 morts à Thronion, 800 morts à Scarphée, 25 jeunes filles tuées à Alpônos dans l’écroulement de la tour sur laquelle elles étaient montées pour observer le tsunami), alors qu’il décrit avec précision les changements survenus dans le paysage et les dégâts matériels subis par les cités18. Sénèque évoque en détails les destructions infligées aux cités de Campanie par le séisme de 62 apr. J.-C., mais il ne consacre que trois mots – littéralement – aux victimes, alors qu’il en emploie sept pour évoquer la mort subite d’un troupeau de six cents moutons19, un phénomène qu’il attribue aux émanations mortelles issues du sol crevassé20.

Un texte fait exception : il s’agit du récit donné par Dion Cassius du séisme qui frappa Antioche en 115 apr. J.-C., alors que l’empereur Trajan était sur place. L’auteur ne se contente pas de décrire les effets des secousses sur les bâtiments et le paysage, il donne une description détaillée du sort des victimes et il ajoute trois anecdotes relatives à des sauvetages

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miraculeux, dont celui de l’empereur. Son récit est celui qui s’apparente le plus à ceux que l’on rencontre aujourd’hui dans nos médias :

D’abord, on entendit tout à coup un grand gémissement, suivit ensuite une violente secousse ; la terre tout entière bondissait, les édifices s’élançaient en haut : les uns, enlevés en l’air, retombaient et se disloquaient ; les autres, ébranlés de çà et de là, tournoyaient comme au milieu des flots agités, et, de plus, occupaient une grande partie de l’espace. Le fracas des bois qui se rompaient et se brisaient, joint à celui des pierres, des tuiles, était tellement effrayant, il se levait une telle poussière, qu’on ne pouvait ni se voir, ni se parler, ni s’entendre. Plusieurs personnes, qui étaient hors de leurs maisons, furent atteintes, enlevées en l’air et violemment emportées ; puis, précipitées comme du haut d’un escarpement, elles retombaient meurtries : les unes étaient mutilées, les autres mortes. Des arbres même furent arrachés avec leurs racines. Quant à ceux qui périrent surpris dans leurs maisons, leur nombre est incalculable ; beaucoup, en effet, furent écrasés par le choc des objets qui tombaient ; beaucoup aussi furent étouffés sous des monceaux de terre. Tous ceux qui avaient quelque partie du corps engagée sous les pierres ou les bois, étaient dans un état déplorable, sans pouvoir ni survivre, ni mourir sur-le-champ. Néanmoins quelques-uns d’entre eux, sur cette population innombrable, parvinrent à se sauver ; mais tous ne s’en tirèrent pas sans souffrance. Quelques-uns y eurent ou les jambes, ou les épaules, ou la tête mutilée.

D’autres vomirent le sang ; parmi eux fut le consul Pédo, qui même faillit en mourir. En un mot, il n’y eut absolument aucun fléau dont la violence ne se fît alors sentir. La divinité ayant prolongé le tremblement pendant plusieurs jours et plusieurs nuits, les habitants étaient en proie à l’incertitude et à l’embarras : les uns étaient engloutis et tués par la ruine des édifices ; les autres, à qui, soit un espace vide formé par l’inclinaison des bois, soit la voûte d’un entrecolonnement permit de conserver la vie, mouraient par la faim. Lorsque le fléau eut enfin cessé, un homme, ayant eu la hardiesse de s’avancer sur les ruines, s’aperçut qu’il y avait une femme vivante. Cette femme n’était pas seule, elle avait un enfant, et s’était soutenue en se nourrissant, elle et son enfant, de son propre lait. Après avoir écarté les décombres, on la rappela à la vie, ainsi que son enfant ; puis on se mit à fouiller les autres endroits, et on n’y put trouver être vivant, excepté un enfant attaché à la mamelle de sa mère déjà morte, qu’il tétait encore. En retirant les morts, on n’avait plus de joie d’avoir conservé la vie. Tels furent les malheurs qui accablèrent alors Antioche ; quant à Trajan, il s’échappa par une fenêtre de la maison où il était, guidé par un homme d’une taille au-dessus de la taille ordinaire des hommes, qui s’était approché de lui, en sorte qu’il en fut quitte pour quelques blessures légères ; mais, comme le tremblement dura plusieurs jours, il se tint dans le cirque en plein air. Le Mont Casios lui-même fut tellement ébranlé que sa cime sembla se pencher et se briser jusqu’à tomber sur la ville. D’autres montagnes aussi s’affaissèrent ; de l’eau sortit en abondance là où il n’y en avait pas auparavant, comme aussi elle tarit dans des lieux où elle coulait en abondance21.

SÉISMES ET SOLIDARITÉ ENTRE ÉTATS DANS LE MONDE GREC

Quelques témoignages antiques fournissent des renseignements relatifs à l’assistance aux victimes de catastrophes : nous savons que certains des séismes qui ont frappé la Grèce Ve siècle av. J.-C. ont été meurtriers, notamment celui qui toucha la Laconie vers 464 av. J.-C. et

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celui qui dévasta la Grèce centrale en 426 av. J.-C.22. Diodore parle de 20'000 morts pour le premier épisode et il affirme que ceux qui ont eu la vie sauve l’ont due à la présence d’esprit du roi Archidamos, qui persuada ses citoyens de se regrouper dans les campagnes en emportant leurs armes, afin d’être en mesure de se protéger contre une éventuelle révolte des hilotes23. Par la suite, les Spartiates firent appel à l’aide de leurs alliés, mais ce ne fut pas pour porter secours aux victimes : il s’agissait uniquement de mater le soulèvement des hilotes et des Messéniens, qui avaient effectivement profité du séisme pour prendre les armes et tenter de secouer le joug spartiate24.

Il faut attendre le IVe siècle av. J.-C. pour entendre parler pour la première fois d’une quelconque intervention étatique en faveur des victimes : à la suite du séisme qui détruisit Héliké et Boura, en Achaïe, en 373 av. J.-C., les autorités centrales de la ligue achéenne envoyèrent 2'000 soldats pour récupérer les corps afin de leur donner une sépulture. Les cités ne furent pas reconstruites, le territoire d’Héliké fut partagé entre les cités voisines, et nous ignorons ce qu’il advint des survivants25.

