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La royauté : dynamiques et représentations.Royaumes de Jérusalem, Chypre et Arménie cilicienne.XIIe-XIVe siècle.

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Submitted on 5 Jun 2018

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La royauté : dynamiques et représentations.Royaumes de Jérusalem, Chypre et Arménie cilicienne.XIIe-XIVe

siècle.

Benjamin Bourgeois

To cite this version:

Benjamin Bourgeois. La royauté : dynamiques et représentations.Royaumes de Jérusalem, Chypre et Arménie cilicienne.XIIe-XIVe siècle.. Histoire. Université Paul Valéry - Montpellier III, 2017.

Français. �NNT : 2017MON30063�. �tel-01807781�

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1

Délivré par lUniversité Paul-Valéry Montpellier 3

Préparée au sein de l’école doctorale 58 Et de l’unité de recherche du CEMM

Spécialité : Histoire

Présentée par Benjamin BOURGEOIS

Soutenue le 02 décembre 2017 devant le jury composé de

Mme Isabelle AUGÉ, Professeur, Université Paul-Valéry Montpellier 3

Directrice

M. Michel BALARD, Professeur Émérite, Université Panthéon-Sorbonne Paris 1

Rapporteur

Mme Marie-Anna CHEVALIER, Maitre de Conférences, Université Paul-Valéry Montpellier 3

Examinatrice

M. Gilles GRIVAUD, Professeur, Université de Rouen Examinateur Mme Ioanna RAPTI, Directrice d’Études, EPHE Rapporteur

LA ROYAUTÉ : DYNAMIQUES ET REPRÉSENTATIONS

ROYAUMES DE JÉRUSALEM, DE CHYPRE ET D’ARMÉNIE CILICIENNE.XIIE-XIVE SIÈCLE

TOME 1

(3)

2 Je tiens à assurer de ma sincère gratitude les acteurs directs et indirects – exogènes et endogènes – qui m’ont aidé à la réalisation de ce travail de thèse.

Isabelle AUGÉ, avant tout, qui m’a confié ce sujet passionnant et a étroitement soutenu l’avancée de mon travail ;

Gérard DÉDÉYAN, en plus de bien des conseils, a pourvu à de précieux besoins bibliographiques, de même qu’Edda VARDANYAN et Brunehilde IMMHAUS ;

Je dois beaucoup à Azat BOZOYAN qui a relevé le défi de m’enseigner de solides bases d’arménien en peu de jours, m’ouvrant de nouvelles et enthousiasmantes perspectives (il ne saurait bien-sûr être tenu pour responsable de mes imprécisions de traduction), il a également facilité mon accès au Maténadaran et à ses manuscrits dans le cadre d’un séjour à Erevan pour lequel je remercie Marie-Anna CHEVALIER et Vardan MKHITARYAN pour son accueil chaleureux ;

Nombre de mes réflexions doivent aux rencontres et discussions toujours enrichissantes dans les colloques, journées d’étude et du laboratoire ; mon travail s’est inscrit parmi ceux de camarades orientalistes avec qui les échanges ont été divers, notamment Carine ALVAREZ, Cécile KHALIFA, Maryia ROMANOVA, Nicolas TATESSIAN et plus lointainement Florian BESSON ;

Enfin, je tiens à associer mes parents à ces remerciements. Ma Maman, en plus d’un soutien formidable et patient, a assuré courageusement une relecture, en retirant de quoi améliorer encore ses connaissances en Histoire et renforcer son goût pour l’art médiéval ;

Et qu’il me soit permis de modestement dédier ce travail à la mémoire de mon Papa, à qui je dois largement mon goût pour l’Histoire, et qui n’aura pas vu cette thèse achevée.

(4)

3 Abréviations

RHC Lois 1-2 _ Assises de Jérusalem ou Recueil des ouvrages de jurisprudence composés pendant le XIIIe siècle dans les royaumes de Jérusalem et de Chypre, comte BEUGNOT (éd.), Imprimerie Royale, Paris, 1841-1843.

RHC 1 à 5 _ Recueil des Historiens des croisades. Historiens occidentaux, 5 vol., Imprimerie royale puis Imprimerie impériale puis Imprimerie nationale, Paris, 1844-1895.

RHC Arm. 1-2 _ Recueil des Historiens des croisades. Documents arméniens, DULAURIER E. (éd. et trad.), 2 vol., Imprimerie nationale, Paris, 1869-1906.

Code Smbat _ KARST J., Armenisches Rechtsbuch, Strasbourg, 1905.

Colophons XIIe siècle _ MATEVOSYAN A.S., Colophons de manuscrits arméniens Ve-XIIe siècles, Erevan, 1988 (en arm.).

Colophons XIIIe siècle _ MATEVOSYAN A.S., Colophons de manuscrits arméniens du XIIIe siècle, Erevan, 1984 (en arm.).

Colophons XVIe siècle _ XACIKYAN L.S., Colophons de manuscrits arméniens du XIVe siècle, Erevan, 1950 (en arm.).

Migne, PL _ MIGNE J. P. (éd.), Patrologiae cursus completus. Seris Latinae, Paris, 1844- 1864.

RRH _ ROHRICHT R., Regesta regni Hierosoliminati, Innsbruck, 1893-1904.

Translittération

Pour les termes arméniens, nous adoptons le même système de translittération que la Revue des Études arméniennes, à savoir la table Hübschmann-Meillet.

Nous ne proposons pas d’édition des textes arméniens, étant plus familier avec le latin, et la transcription de ces documents dépassant, au vu de l’importance du corpus, le cadre, notamment temporel, de ce travail de thèse.

