HAL Id: jpa-00210674
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Submitted on 1 Jan 1988
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Etude expérimentale de la dynamique de croissance de défauts étendus, sous irradiation électronique à haute
énergie, dans le tellurure de cadmium
Anne Marie Gué, Annie Mazel
To cite this version:
Anne Marie Gué, Annie Mazel. Etude expérimentale de la dynamique de croissance de défauts étendus,
sous irradiation électronique à haute énergie, dans le tellurure de cadmium. Journal de Physique, 1988,
49 (1), pp.53-61. �10.1051/jphys:0198800490105300�. �jpa-00210674�
Etude expérimentale de la dynamique de croissance de défauts étendus,
sous irradiation électronique à haute énergie,
dans le tellurure de cadmium
A. M. Gué et A. Mazel
Laboratoire d’Optique Electronique du C.N.R.S., 29 rue J. Marvig, 31055 Toulouse Cedex, France (Requ le 24 mars 1987, révisé le 11 septembre 1987, accepté le 21 septembre 1987)
Résumé.
2014Les travaux que nous présentons ici apportent une contribution à l’étude des défauts étendus dans le CdTe obtenus après irradiation avec des électrons dont l’énergie est très nettement supérieure aux seuils de déplacement du cadmium et du tellure. Lors de ces irradiations, les atomes déplacés par les électrons incidents
s’agglomèrent en positions interstitielles et forment des boucles de dislocation. Trois paramètres expérimen-
taux semblent avoir une importance primordiale : la tension accélératrice, la température et la dose. Il est mis
en évidence qu’une élévation de tension favorise la formation en plus grand nombre des boucles. Les effets
thermiques se manifestent par l’apparition d’amas de taille plus importante et de moindre densité lorsque la température croît. Lorsque le temps d’exposition au faisceau électronique est suffisamment long, une nouvelle génération d’agglomérats apparaît : ceux-ci sont constitués de lacunes.
Abstract.
2014Some results of the study of extended defects observed in CdTe after irradiation with electrons of energy considerably higher than the threshold values for displacement of cadmium and tellurium are reported
in this paper. During irradiation, the displaced atoms cluster and interstitial dislocation loops appear. This effect seems to be particularly sensitive to three experimental parameters : the accelerating voltage, the dose
and the specimen temperature. It is shown that the density of defects becomes greater when the accelerating voltage is raised. Due to thermal effects, the size of the loops increases and their number decreases when the
specimen température is increased. When the irradiation time is long enough, another kind of defects due to vacancies can be observed.
Classification
Physics Abstracts
61.70
-61.80
-61.80F
-66.30
1. Introduction.
Le tellurure de cadmium [1] suscite depuis de
nombreuses ann6es un tres grand interet, notamment
sous la forme de son alliage ternaire HgxCdl _ xTe.
Les applications vis6es concernent principalement
les domaines suivants :
-
la detection dans l’infrarouge [2],
-
l’imagerie infrarouge [3],
-
la detection X et gamma [4].
Le d6veloppement des technologies afferentes a la realisation de ces composants depend principalement aujourd’hui de deux facteurs :
-
la maitrise de la croissance en couches minces,
-
la maitrise du dopage [5, 6].
De nombreux travaux ant6rieurs [7, 8] consacr6s a
ce sujet ont mis en exergue le role joue dans ce
materiau par la presence de d6fauts ponctuels et
6tendus. Pour mieux comprendre ces problèmes et
ceux lies aux d6fauts presents apres la croissance du materiau ou a la suite des traitements de recuit, plusieurs auteurs ont utilise les effets des rayonne- ments [9-11]. Ce type de procdd6 experimental permet de caract6riser, entre autres :
-
la nature des diff6rents d6fauts,
-
leurs energies de formation,
-
les paramètres de diffusion des ddfauts ponc- tuels,
-
les energies mises en jeu lors de leur agglom6-
ration.
Sur le plan de l’interpr6tation, de nombreux points restent encore obscurs. En particulier, quels
sont les m6canismes precis de creation et d’interac- tion des d6fauts crees par le rayonnement incident ? L’etude par microscopie electronique des d6fauts crd6s par irradiation aux electrons, que nous propo-
sons ici, s’inscrit parfaitement dans ce cadre et tente d’apporter dans une certaine mesure des r6ponses à
ces problèmes.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:0198800490105300
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2. Conditions exp6rimentales.
Le CdTe utilise a ete 61abor6 par la technique THM (Travelling Heater Method) mise au point au Labo-
ratoire de Physique des Solides de Meudon. Ce
proc6d6 permet d’obtenir un materiau monocristallin
sur de larges zones, et dont la teneur en impuret6s
est faible ( 1014/cm3) [12, 13].
D’une manière g6n6rale, le clivage se faisant
naturellement suivant des plans {110}, la normale
aux lames cristallines ne s’ecarte pas de plus de quelques degr6s de la direction cristallographique
(110).