C’est dans le dernier tiers du IIIe siècle qu’on trouve les premières traces d’une véritable solidarité entre États grecs à la suite de tremblements de terre, mais cette entraide semble dictée autant par des intérêts politiques et économiques que par des considérations humanitaires : la ville de Kyténion en Doride envoya une ambassade à la lointaine cité de Xanthos, en Lycie, ainsi qu’aux rois Ptolémée III et Antiochos III, afin d’implorer leur secours au nom des liens de parenté – mythiques en l’occurrence – qui les unissaient aux Doriens de Grèce centrale. Les ambassadeurs expliquèrent que les remparts des cités de Doride s’étaient écroulés à la suite d’un séisme et que le roi de Macédoine Antigonos Dôsôn en avait profité pour s’emparer des villes et incendier les maisons. Les Xanthiens leur répondirent que leur trésor public était à sec et qu’il était impossible de réclamer des impôts supplémentaires aux citoyens, mais ils consentirent néanmoins à contracter un modeste emprunt de 500 drachmes afin de venir au secours de leurs parents doriens26. Pour Xanthos, l’intention d’aider comptait davantage que la somme effectivement allouée et, plus encore que l’intention elle-même, c’était la publicité donnée à cette intention qui importait : la cité a trouvé l’argent nécessaire pour faire graver et ériger dans son sanctuaire une grande stèle de pierre commémorant l’épisode. Mais ce n’est pas tout : les cités de Doride faisaient partie de la ligue étolienne qui luttait contre la Macédoine et qui se cherchait des appuis du côté de l’Égypte lagide, laquelle contrôlait Xanthos et s’était plusieurs fois trouvée en conflit avec les rois de Macédoine. L’appel à une aide extérieure pour la reconstruction des murailles des cités

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doriennes, encouragé par les autorités centrales de la ligue étolienne, paraît avoir été aussi l’occasion de resserrer les liens d’amitié entre les puissances traditionnellement hostiles à la Macédoine27.

Le tremblement de terre qui endommagea Rhodes vers 227-225 av. J.-C. fournit un autre exemple de solidarité entre États grecs28. Dans une perspective moraliste et didactique, l’historien Polybe montre comment les Rhodiens surent tirer parti de la catastrophe pour retrouver rapidement une situation florissante et même atteindre un degré supérieur de prospérité : grâce à un subtil mélange de dignité dans leur attitude et de persuasion dans l’exposé de leurs malheurs, les ambassadeurs dépêchés dans le monde grec pour solliciter de l’aide obtinrent de la part des souverains et des cités des dons considérables en nature ou en argent. Polybe en donne la liste détaillée, avant de conclure par un éloge de l’habileté des Rhodiens et par une pointe contre la ladrerie des rois de son temps, qui ne méritaient pas, selon lui, les honneurs insensés que leur décernaient les cités, et qui feraient mieux de suivre l’exemple de leurs généreux prédécesseurs. La liste des donations mérite d’être citée :

Hiéron et Gélon leur donnèrent d’abord septante-cinq talents d’argent pour l’huile dont on se servait au gymnase, une partie tout de suite, le reste un peu plus tard ; en outre, ils leur envoyèrent des chaudrons d’argent avec leurs supports, quelques aiguières, dix talents pour les sacrifices et autant pour le rétablissement des citoyens, si bien que le total de leurs dons était d’environ cent talents. De plus, ils exemptèrent de tout droit d’entrée les navigateurs rhodiens qui viendraient chez eux et envoyèrent encore cinquante catapultes de trois coudées. Enfin, après avoir fait tous ces cadeaux, comme si c’étaient eux les obligés, ils firent élever sur le marché de Rhodes deux statues représentant le peuple de Rhodes couronné par celui de Syracuse. Ptolémée leur offrit trois cents talents d’argent, un million de mesures de blé, du bois pour construire dix vaisseaux à cinq rangs de rames et dix autres à trois rangs de rames, quarante mille coudées bien mesurées de planches de pin quadrangulaires, mille talents en monnaie de bronze, trois mille talents d’étoupe, trois mille voiles ; de plus, pour la restauration du colosse, trois mille talents, cent maîtres-maçons, trois cent cinquante manœuvres et quatorze talents pour le salaire annuel de tous ces ouvriers ; puis, douze mille mesures de blé pour les jeux et les sacrifices, et vingt mille pour la subsistance de dix trières. Il envoya immédiatement la plupart de ces dons : pour l’argent, il en versa le tiers. Antigone, de son côté, donna aux Rhodiens dix mille pièces de bois de huit à seize coudées pour en faire des palissades, cinq mille solives de sept coudées, trois mille talents de fer, mille talents de poix séchée, mille mesures de poix crue ; et il s’engagea en outre à leur verser cent talents d’argent. Sa femme Chryséis leur offrit cent mille mesures de blé et trois mille talents de plomb. Séleucos, le père d’Antiochos, outre l’exemption des droits de douane dans les ports de son royaume, outre dix vaisseaux à cinq rangs de rames complètement équipés et deux cent mille mesures de blé, leur donna encore du bois, de la résine et du crin, le bois par dizaines de milliers de coudées, le reste par milliers de talents. Prusias et Mithridate suivirent ces exemples, ainsi que tous les souverains qui régnaient alors en Asie, notamment

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Lysanias, Olympichos et Limnéos. Quant aux cités qui vinrent en aide aux Rhodiens, chacune selon ses moyens, il serait difficile d’en dire le nombre »29.

Une partie de ces dons visait à secourir sans distinction l’ensemble des victimes du séisme : c’est le cas notamment de l’argent et/ou du blé fournit sans autre précision par Ptolémée, Séleucos, Chryséis et les dynastes de Syracuse « pour le rétablissement des citoyens ». D’autres donations ont été effectuées dans un but bien précis : pour la fourniture de l’huile au gymnase, pour les sacrifices et les concours, ou encore pour la restauration du Colosse, qui fut toutefois laissé à terre sur ordre d’un oracle30. Mais la plupart des matériaux fournis par les souverains étaient destinés à la reconstruction des arsenaux, des murailles et de la flotte commerciale et militaire de Rhodes : c’est le cas des palissades, des pièces de bois de grande dimension, des tissus pour les voiles, du plomb et du fer pour les agrès, de la résine et de la poix pour l’étanchéité des coques, du crin pour les cordages et des rations de blé pour les marins. Quant aux catapultes offertes par Syracuse, elles devaient permettre à la cité de se défendre en attendant la reconstruction des murailles.

