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La révolution selon Blanchot

JENNY, Laurent

JENNY, Laurent. La révolution selon Blanchot. Furor , 1999, vol. 29, p. 115-130

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:29001

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à l'influence décisive sur le monde des Lettres de l'après-guerre, a mené de 1931 à 1937 une première carrière de chroniqueur politique dans un certains nombres de périodiques de la droite

"non-conformiste"· L'intérêt de relire certains articles que Mau- rice Blanchot a voulu oublier par la suite, et qu'il a éliminés de ses bibliographies, ce n'est pas, à mon sens d'y rechercher des pièces à conviction pour un procès politique (même si peuvent choquer aujourd'hui telles invectives à Léon Blum ou tels appels à la violence qui étaient monnaie courante dans les moeurs jour- nalistiques de ces années-là). Maurice Blanchot a vu les impasses de sa propre gesticulation politique ; au fil des événements, il a évolué dans ses attitudes et dans ses opinions, passant d'un extrême à l'autre ~de l'échiquier politique. Mais il n'a pas seule- ment changé d'" idée .. , il a surtout changé de plan de réflexion.

De la pensée politique, il est passé à la pensée de l'oeuvre litté- raire. Or, c'est précisément cette conversion qu'il s'agit de mieux comprendre. Car il s'y noue une relation originale du politique au littéraire, une relation irréductible à l'hypothèse selon laquelle le dégoût et l'impuissance politique auraient simplement rejeté Blanchot à la littérature, comme à un espace désengagé et neutre, au sens banal du terme. Dans l'oeuvre ultérieure de Blan- chot, le politique n'est d'ailleurs pas absent, il demeure comme un horizon. C'est que la pensée de l'oeuvre littéraire est sortie

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116 La révolution selon Blanchot

pour une large part d'une réflexion sur la possibilité de l'événe-:- ment, non pas tel événement particulier, mais bien tout événe- ment : cette événementialité problématique, conformément au vocabulaire des années trente, Maurice Blanchot a d'abord cher- ché à la cerner sous le nom de "révolution"·

Il faut donc tout d'abord faire la part, dans les écrits poli- tiques de Blanchot, de ce qui relève du fond commun idéolo- gique de la droite catholique non-conformiste et de ce qui, pro- gressivement, marque un infléchissement de ces idées dans un sens proprement blanchotien. A première vue, la thématique développée par Maurice Blanchot dans ses chroniques reflète lar- gement la doxa de la "Jeune droite", formée, comme le rappelle Loubet del Bayle, de dissidents catholiques de 1\ Action fran- çaise" qui ont réagi à la mise à l'index du mouvement par Pie XI

en 1926 en cherchant à élaborer dans diverses revues de nou- velles formes de réflexion et d'action. Beaucoup en profitent alors pour prendre leurs distances avec l'insuffisance de pensée sociale et de perspective politique concrète chez Maurras. On retrouve chez Blanchot des idées très répandues dans les revues de la "Jeune droite " auxquelles il participe (Revue française, Réaction, Revue du x_xème siècle, Combat ou L 1nsurgé) non sans emprunts à d'autres courants de la droite non-conformiste, ainsi Ordre nouveau (marqué par la pensée de Nietzsche, le person- nalisme philosophique, le souci de la révolution économique et de la décentralisation révolutionnaire) ou Esprit (où Mounier développe ses idées personnalistes et affirme la nécessité d'une révolution spirituelle). La critique du traité âe Versailles et de l'imposture de la S.D.N., le rejet du parlementarisme corrompu et de la démocratie incapable, la dénonciation des féodalités finan- cières et d'un individualisme libéral qui a produit un " monde sans âme" (Daniel-Rops), tels sont les lieux communs de la droite non-conformiste que reprend Blanchot avec une exaspéra- tion croissante de 1932 à 1937. Mais je m'intéresserai à un thème plus singulier de cette pensée de droite, celui de "révolution"·

Loubet del Bayle note qu' .. à partir de 1932, le terme de révolu- tion devint d'ailleurs d'un usage habituel dans les revues de la jeune droite ,2. En 1933, Robert Aron et Arnaud Dandieu, qui ont

La révolution selon Blanchot 117

rejoint Ordre nouveau, publient leur essai La révolution néces- saire. Ils s'y réclament d'un Marx libertaire, proche de Bakounine et de Proudhon, et y définissent avant tout la révolution comme

"émancipation de la personnalité humaine", cette dernière étant comprise non comme " individu membre d'une collectivité " mais comme "la valeur supérieure par rapport à laquelle tout l'ordre révolutionnaire s'institue "· Cette nouvelle approche de la révolu- tion va nourrir les débats des différentes tendances non-confor- mistes. Sur ce plan-là encore, Maurice Blanchot participe d'un vaste mouvement d'idées. Dans sa réflexion critique sur la " révo- lution " il a été précédé ou accompagné par Georges Izard et Emmanuel Mounier, (Esprit), Denis de Rougemont (Esprit et Ordre nouveau), Thierry Maulnier (Revue française, Revue du

x_xème siècle, Combat), et bien d'autres. Mais, à travers quelques brefs articles, il pousse à ses conséquences ultimes la logique aporétique de la " révolution spirituelle " - au point d'y décou- vrir, pour son propre usage, le site même d'une événementialité impossible.