(5)

4 LA ROYAUTÉ : DYNAMIQUES ET REPRÉSENTATIONS.ROYAUMES DE JÉRUSALEM, DE

CHYPRE ET D’ARMÉNIE CILICIENNE.XIIE-XIVE SIÈCLE

Introduction générale …12

Première Partie – Interactions et dynamiques. Approches des contours de la royauté dans le cadre des nouveaux royaumes chrétiens en Orient. …34

Propos liminaires …34

Chapitre 1. Processus de construction d’une royauté latine en Orient …38 1.1 Royauté et collectivité …44

1.1.1 Le roi et le regnum en action …45 Composition …46

Rôles …52

Contextes …55

Typologie …57

Spécificités …63

1.1.2 L’exercice de la justice par le roi …65

Procès …65

Mentions …71

Composition …74

1.2 Seigneurie et royauté. Rapports personnels et structurels …78 1.2.1 Le roi et la structure féodale aux fondations des royautés latines …79 1.2.2 La prestation d’hommages : recensement et analyse …85 1.2.3 Le seigneur du royaume …91

1.3 Modélisations juridiques de la royauté …94 1.3.1 Présentation des documents …94

1.3.2 La royauté modélisée …98

Les relations entre roi et royaume …99 La haute Cour, chambre introuvable ? …102 1.3.3 Une représentation ou un programme ? …104

(6)

5 Étude de cas – Alix de Champagne : continuité de la royauté et enjeux politiques. Visions divergentes de la continuité royale : la reine, l’héritier, le bail et le pouvoir royal. 1218-1233

1. L’obtention du pouvoir royal …111 2. L’exercice du pouvoir royal …114

3. L’éviction de la reine, ses modalités et motivations …119

Chapitre 2. La royauté cilicienne et les structures politiques arméniennes …131 2.1 Approche de la nature du pouvoir en Cilicie au XIIIe siècle …134

2.1.1 Les Ṙubēniens. Titulatures et successions …135 Hiérarchie et titulature …135

Domination et dévolution …138 Nature de l’išxanutʻiwn …140 Quelques enseignements …144

2.1.2 Quelques moments d’interactions …145 2.2 La royauté cilicienne …151

2.2.1 Éléments de continuité …151

2.2.2 Le cas particulier de Kostandin, père du roi, išxan des išxankʻ …155 2.2.3 Modalités de dévolution et moments d’interaction …160

2.3 Analyse des dynamismes ciliciens …165

2.3.1 Nature des relations personnelles …166 2.3.2 Objet des relations personnelles …172 2.3.3 Le roi et la défense du royaume …177

Rassembler l’armée, entre relations personnelles et nationales …177 L’exercice de la justice et la spécificité du droit …183 Chapitre 3. La royauté plurielle et l’existence de nouveaux royaumes …193

3.1 Royautés et États …193

3.1.1 L’apparition de royaumes et leurs définitions …194 Une lente territorialisation …195

Une dimension nationale ou collective ? …198

3.1.2 Res publica et necessitas : la collectivité du royaume en action …200

(7)

6 3.2 Spécificités fonctionnelles du roi …204

3.2.1 Une royauté plurielle …204 Différentes charges …204

Leurs liens …206

Leurs contenus …209 3.2.2 La structure des non-royaumes …212

Étude de cas – Gui de Lusignan, diversité des royautés et des légitimités …215

1. Le rejet …216

1.1 L’héritier officiel et critiqué …216

1.2 Le détenteur incapable et malhonnête du pouvoir royal …219 1.3 Destitution et substitution …222

1.4 Les partis …225 2. La dévolution …234

3. La destitution …244

3.1 Un nouvel objet de substitution …245 3.2 Un consensus autour de Gui …247 3.3 Un consensus contre Gui …250

Deuxième Partie – Légitimités en représentations. Acquisition et sacralité de l’éminence royale …257

Propos liminaires …257

Chapitre 4. Modalités de la sacralité royale …260

4.1 Ordines de couronnements royaux. Modélisation de la sacralisation du roi …262 4.1.1 Un ordo hiérosolomytain au XIIe siècle ? …262

4.1.2 L’ordo de Nersēs de Lambrun …264 4.1.3 Le Pontifical de Tyr …266

4.1.4 Dans les Assises de Jérusalem, une description plus qu’un ordo ? …270 4.1.5 La synthèse chypriote et ses enseignements …274

4.2 Les cérémonies de sacre : événements performatifs …279 4.2.1 Le caractère événementiel du sacre …280

Des descriptions inégales …281

(8)

7 Une valeur démonstrative …284

4.2.2 Le caractère performatif du sacre …286 L’importance du geste …287

La question de l’unicité …292

4.2.3 Les objets du sacre. La royauté en représentation …296 Descriptions …296

Conceptualisation …301

4.3 Roi oint et suréminence. Sacralité, médiation et sacerdoce …304 4.3.1 Modélisation d’une sacralité nuancée …305

Le statut royal dans les ordines …305 L’origine divine de la royauté …307

Une sacralité limitée au service de l’Église …308 4.3.2 La place du roi dans l’Église de son royaume …311

Une auctoritas concourante …311 Un rôle liturgique démonstratif …316 Une religiosité hors du commun …320 4.3.3 Le motif du roi justicier …323

Chapitre 5. Contractualisation : capacités, destitutions et nature de la royauté …331 5.1 Incapacités et suréminence …333

5.1.1 La jeunesse : une incapacité temporaire …333 5.1.2 L’absence : les qualités sans la capacité …336 5.1.3 La féminité : une incapacité permanente ? …343

5.1.4 La maladie : corpus regis, corpus regni …349 5.2 Destituer un roi est-il possible ? …357

5.2.1 Typologie des actions contre le roi (ou la royauté) …359 5.2.2 Des réussites incomplètes …368

5.2.3 Le régicide : aveu d’impuissance ou motif littéraire ? …379

Le motif du martyre …380

Constant II : un régicide officiel …383

Étude de cas – Justice, folie et régicide. Dérèglement et déséquilibre du roi Pierre Ier …387

(9)

8 1. Manifestation des dérèglements et déséquilibres à la fin de la vie de Pierre Ier …389

1.1 Une mélancolie soudaine …389 1.2 Une fureur incontrôlée …391 1.3 Une crainte excessive …393

2. La folie comme argument supplétif pour le régicide …394

2.1 L’affirmation et l’insuffisance d’une argumentation juridique …394 2.2 La production d’un motif romanesque …396

2.3 La nécessité de démontrer l’incapacité personnelle du roi par la folie …398 Chapitre 6. Construction dynastique et participation à la royauté …404