À terme, le rétablissement de la puissance navale et commerciale des Rhodiens devait profiter aux victimes elles-mêmes, mais ce rétablissement était également indispensable aux souverains qui l’ont financé, et leur générosité était en partie intéressée. En effet, la puissante cité de Rhodes, qui était parvenu à conserver son indépendance tout en entretenant de bonnes relations avec l’ensemble des États hellénistiques, était un acteur incontournable du jeu politique et des réseaux commerciaux en Méditerranée orientale. Les Ptolémées entretenaient des liens étroits avec les Rhodiens, car ils avaient besoin de leur flotte pour exporter dans tout le monde grec les matières premières en provenance de l’Égypte et de leur empire maritime31. Quant aux Séleucides et aux dynastes de Syracuse, ils espéraient profiter de l’occasion pour développer leur propre commerce extérieur en s’appuyant sur la flotte rhodienne, et c’est pour attirer les Rhodiens dans leurs ports qu’il leurs ont accordé l’exemption des taxes portuaires.

Cette surenchère dans la munificence a donc été un moyen, pour des souverains souvent rivaux, parfois en conflit ouvert, et dont certains portaient les titre honorifiques de

« Sauveur » ou « Bienfaiteur », d’afficher leur puissance et leur richesse, et de manifester leur bienveillance à l’ensemble du monde grec tout en s’attirant la reconnaissance et les faveurs des Rhodiens. On peut penser qu’une cité moins importante sur le plan stratégique et économique n’aurait pas été en mesure de susciter autant de générosité32.

Vingt ans plus tard, probablement à la suite d’un séisme qui frappa la Carie vers 198 av. J.- C., la dynastie des Séleucides se porta au secours de l’importante cité portuaire d’Iasos,

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« tombée dans des malheurs imprévus ». Nous connaissons le détail des mesures prises en faveur des victimes grâce à une lettre de Laodice, la sœur-épouse du roi Antiochos, adressée aux autorités de la cité :

La reine Laodice au conseil et au peuple des Iasiens, salut. Entendant souvent mon frère déclarer quelle aide il continue de procurer à ses amis et alliés et expliquer que, ayant repris possession de votre cité alors qu’elle était tombée dans des malheurs imprévus, il vous restitua votre liberté et vos lois et, pour le reste, il s’efforce d’augmenter le corps des citoyens et d’améliorer sa situation ; de la même manière, moi, choisissant délibérément d’agir en accord avec son zèle et son application continue et, pour cette raison, de procurer quelque bienfait aux citoyens indigents et une commune abondance de ressources pour le peuple tout entier, j’ai écrit à Strouthiôn, le diœcète, pour que, transportant dans la cité mille mesures attiques de blé chaque année pendant 10 ans, il les transmette à ceux désignés à cet effet par le peuple.

Vous ferez donc bien d’ordonner aux trésoriers, une fois le blé reçu, de le vendre pour une quantité fixe d’argent. Vous ordonnerez ensuite aux prostates et aux autres que vous choisirez de prendre des mesures pour qu’ils mettent de côté l’argent obtenu sur cette vente en vue de la constitution de dots pour les filles des citoyens indigents : ils ne donneront pas plus de trois cents drachmes antiochiques à chacune des filles données en mariage. Si vous vous comportez envers mon frère et généralement envers notre maison comme il convient, et si vous conservez le souvenir reconnaissant des bienfaits reçus, alors je m’efforcerai de vous procurer tous les autres bienfaits que j’envisage, choisissant délibérément d’agir en complet accord avec la volonté de mon frère, car je me rends compte que le redressement de votre cité lui tient tout particulièrement à cœur. Portez-vous bien33.

Ce document montre qu’un souverain et son épouse pouvaient collaborer dans la gestion des affaires du royaume, et il prouve que les reines disposaient de ressources propres qui leur permettaient, à elles aussi, de jouer un rôle de bienfaitrice des cités grecques. Ce texte est aussi le seul qui mentionne explicitement des mesures prises en faveur des plus pauvres et de ceux qui avaient eu le plus à souffrir de la catastrophe. Est-ce dû au fait que ce document émane d’une reine et non d’un roi ? Toujours est-il qu’Antiochos s’est concentré sur les aspects politiques et qu’il a confié à sa sœur-épouse le soin de s’occuper des aspects sociaux.

Le système mis en place pour dix ans par la reine Laodice visait trois objectifs : le blé offert à la cité devait être vendu à bas prix afin d’assurer la subsistance aux plus démunis et de les mettre à l’abris des spéculateurs, qui profitaient des catastrophes pour faire monter les prix des denrées de première nécessité ; le produit de la vente du blé devait être consacré à la constitution de dots pour les jeunes filles pauvres, afin de les aider à trouver un mari et soulager ainsi leurs familles ; ces unions devaient déboucher sur des naissance qui viendraient renforcer le corps civique, conformément aux intentions d’Antiochos. Notons que la générosité de la reine était assortie d’une condition qui servait les intérêts du royaume : la cité devait se monter reconnaissante et rester fidèle à la dynastie des Séleucides.

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LA PRISE EN CHARGE DE LASSISTANCE AUX VICTIMES PAR LE POUVOIR IMPÉRIAL ROMAIN

Du côté de Rome et de l’Italie, on ne connaît aucun exemple d’assistance aux victimes de séismes mise en place par l’État romain à l’époque républicaine34. La situation change avec l’instauration du régime du Principat. Désormais, l’empereur contrôle les armées et les ressources financières de l’Empire, et il porte le titre de « Père de la Patrie ». Il doit donc justifier son pouvoir civil et militaire en veillant à la prospérité et à la sécurité de tous les habitants de l’Empire. Dans l’idéologie impériale, l’assistance aux victimes de catastrophes apparaît comme un devoir lié à la charge du Princeps et comme un moyen pour celui-ci de manifester sa bienveillance et sa libéralité, tant aux yeux de l’opinion publique que pour la postérité. Ainsi, la publicité donnée aux interventions du Prince en faveur des victimes joue un rôle essentiel, et c’est pourquoi nous sommes si bien informés pour cette période35.