Pour mieux le saisir, il faut je crois revenir à Maurras et à la difficulté réelle que pose à sa pensée le fait révolutionnaire de 17893. Le problème est pour Maurras d'arracher la révolution à tout déterminisme qui pourrait en justifier rétrospectivement la nécessité - qu'il s'agisse d'un déterminisme providentiel (à la Joseph de Maistre) ou, pire encore, marxiste. C'est pourquoi, Maurras y insiste, la Révolution a pu avoir des conditions mais pas de causes matérielles :

Les historiens qui cherchent les conditions économiques de la Révolution sont des sages ; ceux qui appellent ces conditions une cause sont des fous. La cause est toute intel- lectuelle ou morale. Elle tient aux Nuées qui avaient endormi le sens de l'autorité, de la responsabilité dans l'esprit de Louis XVI et de ceux qui avaient dû représenter autour de lui l'idée de gouvernement4.

Le Roi a donc été victime d'une " maladie " - maladie dont la contagion s'explique par une .trop grande proximité à ses sujets:

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En 1789, cette union entre la nation et le roi était telle qu'au moment où la nation était folle d'un système de liberté absurde, la royauté, l'autorité, le pouvoir se suicidaient.

Malheur? Oui. Absence de synergie? Hélas! c'était tout le contraire: la synergie dans le mauvais sens ! Un roi plus dis- tinct de son peuple eût mieux résistéS.

La Révolution est donc le contraire d'un événement : un

"malheur", une synergie à l'envers où les faiblesses nationale et royale se sont aggravées l'une de l'autre ; non pas le résultat d'une révolte de bas en haut mais celui d'un " phénomène de démission et d'abdication qui s'est développé de haut en bas"·

Force est néanmoins d'admettre à l'origine de cette maladie une causalité sinon matérielle, au moins " formelle " :

Rousseau a été, selon nous, la cause " formelle " de la Révolution ; il en a été l'âme et le génie, excitant les petits, stupéfiant et endormant les grands, donnant à l'attaque révolu- tionnaire des forces, à la défense traditionnelle de la faiblesse.

Qu'après cela, avant cela, autour de cela, d'autres causes aient fonctionné, nous les disons et les mentionnons. Mais nous les mentionnons à leur place et dans leur ordre. Un thomiste me comprendra ; que la frivolité, la curiosité, la légèreté des classes dirigeantes d'alors, un Malesherbes si l'on veut, aient rendu possible l'oeuvre de Rousseau et des encyclopédistes cela est certain, mais ce n'était là qu'une cause matérielle et les matériaux inflammables ne se seraient pas enflammés sans le boute-feu. Ce boute-feu, ce fut Rousseau6.

Pour Maurras, une cause " matérielle " est donc une cause pas- sive. Le paradoxe de cette position, qui préserve la contingence de l'événement, c'est qu'elle fait de l'idée révolutionnaire la manifestation d'une liberté pure. Là où l'oeuvre de la royauté n'est que de conservation de l'ordre du monde en accord avec les lois de la Nature et de la raison, un homme seul peut s'avérer être le principe actif, l' .. âme et le génie", d'un événement qui a bouleversé une Nation et dont les conséquences se font encore sentir. Il y a là un hommage bien involontaire à la puissance active de l'individualisme. Contre lui, Maurras n'a à proposer que le retour à une "société naturelle", "où l'on ne choisit pas de

naître, où l'on est jeté par un sort naturel" et où toutes les forces,

"forces du sol et du sang, du terroir et de la race " sont subies plutôt qu'agies - une " contre-révolution" donc qui restaurerait des puissances passives.

La droite non-conformiste des années trente, fascinée malgré elle par la "grandeur" et la "vigueur" de la révolution marxiste, s'est écartée de la perspective déprimante de "contre-révolution"

que lui proposait Maurras, pour tenter de penser une révolution dans la révolution, c'est-à-dire une réappropriation antimarxiste de l'événementialité révolutionnaire. Une telle réappropriation passe par une critique du matérialisme historique. Dans la droite ligne de Maurras, on conteste que la révolution soit le résultat de l'évolution de l'infrastructure économique et sociale. Loubet del Bayle commente :

Cette conception leur apparaisssait comme une négation de la liberté créatrice de l'homme, réduit par le marxisme à n'avoir qu'un rôle purement passif dans le processus histo- rique, jouet des événements, sans prise sur eux7.

