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I C H ES .E L ES J I S T ES

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Academic year: 2022

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I C H E S . E L E S J I S T E S

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©2002 KPMG Holding, the Swiss member firm of KPMG Internatio non-operating association. All rights reserved.

sein d'une équipe de KPMG.

assurance tax and legal financial advisory services b u s i n e s s a d v i s o r y s e r v i c e s

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ment professionnel qui met pleinement en valeur votre potentiel.

understanding @ JçHSS

Comment la médecine hi-tech réveille les pratiques ancestrales

S u r un marché de la santé où fleurit une technologie médicale toujours plus so- phistiquée, rebouteux et guérisseurs se portent comme des charmes. Nous com- binons gaillardement scanner et prières.

A v o n s - n o u s perdu le nord ? Diagnoj- tic en page 20

«Les pauvres ne sont pas pauvres parce que les riches sont riches.»

Il n'existe pas de lien de causalité entre la pauvreté des uns et la richesse des autres. Une opinion largement partagée par les invités du Forum de D a v o s et du prochain G8 d'Evian. Et par J e a n - P i e r r e Danthine, professeur à l'Ecole des H E C de l'UNIL. Interview en page 28

IMPRESSUM

Allez savoir!

Magazine de l'Université de Lausanne

№ 25, février 2003 Tirage 22'000 ex.

48'400 lecteurs (Etude M I S Trend 1998) Internet: http://www.unil.ch/spul Editeur responsable:

Université de Lausanne Responsable des publications:

Ariane Bertaudon Service de presse de l'UNIL

Axel-A. Broquet resp., Florence Klausfelder BRA, 1015 Lausanne-Dorigny

Tél. 021 / 692 20 71 - Fax 021 / 692 20 75 uniscope@unil.ch

Rédaction:

Rédacteur en chef:

Jocelyn Rochat, journaliste à L'Hebdo Ont collaboré à ce numéro:

Sonia Arnal, Michel Beuret, Elisabeth Gilles, Giuseppe Melillo et Alberto Montesissa Photographe: Nicole Chuard Correcteur: Albert Grun

Concept graphique: Richard Salvi, Chessel Publicité:

EMENSI publicité,

13, chemin du Château-Sec, 1009 Pully Tél. 021 / 729 98 81, fax 021 / 729 99 08 e-mail: emensi@bluemall.ch

Imprimerie Corbaz SA

Avenue des Planches 22, 1820 Montreux Photos de couverture :

Loup: J. Rochat / R. Salvi Celtes: DR

Ecstasy: DR

S O M M A I R E

Edito page 2

Comment révolutionner la cha.uie aux dealer*) page 3 Intervenir sur le marché des stupéfiants de manière stratégique page 6

Apre*) le loup, la louve revient

darui le*) Alpe*) page 11 Le cas italien page 15 L'Europe des loups page 19

Comment la médecine hi-tech réveille

le*) pratiquer ancestrale*) page 20

«Nous cherchons des réponses physiques et métaphysiques» page 23 Le saule et la pensée sauvage page 24 Le mystère des guérisseurs page 25

I N T E R V I E W

«Le*t pauvre*) ne *)ont pa*) pauvre*) parce que le*) riche*) *)ont riche*)»

Interview du professeur à l'Ecole des HEC Jean-Pierre Danthine,

I entre Davos et le G8 d'Evian page 28

Le*) dieux de no*) ancêtre*) gauloi*) page 36 2300 dieux différents page 38 Le vrai visage des dieux gaulois page 39 Celtes ou Gaulois? page 42 Hindous et Gaulois, les mêmes dieux vous honorerez page 45

Ce que dirent le*) ab*)tentionnu)te*) page 46 Un mal plus vieux qu'on ne le pense page 48 Période de réception des votes par correspondance page 52

Demandez le programme page 53

Abonnez-vous, c'est gratuit ! page 56

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È D I T O

J'entende le Loup, le renard

et l'arbalète

Il était une fois un grand mystère et plusieurs malentendus. Maître Isengrin ayant repris le chemin des Alpes sans crier gare, l'animal semait un trouble à la mesure de ses dents - qu'il a grandes - et de son appétit, que l'on sait solide. Du coup, la plus grande confusion régnait dans les montagnes.

Et les habitants, qu'ils soient chasseurs, éleveurs de moutons, amis des bêtes ou gardes-chasse, se je taient des accusa­

tions à la figure comme des volées de c h e v r o ­ t i n e s .

«C'est la faute aux écolos qui ont réintro duit la Bête», insinuaient les uns. «Bêtes vous mêmes, qui n'acceptez pas de partager vos proies nombreuses avec ce bel ani­

mal», répliquaient les autres.

A l'appui de ces charges contradic­

toires, des indices bien maigres. «On a vu un 4x4 rouler de nuit avec des loups à l'arrière», assuraient les uns. «C'est surtout vous que l'on entend se vanter au bistrot d'en avoir tiré plusieurs», répondaient les autres. Bref, la situa­

tion semblait bloquée et le comporte­

ment du principal accusé ne faisait rien pour arranger les choses. Prédateur discret, l'animal ne trahit pas volontiers sa présence. S'il n'attaque pas de mou­

ton, personne ne crie au loup. Et quand il se nourrit de chamois, nul ne le sait.

S u r ce terrain miné, les a n a l y s e s génétiques effectuées par le spécialiste de l ' U n i v e r s i t é de L a u s a n n e L u c a

Fumagalli ont rendu d'éminents ser­

vices. Ne serait-ce que pour calmer un peu les esprits. Et pour faire sortir quelques vérités de ce bois touffu.

J o u a n t les arbitres entre les chasseurs, les éleveurs, les gardes-chasse et les écolos, ces expertises nous permettent enfin de voir la situation telle qu'elle est. Objectivement.

C e qu'elles nous apprennent? Que le loup c r o q u e effectivement

quelques moutons valai- sans. M a i s il arrive aussi,

et plus souvent qu'on le croit, que le tueur soit un c h i e n . Elles nous disent encore que le loup r e v i e n t tout seul en Suisse et que les écolos n'y sont pour rien. Et enfin que l ' a n i m a l devrait bientôt se multi­

plier. L'arrivée récente d'une première femelle sous nos alpi- tudes nous en donne la certitude (lire en page 11).

C e mystère élucidé, reste à régler le dernier, le gros problème. Trouver un moyen de cohabiter avec Isengrin. La perspective n'a rien d'un conte de fées, tant les désaccords restent patents quant à l'accueil qu'il faut réserver à la bête. Et là, malheureusement, la science, fût-elle exacte, ne peut plus rien pour l'homme.

Jocetyn Rochat

révolutionner la chasse

(yhef de la Sûreté neuchâtelolse, Olivier

Guénlat a développé lord de don doctorat à

l'Institut de police scientifique et de crimi­

nologie de l'Université de Lausanne (UNIL)

une méthode d'analyse des saisies de stupé­

fiants qui permet une approche stratégique

du marché de la drogue. La police austra­

lienne vient d'adopter cette solution d'avant -

garde. Berne hésite encore.

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Comment la chimie peut révolutionner la chasse aux dealers

profilage chimique nous permet de déterminer le nombre de types de drogue présent sur le marché à un moment donné et de suivre leur évo­

lution. Ce qui permet de déterminer le nombre de lots de production et de stocks différents.

Pourquoi avoir choisi ce thème?

J u s q u ' à l'arrivée du professeur M a r g o t en 1987, cette branche n'exis­

tait pas à l'Institut de police scienti­

fique. C'est la médecine légale qui assu­

rait l'analyse des drogues ou encore les laboratoires de denrées alimentaires cantonaux. Auteur d'une thèse en toxi­

cologie sur les champignons halluci­

nogènes, le professeur Margot parlait du profilage des stupéfiants dans ses cours. Cela m'avait intéressé et après

Olivier G uéniât, chef de la Sûreté neucbâtelo, de l'héroïne et de la cocaïne à l'Institut de p

«Allez savoir!» :

Le profilage psychologique permet parfois d'arrêter un criminel dont la police a compris le fonctionnement mental. Vous inventez le profilage de la drogue.