Les irradiations s’op6rent dans le microscope 6lectronique 3 MV de Toulouse muni d’un porte- objet inclinable (± 20° ) permettant d’61ever la tem-
perature de 1’6chantillon en cours d’irradiation. Le flux du faisceau 6lectronique est mesure au moyen d’une cage de Faraday plac6e dans la chambre d’observation du microscope. Nous avons pu faire varier celui-ci entre 4 x 1018 et 2 x 1019 6lectrons/
cm2.s.
Les resultats « bruts » se presentent sous deux
formes :
-
d’une part, des photographies prises en cours
d’irradiation permettant d’observer la formation et la croissance des d6fauts 6tendus ;
-
d’autre part, des clich6s obtenus après irradia-
tion avec un microscope électronique à basse tension
(JEM 200 CX) utilise pour la caract6risation cristal-
lographique de ces d6fauts.
Le principal avantage de notre approche est de pouvoir suivre directement 1’evolution des d6fauts cr66s par l’irradiation.
Compte tenu de la resolution des microscopes utilises, les amas resultant de 1’agglomeration de ces
d6fauts ne deviennent observables que lorsqu’ils atteignent une taille suffisante (diam6tre de 1’ordre
de 50 Å en general). En outre, dtant donne la
grande mobilite des atomes interstitiels, les effets des surfaces sur les concentrations et tailles des d6fauts ponctuels et etendus ne peuvent etre ignores
et les comportements observes ne peuvent etre assimil6s a ceux du materiau massif que moyennant certaines precautions.
3. R6sultats exp6rimentaux.
L’action du faisceau 6lectronique dont la densite de flux est generalement de 6 x 101g elcm2.s, se mani-
feste par I’apparition tres rapide de « points noirs »
dont le diamètre est de l’ordre de 40-50 A. Ces
points noirs croissent et presentent au bout de quelques minutes le contraste caract6ristique de
boucles de dislocation (Fig. 1). Des mesures effec-
tuees par st6r6oscopie ont montré que, dans ces conditions, les d6fauts sont localises g6n6ralement
dans des zones proches de la surface expos6e au
faisceau. Lorsque l’irradiation est prolongee au-dela
de 30 a 50 min (suivant les conditions exp6rimenta- les), un nombre tr6s important de nouveaux ddfauts
se forment entre les boucles d6jA existantes ainsi que dans les zones minces. Ces amas, qui prdsentent peu a peu le contraste de boucles de dislocation, sont beaucoup plus denses que leurs analogues intersti-
tielles et leur croissance semble plus lente. Bien que
n’ayant pas caract6ris6 ces d6fauts, nous pouvons penser, par analogie avec les travaux de Hirata et
Kiritani [14], que ces amas sont constitu6s de lacunes.
Trois paramètres exp6rimentaux ont une influence pr6pond6rante sur les resultats obtenus : il s’agit de 1’6nergie des electrons, de la dose totale reque par 1’echantillon et enfin de la temperature a laquelle
s’est effectu6e l’irradiation.
3.1 CARACTÉRISTIQUES CRISTALLOGRAPHIQUES.
Une etude de contraste effectude a 1’aide d’un
microscope 6lectronique a basse tension a permis de
mettre en evidence la nature cristallographique des
d6fauts etendus [15, 16]. Nous rappellerons ici seule-
ment que ceux-ci s’averent 6tre des boucles de dislocations dont la forme est circulaire. Ces boucles
sont constituees d’atomes interstitiels et leurs vec- teurs de Burgers sont du type a/3 (111), a/2 (lID)
et a (100).
Ces caract6ristiques ont ete vdrifi6es quelles que soient les valeurs des paramètres exp6rimentaux.
Cependant, il est a noter que les differents types de boucles de dislocation n’apparaissent pas dans les memes proportions. Ainsi les boucles de type
« (111) » sont les plus fr6quentes (en moyenne 80 %) alors que les boucles de type « ( 100 ) » sont
en tr6s petit nombre sur une meme zone. Le
tableau I donne un exemple de la r6partition des
boucles suivant leur nature pour trois echantillons irradies a meme tension et meme temperature mais
avec des densites de flux differentes. D’une maniere
g6n6rale, il semble donc que 1’agglomeration des
atomes interstitiels se fait dans des plans de type
{111}. Ceci est en accord avec les resultats de Yoshiie et al. [17]. Toutefois, il est a noter que ces
auteurs n’ont pas observe, lors de leurs travaux, de boucles de vecteur de Burgers a (100).
3.2 DENSITE ET TAILLE DES DTFAUTS CRttS.
-Ces deux caract6ristiques sont intimement li6es et
varient, en sens inverse l’une de 1’autre. Il est necessaire ici d’envisager s6par6ment l’influence des differents paramètres exp6rimentaux.
3.2.1 Energie des électrons.
-La figure 1 repr6sente
1’evolution d’une zone sous 1’impact des electrons
(,P
=6 x 10" électrons/cm2. s, T = 380 K, V =
1 MV). Son observation minutieuse nous permet de
constater que les boucles nettement visibles apr6s
3 min d’irradiation ne varient plus ensuite en nombre
Fig. 1.