De fait, unis dans ce rejet du déterminisme révolutionnaire, on trouve à partir de 1932 des membres de toutes les branches de la droite non-conformiste: Georges Izards, Denis de Rouge- mont, Daniel-Rops9, Emmanuel MounierlO. On ne s'étonnera donc pas de retrouver cette thématique en avril 1933 dans un article de Maurice Blanchot intitulé " Le marxisme contre la révo- lution ,11_ Mais déjà, l'attention particulière que Maurice Blanchot applique à cet objet, sa façon singulière d'en poser les termes, le distinguent des autres essayistes de la droite non-conformiste.

Maurice Blanchot reprend à un article de R. Garric dans la Revue des jeunes le noyau de son argument : " Tant qu'une révolution n'a pas réussi, elle est impossible", mais c'est pour en tirer une conclusion opposée à· la sienne. Là où R. Garric y voyait un motif de renoncement à la révolution et d'acceptation de l'état des choses, Maurice Blanchot au contraire y trouve l'essence de la révolution. Effectivement la révolution est l' .. impossible "

même:

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120 La révolution selon Blanchot

Car la révolution ajoute à ce qui est une existence supplé- mentaire qui est absurde et incroyable ; dans la mesure où elle doit bouleverser une société qui semble encore intacte, elle reste incompréhensible; elle s'exprime tout entière dans le fait d'abolir un monde : tant que ce monde subsiste, elle est difficile à concevoir et il est presque impossible de la considérer comme réelle ; la réalité des choses dont la des- truction est toute sa réalité l'assure en quelque sorte de son impossibilité indéfinie .. .12

Blanchot rencontre pour une part une idée formulée par Robert Aron et Arnaud Dandieu dans La révolution nécessaire et relevée plus tard par Jean Lacroix dans une recension qu'il en fait pour Esprit :

La Révolution est conçue comme la liberté bergsonienne : c'est un saut, une rupture créatrice, un commencement imprévisible qu'on peut rattacher à des antécédents seule- ment après coup et par des abstractions13.

Mais si Blanchot partage cette idée " inaugurale ,. de la Révolu- tion, c'est en l'affectant d'un signe inverse. L'événement révolu- tionnaire n'est pas chez lui une affirmation créatrice de type

~ergsonien. C'est bien plutôt une puissance d'abolition du réel, flgure avant la lettre de la négativité kojèvienne ou de l'imaai- naire sartrien. Sous sa plume, les termes négatifs se multiplie~ : la révolution est inconcevable et imprévisible avant d'exister.

Rien ne saurait l'expliquer ni la laisser pressentir. Elle est l'" impossible "·

c Mais aussi cette impossibilité de la révol~tion dont seul le succès la rachète vient de ce qu'elle n'est jamais nécessaire. Si elle l'était, elle serait inutile. Contrairement à l'ensemble des choses (non point, il est vrai, leur totalité) qu'elle se propose de remplacer, elle est exclue de leur pente même. Elle a besoin d'une intervention étrangère, de la création gratuite de quelques événements, de l'extermination soudaine de cer- taines habitudes historiques. Elle est, au regard de tout le reste, inventée14.

On voit comment Blanchot durcit le paradoxe en dressant l'" utilité,. de la révolution contre sa "nécessité"· Si elle découlait

La révolution selon Blanchot 121

"matériellement,. de l'enchaînement des faits, la révolution n'au- rait aucun pouvoir de subversion, elle ne serait pas du tout un événement mais un simple résultat de ce qui est. Elle n'aurait aucune réalité révolutionnaire. Elle serait " expropriée de son avènement, de l'organisation de son progrès et du plus intime et du plus profond de son action"· C'est d'ailleurs au nom de cet argument que les penseurs de la droite non-conformiste enten- dent discréditer la révolution marxiste: elle n'est qu'un effet ultime du capitalisme et, dans sa théorie même, elle se pense comme telle. Mais c'est aussi par là qu'elle trahit sa connivence avec ce dernier. Les pires capitalistes sont les meilleurs agents de la révolution marxiste. Communisme et capitalisme sont les deux faces solidaires d'une même vision matérialiste du monde. Ils sont régis par un même ordre de raisons économiques. Et la révolution marxiste s'est avérée impuissante à renverser cet ordre de raisons. Blanchot reprend l'argument en poussant à bout sa logique. Pour être "utile ", pour réellement modifier l'ordre du monde, il faudrait que la révolution soit absolument contingente dans ses motifs, ou encore "inventée"· C'est cette contingence même qui seule peut être garante, après coup, de la " nécessité ,.

d'un nouvel ordre des choses, c'est-à-dire de son existence de fait.