Le marché des stups respecterait-il également une logique particulière?

O l i v i e r G u é n i a t : A la manière du profilage psychologique, le profilage des stupéfiants consiste à rechercher les paramètres permettant d'attribuer un caractère unique à un échantillon par une analyse rapide, simple et peu coûteuse. Un arrivage de drogue est coupé en Suisse avec différents pro-

e et auteur d'une thèse consacrée au profilage Vice scientifique et de criminologie de l'UNIL

duits. Il est réparti géographiquement pour être écoulé ensuite sur le mar­

ché de la consommation en petits sachets de 5 gr ou en boulettes plus petites, qui toutes auront la même signature chimique. On ne peut pas en effet produire d e u x lots d'héroïne similaires. Pendant la transformation de l'opium en morphine, puis de la morphine en héroïne, il y a suffisam­

ment de variables qui interagissent de manière aléatoire pour que deux lots, quel que soit leur volume, 1 ou 20 kg, soient toujours différents. S'ils sont produits successivement les uns après les autres, ils seront tous uniques, peu importe qu'ils proviennent de régions ou de laboratoires différents ou à l'intérieur d'un même laboratoire. Le

4 A l l e z s a v o i r ! / № 2 5 F é v r i e r 2 0 0 3

avoir lu les recherches dans ce do­

maine, je me suis dit qu'il y avait un grand potentiel à rapprocher la théo­

rie de la pratique sur ce point. Paral­

lèlement, le Dr Rivier, de l'Institut de médecine légale de l'UNIL, m'a en­

seigné les rudiments de l'analyse chi­

mique des drogues et a développé chez moi une véritable passion pour ce domaine.

Vous êtes donc capable de déceler des différences entre des échantillons de drogue provenant de lots de production différents?

J e n'ai pas pu visiter les laboratoires afghans, bien sûr, pour vérifier si un lot était réellement différent d'un autre.

Mais, par chance, les Américains ont déjà fait une partie du travail, en tout

cas pour la cocaïne en Amérique du Sud. De plus, avec des précurseurs comme l'opium obtenu à travers l'ONU, ) a i pu fabriquer moi-même de l'héroïne afin de vérifier mes hypo­

thèses. Il s'est agi de reproduire les méthodes de production pour compa­

rer les différences. M a i s mon but est surtout pratique. Il consiste à étudier le marché régional de la drogue a f i n

de dégager des stratégies de police non pas de manière aléatoire ou réactive, mais de pouvoir les planifier en fonc­

tionnant par objectifs. Cela doit per­

mettre de démanteler des réseaux de distribution de drogue après les avoir identifiés grâce a u x renseignements chimiques. Actuellement, la police tra­

vaille affaire après affaire. Elle n'a pas d'objectifs. Cette attitude est purement opportuniste.

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Comment la chimie peut révolutionner la c h a ss <• aux dealers

Depuù le 11 septembre, la lutte contre le trafic d'héroïne est devenue une priorité parce qu 'elle permet de financer le terrorisme orchestré par Oussama Ben Laden

Vous souhaitez intervenir sur le marché des stupéfiants de manière stratégique...

A travers les nouvelles informations obtenues par analyse chimique, je sou­

haite comprendre les mécanismes du marché de la drogue en Suisse parce qu'ils sont méconnus de la police. En réalité, nous n'obtiendrons jamais une image parfaitement nette de ce marché en mutation permanente. Néanmoins, nous espérons identifier les change­

ments qu'il subit, rapidement et de manière précise. Une démarche scien­

tifique nous permet de d i r e : «Tiens, à Lausanne, un nouveau mode de pro­

duction perdure sur plusieurs semai­

nes. Il doit donc être important et son

réseau de distribution également.»

Dans ce but, j'ai soumis à analyse tou­

tes les saisies de drogue à Lausanne et dans sa périphérie, ainsi qu'au Tessin.

Cela m'a permis de déterminer le temps de vie d'un lot. Si une signature per­

siste dans le temps, elle indique la pré­

sence d'une mafia importante et struc­

turée. Il se vend 25 kg d'héroïne par jour en Suisse et plusieurs mafias con­

trôlent divers réseaux de distribution en parallèle et de manière plus ou moins professionnelle. Certaines d'entre elles sont capables de gérer des stocks importants, d'autres moins. Pour la police, cela pose parfois des problèmes.

Nous ne pouvons pas intervenir depuis Neuchâtel, si le stock des trafiquants neuchâtelois se trouve à Zurich.

En quoi l'analyse des échantillons est-elle utile à la police?

L'analyse des saisies nous donne une i m a g e assez nette du m a r c h é . C'est un outil de travail p r é c i e u x . La police a saisi ces échantillons sur des personnes dont elle connaît l'identité, le n u m é r o de téléphone et éventuel­

lement le carnet d'adresses. Cela per­

met de cibler les interventions sur les r é s e a u x p r i n c i p a u x et de d é g a g e r des stratégies. Actuellement, la police ne tire des saisies q u e q u e l q u e s infor­

mations concernant leur pourcentage de d r o g u e . La justice s'en sert afin de d i s t i n g u e r la g r a v i t é du délit. Ces données sont inutiles pour les poli­

ciers, contrairement au profilage chi­

m i q u e qui p e r m e t t r a i t d'obtenir une i m a g e de la s t r u c t u r e du m a r c h é de

la d r o g u e en S u i s s e . Et cela sans a u c u n e difficulté.

N o u s a v o n s donc proposé à l'Office fédéral de la police de créer une structure d'analyse et de compa­

raison de tous les échantillons de drogue saisis en Suisse. Et de cen­

traliser cette activité à l'Institut de police scientifique et de criminologie de l ' U N I L ou de la répartir, si néces­

saire, entre les trois laboratoires de Zurich, Berne et L a u s a n n e .

Cette méthodologie permettrait de comparer l'ensemble des résultats au niveau national. Nous venons de pré­

senter ce concept en Australie où il a séduit. M o n collaborateur Pierre Esseiva, actuellement doctorant à l'Université de L a u s a n n e et qui pour­

suit mes t r a v a u x , vient de prendre part durant trois mois à l'implantation

d'une telle procédure de profilage des stupéfiants a u p r è s de la police fédé­

rale australienne. L'intérêt de l'Aus­

tralie pour cette méthode est l'une des conséquences du 11 septembre et de l'attentat de Bali.

A u j o u r d ' h u i , le monde musulman a la haute main sur l'opium, devenu donc un enjeu géopolitique et géos­

t r a t é g i q u e . S o u d a i n , il faut lutter contre le trafic d'héroïne parce qu'il permet de financer le terrorisme.

Pierre Esseiva revient aussi de W a s h i n g t o n , où il a discuté avec les A m é r i c a i n s qui utilisent le profïlage de la cocaïne de manière tronquée, afin de justifier leur politique d'éra- dication de la d r o g u e dans les p a y s p r o d u c t e u r s d ' A m é r i q u e du S u d . En tout cas, nos recherches mettent en doute leurs résultats. Elles montrent

A Lausanne et en Suisse, ce sont pas moins de 25 kilos d'héroïne qui sont vendus chaque jour

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Comment la chimie peut révolutionner la chasse aux dealers S O C I E T E

en outre qu'on peut utiliser les infor­

mations obtenues p a r profilage chi­

mique de manière concrète sur un m a r c h é régional ou national. A un niveau international, ce n'est pas véri­

tablement nécessaire. Grâce a u x satellites, on connaît avec précision toutes les zones de production des stupéfiants.

Quelles réactions a suscitées votre projet en Suisse?