6.1 Une dynastie est-elle nécessaire ? …407

6.1.1 Un désintérêt premier pour les perspectives dynastiques …407 Des fondateurs stériles …407

6.1.2 L’affirmation de la nécessité dynastique …411 Mariages et recherche de continuité …411 L’absence de perspectives héréditaires …415 La question des choix non dynastiques …416 6.1.3 Modalités successorales …417

Choix ou seule hérédité …418

Modélisations juridiques des successions …420

Question de la légitimité des porphyrogénètes …421 6.2 Acteurs et modalités de la fabrique de la gens …423

6.2.1 La définition des contours d’une famille royale élargie dans le royaume de Jérusalem …423

Y a-t-il une définition endogène de la royauté ? …423 L’emploi politique de l’exaltation dynastique …431

Enjeu socio-politique du jugement généalogique, la question du droit heir

…436

6.2.2 Une famille élue dans une race élue. Éléments de construction dynastique dans le royaume arméno-cilicien …440

La mise en avant de la gens des Ṙubēniens …440 Une participation élargie à la royauté …442

(10)

9 La recherche d’une sacralité partagée …445

6.3 Contenu de la participation familiale à la royauté …447 6.3.1 Lexique des successions héréditaires …447

6.3.2 Le royaume, l’héritier et la couronne : réalité, fiction et minorité …448

Étude de cas – Raymond-Ṙubēn, l’héritier écarté. Royauté et légitimités en Arménie cilicienne …453

Troisième Partie – Spécificités et médiation. Être roi en Terre sainte, être roi de Terre sainte. Idéologies royales dans la sainte marge de la chrétienté …473

Propos liminaires …473

Chapitre 7. Être roi en Terre sainte, est-ce un problème ? …477

7.1 Royauté, imaginaire et représentation de la présence chrétienne en Terre sainte …480 7.1.1 La place prégnante du collectif dans l’allégorie héroïque de la croisade …482 7.1.2 L’expression de perspectives eschatologiques est-elle compatible avec la pérennisation institutionnelle de la présence chrétienne ? …485

7.1.3 Expression interne sur l’imaginaire des croisades : célébrations et exaltations endogènes, quelle place pour la royauté ? …489

7.2 Étude de cas – Godefroy de Bouillon et la couronne, le motif de la royauté incomplète…496

7.2.1 L’évolution du motif de Godefroy et de la couronne dans les sources écrites du XIIe siècle : la fabrique du schéma …498

Les premières sources …498

Les chroniqueurs occidentaux, Godefroy roi sans altération …500 Les historiens, Baudouin Ier et la nécessité du motif incomplet …502 Les sources tardives et épigraphiques, l’ambiguïté du fondateur …505 7.2.2 Godefroy et la couronne au XIIIe siècle, l’ambiguïté de l’image politique…508

Le besoin d’un roi humble et l’effacement du paradoxe …508 Les représentations iconographiques de Godefroy de Bouillon …511 7.3 La fabrique d’une idéologie royale hiérosolomytaine …515

7.3.1 Modalités et objectifs de l’expression royale …517

7.3.2 Évolutions et contenus des commentaires narratifs sur la royauté …529

(11)

10 7.3.3 Analyse des adresses au roi, réflexions exogènes sur la royauté à Jérusalem…542

Chapitre 8. L’exaltation partagée de la royauté d’Israël dans les royaumes chrétiens en Orient…549

8.1 Une mission commune : des rois défenseurs de la chrétienté …553

8.1.1 Nature et fonction de l’envoi du vexillum ou d’un vexillum, une médiation déléguée ? …553

8.1.2 L’aide de la sainte Croix, une médiation autonome ? …557

8.1.3 Une médiation autonome auprès du Saint-Sépulcre et du souvenir renouvelé de la Passion …563

8.2 Des perspectives idéologiques communes. Modalités d’affirmation de continuités hiérosolomytaines …568

8.2.1 La succession davidique, un patrimoine commun mis en scène …568 8.2.2 Recueillir le royaume et ses miracles …572

8.2.3 Remplacer la royauté hiérosolomytaine défaillante …577

Autour de Lewon Ier, écrits programmatiques et ambitions mémorielles…577 La Jérusalem terrestre, une réelle ambition ? …585

8.3 Espace commun, royauté commune ? Unicité et universalité de la royauté de Terre sainte

…589 Chapitre 9. L’assimilation biblique et la construction d’une idéologie royale …597 9.1 Les moments de l’assimilation et l’évolution de leur interprétation …599

9.1.1 Écriture et réécriture des origines. Cohérence des allégories entre aboutissement et rétablissement …599

Terre promise et royauté. De Moïse à Josué …599

Les Ṙubēniens en Cilicie. De l’Apocalypse à la Salvation …604

9.1.2 Affronter et interpréter les épreuves. Lamentations, espoirs et usage politique du

martyre …610

9.2 Construction, évolution, cohérence et diffusion d’une idéologie royale cilicienne de 1270

à 1296 …624

9.2.1 Définir une royauté terrestre et ses origines …624

9.2.2 Réécriture de l’histoire dynastique et exaltation justificatrice du roi …630 9.2.3 Définition du pouvoir et démonstration royale …634

(12)

11 9.2.4 Le Mémorial du roi Lewon II : modalités de diffusion de l’idéologie royale

…637

9.2.5 L’affirmation d’une médiation royale exclusive …641

9.3 Étude de cas – Conversion régulière et renoncement d’Hetʻum II, des conceptions diverses de la royauté …645

9.3.1 Le problème de la royauté d’Hetʻum II …651 Les raisons et modalités du renoncement …653 La place et le titre de Tʻoros ...656

La royauté de Smbat et la royauté d’Hetʻum …657 9.3.2 Royauté, renoncement et conversion …661

9.3.3 Des divergences de considération sur la royauté …666

Conclusion générale …677

Glossaire des principaux termes arméniens employés dans la thèse …686

(13)

12 Introduction générale

Le terme royauté renvoie à un concept dont la définition est complexe à établir. Il désigne « la dignité de roi », « un régime monarchique », ou ce qui a un « caractère royal ». Il s’agit donc de désigner ainsi ce qui relève tant d’un individu que d’un ensemble d’institutions qui forment une entité structurelle.