Dans ses Res Gestae, Auguste affirme que les donations qu’il avait faites aux cités de l’Italie et des provinces qui avaient souffert d’un séisme ou d’un incendie étaient trop nombreuses pour être énumérées36. Cette affirmation est en partie confirmée par les faits : à la suite du tremblement de terre qui frappa Chios, Cos et Tralles en 26 av. J.-C., Auguste offrit de grosses sommes d’argent pour la reconstruction des trois villes et il nomma une commission de sept consulaires chargés de se rendre sur place afin d’évaluer les besoins et superviser les travaux37. En 15 av. J.-C., l’empereur intervint en faveur de Paphos, puis, encore en 2 av. J.-C., en faveur de Naples38. Dans l’intervalle, en 12 av. J.-C., il avait payé de sa poche les impôts dus par les cités d’Asie qui avaient été victimes d’un séisme39. Ses libéralités lui ont valu des honneurs considérables : tantôt il fut célébré comme le nouveau fondateur de la cité, tantôt on adjoignit le nom d’Augusta ou de Césarée à celui de la cité, tantôt on institua des concours à son nom, et c’est en 2 av. J.-C. qu’il reçut le titre de « Père de la Patrie ».

Son successeur Tibère ne fut pas en reste : après le séisme qui frappa douze cités d’Asie Mineure en 17 apr. J.-C., il fit un don de 10 millions de sesterces à Sardes, la plus touchée, envoya sur place un ancien préteur pour évaluer les dégâts et superviser les réparations, et accorda l’exemption des impôts dus à Rome pour une durée de 5 ans à toutes les cités concernées, ce qui leur permit de disposer de ressources supplémentaires pour leur rétablissement sans aucun transfert d’argent40. Pour commémorer son geste, l’empereur fit frapper quelques années plus tard des monnaies qui portaient la légende Ciuitatibus Asiae restitutis / « Les cités d’Asie ayant été restaurées »41.

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À partir de ce moment, l’assistance des empereurs aux cités victimes de séismes a consisté essentiellement en ces trois éléments : une donation en argent liquide, l’exemption d’impôts pour une durée déterminée et la nomination d’une commission de sénateurs et d’experts (architectes et officiers du génie) préposée aux travaux de reconstruction. Presque tous les empereurs des deux premiers siècles ont eu l’occasion de manifester leur sollicitude et leur libéralité à l’égard des victimes de séismes en Italie ou dans les provinces42. Les Flaviens firent même reconstruire à leurs frais certains monuments publics particulièrement prestigieux, tel le temple de la Mère des Dieux à Herculanum ou l’horloge de Sorrente, après le séisme de 62 apr. J.-C.43. Titus se rendit en personne en Campanie un an après l’éruption du Vésuve en 79 apr. J.-C., tandis qu’Hadrien, qui avait fait des dons à Cyzique, Nicée et Nicomédie après le séisme de 120 apr. J.-C., y effectua une visite quatre ans plus tard pour évaluer l’avancement de la reconstruction et prendre d’autres mesures44.

SÉISMES ET LIBÉRALITÉ DES PARTICULIERS

La documentation épigraphique montre que les cités sinistrées pouvaient parfois compter sur leurs propres ressources, ainsi que sur la générosité des plus riches parmi les citoyens et les résidents étrangers45. Ainsi, Tacite souligne que la cité de Laodice, en Asie Mineure, parvint à se relever « par ses propres ressources » et sans le secours de Rome, suite au séisme de 60 apr. J.-C.46. Le plus ancien exemple d’un monument reconstruit à frais privés à la suite d’un séisme remonte à l’année 388 av. J.-C. Il s’agit du temple d’Apollon à Argos, dont la restauration a été prise en charge par divers notables, qui ont tenu à commémorer leur piété et leur générosité sur une stèle de pierre47. Nous avons déjà signalé plus haut un certain Ménécratès, qui s’est occupé à ses frais de la reconstruction du rempart et de l’érection des monuments aux victimes du séisme de 227-225 av. J.-C.48. Du côté de l’Occident latin, on peut mentionner la reconstruction du temple d’Isis à Pompéi, suite au séisme de 62 apr. J.-C., par Numérius Popidius Celsus, ainsi que les travaux de restauration d’un temple entrepris à leurs frais par des citoyens d’Aunobaris, en Afrique proconsulaire49. On pourrait multiplier les exemples, tant pour la période hellénistique que pour l’époque impériale50.

La générosité des particuliers n’était pas totalement désintéressée : elle leur apportait prestige, reconnaissance et avantages politiques dans leur cité, et elle leur permettait de passer à la postérité par le biais des dédicaces sur les monuments ou des décrets honorifiques votés par leurs concitoyens. C’est pourquoi cette générosité semble avoir été ciblée : on finançait la reconstruction des temples, des bâtiments d’utilité publique ou des murailles, plutôt que la

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restauration des maisons privées. Le meilleur exemple est fourni par le cas de Numérius Popidius Celsinus cité plus haut : en récompense de sa générosité, il fut admis dans l’ordre des décurions, alors qu’il n’était âgé que de six ans ! De tout évidence, c’est son père, un riche affranchi, et de ce fait exclu des honneurs et des fonctions politiques, qui a financé la reconstruction au nom de son fils, afin d’« acheter » pour sa descendance une promotion sociale à laquelle lui-même ne pouvait aspirer.

L’ASSISTANCE AUX VICTIMES DE SÉISMES DANS L’ANTIQUITÉ : UN BILAN

L’assistance aux victimes de séismes est bien documentée pour l’époque hellénistique et pour l’Empire romain, et il semble que cette assistance était essentiellement d’ordre matériel : on donnait de l’argent liquide, des vivres ou des matières premières, on accordait des exemptions fiscales et l’on envoyait des experts sur place afin d’aider les cités à se relever.