P o u r l ' i n s t a n t , ce n'est p a s l'enthousiasme. On évoque le souci de protection de la personnalité et de l'individu. Pourtant, notre méthode d ' a n a l y s e est un moyen a n o n y m e de t r a i t e r les données. Il ne traite a u c u n nom. Les cantons les conservent. De plus, le système de profilage des

d r o g u e s nous permettrait de d é g a g e r les d y n a m i q u e s intercantonales du m a r c h é des stupéfiants. Actuelle­

ment, nous ne savons pas si on vend la même d r o g u e à L a u s a n n e , Bâle, Berne ou Zurich. Ou alors nous le découvrons seulement affaire a p r è s affaire. N o u s pourrions aussi mesu­

rer l'importance d'un réseau de manière rétroactive en reconstituant la filière de diffusion en connectant des informations qui sans cela ne seraient j a m a i s reliées entre elles.

Enfin, n o u s p o u v o n s e n c o r e approfondir l'analyse en s intéressant a u x p r o d u i t s de dilution qui per­

mettent a u x d e a l e r s d ' a u g m e n t e r leurs bénéfices. Le profil chimique de l'héroïne peut en effet v a r i e r d'un lot à l'autre, alors que celui des produits a d u l t é r a n t s qu'elle contient reste

constant d a n s un réseau de distri­

bution. Cet a p p r o f o n d i s s e m e n t de l ' a n a l y s e nous permet d'obtenir la signature chimique du réseau en plus de celle du lot de production. Il faut savoir é g a l e m e n t q u e c e r t a i n s des p r o d u i t s de c o u p a g e ne sont pas en vente libre. Seul un trafiquant impor­

tant est en m e s u r e de se les procu­

rer au t r a v e r s de filons de d é t o u r n e ­ ment des stocks d a n s l'industrie c h i m i q u e . J e mets q u i c o n q u e au défi de se p r o c u r e r du p r o p y p h e n a z o n e p a r d i z a i n e s de kilos p o u r d i l u e r l'héroïne comme c'est le cas actuel­

lement sur le m a r c h é . J ' a i é g a l e m e n t étudié le profil des solvants chi­

m i q u e s p r é s e n t s d a n s les d r o g u e s et qui sont contrôlés au niveau mondial p a r des conventions o n u s i e n n e s . Un Etat ou un privé doit en justifier la

Alors qu'elle a convaincu les Australiens, la méthode de lutte contre les drogues proposée par Oliver Guéniat est curieusement critiquée en Suisse au nom de la protection des données

(alors qu'elle ne porte que sur des lots de drogue)!

consommation. M e s r é s u l t a t s mon­

trent q u e les listes de l ' O N U ne sont plus à j o u r en ce qui concerne les sol­

v a n t s utilisés p a r les p r o d u c t e u r s .

Peut-on retrouver de

tels produits en Suisse auprès du diffuseur?

C'est difficile. Ces stocks sont dé­

tournés et importés de manière indé­

pendante. Raison pour laquelle nous souhaitons e x a m i n e r toutes les saisies de drogue opérées a u x douanes suis­

ses. Si les stupéfiants consommés e n Suisse contiennent de l'éphédrine, par exemple, et q u' o n n e retrouve pas ce produit dans les doses saisies aux f r o n ­

tières, cela peut signifier qu'il est ajouté

sur place. Bingo! Nous pouvons donc rendre visite a u x producteurs d ephé- drine en Suisse. Nous appliquons une démarche semblable a u x trafiquants d'ecstasy. Leurs presses ont toutes un logo caractéristique. En Suisse, le pro­

filage de l'héroïne et de la cocaïne changerait la donne pour la police.

Nous pourrions connaître les besoins en produits diluants des trafiquants.

De plus, la dynamique nationale du marché de la drogue nous apparaîtrait encore plus clairement. Actuellement, lorsque je casse un réseau à Neuchâ- tel, cela s'arrête là. J ' a i stoppé une filière. Une autre va prendre de l'envergure. La d y n a m i q u e intercan­

tonale se poursuit, la mauvaise herbe continue de prospérer.

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Comment la chimie peut révolutionner la chasse aux dealers S 0C I E T E

Pourquoi la police n'a-t-elle pas recouru plus tôt à une telle méthode?

Jusqu'ici, la technologie ne le per­

mettait pas. En outre, avant mes tra­

vaux, les connaissances et les compé­

tences étaient aussi l a c u n a i r e s . Aujourd'hui, il y a un problème de fi­

nancement. Mais avec la libéralisation actuelle du cannabis, nous économise­

rons des fonds puisque nous ne dénon­

cerons plus ce genre d'infractions. Uti­

lisons une petite partie de cet argent pour se concentrer sur un problème, comme celui du marché de la drogue, que nous comprenons mal et que nous ne dominons pas. L'Office fédéral de la police est par exemple incapable de définir ses objectifs en matière de stups pour les six prochains mois. A Berne, on emmanche les affaires comme elles se présentent... A l'aveugle. Dans les cantons, c'est la même chose. On part d'un constat. Ensuite, on glane des in­

formations et petit à petit on reconstruit ce qu'on peut. On ne fait pas la dé­

marche inverse. On ne part

jamais

d'un

tableau de bord afin de cibler les phé­

nomènes de manière stratégique. Pour cela, il faudrait une volonté fédérale.

Le projet d'analyse du profilage chi­

mique présenté par Pierre Margot, pro­

fesseur à l'UNIL, a un coût de fonc­

tionnement d'environ deux millions de francs par an, salaires compris. Les infrastructures existent. En outre, les polices cantonales participeraient volon­

tiers à une telle opération. Elles seraient contentes d'obtenir des informations supplémentaires pour traquer les véri­

tables organisateurs du marché de la drogue qui brassent des sommes colos­

sales. En Suisse, la vente d'héroïne et de cocaïne représente un chiffre d'affaires annuel de 400 à 700 millions de francs.

Plusieurs mafias se partagent cette manne. Elles en dépensent une partie sur place. C'est la grande vie, les vêtements de marque, les boîtes. Mais la plus grosse part revient à l'organisation mère, sou­

vent domiciliée à l'étranger.

Pour l'héroïne, c'est actuellement l'Albanie qui tient le marché de la rue et qui est un pays de transit pratique­

ment incontournable. Leur meilleur

moyen d'acheminer l'argent, c'est le va- et-vient des petites fourmis qui rentrent au pays. Les Africains de l'Ouest, eux, recourent à des ressortissants suisses, souvent des toxicomanes payés pour ouvrir un compte bancaire et assurer les virements. Mais ce marché bouge constamment. Nous arrivons à le suivre à travers les différentes affaires qui ont des ramifications dans plusieurs can­

tons. Cependant, je le répète, à l'inté­

rieur du pays, nous n'avons aucune ges­

tion du phénomène. En onze ans d'activité dans la police, aucun rapport stratégique ne m'est parvenu sur le mar­

ché de la drogue en Suisse. Rien. Nada.

Propos recueillis par Gitiseppe Melillo

POUR E N SAVOIR PLUS :

«Profilage de l'héroïne et de la cocaïne», la thèse d'Olivier Guéniat sera publiée

prochainement par les Presses universitaires romandes.

En Suisse, la vente d'héroïne et de cocaïne (photo) représente un chiffre d'affaires

de 400 à 700 millions de francs

S C I E N C E S

A} vec Le moià de février et La période ou rut, de nombreux Loupé

quittent Led meuted. De jeuned mâled et, depuid peu, ded femelled arrivent en

SuLfde pour d y IndtaLler.

es loups de 2003 considèrent-ils le Valais comme un territoire suf­

fisamment sûr pour y pointer le bout des oreilles avec une femelle,

dans l'espoir de s'y reproduire et de former bientôt une première meute? Voilà la question qui

vous faisait passer pour un provocateur au Café des

Trois Chasseurs, il y a quel­

ques semaines encore.