Il reste à savoir où trouver le principe de cette contingence qui ajoute au monde ou abolit, ex nihilo. Où le situer, sinon - relativement - hors du monde et comme une puissance " étran- gère,. à ce dernier? C'est là sans doute que Blanchot se distingue le plus nettement des non-conformistes. Pour ces derniers, la clé d'une conception a1ternative de la révolution tient dans l'expres- sion "révolution spirituelle"· Refuser la révolution matérialiste, c'est affirmer la réalité spirituelle de l'homme et son pouvoir d'action sur le réel. Seul l'" esprit,. a le pouvoir de rompre avec le désordre établi. Ou encore, comme l'écrivent Daniel Rops et Denis de Rougemont en 1933 dans Ordre nouveau :

La révolution n'est pas, contrairement à ce que pense le grand public, le résultat d'un déterminisme économique et social. Elle est d'abord l'acte qui crée de nouvelles détermina- tions, en un mot l'acte qui libère15.

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Cei?e~da?-t

sur la nature du principe spirituel responsable de

c~t5e

hberatton les non-conformistes divergent. Synthèse d'acti- Vite e~ de pa~sivité :éceptive à Esprit, il a une coloration plus agresslVe ~t metzscheenne à Ordre nouveau. Le terme de "per- sonne " qm noue le destin social de l'homme et sa vocation origi- nale et personnelle, et s'oppose à la conception individualiste de l'homme, circule de même entre ces différentes tendances non sans d'importantes nuances. Là encore, ce qui frappe chez Blan- chot, c'es5 tout ce.

q~i

l'oppose à une conception de la personne comme reappropnatton de soi ou comme affirmation positive. Le Blanchot du " Marxisme contre la révolution , noue effectivement la notion de " personne , et celle de " refus , - terme durable- ment blanchotien puisqu'il constituera en 1958 le titre d'un article d'opposition à la prise du pouvoir par de Gaullei6_ Anté-

r!eur~ment

à la "personne ", et au principe même de la révolu- ho?, 11 y

~

le m<:mvement du "refus "· Ce n'est pas la "personne , qm est, a parttr de sa propriété, l'agent du refus. C'est au contraire le " refus , qui est l'instrument en soi d'une recherche du propre:

L'acte ~e ,s'oppose: et de détruire qui le représente, repré- sen~e auss!, a s?r: pomt de force le plus haut, quelque affir- mation desesperee. Repoussant toutes les néaations du

~onse_ntemen~, les contraintes de l'acceptation, rej:rant ce qui l ab<:ht et meme une partie de soi, l'esprit rebelle cherche obstmément, au milieu de ses défaites et de ses morts quelque chose qui lui soit propre et qui l'exprime. [. . .] So~

refus même fa~t tomber de lui tout ce qui n'est pas saper- sonne, le manifeste comme une existence personnelle dont l'accomplissement est l'objet dernier et laesauvegarde du refus mêmei7.

. Les termes

ic~ pi~otent

vertigine_usement. Le "refus, est néga- tton de cette negahon que constltue la fausse affirmation du

" ~ox:sentement "· Négation de la négation, le "refus , redevient ams1 une "~ffirrr~at}on dé~espérée "· Il l'est aussi en ce qu'il

rec~erche desespe~ement

a exprimer le propre de la personne.

Mats que trouve-Hl au terme de la "personne, si ce n'est le mouvement impersonnel du refus enfin sauvegardéiS? Ainsi c'est finalement la propriété de la personne que met en questton le

refus. N'a-t-il pas, pour être, exigé "l'aptitude de l'homme à se destituer d'une partie de lui-même , ? Ce que Blancho,t trouve ainsi au coeur de la personne, ce n'est pas une synthese heu- reuse d'être social et d'originalité personnelle, c'est une fureur ravageuse et qui se retourne contre l'être propre.

E?

eff~t, se trouvent noués en une chaîne infrangible les termes "revolut10n ",

" esprit,, " refus , et " personne , .