Faut-il en déduire qu’en dehors de ces deux périodes, les États antiques n’ont pris aucune mesure en faveur des victimes51 ? Je crois qu’il s’agit plutôt d’un problème historiographique : nous sommes tributaires des choix narratifs effectués par les auteurs antiques, qui n’ont pas considéré que cette aspect était digne de mémoire. Ce qui a changé à l’époque hellénistique et sous l’Empire romain, ce n’est pas l’attention que l’on portait aux victimes, mais l’attention revendiquée par des monarques qui tenaient à faire connaître au monde entier leur sollicitude et leur générosité, afin de justifier le pouvoir qu’ils détenaient et les honneurs qu’ils recevaient de la part de ceux qu’ils avaient assistés. Cette idéologie se reflète dans les sources littéraires, qui accordent une place essentielle aux faits et gestes des souverains hellénistiques et des empereurs romains. Par ailleurs, le comportement des monarques a influencé celui des cités et de leurs classes dirigeantes, dont la libéralité était désormais mise en exergue par des décrets honorifiques et par des inscriptions dédicatoires sur les monuments publics.

Quant à l’absence d’information concernant une quelconque assistance étatique aux blessés eux-mêmes, elle s’explique par la lenteur des communications antiques : contrairement à ce qui se passe aujourd’hui, où les nouvelles d’un séisme parviennent aux autorités des États du monde entier dans les heures qui suivent la catastrophe, il fallait plusieurs jours, voire plusieurs semaines pour faire circuler l’information, et autant de temps pour envoyer de l’aide sur place. Dans ses conditions, les États sollicités ne pouvaient rien faire d’autre que d’envoyer de l’argent pour la reconstruction ainsi que des vivres destinés à assurer à moyen terme la subsistance des victimes. Pour les mesures d’urgence – premiers soins, hébergement

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et ravitaillement rapide – les rescapés d’un séisme ne pouvaient compter que sur des mesures spontanées, initiées par des individus sur place ou par des cités voisines : c’est ce que prouve le décret pour un médecin de Samos, qui s’est occupé des blessés lors du séisme qui frappa sa cité, peut-être celui de 198 av. J.-C. :

Lors des tremblements de terre qui se sont produits chez nous, beaucoup de gens, par suite de la soudaineté de l’événement, avaient eu à souffrir de plaies et contusions de toute sorte, réclamant un traitement rapide, il s’est également partagé entre tout le monde pour porter secours à tous52.

Si l’on cherche des parallèles du côté des victimes de conflits armés ou d’autres formes de catastrophes humanitaires, on trouve plusieurs exemples de ce type de comportement spontané. Pour le monde grec, il suffira de mentionner les décrets de la cité d’Entella en Sicile, qui furent votés afin de remercier les villes et les particuliers qui l’avaient soutenue dans l’adversité : malgré l’aide militaire qu’elle avait reçue de ses alliés, Entella avait été détruite et ses habitants dispersés par les Carthaginois, probablement au cours de la première guerre punique. Certains avaient trouvé refuge à Enna ; d’autres, qui avaient été faits prisonniers, avaient reçu l’assistance de Ségeste. Plus tard, la cité fut refondée et repeuplée, et elle reçut à cette occasion des dons et des vivres de la part de plusieurs communautés voisines et de particuliers53.

Pour le monde romain, on peut citer le cas de cette aristocrate de Canusium qui prit en charge un groupe de rescapés de la bataille de Cannes, en 216 av. J.-C., ainsi que l’élan de solidarité qui suivit l’écroulement de l’amphithéâtre en bois de Fidènes, sous le règne de Tibère, sans oublier les mesures d’urgence prises par l’empereur Néron à l’occasion de l’incendie de Rome en 64 apr. J.-C. :

Quant aux réfugiés de Canusium, une Apulienne nommée Busa, connue pour sa naissance et sa fortune, en voyant les Canusiens se contenter de les recevoir dans leurs murs et leurs maisons, leur procura des vivres, des vêtements, et même de l’argent pour la route ; en raison de cette munificence, plus tard, la guerre terminée, elle reçut des honneurs du Sénat54.

Au reste, dans cette calamité, les maisons des premiers citoyens furent ouvertes ; on trouva partout des secours et des médecins ; et pendant ces premiers jours l’aspect de Rome, tout morne qu’il était, rappela ces temps antiques, où, après de grandes batailles, les citoyens prodiguaient aux blessés leurs largesses et leurs soins55.

Néron, pour soulager le peuple fugitif et sans asile, ouvrit le Champ de Mars, les monuments d’Agrippa et jusqu’à ses propres jardins. Il fit construire à la hâte des abris pour la multitude indigente ; le nécessaire fut apporté d’Ostie et des municipes voisins, et le prix du blé fut baissé jusqu’à trois sesterces 56.

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Manifestement, ce sont les plus fortunés qui se montraient les plus efficaces et les plus généreux dans les secours apportés aux victimes, et c’étaient eux qui donnaient les premiers soins aux blessés : on peut penser qu’il a en été ainsi à toutes les époques en cas de catastrophe majeure, dans la mesure où ils étaient les seuls à disposer de l’espace et des ressources nécessaires à l’hébergement et au traitement médical des rescapés. Mais ces initiatives n’ont laissé que peu de traces écrites, du fait que les victimes et leurs bienfaiteurs n’ont, le plus souvent, pas eu l’occasion ou ressenti le besoin d’en faire étalage à l’intention de leurs contemporains ou de la postérité. En résumé, je crois que les personnes qui avaient été touchées par des catastrophes naturelles étaient prises en charge dans l’Antiquité, mais le concept de « victimes », tel qu’il est employé dans les médias aujourd’hui, n’existait pas encore, et cela explique en grande partie le silence de nos sources à leur égard.