Reste que cette interro- , gation devient légitime

depuis que les a n a l y s e s g é n é t i q u e s du spécia­

liste de l'Université de L a u s a n n e L u c a

F u m a g a l l i ont démontré -

c'était inédit depuis le retour présumé du g r a n d canidé en 1994 - qu'une louve avait franchi la frontière suisse pour venir croquer quelques moutons dans la région du Simplon durant l'été 2002.

Une présence féminine en Valais qui change tout. Ou presque. « L e s individus commencent peut-être à s'établir, observe L u c a Fumagalli. Il y a de la reproduction en France. Il y en a u r a vraisemblablement en Suisse, comme le laisse supposer l'arrivée de cette louve.»

La deuxième phase de colonisation

Tout indique en effet que les grands canidés d'origine italienne sont sur le

Après le lo la louve revient

les Alpes

(8)

Après le loup, la louve revient dans les Alpes S C I E N C E S

Luca Fumagalli, le spécialiste des analyses génétiques et patron du Laboratoire de biologie de la conservation (LBC) basé à l'Université de Lausanne

point de franchir un palier supplé­

mentaire dans leur tentative de ( r e ) - coloniser les Alpes suisses. Notam­

ment parce que la louve, comme la femelle de l'ours, serait moins aven­

tureuse que le mâle q u a n d il s'agit de quitter la meute et de conquérir de nouveaux territoires.

« N o u s disposons de très peu d'informations sur les migrations des loups en Europe. M a i s les études amé­

ricaines montrent que ce sont plutôt les j e u n e s mâles qui se dispersent, voire, parfois, mâle et femelle. M a i s a u c u n e étude ne met en évidence de migration de femelles seules ni de

femelles qui migrent en premier», ajoute le biologiste J e a n - M a r c Lan­

dry, a u t e u r de « L e loup» ( D e l a c h a u x

& Niestlé, 2 0 0 1 ) et de «Pourquoi craindre le l o u p ? » ( L a question, Ed.

de L'Hèbe, 2 0 0 1 ) .

S a c h a n t que les études génétiques de L u c a Fumagalli ont préalablement confirmé l'arrivée en Suisse de huit mâles entre 1998 et 2 0 0 1 , il y a fort à parier que les loups italiens migrent de la même manière que leurs cousins américains. C'est, du moins, l'analyse de J e a n - M a r c L a n d r y : «L'arrivée de cette louve annonce que l'animal est entré dans une d e u x i è m e phase de colonisation.»

Enfin des informations incontestables

Au-delà de l'aspect sentimental et médiatique que représente la présence d'une louve sur le sol suisse, les infor­

mations obtenues grâce aux études gé­

nétiques lausannoises nous éclairent avec objectivité sur la progression réelle des loups qui passent la frontière suisse depuis la fin 1994 et l'affaire de la «Bête du val Ferret». Une qualité précieuse dans ce domaine où les élé­

ments incontestables sont rares. Tant le retour naturel du grand prédateur provoque des réactions - invariable­

ment passionnées - qui vont de l'exa­

gération des uns au mutisme des autres.

Animal des plus discrets, Isengrin n'a pas l'habitude de trahir sa présence, sauf quand il attaque des moutons. Si l'on ajoute à cela les innombrables rumeurs de braconnages de loups, les récits invérifiables des chasseurs, la suspicion engendrée par les écologistes et l'inquiétude des éleveurs pour la sécurité de leurs troupeaux, on mesure la difficulté qu il y a à savoir réellement ce qui se passe sur le terrain.

Loups, y êtes-vous?

Ce contexte polémique explique que les résultats des recherches génétiques lausannoises provoquent régulière­

ment quelques émois. C'était notam­

ment le cas lors de la publication du rapport annuel du Kora 2001 (le pro­

jet loup suisse) où Luca Fumagalli révélait que quatre loups différents (baptisés individus c, d, e et f) avaient arpenté les vallées valaisannes d'une patte assurée entre la fin du printemps et l'été 2000. Une époque haute en cou-

A L L E Z S A V O I R ! / № 2 5 F É V R I E R 2 0 0 3

Bon nombre de loups qui sont arrivés en Suisse ces dernières années

ont terminé leur périple dans une vitrine du Musée cantonal d'histoire naturelle, à Sion. Comme cet animal, un Jeune mâle, qui a été écrasé par un chasse-neige au col du S impion en 1999

A L L E Z S A V O I R ! / № 2 5 F É V R I E R 2 0 0 3

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Après le loup, la louve revient dans les Alpes S C I E N C E S

Il y a loup et loup. L'animal américain (ci-dessus) diffère du loup européen (ci-contre), tel qu'il est facilement observable au Juraparc, le cbalet-restaurant du mont d'Orzeires situé entre Vallorbe et la vallée de Joux

leur où le Service valaisan de la chasse s'était mis à l'affût d'un seul animal et avait eu l'impression de régler le pro- blème en tirant deux loups le même jour, après des mois de battues infruc- tueuses.

A cette révélation de la présence pendant cette période de quatre pré- dateurs s'était ajouté un détail qui avait fait beaucoup de bruit en Valais : l'an- nonce que l'animal condamné à mort par Berne ne figurait pas parmi les loups tirés! La Confédération n'avait en effet délivré qu'une seule autorisa- tion, celle d'abattre l'individu c, et voilà que ce sériai killer de brebis avait échappé aux chasseurs!

La preuve par 9

Au-delà de l'anecdote - «mes ana- lyses ne prouvent pas que l'animal tiré n'avait mangé aucun mouton», précise Luca Fumagalli -, les analyses lausan- noises ont surtout fait passer le nombre de loups ayant transité par la Suisse à sept. Un total qu'il faut désormais éle- ver à neuf, puisque deux animaux sup- plémentaires, l'individu h (repéré aux Grisons en 2001) et l'individu i (la pre- mière louve signalée en Valais en

2002)

ont été ajoutés à la liste. Quant au di- xième individu, il viendra peut-être des Grisons où plusieurs attaques suspectes ont été enregistrées durant l'année

2002.

Avant que la présence d'un animal (encore non-identifié) ne soit généti- quement confirmée à la fin janvier

2003.

«Ce total provisoire de neuf loups en quatre ans constitue un minimum», assure Luca Fumagalli. Ce qui l'em- pêche d'être plus élevé? «Mes recher- ches dépendent beaucoup des échan- tillons qui me sont transmis.» Et ce matériel a fortement diminué en

2002.

Durant cette dernière année, le labo- ratoire lausannois n'a effectué qu'une vingtaine d'analyses, soit deux fois moins qu'en 2001 (une cinquantaine).

Comment expliquer une telle chute?

Luca Fumagalli hausse les épaules :

«L'arrivée des échantillons est beau-

L e c a s i t a l i e n

Le loup transalpin diffère de ses cousins espagnols et balkaniques. La faute aux glaciations.

C

omme d'autres animaux, le loup a développé une variante de son ADN mitochondrial qu'on ne retrouve qu'en Italie, explique Luca Fumagalli. Cette évolution date de l'époque glaciaire, quand le prédateur a dû quitter les Alpes pour se réfugier dans les régions plus chaudes de l'Europe comme l'Espagne, l'Italie et les Bal- kans. Autant de refuges où il a vécu comme dans un vase clos, en développant des diffé- rences génétiques qui restent perceptibles aujourd'hui.

A ces différences de départ s'est ajouté l'effet d'une chasse intensive qui a fait disparaître le loup de la majorité des pays d'Europe. Et notamment de l'arc alpin avant 1900. Les der- niers loups italiens ont alors survécu en petit nombre sur de très petits territoires. «Les scientifiques parlent de goulot d'étran- glement» , précise Luca Fumagalli. Ces poches ont pour effet d'accentuer les particularismes génétiques qui dataient de la période gla- ciaire. Confinés dans ces goulots, les loups

italiens ont perdu leur diversité génétique et se sont de plus en plus distingués des autres populations européennes de loups.