-Evolution d’une zone irradi6e dans les conditions suivantes : V = 1 MV, 0 = 6 x 10 11 e/cm’. S,
T
=380 K.
[Evolution of an area irradiated under the following conditions : V =1 MV, 0
=6 x 1018 e/cm2. s, T
=380 K. ]
mais seulement en taille. La courbe representee sur
la figure 2, relative a une zone irradi6e a 1,5 MV et à
une temperature de 420 K, rend compte de ce r6sultat. En effet, l’on constate que la densite des boucles ne croit pratiquement plus au-dela de la 6-ieme minute d’exposition sous le faisceau d’61ec-
trons. Cet effet a ete regulierement observe a 1 MV
et 1,5 MV. Dans cette gamme de tension, succ6de à
la courte phase de germination une phase de grossis-
sement ou seule la taille des agglomerats varie.
A 2 MV, l’irradiation fait apparaitre un encheve-
trement de boucles comme il est possible de l’obser-
ver sur la figure 3. La trop forte densite des amas
rend 1’exploitation mal aisee. Cependant, une
comparaison avec des zones irradi6es a 1,5 MV
permet de constater que le nombre de d6fauts est
56
Tableau I.
-R6partition des boucles de dislocation en fonction de leurs caracteristiques cristallographiques.
[Relative densities of dislocation loops versus their cristallographic features.]
Fig. 2.
-Densite de boucles cr66es en fonction du temps d’irradiation.
[Density of loops as a function of irradiation time.]
tres nettement supdrieur. Si 1’on 6tudie plus pr6cisd-
ment le comportement de la densite de boucles en
fonction de 1’6nergie des electrons incidents, on
constate (Tab. II) que le nombre de boucles ne croit pas de manière significative entre 1 et 1,5 MV. Par
Tableau II.
-Densite de boucles creees en fonction
de la tension accélératrice.
[Density of dislocation loops versus the accelerating voltage.] ]
Fig. 3.
-Exemple d’une zone irradi6e a 2 MV,
cP
=6 x 1018 elcm2. s, T
=380 K, t
=15 min.
[Micrography of a specimen irradiated at 2 MV, the other experimental conditions are : cP
=6 x 101g e/cm2. s, T
=380 K, t = 15 min.] ]
contre a 2 MV il y a une tr6s forte augmentation du
nombre de ddfauts alors que le rayon moyen des boucles form6es reste pratiquement inchangé. 11
semble donc qu’aux fortes energies un element
nouveau intervienne.
3.2.2 Température d’irradiation.
-Afin de mettre en evidence les effets thermiques, des irradiations ont ete effectuees dans des domaines de temperature
tres diff6rents (de 18 a 500 K).
La photographie de la figure 4 illustre le cas d’une irradiation a tres basse temperature ; la zone irradi6e prdsente une pigmentation tr6s dense constituee
d’une multitude de points noirs qui souvent ne sont
pas resolus. Ces points noirs sont donc la preuve que
i’agglom6ration des d6fauts ponctuels n’a pas 6t6
complètement interdite et qu’une forme de diffusion
est intervenue.
Par ailleurs, les experiences effectu6es a temp6ra-
ture ambiante et aux environ de 400 K ont montré la
Fig. 4.
-Zone irradi6e a 18 K. Les autres conditions exp6rimentales sont : 0 = 6 x 1018 e/CM2. S, V = 1 MV,
t = 15 min.
[Micrography of an area irradiated at 18 K. The other experimental conditions are : 0 = 6 x 1018 e/CM2. S,
V = 1 MV, t = 15 min.]
grande sensibilite des resultats aux variations de la
temperature d’irradiation.
La figure 5 pr6sente deux zones irradi6es dans les memes conditions, c’est-a-dire a des tensions accele-
ratrices, des flux et doses identiques. Les experiences
ont ete effectuees en excitant des reflexions de meme type, mais les temperatures sont diff6rentes.
D’après les resultats obtenus, il apparait que la taille des amas form6s a 420 K est sup6rieure a celle des boucles formees a 380 K et que leur densite est moindre. Le rayon moyen qui est de 120 A a 380 K
devient, en effet, 165 A a 420 K.
Au cours des irradiations effectuees a 480 K, nous
avons constate que toute agglomeration était rendue
impossible et que la zone irradi6e restait vierge de
tout agglom6rat. Ceci est egalement en accord avec
les resultats de Yoshiie et al. [17].
On peut donc conclure de 1’ensemble de ces
experiences que lorsque la temperature s’élève, le rayon moyen des d6fauts augmente alors que leur densite diminue. Le tableau III donne la taille moyenne des boucles pour diverses valeurs de la
temperature. Si l’on 6tudie plus pr6cis6ment quelle
est la r6partition des d6fauts en fonction de leur
diamètre, l’on est conduit aux remarques suivantes
(Fig. 6).
-
La distribution s’ecarte progressivement des
Tableau III.
-Taille moyenne des boucles en
fonction de la température.
[Mean size of the loops versus temperature.]
rayons de faibles valeurs lorsque la temperature
s’eleve.
-