Le refus, qui aboutit presque nécessairement à 1~ v~olenèe

(cela va de soi, le moyen de refuser telle orgamsat10n. du monde, ce n'est pas de le mépriser, c'est ~e l'abattre~ expr~e

ce qu'il y a de plus pur et de plus menace dans la rev~~ution:

Issu de quelque fureur profonde qui porte . tout 1 etre a s'opposer, le mouvement n'indique point par so; quelle est sa loi et s'il triomphera jamais de son apparent desordre. Assu- rant dès son origine la vie et la conscience d'un premier s~c­

cès faisant sortir l'homme de la petite mort de ses pensees habituées, il est tout prêt aussi à le jeter dans une mort véri- table et tout à fait hors de lui-même19.

Ce à quoi conduit le "refus", c~ n'est don_c pa_s _à ,une intit;üté close de la personne, mais c'est a cet_te extenonte_ a elle-meme qui l'habite et qu'elle désespère d'attemdre. La notion apparem- ment rassurante de "personne, (dans le sens où l'entendent les personnalistes) est subvertie jusqu'au point de déboucher A sur ce que Blanchot appellera un peu plus tard "terreur"· L~ quete .I?a:

l'" esprit rebelle, du plus" propre, l'expose à l'absolue impropnete de la mort.

Il est trop clair~cependant qu'une telle notion de 1~ révolution esquisse aussi une sortie de l'espace politique - sortie qu: Blan~

chot va effectivement accomplir dans les quelques annees qur séparent "Le marxisme contre la révolution, (avril 193~) ~e son dernier article à contenu politique, " On demande des diSSidents "

(Combat no 20, décembre 1937). Sans doute peut:on e:~pliquer

ce renoncement comme un constat d'impuissance a modifier par un quelconque acte politique la ~ai?~es~e de la, démocratie et la corruption parlementaire. Cette derehct1on de 1 ordre des choses ne laisse que deux voies successivement explo~ée_s par Blanchot:

l'appel au terrorisme et l'abandon. On peut amsi observer chez

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124 La révolution selon Blanchot

Blanchot jusqu'en 1937, et à mesure de la montée des périls, une violence verbale grandissante qui culmine dans les invectives et les menaces à Léon Blum. Ce dernier condense alors aux yeux de Blanchot toutes les compromissions de l'ordre démocratique, il constitue à lui tout seul un "conglomérat d'intérêts soviétiques, juifs, capitalistes"· Face à "un régime qui tient tout", Blanchot -cherche un remède à l'impuissance dans "l'impossible", c'est-à-

dire dans l'appel au terrorisme révolutionnaire. En quelques phrases, il se sépare de toute perspective proprement politique (comme ces projets de réforme institutionnelle et économique élaborés par les non-conformistes d'Ordre nouveau). Dans un article de juillet 1936 intitulé "Le Terrorisme, méthode de salut public ", il écrit :

Nous ne sommes pas de ceux qui jugent préférable de faire l'économie d'une révolution ou qui parlent hypocrite- ment d'une révolution spirituelle20 paisible. C'est une espèce absurde et lâche. Il est nécessaire qu'il y ait une révolution parce qu'on ne modifie pas un régime qui tient tout, on le supprime, on l'abat. Il est nécessaire que cette révolution soit violente, parce qu'on ne tire pas d'un peuple aussi aveuli que le nôtre les formes et les passions propres à une rénovation par des mesures décentes, mais par des secousses sanglantes, par un orage qui le bouleversera afin de l' éveiller21.

Mais comment une pulsion terroriste née d'un refus aussi

"personnel" pourrait-elle, fût-ce le temps d'un calcul tactique, se fédérer avec quelque autre pour déboucher sur un acte révolu- tionnaire? Si la révolution est "impossible", cette fois au sens banal du terme, c'est que la Terreur n'est pas un principe d'union dans l'action, mais de dissidence; c'est que la Terreur a aussi pour vocation de se dévorer elle-même dans l'extériorité de la mort à quoi elle s'expose. L'ultime déclaration politique de Blanchot, " On demande des dissidents " est aussi l'aveu de l'impuissance de l'" impossible"· Blanchot tout à la fois y appro- fondit la pensée du refus et donne forme à sa sortie du politique.

La " dissidence " y est présentée comme une forme de refus.

La révolution selon Blanchot 125

A un moment donné [les dissidents] se sont rec~mquis sur les idées toutes faites et sur les formules comp~atsantes;. Ils ont proposé une extrême pensée. Ils ont. refuse ce qu tl Y avait de facile dans la discipline et d'accueillant da?s u~ pro- gramme. Ils ont ajouté leur personne à une formation tmper- sonnelle22.