Est-ce à dire qu'un loup italien se différen- cie physiquement d'un loup espagnol ou bal- kanique? Luca Fumagalli hoche la tête. «La morphologie est souvent un mauvais indi- cateur de l'origine génétique de l'animal. Ces critères sont trop subjectifs et variables.»

Même si elle ne se voit pas à l'œil nu, la spé- cificité génétique des loups italiens a un avan- tage important: elle nous permet d'exclure toute hypothèse d'un complot écologiste visant à réintroduire les loups sous nos lati- tudes. «Les 94 échantillons d'ADN retrouvés dans les Alpes en dix ans sont tous d'origine italienne, assure Luca Fumagalli. Ce qui, ajouté à la constance dans la progression de l'animal de l'Italie vers la Suisse, ne laisse aucun doute sur le fait qu'il s'agit d'un retour naturel.»

J.R.

(10)

Après le loup, la louve revient dans les Alpes s c: 1 E N С E S

Ж

- .

Une meute de loups bientôt en Suisse? Ce scénario ne relève plus de la science-fiction depuis l'an dernier et l'arrivée d'une louve en Valais

coup liée aux attaques de moutons. Si le loup mange du gibier, ça ne gêne per­

sonne et les échantillons ne sont pas récoltés par les gardes-chasse. Ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui, il peut très bien y avoir plusieurs loups en Suisse sans qu'on s'en aperçoive.»

Le loup n'est pas revenu pour les moutons

La logique plaide d'ailleurs pour ce scénario. Et la génétique aussi, comme le montre l'analyse détaillée de 94 échan­

tillons découverts durant ces dix derniè­

res années dans les Alpes suisses et fran­

çaises en collaboration avec l'équipe du Dr Pierre Taberlet, à Grenoble.

Ces données, «les premières qui por­

tent sur du matériel de ce type récolté sur une aussi longue période», nous racontent la dynamique de recolonisa­

tion d'une espèce. «On découvre ainsi que les premiers loups sont repartis des poches où ils survivaient en Italie pour se lancer vers l'arc alpin», explique Luca Fumagalli. Pourquoi? «Parce que l'Italie a adopté des lois sur la conser­

vation de la faune. Et surtout parce que - argument que l'on oublie souvent - , les conditions écologiques dans les Alpes lui sont aujourd'hui beaucoup plus favorables qu'elles ne l'étaient il y a cent ans, quand les chasseurs ont fait disparaître les loups.»

A L L E Z S A V O I R ! / № 2 5 F É V R I E R 2 0 0 3

La preuve que le loup n'a plus mauvaise réputation?

Il joue désormais les vedettes de la pub

Le prédateur n'est pas revenu pour les moutons, poursuit Luca Fumagalli.

Il est de retour parce que le nombre de chamois et de cervidés est infiniment supérieur à ce qu'il était il y a un siècle, à l'époque où les grands herbivores commençaient à disparaître de nos mon­

tagnes. Autant d'animaux qui ont été réintroduits depuis avec le succès que l'on sait, et qui viennent s'ajouter au nombre de proies potentielles du loup.

Là où on ne l'attend pas

Du gibier en abondance dans les Alpes, voilà qui suffit à attirer ce for­

midable randonneur capable d'abattre des centaines de kilomètres sans être

repéré. Car, comme l'a confirmé l'étude lausannoise, il y a toujours un temps de retard entre l'arrivée des émigrants et leur détection sous forme de cas iso­

lés, souvent fort éloignés les uns des autres.

La trace génétique d'un loup italien est ainsi confirmée dans les Vosges en 1994, ce qui semble alors très loin de ses bases. Côté suisse, sa présence n'est confirmée qu'en 1996 en Valais, alors qu'elle était soupçonnée dès la fin 1994 dans le val Ferret. S a présence est encore certifiée dans le Massif central en 1997, dans les Pyrénées orientales en 1999, et au Tessin et aux Grisons en 2 0 0 1 .

p. 18

A L L E Z S A V O I R ! / № 2 5 F É V R I E R 2 0 0 3

(11)

Après le loup, la louve revient dans les Alpes S C I E N C E S

L'abondance de chamois et de cervidés dans les Alpes facilite le retour du loup qui devrait ainsi retrouver son aire de répartition originelle, c'est-à-dire l'ensemble du continent

«Toutes ces traces dispersées nous indiquent que, comme on le savait, l'animal a un très grand potentiel de colonisation, précise Luca Fumagalli.

On remarque encore que ces animaux sont de véritables opportu­

nistes qui n'ont pas besoin d'un couloir de migration avec un habitat favorable. Ils sont capables de traverser des zones urbaines ou industrielles et ne sont pas gênés par les auto­

routes. Bref, ils sont capables de parcourir de très longues distances. Et ce, dans tous les environnements.»

Animal très commun, le loup a été «croqué»

par les hommes des cavernes

Avec de telles facultés, l'ennemi № 1 des chasseurs et des éleveurs devrait selon toute vraisemblance regagner sa place dans nos forêts, estime Luca Fumagalli, qui ne voit guère de limite

à sa dispersion actuelle: «Les loups recolonisent l'aire de r é p a r t i t i o n o r i g i n e l l e de l'espèce. Sachant que le loup a été l'une des espèces les plus répandues sur ce continent, c e l a p o u r r a i t dire toute l'Europe.»

Jocelyn Rachat

1 8 A L L E Z S A V O I R ! / № 2 5 F É V R I E R 2 0 0 3

L'EUROPE DES LOUPS

L'analyse ADN d'un animal passé dans les Grisons

annonce peut-être les retrouvailles des meutes italiennes, espagnoles et balkaniques. Y compris en Suisse.

A

vec la fondation du Laboratoire de biologie de la conservation ( L B C ) 0 en 2000, l'analyse génétique des échantillons biologiques

«problématiques» est deve­

nue une spécialité de l'Uni­

versité de Lausanne. Des chercheurs comme Luca Fumagalliy utilisent la PCR, une technique qui permet d'obtenir une énorme quan­

tité d'ADN à partir de très

peu de matériel biologique de départ.

On peut ainsi tirer un maximum d'informations d'échantillons aussi fragiles que les crottes, poils ou déjec­

tions contenant une très faible quan­

tité de matériaux génétiques. Et cela même quand ils arrivent au labora­

toire dans un état de dégradation important.

Des migrants

majoritairement italiens

Cette technique d'échantillonnage est non invasive: on utilise ce que l'animal a déposé sur le terrain, sans que sa capture soit nécessaire pour effectuer un prélèvement. Elle suffit à Luca Fumagalli pour donner avec certitude le nom de l'espèce (loup, renard, chien, lynx ou autres), le sexe et l'origine (italienne, Europe de l'Est, américaine) de l'animal suspect qui a laissé des traces derrière lui, et le nombre d'individus qui ont transité dans notre pays à un moment donné.

«Sur dix ans, nous avons analysé 256 échantillons en collaboration avec l'Université de Grenoble. Il s'agissait de 190 crottes, 40 poils, 22 tissus pro­

venant d'animaux morts et 4 régurgi­

tations, précise Luca Fumagalli. Le taux de succès des analyses est de 226 sur 256, mais il serait encore meilleur aujourd'hui du fait des améliorations

Un loup américain, tel qu'il apparaît au Zoo de Servion

techniques. Sur ces 226 échantillons identifiés, 99 appartenaient à des loups. Et parmi eux, seuls 5 échantil­

lons n'étaient pas d'origine italienne.»

Echappés d'un zoo

L'un de ces cinq échantillons sus­

pects avait été transmis au laboratoire par des journalistes valaisans. Canu­

lar ou test discret du laboratoire, il n 'a pas pris en faute le chercheur lau­

sannois. Deux autres échantillons identifiés comme extra-italiens pro­

venaient d'animaux capturés en France avec des filets, en 1995.