En arménien, cela correspond aux deux termes tʻagavorutʻiwn et arkʻayutʻiwn qui désignent, indifféremment, le pouvoir spécifique du roi – tʻagavor ou arkʻay. Cependant, ils peuvent tout autant indiquer la période de règne, l’exercice du pouvoir et le pouvoir qui est exercé, par les rois en général ou un roi en particulier, et même être attachés, plus particulièrement dans le cas de tʻagavorutʻiwn, à un territoire ou un peuple.

En latin, le vocable regimen est très peu employé. Le terme regnum est polysémique ; il désigne tant un territoire que le pouvoir qui s’y exerce spécifiquement, cela de manière différenciée ou concourante. Ces deux sens sont complétés par une dimension temporelle en rapport avec un roi, prenant le sens de « règne ». Nous constatons alors un même caractère triple de sens : un pouvoir particulier, son exercice et le territoire sur lequel il s’exerce. Ainsi, regnum se rencontre souvent au génitif associant à celui-ci des individus, en particulier ou collectivement, tels le « seigneur du royaume » ou « la cour du royaume ». Cela incite à envisager une participation large à la royauté, ou du moins des rapports multiples et des acteurs nombreux.

Malgré cette difficulté de définition, nous avons fait le choix de ce terme parce qu’il répond au mieux à la diversité des expressions linguistiques et qu’il permet une analyse qui se trouverait limitée par la restriction aux vocables « royaume » ou « roi » auxquels la

« royauté » ne nous semble pas se limiter puisqu’elle n’arbore pas de sens strictement géographique ou individuel. Nous essaierons de déterminer alors si des individus non rois

(14)

13 participent de la royauté, tel le « plus droit heir » ou ceux qui, en Arménie cilicienne, exercent une išxanutʻiwn1 ou une paronutʻiwn2.

En outre, cette complexité de définition se trouve sans doute accentuée par l’une des caractéristiques originales des trois royaumes que nous avons retenus : le fait qu’ils résultent d’un choix de fondation. Ces royaumes suivent la mise en place d’entités sur ces espaces, avec donc un double processus de territorialisation et d’institutionnalisation, dont l’ordre devra être défini. Il s’agit aussi d’ensembles pour lesquels le choix a été fait d’un caractère royal parmi d’autres formes envisageables de gouvernement, des moyens choisis par des entités voisines ou qui étaient celles de ces royaumes avant une transformation de ces pouvoirs en royautés.

En 1099, la prise de Jérusalem se traduit, semble-t-il de manière concertée et immédiate, par une pérennisation de la présence franque sous la forme d’un royaume3. Ses limites et son ampleur se mettent en place sur une dizaine année, de même que les modalités de l’organisation interne et de l’imbrication juridique et symbolique avec les seigneuries déjà formées avant l’issue de la croisade.

En 1198, par un même mouvement politique extérieur, l’empereur germanique octroie la royauté, ou du moins une couronne, respectivement à Amaury de Lusignan pour l’île de Chypre et à Lewon II pour l’espace sur lequel ses ancêtres – la famille des Ṙubēniens – ont établi leur domination en Cilicie.

Il s’agit donc de mises en place de royautés nouvelles. Dans le cas arménien, cette royauté est fondée sur des espaces et des acteurs nouveaux. Cependant la royauté arménienne est alors renouvelée une troisième fois après les dynasties antérieures : les Artaxiades et les Arcrunis, de 190 av. J.-C. à 428, puis les Bagratides, de 884 à la mort de Gagik II, en 1079/1080.

1 Le terme išxanutʻiwn désigne autant ce qui est propre à une aristocratie non structurée – formée par les išxankʻ vocable difficile à traduire entre grands, princes et seigneurs. Il se rapporte aussi au pouvoir dans un sens général et à son exercice.

2 Le terme paronutʻiwn renvoie spécifiquement à l’exercice du pouvoir par un paron, qui est une alternative sémantique de išxan vraisemblablement à partir du franc « baron ».

3 Dans l’ensemble de notre analyse, nous considérerons par défaut le royaume de Jérusalem comme principalement un royaume latin, c’est-à-dire que ses composantes agissantes sont chrétiennes au regard des sources, sans que cela exclut des individus non latins. Le rapport du pouvoir latin aux populations installées antérieurement est par exemple l’objet d’un entretien synthétique de B. Kedar.

KEDAR B., « Une installation faite pour durer », L’Histoire n°435, 2017, p. 34-42.

(15)

14 Ces trois royaumes s’inscrivent dans un même ensemble géographique projeté depuis l’Occident et vécu en Orient comme la Terre sainte. Celle-ci n’est pas strictement délimitée.

C’est l’espace qui est le cadre des événements bibliques, marqué alors par une sacralité exceptionnelle parce que support de relations directes et privilégiées avec le divin. Il apparaît doublement comme le lieu de l’origine, pour les alliances divines et pour le christianisme plus particulièrement. Les dimensions en sont fluctuantes comme en témoigne la diversité des descriptions des pèlerins et voyageurs4. Durant la période envisagée, la Terre sainte est un enjeu pour un nombre accru d’acteurs par rapport aux périodes précédentes et constitue plus largement une zone d’interfaces pacifiques ou violentes.

Cela induit des relations fortes et multiples entre les royaumes de Jérusalem, de Chypre et d’Arménie cilicienne5. Ces rapports divers vont jusqu’à une forme d’assimilation à la fin de la période envisagée, ce qui justifie la nécessité d’une appréhension commune. Les armoiries des rois de Chypre de la dynastie des Lusignan à partir du dernier quart du XIVe siècle6 figurent ainsi dans le quartier en haut à gauche, les armes du royaume de Jérusalem, en haut à droite, celles de la famille Lusignan, en bas à gauche, celles du royaume arméno-cilicien et enfin, au dernier quartier, celles du royaume latin de Chypre.