Le dissident est une incarnation de l'" imp<?ssible." : à

u?

o_rdre complet en lui-même, un ordre qui ne lais~a1t en n~n prevo1r sa négation, il ajoute son refus propre, mamfestant, a1ns1 s~ " per- sonne "· On notera que cette fois, conformément a la logtque. de la Terreur, le refus est envisagé non plus dans la ~o~front~t1on d'un parti à l'ordre établi, mais dans celle d'un d1ss1dent a un f La quête d'une pureté du " refus " se retourne contr~ les

~~~~ements

mêmes prônant la "révolution spirituelle "· Mats la dissidence pure est introuvable: tous les dis~idents s'empressent de " [passer] à une autre adhésion par~e q:ùls ne prennent pas conscience des vraies raisons qui les msp1rent "· Blanc?o~ reste seul à méditer sur la forme que pourrait prendre une d1ss1dence absolue:

Ce qui mérite donc d'être considéré da?s les ~changes actuels ce ne sont pas les tentations qut .entrament les homm~s d'un parti à l'autre, c'est l'exigence qut peut les ame- ner à s'opposer à tous les partis23.

C'est précisément cette exigence qu'il comp~e s'~I?pliquer lui-même en se dégageant de toute prise de part1 pol~uque. M~1s ce sera dans la sGlitude. Car les dissidences pur~~' s1 elles exts- tent n'ont aucune visibilité dans le monde pohttque; ~Iles n~

peu~ent rien y fonder, ni s'y maintenir; .el~es en sortent necessai- rement. Dans ses effets, l'exigence de dtsstdence a donc quelque ressemblance avec la fausse affirmation du " consentement " que fustigeait Blanchot. Mais sa signification est inverse :

La vraie forme de dissidence est celle qui abandonne une position sans cesser d'observ~r la I?~me hostilité à l'égard d~

la position contraire ou plutot qut 1 abandonne pour accen tuer cette hostilité24.

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La dissidence pure quitte la scène du politique, mais ce n'est pas pour se renier, c'est pour se maintenir et s'exercer plus pure- ment ailleurs. Le nom de ce lieu absolu n'est autre que la littéra-

ture. ·

La possibilité d'un chemin " De la révolution à la littérature ,.

Bl~nchot, l'a d'ailleurs définie quelques mois plus tôt dans u~

~rt:cl~ de L ?nsu~gé portant ce titre, article qui ouvre la rubrique htte:atre qu d y tlendra. Si un tel chemin est pensable, c'est que la revolut10n partage avec la littérature un trait décisif ; comme Blanchot le notait dès " Le marxisme contre la révolution ,. : .. Elle est, au regard de tout le reste, inventée"· La révolution est une fiction pure, non pas au sens, secondaire, où elle n'a aucune chance d'exister, mais au sens, plus fondamental, où l'ordre qu'elle appelle n'existe absolument pas dans le monde ne se laisse pas pressentir et n'affirme son évidence qu'aprè~ coup.

L'exigence révolutionnaire va ainsi pouvoir donner forme à l'exi- gence littéraire qui n'est nullement celle des théories et des doc- trines mais celle de l'oeuvre.

Ce qui importe davantage [que la force d'opposition de l'écrivain], c'est la force d'opposition qui s'est exprimée dans l'oeuvre même et qui est mesurée par le pouvoir qu'elle a de supprimer d'autres oeuvres ou d'abolir une part du réel ordi- naire, ainsi que le pouvoir d'appeler à l'existence de nou- velles oeuvres, aussi fortes, plus fottes qu'elle ou de détermi- ner une réalité supérieure25.

On voit que c'est 1' .. oeuvre,. qui a pris la place de l'exigence révolutionnaire. C'est en elle que réside le pouvoir d' .. abolition,.

qui caractérisait la révolution. Par la nouveauté de son existence l'oeuvre annule ce qui la précède et même une part du .. réel ord.in~ire "· Son affirmation se mesure à son pouvoir négateur. Et

!a httera~ure, tout comme la révolution, implique une dialectique mterne a la "personne"· Tout comme la révolution représentait

"l'aptitude de l'homme à se destituer d'une partie de lui-même ,.

l'exigence littéraire est "la force de résistance que l'auteur ~ opposée à son oeuvre par les facilités et les licences qu'il lui a refusées, les instincts qu'il a maîtrisés, la rigueur par laquelle il se