Connaissant la méfiance naturelle du loup face à l'homme, il faut imaginer que ces deux animaux-là, si faciles à piéger, s'étaient échappés de zoos ou d'élevages. Le quatrième échantillon suspect était issu d'une variété de loups nord-américaine. Lui aussi pourrait provenir d'un animal échappé d'un zoo.

Un immigré venu de l'Est?

Le cinquième et dernier échantillon non italien est le plus énigmatique.

Retrouvé dans les Grisons en été

2000, il laisse Luca Fuma­

galli perplexe. «C'est le seul cas où il est impossible de trancher. C'est peut-être un hybride chien/loup, certains éleveurs n'hésitant pas à croiser des races de chien avec des loups, en particulier en Europe de l'Est. Il est peut-être nord-américain et nous avons affaire à un loup d'origine captive. Enfin, il peut s'agir d'un loup de l'Est de l'Europe, ce qui laisserait imagi­

ner une reconquête du territoire à par­

tir des Balkans.»

Il préfigure peut-être l'avenir. Un avenir en forme d'Europe des loups où les canidés italiens reprendront bientôt contact avec les meutes espa­

gnoles et avec celles des pays de l'Est qui a r r i v e r o n t chez nous via l'Autriche. Une Europe des loups où la Suisse sera de facto intégrée. Bon gré, mal gré.

J . R .

* Parallèlement à ses activités de recherche fondamentale, le L B C propose des prestations aux gestionnaires de l'environnement concernés par la conservation de la faune et de la flore sauvage

(agences gouvernementales, ONG, entités privées, services de contrôle du trafic d'espèces menacées, ...) non seulement en génétique moléculaire (dont la responsabilité incombe au Dr L. Fumagalli), mais également en dynamique des populations (responsable: Prof. N. Perrin) et en modélisation spatiale (responsable: Prof. A. Guisan).

Contact: www.unil.ch/lbc.

M B

A L L E Z S A V O I R ! / № 2 5 F É V R I E R 2 0 0 3

(12)

M E D E C I N E

Comment

la médecine hi-tech réveille les pratiques ancestrales $ ur un marc

ta dan té où fleurit une technologie médicale toujours plud dophldtl-

quée, rebouteux et gué- r'iddeurd de portent com­

me ded charmed. Noud comblnond gaillarde­

ment dcanner et prlèred.

Avond-noud perdu le nord? Tentative de réorientation, avant l'ouverture de Mednat,

le Salon ded medeclned

«naturetled».

2 0 A L L E Z S A V O I R ! / № 2 5 F É V R I E R 2 0 Q 3

S

oit un léger mal de dos, vaguement inconfortable. M a i s qui persiste, s'installe et devient envahissant. Que faire? Apposer une feuille de choux- verts, cuite mais à peine. Ou plutôt une mixture de blanc d'oeuf et d'ail pilé?

Faire une radio puis un scanner et aller chez l'ostéopathe entre les deux?

Suivre parallèlement des séances de sophrologie? Avant de se décider pour la kinésithérapie, en alternance avec du shiatsu, ou s'en remettre, finalement, au guérisseur? Aujourd'hui, les res­

sources de celui qui est confronté à un problème de santé sont multiples. Elles vont des voies balisées aux chemins de traverse plus ou moins répertoriés (ou l'inverse).

Et, même en cas de maladies graves, deux Suisses sur trois ont recours à des

stratégies combinées. «Lorsque qu'on cherche à explorer les pratiques en la matière, on est immédiatement plongé dans le pluralisme médical», fait remar­

quer Ilario Rossi, professeur extraordi­

naire en anthropologie de la santé à la Faculté des sciences sociales et politi­

que, et chef de projet au Département universitaire de médecine et santé com­

munautaire.

Ces soins populaires si présents

Ce pluralisme est composé de deux grands blocs: la médecine scientifique et les médecines dites complémentaires, dont l ' O M S répertorie 280 sortes en Europe occidentale. On peut classer ces dernières en trois grands types, parmi lesquels les soins populaires.

p. 22

Urgences

M o * * *0

w

A L L E Z S A V O I R ! / № 2 5 F É V R I E R 2 0 0 3

(13)

Comment la médecine bi-tech réveille led pratiques ances traies M E D E C I N E

«Ceux-ci représentent bien plus qu'un phénomène de mode. Même si ce sont les années 70, avec le mouvement contre-culturel, le retour à la nature, une certaine opposition à la technici- sation de la médecine qui ont participé à leur visibilité, constate Ilario Rossi.

Car la tendance se prolonge et se renou­

velle. Ils sont aujourd'hui très présents parmi les multiples pratiques «théra­

peutiques». Et, loin d'être seulement une réponse à une crise aiguë, ils sont utilisés pour potentialiser au mieux le fonctionnement du corps, comme entretien de soi-même, dans le cas de la phytothérapie, par exemple.»

Du savoir le plus partagé, celui qui concerne les plantes, au plus caché ou au plus «mystérieux» - rebouteux, fai­

seurs de secret, guérisseurs voire sor­

ciers (un phénomène peu étudié en Suisse), i l y a différents échelons. M a i s tous les acteurs de ces soins ont en com­

mun de ne pas avoir de légitimité poli­

tique ni juridique et de n'avoir pas fait de longues études pour soulager nos maux.

La référence au sacré

«Les guérisseurs, par exemple, ont reçu le don de soigner, explique l'an­

thropologue. Une sorte de filiation, par transmission de maître à disciple. En­

core faut-il, c'est une loi inéluctable, qu'ils soient eux-mêmes passés par une importante expérience de la souffrance.

A la suite d'un événement - accident ou maladie - , qui constitue une rup­

ture. De même que les faiseurs de secret, ils se considèrent comme des

Ilario Rossi, professeur extraordinaire en anthropologie de la santé à la Faculté des sciences sociales et politique de l'Université de Lausanne

L'hypnose ne draine pas seulement des foules dans les cinémas (ci-dessus le film

«Hypnose»). Elle prospère également dans le domaine de la santé

A L L E Z S A V O I R ! / № 2 5 F É V R I E R 2 0 0 3

médiateurs. Des «porte-parole» d'une autre dimension qui devient active face à la souffrance, pour peu qu'elle soit sollicitée volontairement par l'intention d'un être humain qui veut en soulager un autre. Cette référence au sacré reste constante à travers le temps. Tout comme certaines pratiques, telles que l'imposition des mains. Et c'est en déve­

loppant un instrument peu présent dans la médecine scientifique, l'intui­

tion, que le guérisseur opère.»

Médecine et religion

Sacré, don, intuition: avons-nous perdu la Raison? Le fait est qu'en ma­

tière de soins populaires, la demande est très importante. Qu'est-ce qui conduit tant de personnes à avoir recours à des pratiques irrationnelles, tout en recon­

naissant par ailleurs la validité de la médecine scientifique? L'empathie sans doute : elle s'établit plus volontiers avec quelqu'un qui dit être passé lui-même par la souffrance, ce qui en fait un sem­

blable, voire un allié. Mais la référence à une dimension transcendante joue son rôle. Quel que soit le rapport que cha­

cun entretient avec la religion, elle nous renvoie à une série de questions: qu'est- ce que l'homme sur la terre? qu'est-ce qu'une croyance, quel sens lui donner, que me permet-elle de comprendre de la vie et de la mort?

«Nous cherchons des réponses physiques et métaphysiques»

Ce questionnement dépasse large­

ment la réponse ponctuelle à un pro-

Les guérisseurs sont toujours passés eux-mêmes par une importante

expérience de la souffrance, par exemple un accident

A L L E Z S A V O I R ! / № 2 5 F É V R I E R 2 0 0 3 2 3

(14)

Comment la médecine hi-tech réveille led pratiques ancestrales

Le saule et la pensée

sauvage

M E D E C: 1N E

blême de santé pour embrasser tout le champ symbolique de la signification de la vie, remarque Ilario Rossi: «Or, ce genre de questionnement est de plus en plus fréquent. Nous cherchons des réponses à la fois physiques et méta­

physiques, poursuit-il. Etre biologique qui s'enracine dans un corps, l'homme a besoin aussi de réponses qui dépas­

sent le matérialisme. Ce n'est pas une lutte entre le vrai et le faux, entre le rationnel et l'irrationnel, c'est leur co­

habitation qui caractérise notre société.