Il s’agit d’affirmer l’union symbolique des trois royaumes chrétiens d’Orient7 autour d’une même dynastie, alors que les royaumes de Jérusalem, depuis 12918, et d’Arménie cilicienne, depuis 13739, n’ont plus d’existence propre. Ces armoiries ne se contentent cependant pas de démontrer des droits, mais témoignent d’une réalité de la continuité de certaines composantes de ces royaumes chrétiens orientaux et, par-là, de la royauté qui s’y rattache. Leur

4 Voir par exemple : MICHELANT H.-V. et RAYNAUD G. (éd.), Itinéraires à Jérusalem et description de la Terre sainte rédigés en français aux XIe, XIIe et XIIIe siècles, Osnabrück, 1966 ; REGNIER-BOHLER D. (dir.), Croisades et pèlerinages : récits, chroniques et voyages en Terre sainte, XIIe-XVIe siècle, Paris, 1997.

5 Nous employons ici l’expression « Arménie cilicienne » à « Cilicie arménienne » pour marquer la continuité des caractères arméniens plus que ceux liés au territoire, malgré ses spécificités de situation.

6 Cf. annexes p. 121.

7 Nous préférerons cette expression de « royaumes chrétiens d’Orient » à celle de « royaumes latins » qui paraît réductrice pour l’identité particulière du royaume arméno-cilicien qui est avant tout arménien et non une version orientale d’un royaume franc, comme nous le constaterons à plusieurs reprises dans notre analyse.

Nous conserverons, cependant, la qualification « Orient latin » pour désigner l’espace transformé institutionnellement par les croisades.

8 Date de la perte d’Acre par les chrétiens, si Jérusalem est pour eux perdue depuis 1187, du moins conservons-nous au-delà, à l’instar des chroniqueurs et juristes du XIIIe siècle, le qualificatif de

« royaume latin de Jérusalem. »

9 Il s’agit là de l’année de la capture de Lewon V qui se réfugie en Occident, notamment auprès de Charles V.

(16)

15 appréhension peut être faite sur le modèle de ces armoiries : associés mais pas confondus, juxtaposés mais participant d’un même ensemble. Leurs passés respectifs et les traditions dans lesquelles ils s’inscrivent les distinguent. À partir d’importations occidentales10, le royaume de Jérusalem est créé. Le royaume de Chypre s’inscrit dans une histoire plus immédiatement byzantine, même si la proximité avec le précédent induit de nombreux transferts humains et idéologiques. Enfin, le royaume arméno-cilicien présente un cas très particulier puisqu’il résulte d’une restauration géographiquement déplacée d’une royauté ancestrale, empruntant une partie de sa considération de la royauté aux contextes de ses existences précédentes : les mondes romains, perses et arabes dans leurs ensembles. Toutefois, le caractère chrétien, les problématiques extérieures et la diversité de leurs composantes rapprochent ces trois royaumes11.

Cette cohérence contextuelle a induit une considération historiographique parfois commune12 au-delà de l’inscription dans une marge sacrée de la chrétienté. Cependant, l’expression contemporaine des « crusader states » ne délimite pas plus précisément cet ensemble. Le contenu en est variable selon les auteurs : limité aux États mis en place par les croisés de la première croisade13 ou incluant ceux qui sont liés à des croisades postérieures, tels le royaume de Chypre et l’Empire latin de Constantinople14. Les royaumes de Jérusalem, de Chypre et d’Arménie cilicienne pourraient cependant être rassemblés dans une même considération en lien avec les croisades, comme crusader kingdoms, si l’on comprend ce rapport à la croisade comme celui d’un lien avec l’organisation et les objectifs des passages et

10 Cette notion d’Occident ne doit pas être ici considérée comme formant un tout insécable et unique dans ses traditions et ses idéologies. En effet, si le socle romano-chrétien y est partout présent, du moins les situations et les coutumes divergent selon les royaumes et les espaces.

11 Sur ce point spécifique, il est possible de remonter aux travaux de C. Du Cange. DU CANGE C. et REY M. E.-G. (éd.), Répertoire biographique généalogique et historique des croisés et des familles établies dans les royaumes de Jérusalem, de Chypre et d’Arménie, Paris, 1869, (2007).

12 Nous n’évoquons pas ici l’historiographie des croisades de manière générale. Nous la consultons largement pour notre recherche, mais le propos sur la royauté y est très périphérique. Pour une présentation nous renvoyons d’une part à BALARD M., « L’historiographie des croisades au XXe siècle. France, Allemagne, Italie », Revue historique n°302, 2000, p. 973-999 et CONSTABLE G.,

“The Historiography of the Crusades”, in LAIOU A. E. et MOTTAHEDEH R. P. (éd.), The Crusades from the Perspective of Byzantium and the Islamic World, Washington, 2001, p. 1-22. D’autre part, les éléments les plus récents peuvent être approchés par les recensions régulières de la revue Crusades.

13 Voir par exemple : JOTISCHKY A., Crusading and the Crusader States, New York, 2004 et BARBER M., The Crusader States, Londres, 2012.

14 Voir par exemple : JACOBY D., Studies on the crusader states and Venetian expansion, Aldershot, 1989 et MALLOY A. G., FRALEY P. I. et SELTMAN A. J., Coins of the crusader states 1098-1291:

including the Kingdom of Jerusalem and its vassal states of Syria and Palestine, the Lusignan Kingdom of Cyprus (1192-1489), and the Latin Empire of Constantinople and its vassal states of Greece and the Archipelago, New York, 1994.

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16 non avec l’installation de croisés et d’une royauté liée intrinsèquement au mouvement. Ce sont les fins – et non sans doute la finalité – de croisades qui entrainent la mise en œuvre de processus d’installation sous forme de territoires séparés, mais leur transformation en royauté est conséquente de la pérennisation de la présence. Le traitement de la question de la royauté est très cloisonné entre les royaumes, et plus encore traité dans le cadre d’une description institutionnelle non dynamique, malgré des évolutions remarquables dans les historiographies de ces trois royaumes.