l'est soumise"· On retrouve dans la notion d' .. oeuvre,. un "point d'instabilité ,. qui était déjà celui du " refus ,. et de la " personne ,. : tantôt l' .. oeuvre,. apparaît comme une force d'opposition plus fondamentale que celle de l'écrivain, tantôt c'est l'écrivain, qui semble préserver l'authenticité du refus en s'opposant aux facili- tés de l'oeuvre. Là où se nouent le personnel et l'impersonnel, le fond sans cesse se dérobe et bascule. Mais, qu'il s'agisse de révo- lution ou de littérature, ce mouvement s'arrête en un point. De même que le "refus,. était finalement l'essence impersonnelle de la .. personne", qu'elle devait sauvegarder, l'essence ultime de l'écrivain est l' .. oeuvre ", anonyme, et qui pour une part le nie.

On peut lire "La littérature et le droit à la mort", paru en :948 dans Critiquez6, comme le signe d'un renversement accomph des relations entre .. révolution" et "littérature"· Dans l'intervalle, la réflexion de Blanchot s'est nourrie de beaucoup d'influences nouvelles notamment de la lecture kojèvienne de Hegel dont l'empreinte est sensible dans tout l'article. La référence au travail du négatif devient massive, et d'autant que la pensée du Blan- chot d'avant-guerre l'appelait implicitement par les déplacements négativant qu'elle infligeait déjà à des notions apparemmen~

positives (comme la " personne ''). Mais Blanchot semble auss1 avoir à coeur de revenir sur les thèmes développés douze ans auparavant dans " De la révolution à la littérature " pour les resi- tuer dans une perspective inversée. En 1948, la littérature n'est plus le comparant de la révolution, c'est la révolut_io~ 3ui de~~ent

le comparant la littérature, promue au rang de reahte premtere.

La révolution est d'ailleurs d'essence foncièrement littéraire en ce qu'elle crée imrhédiatement, et comme un acte d'imagination merveilleux, la liberté qu'elle n'a pas. Elle l'est aussi en ce qu'elle transmue cette liberté à la fois en Histoire et en "histoire"·

Moments fabuleux en effet : en eux parle la fable, en eux la parole de la fable se fait action27.

Le " passage de l'impossible au nécessaire ", constitutif de la révolution, a son modèle dans le " passage du rien à tout ,. que ·- représente la littérature. La Terreur en quoi culmine le mouve- ment révolutionnaire cesse d'être vue comme un événement de

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128 La révolution selon Blanchot

nature spécifiquement historique pour apparaître comme le revers de la liberté absolue de la littérature. Nul doute que l'essai de Paulhan, Les Fleurs de Tarbes ou la terreur dans les lettres, en faisant de la " terreur , le principe de la machinerie littéraire mo- derne, a contribué à ce recentrement littéraire d'un phénomène politique (même si elle conduit Paulhan à un parti pris quasi opposé à celui de Blanchot). La Terreur désigne dès lors pour Blanchot un " point d'instabilité , où l'affirmation la plus absolu- ment personnelle s'abîme dans l'impersonnel, où l'oeuvre touche au désoeuvrement et à la " mort"·

Chaque homme cesse d'être un individu travaillant à une tâche déterminée, agissant ici et seulement maintenant : il est la liberté universelle qui ne connaît ni ailleurs ni demain, ni travail ni oeuvrezs.

Ainsi la littérature est comprise par Blanchot comme le lieu spécifique où peut s'irréaliser l'impossible révolutionnaire. La révolution n'a jamais eu lieu, elle n'aura pas lieu, si ce n'est dans l'espace irréel de la littérature, -le seul qui convienne à son "im- possible"·

La dissidence par laquelle Blanchot s'est soustrait à l'espace politique n'est donc pas à interpréter comme un reniement du

"refus, d'avant-guerre, mais comme un passage à la pureté du

"refus"· A la différence d'autres penseurs "non-conformistes ", la

"révolution, aura ainsi constitué, pour Blanchot, un moyen de sortie du politique. Non sans conséquence pour la littérature. Car c'est au coeur de la littérature que Blanchoka installé l', impos- sible, et la "terreur, qui hantaient la pensée politique des années trente29.

La révolution selon Blanchot 129

Notes

1 Notamment, Gramma nos 3-4 et 5, 1976, ·Lire Blànchot 1" et ·Lire Blanchot II";

Jeffrey Mehlman, • Blanchot à Combat, littérature et terreur .. , Tel Quel no 92, été 1982.

Philippe Mesnard, Maurice Blanchot, le sujet de l'engagement, Paris, L'Harmattan, 1996;

Christophe Bident, Maurice Blanchot partenaire invisible, Seyssel, Champ Vallon, 1998.

2 Les non-confonnistes des années 30, Paris, Seuil, 1969, p. 272.

3 Je m'appuierai ici sur les Réflexions sur la révolution de 1789, Paris, Editions Self, 1948, où Maurras propose une synthèse de ses idées sur la question, reprenant des articles anciens, les premiers remontant à 1899.