Ceci dit, il faut être attentif au charla­

tanisme, aux abus, à la logique mar­

chande qui investit un champ où la gra­

tuité a longtemps été la loi. M a i s ce qui est inéluctable, c'est que plus la méde­

cine devient technologique, plus on assiste à une sorte d'autorégulation sociale par le recours à un ancrage dans l'archaïque, dans le sens de fonda­

mental, d'originel.»

La santé, idéal suprême

Autre évolution d'importance : la san­

té du corps remplace le salut de l'âme, au rayon des références. «Le concept de santé est exalté, constate l'anthropo­

logue. Elle est élevée au rang d'idéal su­

prême, de morale unanime dans une so­

ciété par ailleurs déchirée quant à ses conceptions de l'existence. Elle se substi­

tue à la religion. Le glissement est très net depuis ces dernières décennies. » C'est que la baisse des pratiques religieuses traditionnelles n'évacue pas le besoin de sacré. La quête thérapeutique s'accom­

pagne donc d'une quête de spiritualité.

«En réalité, conclut Ilario Rossi, la question se pose de savoir si la recher­

che d'efficacité thérapeutique est tou­

jours le but et de quelle efficacité il s'agit.

On assiste en effet à l'émergence pro­

gressive d'une conception thérapeutique située au croisement du religieux et du curatif.»

A ce croisement embouteillé, c'est le patient qui fait la circulation. Du moins est-ce la tendance actuelle: de plus en plus au centre de la problématique de santé, il conjugue diverses pratiques sur la base de son expérience, de sa trajec­

toire et de ce qu'il a entendu. A la santé de son corps, en espérant que le salut de son âme suivra.

Eluabeth Gilles

université s'intéresse de près aux «plantes qui soignent», partie im- portante des soins populaires. La récente Fondation Gentiana, présidée par le Professeur K u r t H o s t e t t m a n n , d i r e c t e u r de l'Institut de pharmacognosie et phytochimie (IPP), entend ainsi développer une formation pour pharmaciens et médecins, con- frontés de plus en plus souvent à la demande des patients dans ce domaine. Elle organise aussi des conférences grand public (payantes).

La prochaine sera consacrée aux rhumatismes. Il y sera entre au- tres question du saule, de la pe- tite pensée sauvage et de la reine des prés, utilisés depuis fort longtemps par ceux qui n'ont pas perdu le fil du savoir ancestral.

Plantes et rhumatismes, jeudi 1 0 avril, de 14h à 17h. Auditoire César-Roux au CHUV.

Renseignements

au Service de formation continue de l'UNIL,

tél. 021/692 22 90 fax 021/692 22 95

A L L E Z S A V O I R ! / № 2 5 F É V R I E R 2 0 0 3

L e m y s t è r e d e s g u é r i s s e u r s

Entrer dans le monde des guérisseurs est une invitation à se reconnecter aux images symboliques qui nous habitent. Deux films nous y aident, «Voie parallèle» (1986) et «Le Don redonné»

(1999), tous deux réalisés par Charles Chalverat et André Béday.

I

ls ne percent pas le mystè­

re, ce serait trop simple. Pourtant, au détour d'une

phrase, une piste est lancée: «Le dé- croix, tout est là», dit André. Il est l'un des très nombreux guérisseurs qui exercent leur art dans le canton du J u r a : il y a quinze ans, on en comptait au moins cent quarante pour soixante- quatre médecins. M a i s Charles Chal­

verat estime qu'ils sont en fait le double...

«Ce qui n'est plus dans la croix»

«Pour eux, le dé-croix sert à nom­

mer «ce qui n'est plus dans la croix», c'est-à-dire dans le processus qui con­

siste à tenir la tension entre la vertica­

lité et l'horizontalité», explique cet en­

seignant à l'Ecole d'études sociales et pédagogiques, à Lausanne.

Ses films ont été projetés en décem­

bre dernier dans le cadre d'un ensei­

gnement informatif sur les médecines

parallèles de la Faculté de médecine.

Lui-même J u r a s s i e n , il avait pour grand-mère une dame convaincue qu'il faut se méfier des livres car «la Nature ne les a pas lus».

«Elle baignait dans ces logiques-là, raconte-t-il. Enfant, j'ai moi-même été très souvent chez des guérisseurs, pour des problèmes d'hémorragie, de ver­

rues ou d'entorses. Par la suite, mes recherches sur le pouvoir dans la rela­

tion d'aide m'ont amené à m'intéresser à eux, car cette notion est très présente dans leur pratique.» Précisons que dans ses films, le terme désigne des per­

sonnes qui associent le savoir du fai­

seur de secret et celui du rebouteux.

Méditation silencieuse

«Les gestes des guérisseurs, pour­

suit Charles Chalverat, consistent à

«rétablir» la croix. S u r le plan phy­

sique, ils travail­

lent à remettre le bassin dans son assise, à imposer les mains sur le sacrum ou sur l'endroit du corps qui fait la jonction entre les épaules et la colonne vertébrale, c'est-à-dire, au lieu du croisement.»

Et ils s'appliquent à toutes sortes de maux. Quant au fameux secret, il se réfère toujours à une transcendance :

«C'est la foi qui me donne ma force, assure André. J e ne suis rien d'autre qu'une clé. J e ne cherche pas, je regar­

de la personne, j'attends. Et tout à coup, je ressens où est placée la dou­

leur. M a main se pose alors directement au bon endroit.»

«Il y a des choses que l'on n'apprend pas»

Le rapport au religieux n'est pas tou­

jours aussi explicite. Dans d'autres li­

gnages, l'application du secret consiste en une méditation silencieuse, qui se réfère toujours à la verticalité et à l'ho-

Un guérisseur à l'œuvre dans le Jura

A L L E Z S A V O I R ! / № 2 5 F É V R I E R 2 Q 0 3 2 5

(15)

Comment la médecine hi-tech réveille les pratiques ances traies M E D E C I N E

rizontalité. Pour J e a n - M a r i e , ce sont les sources et les arbres qui révèlent ces notions dans la nature. Cet «apprenti- guérisseur» a vu sa carrière de cycliste interrompu par un accident. C'est à la suite de cette rupture qu'après plu­

sieurs années, il a été intégré dans une filiation de guérisseurs en «recevant le don».

Difficile, pourtant, de définir la transmission : « Il y a des choses que l'on n'apprend pas, on les a en soi. Ce n'est pas une voie construite théoriquement, même si elle comporte un aspect tech­

nique, à côté de l'aspect spirituel», tente-t-il d'expliquer. Quant à la rela­

tion avec le maître, elle est «hors lan­

gage»... Beaucoup plus facile à formu­

ler est son amour des a r b r e s : «Pour moi, dit-il, il est toujours bouleversant d'en voir un arraché.»

Savoir attendre

Le respect profond de la nature, le lien avec ce qu'elle a de plus mysté­

rieux, voire de sacré, tous le partagent.

Paysan-guérisseur, André, lui, sait bien que «la nature nous apprend qu'il faut savoir attendre». Aussi sceptique soit- on, ce personnage étonnant ne laisse pas indifférent lorsqu'il raconte son bonheur d'admirer les épis et leur ali­

gnement ou sa tristesse au moment de faucher parce qu'alors, il «a l'impres­

sion de tuer».