Pierre Sánchez Université de Genève

1 Cet article ne prétend pas apporter du neuf sur le sujet ; il se veut une synthèse destinée à des non- spécialistes, axée sur la notion de « victime », telle qu’elle a été abordée dans le cadre de ce colloque. Les catastrophes naturelles dans l’Antiquité, et notamment les séismes, ont fait l’objet de nombreuses études ces vingt-cinq dernières années : B. HELLY, A. POLLINO (éd.), Tremblements de terre, histoire et archéologie. IVe Rencontres internationales d’archéologie et d’histoire d’Antibes, Valbonne, 1984 ; E. GUIDOBONI (a cura di), I Terremoti prima del Mille in Italia e nell’area mediterranea, Bologna/Roma, 1989 ; G. PANESSA, Fonti greche e latine per la storia dell’ambiente e del clima nel mondo greco, Pisa, 1991 ; E. GUIDOBONI et al. (ed.), Catalogue of Ancient Earthquakes in the Mediterranean Area up to the 10th Century, Bologna, 1994 ; G. H. WALDHERR, Erdbeben. Das aussergewöhnliche Normale. Zur Rezeption seismischer Aktivitäten in literarischen Quellen vom 4. Jahrhundert v. Chr. bis zum 4. Jahrhundert n. Chr., Stuttgart, 1997 ; E. OLSHAUSEN, H. SONNABEND (Hrsg.), Naturkatastrophen in der antiken Welt, Stuttgarter Kolloquium zur historischen Geographie des Altertums 6, Stuttgart, 1998 ; H. SONNABEND, Naturkatastrophen in der Antike. Wahrnehmung – Deutung – Management, Stuttgart, 1999 ; D. GROH, et al. (Hrsg.), Naturkatastrophen : Beiträge zu ihrer Deutung, Wahrnehmung und Darstellung in Text und Bild von der Antike bis ins 20. Jahrhundert, Tübingen, 2003 ; M. CASÉVITZ, « Volcans et séismes dans l’œuvre de Diodore et de Pausanias », in É. FOULON (éd.), Connaissance et représentation des volcans dans l’Antiquité, Clermont-Ferrand, 2004, pp. 127-138 ; E. GUIDOBONI, J.-P. POIRIER, Quand la terre tremblait, Paris, 2004 ; S. LANCEL, « Les hommes de l’Antiquité face aux séismes », Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, 2005, pp. 1281-1289 ; J. J. L. SMOLENAARS, « Earthqakes and volcanic eruptions in Latin literature : reflections and emotional responses », in M. S. BALMUTH et al., (ed.),

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Cultural Responses to the Volcanic Landscape : The Mediterranean and Beyond, Boston, 2005, pp. 311-330 ; J.

JOUANNA et al. (éd.), L’Homme face aux calamités naturelles dans l’Antiquité et au Moyen Âge, Paris, 2006.

2 Cf. l’étude statistique fort intéressante de R. F. NEWBOLD, « The reporting of earthquakes, fires, and floods by ancient historians », Proceedings of the African Classical Association 16, 1982, pp. 28-36. Malheureusement, cette analyse ne porte que sur un nombre restreint d’historiens antiques (Thucydide, Diodore, Tite-Live, Tacite et Dion Cassius).

3 IG XII.1.708 (SIG3 505).

4 IG XII.1.9, ll. 4-6 (cf. Bull. ép. 1954, 197 pour la date).

5 L. ROBERT, « Documents d’Asie Mineure V. Stèle funéraire de Nicomédie et séismes dans les inscriptions », Bulletin de correspondance hellénique 102, 1978, pp. 395-408, aux pp. 395-396 : « Thrasôn, fils de Diogénès, a dressé cette stèle de ses deux fils, Dexiphanès âgé de 5 ans, Thrasôn âgé de 4 ans, d’Hermès qui les élevait, âgé de 25 ans. Dans l’écroulement du tremblement de terre il les tenait ainsi embrassés ». Cf. encore les pp. 398-400 pour d’autres exemples d’épitaphes ou de dédicaces individuelles liées à des séismes.

6 Sénèque, Questions naturelles VI.1.2 ; VI.29.1.

7 G. WALDHERR, op. cit., pp. 221-239 ; J. MYLONOPOULOS, « Poseidon, der Erderschütterer. Religiöse Interpretationen von Erd- und Seebeben », in E. OLSHAUSEN,H. SONNABEND (Hrsg.), op. cit., pp. 82-89 ; H.

SONNABEND, op. cit., pp. 119-159.

8 Diodore XV.48.4.

9 Diodore XV.49.6.

10 Thucydide I.23.3 ; G. WALDHERR,op. cit., pp. 115-129.

11 Thucydide V.45.4 ; V.50.5.

12 Thucydide III.89.2-5 ; VI.95.1 ; VIII.6.5 ; Xénophon, Helléniques III.2.23-24 ; Pausanias III.8.3-4.

13 Tite-Live III.10.6-7 ; IV.21.5 ; XXII.5.8 ; XXXIV.55.1-4 ; XXXV.40.7, etc. ; G. WALDHERR,op. cit.,pp.

139-165 ; M. CHASSIGNET, « Les catastrophes naturelles et leur gestion dans l’Ab Vrbe condita de Tite-Live », in R.BEDON, E. HERMON, Concepts, pratiques et enjeux environnementaux dans l’Empire romain, Limoges, 2005, pp. 337-352.

14 Cf. par ex. Hérodote VIII.37 ; Thucydide VIII.41.2 ; Diodore XVI.56.7-8 ; Strabon IX.3.8 ; Pausanias X.23.1-8 ; A. CHANIOTIS, « Willkommene Erdbeben », in E. OLSHAUSEN,H.SONNABEND (Hrsg.), op. cit., pp.

404-416 ; H. SONNABEND, op. cit., pp. 66-82.

15 Cf. par ex. Aristote, Météorologie II.7-8 (365a14-369a9) ; Cicéron, Sur la divination I.112 ; Pline l’Ancien, Histoire naturelle II.191-211 ; Élien, Nature des animaux XI.19 ; G. WALDHERR,op. cit.,pp. 47-102 avec d’autres références ; H. SONNABEND, op. cit., pp. 159-171 ; G. H. WALDHERR, « Naturwahrnehmung und Naturbewältigung in der Antike am Beispiel von Erdbeben », in E. ERDMANN, H. KLOFT (Hrsg.), Mensch – Natur – Technik : Perspektiven aus der Antike für das dritte Jahrtausend, Münster, 2002, pp. 187-214 ; R. B.

STOTHERS, « Earthquake prediction in Antiquity », The Ancient History Bulletin 18, 2004, pp. 101-108 ; R.

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BEDON, « Séismes et éruption volcaniques : réactions du pouvoir et de la société pendant la période impériale », in R.BEDON, E. HERMON (éd.), op. cit., pp. 355-360.

16 Sénèque, Questions naturelles VI.1-32 ; G. WALDHERR,op. cit., pp. 69-81 ; H. SONNABEND, op. cit., pp.

55-57 et 174-180 ; A. WALLACE-HADRILL, « Seneca and the Pompeian earthquake », in A. DE VIVO, E. LO CASCIO (a cura di), Seneca uomo politico e l’età di Claudio e di Nerone, Bari, 2003, pp. 177-192 ; G. D.