Pour ce qui est de l’évolution de l’étude de la royauté pour le royaume de Jérusalem, on peut distinguer trois étapes15. Nous ne relevons pas ici tous les auteurs qui ont produit des études sur le royaume de Jérusalem, mais nous faisons remarquer les principales inflexions et leurs acteurs majeurs, tandis que des présentations historiographiques plus détaillées sont proposées au fur et à mesure de notre analyse. J. La Monte16, tout d’abord, argue d’un « pur féodalisme » où le roi serait simplement primus inter pares, analysant principalement les textes juridiques du XIIIe siècle et notamment les travaux de Jean d’Ibelin. Puis, dans la génération suivante, J. Richard17 et J. Prawer18, par exemple, soulignent l’importance du pouvoir monarchique en étudiant avec circonspection l’événementiel, en gardant le principe d’une rupture au XIIIe siècle avec une dégradation de la situation royale dans l’exercice du pouvoir. Enfin, une troisième génération, portée notamment par J. Riley-Smith19, aborde de manière plus nuancée l’histoire constitutionnelle du royaume, distinguant des acteurs divers, de même que H. E Mayer20 qui concentre son propos sur quelques épisodes spécifiques. Plus récemment, depuis 2002, les volumes annuels de la revue Crusades, proposent un renouvellement historiographique et l’édition de sources inédites. Nous nous proposons d’établir une réflexion plus large sans préjuger d’un point de rupture ou d’une importation

15 Nous empruntons cette synthèse à TIBBLE S., Monarchy and Lordships in the Latin Kingdom of Jerusalem 1099-1291, Oxford, 1989, passim.

16 LA MONTE J. L., Feudal Monarchy in the Latin Kingdom of Jerusalem, Cambridge, 1932.

17 Notamment : RICHARD J., Le royaume latin de Jérusalem, Paris, 1953 ; RICHARD J., Histoire des croisades, Fayard, Paris, 1996 ; RICHARD J., Chypre sous les Lusignan, documents chypriotes des archives du Vatican, Paris, 1962.

18 PRAWER J., Histoire du royaume latin de Jérusalem, Paris, 1969 (2007) ; PRAWER J., Crusader institutions, Oxford, 1980.

19 Dans le cadre de notre recherche, voir notamment : RILEY-SMITH J. et HIESTAND R.( éd.), Montjoie.Studies in Crusading History in Honour of H. E. Mayer, Aldershot, 1997, p. 122-135 ; RILEY-SMITH J. S. C., « The motives of the earliest crusaders and the settlement of Latin Palestine, 1095-1100 », in English Historical Review n°98, 1983, p. 721-73 ; RILEY-SMITH J. S. C., « The title of Godfrey of Bouillon », in Bulletin of the Institute of Historical Research n°52, 1979, p. 83-86.

20 De même : MAYER H. E., Kings and Lords in the Latin Kingdom of Jerusalem, Aldershot, 1994 ; MAYER H. E., Mélanges sur l'histoire du royaume latin de Jérusalem, Paris, 1984.

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17 exclusive et systématique de concepts et d’hommes occidentaux, pour préférer une appréhension de la royauté hiérosolomytaine dans ses composantes propres et sur un temps long. Deux travaux se distinguent de cette historiographie du royaume de Jérusalem. La thèse non publiée de D. Gerish21 présente une approche typologique des sources intéressante, mais sa démonstration nous semble trop insister sur la dimension systématiquement dynastique et l’exceptionnelle sacralité de la royauté hiérosolomytaine. Enfin, E. Crouzet-Pavan consacre l’essentiel de son ouvrage22 à la Première croisade avant de proposer des pistes d’interprétations sur les dimensions symboliques des rois de Jérusalem à partir de quelques sources narratives.

Le cas chypriote est moins couramment traité. La royauté des Lusignan est peu souvent abordée, du moins depuis les écrits et publications de sources de L. de Mas-Latrie23 qui demeurent incontournables malgré le caractère daté des références et une étude qui porte sur les faits et leurs datation, plus souvent que sur l’analyse de cet objet historique, politique et culturel qu’est l’idéologie royale. En revanche, les sources épigraphiques et archéologiques ont bénéficié de traitements récents remarquables24 et l’exposition au Louvre, en 2012, a permis une approche historique s’appuyant sur un corpus de sources plus varié25. Le travail de G. Hill26 offre un cadre contextuel précis et documenté, bénéficiant d’un renouvellement récent pour les perspectives sociétales par A. Nikolaou-Konnari et G. Schabel27. Enfin, une riche bibliographie replace le royaume de Chypre dans un contexte large. Ainsi, W. P. Edbury lie les royaumes de Jérusalem et de Chypre à travers diverses approches thématiques ou générales28, G. Grivaud propose notamment une approche culturelle en lien avec l’Occident29 et N. Coureas inscrit les problématiques chypriotes dans le contexte des croisades30.

21 GERISH D. E., Shaping the crown of Gold: Constructions of royal identity in the First Kingdom of Jerusalem, thèse University of California, Santa-Barbara, 1999.

22 CROUZET-PAVAN E., Le mystère des rois de Jérusalem : 1099-1187, Paris, 2013.

23 Par exemple : MAS-LATRIE L. (de) (éd.), « Nouvelles preuves de l'histoire de Chypre sous le règne des princes de la maison de Lusignan », Bibliothèque de l'Ecole des Chartes n°32, 1871, p. 341-378.

24 VAIVRE J. B. (de) et PLAGNIEUX P. (dir.), L'art gothique en Chypre, Paris, 2006, qui s’inscrit dans la continuité de Camille ENLART ; IMHAUS B. (éd.), Lacrimae Cypriae ou Recueil des inscriptions lapidaires pour la plupart funéraires de la période franque et vénitienne de l’île de Chypre, 2 vol., Nicosie, 2004.

25 DURAND J. et GIOVANNI D., Chypre entre Byzance et l’Occident, IVe et XVIe siècle, Paris, 2012.

26 HILL G., A History of Cyprus. The Frankish Period 1192-1432, t. 2, Cambridge, 1949.

27 NICOLAOU-KONNARI A. et SCHABEL C. D. (éd.), Cyprus: society and culture 1191-1374, Brill, Boston, 2005.

28 EDBURY P. W., Kingdoms of the Crusaders: from Jerusalem to Cyprus, Asehgate, 1999;

EDBURY P. W., The Kingdom of Cyprus and the Crusades, Cambridge, 1991.

