~acques
BENS
LA PLUME ET L ' ANGE
(Gallimard) Beaucoup de gens, comme Ariel de LA PLUME ET LANGE s·en vont passer leurs congés payés dans un petit port de Bretagne pouf y savourer far niente quotidien, nouveautés du terroil' et, par surprise, aventures amoureuses
rm
nves Le bon goût d·Arlel est de sa- voir, dans un geste élégant, arracher le fait divers à la banalité en le pel'sonnallsant de touches sensibles et, mieux encore, en le projetant dans la trajectoire d1une culture avec la grâce d'un envol de colombes blanchesIl en résulte un livre fleuri qui nous livre des Images et des émois et qul coule avec aisance comme une eau qul sait oà est sa pente et son lac un livre qui dans sa flui- dité, honore la jeunesse et nous la rend bien sympathique. Depuis Radiguet, les jeunes ont trouvé leur place, un peu à l 'écal't des gloires adultes. Le petit livre a dl'Oit de cité . de Minou Drouet à Françoise Sagan, il est mème devenu un succès de librairie sans que le chiffre de tirage, toutefois, soit une garantie de valeur littéraire durable et imperfec- tible.
Oui mals le métier d"écrlre s'apprend-il? Il semble que Jacques BENS alt à coeur d"
en raire la preuve tant ce livre-ci a pris de la hauteur par rapport au premier. nour1 l déjà de personnalité subt Ile et de fraicheur d ame " Ah t la jeunesse: 11 n ·y a qu ·elle qui soit à sa place ·. 8, disait le héi-os de CLARTE de notre grand Bar·busse Lisant Jacques BENS. nous sentons jusqu=à l"acuité le privilège du plus bel instant de la vie des hommes qui sait tout tirer du cosmos et des créatures, oà tout vient à votre secou1R pour signi- fier le Bonheur Une notion de bonheur qui donne ici la clé qul ouv1·e l·lntim!l.é comme un peu sac1•ée de la personnallté d'Ariel. Car le bonheur. pour ce personnage Insaisissable ..
n est pas banale féliclté dévorée à grosses bouchées gloutonnes, mals jeu subtil d'un épi- curisme qul n'a jamais rien de fulgurant, qui est touche prudente constatation lucide et qui se savoure par petites miettes. à l écart des gros or·ages, dans un monde de relativHé qui sait ruser avec 1 engagement
Cela donne une réalité absorbée par petites secousses qui n·ont rien de barrésien et qui nous sont redonnéds en gtâce et subtilité dans des tours de sensibilité qui donnent la réplique à des tours de main de prestidigitateur pour slgniller les délicatesses de la vle Tout se déploie comme un ballet de jeunesse oà la douceur des rythmes le charme des Images. transcendent sans cesse une sensuallLé Lrès pure qui. à !·instant ob elles offre. déjà se dé~obe car Il est dans son essence de se dissoudre pour se recréer
Sans y prendre garde sur 1 allant d'une taclllté apparente vole! une oeuvre pensée sans la moindre prétention et dans laquelle~ humour donne le change à une culLure comme un peu frondeuse, à trave1·s le temps et i espace. et qui sans cesse se pror lle sur l · éc1·ru1 de l" lllusion
Tout cela ne saurait etre sans prendre assise sur une expérience lntérleu1e déjà den- se. dans laquelle toute spontané Hé du pr·em1e1· degl'é ext. exclue. un Lant lneL amère et ce c- née de sol1Lude Une solitude, d·a11leu1s qul n·est pas recroquevlllement sur sol nl ter- re désolée, mals plaisir de la médltatlon Joie menue de chaque Instant. présences Innom- brables de la création. 6i..un1H.ment d'exb~·'?T'
Il semble que toutes ces tT'ouvaUles qui s affirment à une seconde lecLure sol11cl- tée par la surprise mime que cause ce livre doivent situer Jacques BENS à la polnLe de la jeune génération des écr1va111s,
Elise FllEINET