WILLIAMS, « Greco-Roman seismology and Seneca on earthquakes in Natural Questions 6 », Journal of Roman Studies 96, 2006, pp. 124-146.

17 Polybe V.88.1 ; Strabon XIV.2.5 ; Pline l’Ancien, Histoire naturelle XXXIV.41.

18 Strabon I.3.20. Cf. aussi Pline l’Ancien, Histoire naturelle II.193. Pour d’autres séismes traités de la même façon, cf. Thucydide III.89.2-5 ; III.116.1-3.

19 Sénèque, Questions naturelles VI.1.1-2 ; VI.1.3.

20 Sénèque, Questions naturelles VI.27.1-4.

21 Dion Cassius LXVIII.24.3-25.6 (traduction E. Gros, 1866).

22 Thucydide I.101.2, I.128.1 ; Diodore XI.63.1-64.4 ; Plutarque, Vie de Cimon 16.4-9 (464 av. J.-C.) ; Thucydide III.89.2-5 ; Diodore XII.59.1-2 (426 av. J.-C.). Pour toute cette section, cf. B. MEISSNER,

« Naturkatastrophen und zwischenstaatliche Solidarität im klassischen und hellenistischen Griechenland », in E.

OLSHAUSEN,H. SONNABEND (Hrsg.), op. cit., pp. 242-262 ; H. SONNABEND, op. cit., pp. 188-209.

23 Diodore XI.63.1 ; XI.63.5-7 ; Plutarque, Vie de Cimon 16.6-7.

24 Thucydide I.102.1-4 ; II.27.2 ; IV.56.2 ; Diodore XI.64.1-4 ; Plutarque, Vie de Cimon 16.7-10 ; L.

WIERSCHOWSKI, « Die demographisch-politischen Auswirkungen des Erdbebens von 464 v. Chr. für Sparta », in E. OLSHAUSEN,H. SONNABEND (Hrsg.), op. cit., pp. 291-306.

25 Strabon VIII.7.2. Sur ce séisme, cf. aussi Diodore XV.48-49 ; Pausanias VII.24.5-25.4 ; Pline l’Ancien, Histoire naturelle II.206 ; R. BALADIÉ, Le Péloponnèse de Strabon, Paris, 1980, pp. 145-157 ; A. Giovannini,

« Peut-on démythifier l’Atlantide ? », Museum Helveticum 42, 1985, pp. 28-36 ; Y. LAFOND, « Die Katastrophe von 373 und das Verschwinden der Stadt Helike in Achaia », in E. OLSHAUSEN,H.SONNABEND (Hrsg.), op. cit., pp. 118-123 ; H. SONNABEND, op. cit., pp. 1-9.

26 J. BOUSQUET, « La stèle des Kyténiens du Létôon de Xanthos », Revue des Études Grecques 101, 1988, pp.

12-53 ; F. W. WALBANK, « Antigonus Doson’s attack on Cytinium », Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik 76, 1989, pp. 184-192 ; O. CURTY, Les Parentés légendaires entre cités grecques, Genève, 1995, n° 75, pp. 183- 191 ; S. LÜCKE, Syngeneia. Epigraphisch-historische Studien zu einem Phänomen der antiken griechischen Diplomatie, Frankfurt a/M, 2000, pp. 30-52.

27 Les documents émanant des autorités étoliennes et doriennes, apportés par les ambassadeurs et gravés eux aussi sur la stèle (lignes 73-110), ne laissent planer aucun doute sur ce point : l’amitié et les liens de parenté unissant les Doriens à Ptolémée y apparaissent comme un argument récurrent adressé aux Xanthiens.

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28 Polybe V.88-90 ; J. KOBES, « Rhodos und das Erdbeben von 227 v. Chr. », Münstersche Beiträge zur antiken Handelsgeschichte 12, 1993, pp. 1-26 ; M. R. CATAUDELLA,« Polibio (5,88-90) e il terremoto di Rodi », in E. OLSHAUSEN,H. SONNABEND (Hrsg.), op. cit., pp. 190-197 (discussion sur la date du séisme).

29 Polybe V.88.5-90.2 (traduction P. Waltz, 1921).

30 Strabon XIV.2.5.

31 Diodore XX.81.1-4 ; R. M. BERTHOLD, Rhodes in the Hellenistic Age, Ithaca NY, 1984 ; J.-H. MICHEL,

« Rhodes ou le dynamisme de l’État-cité à l’époque hellénistique », Chronique d’Égypte 60, 1985, pp. 204-213 ; S. L. AGER, « Rhodes : the rise and fall of a neutral diplomat », Historia 40, 1991, pp. 10-41.

32 A. LARONDE, « Séisme et diplomatie : Rhodes en 228 av. J.-C. », in J. JOUANNA et al.,op. cit., pp. 61-71.

33 A. BIELMAN, Femmes en public dans le monde hellénistique, Paris, 2002, n° 30, pp. 161-165 ; J. MA, Antiochos III et les cités d’Asie Mineure Occidentale, Paris, 2004, n° 26, pp. 375-377 (traduction A. Bielman 2002, légèrement remaniée).

34 Deux hypothèses ont été avancées par H. SONNABEND, op. cit., pp. 210-215 pour expliquer cette absence.

La première serait de nature institutionnelle et religieuse : dans un système où les séismes étaient officiellement considérés et répertoriés comme des signes envoyés par les dieux pour indiquer aux hommes que ceux-ci avaient rompu la pax deorum par leurs actions, les autorités auraient estimé que la seule démarche à entreprendre, sur le plan officiel, était d’apaiser les dieux en colère, et qu’elles ne devaient pas s’opposer à eux en essayant de redresser ce qu’ils avaient abattu. La seconde serait de nature politique et sociale : dans un système où tout le pouvoir était détenu par un groupe restreint de nobiles qui veillaient à ce qu’aucun d’eux n’acquière plus de puissance et de prestige que ses pairs, on aurait estimé que l’organisation de l’assistance aux victimes par un magistrat en fonction aurait été pour lui un moyen bien trop efficace – et par conséquent dangereux pour l’équilibre du système – de se constituer rapidement une clientèle totalement dévouée. Je ne suis pas totalement convaincu, notamment par la seconde explication. Voir la dernière section de cette étude.