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18 L’arménologie en langue française ne connaît réellement d’essor qu’à partir de la création de la chaire d’arménien à l’École des Études orientales de Paris en 1748, retardant ainsi l’approche des sources en langue arménienne et l’appréhension du cas particulier de l’Arménie par rapport aux deux autres royaumes ici envisagés. La multiplication des publications des auteurs arméniens est principalement le fait des Pères mékhitaristes de l’île de Saint-Lazare, et notamment du père Ł. Ališan. De plus, celui-ci écrit la première synthèse sur l’Arménie cilicienne traduite en français31, tandis que, dans le même temps V. Langlois32 et E. Dulaurier33 éditent de nombreuses sources arméniennes et chypriotes, en français.

Cependant, ces trois siècles de Cilicie ou d’Arménie cilicienne34 ne font pas l’objet d’études avant la seconde moitié du XXe siècle avec N. Iorga35, W. Rudt-Collenberg36, T. S. R.

Boase37, G. Dédéyan38 ou encore C. Mutafian39 ; nous renvoyons à ce dernier, notamment à son plus récent ouvrage, pour aborder le contexte général du royaume arméno-cilicien. Cette bibliographie française doit être complétée par les travaux menés en république d’Arménie qui ne concernent cette question cilicienne que depuis 1991 ; nous utilisons notamment les travaux d’A. Bozoyan40, d’A. Ter-Ghevondian41 et de L. Ter Petrossian42. Enfin, la période cilicienne, et médiévale arménienne en général, peut être abordée à partir de thèmes

29 Voir notamment : GRIVAUD G., Entrelacs chiprois. Essai sur les lettres et la vie intellectuelle dans le royaume de Chypre (1191-1570), Nicosie, 2009.

30 Voir notamment : COUREAS N. et RILEY-SMITH J. (éd.), Cyprus and the Crusades, proceedings of the International Conference (Nicosie, 6-9 septembre 1994), Nicosie, 1995.

31 ALISHAN L. M., Léon le Magnifique, premier roi de Sissouan ou de l’Arménie-Cilicie, BOYAN P.

G. (trad.), Venise, 1888.

32 LANGLOIS E. V., Le trésor des chartes d'Arménie ou Cartulaire de la chancellerie royale des Roupéniens, Venise, 1863 ; LANGLOIS E. V., Numismatique de l'Arménie au Moyen Age, Paris, 1855.

33 RHC Arm. I et II.

34 Voir notamment le prologue de GHAZARIAN J. G., The Armenian Kingdom in Cilicia during the Crusades. The integration of Cilician Armenians with the Latins 1080-1393, Surrey Curzon, 2000.

Nous faisons le choix de la formulation adjectivale arméno-cilicienne.

35 IORGA N., Brève histoire de la Petite Arménie, J. Gamber, Paris, 1930.

36 RUDT-COLLENBERG W. H. (de), Rupenides, Hetumides and Lusignan, the structure of the armeno-cilician dynasties, C. Gulbenkian foundation Armenian library, Lisbonne, 1963.

37 BOASE T. S. R. (dir.), The Cilician Kingdom of Armenia, Scottish Academy Press, Edimbourg, 1978.

38 DEDEYAN G., Les Arméniens entre Grecs, Musulmans et Croisés : étude sur les pouvoirs arméniens dans le Proche-Orient méditerranéen (1068-1150), Aux origines de l'État cilicien : Philarète et les premiers Roubéniens, Lisbonne, 2003.

39 Pour la dernière parution : MUTAFIAN C., L’Arménie du Levant XIe-XIVe siècles, 2 tomes, Belles Lettres, Paris, 2012.

40 BOZOYAN A. « Les documents juridiques du royaume arménien de Cilicie », in Les Lusignan et l’outre-mer, Actes du colloque Poitiers-Lusignan 20-24 octobre 1993, Poitiers 1993, p. 54-58.

41 TER-GHEVONDIAN A., Le "Prince d'Arménie" à l'époque de la domination arabe, Klincksiek, Paris, 1966.

42 TER-PETROSIAN L., Les Croisés et les Arméniens, 2 volumes, Erevan, 2005-2007 (en arm.).

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19 spécifiques, comme les ordres religieux militaires43, ou des corpus, principalement iconographiques, recensés par S. Der Nersessian44, puis les études récentes d’histoire et d’histoire de l’art notamment de L. Chookaszian45 et I. Rapti46.

Néanmoins, malgré cet essor bibliographique, aucun ouvrage ne concentre son propos strictement sur le concept de royauté durant l’ensemble de la période cilicienne. Il faut replacer cette problématique dans un contexte spatio-temporel plus large et interroger la nature de la royauté cilicio-arménienne, avec ses traits propres. La plupart de ces ouvrages nous renseignent précieusement sur les successions et actions royales et abordent des points particuliers de réflexion que nous suivons dans la présente analyse. Nous partageons leurs conclusions sur les éléments de datation ou encore la numérotation des rois Lewon47. De même, la problématique de la titulature de ces rois : tʻagavor Hayocʻ, traduit tout à tour « roi d’Arménie » et « roi des Arméniens » nous paraît avoir été également tranchée de manière convaincante par C. Mutafian48, tandis que l’universalité de certaines titulatures reste hypothétique.

Pour chacun de ces trois royaumes, le déroulement des événements est assez largement documenté par un corpus de sources très large et divers. Malgré ces inspirations culturelles

43 CHEVALIER M.-A., Les ordres religieux-militaires en Arménie cilicienne : Templiers, Teutoniques et Arméniens à l'époque des croisades, Paris, 2009.

44 Dans le contexte de notre étude, voir notamment : NERSESSIAN S. (der), Miniature Painting in the Armenian Kingdom of Cilicia from the Twelfth to the Fourteenth Century, 2 tomes, Washington, 1993 ; NERSESSIAN S. (der), Manuscrits arméniens illustrés des XIIe, XIIIe et XIVe siècles de la Bibliothèque des Pères Mekhitaristes de Venise, Paris, 1996.