4 Ibid., p. 27.

5 Ibid., p. 22.

6 Ibid., p. 37.

7 Les non-corifonnistes des années 30, op. cit., p. 279.

s ·Il est incontestable que le socialisme a des aspects d'une réelle beauté morale.

Mais qu'il ne fasse pas de sa révolution une création de l'idéal! Il adhère à une loi rigide de l'évolution, subit la contrainte absolue des faits et sa liberté consiste à l'accepter en pleine conscience. Mais il ne préside pas aux transformations; ce n'est pas l'esprit qui fait la révolution." in Esprit no 1, octobre 1932, cité par Loubet del Bayle, p. 280.

9 i "Quand une révolution est dans la dépendance des faits, on peut être sûr qu'elle aboutit à une trahison; elle n'atteint pas les racines du mal et se contente d'être un com- promis entre le vieil état des choses et celui qu'elle prétend créer [. .. ]. On ne subit pas la révolution, on la fait. " Eléments de notre destin, 1934, cité par Loubet del Bayle, p. 281.

1o ·Et si vous affirmez que la contrainte de l'histoire est par-dessous, nous répon- drons que la liberté de l'homme, c'est d'établir une histoire continue entre les décousus et les discontinuités de son histoire naturelle", Esprit no 7, avril 1933, p. 138, cité par Loubet del Bayle p. 281.

11 Revue française no 4, avril 1933, rééd. Gramma no 5, 1976.

12 Gramma, p. 57.

13 Esprit no 17, février 1934, p. 364-365, cité par Loubet del Bayle, p. 352.

14 .. Le marxisme contre la révolution .. , rééd. Gramma, p. 57.

15 Ordre nouveau no 3, juillet 1933, cité par Loubet del Bayle p. 296.

16 .. Le Refus .. , Le 14 juillet no 2, 25 octobre 1958.

n " Le marxisme contre la révolution .. , rééd. Gramma, p. 60.

1s En 1958, dans" Le Refus" (14juillet no 2, repris in L'Amitié, Paris, Gallimard, 1971, p. 131), on peut lire : .-;;Quand nous refusons, nous refusons par un mouvement sans mépris, sans exaltation, et anonyme, autant qu'il se peut, car pouvoir de refuser ne s'accomplit pas à partir de nous-mêmes, ni en notre seul nom, mais à partir d'un com- mencement très pauvre qui appartient d'abord à ceux qui ne peuvent pas parler. " Blan- chot a évolué : l'impersonnalité du refus n'est plus découverte au coeur de la personne mais dans une communauté anonyme et silencieuse.

19 .. Le marxisme contre la révolution .. , rééd. Gramma, p. 59.

20 A l'époque du .. Marxisme contre la révolution", Blanchot avait repris à son compte l'expression "révolution spirituelle .. , dans un sens non-conformiste .. : "Révolution matérielle, elle est conduite pour ne pas s'annuler, à être en même temps une révolution spirituelle, non qu'elle ne s'accomplisse qu'en esprit, mais parce qu'elle s'accomplit au nom de l'esprit et suivant ses résolutions et ses exigences." Mais en 1936, il se retourne contre elle et lui oppose la Terreur.

21 Combat no 7, juillet 1936, rééd. Gramma no 5, 1976, p. 63.

(10)

" Combat no 20, décembre 1937, rééd. Gramma n" ), 1976, p. (J3.

23 Ibid., p. 64.

2g Ibid., p. 65.

" L Insurgé, 13 janvier 1937.

2" Critique n" 20, janvier 1948, repris in La Part du feu, Paris, Gallimard, 1949.

27 La Pm1 du feu, up. cil., p. 309.

2H Ibid.

1" Je remercie Pierre l'achet de m'inciter à nuancer cette idée d'une substitution

totale de !' .. oeuvre " à la , révolution " dans le trajet intellectuel de !3lanchoL Effective- ment, relisant, Quelques réflexions sur le surréalisme, U'Arcbe no 8, aoüt 1945, repris in La Part du feu, op. cit., p. 101), je trouve encore nettement distingués les deux plans de la , poésie" et de la , révolution"· Blanchot écrit: , Comment la poésie se désintéresserait- elle de la révolution sociale? C'est cette tâche de la révolution qui, loin de lui masquer b sienne propre, lui en livre la compréhension perspective, car, grâce à elle, elle comprend qu'il n'y a vraiment d'existence et de valeurs poétiques qu'au moment où l'homme.

n'ayant plus rien à faire, parce que tout est fait, découvre le sens et la valeur de ce rien objet propre de la poésie et de la liberté ... " La révolution apparaît donc ici, trois am avant , La littérature et le droit à la mort ", comme condition d'accès au véritable objet dE la littérature. Sans doute faut-il admettre que Blanchot n'a cessé de faire pivoter la rela·

tion par laquelle , révolution, et , littérature, se figurent l'une l'autre.

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