35 Pour l’ensemble de cette section, cf. E. WINTER, « Strukturelle Mechanismen kaiserlicher Hilfsmassnahmen nach Naturkatastrophen », in E. OLSHAUSEN,H.SONNABEND (Hrsg.), op. cit., pp. 147-155 ; H.

SONNABEND, op. cit., pp. 209-230 ; R. BEDON, « Séismes et éruption volcaniques : réactions du pouvoir et de la société pendant la période impériale », in R. BEDON, E. HERMON (éd.), op. cit., pp. 361-375.

36 Res Gestae Divi Augusti, App. 4 ; Suétone, Vie d’Auguste 47.2.

37 Agathias, Histoire de Justinien, II.17.1-9 ; Strabon II.8.18 ; W. DITTENBERGER, K. PURGOLD, Die Inschriften von Olympia, Berlin, 1896, n° 53 ; R. HERZOG, Koische Forschungen und Funde, Leipzig 1899, repr.

Hildesheim, 1983, pp. 141-150.

38 Dion Cassius LIV.23.7 ; LV.10.9.

39 Dion Cassius LIV.30.3.

40 Tacite, Annales II.47.1-4 ; Velléius Paterculus II.126.4 ; Strabon XIII.4.8 ; Pline l’Ancien, Histoire naturelle II.200 ; Suétone, Vie de Tibère 48.2 ; Dion Cassius LVII.17.7 ; Orose VII.4.18.

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41 H. B. MATTINGLY, Coins of the Roman Empire in the British Museum, vol. I : Augustus to Vitellius, London, 1923, pp. 129, n° 70 et pl. 23, n° 16.

42 Tacite, Annales IV.13.1 (Tibère à Aigion et Cibyra) ; Malalas X.18 (Caligula à Antioche) ; Malalas X.23 ; AE 1912, 216 (Claude à Éphèse, Smyrne, Antioche et Samos) ; Malalas X.43 (Vitellius à Nicomédie) ; Suétone, Vie de Vespasien 17 ; Malalas X.46 ; Orose VII.9.11 (Vespasien à Corinthe et à Chypre) ; Malalas X.53 (Nerva en Cilicie) ; Dion Cassius LXVIII.24-25 ; Malalas XI.8-9 ; CIL X 3915 (Trajan à Antioche et à Alba Fucens) ; Pausanias VIII.43.4 ; Histoire Auguste, Vie d’Antonin le Pieux 9.1 ; CIG 2721 (Antonin à Stratonicé) ; Dion Cassius LXXII.32.3 ; Philostrate, Vie des sophistes II.9.3 ; Malalas XII.11 ; Aelius Aristide, Discours 17-21 ; M.-H. QUET, « Appel d’Aelius Aristide à Marc Aurèle et Commode après la destruction de Smyrne par le tremblement de terre de 177/178 après J.-C. », in M.-H. QUET (dir.), La Crise de l’empire romain de Marc Aurèle à Constantin : mutations, continuités, ruptures, Paris, 2006, pp. 237-278 (Marc Aurèle et Commode à Smyrne et à Nicomédie). On pourrait multiplier les exemples jusqu’au VIe siècle de notre ère.

43 CIL X 1406, 1481 ; AE 1902, 40 ; AE 1994, 404 et 413. Pour d’autres exemples et pour le rôle des empereurs dans la construction publique en général, cf. M. HORSTER, Bauinschriften römischer Kaiser.

Untersuchungen zu Inschriftenpraxis und Bautätigkeit in Städten des westlichen Imperium Romanum in der Zeit des Prinzipats, Stuttgart, 2001.

44 Suétone, Vie de Titus 8.4-9 ; Dion Cassius LXVI.24.1-4 (Titus en Campanie) ; Histoire Auguste, Vie d’Hadrien 21.5 ; Malalas XI.16 ; Inschriften griechischer Städte aus Kleinasien IX, n° 1 et 56 ; Anthologie Palatine (série grecque) XV.6 = (Hadrien en Orient).

45 Pour l’ensemble, cf. Ph. GAUTHIER, Les Cités grecques et leurs bienfaiteurs, Paris, 1985 ; pour la munificence à la suite de catastrophes, cf. H. SONNABEND, op. cit., pp. 206-208 et 230-235.

46 Tacite, Annales XIV.27.1.

47 SEG XVII, 1960, 146.

48 IG XII.1.9, ll. 4-6.

49 CIL X 846 ; VIII 15562.

50 Pour le monde grec, cf. M. SEGRE, G. PUGLIESE CARRATELLI, « Tituli Camirenses », Annuario della Scuola Archeologica Italiana in Atene e delle Missioni in Oriente 27-29 [n. s. 11-13] (1949-51 [1952]) n° 110, pp. 238-241 ; SGDI 4264 (cf. SEG IV, 1929, 387) ; Tituli Asiae Minoris II.3.905 ; L. ROBERT, op. cit., pp. 403- 406. Pour le monde romain, cf. CIL IX 1466, 2338, 2638, 3046, AE 1972, 50 ; Y. BURNAND, « Terrae motus : la documentation épigraphique sur les tremblements de terre dans l’Occident romain », in B. HELLY,A. POLLINO (éd.), op. cit. pp. 173-182.

51 Je m’écarte quelque peu sur ce point des vues défendues par H. SONNABEND, dont les travaux fouillés m’ont été d’une très grande utilité pour l’élaboration de cette synthèse.

52 J. POUILLOUX, Choix d’inscriptions grecques, Paris, 20032, n° 14, ll. 18-22.

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53 L. DUBOIS, Inscriptions grecques dialectales de Sicile, Paris, 1989, n° 204-205, 207-209, 211-212, pp.

253-271 ; L. PORCIANI, « I decreti : testo e traduzione », in C. AMPOLO et al. (a cura di), Da un’ antica città di Sicilia : i decreti di Entella e Nakone. catalogo della mostra, Pisa, 2001, pp. 11-25.

54 Tite-Live XXII.52.7.

55 Tacite, Annales IV.63.2.

56 Tacite, Annales XV.39.2.

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