45 De même : CHOOKASZIAN L., « Remarks on the Portrait of Prince », Revue des Études arméniennes n°25, 1994-1995, p. 299-335 ; CHOOKASZIAN L., « L’œuvre de Tʻoros Roslin et l’enluminure byzantine », Revue des Études Arméniennes n°28, 2001-2002, p. 399-424.

46 De même : DURAND J., RAPTI I. et GIOVANNONI D. (dir.), Armenia sacra : mémoire chrétienne des Arméniens IVe-XVIIIe siècle, Paris, 2007 ; RAPTI I., « Image et monnaie dans le royaume arménien de Cilicie », in AUZEPY M.-F. et CORNETTE J.-P. (éd.), Le Pouvoir des images, Paris, 2007, p. 33-56 ; RAPTI I., “Featuring the King: Rituals of Coronation and Burial in the Armenian Kingdom of Cilicia”, in BEILHAMMER A., CONSTANTINOU S. et PARANI M. (éd.), Court Ceremonies and Rituals of Power in Byzantium and the Medieval Mediterranean, Leiden- Boston, 2013, p. 291-336.

47 Voir à ce propos : BEDOUKIAN P. Z., « The first king of Cicilian Armenia : Lewon I or Lewon II», in KOUYMJAN D. (dir.), Etudes arméniennes in memoriam Haig Beberian, Lisbonne, 1986, p.

63-66 et MUTAFIAN C., « La titulature et la numérotation des rois d’Arménie en Cilicie » in DEMERGUERIAN R. (éd.), Armeniaca : études d’histoire et de culture arménienne, Publications de l’Université de Provence, Aix-en-Provence, 2004, p. 59-83.

48 Ibid. p. 62

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20 diverses et des traditions linguistiques différentes49, les corpus de sources à notre disposition pour chacun des trois royaumes sont tout à fait semblables. Nous déplorons, avant tout, pour une étude sur la royauté, les graves lacunes de conservation des cartulaires royaux qui permettraient d’éclairer la part endogène de l’idéologie royale. Pour ce type de sources, nous disposons tout de même de cartulaires ecclésiastiques ou occidentaux, dont des éditions ont été faites et pour certaines synthétisées à plusieurs reprises50. Parce qu’ils sont également élaborés selon un formulaire, s’inscrivent sur un support théoriquement unique et permettent une analyse statistique de l’ensemble, nous en rapprochons un autre type de documents : les colophons de manuscrits. Pour leur consultation nous nous référons à une collection de volumes parus sous l’égide de l’Institut d’Histoire de l’Académie des Sciences d’Arménie avec un volume qui couvre la période allant du Ve au XIIe siècle51, un volume pour le XIIIe siècle52, un pour le XIVe siècle53 et trois volumes pour le XVe siècle54.

Au-delà de ces supports sériels, il apparaît que le genre des sources écrites55 est difficile à établir, la confusion est plus marquée encore que pour le reste de la littérature médiévale,

49 Nous proposons ici une traduction de toutes les sources en latin, arménien et langues vernaculaires occidentales. En revanche, nous avons repris les traductions préexistantes pour les textes en grec, en arabe et en syriaque.

50 PAOLI S., Codice diplomatico del Sacro militare ordine Gerosolimitano oggi di Malta, 2 vol., Lucques, 1733-1737 ; ROZIERE E. (éd.), Cartulaire de l’église du Saint-Sépulcre de Jérusalem, Paris, 1849 ; LANGLOIS E. V., Le trésor des chartes d'Arménie ou Cartulaire de la chancellerie royale des Roupéniens, Venise, 1863 ; ROHRICHT R., Regesta regni Hierosoliminati, Innsbruck, 1893-1904 ; DELAVILLE LE ROULX J. (éd.), Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (1100-1310), 4 vol., Paris, 1894-1906 ; D’ALBON A., Cartulaire général de l’ordre du Temple (1119 ?-1150), Paris, 1913 ; STREHLKE E., Tabulae ordinis theutonici ex tabularii regii berolinensis codice, Toronto, 1975 ; BRESC-BAUTIER G., Le cartulaire du chapitre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, Documents relatifs à l’histoire des croisades, Paris, 1984 ; COUREAS N. et SCHABEL C., The Cartulary of the Cathedral of Holy Wisdom of Nicosia, Texts and Studies in the History of Cyprus, Nicosie, 1997 ; MAYER H. E., Die Urkunden der lateinischen Könige von Jerusalem, 4 vol., Hanovre, 2010.

51 MATEVOSYAN A.S., Colophons de manuscrits arméniens Ve-XIIe siècles, Erevan, 1988 (en arm.).

52 MATEVOSYAN A.S., Colophons de manuscrits arméniens du XIIIe siècle, Erevan, 1984 (en arm.).

53 XACIKYAN L.S., Colophons de manuscrits arméniens du XIVe siècle, Erevan, 1950 (en arm.).

54 XACIKYAN L.S., Colophons de manuscrits arméniens du XIVe siècle, Premier volume (1401-1450 t‘t‘), Erevan, 1955 (en arm.) ; Deuxième volume (1451-1480 t‘t‘), Erevan, 1958 (en arm.) ; Troisième volume (1481-1500 t‘t‘), Erevan, 1967 (en arm.).

55 Nous ne saurions proposer une présentation détaillée de chacun des auteurs ou des documents que nous avons employés pour notre travail de recherche. Nous avons pris soin de les considérer dans leur ensemble et de réfléchir à leurs contextes d’écriture et à leurs modalités de diffusions. Nous évoquons ici les types principaux de sources et leurs caractéristiques générales, renvoyant à une bibliographie souvent fournie. À propos des documents qui n’ont pas ou peu été étudiés, nous distinguons ceux qui relèvent de continuation, comme celle de Pierre Tudebode ou les Gesta de Berthold de Nangis, les récits qui ont été publiés sans apparat critique et ceux dont l’étude est inédite. Seulement dans ces deux derniers cas nous les présenterons en détail au fur et à mesure de notre analyse. Le cadre de celle-

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