Quel que soit le nom utilisé pour évoquer la transcendance - Dieu, la Vie, la Nature - , c'est toujours elle qui a le dernier mot. Et gare à celui qui outrepassera sa loi ! Les guérisseurs en cause parlent de chocs en retour, à l'image de ce qui arrive au héros de « L a

Mort marraine», le conte des frères Grimm. M a i s dans leur cas, lorsqu'il y a abus de pouvoir, la mort peut n'être que symbolique et ne toucher qu'une part de leur vitalité. Un pouvoir qui ne fonctionne, à en croire Charles Chal- verat, que pour autant que le guéris­

seur reste à sa place d'intermédiaire et qu'il soit en contact avec la part bles­

sée de lui-même. S a propre expérience initiatique de la souffrance devant l'y aider.

Un problème de destin

M a i s ne devient pas guérisseur qui veut. Il y faut de l'humilité. Une sorte de simplicité qui n'empêche pas les for-

Une guérisseuse jurassienne décharge ses ondes négatives contre un arbre

2 6 A L L E Z S A V O I R ! / № 2 5 F É V R I E R 2 0 0 3

sent travailler leur corps, s'ils sont prêts à accepter le travail, cela marche, constate André. Les gens viennent avec la certitude que je peux les aider, c'est important, même s'ils n'ont pas la foi.»

Un problème de destin?

Et si cela ne marche pas? Alors c'est que la situation n'est pas «mûre» ou bien que l'on a affaire à un problème de destin. Dans le domaine des gué­

risseurs, le vécu subjectif, toujours sus­

pect d'états d'âmes impossibles à objectiver, est survalorisé. Le dévelop­

pement intérieur constituant une indis­

pensable étape sur leur chemin.

Dans la médecine officielle, il est purement et simplement évacué. Alors, imposition des mains ou chimie pure et dure, à quel saint faut-il se vouer?

Charles Chalverat n'oppose pas un monde à l'autre : «Toute la difficulté de la relation d'aide est de faire tenir en­

semble quelque chose qui permet le développement d'une consistance per­

sonnelle intime, appelons-la initiatique, et des références à des théories expé­

rimentées», constate-t-il. La voie du milieu, en quelque sorte.

Elisabeth Gilles

«Le Don redonné» peut être obtenu au Service audiovisuel de l'Ecole d'études sociales et pédagogiques (eesp), chemin des Abeilles 14, cp 70,

1000 Lausanne 24.

Tous les guérisseurs partagent le respect profond de la nature (ici des saules), le lien avec ce qu'elle a de plus mystérieux, voire de sacré

mules saisissantes. Celle-ci, par exem­

p l e : «Au fond de ton manque est ta vocation.» Charles Chalverat n'est pas prêt d'en oublier l'auteur, un paysan- guérisseur qui lui a «balancé» cette vé­

rité en le regardant droit dans l e s y e u x . Le psychologue Boris Cyrulnik, connu pour avoir popularisé la notion de rési- lience, ne la renierait sans doute pas.

L a question du comment n'en est pas résolue pour autant. M ê m e si certaines séances très rapides s'apparentent à l'hypnose, dans la mesure où, là aussi, on fait appel à la part saine de l'indi­

vidu. Celle-ci devient opérante pour peu qu'on la sollicite et pour peu que

«l'aidant» ne se substitue pas à elle, dans un désir de maîtrise. «S'ils lais-

A L L E Z S A V O I R ! / № 2 5 F É V R I E R 2 0 0 3 2 7

(16)

I N T E R V I E W

«Les pauvres ne sont les riches

j / / n exidte pad de lien de

causalité entre la pauvreté ded und et la richedde ded autred. Une opinion large­

ment partagée par led riched invitéd au Forum économique de Davod en

De Davos à la fin janvier, ...

2 8 A L L E Z S A V O I R ! / № 2 5 F É V R I E R 2 0 0 3

S o c i é t é

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s c i e n c e s s o c i a l e s e t p o l i t i q u e s d e l ' U n i v e r s i t é d e L a u s a n n e

//////////////////////////////////////// Déjà un siècle pour les sciences sociales et politiques de //////////////////////////////////////// l'Université de Lausanne! L'Ecole des SSP y prend ses //////////////////////////////////////// quartiers en 1903, d'abord rattachée à la Faculté de droit. En //////////////////////////////////////// 1977, elle deviendra une Faculté à part entière. Au long de ce //////////////////////////////////////// siècle, les sciences sociales et politiques s'attacheront à la

compréhension de l'actualité, de la vie des hommes et des femmes en société. Cette mission, sans cesse renouvelée, est à l'honneur des festivités qui s'annoncent.

Tout au long du semestre d'été 2003, la Faculté célébrera son centenaire par des événements délibérément tournés vers la //////////////////////////////////////// Cité dont voici, en guise d'invitation, un premier aperçu.

Illlllllllllllllllllllllllllllllllllllll llllllllllllllllllllllllllllllllllllllll

2 t o u r n e r l a p a g e i n j n i i i e

UNIVERSRRE D € LAUSANNC

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Psyché, raison Egalités, inégalités, Conflits, violences, Identités, altérités Générations, et passion justices et injustices insécurités parcours et modes

de vie

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Travail, précarités, Sciences, technologies, Communications

vulnérabilités environnements et médias Cultures et loisirs Religions et croyances

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Corps, médecines Pouvoirs Frontières, migrations, Diversité culturelle, Apprendre et savoir et santé et démocraties mondialisations intégrations,

exclusions

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Sexes, genres Sports et sociétés Risques et incertitudes et cultures

3 choisir une thématique

à remplir

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sélectionner d e s cours

Mars.03

/la Citéàl'UNIL /la Faculté d e s SSP ouvre s e s cours au public

La Faculté des SSP offre quatre filières de formation - psychologie, sciences politiques, sciences sociales et sciences d u sport - qui regroupent les princi­

pales branches des sciences d e l'homme et d e la société.

Ses plans d'études sont c o n ç u s dans une perspective généraliste, alliant théorie, méthodologie et apprentissage pratique dans une perspective inter­

disciplinaire.

Elle destine ses étudiant(e)s à un vaste choix de professions, où prédominent n o t a m m e n t la recherche, l'enseignement, le conseil et l'orientation en psy­

chologie, l'administration publique, le travail social et le journalisme.

Illlllllllllllllllllllllllllllllllllllll llllllllllllllllllllllllllllllllllllllll

SSl i

cours ouverts au public du 10 au 21 mars 2003

Analyse politique et sociale des phénomènes économiques Anthropologie culturelle et sociale Anthropologie de la santé

Approche sociologique des politiques de formation

Approches psychosociales de l'insécurité Aux sources des traditions

philosophiques et politiques en Asie Orientale

Coopération économique internationale Développement et environnement:

origine, enjeux théoriques et politiques contemporains

Développement de la communication au sein de la famille

Développements récents en orientation Etudes genre: concepts et théories féministes

Etudes genre: genre, culture et modernité Etudes genre: thèmes spécifiques Formation professionnelle

Histoire de la psychologie Histoire des idées en psychologie Histoire des idées politiques Intervention psychologique en milieu scolaire

Intervention systémique Maladies du vieillissement

Méthodes d'analyse longitudinale en démographie et disciplines voisines:

approche biographique

Méthodes d'observation et de recherche en psychothérapie

Modèles mathématiques en sciences humaines

Politique suisse Psychologie de la santé Psychologie de l'attachement Psychologie différentielle Psychologie du développement Psychologie sociale

Psychosociologie clinique

Réhabilitation psychosociale Relations internationales

Révolution militaire et la formation de l'Europe moderne

Santé et migration

Sociologie comparée des Etats-provi­

dence

Sociologie de la communication et de la culture

Sociologie de la culture et du corps Sociologie des médias

Sociologie des migrations

Sociologie des sciences et des tech­

niques

Sociologie générale Sociologie politique

Systèmes politiques comparés: pays occidentaux

horaires et lieux : www-ssp.ünií.ch

Références

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